Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet
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E. Isiah Burroughs ♙ why do we fall ?
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Sujet: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Jeu 17 Jan - 21:32
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret.
Anger is an acid that can do more harm to the vessel in which it is stored than to anything on which it is poured.
Une lueur blanchâtre agressa ses rétines. Lumière accrue le forçant à ouvrir les yeux. Une brume épaisse dansa devant ses pupilles, franchissant pas à pas la barrière de son esprit encore tout ensommeillé. L'espace d'un instant à peine, il en vint à se demander qui il était, mais surtout où se trouvait-il ? Incapacité de trouver une réponse sur l'instant. Trop d'alcool sans doute, trop d'une mauvaise défonce. Une vilaine douleur lui vrilla la tête, comme pour souligner que oui, les paradis artificiels n'y étaient certainement pas pour rien dans cette perte soudaine de repères. Dans un grognement sourd, il pivota sur le côté – pensant certainement pouvoir réduire l'effet lumineux bien trop ardant pour lui –, sa jambe butta mollement un obstacle. Isiah se releva légèrement sur un coude. La vue de cette jeune femme endormie à ses côtés l'aida à se souvenir. Violet. Tout lui revint en mémoire, comme un boomerang arrive tardivement alors qu'on ne l'attendait plus. En pleine figure. Le poker frauduleux, les combinaisons de cartes, le bluff, cette coéquipière qui n'en était pas vraiment une ou qui était peut-être plus que ça, les jetons qui s'empilaient, le paquet de billets, l'alcool qui coulait à flot avant qu'ils ne terminent par se consumer de désir. Ils risquaient gros et ce n'était pas la première fois, mais le jeu en valait la chandelle. Dans cette étrange entreprise nébuleuse, chacun s'y retrouvait, chacun y trouvait son compte, chacun savait parfaitement que la chute pouvait être encore plus rapide et plus douloureuse que l'ascension. Mais ils s'en fichaient bien. Ils s'en foutaient parce que rien n'était meilleur que cette adrénaline, celle ressentie alors qu'ils tenaient tous deux les cartes en main. Maîtres de leur destin l'espace d'une soirée à peine, avant de se noyer dans les bras l'un de l'autre, dévastés par cette douce folie qui n'avait de cesse de les enivrer. Un sourire aux lèvres, Evan laissa courir sa main le long du dos de Violet. Un flash luminescent, incandescent de la fin de soirée, de leur étreinte parfaite, tandis que ses doigts effleuraient avec douceur la peau velouté de la jeune femme. Étrange fleur qui était entrée dans le paysage de sa vie quelques deux semaines auparavant. Eux que tout semblait séparer, se retrouvaient unis pour le meilleur – mais surtout pour le pire – face à l'adversité, dans un même besoin, celui de violence, d'éclat, de rouge. Vicier son âme, la voir se consumer sous les assauts de tout ce qu'il y a de laid en ce bas monde ; devenir Mister Hyde plutôt que Dr Jekyll. Ça il savait faire, bien trop même, il n'avait besoin de personne pour lui montrer la voie – cette longue route défoncée à emprunter-, contrairement à elle, elle qui dormait toujours l'air parfaitement innocente. En d'autres circonstances, en d'autres lieux, jamais elle n'aurait posé le regard sur lui. Ses pupilles électriques s'animèrent d'un nouveau brasier. Oui c'était ça le plus évident dans l'histoire – même si le reste ne l'était pas – s'il n'avait pas décrispé la mâchoire au bon moment, elle serait passée devant lui, sans même le remarquer – qui sait ce qui aurait alors pu lui arriver, seule, vulnérable, marchant dans les ruelles sombres de cette ville assoiffée de sang qui s'amuse à tout vampiriser sur son passage. Parce que les filles comme Violet ne s'attardent pas sur les types comme lui. Violet par contre, représentait à peu près tout ce qu'il pouvait aimer chez une femme. La force de l'habitude, s'enticher toujours des mauvaises personnes, parce qu'il était comme ça, quoi qu'il arrive il fallait toujours qu'il s'attache à celle qu'il ne fallait pas, celle qu'il ne méritait certainement pas. Pourquoi pensait-il à cela au juste ? Aussi agréable à regarder soit-elle, d'aussi bonne compagnie puisse-t-elle être, Violet n'était rien pour lui. Rien de plus que la fille avec qui il aimait plumer les barons de la nuit Londonienne et autres cancrelats. C'est tout du moins ce dont il tenta tant bien que mal de se persuader en posant un pied par terre.
Difficilement - son cerveau qui tanguait dans sa boîte crânienne – il se leva rapidement, peut-être trop, n'arrivant de toute façon plus à dormir. La pièce tourna d'elle-même l'espace d'un instant, le temps infime qu'il pose la main contre le mur, ferme les yeux, pour faire se dissiper ce léger vertige. Vestige de ses excès de la nuit passée qui s'envola dans une nuée sans trop de mal. Doucement, il rabattit le drap sur la jeune femme et quitta la chambre. Un bâillement à s'en décrocher la mâchoire accompagna le bruit flasque de ses pas sur le carrelage du couloir. Au radar, il se dirigea vers la cuisine. Un café, sentir la caféine lui brûler les entrailles, réveiller ses artères d'un soubresaut étincelant. En fouinant un peu – avec ce malaise, cette sensation de faire quelque chose de mal – Isiah dégota la cafetière, bête rutilante et chromée semblant dater d'une autre époque. Après le tour rapide du propriétaire, il trouva le nécessaire pour la faire fonctionner. En attendant que le liquide brun passe dans le filtre, il alla s'installer sur le tabouret situé juste devant le mange debout, où il avait abandonné la veille son paquet de cigarettes. D'un geste rapide, il tira la première chaise haute qui lui tomba sous la main. Un bruit sourd l'intrigua. Fronçant les sourcils, il tira un peu plus la chaise, raclant légèrement le sol, avant de découvrir un calepin noir monogrammé qu'il ramassa presque aussitôt. Négligemment, il le laissa tomber sur la table. Attrapant d'une main son paquet de cigarettes, de l'autre le briquet qui traînait là, il en extirpa une, la bloqua mécaniquement au creux de ses lèvres, puis l'alluma. Le bruit caractéristique du papier se consumant sous la flamme accompagna celui paresseux de la cafetière. Un regard vers ce maudit coucou lui indiqua qu'il n'était pas prêt d'obtenir sa dose de caféine. Observant durant quelques secondes la fumée de nicotine qui montait par volutes blanches dans les airs, Isiah poussa un soupire. Ses yeux se posèrent alors sur l'agenda. Un regard derrière lui, afin de s'assurer que Violet dormait toujours, il attrapa le livret et l'ouvrit à la première page. Voyeur de la vie de la jeune femme, c'est l'effet que cette consultation lui donna. Les pages défilèrent comme le chemin d'une vie passe à toute allure, en un battement de cil. Des annotations par-ci par-là, des rendez-vous notés et au milieu de toute cette jolie petite organisation un post-it de couleur criarde qui capta presque aussitôt son attention. Relâchant la pression sur sa cigarette, celle-ci tomba mollement sur la table, le brûlant au passage. « Putain de... ». Se moquant éperdument du sort réservé à la cigarette mais plus encore à la pauvre table, Isiah dû relire une seconde fois la note pour la comprendre dans son intégralité. Quatre mots. Quatre stupides mots qui pourtant embrasèrent sa cage thoracique, explosèrent ses veines, sa rate et son foie à la vitesse de l'onde de choc. Aussi vite que va le vent, la tempête Evan se leva. Qu'est-ce que les mots Sonny et bébé faisaient sur ce putain de bout de papier rose, écrit de la main de Violet ? Et surtout, pourquoi ces quelques mots le retournèrent autant ? D'un geste rageur il tapa du plat de la main contre la table, ramassa sa cigarette et aspira bouffée sur bouffée, jusqu'à n'avoir plus que ce goût dégueulasse en bouche, celui de la colère. Sentiment incontrôlable qui le poussa à se lever dans un bruit fracassant, pour se ruer sur la machine à café qui allait certainement faire les frais de sa rage. « Tu vas me le donner ce café bordel de merde ? » hurla-t-il finalement, ce foutant complètement de réveiller Violet. « Tout ce qui est ici est merdique ma parole ! » Il allait envoyer valdinguer l'objet peinant toujours à cracher son liquide, quand un bruit dans son dos le força à se retourner. Violet. « Ah tiens t'es levée ! » Pas un bonjour, rien, juste son venin et son regard furibond en guise de petit déjeuner laissant présager du cyclone qui n'allait pas tarder à s'abattre au milieu de l'appartement.
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Ven 18 Jan - 18:07
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Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret
e bruit des draps froissés. Quelques mouvements, quelques sons qu'elle entendit au creux de son oreille, pourtant Violet ne bougea pas. Rester lovée contre cette douce amie que pouvait être Morphée, le plus longtemps possible. Glisser son nez dans le creux de son cou, se laisser aller sans aucune crainte entre ses bras de velours. Sensation ô combien agréable dont se délectait la jeune femme, toujours à demi réveillée, nichée entre les draps blancs et ses rêves éveillés. Un long, doux frisson pourtant vint lui caresser l'échine à l'image de ces doigts qui doucement se glissèrent sur son dos. Sentiment intense qui soudainement l'envahit de désir, encore, assistant une seconde fois à ses propres souvenirs de la nuit passée. Lilianna esquissa un sourire restant, pourtant toujours immobile. Il y a de ces douceurs qui s'apprécient silencieusement, discrètement. De celles qui nous sont interdites, étant pourtant terriblement attirantes. Ainsi la jolie brune se laissa-t-elle recouvrir de draps sans laisser ne serait-ce qu'une seconde ce plaisir infini dont elle se délectait se frayer à nouveau un chemin sur son visage. Impassible. Inconsciente, aussi, peut-être. Replonger dans les abîmes du rêve, ce n'est sans difficulté qu'elle le fit, profitant de ces derniers instants qu'elle appréciait particulièrement au petit matin - même si en l'occurrence le matin ressemblait plus à un début d'après-midi. Un léger soupir de contentement se glissa pourtant entre ses lèvres sans qu'elle ne puisse le réprimer tandis que son esprit lui, vagabondait au doux pays des rêves. Quelques secondes de plus, quelques minutes ou même quelques heures... Violet ne sut pas vraiment combien de temps elle resta ainsi, allongée dans ce lit qu'elle avait partagé une nuit durant avec un homme qu'elle appréciait particulièrement sans pourtant se l'avouer. Alors, doucement et non sans difficulté elle s'extirpa maladroitement des draps. Un monde déformé, des sons décuplés, une lumière aveuglante. Très vite cet état de plénitude dans lequel elle se trouvait quelques secondes s'effaça de son esprit tandis que les troubles s'emparaient de celui-ci. Avancer, doucement. Enfiler des sous vêtements et le premier t-shirt lui passant sous la main - t-shirt ne lui appartenant probablement pas. Sentir le monde tanguer sous ses pieds, avoir l'impression de brûler tant l'intensité de la lumière du jour semblait être forte, c'est en compagnie de ces sensations ô combien désagréables que Lilianna se glissa face à la baie vitrée immense à laquelle elle s'était finalement habituée, clope au bec. Inspirer, profondément. Se délecter malgré cette migraine récurrente du sentiment d'apaisement qui s'empara d'elle, toujours un peu plus intense à chaque nouvelle bouffée. Violet ferma les yeux, sourire aux lèvres, tandis que, chaque seconde, les instants de sa nuit passée lui revenaient en mémoire à l'image de flash-backs incessants, incroyablement délicieux. Encore, toujours, ce frisson irrépressible qui s'empara de son corps entier cette fois-ci. Mélange d'adrénaline et de passion, d'un désir ardant auquel elle n'avait goûté que tardivement. Pourtant en cet instant, Collins ne semblait pouvoir se défaire de ces soirées passées à tricher et à aimer, d'une certaine façon. Chérir le plaisir tant désiré que cette vie avait à offrir, l'embrasser dans une folie sombre, et ne jamais, oh non, ne jamais le quitter. La chute n'en serait que plus cruelle. Plus douloureuse. Sentir ses os et son cœur se briser. Elle redoutait ce moment. Celui où, un jour peut-être, tous deux se feraient prendre. Mais n'était-ce pas le risque même la cause de toute cette entreprise ? Ce risque, qui, toujours les emportait loin. Bien loin. Bien au delà de ce qu'elle avait pu connaître jusque là, bien plus intense, bien plus excitant. Se libérer enfin de toutes les restrictions auxquelles elle avait toujours été soumise. Envoyer valser ces chaînes faites de diamants et d'or et attraper du bout des doigts la force d'une matière première, noble. La vie. La vraie, malgré tout. Comment pourrions nous apprécier la sécurité si jamais nous ne goutions aux péchés défendus par toute forme de bonnes manières ? Constat relatif qu'elle s'efforçait pourtant de croire, malgré tout, se confortant dans cette hypothèse suite aux actes prohibés qu'elle effectuait régulièrement ces temps-ci. Raison revenant au galop. Aspirer lentement une nouvelle bouffée du gaz toxique afin de la faire disparaître entre fumée et pensées troublées. Oublier. Tout oublier, le temps de 24 heures seulement. Et profiter de quelques instants d'insouciance.
Quelques paroles, qu'elle ne comprit pas. Terminant sa cigarette, la jolie brune se leva, écrasant son mégot sur un bout de journal trainant par là. Encore un peu maladroite, encore un peu plongée dans ses rêves. D'un pas non très assuré, Violet se dirigea vers la cuisine et s'appuya quelques secondes contre l'encadrement de porte, posant son regard instantanément plus vif sur Isiah. Un léger sourire se dessina sur son visage, infime. Qui s'effaça presque aussi rapidement qu'il était apparu face au visage crispé de ce dernier, et à ses mots qui bien vite vinrent se bousculer dans l'esprit de Lilianna. Un soupir s'échappa d'entre ses lèvres, pourtant, ne perdant pas son aplomb, elle lui répondit d'un ton cynique. « Salut Isiah. Oui j'ai bien dormi, et de rien pour le fric, c'est normal après tout, pas vrai ? » Esquisser un nouveau sourire, laissant un léger rictus amusé s'échapper d'entre ses lèvres. Alors, Violet s'approcha du plan de travail et se servit un café avant de remplir la tasse d'Evan, son regard se posant alors sur la table. Lâcher sa tasse entière, le café brûlant tachant le peu d'habit qu'elle avait sur elle. Sentir son cœur faire un raté, avant de s'emballer, tel une vulgaire machine incontrôlable et incroyablement capricieuse. Collins inspira profondément, ne se souciant que très peu du liquide qui en cet instant devait causer nombre de dégâts sur sa peau claire. Son agenda. Son agenda ouvert. Se calmer. C'est ce qu'elle tenta de faire, vainement. Alors, posant ses deux grands yeux sur Isiah, elle déglutit une fois avant d'attraper violemment le fameux carnet noir entre ses mains, le plaquant alors contre sa poitrine comme une enfant protégerait son jardin secret. Pourtant ses mots furent bien trop perfides pour prétendre à une innocence quelconque. « Dis moi que t'as pas regardé là dedans. Dis moi ça putain Isiah. » Un instant de réflexion. Elle ne connaissait que trop bien la réponse. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle reprit, machinalement, encore. Cracher son venin sans en avoir même entièrement conscience. « Tu fouilles dans ma vie privée maintenant ? Merde, t'es rien ! T'as rien à savoir à propos de moi ! D'où tu te le permets, hein ?! » La respiration haletante. Et ce coeur, ce tout petit cœur qui à présent s'emballait encore un peu plus chaque instant, alimenté en carburant par cette colère sans limite qui s'était soudainement emparée d'elle. Sa vie. Il venait de rentrer dans sa vie. Et ses secrets. Ce secret dont elle tentait pourtant de le préserver, en quelque sorte. Ne rien lui dire pour ne pas le perdre, même si ce n'était qu'inconsciemment qu'elle avait cet objectif. Ne pas le perdre. Tremblante, le regard brillant - elle pleurait toujours lorsqu'elle s'énervait -, Collins resta ainsi face à Isiah, sans bouger ne serait-ce qu'une seul seconde. Pas un battement de cil. Laissant simplement ses yeux emplis de haine faire le travail à sa place. Plongé dans les siens. Sensations incroyablement délicieuse mais pourtant tellement douloureuse en cet instant même. Rage se glissant entre chacun de ses muscles, chacun de ses organes, concentrant pourtant toute son intensité dans ce regard. Détruire tout en un battement de cil, quand bien même l'équilibre de base n'était que précaire. Blessée, principalement. Par cet affront, parce que c'est ainsi qu'elle le prenait. Mais en réalité bien plus inquiète qu'elle ne souhaitait se l'avouer. Inquiète de savoir ce que lui avait bien pu découvrir...
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Dim 20 Jan - 1:01
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret.
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La colère, sentiment primaire, doucereux et amer, qu'il avait tant de fois enduré, tant de fois éprouvé. Jeune, trop jeune lorsqu'il avait découvert les dégâts que peuvent engendrer cette sensation destructrice, au point d'en sentir la morsure dans chaque parcelle de son être. La colère, cette amie intime qui le suivait depuis bien avant l'adolescence alors qu'ils essuyaient son frère et lui le courroux de leur père ; jusque dans le dédale des quelques centimètres carrés de sa boîte crânienne ; l'avait poussé à abattre de sang froid cet homme dans cette satanée banque. « Salut Violet... ouais c'est vrai t'as raison c'est normal. Je suis ton objet rien de plus ! » Le café tellement voulu fini par atterrir sans trop d'efforts dans sa main. La gorgée du liquide corsé dans sa bouche se teinta d'un goût immonde. La tasse de Violet termina par terre sonnant le glas de ce moment de quiétude qui aurait pu être le leur en cette nouvelle journée. Il eût tout à loisir de regarder cette mine sombre qu'elle arbora dès lors, de se perdre dans la contemplation de la flamme dévastatrice qui ne tarderait pas à tout embraser sur son passage. Fureur universelle et non contrôlée qui déforma les traits de la jeune femme. Devant le fait accompli, Isiah prenait soudainement conscience de l'intrusion dont il avait fait preuve. Devenir le voyeur d'une vie ne lui appartenant pas, ce n'est pas du tout ce qu'il avait eut en tête ou bien même voulu. Fouiller dans les affaires de Violet, quelle connerie. Oui c'était une véritable connerie, un acte stupide comme tout ce qu'il faisait toujours de toute façon. Voilà que son manque de réflexion flagrant venait de lui exploser en pleine face. Bien fait. Au fond de lui, il se sentait honteux, même s'il ne le reconnaîtrait pas devant elle. Les paroles que lui servit cette dernière – aussi froide qu'une douche glacée -, firent office de tremplin, par dessus lequel il s'envola. Une excuse, une piètre excuse pour s'emporter un peu plus qu'il ne l'était déjà. Vomir sa rage dans une coupe et la servir sur un plateau d'argent à la locutrice. « Nan j'ai pas regardé... j'ai juste jeté un œil à l'insu de mon plein gré. Ouais c'est ça, en fait pour être franc ton agenda s'est malencontreusement cassé la gueule par terre et j'ai pas eu d'autres choix que de le ramasser et de jeter un coup d’œil ! »
La suite ne fut qu'une accumulation grandissante de sons acides et perfides, une implosion de son amour propre, même si quelque part elle avait raison sur toute la ligne. Il n'était rien pour elle, ne représentait rien ; n'était qu'un humain insignifiant dans sa propre vie ; pire qu'un moins que rien, un misérable cafard. Il n'était personne et ne deviendrait jamais quelqu'un. Isiah restait intimement persuadé qu'il faisait partie de cette catégorie de personne condamnée au malheur. Jamais il n'aurait une vie heureuse, jamais il ne se marierait, ne fonderait une famille et jamais non plus il n'aurait une maison avec une belle barrière blanche. Dès que quelque chose d'agréable lui arrivait, inconsciemment il s'assurait toujours de tout faire foirer. Intimement convaincu qu'il n'était qu'un bon à rien ne méritant que le malheur, il n'avait absolument aucune idée de ce que pouvait signifier le mot bonheur. Tout du moins il l'avait oublié depuis bien longtemps. A présent que Violet semblait avoir déversé le venin qu'elle avait en stock, ne lui restait plus qu'à se cacher derrière cette rempart, derrière cette hydre salvatrice et protectrice, afin de ne pas montrer qu'il était blessé autant par la situation que par les paroles qui claquaient dans les airs. Aucun sentimentalisme. Aucune compassion devant le regard embué de la brunette. Endosser son costume, pour entrer dans le personnage et se conforter au rôle qu'on lui avait donné, juste s'y tenir, c'est ce qu'il fit à merveille, tandis que les jointures de ses phalanges blanchirent à vue d’œil. « J'ai rien à savoir de toi ? Tu te fous de ma gueule là j'espère ! » L'électricité ambiante se traduisit par les éclairs que ses yeux lancèrent. Le ton se durcit légèrement. Isiah ne mâchait pas ses mots, même s'il aurait voulu pouvoir arrêter ce flot incontrôlable. « Alors selon toi j'ai pas à savoir à qui j'ai à faire ? Non parce que c'est pas comme si on risquait notre vie, pour ce stupide fric que tu me balances à la tronche avant que je me tire j'te signales! Mais peut-être que tu l'as oublié, tout comme t'as visiblement oublié d'enlever ce maudit bout de papier de ton agenda. Ouais... c'est vrai que ce qui est écrit dessus est tellement insignifiant que ça ne servait à rien qu'on évoque un de ces quatre le sujet ! Tu sais quoi ? » hurla-t-il en s'agitant soudainement, tenant toujours de l'autre main sa tasse de café. « Si j'avais su plus tôt pour ce gosse, jamais je t'aurais emmenée dans cette combine et puis surtout... jamais j'aurais marché sur les plates bandes de mon frère ! » Cette phrase, cette simple phrase l'ébranla bien plus qu'il ne l'aurait voulu. Parce que dans le fond ce n'était pas vraiment cette omission qui le retournait, mais plutôt le nom de son frère. Il avait peur de comprendre, même s'il se doutait au fond de lui-même de ce qu'il en retournait. Sa réaction emportée n'avait aucun sens, ne trouvait de réponse que dans sa logique nébuleuse. Quelque part il se sentait complètement ridicule de réagir de la sorte, d'accorder le moindre crédit à cinq centimètres d'une feuille rose. Qu'est-ce qu'il en avait à faire après tout que la fille avec laquelle il s'envoyait en l'air, ait quinze gosses, soit mariée avec un braconnier ou bien en cavale ? Cela n'était pas censé l'atteindre, du moins pas de cette façon. Qu'est-ce que cela signifiait à la fin ? D'un geste rageur il posa sa tasse de café sur le plan de travail de la cuisine, puis fit un pas dans la direction de Violet. « Tu pensais pouvoir me le cacher encore combien de temps ? » Pourquoi cette question ? Revêtant à nouveau son magnifique costume du parfait individu n'en ayant rien à cirer de tout, il prononça un : « Laisse tomber en fait ! » du bout des lèvres, avant de se diriger vers la baie vitrée et de tourner le dos à Violet. La laisser en plan l'espace de quelques secondes, pour la faire réfléchir, mais surtout pour calmer ses nerfs qui menaçaient de lâcher d'une minute à l'autre.
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Dim 20 Jan - 11:51
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'esprit embrumé, encore. Avancer d'un pas non très assuré et venir finalement répandre son venin face au regard insistant d'Isiah et à ses mots. Ces mots qui, bien plus vite qu'elle ne l'aurait voulu, vinrent lui effleurer le coeur violemment. Assez pour que celui ci se serre, recroquevillé dans sa poitrine afin de se protéger, peut-être. Comme une nouvelle attaque qu'il attendait. Comme s'il savait déjà à quoi s'en tenir, sous le regard animal d'Isiah. Bête de chair et de sang. Prêt à s'attaquer, encore, toujours à cette proie facile que Violet pouvait représenter. Pourtant, sans aucun mal elle soutint son regard tandis que ses mots lui revinrent à nouveau en plein visage. Perdue dans ses yeux clairs qui, chaque seconde plus intensément, lançaient des décharges électriques dans ceux de Lilianna avant de venir se glisser dans ses veines. Animosité certaine qui bientôt viendrait la chercher, elle aussi, impulsive qu'elle était. Lentement mais sûrement ce feux ardant et destructeur qu'elle avait reconnu en lui semblait venir s'emparer d'elle sous tant de violence et tant d'attaques injustifiées. Pourtant, un sourire toujours mesquin au bout des lèvres, elle répondit le plus calmement possible face aux mots de son interlocuteur qui lui avait perdu son sang froid depuis quelques minutes déjà. « Et bien sache que la petite fille pourrie gâtée que je suis s'estime heureuse d'avoir un objet pareil rien que pour elle le temps d'une soirée. Mais après tout, toi, tu me prends pour quoi ? Evite le sentimentalisme, ça sonnerait faux entre tes lèvres. » Sarcastique à souhait. Toujours venir le toucher là où il ne l'attendait pas elle. Provoquer. Peut-être un peu trop. Parce qu'il l'avait blessée, déjà. N'avait-il ainsi pas assez d'amour propre pour estimer valoir mieux qu'un simple objet ? Pensait-il qu'elle ne faisait que jouer ? Il y n'avait pas que cela, au fond. Relation bien plus complexe qu'elle n'aurait pu l'être, Collins était aujourd'hui dans l'incapacité de décrire ce qu'il représentait pour elle. Pourtant ils n'étaient dans les faits rien l'un pour l'autre. Un partenaire de jeux. Dans tous les sens du terme. Et quand bien même les parties furent incroyablement plaisantes l'attachement quelconque n'entrait pas dans les règles, et y était même prohibé. Sous peine de risquer beaucoup. Sa propre personne. Un peu de son coeur, aussi. Même si au fond elle savait pertinemment que ce lien propre à leur relation s'était déjà créé contre son gré.
