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 Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)

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Wilfred Ellison

Wilfred Ellison
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MessageSujet: Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)   Un temps à ne pas mourir (pv zuriel) I_icon_minitimeDim 21 Avr - 10:39

Le travail de trafiquant d’armes n’était pas de tout repos. Il pouvait être amusant, mais était surtout dangereux. Wilfred le savait. Il y avait des règles à respecter et surtout il fallait toujours se montrer méfiant envers quiconque. Les gens qui achetaient les armes avaient souvent la mauvaise idée de retourner les dites armes contre les vendeurs. Pour les tester, soit disant, ou bien tout simplement pour ne pas avoir à payer.
Et puis souvent ils étaient malpolis, vulgaires, ou insultants, et cela dérangeait Wil au plus haut point.
Mais à part ça, c’était un métier comme un autre, qui lui donnait un petit salaire, lui permettait d’avoir des beaux habits classes de bourges, de la nourriture et parfois même un toit. Il se baladait également avec des armes histoire de protéger sa vie, ce qui était le plus important pour lui.

Voilà toutes les réflexions qu’il se faisait alors que trois types le menaçaient de leur arme tandis qu’un quatrième le tenait. « Comment vais-je faire pour m’en sortir ? », parce qu’il fallait qu’il s’en sorte. Hors de question qu’il meurt si jeune. D’abord comment en était-il arrivé là ?
On lui avait refilé un boulot de dernière minute, un truc pas clair, un échange au milieu du cimetière. Franchement qui fait du trafic d’armes dans un cimetière ? C’est d’un mauvais goût ! Mais bon, soit, il avait accepté d’y aller. Il le sentait mal, mais il avait besoin d’argent pour s’acheter une veste très classe qu’il avait vu en magasin et qui irait très bien avec son air pas coiffé.

Il était donc allé au rendez-vous, mais se montra moins prudent que d’habitude. Parce qu’il n’avait pas eu le temps de se préparer, parce qu’il était fatigué aussi, qu’il pensait que ça serait un boulot facile, court et qu’il aurait à faire à des amateurs.
Au début ce fut en effet facile, la routine, échange d’armes contre échange d’argent, tout s’était corsé après, quand Wil compris –mais trop tard- qu’il n’y avait pas que deux types présents, mais quatre, les deux autres ayant profité des ombres et des tombes pour se planquer. Wilfred s’était sentit trop vite en sécurité, il avait recompté l’argent et était près à partir avec quand il s’était fait attraper par un des gars planqué derrière les tombes et là ça avait tourné au vinaigre.

Ils étaient malins, mais il ne s’agissait que d’amateurs. Wilfred n’était qu’un bout de la branche du réseau du trafique, et le patron ne serait pas ravis de s’être fait voler. Wil ne donnait pas cher de leur peau à ses types, il essaya de leur expliquer, mais on lui enfonça très vulgairement le canon d’un flingue dans la bouche.

Okay, il était mal là. Il pouvait peut-être envoyer un coup de pied au type qui le tenait, mais même en réagissant très vite, il était sûr de se faire tirer dessus. Combien de temps lui restait-il à vivre ? Pas beaucoup sans doute. Une goutte de sueur coula dans son cou, mais il refusait de mourir sans se battre. Du coup il préféra attaquer quand même, au moins il aurait essayé de survivre jusqu’au bout. Il donna un coup de tête dans le nez du type qui le tenait, cela lui permit de se débarrasser du flingue qu’il avait dans la bouche en reculant son visage, et de casser le nez du mec qui le tenait. Ce qui eut pour effet qu’il le lâche.
Sauf que maintenant trois flingues le visaient toujours et l’un d’eux tira. La balle frôla sa joue. Il sortit le pistolet qu’il avait, ces idiots n’avaient pas pensé à le désarmer, ils pensaient se débarrasser vite de lui. Mais à peine eut-il le temps de tirer sur l’un deux, qu’un autre le désarmait. Le troisième lui tira dessus et heureusement Wilfred eut la présence d’esprit de se jeter sur le côté, la balle le frôla une deuxième fois. Il était sûr que sa chance n’allait pas durer, il aurait bien voulu fuir, se cacher derrière une pierre tombale, mais celui à qui il avait cassé le nez, l’agrippa à nouveau et posa son flingue sur sa tempe. Wil ferma les yeux attendant le coup venir.

« Et merde » pensa-t-il, très vulgairement. Ce fait était assez rare, mais l’état critique dans lequel il se trouvait n’admettait pas la politesse. Il ne voulait pas mourir. Il ne voulait pas.
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Zuriel

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MessageSujet: Re: Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)   Un temps à ne pas mourir (pv zuriel) I_icon_minitimeDim 21 Avr - 15:18

Wilfred & Zuriel



Lorsque Zuriel ouvrit les yeux, hagard, il regarda un instant autour de lui, interdit. Il ne savait pas où il se trouvait. Et puis il reconnut les murs de sa chambre et la sensation délicate de ses draps bon marché contre son corps, et il se rappela. Il s'était couché à quatre heures du matin, complètement exténué, après avoir rempli un contrat qui avait bien failli lui filer entre les doigts. Mais bon, le gars était mort, Zuriel avait son argent et n'avait pas commis d'erreur, c'était tout ce qui importait. Le jeune homme se redressa, regarda l'heure qu'affichait son vieux réveil et constata qu'il n'avait pas assez dormi. Du moins, pas assez pour que cela fût suffisant. C'était pour cela qu'il se sentait aussi fatigué. Le poids des ans commençait déjà peser bien lourd sur ses épaules, et il n'avait que dix-neuf ans...
Après une douche rapide et un petit déjeuner expédié sans même prendre le temps de voir ce qu'il avalait, Zuriel se retrouva dehors. Aussi seul que dans son appartement, alors même qu'il y avait une foule importante ce jour-là. Le jeune homme se sentait d'humeur sombre. Il n'avait pas envie de se mêler à ce train de vie. Il voulait juste être tranquille. Un peu de pluie, tiens, ce serait bien. Le jeune homme était toujours armé, mais cela le réconfortait peu, ce jour-là. Mince, mais qu'est-ce qui clochait chez lui ? Il aurait dû être ravi d'être dehors... au lieu de cela, non, il ne parvenait même pas à profiter du soleil, il se contentait d'être morne. Et fatigué, avec cela. Quelle moche vie, quand même. Il finit par décider que trop, c'était trop, il en avait marre des gens, de tout, il voulait mourir. Et ses pas le conduisirent au cimetière sans qu'il ne se rendît vraiment compte de ce qu'il faisait.

Le cimetière. Un espace isolé, morbide et sombre, idéal pour y ruminer ses affreuses pensées. Du moins, c'était ce que pensait Zuriel quand il y arriva. Il déambula dans les allées en jetant de temps en temps un coup d'œil aux monuments funéraires qui valaient le détour, mais sans jamais lire ni les noms ni les dates. Les morts étaient morts, inutile de parler d'eux désormais. Un petit vent frais s'était levé, le faisant frissonner. Il était sorti en T-shirt, mais dès qu'il y avait un peu de brise, il avait un peu froid. Serrant ses bras contre lui, il continua d'avancer jusqu'à voir un groupe de personnes. Comme si cela l'intéressait. Il avait appris une chose : ne jamais se mêler de ce qui ne le regardait pas. Il allait passer son chemin quand quelque chose attira son regard. Cette silhouette solitaire... Il la connaissait. Wilfred. A cette pensée, Zuriel eut un nouveau frisson. Qu'est-ce que son ancien collègue pouvait bien faire dans un endroit aussi morne, en compagnie de personnes peu fréquentables ? Bah, ce n'était pas son problème, et si les autres le tuaient, cela lui rendrait service. Wilfred était trop dangereux pour lui, Zuriel ne savait pas lui dire non. Ou difficilement du moins. Wilfred était à part, il ne se laissait pas impressionner par ses menaces... hélas. Enfin, tout cela n'était pas son problème, il n'avait qu'à attendre que cela passe. Il continua son chemin, et... PAN. Un coup de feu se fit entendre et résonna dans les airs, comme un coup de tonnerre. Par réflexe, Zuriel se jeta à terre ; même s'il savait qu'il n'était pas visé, on n'était jamais à l'abri d'une balle perdue. Il observa la scène. Wilfred avait l'air d'être dans une sale posture. Les autres l'avait attaqué. L'un le tenait, et trois autres le visèrent. Oh oh. Il ne serait sans doute pas en mesure de se défendre tout seul. Zuriel ne réfléchit même pas : il bascula en mode pilotage automatique. Quatre cibles à abattre, un homme à éviter. Il savait qu'il avait assez de munitions pour les tuer tous, mais il n'avait pas le droit à beaucoup d'essais. L'avantage du cimetière, c'était qu'il y avait beaucoup de pierres tombales. Ce serait plus facile pour se cacher. Zuriel avait plusieurs armes sur lui. Il en sortit deux : son tromblon, et un couteau de lancer. Il avait beau être peu vêtu, on ne pouvait pas lui reprocher d'avoir des armes visibles. Vite, il devait faire vite. Le temps de se positionner, et Wilfred s'était déjà retrouvé avec un flingue sur la tempe. L'autre allait tirer. Mais Zuriel était plus rapide. La mort, c'était son métier, lui n'avait rien d'un amateur. Le coup partit tout seul et atteignit le tireur en pleine tête. Zuriel ne leur laissa pas le temps de comprendre ce qui se passait : il tira sur la seconde cible et lança son couteau dans la gorge du troisième. Tout cela n'avait duré que quelques secondes, des secondes où Zuriel, faisant preuve d'une froide efficacité, n'avait même pas conscience de ce qu'il faisait. Sinon, il en aurait vomi. Toujours en pilotage automatique, il mit en joue le dernier des hommes sans pour autant se révéler. « Tu as le choix. Ou tu tentes de le tuer, et tu meurs. Ou tu poses gentiment toutes les armes que tu as sur toi, tu mets tes mains derrière la tête, et tu vis. Peut-être. » En disant cela, Zuriel ne savait pas du tout s'il allait le laisser en vie ou pas. Et puis, ce n'était même pas une question qu'il se posait. Il était entièrement porté sur l'action, fermé à toute réflexion. « Et je tire vite, tu as pu le constater. » Calme. Froideur. Inhumanité. Ce n'était pas le vrai Zuriel, mais un robot. Une machine à tuer. Il ne pensait même pas à Wilfred, alors. Il n'avait pas conscience de ce qu'il faisait, ne se rendait même pas compte qu'il était en train de le sauver. Parce que l'idée de le voir mourir, alors même qu'il l'avait tant de fois souhaité, lui paraissait en réalité insupportable.
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Wilfred Ellison

