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 Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred

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Zuriel

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MessageSujet: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeVen 21 Déc - 22:23


Wilfred & Zuriel



L'horloge affichée sur le mur nu indiquait vingt-deux heures, heure à laquelle les personnes normalement constituées étaient déjà chez elles, et non dans un métro. Zuriel était là, lui, mais il ne faisait pas partie des personnes recommandables. Il était adossé au mur, le visage tourné vers le sol mais les yeux en alerte. Son long manteau cachait l'attirail qu'il portait avec lui. Habituellement, il voyageait plus léger, mais quand il avait une victime à abattre, il prenait un peu plus d'armes avec lui. Question de précaution. Sa main, masquée, tenait un long couteau. Zuriel était concentré sur sa mission. Il avait une cible. Il n'avait pas le droit à l'erreur, et il avait déjà eu quelques... difficultés, ce qui faisait qu'il était passablement énervé. S'il laissait l'homme s'échapper, cela lui coûterait très, très cher... Il devait donc à tout prix l'abattre rapidement. Cela faisait un moment qu'il le suivait, mais impossible de le faire jusque là. L'homme était beaucoup trop prudent, on voyait qu'il avait l'habitude de se faire courser. Parfois, Zuriel avait peur d'avoir affaire à sa propre version de lui-même, et de fermer sa boucle. D'accord, à dix-neuf ans, il était très jeune et avait encore le temps avant de la terminer, normalement. Du moins, c'était ainsi qu'on était censé agir. Si cela se trouvait, c'était quelqu'un de tout à fait exceptionnel, mais qui n'avait jamais été looper - et c'était pour cela que Zuriel pourrait le tuer. De toute façon, il n'était pas censé se poser de question. Il tuait, c'était tout. C'était ainsi qu'il envisageait son nouveau métier. Il n'y avait pas de questions à se poser ; sa vie était la sienne, il ne l'avait peut-être pas choisie, mais c'était à d'autres de réfléchir pour lui.
Il aperçut dès lors l'homme sortir des toilettes, mais celui-ci ne l'avait pas vu. Il pensait l'avoir semé, et Zuriel laissa un petit sourire éclairer son visage. Tant mieux, cela lui faisait un bon angle d'attaque. Il avait hésité avec une arme à feu : c'était ce qu'il préférait, il avait tellement l'habitude de les utiliser... Mais non, pas dans le métro, il ne maîtrisait pas assez le terrain. Alors une lame propre prise par une main gantée devait suffire... Il s'approcha de l'homme, l'air de rien. Personne n'avait vu qu'il s'était mis en mouvement. en revanche, l'homme, lui, l'avait vu. Et la peur se lisait dans son regard, car il avait compris qu'il avait affaire à un Looper. Autrement dit, cela signifiait sa mort prochaine. Et Zuriel n'allait certainement pas le détromper. Son bras était déjà en action. Ce n'était pas un acte motivé par une volonté de vengeance ou un désir de faire le mal : c'était une exécution pure et simple, faite par quelqu'un qui n'avait pas le moindre sentiment à ce sujet, et qui ne se souciait de sa victime que dans la mesure où la rater lui causerait beaucoup de tort. Zuriel n'en avait rien à faire de l'homme qu'il abattait. Il le faisait parce qu'on le payait pour cela, et c'était dépourvu de toute émotion. Il n'y avait même pas de dégoût face à cet acte de violence inouï. Juste de la colère parce qu'il avait failli se louper. Le regard de l'homme se voilà, et dès lors, Zuriel le lâcha. Le cadavre s'écroula à terre, un flot de sang s'écoulant du trou que le jeune homme lui avait fait. Les quelques gens qui traînaient encore dans le métro, choqués face à un Looper, s'étaient tous enfuis. Du coup, il était seul. Ou du moins, il le croyait. Il jeta un peine à coup d'œil à l'homme. Tout ce qui comptait, maintenant, c'était une paye dont il n'allait presque pas se servir.
Il sentit alors quelqu'un, juste derrière lui. Il pensa directement à un Walker, ce qui expliqua sa réaction un peu... abrupte. Il se retourna d'un bond, passa derrière et porta son couteau contre le cou de cet homme. Zuriel était aveugle, il était en mode assassinat, et ne faisait pas attention aux autres personnes que sa victime. Il s'apprêtait à achever le Walker sans même le regarder. Pourtant, quelque chose le perturba. Comme s'il... connaissait cet homme. Zuriel cligna des yeux. Tout à coup, il comprit à qui il avait affaire. Il ne lâcha pas le couteau encore plein de sang, regarda droit dans les yeux l'imbécile qui avait failli se faire tuer parce qu'il n'avait pas compris ce que ça signifiait pleinement que d'être un Looper. « Wil... pourquoi es-tu là ? » C'était son ami, mais en cet instant, la voix de Zuriel était glaciale et inexpressive. Il avait failli le tuer, mais il ne se le reprochait pas. Il en voulait plutôt à Wilfred de l'avoir surpris dans une position aussi peu avantageuse. Il était un looper et était censé couper avec son ancienne identité. Alors pourquoi tenait-il encore à lui... ?
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Wilfred Ellison

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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 10:14

Wilfred se faisait engueuler par son patron et n’écoutait qu’à moitié, songeant en même temps à un paquet de bonne frites au ketchup et à une nouvelle veste de marque qu’il pourrait aller voler dans un nouveau magasin branché qui venait d’ouvrir.

- Tu m’écoutes ?

Wil releva les yeux vers lui :

- Est-ce que vous pensez qu’il vaut mieux manger ou bien s’habiller ?

Le patron qui était déjà de mauvaise humeur devint rouge de colère.

- Je suis entrain de t’engueuler je te signale. Pourquoi est- ce que tu as tiré dans le pied de ton associé ?
- Il m’avait manqué de respect, je ne supporte pas que l’on se montre insultant et vulgaire.


Son chef roula des yeux et soupira. Heureusement que Wilfred faisait du bon travail, sinon ça ferait longtemps qu’il s’en serait débarrassé. Il se montrait trop bizarre, indiscipliné ou impulsif. Il était impossible de lui faire confiance – même s’il n’était pas le seul. L’engueulade dura encore dix bonnes minutes et Wil fut enfin libre de rentrer. Rentrer où ? Ca faisait longtemps qu’il n’avait plus nulle part où aller. Il squattait ici ou là. Peut-être pourrait-il aller draguer un peu, et avoir un bon lit et un bon corps chaud contre lui.
Il sifflotait une comptine tout en marchant, puis décida qu’il était trop fatigué et qu’il allait juste se foutre sur un banc dans un couloir de métro. A l’abri de la pluie. Avec un peu de chance il trouverait un ou deux clochards qui pourraient lui prêter des couvertures.

Il marchait sans se poser de question et avait trouvé l’endroit parfait, du genre qui craint assez pour qu’il n’y ait pas trop de passages, mais pas non plus trop dégoûtant. Wilfred avait vécu dans la propreté à outrance, il avait un peu de mal avec la crasse. Même trois ans après.
S'il s’arrêta c’est parce qu'il venait de tomber sur un ancien collègue, un dont il se souvenait bien dût à leur relation plus que complexe, vacillant entre « j’ai envie de te butter par moment » et « et si on allait se boire un verre après le boulot ? », quelque chose dans ce genre là. Il afficha un petit sourire, allait dire bonsoir, comme toute personne polie, mais referma sa bouche quand son ‘ami’ assassina devant ses yeux une personne sortant des toilettes.

Faut pas croire, le monde de trafiquants d’armes ce n’était pas souvent drôle, on ne faisait pas la fête et on risquait sa peau le plus souvent. Des fois on était obligé de tuer pour défendre sa vie, et dans toute son impulsivité il arrivait que Wil blesse quelqu’un, mais là c’était une exécution pure et simple. Gratuite. Prémédité. Froide. L’estomac de Wilfred se retourna, il n’était pas stupide, il savait qu’on pouvait tuer de cette manière, simplement il ne pensait pas que lui se prêterait à ce jeu.
Wil s’approcha, mais à ce moment là l’autre l’attaqua et posa son couteau sur son cou. Le mode « instinct de survie » d’Ellison s’enclencha immédiatement et il porta la main à sa poche où il cachait une arme. Prêt à se défendre.
Heureusement l’autre le relâcha, l’interrogeant sur sa présence dans ces lieux.

Wilfred se passa une main dans le cou, il pensa à un poème de Baudelaire « le Galant Tireur » - où un homme tire sur une poupée en imaginant que c’est sa femme. Il n’était pas sûr qu’il y ait un rapport, mais en général… Il n’y en avait pas.

- Je voulais dormir ici.

Finit-il par répondre à la question. Puis posant ses yeux sur le cadavre :

- Tu ne te contentes plus de vendre des armes, je vois que tu fais partie de ceux qui s’en servent.