Le bruit sourd de la tasse qui déjà venait se fracasser contre le sol, se dispersant violemment en plusieurs morceaux à l'image de ce coeur qui cette fois-ci ne put éviter l'assaillant. Il n'avait donc aucun scrupule, aucune valeur morale. Et elle lui balança ses mots à la figure, d'une colère cette fois-ci bien ancrée dans chaque partie de son corps aussi infime soit-elle. Serrer la cause même de cet entremêlement de sentiments et de sensations paradoxaux mélangés entre eux. Colère et tristesse. Soulagement, aussi. Mêlé à un peu de déception. Noeuds indénouables, déjà tout ce bordel sans nom ne faisait qu'intensifier la chaleur soudaine qui s'était attaquée à chacun de ses organes, dévastant tout sur son passage. Et Isiah soufflait sur les braises, de plus en plus fort. Alimentait ce brasier de son cynisme et de sa perfidie, terrassant toujours un peu plus le peu de calme dont elle aurait pourtant pu faire encore preuve. La rage la serrait à présent entre ses bras puissants, tout contre son coeur. Elle étouffait sa raison et détruisait cet attachement qui aurait pu nuire aux défenses qu'elle déployait en cet instant. Se fermer, barrer ce chemin à son coeur qu'Evan avait pourtant emprunté sans même le savoir. Sans qu'elle-même ne s'en rende compte, en réalité. À présent seule cette haine demeurait présente, embrassait ses blessures et les pensait une fois qu'elle s'extériorisait par ces mots difficiles à écouter, mais encore plus à entendre. Violet se recula un peu, pourtant, tournant finalement le dos à Isiah afin d'essuyer ses bras trempés de caféine après avoir posé l'agenda loin de lui. Passer ses mains sous l'eau. Se calmer, juste un peu. Le répit de quelques secondes loin de lui, quelques secondes où elle se guérissait. Mais déjà elle l'entendait de nouveau crier, hurler. Dévaster. Alors, violemment, elle se retourna, répondant sur le même ton que lui, peut-être même plus agressif. « Ouais, ou peut-être qu'il s'est malencontreusement ouvert tout seul et qu'il a malencontreusement tourné ses propres pages et que tu as malencontreusement posé ton regard dessus ! Te fous pas de ma gueule Isiah c'est bon, t'es irrespectueux, t'en as rien à foutre des autres et de ce qu'ils peuvent penser ! Si mon avis n'avait compté ne serait-ce qu'une seule seconde pour toi tu n'aurais même pas osé le toucher ce putain d'agenda ! T'aurais même pas du oser le toucher ! » Le regard vif, posé sur lui. Empli de haine et de douleur, mélange détonnant qui bien souvent n'amenait à rien de bon. Collins se laissait aller à ses sentiments bien trop importants pour le petit corps frêle et vulnérable qu'était le sien. Comment était-ce possible de ressentir tant de chose en quelques secondes seulement ? Jamais elle ne pensait avoir été en colère aussi intensément, contrôlant par habitudes ses émotions bien mieux que quiconque. Pourtant lui la défiait, encore, toujours. Et lui faisait découvrir une partie de sa personnalité qu'elle avait ignorée jusque là. Cette partie sombre mais incroyablement délicieuse. Ôter le masque et devenir un prédateur, rien d'autre qu'un animal marchant à l'instinct de survie. C'est ainsi qu'elle agissait en cet instant. Protégeant ses terres, ses secrets et sa vie. Le protégeant lui aussi, inconsciemment, quand bien même l'avouer lui aurait été difficile. Quitter un personnage pour en devenir un autre. Jeu perpétuel, maître d'un théâtre aux décors qu'ils avaient tous deux montés de toutes pièces. Installations précaires qui aujourd'hui s'écroulaient sous leurs yeux indifférent. Qu'importe. Ils redeviendraient ainsi ce qu'ils avaient toujours été supposé d'être jusque là l'un pour l'autre. Deux simples étrangers.
Redevenir un prédateur. Attaquer de toute part sa proie et écorcher à vif ce coeur. Le maintenir entre ses griffes, et le blesser. C'est ainsi qu'elle lui répondit une nouvelle fois, sans grande réflexion. Impulsivement. Guidée aveuglément par ce qu'elle ressentait. Le besoin de ne pas s'écraser, le besoin d'exister face à ces paroles bien plus lourdes de sens qu'en apparence. Tout n'était que superficiel, artificiel. En donner le plus possible à son spectateur, faire briller son regard alors que la réalité de ses sentiments était tout autre. Ainsi Violet essuya-t-elle rapidement l'unique larme qui s'échappa de ses yeux pourtant déjà embués. Ne pas lui montrer ses faiblesses. Il n'en deviendrait que plus menaçant. Combat à mort dans lequel ils se retrouvaient tous deux ; le premier vacillant étant désigné malheureux perdant. Et elle ne voulait pas perdre. Pas face à cet homme qui ne la respectait pas, pas face à ce voyeur qui n'en avait que faire de ce qu'elle pouvait ressentir ou penser. Il n'était qu'égocentrisme, amas d'égoïsme et de violence injustifiée. C'est ce dont elle essayait de se convaincre, difficilement. Parce que malgré le peu de délicatesse dont ils pouvaient faire preuve l'implicite de leurs mots représentait tellement plus. Tellement plus qu'un peu de haine et de colère. Un peu d'attachement et d'inquiétude. Et les prochains mots d'Isiah ne vinrent que confirmer cette hypothèse. Il s'inquiétait pour elle. Cependant Collins ne voulait pas l'entendre, avait peur de l'entendre. Elle ne retenait que la surface noircie de douleur, ne souhaitant pas s'aventurer en un terrain aussi dangereux que pouvait être celui de deviner ce qu'il signifiait vraiment. Ainsi se retrouva-t-elle à nouveau, à lui répondre instantanément après ses derniers mots. « Comme tu peux l'observer niveau foutage de gueule je suis au maximum là. » À peine eut-elle achevé ses mots que déjà lui renchérissait. À celui qui frapperait le plus fort. À celui qui ferait le plus mal. Lilianna voulut lui répondre tandis qu'il faisait une courte pause mais n'en eut pas le temps. Encore il débitait ce nombre de mots incalculables. Pourtant deux seuls retinrent son attention. Gosse. Frère. Respiration saccadée. Violet déglutit à plusieurs reprises et dut s'appuyer contre le plan de travail à ses côtés pour ne pas flancher. Gosse. Frère. Déjà les larmes revenaient en masse dans ses yeux perdus dans le vide. Déjà son coeur semblait lui échapper tant la douleur était immense. Elle ne voulait pas le croire. N'y croyait pas. Se persuadait qu'elle avait mal entendu, ou mal compris. C'était impossible. Tremblotante, elle resta ainsi quelques secondes. Peut-être quelques minutes, qu'importe. Ebranlée par ce qui ressemblait de près à une révélation qu'elle n'aurait pourtant jamais voulu savoir. Ses idées s'entrechoquaient déjà violemment dans son esprit alors qu'elle semblait perdre pied. Se déconnecter de la réalité, quelques instants. Tant de choses se bousculaient mais pourtant rien n'avait de sens. Tant d'incertitudes et de doutes. tant de souvenirs et de souffrance. Elle fut incapable de répondre. Il avait gagné. Il avait gagné et déjà se rapprochait d'elle, un peu trop à son goût. Secouée de violents sanglots, elle s'évertua pourtant à garder ses larmes là où elles étaient. Cependant les prochains mots d'Isiah furent de trop. Et déjà le liquide lacrymal roulait sur les joues, implosion, avalanche de sentiments qu'elle pensé avoir refoulé et enterré depuis bien longtemps. Lilianna redressa le regard tant bien que mal vers Evan, le plantant dans ses grands yeux. Innocente gamine perdue. Voilà ce qu'elle était. Incroyablement vulnérable. Pourtant déjà elle tentait de se remettre d'aplomb, se dressant sur ses deux jambes qui menaçaient de lâcher à chaque instant. D'un revers de la main, elle essuya ses larmes. Remettre le masque. Redevenir intouchable. C'est ce qu'elle tenta de faire, répondant pourtant d'un ton relativement calme. « Je ne t'ai jamais demandé quoi que ce soit, c'est toi qui m'as embarqué dans tes combines comme tu le dis si bien. Pourquoi ça a de l'importance, hein ? Je ne comptais pas te le dire. Mais que ce soit ton frère un curé où un tueur en série, qu'est-ce que ça change ?! » Pas un mot de plus, et déjà il se retournait, l'abandonnant au milieu de ses mots qu'elle n'avait pourtant pas achevé. Il fuyait. Il fuyait et ne l'écoutait pas. Soudainement reprise de cette colère qui l'avait fait perdre le contrôle quelques minutes auparavant, Violet le rejoignit et vint s'intercaler entre lui et la baie vitrée, lui envoyant ses mots en pleine figure d'un ton agressif. « Qu'est-ce que ça change hein ?! Vas-y, dis-le ! Dis-le moi ce que cette putain d'information changera à ton train train quotidien, celui où je n'existe pas ! Dis-le à haute voix ! Je suis sûre que t'es même pas conscient de ce que tu dis et de pourquoi t'es énervé. Je voulais pas te le dire parce que ça compte pas ! C'est pas censé compter. Est-ce que ça compte ? Est-ce que c'est important ?! » Le fusiller du regard. Collins hésita un instant, détournant le regard une fraction de seconde. Avant de reprendre ses mots en lesquels elle ne croyait pas elle-même. « Non ça compte pas parce qu'on est rien ! Tu sais pas ce qui s'est passé, t'as aucune idée de qui je suis et des réels faits, et vu l'état dans lequel tu te mets quand tu apprends quelque chose sur moi il vaut mieux que tu restes ignorant ! C'est justement pour ça que je te l'avais pas dit, regarde toi sérieusement ! T'es violence et connerie mélangées, tu cherches même pas à comprendre. » Achevant ses mots, elle soupira et se détourna finalement d'Isiah, retournant ramasser les bouts de la tasse éparpillés quelques mètres plus loin. Lunatique à souhait. Peut-être un peu trop. Déjà se retrouvait-elle beaucoup plus calme bien que toujours énervée. Pourtant la réaction d'Evan face à ces mots tranchants viendrait peut-être ranimer l'animosité dont elle venait de faire preuve...
E. Isiah Burroughs ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Dim 20 Jan - 21:08
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret.
Anger is an acid that can do more harm to the vessel in which it is stored than to anything on which it is poured.
Un jeu dangereux, un jeu macabre auquel ils s'adonnaient tous deux. Tout ça pour quoi ? Il avait bien une réponse qui rôdait quelque part, perdue, enfouie sous des monticules de douleur et de violence. Isiah était comme tout le monde après tout, un peu pommé, perdu entre les zones d'ombre de sa propre existence, bien trop porté sur ce qui était bon mais encore plus sur ce qui ne l'était pas. L'alcool, la drogue, la clope, le sexe, des choses en somme légales tant qu'elles étaient consommées avec modération, ce que bien évidemment il ne faisait pas et ne ferait certainement jamais. Se limiter ? Pourquoi faire. La frustration d'être né humain n'était donc pas suffisante ? Il fallait qu'on lui impose règle et savoir-vivre, étiquette scandant sa liberté, bienséance brûlant ses ailes. Le joueur de poker voulait de la violence. Il voulait de l'éclat, du rouge, des cris. Vie, vibration, frisson, sursaut avant que ne survienne l'explosion la plus incroyable qu'il soit. L'apathie avant de monter là-haut. Paroxysme de cette absolution qu'ils n'atteindraient pas en se comportant tous deux de la sorte. Et les mots qui claquaient toujours aussi violemment dans le petit matin. Evan n'en pouvait plus de cette vie insipide qui passait lentement, inexorablement, ce fait souligné par les paroles de la locutrice de plus en plus sarcastique. Le couperet tombait, s'abattait rudement, comme les petites secondes de sa vie s’égrainant comme de la poussière, le château de sable de son existence qui tombait en morceau, qui s'effaçait au profit des autres. Toute sa destinée était bâtie sur une seule ligne qui se déroulait devant lui comme du parchemin, et qui se consumait à vue d’œil, à chaque pas engagé dans la clameur environnante de la rue qu'il ne connaissait que trop bien. La colère pour seule compagnie, partout tout le temps, à toutes les sauces, comme pour se protéger d'autrui, se protéger de ce qu'il était réellement. Il avait peur de ne pas assez vivre, mais encore plus peur de vivre. Véritable paradoxe contre lequel il luttait chaque nouveau jour qui se levait et ce depuis plus d'une décennie. Il savait où pouvait conduire toute sorte d'excès, il avait vu les ravages de la folie meurtrière, avait goutté à un grand nombre de paradis artificiels. Aujourd'hui, il tentait de lutter contre tout ça, mais il devait se rendre à l'évidence ce n'était pas gagner d'avance, loin de là même. D'ailleurs, à en juger par l'attitude de Violet c'était même tout le contraire. Une fois de plus, il s'était enlisé dans une situation impossible, dont il n'était pas prêt de pouvoir ressortir. Pour quoi la prenait-il, excellente question qui lui demanda quelques demies-secondes de réflexion, afin de trouver la réponse adéquate. « Et bien si la petite fille pourrie gâtée s'estime heureuse alors c'est parfait, que demande le peuple après tout ? Bien que je me dise que la petite bourge puisse trouver bien mieux comme jouet, quelque chose d'un peu plus... à sa portée et pas une raclure de fond de tiroir... Pour quoi je te prends ? Pour ce que tu es rien de plus. Une gentille femme, bien sous tous rapports non c'est pas ça ? A moins que je me sois trompé sur la personne... » ajouta-t-il tout aussi perfide qu'elle ne l'était. Le geste accompagnant la parole. Du bout des doigts il se frotta le menton, l'air suffisant, lui crachant à la figure son sourire le plus hypocrite. Provoquer la colère de l'adversaire, le titiller, puis au moment le plus opportun frapper fort, porter le coup de grâce. Frapper assez fort jusqu'à ce que ne tombe à bas le joli masque, pour dévoiler quelque chose d'un peu moins reluisant. Tous les moyens étaient bons, tous les coups étaient permis en cette minute, surtout les plus bas, afin de s'assurer une victoire par K.O irrévocable. Et quand bien même l'ennemi se relèverait, il suffirait juste de l'achever à même le sol. Isiah semblait bien partie grâce à cette intrusion dans la vie de Violet via son agenda. Un bout de carton rectangulaire, rempli de pages. Qui aurait pu croire qu'un si petit objet, que quelque chose d'aussi insignifiant, puisse ainsi jeter de l'huile sur le feu, faire embraser la poudre, dans un accès, dans un éclat que celui provoqué par un scandale, par un abus d'insolence. Violence latente que laissait présagée les paroles prononcées, lancées sans le moindre état d'âme. A quoi bon, les états d'âme ne sont bons que les gens qui se sentent concernés par un problème et ce qui se tramait ici, en ce moment même, n'en était pas un. C'est du moins ce dont il tenta de se persuader avec force, en essayant de ne pas ciller sous les coups meurtriers que lui portait la brune. Parer les attaques se voulant de plus en plus meurtrières, encaisser pour pouvoir mieux les renvoyer.
« Ouais j'en ai rien à foutre des autres, tellement rien à foutre que c'est justement pour ça qu'on parle d'un truc dont on n'est pas censé parler. Je trouve que t'as une notion assez subjective du respect, mais bon je ne suis certainement pas le mieux placé pour parler de ton éducation ! C'est vrai que tu es tellement parfaite et tellement irréprochable Violet que tu peux te permettre de me balancer un truc pareil en pleine poire ! » La rage commençait à faire son travail de fourmi dans ses veines, au creux de son ventre, avançant à un rythme effréné, pour finalement exploser dans sa tête. Il serra d'autant plus les poings. Craquement sinistre de ses phalanges blanchies qui menaçaient de se rompre et commençaient à réclamer leur dû. La colère l'étourdissait presque, l'enveloppait de son velours de fer pour peu à peu s'emparer de sa raison. Ne comptait plus qu'une chose, le résultat de cette joute verbale, et il avait plutôt hâte de le voir ce résultat, de pouvoir compter les points et récupérer les objets, les membres perdus en cours de route. Ramasser sa fierté mal placée et mise à mal, son cœur en lambeaux puis ensuite trouver une colle assez efficace pour pouvoir réparer tout ça. Même les larmes de la brunette ne furent pas suffisante pour apaiser sa colère, faire stopper le flot quasi incessant d'acidité qu'il vomissait gratuitement. Pourtant, quelque part, au fond de lui, il en vint à se dire qu'il était allé trop loin, qu'il avait franchit une porte par laquelle il n'aurait jamais dû passer, que tout ceci ne relevait pas de son autorité et que cela ne le concernait en rien. Il aurait dû, mais il était légèrement tard pour pouvoir faire machine arrière. Peut-être aurait-il fallu se poser la question avant de faire intrusion dans ce stupide agenda, avant même de vérifier que Violet ne se trouvait pas dans les parages, avant de s'énerver tout seul dans son coin suite à cette découverte qu'il n'arrivait pas qualifier, à classer. Tout ça n'avait aucun sens à bien y regarder. Tout ça n'aurait pas dû avoir lieu, n'avait pas sa place dans leur « relation ». Parce que c'était ça le contrat, ne pas poser de questions, se contenter de jouer, d'être un leurre, une illusion, un bluff, comme tous les coups qu'ils avaient pu faire ensemble. Ils étaient tant et si bien entrés dans la peau de leur personnage, qu'il semblait compliqué de pouvoir en ressortir indemne, de ne pas se racler la chair contre les chaînes qui les retenaient à présent prisonniers. « C'est moi qui t'ai embarquée ? Je t'ai jamais forcé que je sache et puis t'es majeure et assez mature pour pouvoir dire non, lorsqu'on te propose quelque chose il me semble ! C'est tellement facile de rejeter la faute sur autrui ! Ça aurait changé quoi ? Ça aurait changé qu'un tueur en série ou bien un foutu curé de mes fesses c'est pas mon frère... T'as pas l'air de saisir... Je sais pas de quelle nature a pu être votre relation et je veux pas le savoir. Mon frère quoi, merde ! ».
D'accord elle ne pouvait pas savoir que Sonny était son frère, mais cela ne changeait rien au problème. Il se sentait mal et il n'arrivait pas vraiment à savoir pourquoi. Regardant le paysage, il tenta de faire redescendre la pression. Les passants dans la rue qui allaient et venaient en tous sens, n'ayant pas conscience de se faire épier. Tous ces gens qui s'activaient lui donnèrent le tournis. Vision qui fût bien vite cachée par Violet revenant à la charge. Il ne put que remarquer et apprécier sa ténacité. La morsure violente des paroles de cette dernière le laissèrent une fois de plus sur le carreau, mais il ne pouvait pas s'avouer vaincu aussi rapidement. La porte ouverte à toutes les fenêtres. Ce n'était pas censé compter, mais il devait se rendre à l'évidence. Il avait beau faire comme si de rien n'était, comme si les mots glissaient sur lui sans jamais le heurter réellement, il n'en était rien. On avait pourtant dit de ne pas jouer avec le feu et de se contenter du rôle écrit noir sur blanc sur le papier. Nulle improvisation n'aurait dû intervenir. Trop tard, le mal était fait. A lui de faire en sorte de ressortir sans trop de pertes et fracas de ce merdier sans nom. « Tu veux le savoir ce que ça change ? Hein tu veux vraiment le savoir ? Ok, bah je vais te le dire ce que ça change. Je suis peut-être qu'un sombre crétin doublé d'un égoïste, mais je suis pas complètement irresponsable. Si j'avais su que la vie de quelqu'un d'autre entrait en ligne de compte il est clair que je me serais contenté d'un verre, d'une seule partie à la limite ! Ouais, ouais putain c'est important du coup ! » Loin, elle partait loin dans l'animosité. L'air était frappé de coups de fouet qui meurtrissait sa chair au fur et à mesure des pics qu'elle lançait à son encontre, dans sa direction. Violence et connerie, boule de nerfs, le cran de sûreté sauta au moment où il plaqua contre la baie vitrée. Ton glacial, tandis qu'il essayait de se contrôler et de ne pas lui faire mal. Ce n'est pas ce qu'il souhaitait, alors il se recula. D'ailleurs il ne savait plus très bien ce qu'il souhaitait en cette seconde, sauter par la fenêtre, l'embrasser, claquer la porte, la faire passer par dessus la fenêtre... « Je cherche pas à comprendre, parce que t'as pas essayé de m'expliquer ! Je sais pas ce qu'il s'est passé c'est vrai, et je vais pas chercher à en savoir plus, parce qu'à partir de maintenant tout ça c'est terminé. Comme tu le dis, on est rien, alors autant arrêter ce rien au plus vite, pendant qu'on le peut encore. » Les mots de l'un comme de l'autre sonnaient creux, dans un bruit de rouages caduques. S'imaginer ne plus fréquenter Violet fût bien plus douloureux que ce à quoi il s'attendait. Inspiration forcée, expiration. Pas son genre de s'excuser, en silence il se posta aux côtés de la jeune femme et l'aida à ramasser les morceaux de la tasse. Une valse de questions tourbillonnait dans sa tête et malgré toutes les paroles prononcées quelques instants plus tôt, l'une d'entre elle parvint à franchir la barrière de ses lèvres sans qu'il ne puisse la retenir. Brûlure qu'il sortit un peu comme ça, sur le fil du rasoir, d'un ton qui se voulait le plus neutre possible. Contradiction de celui qui ne voulait soit disant rien savoir, mais qui mourrait pourtant de connaître un bout de la vérité. « Où est-ce qu'il est cet enfant Violet ? » Nouvelle intrusion qui lui vaudrait sans nul doute de se faire jeter tout aussi rudement que la première fois. Son regard vert capta celui de la principale actrice de cette tragique scène. La tempête qui avait fait rage chez lui semblait se calmer, mais pour combien de temps ?