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MessageSujet: Re: Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)   Un temps à ne pas mourir (pv zuriel) I_icon_minitimeMar 30 Avr - 10:00

Mourir, peut-être que ce sera bien, peut-être que les allumés ont raison, qu’il y a une vie après, une sympa où on cause avec les poètes, où on mange ce qu’on veut, où … Un coup de feu retentit. Wilfred était toujours vivant, donc ce n’était pas sur lui que l’on avait tiré, pas encore.
Il ouvrit les yeux. Zuriel était là, à s’occuper des hommes qui le menaçaient. Bien, tant mieux. Il allait sûrement lui être redevable un bon moment pour ça, mais cela n’avait pas d’importance pour l’instant, Wil était en vie, et c’était bien tout ce qui comptait pour lui. Il écouta vaguement ce que disait son ancien collègue, apparement il proposait au type de le laisser en vie. Mouais. Comme il en avait marre d’être retenu, il donna un coup de boule à son dernier adversaire et lui tira entre les deux yeux. Voilà qui était fait.

- Salut, je suis bien content de te voir, j’avais quelques ennuies ! Dit-il à son sauveur.

Puis il se pencha sur les corps, récupéra ce qui l’intéressait, papiers divers, argent, ou autres. Il reprit les armes non vendus du coup, referma la mallette, et jeta le tout dans la voiture qui était plus loin. Il revint enfin vers son ancien collègue :

- Va falloir que je te dise merci pour m’avoir sauvé la vie. J’aurais vraiment eut horreur de mourir.

Il était sincère, il sourit à Zuriel. Puis appela son patron, prévint que les choses avaient mal tourné, qu’il y avait du ménage à faire dans le cimetière, et raccrocha.

- Est-ce que je dois te payer le champagne pour ça ? Tu me sauves la vie, ça se fête tu ne crois pas ? Je n’ai pas vraiment d’argent – sauf celui de ces gars – mais on peut toujours aller se servir dans un magasin.

Il fit un signe vers la voiture :

- Voiture du boulot. Fit-il.

Wil n’avait pas son permis mais il avait appris à conduire depuis qu’il était dans la rue, avec son patron, avec des collègues, une voiture quand on faisait ce boulot ça pouvait servir. Et puisque son patron en possédait pleins…

- Viens je t’emmène, tu veux aller où ?

Après tout, servir de chauffeur à Zuriel après ça n’était que le strict minimum. Cela ne le dérangeait pas du tout, il ne s’était jamais sentit aussi content de le voir, et pourtant d’habitude il était déjà content de le voir. Il était une des rares personnes que Wilfred avait réellement envie de rencontrer au détour d’une rue. Et pour le coup, la rencontre avait été vraiment utile.

- Heureusement que t’es passé par là et que tu tiens à moi. Je ne serais pas très beau avec un trou dans le crâne. Conclue-t-il.
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MessageSujet: Re: Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)   Un temps à ne pas mourir (pv zuriel) I_icon_minitimeMer 1 Mai - 16:54