Son ton n’était pas vraiment sympathique. Il releva ses yeux accusateurs et les planta dans ceux de son ancien collègue.
Pour Wil le meurtre n’était plus dérangeant maintenant, mais la valeur de la vie tenait à ce qu’on ne tue que pour garder la sienne. Selon lui.
Il n’aimait pas les exécutions froides, il n’aimait pas non plus la manière inexpressive et glaciale dont l’autre lui avait parlé. Presque comme s’ils n’avaient jamais travaillé ensemble.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 11:40

Zuriel avait la main crispée sur son arme, ne sachant pas trop comment réagir face à Wilfred. Autrefois, leur relation était déjà complexe. Des fois, ils avaient de se massacrer l'un et l'autre tant ils divergeaient. Quant à d'autres, ils étaient parfaitement amis et ne demandaient qu'à passer du bon temps ensemble. Zuriel avait pensé qu'il serait assez simple de se débarrasser de son « ami » une fois qu'il aurait cessé de répondre sous son ancien nom. En fait non. Il avait encore des sentiments pour lui, il n'arrivait juste pas à lui trancher la gorge alors que c'était sans doute la solution à ses problèmes. Wilfred savait comment il s'appelait, il savait quelles activités il avait exercé, et Zuriel était bien content de ne lui avoir jamais rien dit de trop personnel. Sinon, il aurait vraiment été obligé de le tuer. Mais il lui semblait bien qu'il en était incapable. Malgré ce qu'il pouvait croire, il n'aimait pas la violence. Il ne détestait pas cela non plus. C'était sincèrement une nécessité dans la vie. Il fallait bien que des gens fassent le boulot, et il était un looper. Contrairement à ce qu'affirmait son pseudonyme, il ne croyait en rien. Ce qui le faisait tenir, c'était juste lui-même, et sa certitude qu'il n'avait pas à décider de son destin. Il vivait dans l'instant, il croyait que c'était ainsi que l'on devait mener son existence. La présence de Wilfred était donc à supporter, même si elle le ravissait secrètement - à peu près autant qu'elle le mettait en colère. Pourquoi voulait-il dormir ici ? Il n'avait donc pas de toit pour se réfugier, il fallait qu'il soit un sans-abri ? Cela eut le don de raffermir la fureur de Zuriel. Même lui ne vivait pas dans un tel dénouement, il avait au moins une piaule où il pouvait se mettre à l'abri quand il ressentait le besoin de dormir. Décidément, son ami commençait vraiment à faire n'importe quoi. Que s'était-il donc passé en deux ans et quelques où ils ne s'étaient pas vus ? « Dans le métro ? demanda Zuriel d'un air perplexe. Si j'avais su que tu étais devenu un SDF, je t'aurai envoyé un peu d'argent, j'en reçois plein maintenant. » Même si au fond, il était peut-être> sincère, dans la forme, cela ressemblait plutôt à une pique emplie d'ironie, voire carrément de mépris. Bon, évidemment, Zuriel avait toujours été pauvre, mais il avait toujours eu la fierté de se dire qu'au moins, il avait un endroit où loger. Sa famille tirait toujours un certain orgueil de leur minuscule domicile. Ceux qui ne pouvaient pas en avoir étaient vraiment des moins que rien, et déjà les pauvres ne valaient pas grand-chose, c'était bien connu. Zuriel aurait pu ne plus l'être, mais il sentait qu'il aurait été emprunté au milieu de richesses. Il vivait presque aussi pauvrement qu'avant, car c'était là qu'était sa place. Il vit que Wilfred regardait le cadavre, et visiblement, cela le dérangeait. Évidemment, s'il n'avait jamais vu Zuriel tirer sur quelqu'un, cela devait le perturber de le voir dériver à ce point. Pour Zuriel, c'était un aboutissement logique. Il n'aurait peut-être pas fini comme assassin s'il n'avait jamais été chez les Loopers, mais il aurait sans doute pris les armes. Wilfred était confronté à une part froide de l'âme de Zuriel qu'il ne connaissait sans doute pas. Il n'y avait nulle sympathie dans sa manière de parler, et cela chagrina presque Zuriel, qui n'avait pas non plus envie de se disputer avec lui. En même temps, comment le convaincre de se montrer discret sur son passé s'il ne paraissait pas présenter un danger potentiel ? « Je m'en suis toujours servi. C'est juste que maintenant, c'est mon boulot à plein temps. » Ses yeux mirent Wilfred au défi de le critiquer. Il n'avait peut-être pas entièrement conscience de ce que cela signifiait, d'être Looper. Jusque là, cela avait toujours été assez stylé et dangereux. Maintenant, c'était stylé, dangereux, et même encore plus mortel. Entre les Walkers qui désiraient les tuer, les hold-guns qui les contrôlaient mais n'étaient pas fichus de les protéger, leur patron qui acceptait qu'ils finissent tous par s'assassiner eux-mêmes... Ce n'était pas une vie facile. Parfois, c'était même l'enfer. Mais il ne s'était jamais plaint de ses conditions de vie auprès de Wilfred, et ce n'était certainement pas aujourd'hui qu'il allait commencer. « On dirait que ça te perturbe, mon ami. Pourquoi donc ? Ce sont bien les armes que tu trafiques qui provoquent cet effet. Elles sont là pour tuer, de toute façon. Les vendre ou s'en servir, c'est du pareil au même. » Cette fois, c'était Zuriel qui affichait un ton accusateur. Il n'aimait pas que Wilfred lui en veule parce qu'il complétait une chaîne. Certes, vendre une arme, ce n'était pas s'en servir. Mais au final, le résultat était le même : il y avait toujours des morts, des blessés, des familles brisées. Ça n'avait jamais perturbé Zuriel, endurci depuis l'enfance, qui avait vu de jeunes clients qu'il avait apporté au dealer sombrer progressivement dans l'addiction, et pour certains en mourir de façon sordide. Il n'y avait plus beaucoup de bonté en lui, il était juste... pragmatique. Faire les choses comme on devait le faire. Accepter les coups du sort et la méchanceté de la vie. Quand il trafiquait des armes, il savait parfaitement ce que cela impliquait. Il distribuait aussi la mort. Simplement, avant, il pouvait encore se croire innocent. Ce n'était pas lui qui tenait l'arme. A présent, il avait pleinement conscience de sa part de responsabilité. C'était cela qu'il aimait faire en tant que Looper. Les mensonges s'étaient déplacés. Il ne se fourvoyait plus sur sa fausse innocence, il ne faisait que tuer celui qu'il avait été.
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Wilfred Ellison

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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 12:39

A la remarque sur les SDF, Wil soupira et se frotta les cheveux d’un air embêté. Il n’était pas vraiment vexé, il n’avait pas vraiment compris qu’en fait il s’agissait d’une attaque de la part de son ‘ami’ :

- Je me suis fait virer de ma piaule quand j’ai cassé la figure de mon propriétaire. Ce n’est pas ma faute, il m’avait insulté.

Son impulsivité le conduisait souvent à commettre des bêtises, mais Wilfred avait du mal à se remettre en question. Le respect était important pour lui, comme l’honneur pour d’autres. C’est vrai après tout, pourquoi fallait-il que les gens deviennent vulgaire dès qu’ils étaient en colère, stressés, ou n’importe quoi d’autre ? Wil ne supportait pas ça, l’insulte méritait un châtiment, c’était comme ça.
Son ancien collègue lui renvoya son regard accusateur, et essaya de lui faire comprendre qu’il était aussi coupable de faire du trafique d’armes que ceux qui s’en servent. Wilfred y réfléchit. Vendre des armes c’était donner l’occasion aux gens de s’en servir, pour n’importe quelle raison, bonne (si l’utilisation d’une arme pouvait être considéré comme bonne) ou mauvaise. C’était sans doute vrai, mais lui n’exécutait pas les gens froidement. Il était en partie coupable, il voulait bien l’admettre, mais il ne l’était pas totalement tant qu’il n’appuyait pas lui-même sur la gâchette.

- Drôle de boulot. Commenta-t-il en haussant un sourcil.

Sans se rendre compte de l’ironie de ce qu’il disait puisque trafiquant d’arme c’était déjà un boulot plus que critiquable.

- Tu as autant besoin d’argents ? Si ça te rend riche, tu peux laisser tomber, j’ai essayé la richesse et ça n’a rien d’intéressant.

Et c’était vrai de son point de vue. Il était né dans une famille riche, buvait dans des verres en cristal, dormait dans un lit géant, et aurait pu tapisser sa chambre de billets tant il en possédait, et pourtant cela ne l’avait pas rendu forcément heureux. Il ne l’était sans doute pas beaucoup plus maintenant que son cher père l’avait congédié, mais il se sentait libre.
Libre d’être lui-même et pas une sorte de clone de son frère pour le bien de la famille.