∞everleigh
L. Violet Collins ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Lun 21 Jan - 14:16
Appartement de Violet ◈ E.Isiah Burroughs et L. Violet Collins
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret
insi les choses devaient-elles s'envenimer de cette manière ? Quelques mots balancés dans le vide ? Jetés à la figure. Jetés parce qu'ils voulaient tous deux s'en séparer, de ses mots. Reflet d'une vérité qu'il ne connaissait réellement ni l'un ni l'autre. Surface de l'eau. Brillante. Impressionnante. Et ce visage, ce portrait, qui peu à peu se dessinait sur le liquide supposé être transparent. Miroir, traits dessinés et inventés de toutes pièces par un interlocuteur peu objectif. Pourtant ni l'un ni l'autre ne semblait prêt à plonger. La tête la première, se laisser happer par ces profondeurs mystérieuses mais pourtant si inquiétantes. Sans fond. Jamais. Toujours retrouver quelque chose, toujours s'engouffrer plus profondément. Cependant aucun d'eux ne bougeait. Se contenter de la surface. Et lancer ses mots, oui. Faire en sorte qu'ils ricochent, écorchent à peine ce visage non très glorieux. Paraître indifférent. Encore, toujours. Et en cet instant même il valait en réalité mieux que ni l'un ni l'autre ne s'attarde sur le réel problème. Parce qu'il était bien plus complexe que cela, bien plus intense, bien plus inexplicable. Peut-être même trop. Trop, trop. Explosion. Implosion. Un peu des deux, en réalité. Tandis que son corps lui se décomposait méticuleusement à chaque nouveau mots, ses cris faisaient part de cette douleur. Et déjà les fin fonds de son être s'obscurcissaient dangereusement, noircis et salis par ces mots, qui, toujours s'immisçaient dans son être tandis qu'elle tentait de ne pas laisser son visage faire de même. Cependant elle n'y voyait plus rien. Rien du tout, sauf les ombres et les tableaux aux tons bien peu familiers. Foncés. Ainsi ne parvenait-elle pas à démêler le pourquoi du comment, répondre à ces questions qui étaient pourtant la cause même de ce changement soudain de comportement. La colère l'aveuglait, l'empêchait d'observer assez soigneusement pour déceler ces réponses tant attendues. Elle n'en avait pas. N'en avait plus. Et, inconsciemment, ne voulait pas en avoir. Ne pas comprendre. Rester ignorante. Parce qu'il en était mieux ainsi. Ne pas trouver ce dont elle était effrayée, mais qui pourtant à chaque instant lui rappelait une fatalité qu'elle ne pouvait pourtant ignorer : elle tenait à lui. Malgré ce peu de paroles, ce peu de mots qu'ils s'échangeaient habituellement. Tout du moins ce peu d'importance. Isiah était l'insouciance. Il l'avait toujours été. Et elle l'embrassait cette insconscience. Souhaitait la garder contre elle envers et contre tout. Alors pourquoi diable se comportait-il ainsi aujourd'hui ? Lui perdait ce qui avait pourtant attiré Violet dans ses bras. Et elle le perdait lui. Le voir retirer son masque, le temps d'un instant. Une fraction de seconde. Avant qu'il n'en prenne un autre. Bien plus menaçant. Bien plus perfide. Dispersion d'acide et de venin, répandre à feu et à sang le peu de bases qu'ils avaient pourtant déjà. Et, étant pourtant à ce moment toujours calme, déjà Lilianna pouvait sentir toute cette étrange entreprise se mettre en place en elle sans qu'elle ne puisse réprimer quoi que ce soit. À son tour de changer de rôle. Et elle, n'envenimait pas non. Elle préférait détruire directement. Ainsi l'attaquait-il de cette manière ? Soit. Elle en ferait de même. « Et la raclure de fond de tiroir, que demande-t-elle ? Un peu plus de fric peut-être ? Puisque visiblement c'est tout ce qui l'intéresse. L'argent. Qu'elle ne s'en fasse pas, je peux lui en donner sans problème ! S'il faut l'acheter pour qu'elle s'attendrisse alors soit. Je reconnais qu'elle a gagné ! Je me suis fait avoir comme une débutante ! Félicitations. Tu veux combien en récompense au juste ? Oh pitié ne joue pas à la victime Isiah. J'en verserais presque une petite larme, si seulement tu avais été crédible ne serait-ce qu'un seul instant. Quant à mes autres jouets, ne t'en fais surtout pas à ce sujet. Tu es loin d'être irremplaçable. Et je suis navrée de ne pas être que ce putain de fantasme que t'avais sûrement de te taper une fille blindée de fric jusqu'aux os qui n'a rien d'autre dans la vie que son cul et ses fringues cousues sur mesures ! J'aurais mieux fait de me lancer dans la charité, ça m'aurait évité de rencontrer des gens aussi avares que toi. » Interprétation non très glorieuse qu'elle ne put s'empêcher de faire. Elle avait commencé à parler d'argent. Lui avait renchérit. Et peut-être était-ce une des choses qu'elle ne supportait que très mal. Qu'on établisse un portrait d'elle à partir de sa fortune. Elle l'avait rencontré parce qu'elle tentait, justement, d'échapper à cette prison dorée qu'on avait choisi pour elle à sa place. Un peu de liberté. Juste un peu, le temps d'un instant, vivre. Avec le plaisir et les risques. Et aujourd'hui Collins se brûlait avec le retour de cette flamme qu'elle avait pourtant tant désiré. Le jeu. Le jeu, c'était tout ce qui était supposé compter. Rien d'autre ne devait rentrer en ligne de mire. Ni son argent. Ni son passé. Ni son attachement.
Penser guérir le temps de quelques secondes. Calmer les ardeurs de ce feu brulant lui lacérant la peau en passant cette dernière sous l'eau. Douche froide. Qui ne lui fit pas de mal, apaisant le brasier un infime instant. Presque inexistant, en réalité. Déjà lui l'attaquait de nouveau et elle lui répondait. Ranimer les flammes, encore, toujours, intensité difficilement contrôlable ébranlant toute certitude et toute lucidité. Il en était toujours ainsi à ses côtés. Perdre la raison. L'oublier, l'enfouir entre coeur et douleur. Sentiments contradictoires, qui, toujours, ne faisaient qu'accentuer la souffrance, rendant celle-ci bien dure à supporter. Cependant elle ne flanchait pas. Son regard, jamais, ne quittait celui d'Isiah. Ne pas rompre cela. Jamais. Au risque de cette fois-ci défaillir pour de bon. Aussi étrange cette hypothèse puisse-t-elle être, les yeux de ce dernier semblaient l'aider à tenir autant qu'ils la tiraient vers le bas, maintenant un certain équilibre entre ce qu'elle ressentait et ce qu'elle voulait. Peut-être parce qu'eux voulaient bien lui dire la vérité. Lui avouaient ce que les mots ne parvenaient pas à expliciter, la confortaient d'une certaine manière. Bienveillance cachée mêlée à ce besoin de détruire qui ne faisait qu'accroître celui qu'elle ressentait réciproquement. Cercle vicieux, sans fin. Ils tournaient en rond, autour du même point sans jamais s'en approcher réellement. Aucun but, aucun réel objectif si ce n'était celui de garder la tête haute. Et chacun se battait bec et ongle pour parvenir à ses fins. Toujours ils renchérissaient tour à tour, frappaient plus fort, plus intense, se fatiguaient dans un combat qui n'était pourtant pas censé leur appartenir, mais qu'ils menaient tout de même. Blessée dans leur chair et dans leur coeur, lacérés au nom de ce que justement, ils n'osaient ni l'un ni l'autre nommer. Cet attachement. Cet attachement qui en cet instant détruisait sans pourtant n'avoir jamais rien construit auparavant. L'attaquer sur son éducation. Un autre point sensible qu'il semblait déjà avoir compris. Déstabilisée, juste un peu par ses nouveaux mots, Lilianna reprit pourtant, toujours aussi agressivement. « Mon éducation ?! Mon éducation ?! Sérieusement ? T'as pas autre chose en stock que de parler d'une chose dont tu ne connais rien, d'une personne dont tu ne connais rien ! Parce que non tu ne me connais pas, et je veux pas que ce soit le cas putain ! Ravie d'apprendre d'entre tes lèvres que tu me trouves parfaite, il faut au moins qu'un de nous deux équilibre la balance ! Pourquoi on en parle alors ?! Non pardon, pourquoi TU en parles ? C'est toi qui as lancé le sujet, alors allons-y, parlons ! Ha oui non c'est vrai, tu préfères hurler. Désolée pour la méprise. » Perfidie. Attaquer par des mots qu'elle ne pensait aucunement mais que son corps lui hurlait pourtant de prononcer. Glisser entre ses lèvre le mensonge, le laisser se répandre, et laisser libre court à l'imagination de son interlocuteur pour l'interprétation quand bien même ses paroles soient assez explicites. Elle n'en pensait rien. Pourtant ce besoin irrépressible de le voir souffrir ne serait-ce qu'un instant comme elle souffrait dévastait tout, sa conscience comme sa compassion, son calme comme sa raison. Déjà cette rage avait détruit son fort intérieur, commençant par son esprit encore expansif suite à la soirée précédente, s'attaquant de toute part à ce qu'elle essayait pourtant encore de préserver, ce coeur, ultime refuge de ses sentiments et de ce brin d'attachement qu'elle pouvait bien éprouver à son égard. Ne pas devenir une machine face à lui. Et jouer sur ce qu'il ressentait. Les dégâts n'en seraient que plus importants. Elle préserverait ce qu'elle souhaitait sauver. Et ce qu'elle voulait garder, à tout prix, c'était ce qu'elle ressentait. Pour lui. Pour tout. Même si jamais elle n'osait se l'avouer.
Chasser cette peine, chasser cette tristesse d'un revers de la main. Cela ne servait à rien, si ce n'était lui prouver qu'il gagnait. Pourtant, le regard toujours posé sur Evan, Violet put remarquer qu'il ne cilla pas un seul instant même face à ses larmes. Constat qui lui valut un pincement au coeur. Ainsi semblait-il rester indifférent face à ce qu'il détruisait. Il la détruisait elle. Par ses mots, tant de haine, tant de rage face à laquelle jamais elle n'avait réellement été confrontée. Pourtant jamais Collins n'avait détesté quelqu'un à ce point tout en voulant le garder avec elle aussi intensément. Contradiction. Contradiction, encore, toujours. Les mots s'entrechoquaient, ricochaient, qu'importe, il finissait toujours par arriver à un but qui n'était pourtant pas foncièrement celui de son interlocuteur : blesser l'autre. Cependant tous deux s'évertuaient sans vraiment savoir pourquoi à se blesser respectivement alors que le problème était tout autre. Le problème était eux, eux-mêmes. Trop expansifs, partout. Trop attachés aussi peut-être. Pourtant ni l'un ni l'autre ne voulait l'entendre. Se cacher, se protéger. Derrière tant d'orgueil et de sarcasme qu'il semblait à présent difficile de discerner le cynisme du sérieux. Difficile de discerner ce qu'ils ressentaient réellement de ce qu'ils disaient. Et chacune de leur réponse renvoyait successivement à la précédente. Accumuler les arguments pour faire tomber l'adversaire, quand bien même la vision de sa chute puisse être douloureuse. C'était elle ou lui. Tout du moins c'est ce qu'elle pensait. Sur la défensive. Encore se sentir attaquée par ces mots à juste titre, encore riposter par de pires horreurs. « Et crois-moi Isiah qu'en cet instant même j'aurais préféré pouvoir dire non ! J'aurais préféré me casser, et ne plus jamais te revoir ! Ca m'aurait au moins évité de perdre mon temps. Ton frère, ouais, ton frère. Tu crois que ça me fait rien à moi peut-être d'ailleurs ?! Si ça peut te rassurer t'es pas la seule personne dans cette pièce à être répugnée. C'est simplement peut-être pas pour les mêmes raisons, visiblement. » Le voir s'éloigner. Encore une chose qu'il n'aurait pas du faire. Et une fois qu'elle fut revenue face à lui, elle reprit. Reprit ses mots, reprit sa haine. Tout accepter sauf la fuite. Tout accepter sauf les lâches. Elle ne put s'en empêcher. Lui poser les réelles questions. Et espérer de réelles réponses. Les réponses lui vinrent, oui. Cependant pas celles à lesquelles elle s'attendait. Et certainement pas celles qu'elle souhaitait inconsciemment entendre. Pourtant elles lui valurent un sourire amusé, provocateur. De ceux qu'on ne peut réprimer. Et déjà elle lui répondait, retrouvant presque instantanément sa colère lorsqu'elle entrouvrit les lèvres. « Arrête un peu deux secondes, je suis pas une gamine que t'as à charge ! Et crois-moi que sa vie entre beaucoup moins en compte que ce que tu peux penser ! » Ne pas achever ses mots. Lui la plaquait contre la baie vitrée et Violet étouffa un petit cri de surprise, plantant finalement son regard dans celui d'Evan, la respiration haletante. Trop intense, oui. En tout cas assez pour que cela devienne physique, et Isiah le prouvait. Alors, ne perdant pas son sarcasme qui depuis quelques minutes déjà guidaient ses mots, elle reprit à mi-voix, d'un ton calme. « Vas-y je t'en prie Isiah, détruis ce qu'il reste. Ça fera peut-être un peu moins mal. » Encore un léger sourire. Toujours perdue dans ses yeux. Il ne ferait rien, elle pensait le connaître assez. Ses mots avaient juste pour but de le faire réagir. Et, inconsciemment, lui faire comprendre que cela comptait. Le coeur serra. Les muscles tendus. Et le regard, juste un peu, embué. Brouillé de ses larmes qui toujours tentaient de percer à travers le masque. Pourtant elle persistait, luttait contre ce flot de sentiment, et parvint non sans mal à garder tout cela pour elle. Rappeler la douleur et la tristesse. Ne laisser que le rôle en premier plan. Le personnage. L'illusion.
Encore des mots, toujours des mots. Pourtant eux furent bien plus difficiles à avaler. Il avait fini par reculer, et Lilianna elle ne lui répondit pas. Pas un seul son ne passa la barrière de ses lèvres. À chacun son tour de prendre la fuite. Et c'est d'ailleurs pour cela qu'elle revint ramasser les restes de la tasse qui elle avait subit les coups de la colère à l'image d'eux deux. Parcourue de frissons, tremblotante, encore. Terminé. Sans vraiment savoir pourquoi ce seul mot l'avait bouleversé au plus profond de son être. Inspirer, expirer. Difficilement elle parvint à réguler ce simple geste. Avant qu'Isiah ne revienne à ses côtés. Elle parvint à rester calme et l'ignora, ramassant les derniers bouts de la tasse avant de venir s'asseoir à même le sol, contre un placard de la cuisine. Les genoux repliés contre la poitrine, le menton posé sur ces derniers. Le regard perdu dans le vide, avant que celui-ci ne vienne rattraper le sien tandis que ses mots parvinrent à ses oreilles. Une nouvelle vague de tremblements. De nouvelles larmes qu'elle laissa cette fois-ci s'échapper de ses yeux verts silencieusement. Réprimer cette envie soudaine de venir se serrer dans ses bras, de l'embrasser, encore, et ne plus jamais le laisser lui échapper. Sécurité et réconfort certains dont elle aurait tant eu besoin en cet instant. Pourtant elle n'en fit rien, soutenant toujours le regard d'Evan. Elle resta ainsi quelques secondes. Immobile. Tentant vainement de se calmer un peu. Faire taire ces sensations qui déjà revenaient en masse la perturber dans les quelques mots qu'elle essayait de prononcer. Pourtant elle finit par y arriver, et lâcha, encore une fois innocemment un simple « Je ne sais pas. » Sa main instinctivement vint se poser sur son ventre nerveusement tandis qu'elle fermait les yeux après avoir soupiré profondément. Un flot d'images lui revint en mémoire, et un son, oui, un seul lui transperça le corps entier d'un long frisson incroyablement douloureux. Le cri de ce bébé qu'elle avait mis au monde. Avant de l'abandonner.
E. Isiah Burroughs ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Jeu 24 Jan - 18:55
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret.
Anger is an acid that can do more harm to the vessel in which it is stored than to anything on which it is poured.
Des mots, toujours des mots, de plus en plus violents ; de plus en plus incisifs, comme si de ces vomissures de part et d'autre en dépendait leur propre survie. Ni l'un ni l'autre ne semblait vouloir lâcher le moindre petit centimètre carré de verdure. Reculer d'un pas serait abdiquer. Aucun des deux adversaires ne semblait être prêt à cela. Plutôt périr que de laisser échapper quoique ce soit, dans cette drôle de farce – condamnation à vivre, unis dans un même souffle, même hurlement, la gâchette au doigt – scène presque ubuesque, où personne ne pensait à rétrograder, à revenir en arrière, tout en reconnaissant que les mots employés, jetés sans vergogne, étaient peut-être un peu démesurés par rapport à la situation. Et puis il était tellement plus simple de hurler que d'écouter, de se cacher derrière ce cri, cette fureur apparente. Hurler aussi fort que possible pour se débarrasser d'un poids, comme pour se laver d'un pêché. Ce poids qui lui accablait les épaules, lui labourait le torse - à coups de griffes – de cette douleur immonde, aussi laide que ces agissements. Nul autre ennemi que lui-même contre lequel il déversait ce flot de douleur et de hargne. Ce n'était pas foncièrement contre Violet qu'il en avait – même si la pilule avait du mal à passer, il s'étranglait presque avec – mais plutôt contre lui. Lui qui était censé faire son « travail » et c'est tout. Lui qui n'aurait pas dû laisser cette porte entrouverte, celle de son cœur, gangrené et bien trop rempli d'horreurs. Parce que c'était ça le réel fond du problème, s'attacher aux mauvaises personnes, au mauvais moment. Répéter les mêmes erreurs. Savoir que c'est mal, mais le faire, et même recommencer, pour les beaux yeux de cette décharge d'adrénaline, pour l'envie naïve de savoir si, depuis la dernière, ça a toujours le même goût. Comme un gosse qui touche une flamme, hurle de douleur, et recommence, en pensant que la seconde fois serait moins horrible. Mais c'est ridicule. Ça fera toujours aussi mal, ça déchirera toujours autant les entrailles, et ce cœur broyé, émietté, que l'on n'écoute pas assez souvent, devra se remettre de cette erreur tant bien que mal. Et quand il sera de nouveau tout beau, tout rafistolé, recommencer ensuite. Retomber dans le panneau, inlassablement, comme cette fois-ci encore. En l’occurrence avec Violet, qui aurait seulement dû rester ce qu'elle était censée être, une cible comme une autre, une mine d'informations, le tout doublé d'un petit bénéfice, un lot de consolation et non pas ce qu'elle était en train de devenir. Stupide erreur de sa part. Qu'était-elle en train de devenir au juste ? Excellente question qui n'eût pour réponse que le flot continu de paroles mortelles de cette dernière. Cette valse outrageante d'insultes n'en finissait plus de tourbillonner, de virevolter en rythme avec la musique de leur deux cœurs qui battaient la chamade. En d'autres circonstances, avec d'autres enjeux, peut-être que la situation aurait pu le faire rire à gorge déployée. Oui sûrement, il aurait pu s'amuser de cette animosité, de cette violence verbale, mais pas là. Directement attaqué, de plein fouet, Isiah ne trouva rien de mieux que de s'enfoncer un peu plus dans une mesquinerie sans nom. « Ouais c'est ça... c'est exactement ça ! La raclure ne demande que ça, parce qu'après tout l'argent fait le bonheur, non c'est pas ça ? C'est bien connu pourtant ! Regardes-toi, tu as l'air tellement épanouie, heureuse et resplendissante en plus de ça, que j'en ai le tournis ! Me taper une fille blindée de fric ne faisait pas partie de mes fantasmes, mais maintenant que tu en parles, je vais peut-être reconsidérer la chose. »
Un jet d'encre, aussi opaque qu'agressif, pour dissimuler ses véritables intentions, se raccrocher au rôle coûte que coûte, même si cela le débinait complètement, refermer d'un coup sec cette satanée porte dont il avait visiblement perdu la clef dans un endroit connu de lui et lui seul, malheureusement il avait beau faire et sonder la surface huileuse de sa mémoire, il n'arrivait pas à remettre la main sur ce maudit objet. Tant pis pour lui. Peut-être aurait-il dû lire plus attentivement les toutes petites lignes du contrat, celles presque invisibles à l’œil nu, notées en bas de feuille. Une feuille qu'il avait survolée, se contre fichant de la tâche qui allait suivre. Aujourd'hui il s'en bouffait les doigts. Pas franchement malin de sa part. Et puis quel piètre indic'. A coup sûr il ne ferait pas carrière dans les renseignements généraux, à en juger par la mauvaise qualité de son travail ou bien par son absence de talent en la matière. Mais peu importe la résultante, l'ancien taulard avait réussit à se duper lui-même ce qui n'était en soi pas si mal pour un début. Isiah essayait de faire de son mieux, en conciliant vie professionnelle et incapacité à faire la différence entre le bien et le mal, à appliquer des lois strictes. De n'importe quelle nature soient-elles. Pactiser avec le diable, la pire chose qu'il ait pu faire de toute sa misérable vie. On lui avait proposé une vie, un « emploi », un toit... Ah, que ça sonnait bien sur le papier, mais dans les faits il en était tout autrement. L'enfer ce n'est pas les autres, non, après mûre réflexion c'était lui et rien que lui. Personne ne l'avait forcé après tout à franchir les neufs cercles de ce paradis doucereux à l'air irrespirable. Tout cela ne menait à rien, si ce n'est sa propre perte, l'anéantissement le plus parfait de son âme déjà pourrie par quelques années d'errance. Décidément il ne faisait bon vivre nul part. Pas dans sa cellule, pas dans son studio tous frais payés, pas dans ce cocon rempli de fils barbelés, pas dans sa misérable vie. Nul part. Pourtant ce n'était pas faute d'essayer, mais quoi qu'il puisse tenter, il en revenait toujours au même point, au même seuil de douleur inextricable. Bien bête il avait été. Penser qu'il pourrait fuir sa vie d'antan, laisser derrière lui la mort, les cris et les coups comme s'il en pleuvait. Violet marquait un panier de plus. L'éducation, qu'en savait-il exactement ? Il connaissait tout aussi bien le sujet qu'il était capable de parler des lois de la physique quantique. Un pauvre crétin s'est tout ce qu'il était. Sa colère pour seul bagage, seulement bon à hurler. Le rôle lui échappait totalement, peu à peu il perdait du terrain et lentement surgissait une envie de plus en plus grande, celle de la faire taire, de lui dire qu'il était désolé, que ce n'est pas ce qu'il aurait voulu, qu'il était forcé d'agir de la sorte. Une fois de plus il ne montra rien, restant stoïque, visage de marbre, seuls ses yeux pouvaient le trahir à l'heure actuelle. Et des mots, des paroles encore, qui n'étaient pas vraiment les siennes, mais qu'il s'entendit pourtant prononcer avec un peu moins de force tout de même : « Tu veux parler ? D'accord on va parler ! Tu as raison, je ne te connais pas, même si je viens d'en apprendre bien plus sur toi en lisant un pauvre bout de papier qu'en plusieurs soirées et plusieurs nuits. Au passage tu m'en vois ravi de pouvoir flatter ton ego qui est visiblement sur-dimensionné ! Non mais sérieusement, qui aurait l'idée de laisser traîner un truc pareil entre « rendez-vous coiffeur » et « acheter du lait » ? Mon frère est au courant ? Laisse moi deviner... non, sinon tu aurais enlevé ce post-it comme on rature un rendez-vous qui vient de passer... c'est tellement banal après tout ! »
Vil, fourbe, il n'en finissait plus de s'enfoncer dans ce dernier cercle qui le mènerait tout droit dans les bras de Satan. Il avait déjà pactisé avec lui, et ce dernier n'attendait plus qu'une chose, qu'il lui tombe dans les bras en rendant son dernier soupir. Toute entité bienfaisante susceptible d'exister en ce bas-monde l'avait abandonné depuis longtemps, trop longtemps, trop tard pour espérer pouvoir revenir en arrière ou bien avoir l'aide de quiconque. Marqué à vif, à jamais, portant ce sceau invisible mais bien présent juste là sous l'épiderme rougi, celui de la bête, nul moyen de s'échapper. Danser avec le diable en personne, s'obstiner à lui faire face, dans un combat inégal, déjà couru d'avance. Les mots, les braises lancées par Violet se fichaient douloureusement sur sa chair ; caresse brûlante, devenant insoutenable au fur et à mesure que les minutes s'égrenaient. Et elle renvoyait la balle à chaque frappe, cognant de toute ses forces en essayant de viser sa tête. Elle y était presque parvenue. Le cœur n'y était plus vraiment en cette seconde, surtout pas devant la vision qui s'offrait à lui. Ce visage brouillé de larmes, son cœur lui criait de la consoler, tandis que sa tête lui intimait tout et son contraire. La raison l'emporta, car il ne pouvait se résoudre à abandonner la lutte. Monstre de froideur, le natif de Londres continuait lui aussi à déverser des tonnes d'immondices devant le palier de la jeune femme, abandonnant sa matière grise quelque part dans un coin putride pour se laisser guider uniquement par la colère qu'attisait le venin de Violet. « C'est bizarre parce que c'est pas ce que tu disais il y a encore quelques heures ! » Peu importe les raisons invoquées par chacun, peu importe tout ça. Las de parler pour ne rien dire, il s'en était allé pour se perdre dans la contemplation d'autres horizons. Contemplation qui ne dura que le temps d'un battement de cils, avant que ne vienne à nouveau se ficher dans son cœur, sous sa peau, cette flèche douloureuse, celle de la fureur. Une question de douleur ni plus ni moins. Résister, envoyer valser à grands renforts de coups de pied cette tendance à s'emporter, à vouloir tout réduire en miettes sur son passage. La jeune femme ne cilla à aucun moment, le défiant même du regard, ce même regard pourtant qui semblait l'implorer en silence. En finir une bonne fois pour toute, cela serait certainement moins douloureux, Violet avait raison. Se briser à jamais ou briser une « inconnue », pour se libérer, évacuer toute cette frustration serait sûrement bien moins lancinant que de continuer à s'enfoncer dans ce merdier, dans lequel il avançait lentement mais sûrement. Bien moins douloureux oui. D'ailleurs, il s'en faudrait de peu pour qu'il ne lâche prise, la vision des yeux de plus en plus embués de la brune lui déchira le cœur de part et d'autre. Bataille une fois de plus entre les deux parties de son cerveau, bataille faisant rage à l'intérieur. Laquelle de ces deux parties l'emporta, impossible de le dire, toutefois il relâcha presque aussitôt Violet en se retenant de la sommer d'une douce parole. Isiah avait tué un être humain de sang froid pour moins que ça. Un être humain certes, mais pour lequel il n'avait rien éprouvé du tout. Une purée se formait petit à petit dans son crâne, bouchant plus ou moins ses connexions neuroniques pour le laisser en proie à l'égarement total. Instant durant lequel elle en profita pour s’éclipser, prenant la fuite sans demander son reste, au cas où un nouvel accès de colère ne s'empare de lui. Son désarroi pour compagnie l'espace de cinq secondes à peine. On l'avait compris le joueur de Poker se sentait perdu, désemparé, en colère contre lui-même et aurait été bien incapable de savoir pourquoi. La réponse se trouvait juste là sous son nez. Rien de plus simple, de plus facile à deviner et pourtant... et pourtant.
