this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO.
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Maggie A. Lincoln ♙ why do we fall ? (admin)
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Sujet: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Sam 12 Jan - 15:29
The clutches of anger.
Le beau temps. Les oiseaux. Un ciel bleu, sans autres nuages que quelques petits filaments blancs, effilochés de part et d’autres du champ de vision. Voilà ce dont toute personne normalement constituée aurait rêvé. Y compris Maggie, en temps normal. Mais face à ce ciel bleu, et à ces petits chants d’oiseaux, elle se sentait bizarrement vide. Bizarrement seule. Elle n’avait pas envie de voir le soleil, si ce n’était pour se dire « tiens, encore une bonne journée qui s’annonce ** ». La journée n’était pas bonne. Elle n’avait pas bien commencé, et elle ne se poursuivrait pas bien. Pourtant, le climat s’y serait prêté. Le soleil lui chauffait doucement le dos, alors qu’elle marchait, ses petits mocassins style Pocahontas laissant de jolies empreintes ovales dans la fine couche de neige déposée sur le goudron. Les mains emmitouflées dans ses moufles aux motifs indiens et colorés, Maggie expira doucement, laissant la buée se former dans les airs. Il faisait froid. Et elle avait froid au bout du nez. Pour le reste, elle était suffisamment vêtue… Ou presque. Un simple slim bordeaux, un simple petit t-shirt ample sous un pull léger, lui-même dissimulé sous un poncho… Bref. Maggie quoi. Persuadée d’être suffisamment couverte et ne comprenant pas pourquoi elle meurt de froid. Reniflant doucement, elle ramena ses mains gantées devant sa bouche, y soufflant doucement de l’air chaud pour les réchauffer. Aujourd’hui, Maggie ne travaillait pas. Mais elle avait ressenti le besoin de s’aérer, de prendre l’air. D’aller faire quelques courses, trouver quelques nouveaux livres qu’elle n’avait pas encore lus. Bref, s’occuper. Faire tout pour ne pas penser au fait que Blake n’avait pas pointé le bout de son nez depuis une éternité. Depuis trois jours, quoi. Ce qui était franchement une éternité. Ce n’était pas comme si elle lui avait fait un régiment de pancakes et un tonneau de café pour emmener en voyage. Alors il n’en avait forcément pas. Il devait forcément en vouloir. Il allait forcément revenir la voir, ne serait-ce que pour s’emmener un thermos. Elle avait tout d’abord pensé à profiter de ce jour de congé pour rester chez elle, et attendre qu’il passe. Il faisait froid, dehors, il allait forcément pointer le bout de son nez. Et en réalité, elle s’inquiétait. La peur que ses poursuivants l’aient attrapé. Elle s’efforçait de ne pas y penser. De rester calme. Et elle était partie chercher de la lecture pour se changer les idées.
Sentant l’inquiétude revenir, et ses pensées se réorienter dans le mauvais sens, Maggie ouvrit son sac, sortant le petit recueil de poésie qu’elle avait trouvé dans une librairie d’ouvrages anciens. Elle réussi à l’ouvrir doucement, poursuivant sa route sans regarder devant elle, lisant les quelques mots qui se présentaient sous ses yeux. D’une main, malgré les moufles, elle tourna une petite page, avant de remettre son béret en place. Histoire qu’il couvre bien ses oreilles. Qu’elle ait un peu moins froid. Quelques petites mèches noires s’échappèrent du couvre-chef, sans qu’elle ne puisse les en empêcher. Elle les laissa retomber avec les autres sur ses épaules, et plissa les yeux d’un air concentré. Ah, Maggie et ses lectures. Elle aimait lire. Elle aimait découvrir les lignes, parcourir les pages des yeux, et avait une excellente mémoire sur les livres. Elle se souvenait ceux qu’elle avait lus, et n’oubliait que très rarement les scripts de ses lectures. Elle avait une véritable mémoire de poisson rouge sur d’autres points, peut-être ; mais pas là-dessus. Passionnée, elle avait une bibliothèque immense qui recouvrait tout un pan de mur de son salon, et ne s’en plaignait pas. Et elle respectait ses livres. Même s’i lui arrivait de les lancer dans la figure de quelqu’un si elle avait besoin de se défendre. Ouais, vous imaginez le truc. Un livre dans la tête ça fait pas du bien. Et le jour où Blake était entré par effraction chez elle, il avait pris le quart de sa bibliothèque dans la tronche. Autant vous dire que les choses n’avaient pas fortement bien démarrées pour sa première visite. Soudain, le pied de Maggie buta contre le trottoir. Elle sursauta, manqua de glisser et de s’étaler sur le sol. Et décida qu’il serait bien plus prudent d’arrêter de lire en marchant, alors que les routes et les trottoirs étaient devenus des patinoires. Elle allait trouver autre chose à faire. Glissant le tout petit livre dans la poche intérieure de son poncho, elle croisa ses bras sous celui-ci, tentant de se réchauffer. Elle regarda autour d’elle. Son sentiment de solitude ne s’allégeait pas. Mais elle commençait à s’habituer et à savourer davantage le beau temps. Cependant, alors qu’elle allait se reconcentrer sur la neige à ses pieds, afin de ne pas glisser, du bruit attira son attention. Elle tourna la tête, ses longs cheveux suivant le mouvement, et aperçut un homme, aux prises avec un autre. L’un d’eux était très probablement un clochard. Mal vêtu, mal rasé, elle mourrait de froid rien qu’en regardant ses vêtements troués et déchirés. Et l’autre, était… Un idiot de première catégorie. Fronçant les sourcils, laissant sa bonté naturelle prendre le dessus, et surtout ignorant tout de la cause pour laquelle la bagarre avait été enclenchée, la petite Lincoln s’avança avec précipitation vers le duo. Et, comme une idiote, elle passa ses bras autour du torse d’un des deux hommes, le forçant à bouger malgré sa force de poulette, le lâchant immédiatement pour s’interposer. Se planter devant lui. Et le regarder, du haut de toute son innocence de pauvre fille trop gentille. Derrière elle, le clochard semblait ne pas comprendre grand chose à la situation. Et réfléchir à toute allure. Mais Maggie ne le remarquait pas. Tout ce que Maggie voyait, c’était cette tête de con, en face d’elle, qui s’en était encore pris à quelqu’un de plus faible que lui. Du moins pensait-elle. Et Maggie avait suffisamment de tempérament quand les situations l’exigeaient. Elle était même plutôt du genre à foncer dans le tas totalement sans réfléchir, malgré sa crainte de la mort, sa crainte d’être blessée, et sa force de petite poulette. Et elle venait encore une fois de le démontrer. Pointant son doigt — du mieux qu’elle pouvait, vive les moufles — sous le nez de ce… Romeotout sauf romantique, elle fronça les yeux, commençant à s’énerver sous ses grands airs de chaton incapable de faire de mal à une simple petite mouche.
« Ça va pas de t’en prendre à lui comme ça ?! » Ses cheveux voletèrent sur ses épaules, tandis qu’elle secouait la tête avec un air d’incompréhension, rabaissant sa main, pas moins en colère. Elle eut un mouvement de bras envers le clochard, qui la regardait d’un air totalement abasourdi sans qu’elle ne le remarque. « Tu aurais pu le tuer, tu le sais ?! » Roh, Maggie, s’il te plait n’exagérons rien. Derrière elle, le clochard haussa un sourcil, l’air subitement intéressé par cette défense qu’elle lui procurait. « Faut sérieusement que tu fasses quelque chose pour apprendre à contrôler tes nerfs… » ajouta-t-elle finalement d'une petite voix. Et voilà, comment se recroqueviller à moitié sur soi-même et perdre toute crédibilité dans sa colère, par Maggie Lincoln. Parce que Romeo, elle en avait peur. Il aurait pu lever la main sur elle. Il aurait pu la tuer, avec autant de simplicité qu'on écrasait une araignée du bout de la chaussure. Et elle était complètement folle de lui avoir hurlé dessus comme cela. Mais ce n'était que maintenant qu'elle s'en rendait compte. Alléluia.
Ses prunelles s’agrandirent encore, remplies de pitié, de supplication. De petits mots qui voulaient dire « s’il te plait, ne me frappe pas ;_; ». Maggie était faible, et ne savait plus tenir une colère dans la durée. Mais bon. Maggie, c’est Maggie, en même temps. Pourquoi aurait-il fallu la changer ?
Romeo "Marw" Hastings ♔ betrayal it's in the blood
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Sujet: Re: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Sam 12 Jan - 18:16
Il avait neigé. Une pellicule blanche sur la ville, un voile jeté en vain par les cieux dans leur tentative de cacher, pour quelques temps, quelques jours au plus, la vermine et la saleté de Londres. Il avait neigé et gelé. Sur la ville, dans les rues, et dans le coeur transi de Romeo. Dans le coeur et le corps, l'âme et l'être de Hastings. Il était planté là. Regarder cette ville, sa ville, à travers la baie vitrée de son appartement. Silencieux. Immobile. Juste être là, spectateur des vies qui s'ébattaient en-dessous de lui. Regard glacial voguant sur un paysage glacé. Qu'était-il dans tout cela ? Un simple pion, une fourmi à l'échelle de l'univers. Si peu de choses. Et pourtant, il continuait à jouer à ce jeu. Se croire important. Il ressassait les choses chaque jour un peu plus depuis que l'éclat de l'or avait agressé sa rétine. Encore et toujours. Un mois et quelques, qu'il connaissait la date de sa mort future. Condamnation ultime d'une âme à errer dans les plus brefs délais. Il semblait un homme comme un autre, vêtu comme un autre. Un simple jean, brut comme son coeur à l'abandon. T-shirt blanc et veste en cuir sombre venaient accompagner le tout. Son regard dérivant, il le croisa dans le pâle reflet de la vitre. Il n'était qu'un gamin troublé. Grandir dans un monde de brute. Les toxicos au petit-déjeuner, la drogue planquée dans son tiroir à chaussettes. Traîner dans la rue pour passer le temps, vouloir jouer au caïd, mordre à plus d'une reprise la poussière. S'armer, se protéger. Construire la muraille derrière laquelle il avait désormais installé son trône. Au milieu d'un royaume déserté. Pas une âme qui vive ou presque pour l'égayer. Il était seul, même au milieu de la foule. Certes, il y avait Sonny. Mais comment dire.. C'était presque comme si cela ne comptait pas, oui. C'était différent avec Sonny. Et d'ailleurs, il avait bien tout foutu en l'air ou presque quelques jours plus tôt, alors, de toutes les options, il resterait probablement définitivement seul vu ce qu'il avait fait. Il fallait continuer de croire que l'alcool l'avait mené encore plus loin dans sa descente, ce jour-là. Le lendemain, il avait repris les apparences. Comme toujours. C'était un peu tout ce qu'il avait, les apparences. C'était son art, c'était son jeu. Mentir et se mentir, tricher, c'était du pareil au même. Il était un homme en extérieur. Un autre en intérieur. Toujours jouer avec les dés, chanceux à chaque fois de rester gagnant. Un jour, il finirait bien par se perdre entre les différentes personnalités qui l'habitaient et ne formaient qu'une seule personne; la sienne.