Zuriel ne réfléchissait pas. Il pensait juste au danger qui se trouvait face à lui. Il était toujours armé, après tout, et Zuriel devait faire attention. Il avait réussi à avoir les autres par surprise, mais celui-là savait qu'il était là, et ne se laisserait plus facilement avoir. Le Looper avait beau dire qu'il tirait vite, il restait humain. Si l'homme n'y mettait pas du sien, il aurait en fait bien plus de mal que cela à l'arrêter. Le tuer, oui, mais pourrait-il l'empêcher d'atteindre sa cible ? Cette cible était, en cet instant, une chose. Pas un Wilfred bien humain, tout à fait capable de se défendre pour peu qu'on ne le prît pas en traître, à plusieurs. Non, Zuriel ne voyait d'humain que l'homme devant lui. L'homme qui pouvait encore le contrecarrer. En tout cas, Zuriel ne fléchissait pas, il ne semblait pas craindre quoi que ce fût de sa part. Il lut l'hésitation dans les yeux de l'homme. Celui-ci comprenait que, bluff ou pas, mieux valait obtempérer, car c'était trop risqué pour lui de lui tenir tête. Il commença à baisser son arme, sans doute pour la lâcher... Sauf que Zuriel avait oublié quelque chose. Et l'oubli, dans ces histoires de fusillade, était toujours une erreur mortelle... heureusement, pas pour lui, dans ce cas-là. Mais la chose qu'il avait crue inanimée se révéla dotée de sa propre volonté, puisqu'elle lui asséna un coup de boule. Zuriel cilla, sa concentration brisée. Il devenait vulnérable, et si l'homme n'avait pas été attaqué, il en aurait sans doute profité pour l'abattre. Au lieu de cela, la balle qui fut tirée alla se loger entre les deux yeux de l'homme. Zuriel regarda la scène et se rendit compte que tout cela était du fait de Wilfred. Et lui qui lui reprochait d'utiliser des armes... ce qu'il venait de faire n'était pas mieux. Du moins Zuriel laissait-il une chance à cet homme, même s'il n'était pas sûr qu'il allait la conserver bien longtemps. Pas Wilfred. Enfin, c'étaient ses affaires et non les siennes.
Zuriel vit Wilfred se relever vers lui et le saluer jovialement. Crispé, il ne répondit pas. Il se sentait encore mal, car la situation lui avait échappé. Une perte de contrôle, ce n'était rien. Mais cela pouvait aussi signer son arrêt de mort. Voilà pourquoi Zuriel n'aimait pas cela. Il ne faisait confiance en personne... sauf, peut-être, son vieux mentor, mais parce qu'il lui devait trop pour lui faire cet affront. Après tout, avec Wilfred, ils ne s'étaient pas revus pendant des années. Et n'avaient jamais été ni amis, ni ennemis. Leur relation avait toujours été bizarre, voire proprement incompréhensible. Mais si Wilfred était incapable de le laisser mener l'assaut comme il l'entendait, cela risquait de poser problème. Surtout qu'il ne pouvait pas demander à son ancien collègue de lui obéir sans protester et de le laisser faire ce qui lui plaisait. Il aurait voulu, pourtant. Cela aurait été plus simple. « Pas étonnant que tu aies des ennuis, rétorqua Zuriel d'un ton qui se voulait cassant. Je te laisse un homme pour que tu puisses éventuellement l'interroger, et tout ce que tu trouves à faire, c'est de le tuer. C'est très intelligent. » Même si Zuriel était moqueur, en réalité, il passait sa frustration sur Wilfred. Et il avait beau l'accuser de ne pas avoir réfléchi, c'était aussi son cas. A aucun moment il n'avait pensé à l'épargner pour l'interroger. Mais du moins son geste, qui visait à possiblement l'épargner, s'il était d'humeur magnanime, jouait en sa faveur et constituer un bel argument. Zuriel se sentait mal. Il était sorti de son mode automatique d'une façon qu'il estimait trop violente, et avait l'impression qu'il était désormais à la merci de Wilfred. Chose abominable, vraiment.
Il regarda Wilfred fouiller les cadavres en essayant de cacher sa répulsion. Un charognard. Voilà à qui il venait de sauver la vie... pourtant, il ne dit rien. Il aurait pu en dire, des reproches, mais ceux-ci moururent sur ses lèvres. Quelque chose le dérangeait dans ce spectacle, comme ce n'était pas une scène naturelle. Wilfred se dirigea vers une voiture que Zuriel n'avait pas vu. Encore un détail qui lui avait échappé. Se faisait-il déjà vieux ? Mais il n'avait que dix-neuf ans. Cependant, il est vrai, à dix-neuf ans, parfois, on se sent aussi vieux que le monde. On regarde les plus jeunes que soi, et on se demande quand ils vous ont grillé la place. Même Wilfred paraissait tout jeune, alors qu'il n'était pas beaucoup plus âgé que le trafiquant, en réalité. D'ailleurs, Wil revint, et Zuriel le regarda appeler son patron sans vraiment écouter ce qu'il disait. Pourtant, lui aussi avait travaillé pour lui. Mais c'était quelque chose qu'il valait mieux oublier. Il aurait dû vérifier que Wilfred ne parlait pas de lui, même si honnêtement, à moins qu'il utilisât son vrai nom, il ne pouvait pas savoir qui était ce Looper qui lui était venu en aide. Zuriel ne disait rien au trafiquant, pas plus qu'aux propres parents de celui qui portait ce nom de code, et ne regrettait pas d'avoir perdu contact avec sa famille. Wilfred parla ensuite, et Zuriel conserva le silence. Du champagne ? Mais pourquoi diable voulait-il boire du champagne ? En plus, c'était un truc de riche, tout le monde le savait. Zuriel se mordit la lèvre pour éviter de le lui faire remarquer. Parce que le champagne était à l'opposé de l'image de charognard que Wilfred donnait de lui. Zuriel finit par grommeler un : « Non, pas besoin de me payer quoique ce soit... » Mais Wilfred ne l'entendait pas. Il lui présenta sa voiture – voiture du boulot, disait-il – et lui proposa de l'emmener quelque part. Zuriel le regarda, mortifié. Parce qu'une sortie en ville ne suffisait pas ? Il avait déjà accepté un petit déjeuner, c'était beaucoup. Ah, ce Wilfred... tendez-lui la main, il vous prenait le bras. Incapable de comprendre que Zuriel ne voulait pas de lui, ne voulait rien avoir à faire avec lui...
Mais tout cela aurait pu aller, encore, si Wilfred n'avait pas prononcé LE mot qui tuait. « Tu tiens à moi ». Non, Zuriel ne tenait à personne, et surtout pas à lui. Comme d'habitude, la colère l'envahit, et il serra son poing sur l'arme, qu'il portait toujours. Alors comme ça, Wilfred croyait qu'il tenait à lui ? « Je n'ai pas... » : commença Zuriel avant de s'interrompre, soudain songeur. Oui, des fois, il réfléchissait. Et là, il se rendit compte que la situation méritait que l'on s'y arrêtât un peu. Il pouvait le lui dire, oui, dire que Wilfred n'était rien pour lui. Il avait toujours pensé que les affirmations d'amitié de Wilfred n'étaient que des mensonges pour lui faire croire qu'il pouvait réellement l'apprécier. Mais peut-être se mentait-il à lui-même... Peut-être était-ce tout simplement faux. Zuriel sentit l'angoisse remplacer progressivement la colère. Que venait-il faire ? De sauver Wilfred, alors que le plus simple aurait été de le laisser se faire tuer. Mieux, cela aurait arrangé ses propres affaires, car il savait que le trafiquant était du genre intrusif. Oui, mais voilà, il n'avait pas hésité, il avait juste refusé cette mort alors que tout aurait dû l'inciter à passer son chemin, et à laisser la vie s'éteindre en Wilfred. Pourquoi ne l'avait-il pas fait ? Il avait beau réfléchir, c'était le vide autour de lui. Un vide complet, effroyable. Ces épaisses ténèbres l'empêchaient de prendre conscience de... De quoi, au juste ? Qu'il aimait bien Wilfred ? Alors là, l'angoisse fit place à une pure terreur. Il n'avait pas peur de Wilfred, non... mais de lui-même. En tout cas, son trouble était visible extérieure. Alors que d'habitude, il était agressif et distant, là, il observait Wilfred avec incertitude. Parce que oui, il pouvait prétendre qu'il ne tenait pas à lui. Sauf que là, les faits parlaient contre lui. Quelqu'un comme Zuriel, quelqu'un de froid et de désintéressé, ne sauvait personne. Quelqu'un de cette trempe se cantonnait à ses propres problèmes et laissait les autres mourir s'il ne tirait pas un bénéfice à leur porter secours. C'était cruel, mais c'était ainsi. Il y avait très peu de personnes qui avaient gagné sa loyauté, et qu'il aurait sauvé sans rien demander en retour, dût-il y perdre la vie. C'était le cas avec Hawks, par exemple. Mais là, avec Wilfred, alors qu'ils n'avaient jamais été proches... dans le langage de Zuriel, cela équivalait à une déclaration d'amour. Ce n'était pas parce qu'il craignait que le trafiquant ne se fît des idées. C'était parce qu'il devinait que c'était vrai.
Il tenait à Wilfred.
De quoi le rendre malade. Zuriel se rendit compte qu'il était resté silencieux beaucoup trop longtemps. Cela, avec sa pâleur et son air hésitant, devaient faire office d'aveux. Que Wilfred soit maudit, pensa-t-il en son fort intérieur, il ne pouvait pas me laisser tranquille au lieu d'insister. Zuriel déglutit avant de répondre. « Ne va pas t'imaginer n'importe quoi, Wil. Tu sais que je n'aime pas quand tu me dis ça, et je suis toujours armé. Je t'ai sauvé la vie, je peux très bien la reprendre si j'estime que j'y perds au change. » Il avait l'air convaincu de ce qu'il disait, mais au fond, il n'était pas si sûr. Là, s'il devait tirer pour lui prendre la vie, le ferait-il ? Pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir que non. Sinon, il ne l'aurait pas sauvé. Il devait admettre qu'il n'aimait pas l'idée de voir Wilfred mort. Soit. Il pouvait se l'avouer, cela faisait mal, et surtout à son ego, mais il n'en mourrait pas. Mais l'avouer aussi à Wilfred, alors là... non. Plutôt rester dans le dénis total. Quelle angoisse. Zuriel se rappela tout à coup que le vent pouvait rendre fraîche l'atmosphère, lorsque celui-ci traversa son T-shirt, et il se mit à frissonner. « Pourquoi est-ce que tu me fais ça? murmura-t-il d'une voix douce, inhabituelle chez quelqu'un comme lui. Me pousser dans mes retranchements. Me narguer avec tes histoires d'amitié et de choses dans le genre... Pourquoi ? » Il releva la tête et fixa son regard sur celui de Wilfred. Ce n'était plus le Zuriel qui avait tué sans l'ombre d'un remords tous ces attaquants. Pas plus que ce n'était le Zuriel narquois, qui prenait prétexte de tout pour se moquer de Wilfred et le maintenir à distance. Non, en cet instant, il était celui qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être. Un jeune homme en souffrance, qui devait affronter des démons tous les jours, tout en sachant que, pour leur échapper, il devait en devenir un lui-même. Qui savait que son avenir ne menait que vers la mort, et ne savait s'y résoudre.
« Je croyais que tu avais compris, pourtant, poursuivit-il sur le même ton étrange. Que je n'étais pas comme toi. Que je ne pouvais pas te laisser faire n'importe quoi sous prétexte que tu m'aimais bien. Au lieu de cela, tu t'évertues à me faire du mal... » Il sourit légèrement, mais d'un sourire sans joie. Cela devait paraître bien surprenant, à Wilfred, que Zuriel ne réagît pas avec sa hargne habituelle. Normalement, il se serait contenté de le rejeter avec froideur. Une telle attitude ne lui correspondait pas. « Pourquoi devrais-je accepter d'aller avec toi quelque part pour me réjouir de t'avoir sauvé la vie ? J'ai plutôt envie d'aller me saouler pour oublier ce détail, tu vois... » La réplique de Zuriel correspondait plus à ce qu'il avait l'habitude de dire, et on voyait qu'il avait repris un peu d'aplomb après cet instant de faiblesse. La tension remontait, il devenait plus combatif. « Wil, tu peux pas me foutre la paix quand tu me croises ? C'est vraiment trop te demander que de sortir de ma vie, de ne pas m'obliger à faire... ça ?! » Zuriel avait presque crié le dernier mot. Les dernières traces d'incertitude avaient été balayées ; et s'il était encore en proie à son angoisse, il avait réussi à se remplir de nouveau de colère et à se débarrasser de ses doutes. Non, il ne pouvait pas admettre qu'il tenait à Wilfred. Jamais.
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Wilfred Ellison