Bien entendu il disait cela à quelqu’un qui n’avait jamais connu ça, et qui pourrait en avoir légitimement envie.

Finalement il arrêta d’y réfléchir, bailla un coup et s’étira. Il se frotta les yeux d’un air fatigué et alla se pencher près du cadavre :

- Je pense que je vais lui prendre son manteau, ça me servira de couverture.

Et sans gêne, il lui retira le vêtement et le récupéra. Ce n’était pas un manteau très épais, mais il ferait l’affaire pour une nuit, pensa-t-il. Wil arrêta un moment ses yeux sur le sang qui avait coulé, ses pupilles se rétrécissant, il se retrouva un moment hypnotisé par la couleur du liquide, puis redescendit sur la planète terre, leva les yeux vers son ‘ami’ et revint soudainement sur le sujet :

- Je trafique des armes et j’ai déjà du me servir de ces armes pour survivre. Mais ça reste différent d’une simple exécution.

Puis il se gratta les cheveux et tourna le regard pour voir où est ce qu’il pourrait aller dormir.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 14:13

Zuriel n'essayait pas de se montrer gentil ou agréable. Il n'aimait pas avoir été surpris dans une telle position, même s'il reconnaissait que c'était toujours mieux que d'être vu en train de chercher un endroit pour dormir dans le métro. Pourtant, Wilfred arrivait très bien à gérer cela. Il lui expliqua tout naturellement qu'il s'était fait virer de chez lui. Zuriel reconnaissait bien là son comportement. Cela faisait partie des points sur lesquels ils étaient diamétralement opposés. On ne pouvait pas insulter Wilfred si on ne voulait pas en subir les conséquences. Le jeune homme ne l'avait jamais fait, parce qu'il n'avait pas eu l'occasion de le faire. Juste des petites piques assassines, mais qui conservaient le minimum de respect pour être accepté auprès du vendeur d'armes. Quant à lui, il se laissait insulter sans problème. Il avait eu son lot depuis son enfance, parce qu'un pauvre ça fait toujours pitié, et qu'un dealer n'est pas toujours tendre avec un enfant de sept ans. Il avait l'habitude de laisser filer. Dans la vie, il fallait savoir accepter de se faire maltraiter par plus fort que soi. Zuriel évita de commenter. En revanche, quand Wilfred lui fit remarquer que c'était un drôle de boulot, il ne put s'empêcher de répliquer : « Du moment que ça fait vivre... » Il ne s'arrêtait pas plus loin. Sans ce boulot, il croupirait en prison. Et s'il ne remplissait pas correctement les tâches qui lui étaient assignées, il allait le regretter amèrement. A présent, il n'avait plus le choix. Mais cela ne l'ennuyait pas, sa vie lui convenait très bien comme elle était. Il ne voyait pas de raison de la changer, de sorte qu'il ne vivait pas cela comme une contrainte. Sa colère en revanche flamboya de nouveau à la mention de la richesse. « Bien sûr, c'est facile de dire non quand on est né avec une cuillère d'argent dans la bouche, rétorqua Zuriel. Mais ce n'est pas pour l'argent que je fais ça, tu te doutes bien que je ne mettrais plus les pieds dans le métro sinon. » Effectivement, expliquer son acceptation de sa situation de looper ne pouvait se faire qu'en rappelant sa philosophie de vie. L'argent, les conditions de vie, l'envie de tuer - tout cela était secondaire. On pouvait éventuellement souligner le fait qu'il avait le goût du risque et qu'il était accro à l'adrénaline, ça d'accord. Mais on pouvait satisfaire tout cela sans forcément exécuter des personnes pour une importante somme d'argent. Il suffisait juste de cambrioler une maison, ça faisait moins de mort et c'était encore plus difficile.
Zuriel le regarda prendre le manteau sans rien dire. Il y avait plein de sang, cela le révoltait de voir Wilfred tomber aussi bas. Comme quoi, malgré ce qu'il disait, il tenait quand même à lui. Enfin, il voulait bien être encore attaché à lui, mais quand même, il y avait des limites, il ne pouvait pas devenir sentimental. Il avait juste envie de lui payer une couverture, mais... c'était une question de fierté. Lui payer quelque chose, cela aurait été admettre qu'il y avait encore quelque chose à sauver. Or là, ils étaient plutôt en train de se disputer, ce n'était pas le moment de faire retomber leur antagonisme en proposant quelque chose d'aussi terre-à-terre. Zuriel ne lui aurait jamais proposé de dormir chez lui, et encore moins depuis qu'il était un Looper. Sa demeure, c'était sa planque. Y laisser entrer quelqu'un de malhonnête - car Wilfred, en tant que trafiquant, rentrait clairement dans cette case - était contraire à ses principes. Il avait besoin d'avoir une confiance absolue, et il avait beau adoré Wilfred, il n'était pas de ceux en qui il avait le plus confiance. Trop imprévisible. Trop différent. Il ne voulait pas recevoir des critiques sur sa manière de vivre. « Une exécution ? répéta Zuriel. C'est vrai que c'en est une, en fait. » Il devait bien l'admettre, il avait tué quelqu'un de sang-froid, pour un motif qui lui était totalement inconnu, simplement parce qu'on le lui avait demandé de faire. Il n'était que l'outil d'une plus vaste machine. Il savait en général comment ça se finissait pour les pions. Il finirait par se tuer lui-même. Avec la même froideur. Pourquoi donc s'émouvoir sur le sort de cet homme, alors qu'il connaîtrait le même sort, et mourrai par la même main ? « Dans la vie, il faut tuer ou être tué. Je ne tiens pas à m'attirer des ennuis juste parce que je refuse un contrat. Mais je ne vois pas pourquoi je cacherais le fait qu'on m'envoie exécuter des gens. Tu ne voudrais tout de même pas que j'y mette un peu d'émotion ? » Ce serait juste le meilleur moyen de se détruire. Si il commençait à éprouver de la compassion pour les gens qu'il tuait, ou s'il cherchait un motif, il deviendrait tout simplement fou. « Il devait être tué. C'est mon job. Donc je m'exécute. » Cette affirmation de Zuriel était dite sur un ton très froid, totalement dénué de sentiments. Il ne faisait qu'énoncer un fait qu'il accepter sans se poser de question. On l'envoyait tuer, hé bien, c'était ce qu'il faisait. Tant pis si cela ne plaisait pas à Wilfred.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 14:49

Wilfred repassa d’une main le manteau, puis s’enroula dedans. C’est bien, il avait chaud comme cela. D’une oreille il écoutait vaguement ce que lui racontait son ‘ami’. Il se permit de le corriger :

- A vrai dire, la cuillère était plutôt en or. Ou en platine. J’étais un riche parmi les riches. Du moins mes parents l’étaient.

Puis remarquant un banc pas loin il s’y dirigea tout en continuant de parler :

- De ce que j’en sais, ils le sont toujours d’ailleurs.

Il scruta son futur lit et se pencha pour le sentir, fronça le nez, puis soupira. Ca irait. Il s’assit dessus et étendit ses jambes.

- Mais je comprends. Vivre est ce qu’il y a de plus important. Conclue-t-il.

Il le pensait vraiment. Plus que la richesse, le respect, la politesse ou les belles fringues, Wil aimait la vie, et la vie lui rendait bien puisqu’il n’avait pas encore été tué, ni succombé au froid, à la faim, ou même à la maladie. Il se portait bien et était en bonne santé, c’était bien tout ce qui comptait pour lui. Il aurait vendu père et mère pour vivre, ce qui de son point de vue n’aurait pas été une grande perte

Quand son ancien collègue admit qu’il venait de commettre une exécution, Wilfred bailla de nouveau. Il se demandait si l’autre allait rester encore longtemps ou s’il allait pouvoir bientôt dormir. Encore que sa présence ne le dérangeait pas même s'il était un peu dégouté par son geste. Seulement pour l'instant Wil ne le détestait pas totalement. En fait, c’était difficile de détester un type aussi craquant, pensa-t-il.

- Dans la vie, il faut tuer ou être tué. Répéta-t-il en écho. Je suis d’accord.

Puis faisant une association d’idée, il dériva complètement sur autre chose :

- Il est également important de bien manger, et de bien s’habiller. D’ailleurs le patron n’a pas voulu me répondre, à ton avis quel est le plus important : se nourrir ou porter de beaux habits ? Techniquement le premier te fait survivre et le deuxième apporte le respect qui peut t’aider à survivre.

Puis après avoir fait son speech sans rapport avec le sujet, son discours fit demi-tour et il revint dans la première conversation :

- Mais l’émotion c’est ce qui fait qu’on est vivant. Je crois.