Fermer les yeux. Une inspiration, un instant. Le sourire assuré, en coin, le sourire un brin carnassier, une fois fixé à son visage, le masque était repris. Remettre le costume. Il se taisait, et agissait. Tellement plus efficace. « Marw, meurt, mort. Celui qui tue. » Son nom de Looper. Il lui collait à la peau, s'était insinué en lui durant ces années. Il n'était plus vraiment Romeo sous certains aspects. Mélange destructeur d'un gamin élevé par son dealer d'oncle et d'un tueur spécialisé menant la belle vie. Ne plus penser à cela. Il lui fallait sortir. Quitter sa cage. Arrêter de tourner en rond comme un fauve. Hastings se détourna de la vue et de sa vision. Reprendre la stature et le pas assuré de l'homme qu'il était. Rien d'autre que cela. Rien de plus. Rien de moins. Il attrapa l'écharpe lui appartenant qui traînait, comme une âme déchue, abandonnée sur le porte-manteau de l'entrée. L'enrouler d'un geste fluide, et pourtant désabusé, négligé, autour de son cou, et prendre la porte. Entre les ascenseurs et descendre une myriade d'étages par les escaliers, son choix fut vite fait. Et il arrivait quasiment en sueur au rez-de-chaussée, en peu de temps. Dévaler les marches de façon frénétique, en courant. Tout sauf encore et toujours s'enfermer dans une boîte. Dans une prison. Dans une cage, comme celle qu'il fuyait en cet instant. L'air froid lui mordit la peau. Electro-choc. Laisser le gel refroidir l'intérieur de son corps, irriter ses voies respiratoires, et cette fois le sourire tout en discrétion, et finesse, son air si bien réfléchi se fit une once, de peu, plus sincère. Il se faisait violence, réellement, pour ne pas imploser depuis ces derniers jours. Depuis qu'il avait craqué sans raisons aucunes, ce matin-là. Ses chaussures dans la neige crissaient. Éluder le monde qui l'entourait. Tenter de calmer ses nerfs, apaiser la tension. Il était hyper violent. C'était un fait. Il se contrôlait mais, son tact avec lui-même, n'avait pas fait barrage à ses pulsions dernières. Et ne le ferait aucunement pour celles qui suivraient d'ici peu. Ses pas l'avaient mené, innocemment, dans la ville, sur Brick Lane. Trait tracé au cordeau, bande de route parfaite allant droit sur des mètres et des mètres. Essayer de se vider le crâne. En vain. On viendrait et on venait encore le troubler. Un sans domicile fixe de plus. Un pauvre homme de trop. Un clochard parmi d'autres. Sauf, à ce détail prêt, que celui-là s'était relevé, et en voulait à son porte-monnaie. Ce qui était le plus drôle, c'est que Marw n'avait même pas un sou sur lui. C'était s'éviter des ennuis, et puis, de toutes les manières, l'argent, il ne le voyait plus. Il avait oublié. Pauvre homme, en tous cas, était une affirmation bien certaine. S'attaquer à un ex-looper sur les dents, un gars qui avait de ses mains tué un homme par pulsion et par vengeance, n'était pas exactement la meilleure idée. Réagir au quart de tour. L'attraper par ses frusques vieillies et dans un sale état, le jeter à terre. Cet homme avait trouvé le détonateur et avait innocemment, dira-t-on, appuyé dessus. Exploser. Rage immense prête à se déverser. Qui se déversait. C'était la jungle, dans la ville, de toutes façons. Manger ou être mangé, être attaqué à attaquer. Les mots "être défendu" et "se défendre" n'avaient pas beaucoup de saveur. Et l'attaque était la meilleure de toutes les défenses. Ses points jouaient avec lui. Ce ne serait qu'une victime de plus d'un coup de sang d'un anonyme. Une image courante dans la ville où la criminalité avait explosé. Il éludait encore un peu plus son monde. Oh, oui, juste le faire souffrir. Méchanceté gratuite, aucune pitié ? Peut-être bien que oui. Il en était ainsi. Sentir, d'un coup, comme arraché d'un rêve ou d'un cauchemar, qu'on tentait de le maîtriser. Parce qu'il ne comprenait pas comment l'on pouvait vouloir maîtriser un tel monstre, tel qu'il était, il fut interloqué et se retrouva avec un petit brin de femme sous son nez. Ne pas réagir, au propre, au début. Juste serrer les mâchoires et les poings. Tout mais pas elle. Mais déjà, elle semblait s'écraser. Il était resté silencieux, n'apposant qu'un grognement en réponse à ses invectives, mais l'envie fut trop grande. Maggie était donc à ce point intenable et insupportable. « Mais comme si je savais pas que j'aurais pu le tuer ! Occupes-toi de tes oignons, tu seras mignonne. » Il lui offrit un magnifique sourire d'une grande hypocrisie, et reprit son air renfrogné et sombre, mais ne se décida pas à reprendre son altercation là où il l'avait laissé. De toutes façon, le SDF n'avait plus l'air si interloqué que ça derrière la Lincoln et, discret, tentait d'attraper son argent à elle au moins. Ne rien faire contre. Ça lui ferait une belle jambe. « Merci, Maggie, de remarquer ça. J'avais pas du tout compris que j'avais les nerfs à vif en ce moment, ton intervention m'aide tellement, c'est fabuleux. ...Allez, bouge de là, j'veux pas finir par te faire pareil. »
Maggie A. Lincoln ♙ why do we fall ? (admin)
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Sujet: Re: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Dim 13 Jan - 1:36
Je me suis vu tomber, couler jusqu'à toucher le fond, tout en imaginant un monde plus carré que rond.
Maggie ne savait pas du tout où elle en était. Ni ce qu’elle faisait. Elle ne comprenait rien à ce qui se déroulait en ce moment, et en venait à se demander ce qu’elle avait fait. Mais pourquoi diable s’était-elle interposée ? La violence était une chose abstraite, une chose qu’on nommait sans pouvoir la comprendre réellement. Jusqu’à la voir. On pensait tout être humain violent ; et au fond, tous l’étaient. Mais certains le manifestaient plus que d’autres. Pour certains, la violence était un trait de caractère comme un autre, que ce soit physiquement, verbalement, ou même les deux. Et les gens comme Maggie ne comprenaient pas cette violence. Ils l’imaginaient, ils se représentaient des coups, une hargne, des paroles crachées. Et lorsque la violence s’imposait réellement face à leurs yeux, ils étaient tout aussi perdus que s’ils ne s’étaient rien imaginés du tout. Rien n’était comparable à ce qui se produisait sous vos yeux, lorsque vous voyiez quelqu’un se faire éclater la figure à coup de poings. Maggie n’avait pas l’habitude de la violence. Elle vivait dans une bulle de protection, derrière une épaisse carapace qu’elle s’était forgée avec le temps. Elle ne voyait que la paix et la sérénité, partout où la guerre subsistait. Elle refusait d’admettre la violence de ce monde. On aurait pu croire que rien ne lui était jamais arrivé ; et c’était pourtant loin d’être le cas. Elle s’était déjà faite agresser, plusieurs fois. Et récemment, elle s’était faite frapper, tout cela pour protéger quelqu’un d’autre. Elle avait menti, assuré sa couverture. Et en avait payé le prix. Mais au fond, cela lui importait peu. Son œil avait bleui. Elle avait dû à tout prix éviter que cela se remarque, elle s’était coiffée différemment les quelques jours où elle avait été embêtée avec cette couleur peu commune, avant de recommencer à vivre une vie normale. On pouvait penser qu’elle n’avait pas été traumatisée. Elle avait fait comme si de rien n’était, après tout. Et pourtant… Et pourtant, pendant quatre nuits, elle avait fait des cauchemars, imaginé que ces hommes revenaient, et la tuait, cette fois. Après bien entendu avoir tué Blake sous ses yeux ; celui qu’elle protégeait, lui montrant que son sacrifice avait été tout à fait vain. Car malgré ce qu’elle vivait, chaque violence qu’elle croisait jour après jour, Maggie en avait peur. Elle était effrayée de ne pouvoir tourner la tête dans la rue, sans tomber face à de la violence. Des disputes, ou des bagarres. Des simples engueulades de couple, ou de véritables bains de sang. Elle vivait dans une époque de troubles, et en était fondamentalement perturbée. Elle ne le montrait pas. Elle enterrait toutes ces visions d’horreur au fond d’elle, restait dans son coin, fermait les yeux sur tout ce que le monde contenait de mauvais. Maggie était elle-même. Une échappatoire à toute la souffrance du monde entier. Une échappatoire qui en dissimulait pourtant un bien triste réceptacle.
Les yeux de Maggie se plissèrent à mesure que ses sourcils se fronçaient, révélant de manière flagrante la peur nouvelle qui la traversait. Son inconscience avait encore été le précurseur d’une impulsivité maladive, pour laquelle elle venait de se mettre délibérément en danger. Elle se retrouvait face à un prédateur. Le chaton vulnérable qui tentait de faire les yeux doux au lion enragé, vous connaissez ? Ben voilà. Vous vous trouvez face à une situation du genre. Avec Maggie qui se recroqueville, qui ne prête pas attention au clochard qui, derrière elle, tente désormais de subtiliser son porte-monnaie. Elle regarde Romeo, craintive, et l’écoute cracher son venin, en essayant de ne pas complètement s’affaisser. De ne pas complètement perdre pied. Mais elle avait l’impression que le sol se dérobait sous ses petits mocassins, tandis qu’il se foutait ouvertement de sa gueule. La colère n’était pas encore suffisamment là. Elle n’arrivait pas à être suffisamment mordante. Pas pour le moment. Peut-être que cela viendrait. Avec Romeo en face, cela finissait toujours par venir à un moment où un autre. À condition bien sûr qu’il ne lui en ait pas collé une auparavant, ce n’était qu’une question de timing. Car pour le moment, elle s’écrasait, et il dominait. Rien d’extraordinaire. Juste… La routine. Sauf qu’elle n’avait pas envie de bouger. Elle était toujours persuadée que ce clochard était innocent, qu’il s’était énervé pour un rien, bref. Qu’il était en tort. Et que ce pauvre sans domicile fixe n’avait rien à se reprocher. Bah voyons. What a wonderful thought.
Alors que Maggie allait rouvrir la bouche pour répondre à Romeo, elle sentit son poncho bouger anormalement. Se retournant brusquement vers le clochard, elle poussa un petit cri, alors que celui-ci, paniqué, s’empressait de lui arracher son sac. Elle le rattrapa de justesse par la lanière, mais l’autre se mit à tirer brutalement, le lui arrachant des mains. Et ce fut la mine complètement décomposée, et la peur encore au ventre face à ce qui venait de se passer — aussi minime fut-ce — que Maggie le regarda partir en courant, son sac dans les mains. Aussitôt, elle fourra ses bras sous son poncho, les yeux écarquillés, les larmes envahissant ses yeux. Et, soudain, la colère l’envahit. Ce clochard lui volait déjà son porte-monnaie avant qu’elle ne se retourne. Ce qui ne voulait dire qu’une seule chose.