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MessageSujet: Re: Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)   Un temps à ne pas mourir (pv zuriel) I_icon_minitimeDim 19 Mai - 9:00

Interroger un type qui avait essayé de le tuer n’était même pas venu à l’idée de Wilfred. Il avait juste mis un terme à la vie de cet enfoiré et c’était bien comme ça, il n’y avait rien à interroger du tout. Parce que même s’il se tenait droit, souriait et parlait à son ancien collègue comme si de rien n’était, il avait vraiment eut peur pour une fois, peur de mourir alors que la vie était si chouette, et qu’il voulait qu’elle soit la plus longue possible. Il secoua la tête pour ne plus penser à cela, le plus important était de remercier Zuriel pour ce qu’il venait de faire. Il savait bien que l’autre n’avait sans doute pas envie d’aller boire une coupe de champagne avec lui, mais c’était la manière de Wil de dire « merci », parce qu’il ne savait pas faire autrement. Ses parents riches lui offraient des cadeaux pour lui dire tous les mots importants comme « nous t’aimons », ou « fais pas chier et joue ». Au final il leur ressemblait sur ce point, il utilisait l’argent et les cadeaux pour les choses importantes, incapable de trouver ce qu’il y avait bien d’autre que ça quand on voulait faire plaisir à quelqu’un.

Ou alors lui dire un poème, mais il avait dans l’idée que cela ne satisferait pas vraiment Zuriel, il était sans doute le seul qui aimait ça. Il l’observa, attendit sa réponse, et le vit changer sans comprendre tout à fait pourquoi. Il ne se souvenait plus de ce qu’il avait dit pour que l’autre réagisse comme ça. N’aimait-il pas le champagne ? Ou c’était le fait qu’il ait une voiture de fonction qui le dérangeait ? Il avait peur que Wil conduise mal et les emmène droit dans le mur ? Et puis l’autre le menaça, mais il n’y mettait pas assez la forme pour que cela soit vrai, Wilfred n’y crut pas une seule seconde.
Ne vas pas t’imaginer n’importe quoi… Mais qu’avait-il imaginé déjà ? Il avait dit tout un tas de trucs, duquel pouvait bien parler l’autre ?
Tu sais que je n'aime pas quand tu me dis ça… Dire quoi ? Réfléchis, réfléchis. Puis soudain ça lui revient. Ce qui était entrain de perturber Zuriel c’était le fait qu’il lui ait fait remarquer qu’il devait tenir à lui pour lui avoir sauvé la vie. Et rien qu’à voir sa réaction, Wil avait touché juste.

Il avait dit ça un peu comme ça, il n’était pas sûr que ce soit vrai, peut-être que son ancien collègue lui avait sauvé la vie parce que sa mission était de butter les quatre mecs présents après tout ? Sauf qu’apparemment non, apparemment il tenait réellement à lui et Wil se mit à sourire bêtement en le comprenant. Qu’est ce que ça pouvait lui faire ? Il ne savait pas. Peu de gens tenaient à lui et lui ne faisait confiance en personne, pas même en ce type en face de lui. Mais ils avaient toujours une relation un peu bizarres, qui plaisait à Wilfred parce qu’il la trouvait amusante, différente. Alors se faire apprécier de son ancien collègue était plutôt une bonne chose, après tout c’était plutôt réciproque et Ellison n’avait pas du tout honte de cela, et puis comme ça c’était sûr que l’autre allait accepter de venir boire un coup avec lui non ?

Wil se trompait, Zuriel ne paraissait pas heureux de cette découverte et n’avait pas l’air d’avoir plus envie de le suivre. Ce qu’il lui dit alors fit hausser un sourcil au trafiquant, il n’avait pas le sentiment de le pousser dans ses retranchements, ni même de le narguer, il disait juste ce qu’il avait envie, ce qui lui passait par la tête et parfois il touchait juste comme là, il ne pensait pas que cela pourrait « blesser » son ancien collègue. Pourquoi cela devrait-il le déranger de comprendre qu’il tenait à lui après tout ?
C’était sans doute la première fois qu’il était aussi attentif à quelqu’un et à ce qu’il lui disait, mais il avait une dette de toute manière et puis la réaction de Zuriel le rendait assez curieux à dire vrai.
Est-ce que le fait que son ancien collègue et lui soient différents devaient les empêcher d’être amis ? Il ne croyait pas, il n’y connaissait pas grand-chose en amitié c’était vrai mais lui ça ne le dérangeait pas d’admettre qu’il voulait bien être ami avec ce type (même si ce serait une amitié dépourvue de confiance des deux côtés, évidemment, il ne pouvait pas se permettre de devenir quelqu’un sur qui on pouvait compter et ne pouvait pas placer sa confiance en qui que ce soit, c’était beaucoup trop risqué).
Quand aux dernières paroles de Zuriel, elles l’amusèrent, après tout ce qu’il lui proposait c’était bien d’aller se saouler, au champagne. Et puis c’était bien lui son ancien collègue qui était venu le sauver, il ne lui avait rien demandé après tout.

- Tu tiens à moi. Répéta-t-il. Tu tiens à moi c’est évident, tu t’es trahis tout seul. Je ne croyais pas moi-même ce que je disais, mais toi tu as trop réfléchis. Tu tiens à moi.

Wilfred répétait ses mots comme on donne des coups de marteaux à un clou, pour lui enfoncer ses idées dans la tête, pour qu’il l’admette de gré ou de force.

- Je ne vois pas pourquoi cela devrait te faire mal, soyons réaliste, la majorité des humains adorent les belles histoires d’amitié et d’amour, il suffit de lire le nombre de poèmes, de chansons, de livres qui traitent ce sujet, ils adorent ça. Tu es un être humain, donc tu tiens à moi, en gros.

Quel syllogisme débile, mais il plaisait assez à Wil super fier de sa trouvaille.

- Je tiens à toi aussi, alors je t’offre le champagne d’accord ? A moins que tu veuilles autre chose ?

Son petit côté matérialiste d’ancien bourge refaisait surface, il avait encore des choses à apprendre de la rue.

- Franchement, détends-toi. Nous sommes vivants, c’est tout ce qui compte tu ne crois pas ?

Et avec un petit sourire de côté il ajouta :

- Et puis tu es celui qui es venu me sauver, c’est toi qui ne veux pas que je sorte de ta vie.
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MessageSujet: Re: Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)   Un temps à ne pas mourir (pv zuriel) I_icon_minitimeMar 21 Mai - 12:05

