The ugly little fox and the ugly little pony.


Une journée comme les autres. Enfin non. Une journée meilleure que les autres, même. Parce que, notez la nuance incroyable — pour une fois — Fox n’avait pas d’ennuis. Enfin, pas actuellement tout du moins. Bien sûr qu’elle avait des problèmes, plus que beaucoup de gens, hein. On n’apprend pas au vieux singe à faire la limace. Heu la grimace. ‘fin voilà, vous me comprenez. Toujours est-il qu’aujourd’hui, calme plat. On ne lui courrait pas après, et elle pouvait savourer l’allure simple et paisible de la passante de Londres. La passante un peu décalquée, je vous l’accorde, c’est tout l’inconvénient d’être une Fox. Mais bon. Une passante quand même. Pas obligée de courir, ni même de marcher vite. Elle avançait à son allure, les mains dans les poches de son pull trop grand pour elle, un pull d’homme qu’elle avait volé à une de ses cibles. Elle l’avait trouvé beau en le voyant sur la chaise, alors elle était rentrée par effraction, l’avait pris, et était ressorti. Fox, un peu klepto sur les bords ? Que nenni, qu’allez-vous donc imaginer. Elle était bien dans ce pull mine de rien. Il était chaud, tout polaire à l’intérieur. Un grand sweat bleu marine tout confortable, avec de beeeeelles écritures beiges dessus. Omnomnom. Elle était contente, elle se pavanait dedans, avec son petit slim pas trop moulant non plus, noir. Ses petites bottines à talon pratiques en cas de course à pied improvisé, même s’il n’aurait pas fallu que ça dure des kilomètres. Le joli pull. Et un beau foulard. Owi, elle était contente. Une belle journée, pas trop de nuages, pas trop de vent pour lui regretter de toujours se refuser le vol — ou l’achat hein, c’pas exclu non plus. — d’un manteau. Bref. Elle était de bonne humeur, un petit sourire sur les lèvres, ses écouteurs dans les oreilles, et un petit pas à moitié dansant en avançant. Où elle allait, comme ça ? Un petit rendez-vous. Avec un petit gens riche. Ce petit gens avant de l’argent. Ce petit gens avait BEAUCOUP d’argent. Mais surtout, des informations sur d’autres petits gens que Fox recherchait. En gros, l’idée était de s’introduire chez ce gars. Et de lui voler ses beaux petits papiers. Et sa montre en or, aussi, en passant. Parce qu’elle était à gousset, toute jolie. Et Fox avait toujours rêvé d’en avoir une exactement comme ça. Si ça c’était pas une belle aubaine, hein.

Elle tourna dans une petite rue, ôtant ses écouteurs de ses oreilles. C’était le moment de commencer à écouter. Rangeant le tout dans sa poche de pantalon, elle se mit à avancer d’une démarche plus souple, à peine trahie par le bruit de ses talons. Elle arriva rapidement devant la maison, et l’avisa rapidement. Elle n’allait pas emprunter la porte d’entrée. Quoique, ç’aurait pu être une option. … Et puis poser ses fringues sur le porte-manteau aussi. Bah voyons. Non, on oublie la porte d’entrée. La fenêtre, là-haut ? Elle donnait directement sur un petit bureau. Hm. Non, on évite. S’il fallait qu’elle saute, elle aurait l’air conne à se rétamer comme une crêpe sur le bitume. C’Foxy, hein, c’pas superman, et encore moins Catwoman. Encore, si elle avait eu la cape à Batman pour atterrir like a boss, j’dis pas, mais là, c’était même pas le cas. BREF. Nous nous égarons. Revenons à nos moutons. Elle plissa doucement les yeux, faisant quelques pas pour dépasser la maison, histoire de ne pas trop attirer les soupçons. Il allait falloir qu’elle rentre dans ce truc sans trop se faire remarquer. De nuit, peut-être. Ou bien… Ou bien par cette petite fenêtre qui menait au sous-sol. Booonne idée. Elle rentre, et elle remonte doucement dans les étages. Ah oui, j’ai oublié de préciser une chose, les enfants. Il était deux heures du matin.

Discrète, elle s’approcha de la petite fenêtre. Un petit calcul rapide. Elle se briserait sous un coup de pied, mais cela risquait d’attirer l’attention. Par contre, les petites vis sur le côté se briseraient avec un peu de force. Doucement, elle pressa son talon contre les petits écrous, poussant dessus jusqu’à ce qu’ils cèdent. Elle enfonça la fenêtre, la laissant tomber au fond de la petite pièce. Et s’accrochant au rebord du haut de l’encadrement maintenant libéré, elle passa les jambes les premières, se laissant tomber au sol. ET OUAIS. Même avec ses grosses fesses, ça passe nickel. Hell yeah les enfants. On a la classe où on ne l’a pas. Un petit coup d’œil rapide autour d’elle l’informa de l’état désert des lieux. Ben tant mieux. Elle n’aurait pas à repartir en courant. Laissant ses yeux s’habituer à la pénombre, elle inspecta la petite pièce. Une espèce de… Heu… C’était quoi tous ces petits outils intéressants ? S’approchant, fouineuse et furtive, ses longs cheveux bruns tressés se balançant sur ses épaules, elle inspecta tous les petits outils, sans en toucher un seul. On aurait dit des petits trucs pour couper. Ou pincer. Ou broyer. Ou piquer. Ouuuh. Des petits trucs pour torturer ? Enfilant ses gants de soie noirs pour ne laisser aucunes traces, elle s’empara d’un petit instrument rigolo. Ça tordait, broyait et coupait en même temps, c’t’espèce de bidule. Ç’avait l’air sympa. Pas à essayer, hein, à manipuler. Reposant l’étrange instrument, elle attrapa une petite tenaille. Parce que ça, ça pourrait toujours servir si elle avait besoin. Ça lui manquait, une petite tenaille, dans la vie de tous les jours.