« TU L’AVAIS VU ! » cria-t-elle en faisant volte-face, regardant son vis-à-vis d’un air franchement outré, effrayé, et … Oui. En colère. Elle était hors d’elle. Il venait de réussir, par son simple silence, à la rendre complètement furax. Sortant sa moufle de sous son poncho, elle la pointa encore sous son nez, énervée. « Tu l’avais vu, et tu ne m’as rien dit ! » Les larmes s’effaçaient dans ses yeux, tandis que la colère reprenait le dessus. S’énerver contre Romeo. Le seul moyen d’éviter de s’effondrer comme une chochotte et de se mettre à pleurer toutes les larmes de son corps. Sans se rendre compte de ce qu’elle faisait, complètement à cran à l’idée de s’être fait piquer son sac et toutes les petites merdes sans importance qu’il pouvait y avoir à l’intérieur, Maggie poussa Romeo de la paume de sa moufle. Elle ne le fit qu’à peine ciller, avec sa force de puce, imaginez. Cependant, le geste était là. Insultant, colérique. Impulsive. Et ô combien inconscient. « Non, je ne bougerai pas ! Pas avant d’avoir tes excuses ! »
Putain mais merde, Maggie, tu charries. Des excuses, bah voyons. Et pourquoi il se serait excusé, hein ? Parce qu’il avait laissé un clochard voler son sac à une pauvre conne ? Ouais, p’t’être bien. Mais ça n’avait pas l’air franchement le genre de ce type de s’excuser pour ce genre de chose. En fait, peut-être que Maggie le connaissait mal, peut-être qu’elle le jugeait. Mais ça n’avait pas l’air d’être son style de s’excuser du tout. Soudainement, elle se sentit conne, là. À trembler de rage devant un mec qui, au fond, ne lui avait rien fait. À part oublier malencontreusement de la prévenir qu’un sdf lui piquait son portefeuille. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours qu’elle ait la mauvaise réaction au mauvais moment ? Pourquoi ne pouvait-elle pas tout simplement être normale, et être capable de se tenir à sa place quand il le fallait ? Rester en arrière, éviter de s’exposer toujours à tous les dangers pour la simple et bonne raison qu’elle ne les réalisait pas, qu’elle n’avait en tête que le bien, et qu’elle pensait que tout le monde avait le même genre de pensées. Le monde était mauvais. Mais pour Maggie, il était simple. Il tournait rond. Les gens étaient mentalement sains, et n’avaient pas de mauvaises pensées les uns envers les autres. Au fond, Maggie vivait dans un monde de bisounours. Et pourquoi ça ? Pourquoi prenait-elle la peine de se voiler la face, de se cacher à la vérité, de la soustraire de son monde ? L’horreur n’avait pas sa place, du moins le pensait-on. Car en réalité, elle était partout. Le moindre centimètre carré du petit monde de Maggie transpirait de cette horreur, de cette peur omniprésente qui faisait qu’elle se retournait toujours dix fois à la minute lorsqu’elle marchait dans la rue. Maggie fermait les yeux sur ce qui lui faisait peur, tentant d’oublier la souffrance et le malheur qui pouvaient frapper une vie. Elle essayait d’oublier ce qui lui était arrivé, ce qui était arrivé à Rick. Elle voulait recommencer, partir sur autre chose. Elle avait envie d’avoir confiance en les autres, en le monde. Elle le voulait, et elle essayait de le faire. Derrière sa carapace, il n’y avait de place que pour la haine, la souffrance, et l’horreur. La peur. À chaque coup dur qu’elle prenait, sa carapace se fissurait. Elle la colmatait, inlassablement. Ne laissant rien s’en échapper. Empêchant toute pointe de pessimisme de s’emparer de sa vie. Et pourtant, cela ne lui permettait pas de vivre mieux. Bien au contraire. Le monde est cruel. Et elle bossait avec les morts. Elle aurait dû le savoir mieux que personne.
Doucement, elle releva les yeux vers Romeo, après les avoir brièvement fixé sur un point invisible, à quelques mètres de là. Encore une fois, sa colère retomba lentement, et elle ne put s’empêcher de lui jeter un regard terrifié. « Ou quelque chose qui y ressemble… »
Elle avançait, puis elle reculait. Inlassablement. Elle se retrouvait sans cesse coincée par son caractère. Trop faible, trop vulnérable. Mais cette fois, elle avait posé la main sur Romeo. Le pas de trop ? Elle ne l’espérait pas. Elle n’avait pas envie de quitter cette rue dans un brancard. Ou pire, entre quatre planches. Pas alors qu’elle avait juste voulu l’aider. Ce serait trop con.
Romeo "Marw" Hastings ♔ betrayal it's in the blood
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Sujet: Re: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Mer 16 Jan - 11:23
Qu'est-ce qui pouvait pousser un être à devenir mauvais, développer sa méchanceté ? Certaines personnes, sur cette Terre peuplée de gens aux intentions foncièrement sombres, soutenaient que l'on était bon ou mauvais dès le début. Les cartes étaient battues, les dés seraient lancés, et le hasard accompagné de sa chère et tendre amie le destin choisiraient et traceraient la vie de milliers et de millions d'êtres. Il y en avait d'autres, jurant que l'on ne naissait ni gentil, ni méchant. On le devenait. Il y avait une part de vérité. C'étaient les actes que l'on commettait ainsi que la vie que l'on menait (ou qui nous menait), qui choisissaient de notre destinée. De toutes les hypothèses, dans leur fondement général, pourtant une donnée se recoupait en général. Il semblait que le choix même de l'être concerné ne soit jamais réellement et grandement écouté ou respecté. On devenait toujours ou presque ce que l'on ne voulait en aucun cas devenir. Comme si cette garce de vie tenait à jouer avec les nerfs de ses victimes jusqu'à la fin des temps, les éloignant un peu plus, à chaque tentative de leur part de rejoindre la voie qu'ils souhaitaient, de leurs espoirs et de leurs plans. Et puis, au fond, qui étaient-ils, qui étions-nous pour juger de qui était blanc, qui était noir ? Tout était dans cette certaine teinte et nuance de gris. Rien ni personne n'était parfait. Ne le serait jamais. Romeo en était. De cette partie là. Des jours il était plus clair, des jours il était plus sombre. Jamais exactement mauvais, jamais parfaitement bon. C'était sa vie qui l'avait forgé ainsi. Peut-être que de naissance il avait hérité des tendances, mais sans cette vie qui encore le hantait, était source de tant de ses psycho-drames, il n'en serait pas là. Il était quelque chose de différent, encore, de ce pur sadisme et de cette méchanceté malsaine. C'était sa seule façon de s'exprimer. Il n'avait jamais appris à faire autrement. Il connaissait le langage des signes de la rue. Un coup de poing dans le nez signifiait qu'il fallait rester à sa place et se mêler de ses affaires. Deux contre un voulait dire qu'il y avait de l'argent en jeu. Ou une fille. Ou de la drogue. Ou un autre encore de ces trésors. Il s'était initié non sans peine, avait balbutié. S'était assuré, avait pris ses marques. Jusqu'à ne plus savoir comment expliquer sa souffrance qu'avec le sang. Il ne parlait pas la même langue que tout le monde. Ce n'était pas, au début, par méchanceté qu'il avait fini comme ça. Il était sourd et muet dans une société où chacun se bouchait les oreilles et fermait les yeux sur les horreurs de son quotidien, de sa vie, de son destin.
Il laissait faire. Les poings serrés, les bras qu'il avait croisés sur son torse, il était tiraillé doucement par cette envie de ricaner. Et s'apaisait, inconsciemment. Il n'avait même pas besoin de faire du mal ou de se faire détrousser. On lui offrait le spectacle avec des places au balcon. La voir se débattre comme une faible proie affolée, tirailler sur son pauvre sac dans le vain but que le pauvre homme ne lui arrache pas si facilement. Un oisillon tombé du nid battant furieusement des ailes. Oh non, Maggie ne décollerait jamais, de toutes manières, tant que le rapace qu'il était serait toujours là pour la couver du regard. Douce ironie. Il ne put réprimer le retour de ce sourire un brin carnassier à ses lèvres, en l'entendant ainsi s'écrier contre lui. Elle allait donc jusque là. Attentat à la moufle. Le retour du poncho carnassier. La puce meurtrière avait encore frappé. Et cette minuscule terroriste enragée lui demandait présentement des excuses. Il n'avait pas cillé sous sa tentative de fronde. Même pas réagi. Il était un poteau planté là, un poteau d'un mètre quatre-vingt cinq qui avait un goût prononcé pour l'exaspération des autres et le rejet de tout ce qu'il ne pouvait cautionner et supporter, certes, mais un solide poteau planté bien devant la Lincoln. Un rocher, un roc, un pic, une péninsule, une île que dis-je, qui ne craignait que si peu d'une jeune femme comme celle-là. Il se taisait, toujours. Parce qu'il savait que des qu'un orage tenté un tant soit peu d'éclater, avec elle, la pluie qui en résultat était minime. Il attendait. Parce qu'après ses frasques et ses grandes demandes, elle s'écraserait. Il lui faisait peur. Il le sentait comme l'on percevait le monde. Il le lisait dans ses yeux, l'air avait l'odeur de son effroi. Elle avait peur de lui comme d'un monstre. C'était bien ce qu'il se confortait désormais à croire qu'il était. Un monstre. Une bête sauvage que les villageois voulaient chasser et tuer, brandissant avec fièvre leurs torches et leurs outils. Elle s'effaçait. Et le sourire en filigrane de son regard de prédateur était sincère. Sincèrement ravi. Sincèrement sadique. Oui, sincèrement méchant. « Pauvre poupée. Le méchant SDF a été un peu moins idiot que d'autres et le preux chevalier s'en foutait totalement. » Le pire, c'était que l'image qu'il renvoyait avait noirci son âme. Il était ce qu'il voulait, il voulait être ce qu'il était, mais dans ce monde à l'abandon, qu'était-ce encore, être ? On comprenait alors que paraître était la philosophie de Romeo. Il n'était plus grand-chose. Il jouait avec les apparences, se mentait et mentait aux autres. C'était son talent à lui. Mentir, tricher, cacher la vérité. La vérité, si il l'avait acceptée et dévoilée, qui aurait voulu qu'il acquiesce les propos de Maggie avec un peu plus d'émotions dans le fond des yeux. Il était borné à sa manière, têtu dans son genre. « Je ne vois pas en quoi je devrais m'excuser, Maggie. Soit je le laissais aller et il ne terminait pas défiguré, soit je m'occupais de son cas mais je lui aurais refait le portrait. Dans tous les cas, ça ne t'aurait pas plus, je me trompe ? Alors vois-tu, puisque tu trouves que je suis trop violent, j'ai préféré l'épargner. Je t'écoute, quand je veux. » Se foutre de sa tronche avec toute la grâce du monde. Il se moquait d'elle mais il y avait un fond et une part de vérité dans tout cela. Il n'appréciait pas particulièrement, oh, loin de là, ce ressentiment, mais il semblait que le surplus de gentillesse débordante et d'innocence qui dégoulinait de la Lincoln entache le bel orgueil d'homme solidement ancré dans ses principes des poings qu'était Marw. Il s'adoucissait un peu avec elle. Enfin, façon de parler. Il n'était pas plus gentil, il pouvait juste être moins méchant. Il y avait une nuance très importante. Mais même avec une telle différence, il ne pouvait toujours pas le supporter. Elle le domptait contre son gré, et il menaçait toujours au bout d'un moment par plier et se laisser faire.
Maggie A. Lincoln ♙ why do we fall ? (admin)
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Sujet: Re: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Dim 27 Jan - 0:30
Burn slow, burn, let it all burn.