Zuriel avait froid, maintenant. Froid à la simple idée que quelque chose le reliait à Wilfred. Qu'il pouvait ressentir un quelconque sentiment pour lui. Même si ce n'était qu'une simple amitié, c'était déjà trop. Zuriel n'avait pas le temps d'apprécier les gens. Il n'avait pas le loisir de se faire aimer d'autres personnes. Il savait que sa vie ne lui appartenait plus, du moins pour le moment, et qu'on pouvait encore souffrir de sa mort. Aussi indifférent fût-il, il ne désirait pas faire souffrir ceux à qui il tenait. L'ennui, c'était qu'il savait que Wilfred tenait à lui. Et s'il lui montrait que c'était réciproque, son camarade s'accrocherait à lui comme une sangsue, et alors... quand Zuriel mourrait, il aurait mal. Et peu-être ferait-il une bêtise qui le conduirait à sa propre mort. La petite pointe douleur, quoique légère, que Zuriel ressentit à cette pensée lui fit comprendre que cela ne lui plairait pas. Alors il aimait bien Wilfred, oui, mais il ne pouvait pas le lui dire. Que l'autre le comprît suffisait, Zuriel ne pouvait pas l'admettre ouvertement. Quelque chose de chevaleresque dans son âme indifférente le poussait à vouloir le protéger de ses ennemis. C'était juste ridicule d'en être à ce point...
Et alors que Zuriel aurait juste eu besoin d'un silence compatissant, un silence qui disait quand même les choses mais en les taisant, Wilfred choisit une autre voie, prouvant une nouvelle fois à quel point ils étaient différents. Il répétait les mêmes mots : tu tiens à moi. Autant de coups de poignard asséné en plein cœur, et qui rendait le jeune Looper malade. Il aurait rétorqué quelque chose, s'il avait eu quelque chose d'intelligent à dire. Nier ce fait énergiquement lui paraissait plutôt ridicule et inutile. Surtout que, comme le disait Wilfred, il s'était trahi tout seul. L'autre lui avait tendu une perche, et il n'avait pas hésiter à sauter, sans même y réfléchir. Parce que Zuriel n'était pas toujours très intelligent, en particulier quand il s'agissait de penser aux personnes qu'il appréciait, il s'emmêlait vite les pinceaux. Cependant, il n'était pas non plus complètement stupide, et il savait très bien ce que Wilfred voulait. Le faire réagir. Il devait le dire pour que l'autre le laissât tranquille. Mais Zuriel n'en ferait rien. C'était déjà bien assez de le laisser entendre, lui qui était si secret ; il ne pouvait pas l'admettre ouvertement. Il n'en avait pas le droit. Et même lorsque Wilfred essayait de le rassurer en lui affirmant que c'était normal, Zuriel se sentait encore plus mortifié. Les êtres humains aimaient ce genre de choses ? Mais pas lui. Lui était une coquille vide, il ne pouvait pas connaître ce sentiment d'amitié. Il ne pouvait plus le connaître. Il avait trop souffert pour savoir encore comment on pouvait réserver à quelqu'un une place dans son cœur. Est-ce qu'il avait jamais aimé ses parents, un jour ? Même de cela, il n'était plus sûr de rien. Cela faisait tellement de temps qu'il ne les avait pas vus, et il ne cherchait même pas à les revoir. Le pincement au cœur qu'il en éprouvait ne lui faisait rien : il ne cherchait pas à les voir, c'était tout. Et jamais il n'aurait cherché à revoir Wilfred, il le savait. Pourtant, c'était bien lui qui se tenait devant lui, à l'ennuyer tel un gamin narquois. « Je ne suis pas comme les autres, rétorqua Zuriel en essayant de ne pas paraître trop froid, juste neutre. Je n'aime pas tout ce qui touche aux sentiments. C'est le meilleur moyen de se montrer faible et de finir avec une balle dans la nuque. C'est un risque que les êtres humains ne courent pas, tu vois, mais moi si, alors je ne me permettrai pas d'être faible. » Il ne niait pas pour autant qu'il tenait à Wilfred, juste qu'il pouvait être comme les autres. Parce qu'à ses yeux, ce n'était pas vrai. Quelque chose s'était cassé en lui, et ne pourrait plus jamais être réparé. Il ne pourrait plus s'engager dans une relation d'amitié - ou même d'amour, puisque Wilfred en parlait -, il le savait et il ne le regrettait pas. Amitié et amour ne provoquaient que des ennuis. Par exemple, on se mêlait de ce qui ne vous regardait pas, on sauvait des gens que, pour sa propre sécurité, on aurait mieux fait de laisser mourir... ce genre de choses. Parce que l'amitié était un sentiment trop fort pour être contrôlé, et ce qui ne pouvait être contrôlé était un danger supplémentaire que l'on laissait libre de nuire. D'autant plus que Zuriel ne savait pas bien ce qu'il ressentait pour Wilfred. A priori, il aurait dit rien du tout, si ce n'était un fort agacement chaque fois que celui-ci se mêlait de ses affaires. Mais cela ne devait être vraisemblablement pas le cas, puisque oui, Zuriel tenait à lui, sans même s'en rendre compte. Comment pouvait-on apprécier quelqu'un et ne pas le savoir ? C'était surréaliste... tout autant que de se faire harceler sans trouver la moindre réponse à y opposer. « Pas de champagne, tu n'as pas besoin de m'acheter, grommela Zuriel avec humeur, et de toute façon, ça ne fonctionnerait pas. Tu ne me forceras à rien en essayant de me corrompre. » C'était ainsi que Zuriel voyait les choses. Il avait envie de très peu de choses, en cet instant même, et le champagne n'y figurait pas. Il faisait plutôt partie des choses dont Zuriel n'avait absolument pas la moindre envie. Lui payer un verre, c'était d'un ridicule à ses yeux... Tout ce qu'il demandait comme remerciement, c'était un silence. Avoir la paix, et la garantie que Wilfred serait prudent, qu'il n'allait pas ébruiter cette affaire sur tous les toits. Parce qu'il était capable de faire une bêtise, et Zuriel n'avait pas envie de la payer avec lui. Pas plus qu'il n'avait envie que cet imbécile se mette à dos ses employeurs et que ces derniers l'obligeassent à aller le tuer. Il aurait été incapable de le supporter.
Se détendre ? Il devait se détendre alors qu'il se sentait en danger par les manœuvres de Wilfred ? Évidemment. Lui n'avait pas les mêmes responsabilités que Zuriel. Le Looper ne pouvait pas se permettre de rapprocher quelqu'un de ses propres affaires. Ne serait-ce que pour ne pas avoir à le tuer. Tuer ne le dérangeait pas, il basculait très vite dans un fonctionnement automatique où il ne réfléchissait pas, où il se contentait de faire ce qu'on lui disait. Parce que l'horreur de ce qu'il faisait lui venait parfois quand il pensait trop, quand sa fibre sensible - celle de l'homme artiste - faisait jour. Il devait être constamment sur ses gardes, parce que son premier ennemi, c'était lui-même. Et Wilfred était un adversaire supplémentaire, et particulièrement coriace. Il avait l'air d'un rigolo, une espèce de fils de bourge qui n'était pas content de son sort et jouait à être un gros dur. Sauf que c'était surtout une apparence. Au fond de lui, Wilfred était un gros dur, quoique fort distingué, plus que ne pouvait l'être Zuriel, en tout cas. Zuriel savait que Wilfred pouvait avoir encore moins de remords que lui, car il aimait ce qu'il faisait. Lui se sentait plutôt pris au piège, et affolé comme un lapin. « Et combien de temps resteras-tu vivant si quelqu'un t'attaque ? reprit Zuriel en essayant de ne pas se dire que cela ressemblait trop à une question d'ami. Je ne tiens pas à savoir ce que ces mecs te voulaient, mais tu devrais être plus prudent. Si je n'avais pas été là, tu serais mort, et ça ne paraît pas t'émouvoir. Si tu t'en fiches... » La colère l'envahit soudainement à l'idée que Wilfred pût ne pas se soucier de sa propre existence, alors que Zuriel s'inquiétait de le voir perdre la vie, quand bien même il ne voulait pas l'admettre. « Si tu t'en fiches, aie au moins la décence de ne pas faire semblant quand je suis là. Ça m'évitera de croire que tu tiens à ta peau et de venir te sauver une nouvelle fois. » Le ton était assez égal, mais la fureur se lisait clairement dans les yeux du Looper. Alors comme cela, Wilfred voulait qu'il se détente ? Mais Zuriel avait juste envie de lui mettre son poing dans la figure, oui. Il ne s'y risquait pas, parce qu'il connaissait assez le trafiquant pour savoir que celui-ci n'hésiterait pas à répliquer, ami ou pas, sauveur ou non. Et Zuriel n'avait pas envie de recevoir un coup en retour, cette situation lui tapait déjà assez sur le système sans y ajouter une bagarre avec Wilfred. Cependant, son poing le démangeait atrocement. « Arrête un peu de m'embêter. Tu ne vois pas qu'au lieu de me remercier, tu es en train de m'enfoncer ? C'est pourtant pas compliqué, ce que je te demande. Juste un peu de paix. » Il hésita un peu, avant d'ajouter : « Le jour où tu auras cessé de vouloir me faire dire ce que tu veux entendre, peut-être que je voudrai bien t'accorder un peu de mon temps. Peut-être. Mais dans l'immédiat, tu peux difficilement te prétendre mon ami, alors que je te demande de me laisser respirer et que tu fais tout l'inverse. Je veux des excuses. Sinon... » Il ne continua pas sa menace, car il estimait que c'était assez clair. Il savait que, s'il tenait à Wilfred, la réciproque était vraie, et cela constituait un levier suffisant.
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MessageSujet: Re: Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)   Un temps à ne pas mourir (pv zuriel) I_icon_minitimeSam 25 Mai - 20:10

Wilfred déchanta vite. Il y avait quelque chose de presque blessant dans les paroles de son ex-collègue. Bien entendu qu’il était différent des autres, Wil n’avait jamais cru le contraire, après tout un type avec sa vie ne pouvait être QUE différent. Même lui, Wilfred, n’était pas tout à fait dans le même moule. S’il l’avait été, il serait entrain de faire des grandes études pour être PDG d’il ne savait pas quoi, succéder à son père, le rendre fier de lui. A la place il trainait dans les cimetières pour vendre des armes et dormaient souvent dans la rue. Le plus étonnant est qu’il s’en foutait complètement, rendre fier son père ne l’aurait pas rendu plus heureux que la liberté qu’il avait dorénavant.
Bref, de toute façon ce n’était pas cela qui blessa Wil. Encore que le verbe « blesser » était sans doute trop fort, il n’était pas le genre de personne à être touché à ce point par quelque chose ou quelqu’un. A part peut-être si l’autre s’était montré vulgaire, mais il ne l’était pas. Donc ce qui l’avait dérangé dans les propos de son ancien collègue et que ce dernier insinue qu’il essaie de le corrompre. Wilfred n’était pas comme son père, il ne corrompait pas les gens, il se fichait d’ailleurs de ce qu’on pensait de lui, mais il était hors de question que qui que ce soit l’accuse de « corrompre ».