Wilfred se frotta les tempes et ferma les yeux un instant, il se mit à chantonner un truc qui lui passa par la tête avant de les rouvrir et de continuer :

- Et si jamais dans ton nouveau job, l’ordre était de te jeter par la fenêtre, tu le ferais ?

Il lui fit un sourire de côté en posant la question. Ce serait idiot d’obéir à un ordre pareil, surtout quand on voulait vivre, au point d’exécuter n’importe qui parce que c’était le travail. Du moins c’est ce que Wil pensait, lui, il trouverait ça idiot. Lui il tuerait son patron, plutôt que de se jeter par la fenêtre. C’était ça, tuer ou être tué. Seulement lui n’avait pas besoin d’exécuté froidement les gens, il pouvait vraiment se dire que ce n’était que de la légitime défense, même si l’issue était la même.

Finalement il conclue :

- Je crois que ton job est encore plus nul que le mien.

Et il s’allongea sur le banc.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 16:24

Zuriel était assez perturbé par l'attitude de Wilfred, cela dit. Il savait bien comment il était... Bizarre. Mais jamais cette étrangeté ne s'était retournée contre lui à ce point. Habituellement, il savait s'y prendre, mais là... L'attitude de Wilfred était trop dérangeante. Parce que pour le coup, il lui était véritablement opposé. Évidemment, il n'allait pas admettre que Zuriel acceptait sans broncher ce qu'on lui demandait de faire. C'était trop froid, trop... inhumain. Le Looper ne croyait plus à l'humanité. Il y avait de très belles choses, et il y avait des très horribles choses. Les deux se valaient ; être plus dans le mal que dans le bien, au fond, cela comptait peu, tout était question d'équilibre. Il en était de même de la pauvreté : c'était l'autre visage de la richesse, au fond. Zuriel s'agaça à peine de la correction de Wilfred. A vrai dire, il n'aimait pas vraiment que l'autre lui rappelle à quel point sa famille était aisée, et si il ne le connaissait pas assez pour savoir qu'il avait coupé les ponts avec eux et qu'il n'en avait vraiment rien à faire de l'argent, il aurait pu croire qu'il disait cela pour l'humilier. Comment répondre face à une humiliation qui n'en était pas une ? Cela énervait Zuriel, surtout que Wilfred ne paraissait pas vraiment se poser trop de question sur ce qu'il disait : il cherchait un endroit pour dormir, et le Looper restait immobile, la main tenant toujours fortement le couteau sanglant, à attendre qu'il daigne bien lui porter de l'attention. Il avait très, très envie de le tuer à ce moment-là. Mais il n'aurait pas su dire ce qui l'empêchait de le faire. « Tant mieux, moi si la mienne ne s'est pas fait expulsée, c'est déjà très bien. » Il avait dit cela sur le ton de la conversation, comme s'il n'en avait rien à faire. Zuriel n'en avait rien à faire. Par contre, celui qu'il avait été, non. Il n'était pas entièrement mort, il respectait encore ceux sans qui il ne serait rien, même si c'était un respect très mince vu qu'ils l'avaient abandonné quand il s'était enfermé dans le cercle infernal. Cette famille comptait plus pour lui que d'autres, mais pas autant que certains « amis » ; Zuriel les aurait tué si on le lui avait demandé. Car Wilfred avait raison : le plus important, c'était de vivre. Sans se poser de questions, en attendant de voir ce qu'elle va nous réserver. Ils étaient au moins d'accord là-dessus ; c'était d'ailleurs un point commun qui faisait qu'ils s'entendaient en général plutôt bien. Il ne fut même pas surpris de le voir penser à toute autre chose. Zuriel eut un léger pincement au cœur en entendant parler de son ancien patron. Il lui devait quand même pas mal de choses, il devait le reconnaître. Certains éléments de culture, notamment - les seuls dont il disposait, vu que l'école n'avait jamais été autre chose pour lui qu'un lieu de sociabilité, sinon une perte de temps. La question en tout cas n'était pas idiote, même si Zuriel avait directement la réponse que lui choisirait. « Manger. Si tu t'habilles bien mais que tu n'as rien à manger, tu crèves. Ça ne sert à rien. Si tu manges au moins, tu as des forces pour te défendre. » Pour lui, les beaux habits étaient vraiment une futilité, dans la plupart des cas. Il se contentait la plupart du temps d'habits fonctionnels, ou quand il voulait mettre en valeur son physique, il portait du prêt-à-porter pas cher mais qui avait un peu de classe. La question ne s'était jamais posée pour sa famille : il fallait d'abord se nourrir. Quand on avait connu la privation, c'était une réponse plutôt évidente. C'est pourquoi il marmonna dans sa barbe : « Il faut bien être un bourge pour se poser une telle question. » Réfléchir n'était pas dans l'habitude de Zuriel en ce qui concernait les intérêts du quotidien. Cela devait être réservé pour les plans bien ficelés, que l'on ne ressortait que lorsque l'on risquait sa peau. Si l'opération qu'on prévoyait n'était pas dangereuse, il n'y avait pas beaucoup à réfléchir dessus : on se contentait de limiter les dégâts annexes, mais on ne songeait pas à améliorer sa sécurité. Ah, les émotions... Elles, en revanche, c'était une belle fumisterie. Rien de pire que ce moteur de l'action particulièrement inefficace. « Ou elle te paralyse et tu te fais buter. » Zuriel était assez cru, mais c'était ainsi qu'il voyait les choses. L'émotion avait été quelque chose qu'il avait dû enfouir au fond de lui quand il était plus jeune, et s'il ne l'avait pas fait, il n'aurait pas supporté tout ce qui lui était arrivé. Et d'autres l'auraient tué.
En revanche, l'interrogation suivante... Zuriel dut reconnaître qu'il l'avait bien piégé. Il avait beau affirmé qu'il fallait d'abord penser à soi, il savait parfaitement ce qu'il ferait. « Je sauterai. » Évidemment, dit comme cela, c'était plus choquant. Mais il fallait comprendre ce qu'il voulait dire par là. Pas qu'il était aveugle au point de faire tout ce qu'on lui disait. Il y avait une raison bien rationnelle à cela : si on lui disait de sauter par la fenêtre - chose qu'on ne ferait pas, puisque c'était déjà prévu qu'il se tuerait plus tard -, c'était que la situation était tellement désespérée que, s'il désirait une mort rapide et indolore, il ferait mieux de sauter. Sinon, il n'osait même pas imaginer ce qu'on lui ferait. Être insensible à l'émotion ne signifiait pas que l'on n'avait pas peur de la douleur. Zuriel tenait particulièrement à l'éviter dans la mesure du possible. « Pourquoi nul ? demanda-t-il, un brin vexé par la remarque. C'est un métier comme un autre. Et j'ai exercé ton métier, tu vois bien que j'ai changé ; je ne retournerais certainement pas en arrière. T'es toujours traité comme un pion, mais au moins t'as pas besoin de dormir dans le métro. » Il décocha un coup de pied à Wilfred, qui s'était allongé sur le banc, enroulé dans le manteau poisseux de sang. Ah, cela le dégoûtait. « Regarde-toi d'abord, t'as même pas la décence d'épargner la vue aux pauvres gens dont tu menaces la vie. » Zuriel l'aurait roué de coup s'il n'avait pas eu un minimum d'amitié pour Wilfred. Comment pouvait-il se laisser aller à ce point et se demander s'il devait porter de beaux vêtements ? C'était complètement paradoxal. Et puis, il avait déjà fait une victime ce soir, il n'allait pas en plus battre à mort un ancien collègue.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 16:58

Wilfred aimait les habits de marques, les fringues classes qui te donnaient l’air d’être quelqu’un même si tu n’étais plus personne depuis longtemps. C’était son identité. Il pouvait bien dire qu’il aimait mieux sa liberté à son ancienne richesse, il lui restait beaucoup de choses de son ancienne vie qu’il chérissait stupidement. Les bons habits en faisaient partis, son amour pour le respect également. Il haussa les épaules quand il se fit traiter de bourge et ne releva pas la remarque de son ancien collègue sur sa propre famille. Ce dernier n’avait sûrement pas eu la vie aussi facile que Wil, mais chacun avait sûrement plongé dans la mauvaise case pour en arriver là.
Ils étaient différents, c’est pour cela que l’autre préférait bien manger à bien s’habiller. Dans le monde de Wilfred, certains étaient prêt à crever de faim uniquement pour continuer de s’enrichir, alors qu’ils avaient déjà plus d’or et d’argents que le reste du monde. Lui, il se serrerait un peu la ceinture, si en échange sa veste était belle et chaude.
Un pauvre ne pensait bien entendu qu’à ce qu’il avait connu : la faim.

- C’est bien une réaction de pauvre. Répondit-il simplement.