Ses nerfs sur le point de se rompre comme un élastique trop tendu, Isiah fit un large effort pour revenir auprès de Violet. Cela ne lui ressemblait guère, mais il semblait avoir conscience qu'il devait se faire pardonner. Pour tout un tas de raisons. La première et pas des moindres parce qu'il avait fouiné dans la vie de cette dernière, par « obligation » et devait maintenant se justifier sur cet acte qu'il ne pouvait pas expliquer en termes clairs. Ne lui restait plus qu'à emprunter des chemins scabreux, à invoquer une sombre raison ; inverser la tendance, retourner le problème et noyer le poisson. Invoquer une raison donc... non, à quoi bon ? Il venait de passer pour un enfoiré sournois, pas la peine d'en rajouter une couche. Comme si de rien n'était, comme si la scène précédente n'avait jamais eût lieu ailleurs que dans leur esprit torturé, Isiah lui posa une question, peut-être LA question à ne pas poser, l'air de rien. Non pas un moyen d'obtenir plus d'informations, juste un moyen de satisfaire cet intérêt qu'il portait à la jeune femme. Malgré tout ce qu'elle pouvait penser, malgré l'image qu'il renvoyait, il s'inquiétait pour elle. Mettre au monde un enfant, ne jamais en parler, n'avoir jamais évoqué son existence, il y avait forcément anguille sous roche après mûre réflexion. Laissant de côté sa propre rancœur, Isiah se rapprocha de Violet, vint s’asseoir à ses côtés, doucement. Toujours cette hésitation au creux de l'estomac, puis il baissa carrément les armes. Lentement, il passa un bras autour des frêles épaules de la brunette et dans un souffle osa demander : « Comment ça tu ne sais pas ? ». Peut-être n'était-il qu'un arriviste, doublé d'un hypocrite, mais pour l'heure il se montra sous un autre jour. Celui de l'homme inquiet, soucieux d'autrui. Sa véritable nature. Une épaule secourable, des bras protecteurs qu'elle était en droit de repousser, mais peu importe, il se laissa aller à l'instinct. De sa main libre - du bout des doigts – il sécha les sillons laissés par les larmes qui continuaient de perler aux coins des yeux fermés de Violet. « Comment ça s'est passé ? Pourquoi il n'est pas ici ? » Inquiétude qu'il n'arrivait plus à dissimuler, toute son attention étant rivée sur la jeune femme et pas sur la recherche d'informations. Être là, l'écouter – si elle le permettait – c'est tout ce qu'il devait faire en cet instant.
∞everleigh
L. Violet Collins ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Ven 25 Jan - 23:53
Appartement de Violet ◈ E.Isiah Burroughs et L. Violet Collins
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret
e mettre à la hauteur de son adversaire pour mieux l'attaquer. Le dominer afin de lui asséner le coup fatal. Combat entre deux mondes opposés. Comparaison entre l'incomparable. Et toujours cette guerre qui faisait rage entre deux camps qui avaient déjà oublié la cause même du conflit, et ne cherchaient plus à la comprendre. Encore ses mots, toujours ses mots qu'elle balançait à qui voulait bien les entendre sans réfléchir une seule seconde. Se débarrasser d'eux, les lui jeter à la figure afin que la douleur ne passe que plus rapidement. Trop peu sincères, c'est avec difficulté mais pourtant d'une assurance qui ne lui avait jamais été propre qu'elle lui répondait, se défendait. Protéger ce cœur qui d'une manière ou d'une autre lui avait appartenu le temps d'un instant, l'attrapant entre ses mains, juste un peu. Étreinte ô combien réconfortante et rassurante qu'avait pu être celle qu'il lui avait offert, inconsciemment. Gagner sa confiance pour mieux la détruire. Peut-être au fond son but avait toujours été le même. La briser. L'atteindre afin de mieux voir ses faiblesses, l'attaquer sur des points qu'il savait sensibles. Constat navrant. Douloureux, encore. La raison la quittait, cette fois-ci entièrement. Accompagnée par la compassion et le pardon. Valeurs sur lesquelles ils marchaient tous deux, inlassablement. Infimes particules qui toujours se décrochaient un peu plus d'eux, et qu'ils détruisaient ensemble. Seule chose correcte qu'ils arrivaient à produire unis. Et déjà Isiah revenait au front, la criblait de balles, atteignait son cœur avec une aisance troublante. Pourtant elle ne vacilla pas. Pas un seul instant. Rester debout, la tête haute. Devenir un automate. Carapace de métal et d'acier. Incroyablement solide. Mais aussi, tellement vulnérable face aux flammes. Et déjà ce brasier de colère se ranimait sous les mots d'Evan. Elle n'était qu'une bête de métal et d'acier, oui. Tentant probablement vainement de sauvegarder ses engrenages déjà rouillés par la souffrance, flot continu, gelé et perpétuel. Pourtant, déjà sous cette colère intense elle se pliait à ses règles, agissait au gré de ses envies. Incapable de régir ses propres mots emportés par le brasier de la haine. Carapace, qui, toujours se tordait sous la chaleur étouffante, renvoyait de ses éclats bien souvent, blessant quiconque oserait défier ce monstre. Transformation perpétuelle tant la rage ne cessait d'accroître, toujours plus perfide, toujours plus précis, toujours plus blessant. Elle ne pensait que se défendre face aux attaques, oubliant presque que son interlocuteur faisait de même. Rejeter la faute sur autrui afin de ne pas se remettre en question un seul instant, ne pas troubler la doctrine dans laquelle son corps semblait s'être plongé malgré elle. Les yeux toujours plongé dans les siens. Le souffle court. Les robots ne respiraient pas. Ils agissaient.« Non. Ne confonds pas tout. Tu as le tournis simplement parce que tu es toi-même abasourdi par les absurdités que tu es en train de me dire. Oh mon dieu tu me flattes, tu n'aurais pas pu me rendre plus heureuse ! » Nouvelle carapace. Nouvelle façon de protéger son mécanisme interne. User de l'ironie et de l'art des mots afin d'en sortir indemne. But idéaliste, irréalisable. Il avait trouvé ses points faibles, elle cherchait encore les siens. Son argent. Son éducation. Sa famille. Trois points qu'il semblait avoir cerné bien trop rapidement à son goût. Trois points qu'il utilisait. Il lui écrasait le visage contre le sol, lui faisait ravaler cette poussière de raison qu'elle avait elle-même écrasée, la renvoyait de la où elle venait, pensant peut-être avoir face à lui cette fille si superficielle qu'il semblait décrire. Pourtant jamais quelqu'un n'avait été aussi proche de la personne qu'elle était réellement. Ouvrir une porte pour qu'on vous la claque au nez. Prêter son cœur pour qu'on ne vous l'écrase que plus minutieusement, douloureusement. Parler de cette prison faite d'or et de diamants, construite au nom de l'amour et de la sécurité. Douce lumière noire que pouvait parfois être celle de son monde. Aveuglante mais tellement dangereuse, aussi. Une éclipse de soleil. Une fois que nous la regardions vraiment sa face sombre semblait étouffer le reste de sa luminosité, étouffer le reste de sa vie malgré sa beauté fascinante. Envoûtante, se laisser happer par ce piège ô combien attirant était fatal. Jamais la vue ne revenait suite à ce genre de traumatisme. Errer telle une ombre en ces lieux si hostiles et surtout imperceptibles. Violet pourtant pensait s'être refait une place, ailleurs. Dans les bras de la nuit, contre l'amour du jeu.
Le cœur battant, étrangement. Lui survivait toujours au centre de cette guerre sans fin, sans raisons si ce n'était celle de l'organe lui-même, quand bien même les deux acteurs de cette scène aux allures dramatiques ne s'en rendaient compte ni l'un ni l'autre. Compter pour blesser. Blesser pour compter. Ne pas se faire oublier, exister. Peut-être était-ce une des raisons pour lesquelles Lilianna continuait, encore, toujours à répondre à cet homme qu'elle aurait pourtant tant voulu embrasser encore une fois. Exister à ses yeux. Ne pas être transparente, pas qu'un simple numéro. Vivre à travers son regard comme le faisait cette rage qu'elle parvenait à déceler dans ses iris dans lesquelles elle se perdait volontiers. Marquer son corps au fer rouge, s'ancrer dans sa mémoire. Qu'il se souvienne d'elle, qu'importe le résultat de cette altercation. Qu'il ne l'oublie pas. Manque de confiance en elle flagrant que jamais elle n'avait parvenu à combler. Tel était le fond de ses pensées. Un manque cruel de confiance envers le monde entier. Et encore la personne en laquelle elle avait pourtant placé tant d'espoir inconsciemment la décevait, réduisant ses espoirs à néant une fois de plus. Collins lui en voulait. Tout d'abord car il avait réussi à se frayer un chemin jusqu'à elle, et qu'à présent il la gardait fermement contre lui malgré ses efforts de fuite, étant dans l'incapacité la plus totale de se libérer seule de cette douce torture qu'elle appréciait silencieusement. Mais aussi parce qu'un instant elle avait cru apercevoir une infime pointe de réciprocité. Infime voire inexistante. La distance entre les deux étant pourtant presque invisible, le quiproquo n'était que très vite arrivé. Trop vite arrivé visiblement. Vivre dans les sentiments et mourir au creux des lèvres. L'espoir. Même si jamais elle ne serait en mesure de l'avouer. Bien trop fière. Bien trop blessée, à ce moment même pour tenter ne serait-ce que le début d'une réflexion si poussée. Encore la coque se tordait, pliait. Peut-être plus douce cette fois-ci. Peut-être moins agressive. Violet n'en savait rien. Ne plus distinguer le bon du mauvais, ne plus discerner la colère de la tristesse. Isiah était le bon et le mauvais. Elle ressentait de la colère et de la tristesse. Paradoxe. Émotions et sentiments tous plus contradictoires les unes que les autres ; le soleil éclairait la nuit et les étoiles brillaient en plein jour. Toujours obtenir cette pointe de lumière, cette touche de bonheur, de bien. Sans qu'elle ne le sache vraiment. Mécanisme complexe que pouvait représenter Lilianna. Fataliste foncièrement optimiste. Spontanée pourtant réfléchie - bien qu'à présent la réflexion ne faisait plus parti de ses priorités. Evan était à ses côtés. Il la rappelait une nouvelle fois. Renvoyer la balle de l'autre côté du terrain jusqu'à ce que le premier s'essouffle. Lui semblait bien parti pour gagner, l'intensité de la chose coupant presque littéralement le souffle de la jeune femme, elle répondit pourtant. « T'aurais voulu me connaître ? T'aurais voulu en savoir plus ? Pourquoi t'avais besoin d'en savoir plus, hein ? Tu n'as pas le droit de dire ça Isiah... Tu ne me connais pas putain, c'est quoi pour toi connaître quelqu'un ? Savoir quelle est la date de son anniversaire et connaître le prénom de tous les membres de sa famille ?! C'est pas ça connaître merde ! T'as jamais cherché plus loin jusque là. Et tu peux pas comprendre. J'avais pas besoin de ça pour y penser. J'avais besoin de ça pour le faire, pour me convaincre que c'était... Ce qui était la meilleure chose à faire. » Des mots étouffés. Une voix brisée. Et cette masse qui s'empara de son cœur, serra de ses chaînes abîmés l'organe responsable de sa survie mais aussi de sa mort. Compresser, blesser, serrer, dans la promiscuité nouvelle de sa cage thoracique. Cage. Cage aux barreaux à présent bien marqués, cellule où elle s'était traînée elle-même alors que son corps entier déjà ne suivait pas le rythme de quelques pas. Et lui l'enfermait, encore. La ramenait ici alors qu'elle pensé être sortie de cette endroit pour toujours, pièce aux murs gris dénués de vie. Dépression à laquelle elle avait échappée de peu.
Se redresser. Revenir à la charge, toujours sous le regard violent d'Evan, attisant la colère et la haine qui malgré l'avancement certain de sa souffrance dominait toujours ses sentiments. Ne pas le laisser gagner. Elle était plus forte que cela. Elle était plus forte que lui, et le savait. Tout du moins elle s'en persuadait. Devenir ce qu'il n'avait jamais attendu d'elle, oublier la princesse d'une nuit aux gestes tendres et aux mots insouciants. Elle l'avait été un peu pour lui. Assez. Puis trop. Profiteur qu'il était. Il prenait tout, toujours tout, et demandait encore plus. Avide de pouvoir, avide de tout ce qu'elle possédait et de tout ce qu'elle était, avide d'elle. Impression insupportable qu'elle avait de cet homme qu'elle pensait manipulateur au point de vouloir une nouvelle marionnette, alors que les raisons en étaient toutes autres. Ils ne vivaient que sur des mensonges, ne se parlaient qu'entre sous entendus et ne s'appréciaient que silencieusement. Tout était tellement plus simple lorsque la nuit cachait les visages et effaçait les histoires, endormait les doutes et rassurait les peurs de ses bras sombres. Isiah était la nuit. Et elle lui relançait ses mots en plein jour, lui répondait alors qu'elle même ne comprenait pas ce qu'elle tentait de dire. Et lui aussi lui répondit. Par sarcasme, par ironie, qu'importe. Il la blessait encore. Chose pour laquelle il semblait être doué. C'est alors que peu de temps après ses mots Lilianna lui aussi lui répondit. Le suivre dans son jeu, sûrement moins douloureux que les hurlements échangés plus tôt. « Excuse moi. Je sais que tu préfères quand elles se taisent. » Les sous entendus douteux. Violet esquissa un sourire, plus amusée qu'autre chose par sa propre réplique avant de venir le rechercher, avant de se retrouver en posture délicate. Elle le défiait. Parce qu'au fond, le défi était la base même de ce lien si particulier. Repousser, encore, toujours ses limites. Pour prouver à l'autre. Mais au fond qu'avaient-ils à se prouver ? Qu'avaient-ils à prouver ? Ils ne se devaient rien. Ils n'étaient pas grand chose l'un pour l'autre. Tout du moins pensaient naïvement tous deux ne représenter qu'une distraction. Rien de plus, rien de moins. Pourtant sous son regard hésitant suite à ses mots Collins crut encore apercevoir cette même lueur qui l'avait tant troublée quelques fois. Achever tout cela physiquement et rapidement plutôt que de continuer ce combat lancinant et ô combien douloureux. Elle ne souhaitait pas se mettre en danger, simplement le faire douter. Poser les questions qui fâchent, celles qui dérangent et méritent réflexion. Il la lâcha. Violet poussa un soupir, long, brisé. De ceux qu'un effort surhumain demandent. Ne pas ciller, malgré les larmes qu'elle avait laissé s'infiltrer dans son regard. Elle n'avait pas bougé. Il s'agissait pourtant d'un peu plus que cela. De la confiance même lorsque tout semblait terminé. De la confiance même lorsqu'ils auraient du se quitter. De la confiance, toujours, aveugle même si elle n'osait pas se le dire. Retrouver un point d'ancrage parmi la tempête, s'accrocher à ce qui lui permettait de survivre malgré les conditions. Evan était le bourreau et le sauveur, et ces deux parties semblaient sans cesse s'affronter en lui malgré les victoires répétitives de la seconde aux côtés de Violet.
Quelques morceaux ramassés, une nouvelle question qui fâche, une réponse faussement détachée. Les yeux clos. Les joues humides. Le cœur battant. Et ces souvenirs, qui, toujours revenaient en masse. Inexorables images auxquelles elle ne pouvait pas échapper malgré sa volonté féroce. Recroquevillée sur elle-même, oublier le temps d'un instant le reste. Douleur innommable. Ainsi cette souffrance semblait lui créer une bulle imperméable aux autres attaques, même si elle était sûrement beaucoup plus intense que les autres. Des cris et des images, des mots et des souvenirs, des sensations. Un tas de sensation, aussi étranges soient-elles, uniques surtout. Désagréables. Lilianna réprima quelques sanglots, et laissa les secondes ainsi passer doucement telles l'éternité qu'elle mettrait probablement à s'en remettre. Ignorant presque Isiah et sa tendresse, qui doucement vinrent l'accueillir dans ses bras. Contact qui lui valut un long frisson le long de la colonne vertébrale tandis qu'elle déglutit doucement, se laissant finalement aller contre l'épaule de ce dernier sans écouter en premier lieu ses mots. Sécher ses larmes et arrêter ses sanglots. Violet se blottit encore un peu plus contre lui, les yeux toujours fermés, glissant une main hésitante sur son torse qui vint pourtant se poser innocemment sur ce dernier. Et elle resta quelque temps silencieuse, se délectant de la sécurité qu'elle retrouvait une fois de plus dans les bras d'Evan. Elle devait lui répondre. Le savait. Et, c'est donc du voix brisée, incertaine, enfantine qu'elle glissa quelques mots à mi-voix. « Mon père il... Il a pas voulu que je le garde... Pour l'entreprise, et tout ça... » Rouvrir les paupières, doucement. Elle posa son regard un instant sur lui avant de se libérer finalement de son étreinte en se relevant doucement. Collins s'appuya contre le plan de travail, sentant soudainement les larmes lui revenir de nouveau. Et encore elle vint briser le silence, cette fois-ci d'une voix qu'elle tenta plus assurée. « J'veux pas Isiah... Je peux pas, enfin plus. À partir de maintenant tout ça c'est terminé. On n'est rien, alors autant arrêter ce rien au plus vite, pendant qu'on en a encore la possibilité. » Le regard perdu devant elle, dans le vide. Plus un brin de colère, non. La douleur l'emportait. Terrassant ce qu'elle pouvait bien ressentir, lui ramenant sa raison. Il avait été blessant. Elle ne pouvait le supporter, et ne tenterait pas de se comporter comme il l'attendait d'elle juste afin de le garder à ses côtés. Timidement - étrangement - Violet tourna la tête vers lui, attendant une réaction quelconque. Lunatique à souhaits. Incapable de savoir ce qu'elle souhaitait. Incapable de comprendre ce qu'elle voulait.
E. Isiah Burroughs ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Dim 27 Jan - 19:22
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret.
Anger is an acid that can do more harm to the vessel in which it is stored than to anything on which it is poured.
Même rengaine, mêmes mots, mêmes gestes de robot. Frapper toujours au même endroit, à l'endroit le plus fragile de la chair, donner des coups de hache inlassablement, jusqu'à en faire tomber la cime de l'arbre. Entamer la partie la plus tendre et ainsi s'assurer que plus jamais rien ne repousse à cette place. Une odeur de feuilles mortes se mêlant à celle ferrique de l'hémoglobine. Cette scène était absurde, grotesque et il était encore plus absurde de s'attaquer de cette façon à Violet. Oser évoquer son éducation, une hérésie dans toute sa splendeur lunaire. Mais il n'était pas fou, il avait bien remarqué que sa famille, sa condition de petite bourge pleine aux as formaient un seul et même talon d'Achille. C'est ici et pas ailleurs qu'il avait décidé de frapper de toutes ses forces. Il voyait bien que sa clairvoyance avait portée ses fruits, il n'était pas dupe et encore moins né de la dernière pluie. Un nouveau point pour lui donc. Un point marqué et souligné par l'ironie dont elle faisait preuve, qu'elle employait tant bien que mal et plutôt mal que bien. Pourtant cela n'était pas moins mordant que l'agressivité. Isiah l'avait cherché de la plus vile façon qu'il soit en ce bas-monde et il venait de la débusquer dans toute la beauté de sa fureur. Une fois de plus, il fît son possible pour réceptionner ce boulet de canon qui lui arriva droit dessus à pleine vitesse. Fendant les airs et les cieux, suivi d'un nuage crépitant de magma , se transformant en une pluie de diamants, roulant sur leurs joues, roulant sur leur peau. Le feu et la glace, combat titanesque. Un combat sans règles et surtout sans fin. Rien ne semblait pouvoir arrêter ce flot incessant, ce ressac de violence verbale. Chacun ayant visiblement trouvé une bonne excuse pour fustiger l'autre, le pendre haut et court jusqu'à ce que mort s'ensuive dans l'intimité de ce logement où il étouffait à présent. Un joli dysfonctionnement qui se dansait au creux de son ventre, englué entre deux états, deux envies, celle de rester pour continuer cette lutte acharnée – mais surtout pour honorer le contrat qui le liait à celle qui l'avait fait sortir de prison - et l'autre de prendre la poudre d'escampette et ne plus jamais se manifester auprès de Violet. A nouveau, il ouvrit la bouche pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Œil pour œil, dent pour dent. Mais il aurait voulu se souder les lèvres pour se taire à jamais. Ses paroles sonnaient fausses à ses oreilles, comme une sorte de litanie entêtante enregistrée dans une qualité exécrable sur un vieux 45 tours. Des craquements, la bande sonore qui saute et pourtant impossible d'arrêter cette musique. Impossible pour lui de stopper la machine qui s'était mise en route. Le repris de justice aurait voulu tout avouer à Violet, lui expliquer pourquoi il avait fouiné dans ses affaires, lui dire à quel point il était désolé, que c'était uniquement par obligation et pas par perversité ou masochisme. Mais il ne le pouvait pas. Tout ce qu'il pouvait encore faire, était uniquement de faire passer le message par le biais de ses yeux, qui continuaient de le trahir. Reflet du fossé qui l'animait, le scindait en deux parties inégales. Chienne de vie. « Tu m'en vois ravi ! Je suis heureux que Madame soit comblée d'aise. N'empêche qu'avant de me sommer d'une chose pareille, tu ferais mieux de balayer devant ta porte Violet ! » Une partie de poker s'animait en réalité sous le toit de cet appartement. Une connaissance intuitive du jeu, de la distribution des mains, des probabilités, une excellente maîtrise de la psychologie des adversaires même si personne ne semblait être dupe ici. Paradoxe. On rit, on se déchire, on rit à nouveau, avant que les larmes n'en viennent à couler tel un torrent incontrôlable. On aime et puis on déteste. Passer d'un état à l'autre, sans vraiment savoir pourquoi. Isiah ne faisait que se nourrir de ce poison coulant dans ses veines, pour le recracher par surprise à la figure de son agresseur. Ainsi soit-il.
Le carré parfait, doublé d'un full et d'une suite qu'elle abattit alors sur la table le laissèrent de marbre. Des cartes partout, comme s'il en pleuvaient. Elle les abattaient une à une, inlassablement, la feinte n'en finissait plus, et lui faisait son possible pour ne pas crouler sous le poids de ces dernières. Juste une raison encore, de rester vivant, face à la tempête n'arrivant plus à retrouver l’œil du cyclone bienveillant. Juste une raison encore. Faire un pas dehors, un pas de plus, oser à nouveau s'aventurer sur les chemins scabreux de la perdition, celle que ne tarderait pas à provoquer son âme putride. Se protéger encore un peu plus des attaques de Violet, même s'il faiblissait à vue d’œil. Son discours trouva un peu moins de vivacité, un peu moins d’ardeur. Les cendres qui alimentaient sa propre colère fumaient à présent, sans pour autant se raviver, le laissant démuni, sans plus d'armes, sa carapace fendue prenant l'eau par tous les côtés. « Peut-être bien que j'aurais voulu te connaître, un peu plus que physiquement je veux dire. Mais j'ai pris uniquement ce que tu voulais bien me donner, juste la partie visible de l'iceberg. Jusqu'à aujourd'hui... parce que ouais la curiosité était trop forte. Tu te trompes là. Tu te trompes sur toute la ligne même. Ce n'est pas ça connaître quelqu'un pour moi... Connaître une personne, c'est la voir dans la vraie douleur, parce que c'est un des seuls moments où cette personne révèle sa vraie personnalité. J'peux pas comprendre c'est vrai. Je suis qu'un pauvre crétin décérébré et sans diplômes après tout, ouais qu'est-ce que je peux y comprendre à la douleur c'est vrai ? Qu'est-ce que j'y connais à la vie aussi ? T'as parfaitement raison, je comprend rien ! » Isiah avait franchit une porte qui lui était jusque là interdite. Une porte qu'il avait enfoncée en donnant de grands coups d'épaules dedans. Et maintenant, de ce trou béant, le morceau de bois pendant sur ses gonds délabrés, il pouvait clairement apercevoir la véritable personnalité de la jeune femme. Parce que dans le fond, ils se ressemblaient bien plus qu'ils ne voudraient jamais le reconnaître ou bien l'admettre. Le timbre de voix de la brunette ne fit que renforcer cet état de fait. Il avait abusé, appuyé de manière exagérée là où ça faisait le plus mal. Et maintenant, il ne faisait que contempler de l’œil du spectateur avisé avec quelle puissance il avait tenté de détruire ce qu'il pouvait. Fidèle à lui-même, il adoptait toujours la même ligne de conduite et ce depuis des années. Mais au moins avait-il une excuse, celle d'être un Burroughs, condamné à vivre dans sa piètre condition, à se comporter comme la pire des raclures. Vu le modèle paternel qu'il avait pu avoir, pas vraiment étonnant. Entre cris et violence, le poids de l'agonie et la terreur engendrée par les coups dus à un trop plein d'alcool, comment pouvait-il faire aujourd'hui pour devenir une autre personne ? Il avait beau faire, se dire que jamais au grand jamais il ne ressemblerait à son père, force était de reconnaître qu'il ne valait pas mieux que son géniteur. Il en revenait toujours au même point. Dès que quelque chose de bien lui arrivait, il fallait toujours qu'il finisse par le briser, étouffer bien trop vite dans l’œuf tous les espoirs potentiels d'une vie meilleure. Entretenu par une femme, pour les besoins de l'information, Isiah avait cru à ce nouveau départ, avant de recevoir le retour de manivelle en pleine tête. De la poudre aux yeux, un jet d'acide dissimulé derrière un parfum de liberté. Emmuré, enfermé derrière les quelques centimètres carrés de sa boîte crânienne, qui ne lui appartenait même plus. Il aurait voulu lui dire tout ça, qu'il n'y était pour rien, qu'il aspirait juste à la tranquillité et pourquoi pas vivre autrement, tenter quelque chose avec elle. Mais il n'en avait pas le droit, ne le pouvait pas à cause du contrat le liant corps et âme à California. Les mots lui manquaient cruellement, et Violet n'en finissait plus de l'envoyer au tapis. Il se relevait inlassablement, les muscles tremblants de plus en plus, la sueur perlant à son front, de la poussière partout dans les cheveux. Combien de temps serait-il encore capable de tenir ?