- Je voulais juste te remercier, pas te corrompre. Si t’aimes pas le champagne tant pis pour toi, mais ce n’était pas de la corruption. Je porte peut-être le nom de mon adorable géniteur mais je ne suis pas comme lui.

Ces paroles étaient plus… Durs que d’habitude. Moins légère. Moins dans le vague. Zuriel avait au moins ça pour lui, toute l’attention de Wilfred. Ce qui était souvent très difficile à obtenir. Au moins un point qui prouvait qu’il comptait un minimum pour le trafiquant d’armes. Il espérait cependant que l’autre ne l’accuserait plus à tort d’essayer de le corrompre alors que tout ce qu’il voulait c’était le remercier pour lui avoir sauvé la vie ce qui était énorme pour lui. Sans doute le plus grand service que l’on pouvait lui rendre, et il en était réellement reconnaissant à son ancien collègue. Il ne jouait pas, il était sincère. Terriblement sincère. Sans doute sa manière de remercier était mauvaise, mais il ne l’avait pas vu sous cet angle.
Son « ami » ? Son… Ancien collègue n’en avait pas finis avec lui, lui reprochant presque de ne pas s’émouvoir d’avoir failli mourir, comme s’il s’en fichait. C’était tout l’inverse, Wilfred jouait la nonchalance, mais il avait vraiment eu peur, il ne voulait pas mourir, il préférait encore souffrir. Sa vie lui était plus précieuse que tout le reste, mais au moins là-dessus il allait pouvoir réconforter celui qui lui faisait face.

- Non… Tu te trompes. Je tiens à la vie. Je tiens à la vie plus que n’importe quoi d’autre. Je suis vivant, alors je vais pas me mettre à crier, ni m’énerver, ni rien, mais sans toi je serais mort et ça ce serait vraiment terrible. Crois moi, même si tu ne dois pas avoir confiance en moi sur ça tu peux me faire confiance : j’aime la vie. Pour vivre je tuerais père et mère, je trahirais mon meilleur ami, je tiens à toi mais pour vivre je n’hésiterais pas à te tirer une balle dans la tête s’il le fallait, même si tu viens de me sauver la vie, je le ferais crois moi, juste pour vivre. Je suis vraiment un sale type quand il s’agit de rester vivant, et malgré ça tu tiens à moi alors je te tire mon chapeau. Je n’ai pas de chapeau actuellement, mais tu vois ce que je veux dire. J’aime la vie, je ne m’en fiche pas.

Wilfred disait ces mots avec assurance, sûr de lui et de ce qu’il disait, plus présent que jamais sur la planète terre. Ses yeux brillaient presque quand il parlait, assenant avec force qu’il aimait la vie plus que tout.
Le fils Ellison aurait vendu son âme au diable pour vivre, peut-être même que s’il avait fallu il aurait été léché les pieds de son père si cela lui avait permis de rester en vie pendant plus longtemps. Il pouvait s’abaisser à ce point, uniquement pour vivre. Cependant tant qu’il pouvait l’éviter, il le faisait, il aurait eut horreur de devoir sacrifier sa liberté à ce prix, il aimait mieux concilier les deux : vie et liberté.
Puis son ancien collègue lui expliqua que ce qu’il voulait c’était respirer, qu’il n’avait pas envie que Will lui fasse dire ce qu’il voulait entendre et tout ça. Ce dernier laissa tomber, après tout si son ancien collègue ne voulait pas de remerciement, c’était son problème.

- D'accord, désolé. Tu m’as sauvé, merci, salut. Respire bien.

Il était un peut vexer à vrai dire mais il ne voulait pas insister. Ce n’était pas dans son genre d’abandonner si vite, mais il n’avait pas envie que l’autre lui dise encore qu’il essayait de le corrompre. Il lui fit un signe de la main et recula de deux trois pas vers la voiture, le regardant droit dans les yeux, au cas où l’autre changerait d’avis, on ne sait jamais.
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MessageSujet: Re: Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)   Un temps à ne pas mourir (pv zuriel) I_icon_minitimeDim 26 Mai - 10:51

Le jeune homme n'était concentré que sur un seul objectif : évincer défintivement Wilfred de sa vie. En faire un ami n'aurait pas été convenable, et il le savait. Cependant, il fut surpris parce qu'il ressentait quand son ancien collègue le corrigea, expliquant qu'il n'avait pas cherché à le corrompre, mais plutôt à le remercier. Pour lui, c'était du pareil au même, mais... il y avait le nom de son père. Les Ellison corrompaient les gens, insinuait Wilfred, mais pas lui. Zuriel se sentit mal à l'aise. Il n'avait pas cherché non plus à le mettre dans le même sac que les Ellison, qui n'étaient absolument rien à ses yeux. Même sa propre famille lui tenait plus à cœur que ces espèces de saltimbanques richissimes, qui s'en sortaient toujours en d'élégantes pirouettes, alors que les pauvres types comme lui avaient le choix entre la prison et l'existence de Looper... pour un cas de légitime défense, en plus. Même si désormais, il était responsable de toutes les autres morts - et couvert pour ces crimes -, il savait très bien qu'il n'avait pas eu le choix, pour le premier. La femme l'avait attaqué, il n'avait pu que se défendre. Comme il ne pouvait pas fuir, la seule solution avait été de la tuer. D'accord, il n'aurait pas dû porter d'armes, mais cela valait mieux que d'être mort. Wilfred n'avait pas connu cela. Il ne pouvait pas savoir ce que c'était que de devoir choisir entre la corde et la chaise électrique. Ou plutôt, puisque la peine de mort n'était pas légale, de devoir choisir entre Charybde et Scylla. Une solution menait vers l'horreur, et l'autre vers une vie qui n'en était pas une. Ou ces termes pouvaient s'aplliquer aux deux, en fin de compte. Après avoir vécu cela, après avoir été forcé de tuer sans relâche, Zuriel n'avait plus le cœur à réfléchir comme les autres. Pas de remerciement. Juste un moyen d'acheter quelqu'un. Zuriel aurait voulu croire qu'il n'était pas corruptible, mais il savait que, pour certains prix, il était prêt à faire ce qu'on demandait de lui sans protester.
Parce qu'il tenait à la vie, comme Wilfred tenait à la sienne. Encore que Wilfred y tenait de façon beaucoup plus radicale. Zuriel aurait encore été capable de se sacrifier, malgré son égoïsme et ses peurs. Il avait en lui une flammèche d'honneur, certes faible, mais qui l'aurait poussé, le cas échéant, à se jeter en patûre aux lions, pour peu que la personne en valût la peine. Mais Wilfred, non. Wilfred était pire que lui. Wilfred pouvait lui affirmer droit dans les yeux qu'il pourrait lui tirer une balle si cela pouvait lui sauver la vie, et ce, malgré sa reconnaissance. Le Looper ne dit rien, mais il eut l'impression que Wilfred lui assénait un nouveau coup de poignard. Quel imbécile. D'accord, la vie était une des choses les plus importantes, et on devait s'appliquer à la conserver. Mais pas au détriment des autres. Zuriel savait que, quand il tenait à quelqu'un, il était prêt à beaucoup pour elle. Peut-être même à donner sa vie. Mais si l'autre n'en était pas capable, alors il n'en valait pas la peine. C'était comme s'il était en train de lui affirmer que c'était Zuriel qui le voyait plus comme un ami que lui. La bonne blague ! Zuriel n'avait pas d'amis. Ou alors, très peu, et Wilfred ne méritait certainement pas de figurer sur cette liste.
Wilfred finit par enfin lui accorder ce qu'il désirait. Le laisser tranquille. Zuriel retint un soupir de soulagement. Enfin un problème résolu. Il n'avait pas envie de se traîner un boulet, et encore moins un boulet qui pouvait le tuer si cela l'arrangeait. Un véritable ami devait être prêt à des concessions, décidait Zuriel avec détermination. C'était pourquoi on n'en avait jamais qu'un ou deux. Parce qu'on ne pouvait pas se donner à autant de personnes. L'amitié nous laissait trop démunis. Wilfred lui tourna le dos, et Zuriel sourit. Enfin tranquille.
Ah oui ? Alors pourquoi est-ce qu'il avait sa main sur le bras de Wilfred ?
Zuriel se figea. Non. Il n'avait pas... Si. Sans même s'en rendre compte, il s'était avancé pour le rattraper, et... l'empêcher de partir. Il se mit à rougir. Quelle plaie. Il avait obtenu juste ce qu'il voulait, et voilà que ses sentiments le menaient par le bout du nez. Il se sentait ridicule, à lui tenir le bras ainsi. Pourquoi le retenir ? Il avait envie de le faire partir. Et n'y parvenait pas. Il pouvait juste lâcher sa prise. « Je... attends. Ce que je veux, c'est un vrai remerciement. Pas m'acheter du champagne ou me tourner le dos. Un vrai remerciement. Tu saisis ? » Mouais. C'était plutôt ridicule, mais Zuriel ne voyait pas trop ce qu'il aurait pu dire d'autre. Il lui avait demandé de partir, et il le voulait. Mais il ne pouvait pas vouloir le voir partir s'il ne l'estimait pas assez reconnaissant. Ça tenait à peine, mais ça tenait quand même. Cela constituait une excuse minable, mais encore acceptable. « Moi, tu vois, j'aurais été capable de me sacrifier pour quelqu'un qui en vaut la peine. Peut-être toi, si tu avais été plus accommodant. J'aurais pu me laisser mourir pour permettre à une autre personne de vivre. Je tiens à la vie, mais je sais qu'il y a des choses qui sont plus importantes que soi-même. » Zuriel n'était rien qu'un petit délinquant ballotté par les évènements. Mais, si besoin, il aurait pu prendre part à l'Histoire. Faire quelque chose de grand, laisser la noblesse s'exprimer à travers soi. Il n'avait pas l'impression que Wilfred pouvait le comprendre. Tout ce qui intéressait Wilfred, c'était son existence, aussi minable fût-elle. Zuriel avait autre chose, au fond de lui. Une belle âme que la vie avait salie, entachée, maltraitée... mais une belle âme quand même, qui pouvait s'exprimer dans les bonnes circonstances. « Tu ne seras jamais assez reconnaissant. Tu me félicites de m'intéresser à quelqu'un comme toi, mais tu veux savoir ? Moi, ça me donne envie de vomir. Je n'ai pas besoin de quelqu'un qui pourrait me trahir à la moindre occasion. Ce n'est pas cela que j'appelle de l'amitié. Si tu es prêt à me tuer pour survivre, c'est que tu n'en as en fait rien à faire de moi. Il n'y a que toi qui compte dans ta petite sphère. Moi, quitte à m'attacher à quelqu'un, j'ai besoin de que ce soit une personne de confiance. Pas quelqu'un comme toi. » Ses paroles étaient dures, mais il les pensait. Wilfred ne méritait pas son intérêt. Encore moins après ce qu'il lui avait dit. Zuriel se retint de hurler. Il avait toujours su qu'il ferait mieux de ne pas trop s'occuper de lui. Et voilà où cela le menait. Il s'était attaché à Wilfred, comme un ami, mais Wilfred ne pouvait pas être le sien. Il se mettait en danger en étant prêt à mourir pour quelqu'un qui préférait le tuer plutôt que de l'aider. C'était trop énervant. Le rouge de la honte se mêla au rouge de la colère.
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MessageSujet: Re: Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)   Un temps à ne pas mourir (pv zuriel) I_icon_minitimeDim 26 Mai - 13:38