Quand aux émotions, une nouvelle fois, il n’était pas d’accord. Wil était le genre de personne qui avait beaucoup d’émotions, même si elles paraissaient décalées par rapport aux autres. Il ne s’inquiétait guère de savoir où il allait dormir tant qu’il pouvait dormir, mais il réagissait toujours à la vulgarité. Il se sentait parfois ému devant un poème. Ou touché par la couleur du sang. En voyant son ‘ami’ exécuter quelqu’un il avait ressentit quelque chose de l’ordre du dégoût ou de la déception, un peu des deux.
La première fois qu’il avait du tuer quelqu’un, il en avait été malade, alors que plus jeune ça ne le dérangeait pas d’être une brute et de racketter les plus petits – comme s’il en avait eu besoin.
Il pensait que sans émotion on était un robot. Programmé pour tuer, pour obéir. Aucune liberté. Ca lui rappelait ce qu’il avait fuit en provoquant son père, il n’avait pas envie de le retrouver.

- L’émotion ne te paralyse pas forcément. Elle peut te donner la force nécessaire. C’est de là que vient l’envie de vivre non ? De la peur de mourir, de la peur du noir, de l’amour pour la vie. Ca me vient de là moi. J’aime vivre, juste ça me rend heureux.

Et c’était vrai. Il ne se posait pas de questions sur le vrai bonheur, car pour lui le vrai bonheur était d’être en vie. C’est pour cette raison que la réponse de son ‘ami’ sur le fait qu’il déciderait de sauter par la fenêtre, lui fit relever un peu la tête. C’était rare de sa part de donner une véritable attention à quelque chose, mais il fallait dire que là il se demandait pourquoi ce choix. Même si on lui disait que c’était sans doute la mort la moins douloureuse, il préférait encore souffrir et essayer de s’en sortir plutôt que de sauter.
Wilfred se bâterait jusqu’au bout pour sa vie quitte à être abattu comme un chien au final. C’était triste d’entendre quelqu’un dire qu’il sauterait.

- J’espère que si ça arrive tu ne seras qu’au premier étage. Dit-il sincèrement.

Finalement la discussion tourna sur son job, qu’il trouvait être un métier comme un autre. Dans ce cas là pourquoi ne pas être fleuriste ? Ou Pompe Funèbre ? Il y avait des tas d’autres boulots.
La question pouvait se retourner sur Wil évidemment.

Son ancien collègue paraissait en colère, Wilfred se demandait contre quoi ? Est-ce que cela le dérangeait d’être jugé ? Et puis pourquoi toujours revenir sur le fait que Wil dormait dans le métro plutôt que dans une chambre ? Tant qu’il dormait, où était le mal ?

- Il est plutôt confortable ce banc je trouve, ce manteau tient chaud. Dormir là ou ailleurs je ne vois pas le problème. Dormir c’est dormir, peu importe où. Et si tu pouvais éviter de me donner un nouveau coup de pied, cela m’empêcherait de devoir me lever pour me battre avec toi alors que j’ai besoin de dormir justement.

Wilfred ferma les yeux, et à la dernière remarque de son ancien collègue il marmonna :

- Habituellement, les gens ne se plaignent pas trop à ma vue. Je n’en ai pas l’air comme ça, mais je plais plutôt bien.

Puis ajouta en baillant une troisième fois :

- Evidemment, je n’ai pas ton charme.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 17:36

Zuriel avait osé dire que l'interrogation de Wilfred était une question de riche. Celui-ci lui répondit en faisant remarquer que c'était une réaction de pauvre. Chacun sa manière d'être, en effet. Zuriel observa le visage jeune de Wilfred, visage déjà marqué par leur vie difficile. Ils avaient des parcours assez proches, mais leurs origines différentes leur donnaient des orientations très divergentes. Zuriel était plus sec, plus porté sur le dénuement et l'absence de fioritures. Il préférait aller à l'essentiel. S'il devait se serrer la ceinture, il préférait que ce soit pour quelque chose qui en valait vraiment la peine. S'interroger sur des vêtements, très peu pour lui. De toute façon, la beauté angélique de son visage lui suffisait bien assez. Mais s'il n'y avait que cela... Voilà que Wilfred se faisait le défenseur des émotions ! Était-il aveugle ou n'avait-il réussi à rester en vie juste par chance ? Il ne pouvait pas ignorer que si on se laissait aller, on était débordé par ce que l'on ressentait. « Non, moi, ce n'est pas un moteur. C'est un frein dans ma vie. C'est ce qui m'empêche de faire mon devoir. » Son devoir, voyons. Une cause qu'il n'avait pas choisie, mais qu'il n'avait aucune difficulté à suivre. Mais impossible d'expliquer cela à Wilfred. Il comprendrait bien la notion de devoir, mais ne verrait pas comment on ferait pour l'y appliquer à quelque chose qui nous était inconnu. A supposer qu'il accepte de se dire que quelqu'un issu d'un milieu très modeste puisse avoir une quelconque notion de devoir sans croire à celle de l'honneur... « Non, je t'assure, il vaudrait mieux que je meure sur le coup si cela m'arrivait. » Il n'en disait pas plus, parce qu'il devait protéger les Loopers. Et puis, il ne voulait pas que Wilfred se mette à le plaindre. Cela, ça l'achèverait, il n'aurait plus aucun scrupule à l'achever. Il était heureux avec son existence - si on exceptait ce qui le rendait malheureux. Et de toute façon, même s'il n'était pas heureux, tant pis, il ne pouvait plus sortir de cela, et c'était simplement que son destin n'était pas d'être heureux.
Hélas, son ami ne paraissait pas comprendre pourquoi cela l'énervait de le voir dormir dehors. Il se souciait de ses vêtements, et n'avait aucun honneur concernant la façon dont il dormait ? Sans oublier qu'il manquait de sécurité. Quand bien même il le trouvait très confortable, ce n'était qu'un banc très exposé. « Bien sûr, et n'importe qui peut venir, te piquer tes affaires, ou même te trancher la gorge pendant que tu dors. Ça ne te perturbe pas ? Tu aimes la vie, mais tu n'en as rien à faire de dormir complètement... offert aux autres ? » Zuriel était à la fois furieux et perplexe. Il ne comprenait absolument pas ce qui motivait Wilfred. Comment pouvait-on être aussi paradoxal que lui ? Ses contradictions le lassaient. « Parce que tu te battrais avec moi si je continuais ? Alors que je chercherai à te tuer si tu portes la main sur moi ? » C'était la vérité : si jamais il devait se battre, Zuriel ne se contenterait pas d'essayer de le dominer et de le faire reculer. Il chercherait à le tuer - ce qui serait d'autant plus simple qu'il avait toujours sa lame en main, et que depuis qu'il savait qu'il allait finir par s'assassiner lui-même, ou assassiner un de ses proches, il avait fini par se dire qu'on ne devait plus hésiter quand on avait affaire un de ses proches. Cela lui ferait mal, mais il avait vécu deux ans sans Wilfred, il pouvait donc bien continuer jusqu'à la fin de ses jours. Il lui manquerait, et ce serait tout. « Je doute que tu plais quand tu dors affalé sur un banc et recouvert d'un manteau couvert de sang, fit remarquer Zuriel de façon tout à fait pragmatique. Si on te voit, on risque de te lier au meurtre qui vient d'être commis. » Il grimaça, sachant que Wilfred ne pouvait pas le voir vu que Monsieur s'apprêtait à dormir. Pour le coup, Zuriel avait l'impression d'être à la place du domestique de Sa Majesté, celui qui était incapable de le laisser seul sans s'inquiéter un minimum pour lui. C'était affreux. Il devait se défaire complètement de son ancienne vie, cependant il suffisait de lui mettre son ancien meilleur collègue face à lui pour qu'il y replonge. Mais il ne voulait plus être un banal employé d'un trafiquant d'armes. Il voulait pleinement être un Looper. « Ça m'ennuierait beaucoup. Je dois être le seul à assumer mes actes. » En clair : il ne voulait pas que Wilfred en souffre. Mais évidemment, il ne fallait pas compter sur lui pour l'avouer haut et fort. Il devait faire comme si il lui était (presque) complètement indifférent.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 18:12