Une attaque de plus de la part de la jeune femme, petite, gratuite, à son tour elle appuya là où elle pensait que ça lui ferait mal. Les femmes, comme si cela pouvait avoir la moindre importance pour lui. Les seules qu'ils aient jamais aimées étaient en train de bouffer les pissenlits par la racine, six pieds sous terre, ou bien en marche pour la gloire Hollywoodienne. Cette frappe le fit sourire et il retrouva en un rien de temps son allant et son aisance naturelle, pour pouvoir frapper à son tour. Brandissant son épée au dessus de sa tête, il arma son coup et frappa encore une fois de plus dans le talon d'Achille de Violet. « Ce n'est pas faux, même s'il n'y a pas de « elles »... Je ne voudrais pas te rendre jalouse après tout ! Qu'est-ce que pourrait en dire Papa, s'il savait que tu t'encanailles de la sorte ? » Il en vint à se demander pourquoi il s'était senti obligé de la corriger et de mentionner la non existence des filles qu'elle semblait jalouser en silence ? Encore et toujours ce sentiment étrange qui coulait dans ses veines. Celui qu'il aurait voulu comprendre, pour pouvoir l'éradiquer une bonne fois pour toute, mais cela semblait être bien plus compliqué que ça. Compliqué, comme la situation dans laquelle ils se retrouvaient. Une fois de plus, il se fit la remarque que tout pourrait pourtant être simple, aussi limpide que de l'eau de roche. Mais non. Il fallait qu'il s'impose des barrières invisibles, des chaînes le retenant, le briquet brûlant ses ailes dont il ne restait déjà plus grand chose. Violet voulait-elle aussi lui dire quelque chose, il en était persuadé, mais il n'arrivait pas à décoder son message. Il n'était pas question ici de codes instaurés pour le bluff, il ne comprenait pas ce langage. Ses mots, ses actes auraient été bien différents s'il avait pu comprendre. La suite, la douceur dont il fit preuve, cette tendresse qu'il dissimulait derrière un mur de ronces immense, les renvoyèrent tous deux quelques heures en arrière. Instants où cette scène n'avait pas encore eût lieu, où la vérité n'avait pas encore éclatée au grand jour, où Violet lui apparaissait comme une jeune femme bien différente de ce qu'il avait pu découvrir en survolant cet agenda. Une vie dorée, un besoin de connaître le grand frisson, malgré cette fragilité latente. Un papillon qu'il s'était promis de protéger des prédateurs, de rassurer et c'est ce qu'il fit après l'avoir rejoint à même le sol. Le natif de Londres comprenait un peu mieux à présent l'emportement de Violet. Il comprenait la douleur qui l'animait toujours, celle due à cet abandon, cette déchirure de son âme alors que la chair de sa chair se baladait quelque part sur cette planète, loin d'elle. « Je suis désolé Violet, sincèrement. Ce genre de choses ça ne devrait pas arriver... Ton père n'avait pas à interférer dans cette histoire, c'est ta vie pas la sienne ! » Il aurait voulu ajouter quelque chose d'autre, trouver les bons mots pour la rassurer, mais elle ne lui en laissa pas le temps et s'échappa presque aussitôt de ses bras, comme si elle avait soudainement eût peur de quelque chose.
La pire saloperie qu'elle puisse lui faire. Se servir de ses propres paroles, pour les retourner contre lui. Le choc de l'impact fut rude. Toujours assis contre le mur du salon, il sentit quelque chose se rompre en lui. Son âme saignait. Oui c'était ça. Répandant un flot d’hémoglobine et dégageant une forte odeur de fer, tandis qu'il tentait tant bien que mal de réparer cette brèche, de colmater la plaie à grand renfort de colle et d'agrafes. Trop tard, le mal était fait. Lentement, il se releva, prenant la direction de la chambre, afin de rassembler le peu d'affaires qui traînait par là. En silence, se fermant mentalement à son environnement, il passe des vêtements propres, fit son sac, réprimant avec force cette envie de retourner au salon et de s'excuser à plates coutures pour cette chose, celle dont il n'était pas vraiment responsable. En s'arrêtant auprès de Violet, toujours en silence, il prit conscience d'une chose. Cette jeune femme comptait pour lui. Peut-être pas de la meilleure façon qu'il soit, peut-être pas de la façon la plus élégante qu'il puisse exister, mais elle comptait. Il s'était attaché à elle et la simple idée de devoir franchir cette porte et de ne plus la revoir, lui déchira un peu plus le cœur. Pourtant c'était ainsi que cela devait se passer. Tout ça était écrit noir sur blanc. Le contrat, rien que le contrat. Soutirer des informations avant de filer à l'anglaise. Sauf que là il n'y avait pas vraiment d'informations exploitables et il était quand même forcer de filer. Pour le moment il se contrefichait de ce que pourrait en penser California, il s'en foutait bien même de devoir retourner en prison, tout ce qui lui importait était Violet. « Je suis désolé ! », finit-il par lâcher sans cérémonie aucune, son sac de sport à la main, sur le point de partir.
∞everleigh
L. Violet Collins ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Dim 27 Jan - 22:16
Appartement de Violet ◈ E.Isiah Burroughs et L. Violet Collins
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret
es choses se répèteraient alors toujours. Les mêmes blessures, la même haine, la même tristesse. Se murer dans une pièce sombre, restreinte. Installation précaire et non très rassurante, qui, à chaque nouveau mot tendre menaçait de s'écrouler. Endroit sombre, aveuglant toute forme de lucidité. Seule cette voix demeurait vérité. Fatalité certaine à laquelle tous deux ne semblaient vouloir échapper. Elle leur murmurait violence à l'oreille, d'une sensualité offrant une proposition que ni l'un ni l'autre n'était en mesure de décliner. Rester enfermer dans cette pièce, ne jamais en sortir, parer les attaques d'attachement et oublier les quelques mots plus profonds, plus vrais. Seul le mensonge comptait. Seul lui dominait. Et Isiah, lui, abattait encore ses mots dans un bruit fracassant, remuant à l'occasion la poussière des quelques souvenirs heureux qu'ils avaient ensemble, barrant la route à l'air qui déjà difficilement pénétrait dans les poumons de Violet. Suffocation. Difficilement elle parvint à ne rien laisser paraître sur son doux visage. Pourtant Evan détruisait ses remparts, terrassait ses certitudes de ses seuls mots perfides. Elle souffrait en son fort intérieur, celui auquel jusque là personne n'avait jamais touché. Pourtant lui semblait être pénétré dans cette enceinte fortifiée, empruntant le chemin tortueux et dangereux menant jusqu'à son cœur sans même s'en rendre compte. Sans qu'elle ne le veuille. Et répandait tout, à feu et à sang, détruisant ces lieux qui jusque là jamais n'avaient été habités. Pour une raison. Celle-ci. Cette crainte grandissante qu'elle avait toujours eu d'être trahie, déchirée. Mais après tout était-ce une déchirure à proprement parler ? Ils n'étaient rien l'un pour l'autre, ne partageaient rien si ce n'était quelques liasses de billets. Un papier imprimé vert. Quelques jetons. Quelques sourires, quelques regards, quelques mots. Quelques moments d'évasion. De bonheur, aussi. De bonheur, de complicité. Rien que cela. Rien du tout, en somme. Moments qu'elle tentait vainement de considérer comme futile, inutile, artificiels. Et elle se consolait entre les mots du Burroughs, qui ne venaient qu'affirmer ses hypothèses. Et elle, spectatrice de sa propre douleur demeurait de son regard embrumé incapable d'agir, de parer ces attaques répétitives qui toujours venaient la détruire un peu plus sans renchérir, frapper plus fort. La vue brouillée par un voile de tristesse, les yeux animés par la flamme de la colère. Eau et feu, torrents et brasiers, haine et tristesse. Le tout et son contraire. Paradoxe. Noir et blanc. Amour et haine. Tout cela n'avait aucun sens, aucun début, ni aucune fin, aucun chemin emprunté ni même aucune trace de l'existence même de leur relation, physiquement comme mentalement. Complexité propre à eux-deux, mais surtout à ce qu'ils devenaient l'un au côtés de l'autre. Un amas de souvenirs, un tas de sentiments contradictoires. Profit ne devait se mêler à l'attachement, et à vrai dire, jamais Lilianna n'avait imaginé une seule seconde en le rencontrant qu'il aurait pu compter, aurait pu détruire, blesser, tuer. Naïve qu'elle était. Sensible qu'elle était. Pourtant rien de toutes ces pensées n'apparut sur son visage. Garder son masque, impassible, indifférent, tandis que les mots détruisaient son corps tout entier. Ses membres tremblaient, ses gestes s'effectuaient, ses mots raisonnaient, son coeur battait à l'unisson. Tous régit par cette même douleur elle même née d'un amour que Collins en soupçonnait toujours pas. Parce qu'il y avait un peu de cela, au fond. Un peu d'amour, quand bien même celui-ci soit faible. Amour amical. Peut-être. Amour plus intense. Sûrement. Pourtant elle refusait de l'admettre. Rester ancrée entre ces quatre murs gris, ne jamais les quitter sous peine de subir un échec cuisant. Les mots se faisaient moins agressifs, peut-être plus sincères, mais qu'importe, ils blessaient toujours de leur virulence. Douce souffrance qu'était celle que lui infligeait Isiah. La souffrance n'était rien sans cet attachement certain, ne valait rien face à l'intensité de ce qui, en cet instant, lui labourait le cœur et lui coupait presque la respiration. Pourtant elle resta droite. Le regard planté dans le sien. Qu'ils observent ses yeux, oui. Eux seuls disaient la vérité, tandis que ses lèvres elles mentaient avec une aisance déconcertante. « Ne t'en fais pas, ma femme de ménage balaie très bien toute seule. » Réponse presque aussi sarcastique que les mots qu'il venait de lui balancer. Il l'attaquait sur son argent. Elle ne faisait qu'utiliser ses propres points faibles contre celui qui les avait trouvé à des fins non très glorieuses. Jouer, encore, des mots, des regards, des sons et des intonations. Jouer. Parce que le jeu était toujours ce qui leur avait appartenu, et que tous deux en étaient maîtres. Parce qu'au fond, c'était ce qui les réunissait, inconsciemment. Malgré la souffrance ressentie, la douleur, jamais Violet ne pensait s'être sentie aussi vivante un jour. Sentir encore, et toujours, ce brasier s'emparer d'elle, lui faire cracher les pires horreurs du monde sans même n'avoir réfléchi un seul instant. La spontanéité était de mise, et elle raflait les gains. De son impulsivité, mais aussi de sa colère et sa tristesse. En revenir au même point. Ce qu'elle ressentait.
Oublier le monde, ses gestes, se laisser guider les yeux fermés par cette voix qui revenait sans cesse, séduisant sa raison, terrassant sa compassion. La haine en cet instant avait un effet bien plus plaisant, bien plus manipulateur. S'emparer d'un corps et le faire devenir sa marionnette, le faire vivre à travers son incapacité à combattre son bourreau, lui rendre l'animosité qu'il avait perdu suite à son éducation. Douceur et plaisir infini que pouvait être celui de se laisser aller entre ses doigts habiles, contre son cœur malsain alimenté par une déception ou un échec trop important. La colère n'était pas sans espoir. La colère n'était pas sans amour. Constat navrant à côté duquel passa Collins sans s'y attarder ne serait-ce qu'une seule seconde. Rien n'importait si ce n'était Isiah, Isiah et la destruction. Abysses insatiables, trou noir, qui, toujours venait attraper ce qui se trouvait sur son passage, à sa portée, n'hésitant pas à attraper entre ses bras un monde entier, une vie. Tant qu'il se nourrissait. Tant qu'il détruisait. Evan lui aussi semblait ne plus pouvoir s'arrêter. Aucun d'eux ne le voulait, en réalité. Qu'arriverait-il après la tempête ? Que se passerait-il une fois que les arguments auraient été épuisés, que le vent aurait cessé de soufflé ? L'un s'en irait probablement, fuyant entre les ruines de réminiscences qui probablement quelques jours durant viendraient rythmer leurs journées, détruisant encore un peu plus. Elle avait peur de la suite, en était effrayée, et préférait faire durer ce moment plus longtemps afin, peut-être, de le garder un peu plus à ses côtés. Triste vérité. Si on creusait un peu sous chaque mot, en réalité, tout semblait devenir plus clair, plus distinct. Eclairer leurs pièces respectives en détruisant ces murs. Un jour la douleur s'apaiserait, la souffrance lancinante disparaîtrait. Un instant. Et peut-être ce court répit leur permettrait-il de comprendre. Comprendre pourquoi tant de choses se bousculaient alors que les circonstances et les termes de leur relation étaient supposés être simples. Tout était pourtant si compliqué, et leur manque d'objectivité respectif ne faisait qu'envenimer la chose. Ses mots, ses questions avaient troublé son interlocuteur. Satisfaction, qui, cette fois-ci ne dura qu'un instant, s'évaporant soudainement en apercevant cette pointe de tristesse qui passait à travers son regard. Violet baissa la tête, attentive à ses mots cette fois-ci. Ils la touchaient, encore. Peut-être moins intensément. Mais ils la touchaient. Redressant le regard, le posant derrière l'épaule d'Isiah afin sûrement de ne pas flancher, elle lui répondit alors après avoir inspiré profondément. « Pourquoi tu fais ça alors Isiah ? Pourquoi tu t'évertues visiblement soigneusement à tout faire foirer ? Ta volonté me semble bien faible face à tes mots précédents. Simple curiosité, hein ? Et, si c'est ça connaître quelqu'un pour toi, il semblerait que tu sois en mesure d'entre-apercevoir qui je suis alors. Voire même de tout comprendre. » Un ton calme, assurée, bien que sa voix quelques fois fut brisée en plein mot. Retirer un peu du masque, une grande partie. Peut-être serait-il capable de comprendre ce qu'elle voulait lui dire. Il l'avait blessée. Etait-il donc en mesure de définir quel genre de personne elle était ? Voulait-elle vraiment qu'il la connaisse ? N'en profiterait-il pas pour mieux la détruire, une fois de plus ? Incertitudes, doutes, déjà ces questions semblaient barrer le chemin à ses pensées haineuses, les rangeant dans un coin de son esprit. Le regard perdu dans le vide. Le cœur perdu dans le vide. En chute libre, totale, sans parachute ni protections. Il s'était déjà écrasé, en réalité. Agonisait à même le sol, vivait encore douloureusement dans cette poitrine. Et ne demandait pourtant qu'à exploser à travers cette cage thoracique. Retourner dans ses bras. Llianna chassa rapidement cette pensée de son esprit, retrouvait instantanément un grain de sa colère lorsqu'il reprit la parole, amusé. Il avait compris alors, le fond de sa pensée. Et semblait réfléchir seulement lorsque les sous-entendus lui permettaient de mieux l'attaquer. Violet tourna la tête, un sourire amer habillant son visage, croisant les bras sur sa poitrine. Renfrognée. Pourtant elle lui répondit, évitant son regard, ses mots. L'évitant lui. « Ravie de l'apprendre. Il enverrait probablement un de ses employés régler ses comptes avec toi après m'avoir mis à la rue et m'avoir dit les pires horreurs du monde. Là, elle reposa son regard sur le Burroughs, le visage indifférent cette fois-ci. Heureux ? » Elle baissait les armes, indirectement. Lui disait ce qu'il avait entendre parce qu'elle était fatiguée de se battre. Fatiguée de ce combat qu'elle n'avait jamais souhaité.
Se retrouver dans ses bras, blottie contre lui. Très vite cette sensation et ces récentes images ne la firent que souffrir davantage, appuyée contre le plan de travail, tremblotante. Spasmes musculaires, peut-être. Terrassée par ses propres mots au goût d'une fin qu'elle n'aurait souhaité conter. Qu'elle n'aurait souhaité connaître. Elle le voulait. Elle le voulait à ses côtés, en réalité. Juste pour elle, égoïste qu'elle était. Pourtant cette douce haine s'était encore emparée de ses mots, de sa voix. Incapable de pardonner tout ce spectacle, représentation malsaine dans laquelle ils s'étaient tous deux évertués à détruire l'autre méticuleusement. Objectif atteint. Jamais elle ne s'était sentie aussi affaiblie. Son corps entier lui disait de s'écrouler par terre, rejeter ce trop plein de souffrance, pleurer, et crever là, à même le sol, seule. Parce qu'elle l'avait voulu. Avait rejeté ce secours que lui lui avait proposé par fierté et rancœur. Le regard posé sur un point indéfini. Elle ne prêta pas attention à Isiah, secouée de temps à autres par de vulgaires sanglots qu'elle ne put réprimer tandis que ses larmes roulaient sur ses joues. Même pleurer lui semblait difficile. Elle aurait voulu crier, hurler. Au fond, leur dispute n'avait été que moindre face à ces quelques mots. Futile. Pourtant elle redressa finalement le regard lorsqu'Evan, le regard posé sur elle, lui adressa une seule phrase. Un long frissons. De nouveaux tremblements. Douleur silencieuse, étouffée. Déjà la porte claquait. Et Collins balaya le salon du regard, posant finalement ses yeux sur un des sacs traînant dans le salon. Automatisme. Une raison. Lilianna traversa son appartement rapidement, attrapa fermement le dit-objet et sortit de son appartement sans se soucier ne serait-ce qu'un seul instant de son état. Elle le rejoignit, alors, attrapant son poignet entre ses doigts fébriles, détournant le visage du sien. « T'as oublié ça. » Alors, elle lui plaqua contre le torse le sac rempli des billets gagnés lors de leur soirée précédente. Déglutir, lentement, tandis que finalement elle croisa son regard. Bien trop lourd à supporter. Pourtant pour une raison qui lui échappa elle le soutint, maintenant toujours le poignet d'Isiah dans sa main tandis que quelques frissons, eux, parcouraient déjà son corps entier par ce simple contact.
E. Isiah Burroughs ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Mar 29 Jan - 18:06
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret.
Anger is an acid that can do more harm to the vessel in which it is stored than to anything on which it is poured.
Une nouvelle bombe déposée, l'air de rien, juste devant sa porte d'entrée. Énième cadeau de la part de Violet. Quelle générosité dont elle faisait montre. Nouvelle onde de choc, suivie d'un flash lumineux, d'une déflagration. Plus âme qui vive à l'horizon. Plus la moindre petite parcelle de vie, et lui, continuait de se tenir là – cage thoracique éclatée – au beau milieu de ce chaos, vision apocalyptique. Que n'aurait-il pas donné pour être emporté par le typhon, se laisser voguer aussi vite que les mots s'échappaient de ses lèvres, rebondissaient contre les murs. Laisser sa raison dégouliner le long de sa moelle épinière, ne plus avoir à subir les coups et les parades multiples de celle lui faisant toujours face. Les mots arrivaient difficilement à se frayer un chemin parmi ces cadavres reposant sur le sol, parmi les décombres. Posant les pieds là où il le pouvait, Isiah évoluait à tâtons, se frayant un chemin en direction de Violet, pour lui asséner le coup ultime, celui qu'elle n'aurait vu venir. Cette confrontation avait débutée dans les larmes, et elle s'achèverait de même. Pour le moment, il mettait au point sa stratégie, cherchait le point le plus fragile, celui où il n'aurait plus qu'à frapper un grand coup pour faire s'effondrer tout l'édifice. Château de cartes fébrile, en équilibre sur un petit caillou, qui vacille au bord de la falaise, tangue quelques minutes, hésite entre continuer sa rotation ou bien dégringoler quelques mètres plus bas. C'est au moment de cette hésitation qu'il faudrait cueillir l'adversaire. Mais c'était aussi à ce stade qu'il se trouvait lui-même. Ne sachant pas encore très bien quelle marche suivre, quelle attitude adopter. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il s'en voulait profondément et qu'il était pris au piège ; piégé par son propre jeu. Tout ce qu'il pouvait encore faire, était hurler assez fort, cracher son ironie puante sur Violet, jusqu'à ce qu'elle finisse par le foutre à la rue. Qu'elle en vienne à le détester. Voilà peut-être ce qu'il cherchait réellement à faire. Qu'elle ne veuille plus le voir, qu'il n'y ait plus jamais de parties de poker, plus rien, pour son bien. Pour l'épargner, pour la protéger. Tout comme il tentait tant bien que mal de se protéger des coups qu'elle lui assénait. Des coups de plus en plus forts, qui venaient effriter, émietter son cœur. Se protéger des assauts, mais force était de reconnaître qu'il était bien trop tard pour ça. Violet avait réussi à franchir une porte, aussi petite, aussi insignifiante soit-elle. Celle qui menait tout droit à son cœur, à son âme. Comment y était-elle parvenue ? Isiah ne le savait pas et ne voulait pas savoir. Seul le résultat comptait et ce résultat s'étalait juste là, devant ses yeux. Un nouveau full. Avant de faire tapis, il se cacha une fois de plus derrière un flot de paroles acides, paroles versatiles. « Tu devrais la renvoyer dans ce cas, parce que j'aperçois une tâche au sol, à moins que ce ne soit ton ombre, ou bien peut-être le fantôme de ta culpabilité ! ».
Fourbe, petit, mesquin, il continuait encore et encore, inlassablement, jusqu'à ce que Violet finisse par craquer. Une question, une simple interrogation, à laquelle il n'était pas même capable de répondre lui-même. Burroughs ne savait plus bien pourquoi il se comportait de la sorte, ou bien pourquoi il vomissait ce fluide incessant d'ignobles paroles. Tout ce qu'il était encore en mesure de comprendre, résidait dans le fait qu'il avait besoin de lui faire payer cette intrusion. Donnant donnant apparemment. S'immiscer dans la vie de l'autre, annihiler ses dernières défenses pour mieux le contrôler, le modeler. Sauf qu'ici cela ne semblait pas prendre, les deux adversaires étant bien trop acharnés. Toutefois, Isiah ne put que remarquer une fois de plus la ténacité dont la brunette faisait preuve. Pas grand monde n'avait réussi à arriver jusque là et pourtant, elle... semblait y être parvenue, sans qu'il n'ait pu rien voir venir. C'était peut-être ça le pire. A trop vouloir se protéger, obnubilé, concentré sur un seul et même point, il en avait oublié de regarder de tous côtés, de surveiller toutes les entrées. Recouvrant une once de lucidité, il n'oublia pas d'abattre son avant dernière carte sur le plateau de jeu. Ridicule à souhait que ce qui pu suivre. « Pourquoi je fais ça ? Mais parce que ça m'amuse voyons ! Ça me fait triper à fond de te voir au trente-sixième dessous. Comme tu viens de le dire, je fais toujours tout foirer ! Pourquoi ? Parce que j'en ai rien à foutre des gens, y a que ma sale petite gueule qui compte, tu l'avais pas encore compris ? » Noyer le poisson, laisser tomber la roche sur la tête de l'anguille, tout ça pour ne surtout pas admettre la vérité. Quitte à passer pour un infâme connard et bien soit. Des paroles bourrées d'ironie, dont il ne pensait rien, il aurait voulu se taire, ravaler tout ça, mais l'autre partie de lui-même, celle qui le contemplait en ricanant l'en empêchait. Foutu contrat. Foutue connerie. Le tout pour le tout, il abattit la dernière carte qui était présente dans son tas. Échec et mat... c'est tout du moins ce qu'il espérait. Le paternel, probablement le sujet le plus sensible, le sujet qui fâche, celui qu'il valait mieux laisser au placard et c'est tout à fait conscient de ça, qu'il continua sur sa lancée. « On ne peut plus heureux, tu ne peux pas savoir le bien que ça me fait, la sensation de bien-être que ça me procure de savoir que ton paternel a un tel contrôle sur ton existence, qu'il a le droit de vie et de mort sur toi mais aussi sur toutes les personnes que tu peux côtoyer ! Quel pied franchement... Wouh ! Quand est-ce qu'il arrive ce fameux sbire, histoire qu'on s'amuse un peu ? Parce que là, j'avoue qu'on commence un peu à s'amuser comme des rats morts. » Le rôle du sale con revenait sur le devant de la scène, un rôle qui lui sciait à merveille, le pire dans tout ça c'est qu'il n'avait pas vraiment besoin de se forcer pour sortir ce genre d'absurdité. La colère le quittait peu à peu, même s'il ne voulait surtout pas le montrer.