Wilfred allait partir sans se poser de questions, il se voyait déjà roulant dans les rues en sifflotant, et ramener la voiture à son patron, lui raconter ce qu’il s’était passé sans mêler son ancien collègue à tout ça. Puis le soir il irait peut-être se saouler tout seul, s’endormirait comme un clochard saoul au pied d’un banc, ou irait se jeter dans les bras d’une personne X et se réveillerait le matin sans savoir où il est. Une journée banale, une journée comme une autre, intéressante et en même temps ennuyante. Mais Zuriel l’avait retenu par le bras et Wil se retourna vers lui. Il avait envie de lui dire « tu ne sais pas ce que tu veux », mais l’autre parla à sa place, lui demandant un vrai remerciement.
Un vrai remerciement qu’est ce que cela pouvait bien être ? Comment remerciait-on réellement une personne ? Que devait-on dire ou faire pour que l’autre comprenne toute notre gratitude. Si l’autre avait été de ce genre là, Wil aurait pu l’embrasser, mais il était à peu près certain que son ancien collègue le prendrait mal, ce n’était pas ça qu’il attendait, oui mais quoi alors ?
Wilfred avait dit merci, il avait proposé du champagne, et il était drôlement content d’être en vie, n’était-ce pas suffisant ? Fallait-il qu’il paie sa dette immédiatement, mais dans ce cas comment ? Que voulait Zuriel qu’il pouvait lui donner ?
La suite de la conversation sonnait comme une leçon de morale, quelque chose qui les séparait totalement, qui montrait à quel point tous les deux étaient différents. Chacun se serait battu pour sa vie, mais quand Wil aurait tout sacrifié pour elle, Zuriel était capable de prendre d’autres choses en compte, il était capable de mourir pour quelqu’un. N’était-ce pas parfaitement ridicule ? Mourir pour que quelqu’un d’autre puisse vivre ? Wil en aurait bien rit, si son ancien collègue n’avait pas été aussi sérieux dans ses paroles.
La suite de son discours fut plus virulent. Wilfred ravala son rire, il comprenait ce que voulait dire Zuriel, et cela les mettait une nouvelle fois à une bonne distance l’un de l’autre, un mur épais les séparait, ils n’étaient pas du même monde. Pas du tout. Et pouvait-il réellement se rapprocher, gravir ce stupide mur, ou essayer de passer la frontière pour faire un pas vers l’autre ? En tout cas ce n’était pas son ancien collègue qui était prêt à le faire.
Wilfred non plus, parce que ce qu’il lui demandait n’était pas envisageable. Devenir une personne en qui on pouvait avoir confiance ? Pouvoir se sacrifier pour quelqu’un ? Décider que tenir à quelqu’un c’était être prêt à lui faire confiance en retour ? C’était trop risqué. Il était sans doute le plus lâche des lâches quand cela concernait sa propre vie, totalement nombriliste aussi sans doute, mais il s’en fichait au plus haut point. Wil était fier, mais il n’avait pas d’honneur.
Quand son ancien collègue eut finit de parler, il lui fit un sourire, un qui n’atteignit pas ses yeux.

- Tu es sans aucun doute une bien meilleure personne que moi. Annonça-t-il sincèrement.

Il se recula :

- Je suis la pire des personnes, je suis pourri. Je ne tue pas forcément, le plus souvent je ne tue que si je me sens en danger, quand toi tu tues des personnes que tu ne connais pas parce qu’on te le demande, et pourtant de nous deux, tu restes bien meilleur que moi.

Il se recula encore :

- Je suis pourri jusqu’à la moelle, quand on m’ouvrira de haut en bas on remarquera que je suis moisi à l’intérieur. Parce qu’on ne peut pas avoir confiance en moi, parce que je trahirais même ceux à qui je pourrais dire « tu es mon ami » ou encore mieux « je t’aime ». Et surtout, je ne peux faire confiance en personne, encore moins à mes amis qu’en mes ennemis, parce qu’au moins avec mes ennemis je sais à quoi m’attendre.

Il mettait le plus de distance possible avec son ancien collègue :

- Finalement c’est toi qui a raison, tu ne tiens pas à moi. Ça aurait pu être amusant de voir ce que cela aurait donné pourtant, toi et moi. Mais je suis incapable de te donner ce que tu me demandes. Tu ne pourras jamais me faire confiance, je ne pourrai jamais te faire confiance, même si tu venais me sauver la vie encore et encore.

Wilfred regarda en l’air un moment, soudain déconnecté. Déconcentré, il semblait penser à autre chose. Puis il finit par revenir et fixa à nouveau Zuriel droit dans les yeux :

- C’est mieux ainsi. Imagine si tu tenais à une personne au point de mourir pour elle et qu’un jour on te force à la tuer, qu’est ce que tu ferais ? Tu la laisserais vivante quitte à mourir ? Mais imagine que cette personne tienne à toi au point de ne pas vouloir que tu meurs, est-ce qu’elle te supplierait de la tuer ? Que feriez-vous ? Et si elle mourrait au final et que tu restais tout seul, qu’est ce que toi tu ferais ?

Wil sourit franchement cette fois-ci :

- Ça parait trop compliqué non ? Moi je préfère vivre et tuer cette personne, sans m’en vouloir, sans le regretter. L’amitié, l’amour, c’est plus facile quand c’est comme ça non ?


Nouveau silence puis :

- Je ne peux pas te remercier comme tu le voudrais, désolé.