C’était un peu… La dech, pour être francs. Maggie était là, debout dans sa ruelle pourrie et paumée. Elle avait protégé un pauvre SDF, qui venait de lui rendre la pareille de manière distinguée en lui volant son sac. Heureusement pour elle, celui-ci n’était pas rempli d’argent, ou que savait-elle encore. Elle avait pris juste assez de monnaie pour s’acheter un livre et un croissant. Donc ouais, il lui restait juste la monnaie pour le croissant, à cette espèce d’abruti consanguin. Et il avait des petites bricoles inutiles, comme un paquet de mouchoir, ou autres stupidités. Maggie savait bien dans quel monde elle vivait, bien qu’elle ait une nette tendance à faire un peu confiance à tout le monde. Aussi se gardait-elle bien de sortir toujours avec des sommes astronomiques sur elle, que ce soit dans son sac à main ou dans ses poches. Elle restait raisonnable. Et mettait sa clé d’appartement quelque part où les gens n’iraient pas chercher. Dans ses chaussures, en fait, de manière générale. Maniaque, un peu stupide, mais pas folle. Tout le monde la croyait parfaitement naïve. Mais Maggie était surtout un peu sur la lune. Toujours sur la lune. Elle n’avait pas confiance en les autres, lorsqu’elle réfléchissait. Le problème c’était qu’elle ne réfléchissait pas souvent lorsqu’elle agissait. Alors oui, elle se laissait trop rapidement faire. Oui, elle se retrouvait avec son sac volé. Et pour le coup, elle était franchement dégoûtée. Surtout que Romeo se… Se foutait d’elle. Bawai, comme si l’humiliation ne suffisait pas, il avait fallu qu’elle s’énerve comme une pauvre jouvencelle en détresse, et qu’il se retrouve dans la position parfaite pour se foutre ouvertement de sa gueule. Elle le détestait. Elle le haïssait. Elle allait le tuer. Owi. Et s’en faire un plaisir.
Cependant, elle sentit bien vite la faiblesse l’envahir, tandis qu’il lui assénait ses propres paroles dans la figure. Elle lui avait donné des directives, et elle devait avouer qu’il avait raison ; il les avait respectées, et elle se retrouvait sans sac à main par sa faute. Lentement, ses lèvres roses se mirent à tremblotter, et elle baissa les yeux, reculant encore un peu, incapable de s’énerver davantage. Retrouvant aussitôt toute sa faiblesse naturelle, comme il l’avait très certainement calculé. D’un petit geste bref, elle passa une main devant ses yeux, les essuyant pour en chasser les quelques larmes qui commençaient à poindre. Elle n’avait pas envie de pleurer. Pas devant lui. Elle se retrouvait pourtant aussi conne que d’habitude. Quoiqu’elle fasse, toutes les situations étaient faites pour la ridiculiser. Elle était la pire des incapables. À chaque fois qu’elle sortait de chez elle, elle finissait toujours par être la risée d’une ou plusieurs personnes. À cause de ses vêtements, de son attitude, du fait qu’elle chantonne toute seule dans la rue, ou bien encore lorsqu’elle se faisait embêter. Elle ne supportait plus cette oppression permanente. Et pourtant, elle continuait de la vivre. Elle vivait son petit bonhomme de chemin, toute seule, comme toujours. Seule. Sa solitude était devenue partie intégrante de sa vie. Elle la vivait au quotidien, avait pris l’habitude d’être seule. Ses chats ne parlaient pas, et n’effectuaient donc que le rôle de demie-présence. Depuis que Blake était arrivé, il comblait un peu ce vide. Car oui ; pendant les premiers temps, cela ne l’avait pas réellement gênée. Puis elle était arrivée à un point où cette solitude avait commencé à la bouffer. Seule chez elle, seule au travail. Elle avait ses cadavres, ses chats. Mais les uns comme les autres n’avaient pas une conversation passionnante, vous en conviendrez sûrement. Alors oui, Maggie se sentait seule. Et même si Blake commençait à remplir tout ça, les disputes qu’ils avaient n’arrangeaient en rien les choses. Elle se sentait d’autant plus humiliée lorsqu’il était là, lorsqu’il s’en prenait à ses chats, lorsqu’il se foutait de sa gueule, de sa cuisine, lorsqu’il laissait traîner ses merdes partout en se prenant pour le roi des lieux, et en lui laissant le rôle de femme de ménage. Il était irrespectueux, et elle avait fini par ne pas se laisser faire à chaque fois. Et de temps en temps, elle s’énervait. Mais à quel prix ? Il s’énervait aussi, ou se foutait tout simplement de sa gueule. Et quelle que soit sa réaction, elle se mettait de toute manière à pleurer. Comme une idiote, comme une quiche. Et elle souffrait. Exactement comme là, à cette seconde précise, en face de Romeo, humiliée, comme à chaque fois qu’elle le croisait, elle souffrait.
Reniflant doucement, tournant la tête pour regarder ailleurs, levant les yeux vers le ciel pour dissiper les larmes qui menaçaient de revenir, Maggie croisa ses bras sur sa poitrine, se serrant comme pour se réchauffer. Ouais, elle avait un peu froid. Elle avait surtout honte, et mal. Elle avait l’impression d’être une incapable, une idiote. Et elle détestait cette sensation, bien que la ressentant souvent. Alors oui. Elle décida enfin de décroiser les bras, levant les paumes vers le ciel avec une petite moue vaincue, un faux sourire sur les lèvres. « Voilà, tu as gagné. Encore une fois. Comme toujours. » Elle baissa ses bras, dans un soupir contrôlé, essayant de ne pas laisser de trémolos dans sa pauvre voix déjà bien chamboulée. Elle ramena ses cheveux derrière son oreille, regardant tout, partout, sauf Romeo. Elle se sentait toujours aussi futile, toujours aussi inutile. « Je sais même pas pourquoi je continue d’essayer. La prochaine fois je te laisserai faire, je passerai mon chemin. » Elle savait que c’était faux, et il le savait sûrement aussi. Mais qu’importe. Elle voulait y croire. Rivant ses yeux vers le sol, elle termina cependant par les relever vers son vis-à-vis, gardant une position complètement sur la défensive. Elle aurait aimé qu’il comprenne. Qu’il sache se calmer. Que pour une fois, il soit sympa. Mais c’était rêver. Personne n’était sympa avec Maggie, parce que justement, elle, l’était trop, et en toutes circonstances. Pourtant, elle n’aurait demandé que cela. Un peu de respect. Un peu de gentillesse. Mais non. Impossible, semblait-il. « De toute manière, tu trouveras toujours un moyen de te moquer de moi. Si ça te défoule, vas-y. Fais-toi plaisir. » Elle jouait la victime ? Non, elle énonçait des vérités. « De toute manière, au point où j’en suis. » Hmm.
Doucement, Maggie secoua la tête, levant encore une fois les yeux au ciel. Les larmes ne revenaient pas. Tant mieux. De toute manière, elle en avait marre. Quand elle allait rentrer chez elle, elle allait fermer la porte à clé. Et si Blake était là, elle s’enfermerait dans sa chambre. Elle n’aurait pas le courage de le virer. Elle avait juste envie d’être seule. De réfléchir seule. De faire le point. Elle détestait tant de choses dans ce monde, sans pour autant être capable d’y faire quoique ce soit. Elle avait besoin de se réfugier dans son monde à elle, seule. Ce monde où peut-être, les choses iraient mieux.
Mais elle était coincée là. Face à Romeo. À attendre qu’il poursuive. Qu’il lâche son sac. Comme une pauvre cruche. Au fond, à quoi s’attendait-elle ? Des excuses ? Un câlin. Berk. Ç’aurait été bien mal le connaître. Non. Elle avait juste envie de laisser les choses se faire. De subir. En priant pour que, demain, tout soit un peu moins terne et agressif, dans sa pauvre vie que voici.
Romeo "Marw" Hastings ♔ betrayal it's in the blood
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Sujet: Re: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Jeu 31 Jan - 11:57
Cette reddition l'agaçait. Brûlait et réduisait en cendres son plaisir malsain, sa petite joie si lâche et égoïste. Si facile. Détruire tous ses espoirs, ses envies de la voir s'énerver, surexcitée, pauvre petite chose battant l'air des bras dans de vaines tentatives d'alerte, d'explication, de démonstration de sa rage si frêle et fragile. Romeo avait tendance à jouer au dieu, alors peut-être pouvait-on le penser, en regardant ainsi ses inférieurs. Comme des fourmis, de simples microbes, de si insignifiantes destinées qu'il aurait pu briser de façon sèche et définitive, ou déchirer et laisser pantelantes, se vidant, suintante d'espoir et de vitalité. Briser et détruire, mener son monde à sa manière. Son monde à sa manière, mais de la pire des façons. Il trouvait sa morbide satisfaction en se disant qu'il avait ces pouvoirs-là, qu'il pouvait semer la peur et distiller la terreur dans chaque être humain ou presque qu'il pouvait croiser dans cette foutue ville, dans ce putain de pays, sur cette satanée planète. Appréhension certaine dans les yeux de beaucoup de ses croiseurs, de ces hommes et de ces femmes, de ces enfants face à la bête de violence et de cynisme froid qu'il pouvait être, et était. Mais cette reddition l'agaçait. Comme une mouche tournoyant autour du fauve, vil petit parasite le titillant, lui jouant des tours et se jouant de lui, le narguant sans parfois en mesurer son ampleur. Le fauve et la puce. Un fauve qui hélas, avait tendance à agir comme un animal sauvage que l'on aurait relativement dompté, quand il faisait face à cette minuscule chose, démonstration flambante d'innocence et de bonté, tout ce qu'il n'était pas et ne serait jamais. Tout ce qu'il n'avait probablement jamais été, aussi. Elle le frustrait, le renvoyait dans ses bases arrières, mais il n'arrivait pas à exploser devant elle comme il l'aurait pu avec les autres. À croire, peut-être bien que oui, que sa surdose de victimisation et ses pauvres sanglots et yeux brillants avaient l'effet du fouet du dompteur sur le lion si fier que pouvait être Marw. Il préférait la boucler en l'entendant. Pour l'instant. Elle était chiante, franchement, à être comme ça. Parce qu'elle secouait une bonne volonté inexistante dans le coeur de Romeo autant que sa haine s'attisait et flambait de plus bel dans son âme, brasier inépuisable de ses rancoeurs et de ses coups.