Son masque du parfait gentleman décadent, dénué de cervelle, ne pensant qu'à sa petite personne, tomba à ses pieds, quelques secondes plus tard. Juste le temps de dire ouf, de savourer ce moment d’accalmie. Moment où aucun des deux adversaires ne trouva quoique ce soit à répliquer. Se taire, l'espace de quelques minutes savoureuses, être là et laisser son âme vagabonder, parcourir la chair dans un frisson, un souffle. Moments durant lesquels il apparu tel qu'il était réellement, prêt à écouter, soucieux d'autrui, avec ce besoin de protéger, de réconforter. Un adversaire devenant un allié de taille, mais Violet le repoussa presque aussitôt. Une mascarade, ni plus ni moins, s'était jouée ici bas et continuait à se jouer. Ses affaires attroupées, prêt à lever le camp, il se retrouva en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire avec le sac de papiers verts entre les mains. Argent « durement » gagné ; la sensation du sac dans ses mains lui laissa un goût amer en bouche. Le Londonien eût toutes les peines du monde à définir ce qui était en soit le plus douloureux. Ce geste – comme s'il n'était qu'un vulgaire talonneur – ou bien toutes les horreurs proférées précédemment. Le simple geste peut-être bien. Il ne voulait pas être considéré comme une sorte de vulgaire putain, juste bon à se coucher là, à la satisfaire et à s'en aller le petit matin venu. Non, il espérait secrètement devenir plus. Mais en avait-il seulement le droit ? Son poignet bloqué par la main de la jeune femme, hésitation au creux de l'estomac. Passer d'un état à l'autre, de la colère – ce besoin de tout détruire – à ce désir, celui qui lui hurlait de la prendre à nouveau dans ses bras. Pourtant il n'en fit rien, n'amorça aucun geste particulier dans sa direction. Dureté de la tâche. Espoir qu'il refoula, s'interdisant de céder, pour son bien, mais surtout pour le sien. « Je te le laisse, comme ça tu ne pourras pas dire que je m'intéresse uniquement à ce fric Violet ! » De sa main libre, il lui tendit le sac, les yeux toujours plongés dans ce regard qui l'électrisait sur place, faisait naître en lui des sentiments qu'il ne pensait pas pouvoir connaître à nouveau. Un dernier regard, en silence, que pouvait-il y avoir à ajouter si ce n'est rien ? Rien... la mort dans l'âme, Isiah se libéra de l'emprise de Violet, céda, posa ses lèvres sur les siennes avant de tourner les talons.
∞everleigh
L. Violet Collins ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Mar 29 Jan - 20:28
Appartement de Violet ◈ E.Isiah Burroughs et L. Violet Collins
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret
l ne s'arrêterait donc jamais. Même les larmes, les cris, la douleur ne l'arrêteraient pas. Rien ne l'arrêterait. Ni sa détresse, ni ses multiples appels à l'aide silencieux. Cris que son corps étouffait. Cris que son cœur étouffait. Trop fier, trop blessé, les mots d'Evan ne cessaient de la traverser de tout son être, glissant dans ses veines, fatiguant ses muscle. Rester droite face à quelques sons était donc supposé être si difficile ? Ne pas flancher. La tête haute. Elle baissait les armes, oui. Mais n'abandonnait pas le combat. Elle cessait d'attaquer, de se défendre. Mais n'abandonnait rien. Ni son expression figée, visage marqué par la haine et la tristesse, ni même le regard d'Isiah qu'elle soutenait à présent avec une aisance déconcertante. Il ne lui faisait pas peur, ne l'effrayait plus. Son masque, elle l'avait vu tomber à plusieurs reprises. Le lui avait arraché, entre un sourire et quelques mots, agilité soudaine que la vérité pouvait procurer à ses doigts. Elle l'avait désarçonné, un instant. Et cette mince victoire lui suffisait, car il s'agissait au fond de tellement plus. Bien plus qu'un doute, qu'une question, qu'une hésitation. Un brin d'attachement. C'était tout ce qu'elle avait demandé, au fond. Qu'il tienne à elle, qu'elle soit un peu plus. Un peu plus qu'un jeu, qu'un acquis. Un peu plus qu'une distraction. Un peu plus qu'un jeu de cartes qu'il possédait entre ses mains. Un peu plus qu'une couleur distincte, qu'un visage familier. Un peu plus qu'un nombre. Un peu plus que ce qu'il attendait d'elle. Surprendre, effrayer aussi. Peut-être cette impulsivité dont elle n'avait jamais fait preuve à ses côtés l'avait-il déstabilisé. Peut-être l'avait elle pris de cours, en lui balançant ces vérités à la figure. Qu'importe. Elle l'avait déstabilisé malgré sa peine, s'était vicieusement frayée un chemin jusqu'en ces terres reculées que pouvaient être celles de la sincérité. Un instant elle l'avait retrouvé. Et quand bien même ses mots pouvaient encore l'attaquer, ronger son âme toujours un peu plus, elle ne s'en souciait que très peu. Qu'elle souffre, qu'elle crève s'il devait en être ainsi. Qu'elle crève en sachant qu'il s'en voudrait. Un point de chute, un moment servant de référence, une seconde à laquelle se raccrocher. Ultime acte de désespoir, Lilianna en cet instant se laissait doucement aller dans les bras d'une certitude qu'elle avait reniée jusque là : celle qu'il s'agissait de plus. Et elle espérait. Peut-être était-ce naïf, incongru, inapproprié suite aux mots tranchants qu'il lui envoyait toujours en plein cœur. Peut-être était-ce tout simplement de l'ordre du suicide. Rouvrir une fois de plus les portes de son fort intérieur quand bien même ce dernier fut considérablement vulnérable. Laisser, en dernier acte, dernier combat, ce qu'elle ressentait la conduire au bord du gouffre. Et sauter la tête la première, oui. Sauter les yeux fermer en espérant que la chute se ferait douce. Elle n'y était pas encore, à cette chute. Cependant chaque nouvelle blessure ne la faisait que se rapprocher du bord, du point de déséquilibre. Ultime appel à l'aide. Ultime réponse.
Le regard ancré dans le sien. Elle pouvait y lire bien des choses, dans ces yeux électriques, magnétiques. L'opposé exact de ce que lui lui balançait. Il était probablement la seule chose qui lui permettait de rester en vie face à ces mots. Garder la tête hors de l'eau, ne pas se laisser happer par cet océan de violence, ballotée entre les mots et les gestes, les tons et les souvenirs. Laisser son regard se perdre entre cette haine et cette douleur. Encore un endroit auquel il ne mentait pas. Son regard le trahissait, même si ce n'est que difficilement que Collins se l'avoua. Et elle y restait ainsi accrochée comme à une bouée de sauvetage. Et ne le lâchait, jamais. Comment aurait-elle put ? Il était son seul rempart à ses mots, son seul réconfort face à ses attaques. Paradoxe ô combien compliqué qu'eux seuls semblaient être en mesure de comprendre. Mais après tout, est-ce qu'un seul instant seulement quelqu'un d'autre aurait du comprendre, ou intervenir ? Non. Ce n'était qu'eux. Eux et leurs jeux tordus, sournois, vils. Destructeurs, aussi. Mais n'était-ce pas l'essence même de leur relation ? Ce désir, brûlant, toujours se glissait plus intensément et vicieusement dans ses veines à chaque nouveau coup, s'intensifiait sous ses mots. La douleur était vive, la lancinait, chaque centimètre carré de sa peau fiévreuse hurlait à la mort. Pourtant sa seule présence semblait en cet instant compenser le reste. Elle en avait demandé plus, avare qu'elle était. Mais aurait pu se contenter de tellement moins. De lui. De lui seulement. De lui et de ses bras, de ses lèvres qu'elle désirait de manière exagérée. La douleur était vive et lancinante, oui. Sa peau fiévreuse hurlait à la mort. Cependant, chaque instant, toujours plus profondément, cette homme qu'elle haïssait d'une manière inédite ne faisait que s'ancrer encore en elle. Inexorable fait qu'elle avait tenté de combattre, aussi, mais face auquel elle abandonnait maintenant, se rendant compte que se battre à mains nues contre le fer rouge ne ferait qu'accentuer cette doucereuse douleur. Ainsi la brûlure semblait elle s'étendre si elle tentait de l'éviter, de parer ses attaques. Ainsi lui paraissait l'attirer encore plus si elle tentait de se battre. Peut-être était-ce au fond, la cause même de son abandon. Violet ne souhait empirer la chose, aggraver son état. Quoi qu'elle fasse, il était là. Quoi qu'elle fasse, il serait là. À un endroit sur lequel tous deux n'auraient jamais pariés un seul instant en se rencontrant. Son cœur.
Finalement quelques mots seulement la sortirent de ses pensées, de son regard. Collins détourna la tête, nerveusement. Son père. Son père. Elle le haïssait tellement. Mais l'aimait, aussi, inconditionnellement. Comme une fille se devait d'aimer ses parents. Et elle ne cessait de le pardonner, se confortait dans l'idée qu'il agissait seulement pour son bien. Isiah avait trouvé comment la toucher. Il l'avait déjà su, à vrai dire, bien avant. Mais avait trouvé ce point. Le point important. Base même de son éducation, base même de la personne qu'elle était et serait. Il l'achevait après l'avoir amadouée. Se servait d'elle, une fois de plus. Les larmes roulaient encore sur ses joues. Irrépressible besoin d'évacuer. Cependant, malgré la douleur engendrée, elle ne ressentit aucune haine. N'avait-il pas raison au fond ? Peut-être. Et sa plus grand douleur résultait de cette vérité qu'elle avait toujours niée, comme du fait qu'Evan la connaisse bien mieux qu'elle n'aurait pu l'imaginer un seul instant. À son plus grand bonheur. À son plus grand malheur. Non, il n'arrêterait jamais. Creuserait même le sol après avoir tout détruit, et profanerait peut-être même sa tombe après l'avoir lui-même enterrée.
Déjà le Burroughs rassemblait ses affaires. Déjà claquait-il la porte. Déjà se retrouvait-elle de nouveau face à lui, se raccrochant encore et toujours à ses yeux tandis qu'elle lui plaquait le sac contre le torse. Et des mots qui toujours l'approchaient un peu plus du gouffre, de ce saut, cet espace entre la raison et le cœur. Il la poussait, peut-être volontairement ou non. Il la poussait à bout, au bord, sur la pointe des pieds. Elle l'avait cherché, et l'avait trouvé. Lilianna déglutit difficilement, ravalant par la même occasion le peu de fierté qui lui restait encore. Ces mots ne pouvaient pas lui avoir appartenu. Déjà la culpabilité se frayait un chemin en son être entier, lui valant un long frisson. Le regard toujours plongé dans le sien, et une scène, qui pour elle parut être une éternité. Pourtant, il vint l'embrasser. Doucement. Sans un mot de plus, ni une explication. Et elle ne bougea pas, incapable de faire quoi que ce soit, si ce n'était de lui répondre, un peu. Timidement, toute penaude telle une enfant qu'on aurait pardonné de sa bêtise. Et Evan se retournait, s'enfuyait. Sans autre forme de cérémonie, sans un regard. Retrouver cette colère, ce trouble, cette intensité. Sentir une chaleur étouffante s'abattre sur son être entier. Encore une réaction physique qu'elle ne put contrôler. Les muscles tendus. Il fuyait, il fuyait. Il partait. Lui filait entre les doigts, lui échappait. Le souffle court, Violet serra fermement le sac contre elle. Le serra, oui. Avant de venir le balancer contre le dos d'Isiah, le forçant ainsi à se retourner. Et elle le rejoignit, séparant leurs deux visages de quelques centimètres seulement. Les larmes aux yeux. La respiration haletante. Intensité troublante mais qui pourtant en cet instant ne faisait qu'accroître l'assurance nouvelle dont elle faisait preuve. Glissant dans ses veines, dans chaque partie de son corps. Ainsi ses lèvres se retrouvèrent elles à bouger seules, sans qu'elle ne réfléchisse ne serait-ce que l'ombre d'un instant à ses mots. « Alors tu te barres, c'est tout ? Tu prends tout ? Tu t'en vas sans rien dire ? Tu préfères éviter peut-être ? Ouais, c'est sûr que c'est plus facile. Si tu t'en vas, aies au moins la décence de prendre ce qui t'appartient et non ce qui n'est pas à toi ! T'es con, t'es con ouais, j'ai jamais vu quelqu'un d'aussi con. T'es stupide, t'es égoïste, et impulsif. T'es qu'un abruti de première. Tu prendras pas tout, non. Je t'interdis de partir après tout ce que tu viens de détruire, de réduire à néant avant de reconstruire une bâtisse et de venir encore la détruire de ta propre main. T'as pas le droit ! T'as pas le droit de faire ça ! T'as pas le droit de partir comme bon te semble, de revenir quand l'envie t'en prend. Tu crois que c'est aussi facile de rentrer comme ça dans la vie de quelqu'un et de te barrer le jour d'après ? T'as pas le droit de me balancer tous ces mots juste pour un malentendu, t'as pas le droit de tout me jeter en pleine figure comme ça sans prendre le temps de comprendre. T'as pas le droit, tu comprends ? Je te l'interdis ! Je suis pas une poupée, merde. Je ressens. Et là j'te déteste. J'te déteste comme j'ai jamais détesté quelqu'un de la sorte. J'te hais, et mon corps entier me hurle que je devrais t'en foutre une, même si je sais que je me ferais mal. Après tout ça pourrait pas être pire. Mais, le truc... Le truc c'est que... J'ai aussi une furieuse envie de t'embrasser. Tu fais vraiment chier Burroughs. » Sauter. Plonger la tête la première. Rompre le dernier fil de raison, la maintenant encore en équilibre. Passer la barrière du cœur ; celle qu'elle s'était imposée, même si au fond il ne s'agissait pas de grand chose. Et Lilianna vint rechercher ses lèvres, encore. Décharge électrique que lui valut encore ce simple contact, long frisson qui la parcourut de son corps entier tandis qu'elle glissait doucement une main sur sa nuque afin de le maintenir contre elle. Ils s'étaient de nombreuses fois embrassés. Mais jamais comme cela. Jamais sur le palier de son appartement. Jamais timidement. Jamais sincèrement. Jamais d'une intensité aussi profonde. Déjà son cœur tambourinait jusque dans son esprit, dans un vacarme effroyable et incontrôlable. Tout donner. Tout donner, pour peut-être se prendre en simple réponse un retour qui ne serait qu'encore plus violent que les précédents. Qu'importe. Elle le voulait.
E. Isiah Burroughs ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Dim 3 Fév - 23:05
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret.
Anger is an acid that can do more harm to the vessel in which it is stored than to anything on which it is poured.
Sans bruits. S'en aller, le cœur lourd, gorgé d'un liquide putride. Ne pas se retourner. Ne pas prendre le risque d'avoir le boxeur crevé, éclaté par cette vision. Vision d'une Violet en larmes, dévastée par cette dispute, mais surtout par les révélations forcées. Se dire qu'il s'en foutait, que cela finirait par lui passer, qu'elle finirait par s'en remettre, par oublier. Par l'oublier. Oui c'était ça. Auto-persuasion. Ça passera, parce que c'est ça la vie et rien d'autre. S'attacher, souffrir et puis oublier. Isiah savait depuis longtemps qu'une rencontre admet forcément une séparation, que chaque instant passé fait écho à un moment de solitude. Tout ira bien. Mieux valait s'en aller maintenant, pendant qu'il en était encore temps, afin de minimiser les dégâts engendrés, occasionnés à ce cœur qu'il était censé détruire, en extraire toute l'essence, juste à des fins professionnelles. Sauf qu'il voyait bien qu'il ne pourrait pas aller jusqu'au bout de son entreprise, il ne le pouvait pas, c'était bien trop difficile. Appuyer sur la gâchette de son fusil oui, mais faire ce qu'il était censé faire avec Violet, non. Ôter la vie à un être qu'il ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam s'était révélé bien moins difficile. Une part d'humanité semblait subsister en lui, une part bien enfouie, cachée dans les tréfonds de son être. Une part que le temps, que son père, que les embruns de la vie s'étaient évertués à détruire à grand renfort de coups de marteau. Mais elle était toujours là. Et cette partie semblait refaire surface, émergeant des profondeurs, ramenée à la vie par la simple présence, les mots et les gestes de Violet. Une sorte d'attachement qu'il ne s'expliquait pas, l'empêchait de faire son travail correctement. Une incision de plus sur cet organe défaillant, une petite tachycardie mentale, un sadomasochisme et enfin il faisait attention à cette maudite chose, qui cogne contre les côtes. Le cœur se complaisant dans la douleur, ou bien était-ce lui tout simplement qui était l'acteur principal de cette souffrance que pouvait représenter sa vie. La douleur, seul moment où une conscience accrue de son existence apparaît enfin, où l'on en prend enfin soin. Le reste du temps, on ne s'y intéresse pas plus qu'à sa première dent de lait. Et pourtant, on devrait l'écouter plus souvent, cette saloperie de boxeur, qui distribue des coups dans son propre corps. Parce qu'un jour viendra où plus aucune colle ne pourra rassembler les morceaux, et quelques uns finiront éparpillés dans le vent, dans les larmes, finissant par ne laisser qu'un moignon de cœur. Abusé. Désabusé. Un palpitant en un seul mot morceau n'a pas de vraie valeur ; il fait partie de ces choses qui ne sont importantes qu'une fois brisée. Un cœur en bonne santé ne suscite aucune attention. Mais ça, il s'en foutait bien pour l'heure, ou du moins c'est ce qu'il essayait de se dire depuis plusieurs minutes déjà. De toute façon il était bien moins douloureux de se briser sur quelqu'un, de lui hurler tout un tas d'horreurs, plutôt que de chercher à gratter, à en savoir plus sur la dite personne. Et puis il ne voulait pas que Violet l'aide à ramasser les morceaux et encore moins qu'elle lui fasse constater que les dégâts étaient moindres, puisque de toute façon, il ne restait plus grand chose de son cœur avant qu'il ne se brise. Peut-être qu'après s'être fait sauter le muscle cardiaque des milliers de fois, il n'en resterait plus que l'essentiel, l'important, juste l'important. Et que le superflu disparaisse à chaque nouvelle chute, ne comprenant alors pas que cette campagne de destruction le conduirait à sa perte. Un projectile lui arriva dans le dos, boulet de canon qui le fit dévier légèrement de sa trajectoire et de son but premier. Geste annonciateur d'un nouveau round dans cette bataille sans fin. Jamais il n'arriverait à quitter ce lieux. Au fond de lui, ce n'est pas ce qu'il voulait de toute manière. Rester quelques instants de plus, peu importe la façon dont l'entrevue se poursuivrait-elle. Profiter encore un peu de la présence de cette tempête brune qui mettait toute son âme à feu et à sang.
Le Londonien se retourna légèrement, avant de se retrouver nez à nez avec Violet. Silencieusement, il l'écouta, voyant derrière cette façade de colère et de cynisme un mal-être tellement intense qu'il lui en donnait presque la nausée. A mi-discours, ou mi-monologue plutôt, un sourire noir étira un coin des lèvres de l'ancien détenu, mais il refusa de s'attarder sur les détails qui témoignaient du rapport que Violet avait avec lui-même. Logés tous deux à la même enseigne. Ils en étaient au même point, perdus en eaux sombres, n'arrivant plus à retrouver la surface, se noyant et s’entraînant mutuellement vers les bas-fonds d'une existence leur échappant complètement. Perdus à un croisement, hésitation au creux de l'estomac quant à la prochaine direction à suivre. Droite ? Gauche ? Ni l'un ni l'autre ne semblait savoir, mais plus encore, aucun d'eux ne semblait savoir ce qu'il désirait réellement. Le dialogue plus ou moins sans queue ni tête de Violet lui fit prendre conscience qu'elle aussi était aussi paumée que lui. Dire qu'il était l'investigateur de toute cette pagaille. Il se méprisa au plus haut point, au même instant où les mots de la jeune femme crevaient la brume de son esprit. T'es con, égoïste, impulsif, j'te déteste... - le pire c'est qu'il ne pouvait même pas la contredire, pensant exactement la même chose de sa petite personne - une douce mélodie qui résonnait en rythme à ses oreilles jusqu'à l'acte final de cette tragédie. Un final auquel il ne s'attendait visiblement pas. Un final qui le laissa sans voix. C'est presque s'il avait pu voir la main de la jeune femme s'armer à la fin de son discours, mais rien, pas de gifle, pas de morsure ardente sur la peau de sa joue, rien que celle des lèvres de la brune contre les siennes. A en perdre la raison complètement, dans un bruit fracassant, il laissa tomber à terre ses dernières armes, rendant avec fougue son baiser à Violet. Tout oublier, oublier qu'ils se trouvaient tous deux devant le palier de l'appartement qu'il avait tenté de fuir lâchement. Oublier que quelques secondes plus tôt, ils se déchiraient avec une force dépassant tout entendement, toute raison. Une raison qui les avaient quittée tous deux semblerait-il, pour ne leur laisser plus que le principal, ce qu'ils tentaient aussi bien l'un que l'autre de cacher à la face du monde. Ce désir, cet attachement. Il avait suffit de souffler au bon endroit, pour faire s'envoler le sable masquant le véritable fond de cette histoire. Sable qui retournerait presque aussitôt de là où il était censé venir. Retourner le sablier et compter les heures restantes, leur restant à vivre, à passer l'un à côté de l'autre. S'abandonnant aux lèvres de son amante, Isiah en aurait presque oublié que ce petit jeu ne pourrait pas durer éternellement. Pour le moment, la question ne se posait plus. Plus aucune question ne se posait d'ailleurs, tout ce qu'il voulait s'était arrêter le temps et rester ainsi, à chercher les lèvres de la brune, à les mordiller, la main de cette dernière plaquée contre sa nuque, comme si elle avait peur qu'il ne parte soudainement. Sauf qu'il ne comptait pas partir, du moins pas tout de suite, pas maintenant. Pas avant qu'elle ne le lui demande cette fois-ci. Des émotions contradictoires éclataient toujours dans sa tête, partagé entre l'envie de tout lui révéler, mais surtout celle de ne rien dire et de profiter de sa présence. Un sursis accordé, volé, qu'il s'octroyait. Jouer une fois de plus avec la vie d'autrui. Se laisser consumer par cette brûlure, celle qui enflammait la moindre parcelle de son être. Sa raison lui commandait de mettre un terme définitif à tout ça, tandis que son cœur lui dictait le contraire. Parcouru d'un frisson, il prit le visage de Violet entre ses mains, délicatement. Reprenant sa respiration, il apposa son regard sur ce visage qu'il caressa du bout des doigts. Nouveau sourire narquois.