Wilfred avait les yeux fermés, il s’imaginait dans le ciel, faisant la course avec un nuage, se battant contre un orage, s’amusant avec la pluie, se laissant porter par le vent. C’était difficile de se concentrer sur son début de rêve et sur ce que racontait son ancien collègue. Il cru l’entendre dire que les émotions pour lui étaient un frein, et se prit à penser une nouvelle fois qu’ils étaient trop différents. Peut-être qu’ils s’étaient supportés parce qu’ils avaient travaillé ensemble et que ce travaille paraissait leur convenir à tous les deux, maintenant leurs routes s’étaient séparée et ce n’était peut-être pas une bonne idée qu’elles se recroisent.
Mais Wil le trouvait pour autant plus sympathique que d’autres de ses collègues, dans ce milieu les gens pouvaient se montrer stupide et vulgaire, son ‘ami’, lui parlait plutôt bien finalement et ne se comportait pas si mal – si on omettait le fait que son sens du devoir et son manque d’émotion lui faisait commettre des crimes plutôt moches.
Il ne l’écouta pas quand l’autre assura qu’il valait mieux qu’il meurt sur le coup s’il sautait par la fenêtre, de toute façon il n’aurait pas été d’accord. Peut-être parce que lui il se servait de ses émotions pour sortir « ses griffes » et ne se laisserait pas tuer facilement, quitte à être torturé ou à souffrir.
Puis son ‘ami’ insista sur le fait qu’il pouvait être dangereux de dormir sur ce banc, Wil rouvrit les yeux et soupira :

- Tu sais, Wil est un grand garçon qui sait se défendre, et puis qui va m’égorger ? Il n’y a personne, à part toi. Si tu veux me poignarder, sache que je ne me laisserai pas faire. Ensuite j’ai tendance à penser que les gens préfèrent voler et tuer ceux qui sont dans des grandes et belles maisons, où il y a quelque chose à manger et bien entendu à voler. Qui s’attaquerait à quelqu’un qui dort sur un banc ? Et si quelqu’un s’attaque à moi, qui penserait que je suis armé et prêt à me défendre ? J’ai tous les avantages.

Son discours montrait à quel point il n’avait pas peur, et surtout qu’il avait réfléchit aux risques qu’il encourait, mais que ça lui était égal parce qu’il était prêt à se défendre.

A la deuxième interrogation, Wil se redressa un peu, posant son coude sur la banc et sa joue dans sa main :

- Si je me bats avec toi, tu vas chercher à me tuer, et si tu cherches à me tuer on risque de s’entretuer parce que je ne te laisserai pas faire. On aura donc perdu la vie ce qui nous est précieux à tous les deux. C’est pour cela qu’il ne faut pas que tu me donnes un autre coup de pied. C’est élémentaire, tu ne crois pas ?

Cela venait de la logique étrange de Wilfred, et pour lui son raisonnement était juste et n’avait aucun défaut. Il ne pensait même pas au fait possible qu’il ne devrait pas se battre tout court et ne réagissait pas au sous entendu de son ancien collègue qui disait qu’il était bien capable de le tuer.
De toute façon Wil, le savait, tout le monde était capable de tuer tout le monde, pour peu qu’on leur donne une bonne (ou même une mauvaise) raison.

Finalement à la remarque sur le fait que Wilfred ne devait guère plaire avec son manteau couvert de sang, qu’on pouvait même l’accuser du meurtre, ce dernier relaissa tomber sa tête sur le banc :

- Je ne cherche pas à plaire pour le moment. Mais personne ne me résiste, assura-t-il dans un murmure.

Puis il se tu un moment avant de reprendre :

- Et puis on peut m’accuser d’un million d’autres choses différentes. Je suis coupable de tellement de mauvaises choses tu sais bien. Au moins ce manteau plein de sang empêche les petits malfrats de m’approcher, tu sais ceux là même qui pourraient m’égorger. Cependant, on ne peut pas tuer un nuage, tu ne crois pas ?

Il grinça des dents et se frotta un œil, puis se gratta les cheveux, marmonna un truc au sujet d’une douche qu’il aimerait bien prendre et finalement ajouta :

- Alors ne sois pas ennuyé, et cesse donc de t’inquiéter pour Wil, je sais que tu m’adores mais je m’en sors très très bien.

Il a dit ça comme ça, sans ironie, sans non plus montrer qu’il croit vraiment une chose pareille. Cependant ils n’ont plus travaillé ensemble depuis longtemps et pour autant Wilfred est toujours vivant, preuve qu’il peut se débrouiller.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 18:55

Il crut, l'espace d'un instant, que Wilfred ne lui répondrait pas, qu'il s'était endormi. Cela aurait bien été sa veine, car Zuriel n'en avait pas fini avec lui. Il n'avait pas l'intention de le laisser seul alors qu'il dormait exposé sur un banc. Même si Wilfred lui affirmait avec force que non, il ne risquait rien : il était prêt à se défendre, personne ne s'intéresserait à lui. Zuriel préféra ne pas lui signaler que quand on était désespéré, les grandes maisons étaient quelque chose de trop abstrait qu'on désire si attaquer. En revanche, un clochard sur un banc était une cible plus facile, et qui ne manquerait à personne. La police n'avait, au fond, pas grand chose à faire de ceux qui n'étaient que des parasites de la société. Et un trafiquant d'armes en était un, c'était indéniable. Qui se soucierait de sa mort ? Une mauvaise personne éliminée, ça ne pouvait pas faire de mal... « Oui, mais tu dors. Un bon assassin saura toujours être assez discret pour se faufiler jusqu'à toi. » Et cela, c'était inacceptable. Parce que Zuriel tuait assez de personnes pour savoir qu'on pouvait même tromper celles qui avaient le sommeil léger. Et le propre du sommeil, c'était bien de lâcher prise, de se couper de ses perceptions. Sinon, on ne pourrait pas se reposer. Vraiment, il ne comprenait pas comment Wilfred pouvait avoir à ce point confiance, cela lui paraissait de la folie. Même lui, qui avait une totale confiance en son arme, il savait que la nuit, lorsqu'on dormait, cela ne servait pratiquement à rien. Voilà pourquoi, s'il dépensait un peu d'argent, il préférait autant que ce soit pour augmenter sa sécurité. Et c'était ce type de logique que lui retournait Wilfred. Allez savoir pourquoi, Zuriel était heureux de savoir que Wilfred chercherait aussi à le tuer. Même s'il avait confiance en ses capacités : il était un tueur de sang-froid, lui, et il pouvait gagner une fraction de seconde vu qu'il avait déjà son arme en main. Quand il s'agissait d'un combat mortel, une fraction de seconde faisait clairement la différence. Mais il n'avait pas envie de le tuer, de toute façon, c'est pourquoi il ne lui donna pas d'autres coups de pied. « N'empêche que ce serait à essayer. » : fit-il remarquer avec désinvolture. L'ennui, c'est que Wilfred continuait sur sa lancée. D'accord, d'accord, il voulait bien admettre que Wilfred aussi avait son charme. Pas avec son manteau en tout cas. Et vu qu'il y avait un cadavre, il croyait plutôt que les malfrats le prendraient pour ce qu'il était, à savoir un simple dépouilleur. Alors que Zuriel était le seul qui avait quelque chose à se reprocher dans cette histoire, même s'il estimait qu'il partageait la responsabilité. En revanche, la dernière phrase était en trop. Et cela donna le coup de grâce à Zuriel, qui sentit sa colère éclater. Non, il ne tua pas Wilfred. Ce n'était pas son intention. Il se contenta lui foutre un bon coup de poing amical dans la figure. Il n'avait cependant pas l'intention de se battre, parce qu'il se recula immédiatement pour se mettre hors de portée. « Aha, très drôle Wil. Quelqu'un se soucie de toi et tout ce que tu trouves à faire, c'est de te moquer de lui. Bon sang, c'est sérieux, on parle de ta vie, là, ne fais pas comme si j'y étais indifférent. » Ses phalanges avaient blanchi sur le manche de son couteau qu'il ne tenait pas à utiliser. Il était sérieux. Il n'avait pas envie de laisser Wilfred dans un tel état. « Et non, je ne t'adore pas d'abord. »
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 20:06

Wilfred chantonnait dans sa tête, une comptine pour dormir, un truc stupide que devait chanter sa mère à son frère quand ils étaient petits. Il écoute encore vaguement ce qu’on lui raconte, mais ça devient de plus en plus trouble, quelque chose sur le fait qu’un assassin réussirait toujours à le tuer. Ce qui était sûrement vrai, mais si quelqu’un voulait l’assassiner à ce point, il ne serait de toute manière en sécurité nulle part. Quelle importance, un banc, un lit, est ce que le mur d’une maison le protégerait mieux ? Il soupira et marmonna un truc incompréhensible. A moitié endormis.
Il fut réveillé assez violemment par le coup de poing, et sa réaction fut immédiate, il se mit debout prêt à rendre le coup. Passant de l’état de somnolence à celui de parfait réveil, avec l’envie de se battre au fond de la gorge. Son agresseur s’était reculé assez vite pour échapper au coup qu’il avait envoyé, mais Wilfred n’en avait pas fini. Si l’autre cherchait la bagarre, il allait la trouver.
Son ancien collègue expliqua en quelques sortes son geste, tandis que Wil se frottait la joue.

