Avery "Zoey" Wooters♔ betrayal it's in the blood (admin)
| Sujet: my body is a zombie for you. + (avarthur) Jeu 4 Avr - 22:41 | |
| Like a lamb to his slaughter.
C’était un peu comme une journée foirée. On a envie de rester au fond de son lit, et de fermer les yeux. Mais voilà, faut se lever. Affronter la réalité. On sait que tout va être pourri, que tout va capoter. Mais pas le choix. C’est pas comme au cinéma. Tu peux pas rester simplement assis sur ton canapé, ou ton fauteuil molletonné en bouffant du pop corn. Pas moyen de taper dans le dossier de ton voisin de devant quand tu t’ennuies, de changer simplement de sens de croisement de jambes pour éviter d’avoir des fourmis. T’attrapes pas ton écharpe pour pleurer dedans quand y a un moment triste. La vie, c’est pas le cinéma. La vie, faut la vivre. Alors même si tu sais que ça va être pourri, le pire navet de l’année, et ben pas le choix. Faut se lever. Poser un pied devant l’autre, et continuer d’avancer. Et ce matin-là, c’est ce que tu avais fait. Petite Avery, petite chose faiblarde. La soirée de la veille a été pour le moins mauvaise. Et au final, tu as mal dormi. Tu as mal à la tête, et la gorge sèche. Tu as bu, hier soir. Mais pas assez. Pas assez pour ne plus pleurer. Bien au contraire, l’alcool t’a faite te noyer dans tes larmes. Tu as fini par attraper le premier objet qui te venait sous la main, à savoir la bouteille de whisky qui traînait, presque vide. Tu l’as finie d’un trait, puis tu l’as lancée. Elle a explosé contre le mur. Et toi, tu es allée te blottir sur le canapé. Tu t’es mise à genoux, tu as calé ta tête sur le coussin, et tu as pleuré. Encore et toujours. Pourquoi ce soir-là ? Ils sortent souvent, après tout. Tu ne t’en étais jamais inquiétée, jamais étonnée. Mais hier soir, tu étais fatiguée. Quand tu es rentrée, il n’y avait rien. Pas une ombre, pas une présence. Tu avais besoin d’un câlin, et aucun des deux n’était là. Tu n’aurais pas le moindre bisou, ni la moindre caresse. Personne sur qui sauter comme un petit koala, personne à qui t’accrocher. Seule. Pourtant, tu ne l’étais plus, ce matin, lorsque tu t’es relevée. Tu t’étais endormie dans le lit de Djaxon, tu savais qu’il ne rentrait pas. Mais ton second amour était là, lui. Seul. Il faut dire qu’il était déjà dix heures ; l’indésirable avait dû partir. Tu sentais encore l’odeur, flottant dans sa chambre. Tu as eu la flemme. La flemme d’aller le voir, la flemme de l’embrasser pour lui dire bonjour. La flemme de tout. Tu étais censée braquer un prêteur sur gages, aujourd’hui. Une petite boutique pourrie mais pleine de fric, dans un coin de rue. Tu n’en avais pas envie. Tu avais le sentiment que ç’allait mal tourner, et pas en ta faveur. Le sentiment que tout allait foirer. Et si tu avais su, en effet. Tu te serais très certainement abstenue.
Les cris, la panique. Le moteur chauffe, la moto roule à toute allure dans les rues de Londres, tandis que sa conductrice peste. Elle s’est lancée dans cette entreprise, un peu suicidaire, sur le coup. Elle n’avait pas assez d’infos, et n’avait même pas pris la peine de rappeler Arthur. Ç’allait la conduire à sa perte. Et elle commençait seulement à en prendre conscience. Pourtant, elle conduisait. Tomber sur une patrouille de police pile en sortant de chez le prêteur à gages, ce n’était pas prévu au programme. Elle n’avait pas envie de finir sa vie à l’ombre ; pas question. Si elle tombait, ses deux amours se retrouveraient embêtés, et plongeraient avec. Et rien que pour cela, c’était hors de question. Jamais. Pas eux. Alors elle roulait. Roulait pour sa vie. Elle avait un avantage que les autres véhicules n’avaient pas ; elle, elle peut slalomer dans les bouchons, et passer dans les petites rues où les voitures n’ont pas accès. Elle peut se faufiler, et elle le sait. Elle en profite. Elle se perd dans les dédales de Londres. Impossible de rentrer chez elle ; pas alors que la police l’a signalée, et doit boucler le quartier en ce moment-même. Quartier nord de Londres. Un endroit presque sympathique, lorsqu’il n’est pas ponctué de cris et de sirènes. Mais pour y trouver un abri, une planque, c’est une autre affaire. Si seulement Arthur lui avait donné une adresse… Arthur. La solution s’imposa alors d’elle-même. Brusquement, elle mis un coup d’accélérateur. Il lui avait montré ce coin où se garer, ce coin où personne ne dénicherait sa moto. Il habitait à deux rues de là. Et il y avait un raccourci. Elle allait y arriver. De toute manière, elle n’avait plus le choix. En moins d’une minute, elle était garée. Elle avait cette mémoire parfaite des lieux, qui l’aidait tellement. Sens de l’orientation magique, pour une femme. Il paraissait que ce n’était pas courant ; pour elle, c’était inné. Moteur coupé, elle recula, rabattant la toile devant le véhicule. Il était quasiment invisible. Mais elle, il fallait qu’elle coure.