« Je fais chier ? C'est pas l'impression que j'ai eu pourtant ! Je te rends ton compliment Violet, toi aussi tu fais chier ! » Le visage de cette dernière toujours entre ses mains. Souligner d'une manière, n'importe laquelle, qu'il n'était pas insensible et qu'elle exerçait une certaine attraction sur le pauvre homme faible qu'il était. Pourquoi tout devait toujours être aussi compliqué dans cette stupide vie ? C'est la question qu'il se posa avant d'embrasser à nouveau Violet et de chercher d'une main la poignée de la porte. Ce combat interne encore et toujours. Il la trouva et poussa doucement Violet à l'intérieur. Il rentra à son tour, avant de refermer la porte derrière lui. Ce qu'il s'apprêtait à dire ne lui ressemblait absolument pas, cela lui demanda d'ailleurs un effort considérable. Commencer par un léger trait sarcastique. « Ce n'est pas une tenue décente pour traîner dans les couloirs Madame ! En plus t'as oublié ton sac dans le couloir. Je pense que le voisin va être content de le trouver... Je ne compte pas le prendre parce qu'il ne m'appartient pas. Quand à ce qui n'est pas à moi, je ne vois pas de quoi tu parlais ! Pour le reste, je te l'accordes, je suis le type le plus con de la planète, le tout doublé de tout ce que tu as pu énumérer... et je sais parfaitement que tu n'es pas une poupée, ce n'est pas comme ça que je te vois, c'est pour ça que je préfère m'en aller avant que les choses ne dérapent et que tu regrettes d'avoir couché une fois de plus avec quelqu'un d'aussi ignoble. C'est pas l'envie qui manque pourtant, mais je te respecte Vio', malgré ce que tu penses et si je m'en vais, c'est pour ton bien... Même si tu dois sûrement trouver ça bizarre, mais crois moi, c'est mieux comme ça. Et t'as le droit de me haïr pour avoir fouiné dans tes affaires, t'as aussi le droit de m'en vouloir parce que je suis le lâche qui t'abandonnes. Ouais, t'as le droit de m'en vouloir pour tout en fait. Fais toi plaisir au passage, fous moi en une, parce que c'est amplement mérité ! J'suis vraiment désolé, enfin quoique je puisse dire ça changera rien au fait que je suis un sale con de curieux. Je voulais pas te blesser... Je... ouais, c'était pas mon intention. » Bon il était désolé on avait compris et il attendait de recevoir la gifle qui ne tarderait pas à arriver, il s'interdit de bouger, malgré cette envie furieuse qui le poussait à prendre Violet dans ses bras. Et ce regard toujours, presque implorant, qui allait bien au delà de tous les mots qu'ils venaient de prononcer.
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Lun 4 Fév - 18:13
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Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret
erdre le cap. Se tromper de route, de chemin, essayer toutes les issues possibles, toutes les hypothèses. Tout tenter par la simple peur de l'échec. Pouvaient-ils encore se tromper, à présent ? N'avaient-ils tous deux pas atteint un seuil ou l'erreur, au fond, n'était que futile ? Son coeur le lui disait, le lui murmurait, doucement. Il supporterait plus encore, bien plus. Paralysé, endormi, vacciné contre cette douleur qui quelques minutes plus tôt seulement l'avait assailli. Mais pourtant simultanément terriblement vivant. Lancinant de ses battements puissants, détruisant sa cage thoracique, comprimant ses poumons. L'incertitude. Isiah s'en allait. Isiah s'en allait, ses repères aussi. Cause de sa perte mais aussi de sa survie. Paradoxe ô combien délicat qu'elle ne parvenait à comprendre entièrement. Une parcelle demeurait mystère, ombre. Tout au creux de son coeur, dans un coin de son esprit. Endroit jamais exploré qu'elle n'osait éclairer, quand bien même elle en connaisse bien la couleur et la signification. Apeurée. Ainsi se contenta-t-elle de le laisser lui échapper, un instant, l'abandonnant à ses doutes et ses peurs. Les mots et leur sûreté n'avaient plus de place ici. Ils en avaient déjà trop fait, avaient déjà bien assez détruit. Silencieuse, muette. Rien n'était à ajouter, trop avait été prononcé. Se blottir dans un mutisme nouveau ; masochisme que pouvait représenter l'inaction, cette incapacité inédite de le retenir qui s'empara d'elle quelques instants. Parce qu'il en était toujours ainsi à ses côtés. Des hésitations, des questions, sans cesse qui finalement ne menaient à rien. S'accorder du temps et des heures de doutes pour finalement foncer tête baissée, emprunter un chemin tortueux et délicat que pouvait être celui de l'impulsivité et de la spontanéité. Gravés tous deux sur les murs, marque indélébile qui semblait rythmer leur relation malgré le tournant nouveau qu'elle venait de prendre aujourd'hui. Bien plus torturée. Bien plus réfléchie. Pourtant, à chaque détour, chaque bout de couloir, toujours ces valeurs se retrouvaient inexorablement maîtresses de leurs esprits et corps respectifs. Ne pas penser. Tout du moins, cesser, le temps d'un instant. En revenir aux valeurs primitives, à la survie et l'envie. Rien que cela. Rien qu'un instinct, rien d'autre que quelque chose de trop intense pour être considéré comme une décision réfléchie et sensée. La raison les avait quitté, semblait-il, malgré les restes qui toujours venaient fausser ce qu'ils désiraient tous deux. Cercle infini, ô combien difficile à suivre puisque même Violet ne comprenait plus. Ne pas comprendre comment elle parvint à sortir de sa torpeur, à lui balancer un sac dans le dos. Ne pas comprendre ces mots qui lui échappèrent. Ne rien comprendre, non. Réaliser simplement qu'il lui répondait, lui rendait son baiser malgré ses mots blessants. Sentir le monde se dérober sous ses pieds. Sensation ô combien délicieuse dont elle se délecta, quelques secondes encore, pressant d'autant plus ses doigts contre la nuque d'Evan afin de ne pas flancher. Se raccrocher, encore et toujours à cet homme qu'elle ne connaissait au fond que si peu. Et partager avec force ce qui semblait les réunir malgré leur volonté : un attachement singulier, terriblement puissant, intense. De ceux qui vous glissaient dans les veines, inlassablement. Sanguin. Alimentant chaque partie d'un corps, qui, toujours en demandait plus. Désir qui lui revint bien vite, malgré la retenue dont elle parvint à faire preuve lorsque leur étreinte finalement se rompit. Gênée. Lilianna inspira profondément et détournant le regard, se mordit la lèvre tandis qu'un sourire timide se glissa sur son visage. Doucement, elle relâcha un peu la pression de ses doigts contre son cou, rattrapant finalement le regard d'Isiah de ses prunelles vertes, s'y plongeant. Encore et toujours ce même point d'ancrage, nouveau repère auquel elle se raccrochait toujours sans vraiment savoir pourquoi. Bourreau mais aussi sauver. Eternel paradoxe, mystère et questions qui semblaient sans réponse. Silencieuse quelques secondes durant, Violet fut parcourue de longs frissons successifs, irrépressibles et terriblement délicieux. Troublée par les yeux du Burroughs sur elle, mais plus encore par ses doigts qui, tendrement glissaient sur son visage, elle parvint pourtant à répondre d'un ton enjoué à ses mots qui lui valurent un sourire amusé non dissimulé. « Hhm peut-être que tes impressions sont mauvaises alors... Et ce n'était pas réellement un compliment, en fait. Mais après tout libre à toi d'interpréter cela comme bon te semble. » Le regard brillant. De ces restes de douleur, certes, mais aussi d'une malice nouvelle dont elle semblait faire preuve de temps à autres. Candeur qui lui était propre, innocence qui finalement ne l'avait jamais vraiment quittée. Demeurer une enfant. Ô combien fragile et naïve. Peut-être était-ce la raison de tant d'attachement à l'égard d'Evan. Il la protégeait. La rassurait, d'une certaine manière. Savoir qu'elle n'était pas seule à ressentir cela. Cette intensité, dévorant chaque partie de son être entier, brûlant chaque centimètre carré de sa peau sous un simple contact, détruisant son coeur, entièrement, devenant cendres avant de renaître dans ses bras. Perpétuel recommencement douloureux, difficile, mais qui pourtant ne cessait de les rapprocher un peu plus quand bien même jamais ils ne se l'étaient avouer jusque là. Atteindre ces lieux sombres et inhabités jusque là, ce n'était que trop facilement qu'Isiah y était parvenu sans qu'elle ne s'en rende compte. Eclairer cette partie retranchée de son coeur l'effrayait au plus haut point. Alors elle s'évertuait à cacher, encore et toujours, faisait en sorte que tout demeure sombre et inconnu, rester innommable. Mettre un nom sur ce qu'elle ressentait lui semblait être bien trop peu. Un ridicule mot. Quelque lettres, un son. Oui, bien trop peu. Bien trop peu face à ces hurlements déchirants qui parfois l'assaillaient de toute part aux côtés du Burroughs, bien trop peu contre ce désir qui, chaque jour grandissait un peu plus, bien trop peu comparé à ces battements qui souvent venaient lui briser la cage thoracique tant ils semblaient intense et passionnés. Doux euphémisme au goût amer de mensonge. Ils se berçaient d'illusions, se laissaient aller entre les bras accueillants et chaleureux que pouvaient être ceux des mots. Les mots n'étaient rien, si ce n'est tout. Tout ce dont ils possédaient pour s'exprimer, à leur plus grand malheur.
Tendresse nouvelle qu'elle ne lui connaissait pas. Violet ainsi se laissa guider, aveuglément, gardant ce sourire sur son visage tandis qu'elle lui rendait doucement son baiser, chatouillant sa nuque du bout des doigts. Une fois qu'il furent tous deux rentrés dans l'appartement, elle se contenta de s'adosser contre le mur, croisant ses bras sur sa poitrine. Amusée, en premier lieu par ses mots. Puis, prenant conscience des mots suivants, elle se fit plus attentive. S'arrêter sur chaque son. Décortiquer chaque signification. Il y en avait trop, à vrai dire, de significations. Trop de sens. Trop lourd de sens. Déjà ces phrases résonnaient dans son esprit, faisaient écho, revenant toujours se fracasser contre une autre surface de son crâne encore jusqu'ici inexplorée. Démêler tous ces mots, tous ces sons, toutes ces syllabes qu'elle avait bien du mal à avaler. Le regard perdu dans le vide. Elle ne comprenait pas, ne le comprenait pas. Il disait ne pas vouloir la blesser, et souhaitait s'en aller. Il disait la respecter, et la rejetait une nouvelle fois après l'avoir fait espéré, encore. Pointe de bonheur illusoire auquel elle avait cru goûté le temps d'un instant. Difficilement, Lilianna déglutit, tentant de garder son calme, ravalant ces mots perfides qui déjà s'étaient frayés un chemin jusque dans sa gorge sèche. Finalement, elle inspira profondément. Et attendit, quelques dizaines de seconde, une minute entière peut-être même après qu'Evan ait achevé son discours. Elle prit le temps de remettre ses idées en place, de calculer ses mots. Ne pas blesser. Elle ne voulait pas le blesser, foncièrement. Pourtant cette part de subconscient lui murmurait de le mettre une nouvelle fois à terre comme il venait de le faire pour elle. Cependant, Collins n'en fit rien, et prit finalement la parole, entamant ce qui ressemblait de près à un ultimatum par un ton amusé. « N'essaie pas de me faire croire que cette tenue te déplaît, tu ne serais pas vraiment crédible... Je ne connais pas mes voisins, je ne veux pas qu'ils aient ce fric, et même si je les connaissais, ça ne changerait rien. Je veux que ce soit à toi. Juste toi. » Là, elle marqua une nouvelle pause, redressant finalement son regard sur le visage d'Isiah, le regard empli de déception. Goût amer bien connu qui toujours lui revenait en bouche, visiblement. Elle reprit alors, quelque peu déstabilisée cette fois-ci. « Comment voudrais tu que je te crois alors que tu es en train de vérifier mon hypothèse ? Tu dis que je ne suis pas une poupée. Alors pourquoi, déjà, à peine après être revenu vers moi tu souhaites repartir ? C'est exactement ça, Isiah. J'ai l'impression que tu m'utilises quand tu en as envie et que tu t'en vas dès que t'es lassé. Je suis pas ça... Je veux pas être ça... » Fermer les yeux, quelques instants. Elle ne souffrait pas, ne sentait pas la douleur, mais pour une raison qui semblait lui échapper les larmes déjà se frayaient encore un chemin jusqu'à ses iris encore humides. Nerveusement, elle tira ses cheveux en arrière, reposant finalement son regard sur lui. Encore quelques secondes d'attentes. Et un ton, suppliant, mais au fond bien plus que cela. Bien plus qu'une simple requête. Un besoin. Celui de savoir, connaître, comprendre. Requête qu'il ne lui accorderait probablement pas. Pourtant, elle tenta. Après tout qu'avait-elle à perdre ? « Je ne te frapperais pas, je n'en ai pas la force. Mais je comprends pas ce que tu veux. Qu'est-ce que tu veux au juste ? Qu'est-ce que t'attends ? » Vérité qui soudainement lui éclata en pleine figure. Elle voulait le connaître. Curiosité qui toujours avait été là sans que jamais elle ne la laisse s'exprimer. Encore et toujours ce mutisme qu'elle s'infligeait à elle-même. Finalement, elle laissa tomber ces mots. La réelle question. La réelle demande. Et une vérité, terriblement déchirante, qui lui valut un retrait conséquent de la part de sa fierté. « Tu restes vraiment ou tu t'en vas. Je veux pas d'un... milieu. Enfin, c'st bizarre dit comme ça. Tu cesses de fuir ou tu continues, mais vraiment, cette fois. Sans te retourner. Est-ce que tu en serais capable ? Merde, comprends, j'en ai assez Isiah... Je... Je tiens à toi. » Ses derniers mots se firent d'une voix brisée, et elle finit par détourner son regard du sien, le souffle court. Trop intense, comme toujours. Trop réel aussi, cette fois-ci.
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Mer 6 Fév - 20:09
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret.
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Perdre la raison, ce semblant de lumière qui le guidait un peu malgré lui, dans le dédale de cette existence marquée par la violence. Violence d'un père, violence des mots qu'ils employaient lui-même. Comme un besoin de détruire à son tour quelque chose ou quelqu'un. Trouver une victime d'apparence fragile, poser la main dessus et refermer la paume. Faire le plus de dégâts possibles, pour avoir l'impression de contrôle, durant quelques secondes à peine. Contrôle d'autrui, contrôle de soi, et de cette destinée ne menant nul part ailleurs, que dans cet immense mur de béton armé. Une vie qui ne rimait à rien, si ce n'est cette errance, pour oublier qu'un moment viendrait où, les adieux seraient de mise. Se retourner et contempler le chemin parcouru, apercevoir cette longue et chaotique route complètement défoncée par les aléas bien trop marqués de cette dernière. Une destinée qu'il aurait voulu éviter, une histoire qu'il aurait préféré ne pas vivre. Mais lui avait-on vraiment laissé le choix ? Pourquoi se porter en victime d'ailleurs ? Il n'était que sa propre victime, éclairée par cette peur de vivre. Un peur qui le talonnait où qu'il aille. Une peur derrière laquelle il se cachait. Se pourrait-il qu'au moment de tirer sa révérence, il en vienne à regretter quoi que ce soit ? Si oui, quoi exactement ? Peut-être bien cet instant, celui où il s'était efforcé d'éradiquer Violet, de la dévaster jusqu'aux tréfonds de son âme, la blesser autant que possible. Un comportement qui trouvait son origine dans le mal, celui qui le rongeait, cette peur lancinante. Peur de vivre, mais encore plus de ne pas avoir assez de temps. Une contradiction qui se mélangeait en une purée informe dans ses veines, dans sa cage thoracique. Un sentiment exprimé ici, si l'on prenait le temps de s'attarder quelques minutes sur ces détails qui paraissaient insignifiants. Vouloir tout à une seconde précise, vouloir son contraire l'instant d'après. A force d'indécision, Isiah ne savait lui-même plus sur quel pied danser. Rejeter Violet avec force, puis se jeter dans ses bras. Elle n'était pas une poupée, il devait arrêter cela immédiatement, comme elle venait de le dire elle-même. Mettre un terme définitif à cette mascarade, aux blessures qu'ils s'infligeaient tous deux - dans un éclat d'orgueil - serait sans doute préférable. Mais non, la lente agonie semblait être ce qu'il y avait de mieux. Une agonie bientôt balayée par ce sourire, ce baiser rendu. En oublier le reste du monde, la tâche ordonnée. Le Londonien ne pensait plus qu'à une chose, se presser contre elle, sentir sa peau frémir, le goût de ses lèvres. Contact grisant, balayant d'un revers de main toute la scène, les mots précédemment jetés en pleine figure pour faire mal. Isiah avait du mal à se reconnaître en cet instant. Cette tendresse incomparable, avant qu'il n'y mette un terme. Seconde d'éternité brisée par ce regain de conscience. Cette même conscience qui lui hurlait de prendre ses jambes à son cou et de ne plus s'amuser avec la vie d'autrui. Pourtant ce n'était plus un jeu, c'était autre chose. Bien incapable il était, de mettre des termes sur cette relation, ce besoin de protéger et de cacher ses véritables intentions. Violet restait persuadée que sa seule motivation résidait dans l'argent, qu'ils amassaient tous deux lors de ces fameux coups de poker. Mais elle se trompait. Elle se trompait d'ailleurs sur toute la ligne. Plus vraiment dans le besoin, Evan ne crachait pas sur un peu d'argent de poche certes, mais cela n'était qu'en définitive une excuse.
Une bonne excuse pour passer un peu plus de temps avec cette drôle de fleur qu'il n'arrivait pas vraiment à comprendre. Un mystère insondable qu'il avait une folle envie d'élucider. Mourir d'envie d'en apprendre plus, de savoir quels sombres chemins avaient pu guider ses pas jusqu'en cet instant, non pas par voyeurisme, mais par réel intérêt. Un intérêt qui le poussa à faire quelque chose qu'il n'avait probablement jamais fait auparavant. Mettre fin à ce qui s'annonçait pourtant comme une nouvelle partie de plaisir. Maladroitement, c'est ce qu'il avait voulu lui faire comprendre. Il tenait à elle et ne voulait pas la traiter comme n'importe quelle autre fille qu'il aurait allongée dans son lit. « J'ai pas dis ça... mais c'était pas le sujet. Bon, si tu insistes tant pour que j'ai cet argent, on partage. Je m'en tape dans le fond de ce sac, malgré ce que tu crois ! » Suggérer toujours, rester dans l'implicite, ne pas trop en révéler, sous peine d'être pendu haut et court par son moi interne. « Tu comprends pas décidément... tu comprends vraiment pas. » Un soupir profond. A force de rester dans la suggestion, c'est l'effet inverse qu'il obtenait. Au lieu d'une compréhension, Violet restait persuadée qu'il se fichait d'elle, l'utilisait à bon escient comme on aurait utilisé un mouchoir avant de le jeter à la corbeille, mais n'en trouvant pas d'autre propre, on le reprend et ainsi de suite. Un goût amer en bouche. Ce goût qu'il ressentait et qui lui prouvait par la même occasion qu'un nouveau stade venait d'être dépassé. Il restait ce satané goût, et ne fit que s'intensifier au fil des minutes qui s'égrenaient dans cet appartement. Lilianna n'était pas obligée de le croire, rien ne l'y forçait d'ailleurs, même s'il aurait souhaité qu'il n'en soit pas ainsi. Debout, devant elle, ne pipant plus un seul mot depuis quelques minutes déjà, le cadet des Burroughs écoutait attentivement ce qu'elle avait à lui dire. Se taire, se perdre dans la contemplation de ce visage, juste écouter. S'intéresser à ce qu'elle pouvait dire, à ce qu'elle ressentait. Se tenir non loin d'elle, se contenter de la regarder. Hocher la tête de temps à autre, en silence. Silence qu'il fut obligé de rompre pour répondre aux nombreuses interrogations nébuleuses. Que répondre au juste ? Il ne savait même pas ce qu'il voulait dans le fond. « J'ai pas envie de partir, sauf que c'est mieux comme ça, c'est mieux pour toi surtout ! Je ne t'apporterais rien de bon Violet, c'est tout ce qu'il faut que tu saches ! Vraiment, je t'assures que c'est mieux si je m'en vais maintenant. Ce que je veux ? Ça n'a pas d'importance et ça n'a aucun poids dans la balance... »
Baisser la tête légèrement, trop honteux de cette simple constatation. Quoi qu'il puisse désirer, cela ne comptait pas. S'attacher à la cible n'était pas stipulé noir sur blanc sur ce satané bout de papier invisible qui le reliait à California. Qu'en aurait-elle pensé d'ailleurs si elle avait pu assister à cette scène ? Qu'il se débinait complètement et que son job ne consistait pas à faire mumuse avec Violet et encore moins ressentir quoique ce soit. Il n'était pas là pour penser, pour ressentir, juste pour agir et collecter des informations. Pour le moment, tout ce qu'il avait appris, c'est qu'il n'était qu'un sombre crétin doublé d'un imbécile. Il était humain, rien de plus et ne pouvait pas aller à l'encontre de ses sentiments. La suite et fin des paroles de Violet le laissèrent interdit, estomaqué. Quelque chose se brisa en lui, château de sable emporté par la marée, ne laissant qu'une petit tas encore visible. Des mots qui voguèrent quelques secondes, avant de sombrer totalement dans son esprit. Des mots qui réchauffèrent son âme endormie, des mots qui firent naître un semblant de sourire au coin de ses lèvres, avant qu'il ne s'éclipse derrière de nouvelles paroles. La faucheuse au dessus de la tête, mort dans l'âme, ses épaules s'affaissèrent. Un ton doux s'échappa d'entre ses lèvres. « Merde Vio'... fallait pas, fallait vraiment pas ! Je fuis pas, je veux seulement t'éviter de terminer comme moi. Tu mérites mieux que... tout ça ! Tu mérites bien mieux. Tu as vu l'extérieur de cette prison dorée dans laquelle ta famille te retiens, retournes-y, avant qu'il ne soit trop tard ! Je m'en voudrais vraiment qu'il t’arrive quoi que ce soit... T'as pas besoin de tout ça, crois-moi. Et l'abruti indécis que je suis ne peut plus tolérer que tu te rabaisses à ce niveau. C'est sûrement pas ce à quoi tu t'attendais, mais c'est mieux comme ça et... t'es pas rien, malgré ce que j'ai pu dire. C'est plutôt le contraire... » Il regrettait déjà ses paroles et c'est presque aussitôt qu'il enchaîna pour se rattraper en plein vol. « Trouves-toi quelqu'un... de bien, quelqu'un à ton image. » Son cœur fit un bond. Un bond violent et lancinant. Ce discours confus ne rimait à rien et s'inscrivait fortement dans l'hypothèse de la locutrice, mais peu importe. Il ne pouvait plus rester à présent, trop dur de résister. Il fallait que cela cesse. Il fallait. « Et puis merde... » Sans queue ni tête. Isiah parcouru les quelques mètres à peine qui le séparait de la brunette. Plaquant ses mains contre le visage de Violet, dans un souffle, il avoua : « Ça m'emmerde de te le dire Collins... Moi aussi je tiens à toi ! ». Retenir sa respiration, ne plus oser bouger, et se perdre à nouveau dans ce miroir de cette âme qu'il voulait sonder.
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Jeu 7 Fév - 17:37
Appartement de Violet ◈ E.Isiah Burroughs et L. Violet Collins
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret
ébrile, incroyablement vulnérable. Faiblir et ne plus jamais remonter cette pente au terrain glissant, sans même tenter le périple. Elle lui lâchait quelques paroles, de ces mots qui paraissaient futiles mais pourtant représentaient tellement. Une trève, enfin, quand bien même elle fut probablement plus fatigante que le combat lui-même. Insouciance et impulsivité, mélange amer causé par une perte trop importante de repère. Lilianna s'en ramenait à lui. Evan, et ses mots. Peut-être parce qu'en cet instant la seule certitude qu'elle avait était celle qu'il lui contait. Peut-être parce qu'elle n'avait plus la force de chercher, trop affaiblie de sa lutte. Deviner lui était devenu trop complexe, trop difficile, même si son esprit sans qu'elle ne le veuille vraiment ne faisait qu'imprimer le mauvais. Poser noir sur blanc le blessant, le péjoratif, le pire. Manière de se protéger, sûrement. Ne plus laisser naître l'espoir pour ne plus être déçue, et laisser la fatalité qu'elle se construisait elle-même de toute pièce dicter ces sons à sa place. Emprunter le chemin sous l'orage, les nuages gris et menaçants, c'est non sans peur qu'elle le fit, laissant traîner ici et là malgré tout quelques indices que lui prendrait peut-être la peine d'explorer. Elle s'était trop battue, s'était trop questionnée. Peut-être que, d'une certaine façon, Isiah analyserait plus rapidement ce qu'elle tentait de lui faire comprendre sans réellement s'en rendre compte. Il lui disait qu'elle ne comprenait pas. Réalité, qu'elle ne put nier. Pourtant lui non plus, ne comprenait pas. Dialogue perpétuel de sourds, ainsi paraissaient-ils voués à en revenir toujours au même point, simplement par peur d'avouer l'inavouable. « Non je ne comprends pas. Navrée. Je n'arrive pas à te suivre. » J'ai déjà trop essayé. Elle se retint de le préciser. Ne pas jeter d'huile sur le feu, ne pas rejeter la faute sur lui une fois de plus. Collins le savait bien, il n'était pas seul fautif. Pourtant ce manque d'explications ne faisait qu'accroître le sentiment qu'elle lui avait énoncé plus tôt. Un simple jouet. Non pas pour des raisons d'argent, contrairement à ce que lui semblait avoir compris. Mais par simple amusement. Spectacle ô combien distrayant que pouvait peut-être être celui d'avoir ainsi la jeune proie facile qu'elle représentait. Trop sincère. Trop naïve. Constat navrant qui ne fit que la déstabiliser davantage, tandis que, le regard toujours planté dans le sien, elle se perdait cette fois-ci sans aucune curiosité dans ses yeux. Point de chute. Tel un funambule sur le fil, elle fixait ce point qu'elle ne lâcha pas une seule seconde tandis qu'Evan déjà faisait tanguer la seule chose la séparant de la chute dans un souffle. Encore des mots, qui la touchèrent au plus profond de son être. Pourtant elle resta de marbre, laissant cette fois ci ses prunelles vertes se glisser sur son visage, caressant d'un regard ce qu'elle aurait aimé posséder. Quelques secondes de silence. Violet détourna le regard, un instant, le temps de reprendre ses esprits. Avant de le replonger une nouvelle fois dans celui d'Isiah tandis qu'elle répondait à ses paroles. « Si cela n'a pas d'importance, pourquoi ressens-tu le besoin de l'énoncer à haute voix ? Pourquoi tu m'en fais part ? Et t'es pas apte à décider ce qui est bon pour moi. Tu l'as dit toi même tout à l'heure. C'est à moi d'assumer mes actes. Et j'assume totalement. » Le ton calme, le regard déterminé, peut-être trop. Qu'importe. Il se contredisait, et s'étonnait qu'elle ne le comprenait pas. L'incertitude était devenue mot d'ordre, cependant parmi ce désordre quelques points semblaient toujours tirer leur épingle du jeu, sans qu'elle ne s'en rende compte. Impact plus important que pouvaient avoir certains sons sur elle, certaines significations. Toujours perdue, ne sachant quelle route emprunter, ne sachant par où passer pour parvenir à son but.