« Au point où t'en es ? C'est bon, arrête de faire ta pauvre petite malheureuse. » Seuls mots de réponse, pour l'instant, à tout ce blabla inutile, ce déballage de la victime tentant d'adoucir son geôlier autant que son bourreau. Il avait parlé avec un calme qui était sien, presque sans interruption, même si une certaine tension s'était trahie dans ses mots. De la tension, plus peut-être aussi de la crispation. Oui, au final, c'était aussi simple que ça. Toute sa frustration cachée derrière les lourds rideaux d'un contrôle de soi à la dérive ces derniers temps parfois. « T'es franchement la personne la plus chiante que j'ai croisée de toute ma vie. » Mhmm oui. Elle gâchait tout son petit plaisir malsain et relativement sadique sur les bords. Tout ça pour simplement lui donner, en plus, l'impression désagréable d'échouer à quelque chose. De rater une case, une étape, que sais-je ? Mais de ne pas réussir, au fond, surtout. Il devenait un tant soit peu moins agressif même si cette notion n'était que relative quand on parlait du Hastings. Sans le vouloir même. Et il ne trouvait rien pour arrêter ce système, mécanique subconsciente qui l'obligeait à calmer son acidité quelques instants, oublier au moins l'espace de quelques secondes ce goût amer qui rappait son palais et pesait sur l'arrière de sa langue de façon quotidienne et continuelle. Même à sa mine, ça se voyait. Son expression renfermée avait pris un très léger aspect... comment dire ? Pas vraiment boudeur, pas vraiment résigné.. pas vraiment. Peut-être que c'était ça. "Pas vraiment." Voilà la définition parfaite (du moins quasiment, mais on va pas chipoter) de ses airs et son visage. « Qu'est-ce qui est intéressant là-dedans ? Peut-être que ça t’apparaît comme ça, mais je suis jamais méchant gratuitement. Pas grand-chose me suffit, mais te lyncher sans but.. Quoique je pourrais en avoir un, vu comment tu commences à me taper sur les nerfs.. Enfin, tu crois quoi ? Que je suis aussi monstrueux que ça ? » Le mot était dit, la messe était dite, la masse était lâchée. Avec ces paroles-là, ses yeux tentèrent de se planter dans ceux de la jeune femme. Persuasif, persuasion. Il lui parlait comme il se parlait à lui-même, au final. Il serrait les dents, comme il pouvait serrer ses poings enfoncés dans les poches de sa veste en cuir noir. Parler vrai, parler franc, parlons franchement. Sa voix se fit plus sourde alors que, sans qu'il ne le souhaite, son regard ne dérive ailleurs et qu'il ne penche un peu la tête vers le sol. Gamin frustré. Tout ce qu'il était. Il donna un vague coup de pied au mur face à lui, et jeta un coup d'oeil à la dérobé à la jeune femme. Marmonnements vagues, en quête de réponses comme de sa vraie question, de la vraie question qui résidait en lui et derrière tout ça. « Nan mais c'est vrai quoi.. Fais chier à la fin.. Tu l'as dis dès le début, ouais, j'contrôle pas mes nerfs.. j'contrôle plus rien t'façon, ça fait chier. Merde. Pourquoi j'dis ça. Putain. J'suis qu'un montre aux yeux de tout le monde, je sers à rien à part à faire mal aux autres... » Il prit une inspiration, bloqua un instant, leva les yeux au ciel, eut un vague sursaut des maxillaires qui se contractèrent, se mordit l'intérieur de la lèvre, ferma les yeux un instant, relâcha la pression, expirant l'air qu'il avait gardé durant sa machination d'une durée d'à peine quelques secondes, pas plus. Romeo déglutit difficilement et reposa un regard dur comme la pierre, diamant brillant de solidité, à l'état brut, sur Maggie. Il s'appuya, d'une épaule, d'un côté du corps seulement, croisant les bras sur son torse, contre le mur. Calme bouillonnant. Un jeu de dupes, un jeu de fous. Et son coeur s'était emballé, faisait des siennes, suicidaire organe se lançant de toute ses forces contre les barrières que formaient ses côtes et sa cage thoracique. À tout rompre. Même le silence. Qu'elle ne l'entende pas. Qu'elle ne capte pas ce bourdonnement qu'il gardait en lui, comme une ruche entière et surexcitée qui courait dans ses veines, butinait dans ses muscles, grouillantes ouvrières. Il ne contrôlait, réellement, plus rien de lui-même. Il avait perdu pied en signant son contrat avec le démon. Vendre son âme, signer sa capitulation, engranger le compte à rebours, mettre l'horloge en marche, voir passer sa vie, la voir s'enfuir, comme le sable du sablier s'écoulant impassiblement, comme les secondes se dispersant dans les affres du temps.
Maggie A. Lincoln ♙ why do we fall ? (admin)
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Sujet: Re: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Jeu 31 Jan - 15:35
Set the fire to the rain.
Maggie avait joué la carte de la victime. Elle avait toujours su que cela ne marcherait pas. Elle se trouvait face à Romeo, pas face à quiconque d’autre capable d’éprouver de la pitié. Ce gars la détestait, ce n’était pas nouveau, et cela ne changerait probablement jamais. Elle savait que ça n’allait pas marcher, mais elle avait tout de même prononcé ces mots, tenté ces arguments. Pourquoi cela ? Parce que c’était Maggie. C’était dans sa nature. Elle était toujours inférieure aux autres, et ne se cachait pas de le dire, sans pour autant « jouer les victimes », comme beaucoup l’auraient cru. Alors oui, « au point où elle en était », elle le pensait réellement. Elle venait de se faire voler son sac, et tout ce qu’il pouvait contenir — même si ce n’était pas grand chose. Elle était dans une assez mauvaise période, et tout jouait contre elle. Tout le monde se retournait contre elle, C’était plus ou moins une habitude, mais elle avait de plus l’impression de payer le prix fort. Pourquoi donc, d’ailleurs ? Tout avait toujours été ainsi, et elle ne s’était jamais plainte. Sauf qu’aujourd’hui, il semblait qu’elle réalisait enfin que ce n’était pas normal d’être traitée ainsi. Une moins que rien, tout le temps. Une bonne poire, vingt-cinq heures sur vingt-quatre. Chez elle, elle était devenue la bonniche, alors que Blake se permettait de la traiter comme sa cuisinière et sa femme de ménage. Son défouloir, aussi, lorsqu’il était en colère, ou que quoique ce soit n’allait pas, dans sa putain de vie. Et elle, elle devait fermer sa gueule, à chaque seconde où il l’ouvrait. Elle n’avait aucun droit sur lui, Et il lui était fortement conseillé de le brosser dans le sens du poil. Sauf qu’à un moment, la pilule, elle ne voulait plus l’avaler. Elle la recrachait tout simplement. Elle savait que quand Blake lui faisait les yeux doux, elle ne résistait pas. Elle savait que lorsque Romeo s’énervait gratuitement contre elle, elle se ferait toute petite et finirait par se taire. Mais cela ne l’empêchait pas d’en avoir marre. De se rebiffer. Et de décider que tout ça, c’était des conneries. Que tout ça, c’était terminé. Peut-être qu’elle ne s’y tiendrait pas, très certainement qu’elle ne s’y tiendrait pas. Elle était Maggie, elle était cette douce petite chose que l’on maltraitait parce qu’elle était trop gentille pour s’y opposer, trop gentille pour fermement faire comprendre à ceux qui l’entouraient que c’était fini, que plus personne ne devait abuser de la bonne poire. Maggie aurait voulu s’énerver. Elle aurait voulu avoir la force de caractère de beaucoup des gens qu’elle côtoyait. Comme Blake. Comme… Romeo. Ce même Romeo qui venait de lui dire qu’elle était la personne la plus chiante qu’il ait croisée de toute sa vie. Maggie avait les yeux baissés, et elle les conserva ainsi. Il semblait se complaire à continuer de lui asséner des claques psychologiques. Très bien. Qu’il fasse. Chiante. Elle était chiante. Elle était une victime chiante, elle ne savait rien faire d’autre que de se soumettre et de se plaindre, de toujours contredire tout le monde. Peut-être qu’au fond, il avait raison. Et qu’elle n’était bonne à rien.
Maggie s’attendait à ce qu’il parte. À ce que, une fois qu’il lui avait réglé son compte verbalement, il se tire, lâchement, retournant vaquer à ses occupations, la laissant seule, avec ses simples yeux pour pleurer. Au fond, peut-être que tout aurait été plus facile ainsi. Elle aurait été seule, n’aurait pas eu à se préoccuper de quelqu’un d’autre qu’elle-même. Elle aurait pu rentrer chez elle, et s’enfermer pour réfléchir, comme elle en avait davantage envie à chaque minute qui passait. Mais pourtant, Romeo ne bougea pas. Il resta là, à fuir son regard. Et elle-même ne bougeait pas. Si l’un des deux partait, ce serait lui. Elle n’était pas assez stupide pour s’éloigner volontairement de quelqu’un qui, selon elle, avait besoin d’aide. Mais apparemment, il n’avait pas du tout l’intention de partir. Il reprit la parole, au grand étonnement de la petite britannique. Elle releva les yeux, l’écoutant, constatant qu’il avait arboré une moue boudeuse, légèrement vexée. L’espace d’un instant, elle eut l’impression qu’il cherchait à être plus agréable, plus enclin à la conversation. Il se rattrapa bien vite, en appuyant le fait qu’elle lui tapait sur les nerfs. C’est bon, elle avait pigé. Ça va. Cependant, elle ne répliqua rien, l’écoutant parler, baissant à nouveau les yeux vers le sol. Elle vit du coin de l’œil qu’il donnait un coup de pied dans le mur, avant de reprendre la parole, semblant se parler davantage à lui-même qu’autre chose. Elle avait voulu lui répondre, mais il s’était renfermé avant. Lorsqu’elle perçut ce qu’il murmurait, elle ne put s’empêcher de relever son regard, et de le déposer sur ce visage si souvent à cran, et aux expressions bien trop souvent haineuses à son égard. Pourtant, le coup d’œil qu’elle lui jetait était doux. Las, presque. Mais compréhensif. Même s’il était son exact opposé, elle se retrouvait souvent dans la même position, à se remettre en question, bien que ce ne soit pas sur les mêmes points. Et elle ne pouvait pas s’empêcher de compatir avec cet homme, aussi mauvais avec elle soit-il.