Lentement, elle s’approcha de la porte, tournant doucement la poignée. Elle coulissa dans ses gonds … Avec un énorme bruit absolument infect. Ouuuuuh que c’est désagréable pour l’oreille. Et que ça va réveiller tout le monde. S’arrêtant de bouger, à la limite de respirer, afin de tendre l’oreille, elle ne remarqua cependant aucun bruit suspect. Bon. Elle avait l’air d’être toute seule. Et vas-y que Fox la curieuse commence à faire la petite inspection de ce couloir de sous-sol. C’est rigolo. Y a des portes avec un espèce de petit volet, vous savez, genre comme pour faire « c’quoi le mot de passe ? » quand tu rentres dans un bar de gros malabars pas très rigolos. Ouais. Ça la faisait franchement rire. Petite renarde curieuse, elle se hissa sur la pointe des pieds, tirant un petit volet pour regarder dans la pièce. Personne. Mais omg, que c’était jouissif de faire ça. Pour un peu, si elle ne s’était pas retrouvée dans une maison silencieuse à deux heures du matin, elle aurait pris une grosse voix, et demandé le mot de passe. Un grand sourire de gamine aux lèvres, elle s’avança vers une autre porte, et ouvrit le petit volet. C’était trop bon. Le refermant, elle s’approcha d’une troisième porte. Ouvrit le petit volet. Et s’arrêta de sourire, écarquillant les yeux. Ah. Y a un vieux tas au fond de celle-là. Plissant les yeux pour tenter de distinguer le visage du tas dans l’obscurité, elle se concentra. Cette tronche de beau gosse, elle la connaissait. Et pas qu’un peu. Mais qu’est-ce qu’il foutait là, lui ? Avec un nouveau grand sourire, sa petite tête apparaissant à peine dans le petite encadrement, elle susurra quelques mots, taquine. « Bah alors Apollon, on prend un petit séjour au frais pour le teint ? » Hihihihihihi. « Fais gaffe, c’pas bon pour les cheveux, la moisissure. » Et qu’elle a ce grand sourire débile flanqué sur la face. Il lui faisait toujours cet effet-là. L’envie de se foutre de sa gueule, l’envie de le taquiner, l’envie de le faire chier jusqu’à plus soif. Elle avait bien envie de le laisser enfermé là. Il avait l’air un peu désespéré, mais elle était sûre qu’il ne lui en voudrait pas. Elle referma le petite volet, et, en parfaite biatch, commença à passer son chemin. Mais, soudain, elle s’arrêta. Son sourire avait disparu, ou presque. Elle leva les yeux vers ce plafond qu’elle ne distinguait qu’à peine dans la pénombre. Y avait un truc qui clochait. Qu’est-ce que Blake faisait là ? Il venait de la même époque qu’elle. Il était Looper. Il venait du futur. Il n’avait absolument rien à foutre ici. Se retournant lentement, elle fixa la petite porte. Gn. Un jour, sa bonté la perdrait. Enfin, elle pourrait peut-être lui taxer quelques mois de services gratuits, si elle l’aidait. Et puis merde.

Doucement, elle sortit une petite lampe de poche de sa poche de pantalon. Elle l’alluma, profitant du petit halo pour analyser la serrure. Rien de bien compliqué. Un petit coup de pied, ou une épingle à cheveux, et… Le regard de Fox tomba sur la tenaille qu’elle avait en main. Ses yeux passèrent de l’outil à la serrure bizarre et enchainée. Bah. Pourquoi se casser la tête ? Prenant son nouveau joujou en main, elle déglingua la serrure d’un coup bref, et ouvrit la porte. Ç’avait fait un peu de bruit, mais tant pis. C’était pour les beaux cheveux du dieu conneries. Elle poussa la porte, passant sa petite tête dans l’encadrement. « … Mais tu m’expliques ce que tu fous là ? » Petite bouille curieuse. Bawai. Il fait quoi, ici ? Dans le passé, et puis même, dans cette foutue cellule. Un petit bruit à l’extérieur la fit sursauter. Petite poussée d’adrénaline. Elle rentra dans la cellule, emmenant bien évidemment sa tenaille, refermant la porte derrière lui. Gnnnnn. Il n’aurait plus manqué qu’elle ait réveillé la baraque avec ses histoires. Se faufilant jusqu’à Blake, elle lui braqua sa petite lampe torche dans la tronche — même pas fait exprès, allez donc pas sous-entendre des trucs. Ah oui, c’était bien lui. Baissant doucement la lumière vers le sol pour pas l’éblouir, sa longue tresse retombant par-devant son épaule, Fox eut un grand sourire. « Je crois que j’ai loupé l’épisode où tu voyages jusqu’à la préhistoire avant de te retrouver enfermé comme un petit poney moche dans une écurie. Tu m’expliques, avant que je t’annonce que tu as besoin d’un shampooing ? » De son ton habituel, simple et pétillant. Elle regardait Blake, sa lampe torche vers le sol pour n’éblouir ni l’un ni l’autre, accroupie en face de lui, la porte refermée derrière eux.

C’est tout de même drôle, des fois, ce que le hasard peut faire. Un petit poney moche aux cheveux gras se retrouve face à une petite renarde moche et infernale, shampoinée du soir-même. Deux époques différentes. Deux contextes totalement différents. Franchement, quel était le pourcentage de chance que ça se passe ainsi.