Boum boum. Boum boum. C’est le bruit que fait ton cœur, en plein milieu de ta cage thoracique. Tu as l’impression qu’il va exploser ; et tu as si peur qu’il s’arrête, en réalité. Les coups de flippe du genre, c’est mauvais pour toi, bien trop mauvais. Ton muscle cardiaque lâche plus facilement que les autres, et sous n’importe quel prétexte. Et tu ne veux pas mourir ici, pas au milieu de ce quartier qui ne t’est pas familier. Tu es dans l’immeuble d’Arthur, pourtant. Tu grimpes les marches, quatre à quatre. Il habite au dernier étage, mais tu ne veux pas prendre l’ascenseur. Douleur dans la poitrine. Changement de plan. Tu vas prendre l’ascenseur. Au premier étage tu t’arrêtes, et tu appuies sur le bouton. La cage de métal arrive, et tu t’y glisses. Dernier étage pour toi. Tu t’assieds dans un coin et tu t’efforces de calmer ton rythme cardiaque. Respire, le plus lentement possible. Lorsque l’ascenseur s’arrête, tu te lèves. Tu as ton sac à dos, que tu traînes depuis que tu es descendue de la moto. Tu t’approches de la porte d’Arthur, tu l’ouvres d’un geste simple. Elle n’est pas fermée, et tu le sais. Il ne ferme jamais. Une fois à l’intérieur, tu refermes. Et tu craques. Ton dos glisse contre la porte, tandis que tu laisses tomber le sac rempli de billets, ta seconde main attrapant ton masque, à l’arrière de ta tête, pour le décrocher d’un mouvement bref. Tu l’arraches presque, et tu le laisses tomber au sol. Tu es maquillée, en dessous. Ton visage entier est barbouillé de noir et de blanc, de jolis motifs, enchanteurs et délicats. Tu t’es appliquée, comme à chaque fois. Au cas où tu perdrais ton masque, on ne doit pas pouvoir te reconnaître. Tu es une artiste, alors tu changes à chaque fois, selon ton humeur du jour. Aujourd’hui, ton maquillage est magnifique. Triste, certes. On devine les traits tracés comme pour représenter les rivières de larmes sur tes joues. On devine de la même manière la courbe froncée et colérique de ces sourcils de crayon. Tu l’as fait à ton humeur du jour. Mais à cette seconde précise, cela n’a plus d’importance. Tu pleures. Les vraies larmes maculent ton visage, alors que tu essaies désespérément d’apaiser le rythme frénétique de ton cœur. Arthur doit être là. Peut-être même qu’il te regardes, comme une folle, comme une demeurée, un esprit déluré. Ce qu’au fond, tu es sûrement. Tu n’as pas la force de parler, mais tu le fais quand même. Désespoir. « J’ai tout foiré, ‘tain… » Tu renifles, tu passes une main sur le haut de ta joue. Traces blanches, traces noires. Sur ta main. Et sur la peau de ton visage, tout bave. Tu pleures toujours, et ce n’est pas beau à voir. Mais tu n’y peux rien.
Tu as laissé le temps filer et tout emporter, au lieu de prendre les choses en main. Ton maquillage a coulé, le masque est finalement tombé. Tu as tout raté, aujourd’hui. Tu as l’argent, peut-être. Mais à part ça ? De la douleur et du chagrin, de la peur et une mauvaise poussée d’adrénaline. Voilà ce que tu as gagné.
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