Elle eut un sourire triste lorsqu’il planta à nouveau son regard pesant sur elle. Il avait choisi de rester, et il savait très certainement ce que cela impliquait. Elle le sentait perdu, dans ses pensées, hésitant, en conflit interne. Elle n’avait pas envie de l’interrompre tout de suite. Pourtant, elle avait encore des choses à dire. Des choses qui allaient l’ennuyer, et confirmer sa réputation de fille chiante et casse-burnes. Tant pis. Elle avait laissé un assez long silence passer, le préservant, après avoir eu la nette impression qu’il avait le cœur au bord des lèvres. Mais elle se lança finalement. Son propre cœur battait à tout rompre dans sa cage thoracique. La peur lui tordait le ventre. Parce que Romeo l’impressionnait. Comme toujours. Et que s’il lui mettait un crochet droit, elle allait se retrouver décapitée sans comprendre. Mais elle ne le laisserait pas comme ça. Trop bonne trop conne un jour, trop bonne trop conne toujours. « Tu sais, frapper les gens ou te mettre rapidement en colère ne fait pas nécessairement de toi un monstre. » Contrairement à ce qu’elle avait prévu, sa voix ne contenait pas tant de petits trémolos que cela. Elle coula, assez fluide, douce, petite source de son régulière et veloutée pour l’oreille. Pinçant doucement ses lèvres, elle baissa quelques secondes les yeux. « Au contraire. » Léger petit haussement d’épaules, alors qu’elle relevait son regard vers son vis-à-vis. « Toi au moins, tu sais te défendre quand on vient t’embêter. Tu penses que moi je suis capable de me défendre comme tu as pu te défendre contre ce voleur ? Tu ne leur fais pas mal, tu leur rends ce qu’ils te prennent. Je n’aime pas la violence, c’est clair. Mais j’ai parfaitement conscience que dans certains cas… » Elle déglutit péniblement, essayant de digérer ce qu’elle allait dire. Qui entrait en totale contradiction avec tous ses principes, mais qu’elle pensait sincèrement. Sa voix tremblota, alors qu’elle terminait sa phrase. « … Et bien, elle est nécessaire. » Maggie baissa doucement les yeux, gênée. Elle n’avait même pas envie de pleurer, et les larmes restaient enfouies au fond d’elle. Mais elle n’était tout de même pas bien. « Si on me pointe le canon d’une arme vers la tête, je ne vais pas avoir le réflexe de l’esquiver, et de faire lâcher son arme à mon agresseur, ni de lui faire payer ce geste qu’il a dû achever sur d’autres. Moi, je vais fermer les yeux et attendre qu’il tire, en pleurant. Tu crois franchement que c’est un comportement plus enviable que celui de frapper quelqu’un lorsqu’il veut vous tuer ? » Sur cette dernière phrase, elle avait relevé les yeux vers lui, les sourcils légèrement froncés, perturbée. « Je suis peut-être une victime chiante, je ne te manquerais sûrement pas si la situation venait à se produire et que cet homme me tirerait une balle dans la tête, mais ça ne m’empêche pas de te dire que parfois, j’aimerais savoir m’énerver comme toi. » Pas tout le temps non plus, hein. Mais oui, de temps en temps, s’énerver lui aurait fait le plus grand bien, et elle en avait conscience. Elle écarta doucement les bras en signe d’impuissance, et les laissa retomber le long de son corps, petite chose frêle et éternellement torturée. « Tu ne fais pas du mal à tout le monde, et tu n’as rien d’un monstre. Tu es un homme, avec des problèmes, et des sautes d’humeur, comme tous les êtres humains de cette planète. Ta manière de réagir face à eux fait de toi celui que tu es, mais tu n’as rien d’une bête sauvage, ou de je ne sais quoi d’autre. » Elle dardait ses yeux dans ceux de Romeo, simple et naturelle, le regard débordant de sincérité et de franchise. « La colère, c’est comme tout le reste. On peut apprendre à la contrôler. C’est plus ou moins difficile, mais ça s’apprend. Ce n’est qu’une question de volonté et de temps. »
Et s’il avait le temps… S’il avait le temps, peut-être qu’elle pourrait l’aider. S’il avait l’envie, la chieuse pouvait tout à fait faire office de professeur de yoga. Elle pouvait l’aider à se calmer. Elle avait ce self-control dont il aurait parfois eu besoin, en petite quantité bien entendu. Et s’il le voulait, bien qu’elle ne l’avait pas proposé, elle aurait très bien pu l’aider, aussi chiante soit-elle, aussi détestable le trouvait-elle, par moments. Si elle lui avait offert ce service, il l’aurait très certainement repoussée. Alors non. Elle s’était tue. Elle avait gardé cela pour elle. Comme toujours. Car après tout, si la colère se soignait, dans le cas la gentillesse et de la bonté, rien n’était moins sûr. Tout comme le fait de voir le bien en tout le monde. Maggie le voyait chez Romeo. Et elle avait juste envie de le lui montrer. Que lui aussi, pouvait être gentil. Et que cela ne dépendait que de lui. Utopie ? Peut-être. Mais notre jolie brune n’était pas connue pour garder les pieds sur terre. Et aujourd’hui encore, elle n’en avait pas la moindre envie.
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Sujet: Re: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Sam 2 Fév - 10:20
Il se croyait fort. Il était désespérément faible. Il pensait avoir le contrôle sur chaque part de sa vie et de son être. Il n'avait jamais autant eu de mal à garder les rennes, quand il arrivait à reprendre la barre seulement. Machine à nier autant qu'à encaisser cette fatalité qui rongeait chaque parcelle de son corps et de son âme. Si au moins en avait-il une encore. Il était constamment dans le déni depuis quelques temps. Mais ne l'avait-il jamais été ? C'était juste pousser le vice encore un peu plus loin, rien d'incroyable à cela. Puisqu'il était une boule de nerfs, une usine à vices, une ressource inépuisable de péchés mortels. Mortels, comme l'était sa situation dernièrement. Il ne faisait que suivre son troupeau, direction les abattoirs. Qu'on l'use jusqu'au bout, qu'on l'use jusqu'à la plus petite goutte de moelle, alors. Il s'était résigné trop rapidement, était entré dans cet engrenage qui venait à dépasser chaque cellule vivante de son corps, palpitante création tendue de muscles, à l'armature osseuse solide et à chaque veine, chaque artère, emplie de ce sang qui pulsait encore et encore, rythme régulier, à son coeur, à ses tempes, à chaque atome même de sa personne. Et voilà, alors, oui, qu'il écrasait, qu'il s'écrasait. Sans demandes mais à contre-coeur. Quand on disait qu'il était son maître et son esclave, la métaphore n'avait rien d'abusé, et ce n'était aucunement une hyperbole du genre. Il se contraignait et s'obéissait, et vice-versa, comme dans un jeu malsain qu'il avait commencé avec lui-même. Pourquoi restait-il ? Pourquoi restait-il exactement là, en cet endroit précis, ce point exact sur la surface de cette foutue planète dont il haïssait approximativement quatre-vingt dix-neuf pour cent ? Il s'était lui-même passé des chaînes alors qu'il aurait clairement et sincèrement, d'un côté, fuir. Lâchement. Comme il faisait chaque chose, au fond. Parce qu'il n'était qu'un lâche, tout bonnement. Il resserra les mâchoires. Tension générale qui le pousserait bien à exploser, un de ces jours. La corde du violon se briserait sur cette simple et si parfaite note de musique, et tout serait fini. Accord au hasard, note encore inconnue, tant que la fin résonnait comme un claquement dans cette mélodie dissonante, tant que la fin se valait, tant qu'il avait assez usé la corde, et qu'il pouvait stopper le concerto avant que la partition ne s'achève.. Il était à l'écoute comme un bon petit écolier. Ou bien était-ce simplement le fait qu'il se perdait entre ses paroles et ses pensées. Qu'il n'avait rien à dire sur ces faits. Comment pouvait-on croire qu'un si petit bout de femme puisse voir aussi bien en lui quand il faisait la sourde oreille face à ses propres cris et n'arrivait parfois même pas à ouvrir le coffre-fort menant au plus profond de son âme ? Peut-être que c'était bien quelque chose comme ça. Il était un livre ouvert. Mais seulement pour les autres. Lui restait aveugle, illettré. Et ne faisait que continuer les autodafés, brûler les livres, ces livres qui le concernaient, ces ouvrages qui étaient parts de lui. Attendre encore quelques paroles, une quelconque morale pour tomber, laisser choir le couperet. Non. C'était fini. Elle en avait fini avec ses belles paroles qu'il avait tenté d'entendre sans parfois les écouter avec l'application qu'il aurait due avoir. Il releva le nez et son regard azuré sur la Lincoln. Regard qu'il avait gardé baissé, enfant e faute peut-être, durant le temps que ses paroles pleuvaient et dégoulinaient sur lui comme ce résultat d'un orage qui aurait hypothétiquement pu le laver de tous ses méfaits. Sauf qu'il était toujours aussi coupable maintenant qu'avant. Et qu'un poids lui semblait-il, s'était substitué à un autre, sur son fardeau d'un Atlas devant porter sur ses épaules toute la peine du monde, mais aussi la colère et la douleur, la lâcheté et le courage, le bonheur et le malheur, les avenirs comme les passés, et les désespoirs dépassés. Un monde entier, et bien plus encore alors. Il prit une inspiration, déglutit. Le regard dur avec ce voile fou, ce voile qui pouvait sembler sous certains angles, brodé maladroitement d'un calme relatif... et d'une douceur, apaisée, inconnue. « Personne cherchera jamais à te tuer. C'est vrai que tu pourrais être une proie tentante pour n'importe quel abruti dans cette ville. Je dirai jamais le contraire. Mais ils préféreront toujours te garder en vie, je te le dis. C'est sûr. Parce que ils pourront continuer de te piller et de te.. martyriser, en vie. » Il déglutit. Les mots avaient suivi le fil de sa pensée chaotique sans qu'il ne le veuille forcément. Et il énonçait cette vérité en tentant un si maigre sourire. Parce que, au fond, ces hommes dont il parlait, ces abrutis-là, il en faisait bien partie. Ou presque. C'était quand même du pareil au même. Il était un de ces rapaces. Pas forcément du même acabit, pas forcément du même type, pas forcément de la même race. Mais unis dans un seul et même misérable but. Il ne vaudrait probablement jamais mieux que tous ces autres malfrats. Parce qu'il tourmentait pour sa propre satisfaction, qu'il n'y avait aucun but de survie là-dedans. Enfin, pas autant que pour ces autres. Certes, pour survivre, il avait besoin d'extérioriser sa haine, sa souffrance, en la re-dirigeant vers d'autres que lui. Romeo se mordit l'intérieur de la lèvre et prit une inspiration. Regarder un peu ailleurs, reposer son regard sur elle. « Je suis quand même pas un saint, tu le nieras pas. Je suis loin d'être tout blanc, tout immaculé. Et je te jure, n'espère pas t'énerver comme je le fais. C'est plus faire peur aux autres que s'énerver. Et quand les autres ont peur, tout le monde a peur. Même toi, à force... Je me fais peur, moi, même, parfois. » Derniers mots incertains. Avouer une vérité blessante dans la suite et le flot de ses belles paroles. Il s'effrayait lui-même. Il avait peur de ce qu'il était capable de faire, il avait peur de ses capacités. Il avait peur, aussi, de voir que peu de gens ne le prenaient à sa réelle valeur. Parce que susciter la peur, s'était s'enfermer dans une bulle. Une bulle que si peu de gens arrivaient à éclater, et voulaient déjà même. Une bulle si fragile qui avait l'action d'un champ de force incontestable et incontesté. À son plus grand malheur, à son plus grand désarroi.
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Sujet: Re: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Dim 10 Fév - 20:36
Be safe and sound.
Maggie avait tenté de se montrer compatissante, de comprendre ce que le jeune homme en face d’elle ressentait. Elle se retrouvait à lui parler doucement, à essayer de chasser l’agressivité qui habitait la carcasse qui lui faisait face. Elle avait envie de le prendre par la main, et de l’emmener loin de tout cela. Par pure sympathie, en toute douceur. Elle voulait l’aider à laisser sa colère sur place, à planter tout ça et à aller se mettre dans son coin, s’isoler, et accepter le fait que le monde est injuste avec tout le monde, mais peut également offrir une part de bonheur à chacun. Notre joli petit bout de femme écoutait Romeo, et se sentait à chaque seconde un peu plus fragile, un peu plus vulnérable. S’il avait voulu lui décrocher la mâchoire d’une claque, il aurait très bien pu le faire. Cependant, elle n’avait pas peur de cela. Elle savait qu’il ne le ferait pas. Elle se doutait qu’il n’oserait pas la toucher. Pas maintenant. À moins d’une crise de nerfs infondée, et brutale. Il lui parlait simplement, se contentait de dire ce qu’il avait à lui dire, et les mots suffisaient à faire prendre conscience à la jeune femme qu’elle n’était rien de plus qu’un grain de poussière dans ce monde de brutes. Si on lui soufflait dessus, elle s’envolerait. Lui était pareil à un caillou. On pouvait lui souffler dessus aussi longtemps qu’on voudrait, il ne bougerait pas d’un millimètre. Il était inaltérable, immuable face aux courants du monde. Il souffrait, et sa souffrance l’empêchait de bouger. Elle l’empêchait de respirer. Romeo était pris dans un étau, un tourbillon qui l’entraînait sans cesse vers plus profond, le poussant sans cesse vers la mort, à chaque seconde qui passait. Et Maggie détestait le voir tomber. Elle n’aimait pas le regarder, et ne percevoir que sa douleur, et le fatalisme qui le poussait à faire chaque pas vers l’avant. Elle contemplait Romeo, et ne voyait qu’un masque. Un masque abîmé, griffé, couvert de cicatrices et de blessures. Mais on ne pouvait changer de masque. C’était impossible.