- Je ne me moquais pas, je t’assurais juste que je n’avais aucunement besoin de toi, ni de ton aide. S’énerva-t-il.

Pour la première fois il avait un peu élevé la voix, montrant qu’il était plus attentif et plus présent. Fini les poèmes, les comptines, les délires, Wilfred se tenait les poings en avant, le regard brûlant. Il sentait le poids de son arme sur lui, tout à fait prêt à la sortir et à s’en servir.

- Pourquoi tiens-tu tant que cela à ma vie ? Y tiendrais-tu si on te donnait l’ordre de me tuer moi aussi ? Je n’ai pas besoin qu’on se soucie de moi, mais surtout je n’ai pas besoin qu’un type qui exécute de sang froid sans se poser de question se soucie de moi.

Ce qui le calma un peu, et forma finalement même un sourire sur son visage c’est la défense que son ancien collègue lança, sur le fait qu’il ne l’adorait pas. Nier de cette manière semblait indiquer l’inverse de ce qu’il disait, et Wil finit par baisser les bras plus si pressé de se battre. Il se rassit sur le banc et continua de sourire en regardant ‘son ami’.

- La façon dont tu le dis me fait penser le contraire.

Puis pliant ses jambes, posant ses pieds sur le banc, et son menton sur ses genoux, fixant l’autre d’un regard amusé – sans être moqueur :

- C’est plutôt mignon venant de toi.

Wilfred était à nouveau de bonne humeur, ses yeux pétillaient d’une certaine malice et il souriait. Il resta silencieux quelques minutes avant de dire :

- C’est pour ça que tu t’inquiètes pour moi non ? Parce que tu m’adores.

Cela le satisfaisait assez d’une certaine façon. Wil n’était pas le genre à avoir des attaches avec qui que ce soit, pour autant cela n’était jamais désagréable d’apprécier une personne ou d’être apprécié. Même si cela ne l’empêcherait pas de tuer s’il se sentait en danger, ou de trahir une personne qu’il aurait appelé « ami ». L’amitié n’avait un sens pour lui tant que cela ne mettait pas sa vie en péril.
Enfin il s’avançait peut-être sans doute, faisait des conclusions rapides et se trompait complètement, mais c’était tout de même sympa à imaginer. Mieux que de se battre et de s’entretuer, au risque de perdre la vie.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 20:56

Zuriel était en colère. Il avait de remettre Wilfred sur les rails. Enfin, les rails, c'était vite dit, la carrière de trafiquant d'armes n'était pas une carrière acceptable de toute façon. Mais du moins l'empêcher de se faire tuer par excès de confiance et absence de prudence, c'était essentiel. Alors qu'il aurait été tellement plus simple d'en rester là, de se barrer, de laisser quelqu'un d'autre faire le sale boulot à la place. Wilfred serait mort, il n'aurait plus à se soucier de se confronter à quelqu'un qui savait qui il était. Mais évidemment, il n'en avait pas envie. Il n'avait pas le cœur à cela. L'admettre était cependant hors de question. Il disait justement bloquer ses émotions. Hé bien, voilà la preuve que les sentimens étaient juste du grand n'importe quoi. « Alors que tu couches dans le métro ? Mais tu es un fou, Wil. Ou un imbécile » Pour Zuriel, il était évident que Wilfred faisait n'importe quoi. Il ne voyait aucun inconvénient à dormir près d'un cadavre fraîchement tué par son « ami », dans le manteau couvert de sang de la victime. Et voilà que l'assassin, alors qu'il ne se souciait pas des autres, s'inquiétait de ce qu'il pourrait arriver. La moindre des choses, c'était de ne pas nier avoir besoin d'aide. Pas alors qu'il en avait vraiment besoin. Zuriel ne se sentait pas concerné par grand monde, alors s'il se sentait rejeté, il se sentait très mal... « Ouais, je te tuerai si on m'en donnait l'ordre, tout comme je me tuerai si on l'ordonnerait. Et oui, j'exécute des gens de sang-froid. Et alors ? J'ai pas le droit de me soucier de ce que tu deviens ? » Il ne pouvait pas dire qu'il se souciait de sa vie, ce n'était pas le cas. La vie, c'était relatif. C'était plutôt... Lui, qui importait. Mais si ça faisait mal à avouer.
Zuriel perçut alors un changement dans l'attitude de Wilfred. Il n'était plus énervé, non, il semblait amusé. Comme s'il l'avait percé à jour. Et mince. Comment ça, c'était mignon ? Zuriel vit rouge. On ne pouvait pas le qualifier de mignon en toute impunité, et tout ce qu'il pouvait dire pour répondre à cela ne pourrait faire que l'enfoncer. Qu'il nie parce que c'était effectivement faux, ou qu'il le fasse pour se défendre, cela revenait au même. Ce fut donc en toute sincérité que Zuriel répliqua : « Je te déteste. » Cela venait du cœur, même si cela ne résumait pas exactement les très complexes sentiments que Zuriel portait à son ami. « Tu voudrais que je t'adore, pas vrai ? Même pas en rêve. C'est simplement que je ne suis pas celui que tu crois. Tu crois voir un tueur qui ne pense qu'à obéir, mais je ne crois pas que tu as conscience de ce que je suis vraiment. Je ne suis peut-être plus comme avant, je l'admets, mais mince, ça ne veut pas dire que je suis totalement indifférent aux autres ! Je vois un ancien collègue qui n'a pas d'endroit pour dormir et qui n'a pas la moindre once de dignité, alors ouais, ça me met en pétard. Et si tu penses que je t'adore, c'est parce que c'est toi qui le désire. » Zuriel se rapprocha alors de Wilfred. Très près. Son visage touchait presque le sien quand il se stoppa. Il se plongea dans le regard de son ami, tout à coup très déterminé. « Ce sont tes propres désirs que tu projettes sur moi. Parce que tu sais que je te tuerai si tu me touches ou si on m'en donne l'ordre. Tu aimerais croire que je ressens assez d'émotions positives à ton égard pour que je t'épargne. » C'était certes assez cruel à annoncer, mais au moins, cela détournait l'attention de lui pour sonder ce que pensait Wilfred. Est-ce qu'il l'espérait véritablement ? Là était la question.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 22 Déc - 22:07

Wilfred écoutait son ancien collègue parler, toujours un sourire scotché sur le visage. Il se disait que l’autre devait forcément l’apprécier pour se soucier de lui, malgré son job qui le faisait exécuter des gens. Il trouvait ça touchant, quand sa propre famille se fichait bien de savoir ce qu’il devenait. Bien entendu, il n’était toujours pas convaincu par la dangerosité de dormir dans le métro. Oui, il risquait sa vie à dormir sur un banc, mais il risquait sa vie sans arrêt. La rue c’était la guerre, et il la subissait sans arrêt. Alors quand il avait un moment pour dormir, il en profitait.
Fou il l’était sûrement, ne fallait-il pas être fou pour défier monsieur Ellison ? Pour préférer vivre démunie que dans sa maison de riche où il possédait tout ce qu’il pouvait désirer ? Mais quelle importance, la folie ne l’empêchait pas de vivre.

Il perdit cependant son sourire quand avec assurance l’autre lui dit qu’il le détestait. Ce n’était pas mignon, et ce n’était pas non plus très sympa. C’était bien la peine de lui dire de ne pas dormir ici, que ça pouvait être dangereux, si ce n’était même pas parce qu’il l’appréciait mais simplement parce qu’il n’était pas indifférent aux autres, que ça le mettait juste en colère de voir un ancien collègue n’avoir aucune dignité et pas d’endroit où dormir. Il voulait répondre que ça ne le dérangeait pas lui, pourquoi fallait-il qu’il s’en mêle ? Mais l’autre continuait de parler. Et sans doute que ce qu’il disait n’était pas totalement faux, Wil avait peut-être envie qu’il l’adore. Parce qu’il trouvait ça sympa, mignon, et aussi agréable.
Quand l’autre s’approcha de lui, il ne bougea pas d’un millimètre et attendit de voir ce qu’il voulait, son ‘ami’ s’arrêta très près de son visage et ses yeux dans les siens continua à lui parler. Wil l’écouta sans se reculer, ni détourner le regard. Quand l’autre eut finis, le silence se mit à résonner dans les couloirs du métro. Il n’y avait personne qu’eux deux et un cadavre, et pas un bruit à part celles de leur respiration.
Wilfred avança à son tour son visage et colla son nez contre celui de son ‘ami’ louchant dans ses yeux :

- T’es aussi pas mal de près, commenta-t-il.

Puis il étira ses bras et les passa autour du garçon en face de lui :

- Si tu me tuais pour sauver ta peau, que tu m’adores n’y changerait rien. Il vaut mieux sauver sa peau dans tous les cas. Moi c’est ce que je ferais.