Puis il se retourna, tournant le dos à son ancien collègue et avançant vers la voiture.
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MessageSujet: Re: Un temps à ne pas mourir (pv zuriel)   Un temps à ne pas mourir (pv zuriel) I_icon_minitimeMer 29 Mai - 21:12

Bien des gens avaient maudit Zuriel sans savoir que c'était lui. Des gens qui avaient souffert, directement ou non, des mauvaises décisions qu'il avait prises quand il était plus jeune. Qui souffraient des actes qu'il commettait, sans trop savoir s'il avait le choix ou non, et de toute façon cela n'avait pas d'importance, car tant qu'il obéissait, il était à peu près sûr de vivre. Si les Walkers ne s'en mêlaient, et ne venait pas achever sa vie de façon brutale. Il avait peut-être eu un bon fond, au départ, mais cela avait été noyé avec le reste de ses remords quand il avait compris que, de toute façon, il ne pourrait pas sortir de ce cercle vicieux. Du moins, pas sans mourir. La seule manière de s'arrêter de tourner, c'était de s'arrêter de vivre, et Zuriel tenait à la vie, comme il l'avait dit à Wilfred, même si la petite part de noblesse que la dureté de sa vie n'avait pas réussi à extirper lui aurait permis de se sacrifier pour un autre. En cela, oui, il était une meilleure personne que Wilfred, qui ne pensait qu'à lui. Cela dit, Wilfred avait sans doute fait moins de mal aux autres. Il avait vendu des armes, mais ne s'en était pas servies. Zuriel, si. Et il y avait eu ce qu'il faisait avant de vendre des armes. Sa vie avait toujours été violente et l'avait endurcie. Cependant, il avait encore une partie angélique en lui, certes très mince, mais toujours présente. Est-ce que cela suffisait à donner de la valeur à quelqu'un ? Là où tout n'était qu'horreur et traîtrise, pouvait-on se permettre de la conserver, ou fallait-il absolument céder, devenir soi-même un monstre ? Zuriel n'avait pas trouvé la réponse à la question. En attendant, sa sensibilité l'avait attaché à Wilfred plus solidement que n'importe quelle chaîne, et rien au monde ne saurait la briser, vraisemblablement. Rien du moins qu'il ne pût envisager. La mort de Wilfred le ferait souffrir, et c'était quelque chose que Zuriel préférait éviter : la douleur. On devenait vite fou, quand on se laissait prendre par un affect. Le mieux était de ne rien ressentir. Qu'est-ce qui valait mieux : la douleur face à la mort d'un ami, assortie d'une culpabilité qu'il serait incapable de contrôler, ou cette amitié tenue qu'il pouvait peut-être tenir à distance ? Est-ce qu'une personne de bien était capable de tels calculs ? Parfois, il aurait aimé être cette personne. Il aurait aussi souffert, mais il n'aurait pas été marié à la Mort, qui faisait une bien cruelle épouse - encore que, pour Zuriel comme pour le reste de la société, la Mort était un homme.
Le discours de Wilfred l'ennuyait. Pourri, lui ? Mais pas plus que lui, voyons. Il n'avait pas les mêmes choses à se reprocher, c'était tout. Ce que Zuriel gagnait par sa noblesse de cœur, il le perdait par ses actes noirs. Lui aussi était pourri de l'intérieur. Maintenant, ce n'était pas une raison de s'attardr dessus. Il avait l'impression que Wilfred cherchait à se justifier, cela le rendait mal. Il aurait été prêt à tout pour le faire taire, y compris l'embrasser, y compris le tuer. Absolument tout. Mais il restait immobile. Il n'était plus totalement maître de son corps depuis qu'il avait malencontreusement retenu Wilfred du bras. Il ne comprenait toujours pas ce qui l'avait pris, mais depuis, sa main lui paraissait bizarre. Elle ne voulait plus lui obéir convenablement à lui : elle obéissait à son cœur, sur lequel il n'avait aucun contrôle. Pourquoi était-il trahi par son corps ? Il aurait été si simple de le laisser partir. Pourquoi, alors que Wilfred lui disait enfin ce qu'il entendait - que Zuriel ne pouvait tenir à lui, qu'ils ne pouvaient devenir amis - se sentit-il traversé par un incontrôlable frisson ? Pour sûr que Wilfred devait le remarquer ! Sauf qu'il ne le signalait pas, continuant sa tirade. Zuriel avait obtenu ce qu'il voulait, et loin d'en être satisfait, il regrettait amèrement d'avoir rejeté Wilfred. Il devait se protéger de lui, certes, et ne pas trop s'attacher à lui, au cas où précisément, comme le disait Wilfred, il devait le tuer ; mais cela n'empêchait pas qu'il préférait quand même être avec lui. Évidemment, il ne l'admettait pas ouvertement, et refusait même de se l'avouer à lui-même. Mais c'était vrai. Il ressentait cette amitié pour Wilfred, et l'idée d'être subitement rejeté... cela faisait mal. Il se demanda pourquoi Wilfred avait été si patient avec lui, avait enduré toutes ses remontrances sans trop broncher. Même s'il était certain qu'il allait recommencer à le rejeter, pour l'instant, Zuriel ne voulait plus l'éloigner de lui. Le fou. Il ne comprenait même pas ce qui lui arrivait, juste que les choses se passaient comme elles se passaient, que la vie se liait autour de certains nœuds, et qu'il fallait juste plonger. Il frémit quand Wilfred lui dit qu'il ne pourrait jamais le remercier correctement, et Zuriel sut que c'était faux. Il suffisait juste que Wilfred fît un effort. Même Zuriel en était capable. « Je n'en ai pas fini avec toi, Wil, rétorqua froidement le Looper alors que Wilfred s'en allait. Toi qui tiens à la vie, tu ferais mieux de ne pas me tourner le dos, ou je serais tenté de t'envoyer une amie de plomb dans le dos. Pas besoin d'en aller jusque là. » Aurait-il été capable d'exécuter cette menace ? Sa main était assez éloignée de son arme pour se rendre compte qu'il n'avait pas l'intention de le faire. C'était simplement un avertissement : Zuriel aussi était dangereux, et il pouvait aussi faire des bêtises. Lui aussi pouvait tuer Wilfred si celui-ci le méritait, ami ou pas ; voilà quelle était la réponse. « Si tu tiens à savoir ce que je ferai, je te répondrai que je ferai mon devoir. Cette personne qui me tient à cœur, je la tue. Il n'y a qu'une seule personne pour qui ça ne marcherait pas, mais on ne me demandera jamais de la tuer, et ce n'est pas toi. Ce ne sera jamais toi. Je peux me sacrifier pour mes amis, sauf si j'ai reçu un ordre. A mes yeux, la loyauté est plus importante que l'amitié. » C'était surtout que l'amitié était quelque chose d'offert et de consenti, qui avait donc un caractère très fragile. La loyauté telle que l'entendait Zuriel, c'était la loyauté du Looper. Celui qui ne pouvait pas se permettre de faire autre chose que d'accorder sa confiance à ceux qui le dominaient. On ne choisissait pas cette loyauté-là, elle vous choisissait. Dans la vie, il fallait savoir obéir à la loi du plus fort. Zuriel savait que, si on lui demandait de tuer quelqu'un, cela ne servait à rien de dire non : il y aurait toujours quelqu'un d'autre pour le faire. Si c'était un ami, le moins que l'on pouvait faire, c'était de lui accorder une mort propre rapide, rien de plus. Un autre risquerait d'y prendre du plaisir. Mais expliquer cela à Wilfred prendrait du temps, et cela n'intéressait pas Zuriel. « Si tu es trop bête pour dire un simple merci, je te revaudrai ça, ce n'est pas mon problème. C'est juste une question de bon sens. Par contre, il va falloir que tu m'expliques quelque chose. » Zuriel ne lui demandait même pas de lui promettre une vie en échange de la sienne. Il le connaissait assez pour savoir que ce n'était même pas la peine d'espérer. Mais juste de l'avoir sous la main quand il aurait besoin de lui. Pouvoir compter sur lui, voilà ce qui s'appelait un véritable remerciement à ses yeux. Pas un : je te paie le champagne. Pas un : je ne peux pas te remercier. Il lui demandait de s'engager, au fond, de s'humilier comme lui venait de le faire en se présentant dans une posture aussi ridicule. Bon sang, pourquoi ne pouvait-il pas le comprendre ? « Pourquoi est-ce que tu parles d'amour, tu as eu une déconvenue ? L'amitié, je veux bien, c'est un sentiment universel. Mais l'amour, ça n'a rien à voir, c'est carrément plus exclusif. Ça ne demande pas la même chose. J'espère que je me fais bien comprendre : je ne veux pas que cela déraille jusque là. Je sais que tu en serais capable. De t'enticher de moi. » Zuriel se mit à sourire. En fait, il ne le pensait pas du tout, il ne disait cela que pour le taquiner un peu. Cela l'énervait vraiment de l'entendre rabâcher les mêmes choses sur ces sentiments qui lui paraissaient pourtant bien différents de l'autre. Il avait beaucoup d'amitié pour son ancienne copine, et de la passion ; il l'adorait, mais en aucun cas ce n'était de l'amour, et il l'avait toujours su. Tout comme elle le savait. Il n'avait donc pas pu résister à l'occasion de se moquer un peu de Wilfred. Vu que Wilfred semblait le narguer à cause de son amitié naissante, Zuriel avait bien le droit de lui renvoyer la pareille.
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