Maggie fut frappée de plein fouet par les paroles de son vis-à-vis. Mais au fond, elle devait reconnaître qu’il n’avait pas tort. Les gens préféraient la voler, la martyriser. La frapper, trop peu souvent, de manière générale. Elle ne résistait pas souvent, et se laissait facilement dérober ses biens. Pour justement éviter de se faire percer pour un porte-monnaie presque vide. Alors elle devait avouer qu’il avait raison. Elle était une proie facile, que personne ne voudrait tuer, que tout le monde préférait voler. Lorsqu’il poursuivit, elle se sentit mal à l’aise, et baissa les yeux vers le sol. Elle se mit à se tortiller les doigts, soupirant doucement en secouant la tête. « Je n’ai pas peur de toi, tu sais. » C’était un… Mensonge ? Un demi mensonge. Elle déglutit doucement. « Bien sûr, lorsque tu t’énerves j’ai peur. Peur que tu me fasses du mal, peur que tu m’étrangles, que tu me frappes. Mais au fond, j’ai toujours ce petit sentiment que tu ne me feras rien, ce petit espoir que tu ne m’approcheras pas. Et au final… » Elle se mordilla la lèvre, un peu perdue, un peu perturbée. « Je ne sais pas. Au final, je n’ai plus peur. » Elle releva les yeux vers lui, lui adressant un sourire pâle. « T’es loin d’avoir un mauvais fond, même si tu ne t’en rends pas compte. Tu es nerveux, certes, mais c’est comme cela, et ça ne m’empêche pas de… » De ? De quoi ? Hein ? « … De t’apprécier et de vouloir t’aider. » Gn. Là, sur le coup, elle ne savait réellement pas ce qui lui avait pris. Doucement, elle renifla, gardant les yeux baissés vers le sol, les joues légèrement rouges. Elle fixait un point invisible, raclant le sol du bout de sa chaussure. Mal à l’aise. Elle venait de sortir ce que jamais elle n’aurait dû lui dire. Et elle en avait conscience. Elle secoua la tête, ajoutant rapidement, la voix tremblotante. « C’était stupide, désolée. » Et pourtant, c’était vrai. On ne peut plus vrai. Elle l’appréciait, elle voulait l’aider. Elle n’était qu’une pauvre folle, elle avait besoin d’un pied-à-terre, et elle choisissait toujours les gens qui pouvaient lui causer le plus de soucis. Elle n’était pas ignorante, ni naïve. Juste trop gentille. Elle pensait pouvoir faire le bien, penser que sa présence pouvait apaiser les maux des autres. Au final, elle n’était qu’une petite tête utopiste. Elle ne servait pas à grand chose. Juste à rêver. À offrir aux autres l’espoir de pouvoir eux aussi rêver.
Maggie releva ses grands yeux vers Romeo. Un petit sourire désolé se déposa sur ses lèvres. Elle aurait bien aimé pouvoir l’aider. Pouvoir le sortir de là. À cette seconde précise, elle réfléchissait même déjà comment faire. Mais elle était persuadée qu’il refuserait. Qu’il ne voudrait pas de son aide. Surtout après ce qu’elle venait de lui dire. C’est ça, la vie, les enfants. On ne tombe pas toujours au bon endroit au bon moment.
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Sujet: Re: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Jeu 14 Fév - 13:49
Il y avait une panique flambante dans le fait d'être en vie. Un empressement qui pulsait dans les veines et faisait cogner le coeur contre les barreaux de sa prison, contre les côtes et la cage thoracique d'un être pressé d'arriver à demain pour découvrir de quoi il était fait. C'était maladif, c'était humain. Mais ce stress de l'existence n'existait que dans si peu d'êtres.. quelques âmes par ici et par là-bas, pour prendre la tension constante de ce monde tiré à quatre épingles. Dans ce fatras organisé, ce bordel rangé, Romeo était une sorte de zombie. Voyez, le type en marche automatique. Qui simulait la lumière des autres dans ses yeux. Mais on décelait toujours sa noirceur en filigrane de ses iris aux couleurs célestes. C'était un peu ce qui le rendait effrayant. Il y avait bien d'autres facteurs, tous plus appuyés les uns que les autres. Mais il mimait l'entrain, celui qui nous faisait nous lever le matin. Alors qu'il n'attendait franchement plus rien. Ni de ce monde, ni de personne, ni de rien, rien de tout cela. C'était un jeu malsain, un ballet de la vie, mais un bal masqué. Il se réfugiait derrière sa froideur pour cacher sa fragilité. Il sombrait dans des accès de violence chronique parce qu'il était fait ainsi, il était fait pour ça, il était né pour ça. Formé dès le berceau à ce genre d'actes et de comportement. Il était coincé dans ce labyrinthe dont les murs montaient trop haut pour qu'il ne puisse au moins voir la lumière, voir le soleil, et voir un petit bout de ciel bleu au-dessus de lui. Il lui manquait la voie de sortie, un plan ou un GPS pour se repérer dans son propre univers, dans son propre monde intérieur. Rien que ça, mais déjà beaucoup trop. Il s'était perdu dans le labyrinthe et en était devenu le monstre. Un minotaure, peut-être. Pan veillant à perdre tous ceux qui le suivaient, tous ceux qui l'approchaient. Par réflexe maintenant, douloureuse habitude. Parce qu'il y en avait qu'il ne voulait pas mener dans ses filets. Leur éviter la peine, leur éviter la souffrance. Dans sa toile d'araignée. Il suscitait la peur autant qu'il en était imprégné et la ressentait. Et les mots de Maggie, maladroits mais sincères, ne faisaient qu'appuyer cette vérité. Et après, on pouvait nier qu'il était le méchant de l'histoire, le montre qui rodait.. L'étrangler ? Quoique.. Elle était agaçante, à être.. elle-même. Et il s'était déjà imaginé l'étranglant, mais juste un petit peu. Jamais rien de plus, mais on ne pouvait dire moins. Mais la frapper, de ses poings, ça ne l'avait même pas effleuré, mais jamais. Pas le moins du monde. Il ne frappait pas ainsi les femmes innocentes. Fallait pas abuser, là. Bon. Si au moins il ne lui faisait pas peur à elle.. C'était le genre de truc qui vous rendait heureux.. et en même temps non. Fallait qu'elle se décide. Et puis, il s'était habitué à être celui que tout le monde croyait, pensait qu'il était. Et une petite partie, mais minuscule part, de son ego, de son orgueil, de sa fierté bien masculine et très présente, se sentait égratignée. Juste une petite éraflure. Mais une offense, même microscopique, restait une offense, demeurait ce qu'elle était. La puce n'avait même pas peur, alors, du gros fauve. Il restait silencieux, appuyé à son mur, regardant bien ailleurs, ailleurs que vers elle, vers l'autre bout de la rue, vers l'horizon, le lointain, là, exactement là-bas.. Mais bon, Lincoln parlait, encore. Et d'ailleurs, ses dernières paroles en date le firent automatiquement reposer ses yeux bleutés sur la jeune femme. Elle se répandait déjà en excuse. Comme d'habitude. Mais il fallait l'avouer.. il fallait avouer que, eh bien, ses mots venaient encore de se glisser à travers ses défenses, de trouver le trou de sa côte de maille, la faille dans son armure. Il rêvait, c'était pas possible autrement. Romeo devait avoir mal entendu. Quoique. Non, Marw avait très bien entendu. Trop bien même. Son regard se planta dans le sien. Une part de lui bouillonnait. L'autre s'était tout bonnement et si simplement radoucie. Hastings était partagé, déchiré, coincé entre deux camps. Et il n'eut pas le temps d'examiner ses mots et de les mesurer avant qu'ils ne franchirent le barrage de ses lèvres. « De.. Toi ? Toi tu m'apprécies ? » Il battit des paupières. C'était le coup de la surprise plus encore qu'autre chose. Il déglutit, et bien conscient que pendant ces quelques mots, ce court instant, il n'avait pas été aussi lui-même que d'habitude, ce lui-même qui n'était que l'étiquette qu'on lui avait bien gentiment collé à la glu extra-forte sur le front, il reprit; « Tu me vexerais presque, Maggie. Faut savoir ce que tu veux. T'as peur de moi, ou non. Je suis désolé de te l'annoncer, mais apprécier quelqu'un qui selon toi pourrait t'étrangler, vouloir aider une personne qui d'après ce que tu penses serait capable de te frapper... C'est du masochisme. Je pensais pas que ça pourrait venir de toi, tiens. Tu me semblais beaucoup plus innocente que ça. Comme quoi tout le monde peut se tromper. » Et PAF! bien placé. Romeo dans toute sa splendeur était de retour. Romeo bardé de mauvaises intentions et bien conscient de ce qu'il disait. C'était fait pour. Un petit talent, celui de faire mal comme il faut, ou au moins, de balancer ce qui était bien au bon moment dans la tronche de la bonne personne. C'était du pareil au même, au fond. Et le sourire qui revint à ses lèvres allait bien avec. Il y avait un petit côté carnassier, bête sauvage, prédateur ayant trouvé sa proie, dans ce coin de lèvre qui se relevait. Un simple sourire au coin qui dévoilait parfois un peu ses dents. Exactement comme un fauve. Quand on vous dit que la comparaison était bien trop bossée. Et surtout très vraie. Mais que Maggie ne s'y trompe pas. Il avait repris le masque et les armes, était remonté sur ses grands chevaux, prêt à abattre tout ce qui le gênerait, il avait failli. Il avait laissé voir pendant quelques secondes de la surprise, une chose qui semblait bien trop souvent ne pas exister en lui. Comme quoi, Romeo était lui aussi un être humain, avec des sentiments, des émotions, des réactions et des rêves, des espoirs, mais surtout des cauchemars, des passés hantés et des désespoirs de vivre. Fallait pas abuser, la corde sensible de Romeo était ridicule tant par sa taille. Quand on s'était bien entraîné, qu'on s'était bardé durant des années, des années, et encore des années, qu'on nous mette une épée entre les mains, un cure-dent, ou rien du tout, on saurait toujours se battre et encaisser les coups, épuiser l'ennemi jusqu'à la victoire.
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Sujet: Re: this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO. Dim 3 Mar - 20:26
Break the reason, and feel the madness.
Maggie avait un don. Le don d’être un peu conne. Parfois, souvent, trop régulièrement. On aurait pu la décrire avec le simple mot kinder. Brune à l’extérieur, blonde à l’intérieur ; vous voyez le classique. Elle était trop gentille, trop sociable, trop à l’écoute. Elle avait cet instinct naturel de mère poule, ce petit côté à vouloir toujours aider qui arrangeait beaucoup de gens. Elle était exploitable. Ce qui, en ces temps de trouble et de pauvreté, était plutôt pour plaire à pas mal de monde. Mais il y avait des gens qui ne supportaient pas ça. Des gens comme Romeo, qui détestaient ce côté gentil, et qui voulaient juste… L’écraser, l’anéantir, le pulvériser. Mais au fond, était-ce vraiment ce qu’il désirait ? La jeune femme avait tenter de le voir, elle ne faisait que le regarder. Elle n’arrivait pas à comprendre, elle ne pouvait pas comprendre. Elle n’était pas dans le cerveau de Romeo, et espérait très franchement ne jamais s’y retrouver. Ç’aurait été trop bizarre. Elle n’était pas prête à vivre ce genre d’expériences troublantes. Comme avoir des testicules. Bref. On s’égare, là.