Trop de spontanéité. Trop de choses qu'elle n'était en mesure de contrôler. Trop de sentiments, trop de haine, trop d'amour, trop de tout. Surplus certain auquel ils semblaient êtres tous deux en proie. Une saturation. Une saturation, et tout explosait, tout implosait. Impacts douloureux des mots sur leur peau, sur leur corps. Et ce mélange qui toujours un peu plus s'obscurcissait de nouvelles paroles, de nouvelles couleurs qu'elle ne reconnaissait plus parmi les autres. Abstraction à laquelle elle était confrontée, représentant pourtant avec difficulté la complexité des sentiments et émotions par lesquels elle paraissait être passée le temps de quelques minutes seulement. Doutes, encore se balancer entre deux volontés tellement différentes, et ne jamais au grand jamais cesser ce manège infernal, ne jamais laisser ce cercle sans fin s'achever. Avouer partiellement avant de se recroqueviller sur soi-même, afin de parer les coups et les attaques, éviter les blessures et la souffrance. Méthode de défense qu'elle avait fini par adopter au côtés du Burroughs, quand bien même son fort intérieur lui murmurait simultanément qu'il n'y avait pas besoin d'avoir peur. Fermer les yeux, simplement. Fermer les yeux et écouter, tandis que son corps se déchirait en deux parties bien distinctes. Fermer les yeux et écouter, tandis que tout ce en quoi elle avait toujours cru s'effondrait sous ses yeux. Observer ses principes la détruire, voir ce qu'elle pensait être le meilleur pour elle la faire souffrir à un point innommable. La raison. La raison, et ses règles. La raison et ses limites ; celles du coeur. Que pouvait donc être le pire ? Etait-elle vouée, de cette façon, à demeurer raisonnable ? Sombrer dans la déraison pour ensuite y ressortir avant de se faire happer une nouvelle fois. Contre sa propre volonté. Ou non. Déjà ce désir l'avait emporté, pourtant, suite à ses mots Lilianna ne put réprimer cette légère douleur, qui soudainement vint frapper son corps tout entier, réalisant soudainement la portée de quelques syllabes. La vérité. Combattre durant de longues minutes, tourner autour du pot dans le but de ne jamais l'avouer. Détruire, souffrir, au coût de la vérité, au nom du mensonge. Ainsi tous leurs efforts respectifs avaient été vain, mais qu'importe. Ces mots lui avaient échappé, elle les regrettait, quand bien même un certain soulagement s'empara d'elle alors qu'elle détournait vivement le regard d'Isiah, effrayée de la réaction qu'il pourrait avoir. Le silence lui répondit à sa place. Un frisson, suivi d'autres, lui traversant l'échine. Ce n'est que difficilement que Collins déglutit discrètement, attendant toujours un mot, un seul. Une réponse, même si cela devait signifier un rejet. S'accrocher à quelques syllabes qui, en premier lieu ne vinrent pas. Espérer ce qu'elles pouvaient signifier : un semblant de certitude, un début d'idée, de concret sur lequel elle pourrait se baser enfin. Et, finalement, achevant cette douce torture que pouvait être les non-dits, il lui répondit. D'une manière qui la surprit, un peu. Elle l'écouta, le regard perdu dans le vide à sa gauche. Elle l'écouta, oui, et fut surprise de la simplicité avec laquelle il s'exprima. Pas d'implicite. Juste une vague de spontanéité certaine qui l'emporta sur son passage, venant avec habileté panser de son sel les blessures, en faisant naître d'autres. Il voulait son bien, mais ne souhaitait pas faire partie de son monde. Ne pas interférer dans sa vie, lui se considérait comme nocif. Comment pouvait-il penser cela alors qu'il représentait pour elle une des seules manières de vivre réellement ? Une bouffée d'air, d'oxygène. Peu importe les conséquences, elle s'en fichait, n'y apportait que peu d'importance. L'ultime façon de s'échapper de ce que lui même considérait comme une prison, malgré le fait qu'il veuille l'y renvoyer. Suite à ces mots là, Violet redressa le regard sur lui, légèrement troublée, toujours attentive à la fin de son discours qui lui retourna l'estomac et le coeur. Tant de contraires dans si peu de phrase, tant d'indécision et d'incertitudes. Et ces derniers mots, ses derniers mots, qui l'obligèrent à s'appuyer de nouveau contre le mur présent derrière elle. Trouve toi quelqu'un. Nouvelle douleur lancinante inexplicable qui lui parcourut le coeur, chatouillant de ses doigts meurtriers sa peau, venant caresser ses lèvres avec amusement, souhaitant probablement la faire taire. Chose qu'elle parvint à faire, quelques instants seulement. Se battre contre vents et marées, contre ces courants qui déjà l'avaient emmené au loin dans leurs bras puissants. Elle revenait à la charge. Elle le voulait, de toute ses forces. Pourtant sans vraiment savoir ni pourquoi, ni comment, lui revint la chercher, attrapant son visage entre ses mains. Le souffle court, tremblotant. Lilianna rattrapa son regard du sien, restant immobile, quelques secondes, décontenancée, troublée, et bien plus encore. Incomprise, incompréhensible, rien n'était donc mesuré entre eux. Ni cette respiration qui soudainement semblait s'emballer, ni même ce coeur qui lui aussi réagissait de la même manière, où encore ce désir brûlant qui s'infiltra en elle violemment, naissant au fond de sa poitrine. Chaleur intense à laquelle elle succombait littéralement. L'impression une nouvelle fois d'observer le temps s'arrêter. Rien ne tournait rond, même pas ces fichues minutes qui toujours un peu plus semblait les couleurs tous deux, ensemble. Toujours. Dans la douleur et dans la haine, dans la perte de soi aussi. Discours probablement trop solennel pour les deux vagabonds qu'ils étaient, mais pourtant terriblement réel.
Doucement alors, Collins sortit finalement de ses pensées, le regard toujours posé sur Evan. Naturellement, sans qu'elle ne se pose aucune question, elle s'approcha encore un peu de lui, collant son front contre le sien tandis que dans un rythme plus saccadé cette fois-ci, sa poitrine se soulevait. Sentir le souffle chaud du Burroughs se glisser sur ses propres lèvres, ses doigts toujours figés sur son visage. Seul fait important. Seul fait qui comptait. Il était là. Et, comme pour vérifier cette hypothèse, Lilianna glissa une main incertaine sur son torse, qui, doucement remonta jusque dans son cou, effleurant du bout des doigts ce dernier. Toujours silencieuse. Résistant tant bien que mal à cette envie qu'elle avait de venir l'embrasser, à nouveau. Figer cet instant. Dans le silence, dans la paralysie. Savourer avec plaisir cette douce torture ô combien délicieuse. Et finalement, dans un souffle, un seul, elle vint murmurer d'une voix tremblotante. « ...Il m'arrivera rien si tu restes ici. Je veux rester là, avec toi. Reste aussi. S'il te plaît. » Le regard toujours planté dans le sien, d'un ton presque suppliant. Vérité qu'elle avait admis. Ne pas lui laisser le temps de rétorquer quoi que ce soit. Ne pas lui laisser le temps de briser cela. Tendrement, elle vint chercher ses lèvres, encore, cédant finalement à ses désirs, rompant les derniers centimètres les séparant encore. Vivre. Vivre et respirer à pleins poumons, le temps de quelques instants. Le temps d'une pause. Le temps d'un silence.
E. Isiah Burroughs ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Sam 9 Fév - 22:56
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret.
Anger is an acid that can do more harm to the vessel in which it is stored than to anything on which it is poured.
Ouvrir ses bras, ouvrir son cœur. Se laisser aller, baisser sa garde et accepter que l'on touche son âme. Chose qu'il avait refusé durant ces dernières années, comme une punition infligée à lui-même, comme s'il n'avait pas le droit d'être un minimum heureux, comme s'il ne méritait rien ni personne. Et maintenant qu'il se trouvait là, devant Violet, jeune femme susceptible de lui offrir ce dont il rêvait secrètement, il n'en menait pas large et se cachait derrière une amertume et une acidité, dont il ne se serait pas cru capable envers la gente féminine. L'attaque pour seule défense, il en venait presque à se répugner lui-même. Un dégoût qui ne s'en irait probablement pas de si tôt. Si seulement il avait pu refuser cette offre d'emploi, si seulement il pouvait encore croupir en prison et purger sa peine comme n'importe quel taulard. Vouloir tout et son contraire, flot de contradictions évoluant dans ses cellules, ne plus vraiment savoir. Ne plus savoir sur quel pied danser. Tout faire pour forcer Violet à fuir. S'il prenait le temps de regarder d'un peu plus près, mais aussi de jeter un regard en arrière, il faisait toujours ça. Éternel recommencement. Avoir peur de s'attacher à autrui et faire tout ce qui se trouvait en son pouvoir pour tout faire foirer. Une peur panique, presque ancestrale, le tout cumulé à un manque cruel de confiance en soi et voici qu'il répétait inlassablement le même schéma. Les paroles s'échappant de ses lèvres ne signifiaient rien, comme le lui fît remarquer Violet. Il s'emmêlait les pinceaux, se prenait les pieds dans sa confusion pour finalement afficher un visage dès plus défaits. Visage qu'il n'était pas censé laisser apparaître, du moins pas devant la jeune femme. Les attaques incessantes de cette dernière, son attitude, ce regard, tout avait finalement eu raison de lui et il apparaissait tel qu'il était vraiment. Démuni, ne sachant pas ce qu'il voulait réellement. En réfléchissant un peu, il comprenait au moins une chose. Il voulait rester auprès de Violet, même s'il savait de source sûre que cela ne serait pas lui rendre service. Un paradoxe qu'il avait tant bien que mal et plutôt mal que bien tenté de lui expliquer. Un paradoxe qu'elle ne comprenait visiblement pas. Qui d'autre que lui pourrait le comprendre de toute façon ? Personne. Des mots incompréhensibles visant à l'éloigner de lui, une attitude de rejet, puis dans la même phrase son parfait opposé. Lui-même ne saisissait plus clairement le sens des paroles prononcées. Plus rien n'avait de sens, plus rien si ce n'est ce regard qu'elle lui lançait en cet instant même et qui lui donnait clairement envie de s'y noyer. Se retrouver sous la surface, sentir ses poumons le brûler, manquer d'air et se laisser couler. Douce agonie. Sentiment glacé qui coulait dans ses veines, alimentant la mécanique défectueuse qui ne tournait plus vraiment rond. « Laisse tomber alors... » Le natif de Londres aurait bien aimé qu'elle arrête de le regarder de la façon dont elle le scrutait en ce moment même. Un regard auquel il ne résisterait pas longtemps, et pourtant il venait d'avancer l'idée qu'il ne pouvait pas rester, aurait certainement déjà dû partir depuis plusieurs minutes déjà. Vouloir partir, s'échapper, commander à ses muscles d'entrer en action, mais ne pas y parvenir. Quelqu'un, ou quelque chose s'était emparé de son être, le contrôlant depuis l'intérieur. Guidant les pas qu'il était incapable de faire en direction de cette foutue porte, commandant ses lèvres et ce venin qui s'était épuisé, amenuisé. Et les questions fusèrent par la suite. Des questions auxquelles il préférait ne pas avoir à répondre. Comment expliquer ses paroles, comment ne pas avouer qu'il n'était plus vraiment maître de sa vie et que rien de ce qu'il pouvait penser ou vouloir ne pesait lourd dans la balance ? Il avait pactisé avec le diable et aujourd'hui ce dernier avait resserré son étreinte autour de ses épaules, sans qu'il puisse même le voir venir. Jamais au grand jamais il n'aurait pensé que cet accord tacite déteindrait sur sa vie privée. Jamais. Mais trop tard pour revenir en arrière. Lui qui pensait que la vie serait meilleure en vivant au crochet de quelqu'un. Il aurait pourtant dû savoir que ce ne serait pas le cas. Rien n'est jamais gratuit dans cette foutue vie.
Dans une attitude qui se voulu nonchalante, Isiah passa ses mains derrière sa tête, cherchant à gagner quelques précieuses secondes. Le temps au moins de trouver quoi dire, de se décider sur la suite. Mensonge enrobé ou vérité tranchante ? Un peu des deux peut-être, ou bien tourner assez autour du pot jusqu'à en noyer complètement le poisson. Isiah ne savait plus et se perdait lui même le long du fil décousu de ses pensées chaotiques. En terrain miné, il devait maintenant marcher avec prudence, afin de ne pas se faire exploser sur une de ces petites merveilles savamment déposée quelques minutes plus tôt par ses soins. Jongler avec les mots, en ne sachant pas vraiment quoi dire, se perdre encore un peu plus dans ce regard qui l’envoûtait un peu plus chaque seconde s'égrenant inéluctablement. « Je sais pas... je sais pas Violet ! Je ferais mieux de me taire je crois. Je ne suis pas apte à décider de quoique ce soit pour toi, c'est bon j'ai compris ! T'es une grande fille c'est vrai... » Assumer... si seulement il n'était question que de ça. Si tout pouvait être aussi facile que le simple fait d'assumer ses actes vis à vis d'un jeu dangereux. Mais cela ne dépendait pas de la volonté de la jeune femme, elle n'avait absolument pas conscience de l'engrenage dans lequel elle avait mis malgré elle les doigts. Être coincé de toutes parts, se laisser entraîner par des rouages bien rodés et tenter de minimiser au maximum les dégâts. Trop tard pour en faire de même de son côté, car son cœur lui n'était en rien imperméable et c'est sans difficulté qu'elle avait réussit à s'y frayer un chemin, pour finalement s'installer confortablement. Impossible de l'y déloger à présent. De quoi l'effrayer encore plus. La dernière fois qu'il avait ressenti ce genre de choses, il s'était produit quelques faits indépendants de sa volonté propre. Ou peut-être non, peut-être avait-il bien cherché les ennuis. Difficile à dire. Malgré tout, il devait bien reconnaître que ce qu'il ressentait en cet instant même, une fois la colère totalement retombée, avait quelque chose de tout à fait plaisant, voire bien plus. Un léger silence s'installa, durant lequel le brun se perdit dans ses pensées étrangement édulcorées, il ne remarqua pas l'attitude de Violet. Un miroir à sa propre réaction, mêmes gestes, des iris fuyantes. Drôle de tableau qu'ils offraient à présent. Deux combattants fatigués, las de se battre, armes posées à côté de chacun. Tous deux pansaient les blessures, comptabilisant les pertes.
La suite, ne fût qu'un enchaînement d'évènements aussi rapides qu’incontrôlables. Une distance parcourue, qui rapproche dangereusement de celle qui représentait quelques minutes plus tôt l'ennemie à abattre coûte que coûte. Des gestes doux, presque déplacés. Des mots prononcés, aussitôt regrettés. Un regard en cherchant un autre, quand bien même il fût possible de s'y plonger et de ne plus jamais en sortir. Ne plus vouloir quitter cette pièce, le contact de Violet contre sa peau. Douces sensations qu'il n'était pas prêt à abandonner comme ça. Mentalement, il répondit à la question posée un peu plus tôt. Non il n'était pas capable de s'en aller sans se retourner. Le cadet Burroughs savait maintenant que ce ne serait pas possible. La donne venait de se compliquer. Des sentiments – peu importe de quelle nature soient-ils – venaient d'entrer dans la danse. Des sentiments qui laissaient s'échapper des papillons au creux de son ventre, tandis que les mains de la brunette remontaient de son torse à son cou. Torture mentale que d'observer Violet, à la fois si proche et si loin. Sentir le souffle de cette dernière cogner en rythme avec son cœur faisant des bonds incontrôlables. Laisser la porte ouverte, celle dont il avait tant bien essayé de lui refuser l'accès, mais c'était sans compter sur la ténacité dont elle avait fait preuve. Une véritable battante. Une douce battante qui l'implorait presque de ne pas partir. Comment aurait-il pu quitter les lieux après de telles paroles ? Impossible. D'ailleurs elle lui coupa une fois de plus l'herbe sous le pied. Sans pouvoir rétorquer quoique ce soit, sans avoir le temps de lui dire qu'il ne comptait plus se sauver comme un voleur, la laissant avec pour seule compagnie son cœur en milles morceaux. Evan eût cette impression soudaine d'être propulsé en dehors de son enveloppe corporelle, au contact des lèvres de Violet. Sensation à se damner. Sans attendre, il lui rendit son baiser. Un frisson lui parcouru l'échine. Voici donc ce que cachait toute cette agressivité passée, un sentiment bien plus noble. Un sentiment qu'il n'arrivait toujours pas à expliquer, mais il s'en fichait bien pour le moment. D'un bras, il entoura les épaules de la jeune femme, lui caressant le visage de l'autre. Une lueur espiègle embrasa ses pupilles, un sourire étira ses lèvres. « T'as gagné... je reste ! Enfin si tu veux bien de la compagnie d'un sale fouineur. T'es sûre que tu vas pas le regretter ? »
∞everleigh
L. Violet Collins ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet Dim 10 Fév - 16:40
Appartement de Violet ◈ E.Isiah Burroughs et L. Violet Collins
Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret
riser lentement la carapace. En découvrir une nouvelle, peut-être. Bien moins abîmée, d'une matière bien plus noble. De celles qui restaient à travailler et à manipuler avec précaution. D'où le bouclier, cette enveloppe de protection terriblement destructrice, terriblement mensongère. Se fier à l'artifice, au superficiel. Croire un instant lire la vérité sur la loge et non le contenu, et découvrir combien la réelle signification pouvait être difficile à avaler, comprendre. Pourtant toujours ce sang et cette colère venaient tâcher l'infime drap initialement blanc dans lequel s'était blottie la dure réalité des sentiments. Et toujours, un peu plus, il s'imbibait de rouge à chaque mot, chaque son, avant de renvoyer avec autant de perfidie voir plus cette haine dans le visage dans son adversaire. Plusieurs fois ces échanges s'étaient produits. Plusieurs fois la façade avait été entachée, pourtant encore s'évertuaient-ils à se cacher derrière elle, parer les attaques sans se soucier un seul instant de son état. Pourtant maintenant le masque tombait, n'était plus ré utilisable, et le fond se dévoilait. Diamant brut - quand bien même l'expression puisse être un peu exagérée - dans lequel ne restait qu'à extraire le plus pur, le plus important. Tâche ô combien difficile qu'aucun d'eux ne semblait être en mesure d'accomplir, ni même de comprendre d'où pouvait provenir une telle richesse. Leur appartenait-elle, au fond ? Etait-ce une de ces choses qu'ils avaient façonnés tous deux de leurs propres mains, entre jeux et mensonges, entre colère et complicité ? Tous deux fermaient les yeux. Rester dans l'ombre lorsque cela leur permettait de faciliter la situation, déjà bien trop compliquée. Goût amer de l'incertitude, tranchant face à cette candeur mêlée à l'innocence dont Violet pouvait faire preuve, parfois. De son regard brillant à ce coeur qui battait la chamade, tambourinait contre sa cage thoracique. Une enfant innocente, bercée par l'illusion dans laquelle elle avait vécu, touchant du bout des doigts une réalité qu'elle ne connaissait pas. Inexorable désir de l'inconnu, quand bien même celui ci puise être dangereux. Isiah représentait son inconnu. Une partie inexplorée, un monde caché. L'homme avait peur du changement parce qu'il déboussolait ses certitudes. Mais que faire quand l'incertitude même naissait avant le changement ?
De nouveaux mots, encore, traversèrent le silence de leur lourd sens. Et déjà leur poids s'abattait sur son coeur, coulant celui-ci dans le plomb. Le sentir décrocher, un instant. Il ne savait pas. Il ne savait pas, et elle devait se satisfaire de son incapacité à lui expliquer. Son incapacité à comprendre. Lui lançant un regard noir, Lilianna haussa les épaules, silencieuse. Signe de cet agacement qui peut-être lui aurait suffit pour le réprimander de nouveau. Elle voulait savoir. Désirait connaître la raison de cette indécision, de ce trouble. Et espérait secrètement que son fort intérieur ne lui mentait pas. Que son subconscient avait raison, même si pour le moment son esprit ne la laissait pas imaginer de telles hypothèses. Alors elle resta là. Les lèvres immobiles, la gorge nouée par ces mots encore difficiles à avaler qui pourtant semblaient avoir marqué son coeur douloureusement. Le regard posé sur Evan, contemplant son visage, ses traits, glissant contre sa mâchoire, s'arrêtant sur ses lèvres. Une trève. Juste cela. Un instant, cesser de se battre. Contre lui. Contre elle-même. Déjà y songeait-elle avant même que celles-ci se rapprochent dangereusement des siennes, avant même qu'Isiah pose ses mains sur son visage. Succession d'évènements, d'actes flous mais terriblement plaisants qu'elle ne fut en capacité de contrôler. Il ne savait pas mais pourtant revenait la chercher, encore, parmi les décombres de ce coeur qui en cet instant se déchaînait en son être, augmentait la vitesse de son flux sanguin. Elle aurait aimé l'attraper, le faire taire, un instant. Reprendre possession de ce corps insolent incapable de répondre à un esprit qu'elle même ne comprenait pas. Pourtant Collins n'en fit rien, et c'est naturellement qu'après ses mots elle vint l'embrasser. Lui lui répondit. Apogée de sensations toutes plus paradoxales les unes que les autres, la chaleur délicieuse de ce corps contre le sien mêlée aux frissons successifs qui toujours un peu plus l'obligeaient à resserrer son étreinte, se rapprocher de lui. Plaisir infini qu'était celui dont elle se délectait se battant contre la douce torture qui débuterait lorsque leur étreinte prendrait fin. Tout et son contraire. Trop difficile à exprimer, expliquer. Les mots étaient minimalistes, en réalité. Ne suffisaient pas. Ne suffiraient jamais.
Fin douloureuse d'un baiser, difficilement, Violet se recula, un peu, plongeant ses yeux dans ceux du Burroughs. Un léger sourire se dessina sur son visage, sous ses mots, sous cette main sur sa joue, sous ce regard qu'elle lui rendit. Un léger sourire se dessina sur son visage lorsqu'elle comprit qu'il ne partirait pas. Alors, sur un ton enjoué, Lilianna lui répondit. « Je ne sais pas. Tu as l'intention de me le faire regretter ? » Toujours, encore ce jeu qui leur était propre, qui leur appartenait. Il n'était qu'à eux et ils en étaient les maîtres, en rédigeaient les règles. Et parfois, celles du coeur s'écrivaient machinalement. Comme un vulgaire mécanisme incontrôlable, un automatisme qu'au fond ils n'avaient peut-être pas envie d'arrêter. Alors c'est de cette manière qu'elle attrapa le bas de son t-shirt, serrant ce dernier entre ses doigts avant de le forcer à se rapprocher d'elle, encore un peu plus, glissant ses lèvres sur sa mâchoire après l'avoir embrassé rapidement. Comme si ces gestes avaient toujours été leurs. Comme s'ils avaient toujours existé entre eux alors que cette fois-ci d'autres faits venaient perturber la partie. De la tendresse. De l'attention. Un peu d'amour, aussi. Et au nom de cet attachement, au nom de ces sentiments qui toujours se bousculaient un peu plus, au nom d'eux-même ils écrivaient encore une nouvelle règle bien plus difficile à appliquer cette fois-ci : oublier, et pardonner.
FIN
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Speak when you are angry and you will make the best speech you will ever regret # Violet
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