Lui dire qu’elle l’appréciait était sûrement la plus grosse connerie qu’elle ait pu sortir ces dix dernières années. Juste après celle d’avoir proposé à Blake de vivre chez elle. Mais bon, c’est une autre histoire. Revenons à nos Romeo. Notre Romeo. Y en a qu’un seul modèle sur cette planète, et fort heureusement pour Maggie. Imaginez s’il avait un jumeau, Romeo bis. Déjà qu’elle en prenait plein la tronche vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il aurait fallu inventer les journées de trente heures pour que tout le monde ait sa dose. BREF. Maggie regardait Romeo, Romeo regardait Maggie. Et tout le monde était content, ou presque. Ou même, pas du tout. Elle venait de lui dire qu’elle l’appréciait et qu’elle pouvait l’aider. Et lui, dans un élan de naturel, venait de… Ben d’être naturel. Pour une fois. Elle avait l’impression qu’on l’avait remplacé. Ou bien qu’il était schizo. Au choix. Cependant, il se rattrapa bien vite. Et, comme elle s’y était attendue, sans forcément s’y préparer, il laissa couler son venin. Elle baissa alors les yeux, l’écoutant, un sourire perdu posé sur les lèvres. Elle n’avait plus envie de sourire, mais ne pouvait pas s’en empêcher. On appelle ça une Maggie. Trop bonne trop conne. Elle se laissait faire. Parce qu’au fond, elle l’appréciait, quoiqu’il puisse dire, et quelle que soit la haine qu’elle puisse parfois ressentir à son égard. Elle se sentait comme l’opposé de cet homme. Son exact contraire. Il était tout ce qu’elle n’était pas, et elle réussissait à l’apprécier. Peut-être avait-elle peur de devenir comme lui. Peut-être avait-elle simplement peur de lui. Il le disait si bien, après tout, de la même manière qu’elle l’avait énoncé peu de temps auparavant ; elle était effrayée à l’idée du mal qu’il pouvait lui faire. Pourtant, décrire son comportement de masochiste, sur ce point, était peut-être allait un peu trop loin. Elle avait cette tendance à n’aimer que trop ceux qui lui faisaient du mal, à vouloir les aider. Elle avait cet espoir fou qu’un jour, le monde de ceux qui n’avait jamais tourné rond finirait par se stabiliser. Elle était persuadée que tout le monde pouvait devenir quelqu’un de bien. Ou tout du moins, c’était ce qu’elle laissait croire, avec un naturel déconcertant. En réalité, même elle ne savait pas ce qu’elle pensait. Elle ne savait même pas à quoi elle aspirait, en parlant avec Romeo, en lui proposant son aide. Elle ne savait pas ce qu’héberger Blake pouvait bien lui apporter. Elle donnait à sens unique, sans jamais recevoir ; et cela lui convenait. Sa bonté lui donnait l’illusion de combler ce vide en elle, alors qu’elle ne faisait que creuser le gouffre, un peu plus à chaque parole, un peu plus à chaque mot. Maggie était bercée par les songes, par l’espoir d’une vie meilleure. Cette vie à laquelle elle aspirait, et qui ne semblait pas arriver. Rêve éternel et inaccessible. Elle avait tout perdu, lentement mais sûrement. Et aujourd’hui, elle n’était qu’une ombre, assise au centre d’un mécanisme infernal. Les jambes croisées, en tailleur, ses petites mains adorables attrapant ses chevilles fines, ses grands yeux regardant le ciel, en se demandant si un jour elle parviendrait à sortir de ce trou qu’elle s’était creusé. Au début, elle avait cru en être capable. Elle avait cru s’échapper de cette dépression dans laquelle elle s’était enfoncée après sa rupture avec Mike. Sans réaliser qu’en fait, le problème n’avait pas disparu. Il s’était déplacé.
Seule. Maggie était seule. Et en écoutant les mots de Romeo, ce sentiment s’imposa à elle. Qui se souciait d’elle, dans ce bas-monde, en fin de compte ? À quoi servait-elle, à part être un défouloir pour Romeo, et une femme de ménage et cuisinière pour Blake ? À part sourire et aider les gens, sans que jamais personne ne l’aide en retour ? Elle avait ce sentiment déconcertant d’être inutile. Et pourtant, elle ne l’était pas. Sans qu’elle ne puisse s’en rendre compte, son sourire s’était complètement fané. L’ombre qu’il en restait sur son visage reflétait parfaitement son malaise, et elle n’avait même pas envie de le cacher. Elle se cachait en permanence. Et elle en prenait réellement conscience à cette seconde. Parce que les mots de Romeo ne faisaient pas que la blesser. Ils étaient vrais. Il se trompait. Tout le monde se trompait. Mais personne ne savait à quel niveau. Maggie était vide, désespérément vide. Il lui arrivait parfois de se demander pourquoi elle avançait. C’était la vie, c’était naturel, c’était ainsi. Il n’y avait aucune question à se poser. Pourtant, il y avait autre chose. Si elle continuait, c’était que tout ce qu’elle vivait lui apportait, chaque jour que le bon dieu faisait, chaque jour que le diable lui infligeait. Quelques secondes, ses pensées s’égarèrent vers ses morts. Ceux dont elle s’occupait, chaque jour de son travail. Et aussi stupide que cela puisse paraître, son sourire revint. Elle vivait pour eux. Parce que tous les jours, elle voyait des gens éteints, et n’y pouvait absolument rien. La seule chose qui était en son pouvoir de faire, c’était leur offrir un départ noble, une belle apparence pour leur long voyage. Faire naître un sourire pâle sur les lèvres des proches, leur tirer quelques larmes devant cette apparence si pâle, et si fragile, mais rendue supportable à la vue par le travail qu’elle faisait. Maggie était impliquée. Elle prenait soin de ses cadavres. Personne ne comprenait pourquoi. Mais elle, elle le savait. Aux yeux de beaucoup, elle avait une profession atroce. Personne ne comprenait. Mais elle, elle trouvait son travail magnifique, et nécessaire. Que les gens ne percutent pas, cela lui était totalement égal. En exécutant son travail, elle avait enfin l’impression de ne pas vivre entièrement pour les autres. Mais de, enfin, même juste un petit peu, vivre pour elle.
Lentement, Maggie ramena quelques cheveux derrière son oreille, relevant la tête vers Romeo. Son sourire revint, bien qu’il apparut aussi forcé qu’il pouvait l’être. Au final, il n’en savait pas plus sur elle que n’importe qui d’autre dans cette ville. Et sa plaisanterie amère sur le fait qu’il s’était trompé n’avait en réalité rien d’une blague. C’était la vérité. « Et oui, tout le monde. Même toi. » Elle ne démentait pas. Pourquoi l’aurait-elle fait ? Il ne la connaissait pas, il se trompait en l’abordant. Il parlait à quelqu’un qu’il pensait connaître, mais dont il ne savait rien. Et elle n’allait pas lui mentir. « Rien ne m’empêche de t’apprécier, même si j’ai peur du mal que tu pourrais me faire. Si tu appelles ça du masochisme, d’accord alors, je veux bien être masochiste. » Elle secoua doucement la tête, souriant un peu plus, un léger rire, étrange cependant, ponctuant ses paroles. Un rire sourd, creux. Amer. Solitaire, tout autant qu’elle. « J’essaie juste de t’aider, mais si tu ne veux pas de mon aide, libre à toi de la refuser. Je ne t’ai jamais rien imposé. » Comme si elle en aurait eu la force, de toute manière. « Si c’est un adversaire à ta taille qu’il te faut, je pense que je ne peux rien pour toi. Je ne suis ni grande, ni baraquée, ni courageuse, et j’ai peur d’un peu tout ce qui bouge dans cette ville. Tu peux bien dire que je suis masochiste, ça m’est égal. C’est juste drôle que tu m’aies crue innocente… » Petite voix faible. Elle plissa doucement les yeux, une boule au fond de la gorge. Pourquoi ? Pourquoi était-ce si drôle ? Maggie paraissait si naïve, si douce. Oui, si innocente. C’était peut-être que tout cela n’était rien d’autre qu’une protection. Une protection qu’il lui avait renvoyé dans la figure, sans croire qu’elle aurait pu s’avérer plus vraie que nature, sans comprendre que cette protection était un fait, et non plus plaisanterie. Il avait planté aveuglément son couteau, mais la lame avait tranché proprement toutes les épaisseurs de protection de Maggie. Et lui, ne s’en était pas rendu compte. Tant mieux pour elle. Tant pis pour lui. « Ça prouve bien que toi et moi, on a un point commun. » ajouta-t-elle après un petit silence. Et ce, que ça lui plaise ou non. « On se cache. » Elle recula, le fixant, un petit sourire sur les lèvres. « Pas derrière le même masque. Mais on trompe les apparences. C’est plus facile. » La dernière phrase avait été murmurée. Elle avait dit quelque chose qu’elle regrettait déjà, et qui ne changerait sûrement absolument pas la manière dont la voyait Romeo. Pourquoi cela l’aurait-il touché ? Il était inatteignable. Sa barrière était aussi solide que l’était celle de Maggie, mais constituée de telle sorte à ce que la pitié envers elle ne transparaîtrait jamais, si seulement elle existait. Doucement, elle baissa les yeux, reculant encore d’un pas. Elle soupira, secouant la tête. Elle n’avait plus envie de parler. Plus envie d’être là. Elle avait envie de s’enfuir. De rentrer chez elle, de fermer les yeux, et d’oublier tout ce qu’elle pouvait vivre, traverser. De tout oublier.
Toussotant finalement, dans ses pensées, elle releva enfin la tête, lui jetant un dernier petit regard. Son sourire innocent était de retour, alors qu’elle glissait ses mains dans ses poches. « Tache de ne tuer personne sur le chemin du retour. Je sais que t’en es capable. » Elle lui sourit une dernière fois. Petite chose insignifiante et si fragile. Elle tourna les talons, s’éclipsant, sans ajouter un mot de plus. Elle n’avait rien à lui dire. Ou peut-être au contraire avait-elle tant de choses à lui dire qu’elle préférait se taire. Se taire, et s’enfuir. La vocation des lâches. Les deux choses que Maggie savait faire à merveille.
La tête rentrée dans son écharpe, sa boule dans la gorge ne faisant que grossir, et les larmes de malaise commençant à affluer dans ses jolis yeux Maggie accéléra le pas. Il ne chercherait pas à la retenir, cela ne lui ressemblait pas. Peut-être qu’il la traiterait de folle, et qu’il rentrerait chez lui. Certainement, même.
Et au fond, il n’aurait pas tout à fait tort. Maggie était folle. Folle de continuer, folle de s’accrocher, folle de croire. Mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. La folie était devenu son nid. Et elle n’avait plus qu’à regarder le ciel, en espérant un jour s’en sortir. Et recommencer à vivre.
The end.
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this ain't a scene, it's a god-damned arms race. ▲ ROMEO.
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