Il lui sourit :

- Donc tu te trompes, je ne veux pas que tu m’adores pour que tu m’épargnes. Mais tu as raison, je trouverais ça sympa que tu m’adores.

Wilfred l’admettait assez facilement. Cela n’était pas dérangeant pour lui. Ce n’était pas quelque chose qui lui faisait honte non plus. A bien y réfléchir, dans sa vie il y avait assez peu de gens pour l’apprécier réellement, alors c’était sans doute normal d’avoir envie que quelqu’un l’adore. Ce n’était en aucun cas pour qu’on l’épargne, mais parce que cela était plutôt agréable de se sentir apprécié par quelqu’un.

- C’est dommage que tu me détestes cependant, mais tu n’es pas le premier. Et sans doute pas le dernier.

Il se tut un instant avant d’ajouter :

- Mais pour ce qui est de l’endroit où dormir t’as peut-être quelque chose à me proposer ?

Il ne dit pas ça parce que soudainement le métro n’était plus un endroit convenable pour lui, non il le dit parce qu’il avait l’impression que l’autre ne le laisserait pas dormir tranquille tant qu’il s’inquiéterait de son sort et de sa dignité.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeDim 23 Déc - 19:03

La proximité physique avait normalement quelque chose de dérangeant. Même si Zuriel ne le savait pas, bien qu'il en ait une vague impression, il existe différentes sphères qui s'échelonnent autour d'une personne. Elles déterminent des espaces distincts, et plus vous vous approchez, plus vous entrez dans son espace personnel. Zuriel avait conscience qu'on se sentait plus mal à l'aise quand une personne était proche de cela. Il ignorait toute cette histoire de différents espaces. Et il savait donc qu'en s'approchant de Wilfred, il provoquerait nécessairement une réaction qui serait assez révélatrice. Il fut assez surpris de ne ressentir qu'une légère gêne à l'idée d'être aussi proche de lui. Il aurait plutôt cru qu'il se sentirait en trop, alors qu'en fait, non. Il était même plutôt bien, il y avait quelque chose d'agréable à être proche de lui. Et de très désagréable en même temps, ce qui rendait la chose bien plus intéressante. Il y eut un silence. Zuriel se sentit légèrement angoissé à l'idée de ne pas avoir véhiculé son message. Il y avait tout un jeu là-derrière, c'était évident. Mais il se sentit soulagé quand il constata que Wilfred rentrait dedans sans problème, et qu'il allait même plus loin. Il n'avait pas pensé qu'il était plus possible d'être plus proche, mais voilà qu'il y avait un contact physique. Son nez collé au sien. Cela commençait à devenir sérieux. Zuriel cessa de sourire, soudainement concentré. Il n'avait pas d'erreur à commettre. Pourtant, il ne put empêcher la surprise de la prendre lorsque Wilfred le complimenta. On rentrait véritablement dans le jeu, là, sauf que Wilfred était peut-être plus fort que lui. Zuriel ne savait pas quoi dire. Sinon, bêtement : « Je suis toujours beau. » Comme si il était véritablement intéressé par sa beauté physique. Bien une remarque de bourge, cela. Enfin, il ne savait pas si Wilfred avait deviné ses penchants, ou si il s'intéressait aussi aux hommes. Cela importait peu, au final, vu que ce n'était qu'une question de provocation. Et il était décidé à aller bien loin, puisque tout à coup, Zuriel sentit ses bras se renfermer sur lui. Désagréable. Pas parce que le contact le répugnait, loin de là, mais il n'aimait pas l'impression d'être enfermé. Prisonnier, en quelque sorte. Il se sentait vulnérable et il détestait cela. Zuriel le regarda soudain avec perplexité. Quoi ? Il voulait vraiment qu'il l'adore ? Zuriel se crispa. « Tu trouverais cela sympathique. » Alors là, cela paraissait tellement sincère que Zuriel se sentait tout simplement... idiot. Comme si il refusait quelque chose de simple, mais... en même temps, il y était bien forcé, non ? « Et tu acceptes même que je puisse vouloir ta peau. » C'était à n'y rien comprendre. Comment quelqu'un pouvait-il lui dire une chose pareille ? On aurait dit qu'il s'était attaché à lui, est-ce que c'était seulement possible ? Face à cela, quand il était accusé de le détester, il avait du mal à rester de marbre. Alors qu'il n'en avait rien à faire des autres, qu'il était capable d'assassiner quelqu'un de sang froid... mais cela, qu'on témoigne un peu d'intérêt à sa petite personne, voilà quelque chose qui le perturbait, et qu'il était incapable de gérer. Il ne chercha pas à démentir, parce qu'il savait qu'il devait le faire, mais une part de lui avait bien envie de détromper Wilfred. En revanche, quand il lui parla de dormir ailleurs, là, Zuriel se sentit particulièrement gêné. Il ne pouvait pas lui dire de venir chez lui. Il était hors de question de le faire. Sa question avait jeté un froid, il se dégagea et s'éloigna un peu de lui. « Du moment que tu ne dors pas dehors, c'est tout ce qui compte. » : répondit Zuriel d'une voix qui faiblissait. Il le regarda un instant sans rien dire, l'air profondément inquiet. Mais qu'allait-il bien pouvoir faire de lui ? La solution serait de le tuer, mais il en était tout simplement incapable si on ne lui en donnait pas l'ordre. Il devait bien le reconnaître. « Ne fais rien qui m'oblige à te tuer, déclara-t-il d'un ton presque suppliant. Je ne voudrais pas avoir à t'enterrer, pas comme ça. » Il se tut. Il aurait pu lui dire, pourtant, que Wilfred faisait partie des quelques rares personnes qui comptaient un peu pour lui. Qu'il faisait partie de ces personnes qui, selon Zuriel, avaient été fondamentales dans son existence. Que rien que pour cela, il avait gagné le respect de l'assassin, ce qui n'était absolument pas négligeable. Mais il ne dit rien, parce que le Looper ne devait pas ressentir tout cela. Un Looper n'avait pas d'amis, pas de familles, pas d'identité. Avoir un ami, c'était trop dangereux pour lui.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeLun 24 Déc - 11:16

Wilfred s’assit en tailleur tandis que son ancien collègue s’éloignait de lui. Il se gratta une énième fois la tête. Cela l’amusait que l’autre lui fasse remarquer qu’il était toujours beau, c’était sûrement vrai. Wil n’était pas difficile de toute façon, mais il reconnaissait que physiquement son ‘ami’ était vraiment pas mal.
Pour l’autre il était apparemment bizarre qu’il accepte aussi facilement le fait qu’il veuille sa peau, pourtant cela paraissait logique à Wilfred. Ca ne le dérangeait pas qu’on veuille le tuer, parce que pour lui n’importe qui tuerait n’importe qui d’autre s’il le fallait. Il savait que l’amitié, l’amour ou n’importe quel sentiment n’empêchait pas les gens de prendre une arme et de tuer. Que ce soit par besoin, par jalousie, pour survivre ou pour n’importe quoi d’autre.

Il ne lui proposa pas d’endroit pour dormir mais son ‘ami’ lui expliqua qu’il ne fallait pas qu’il dorme dehors. D’accord, mais il allait dormir où dans ce cas ? Le métro c’était l’idéal pour lui, mais l’autre insistait et Wil était persuadé qu’il ne le laisserait pas dormir s’il décidait de rester ici.

- Et si je dors dans un abri bus, ce n’est pas tout à fait dehors, ça te va ?

Il demanda au hasard, il était presque sûr que l’autre allait refuser, c’était plutôt embêtant parce qu’à part dehors, il n’avait vraiment nulle part où aller. Il aurait pu trouver quelqu’un pour l’héberger, mais il se faisait super tard et cela prendrait trop de temps, il avait envie de dormir maintenant. Alors que Wilfred réfléchissait à ce qu’il pourrait faire pour convaincre son ‘ami’ de le laisser dormir ici, l’autre prit un ton suppliant pour lui demander de ne rien faire qui l’obligerait à le tuer. Wil releva ses yeux vers lui surpris, c’était plutôt étrange comme demande.

- Et qu’est ce qui t’obligerait à me tuer ? Interrogea-t-il avec curiosité.

Après tout Wilfred n’était pas le genre à se montrer insultant, il était très rare qu’il manque de respect à une personne – sauf peut-être s’il s’agissait de son pire ennemi et son ancien collègue ne faisait pas partie de cette catégorie. Si on se comportait bien avec lui il le rendait bien, il ne s’énervait que si on lui manquait de respect et ne tuait que si sa vie était en danger. Il était bizarre, c’était vrai, difficile à comprendre, pas loyal ni fidèle, et parfois il pouvait être provocateur, mais il ne pensait pas que son ancien collègue serait obligé de le tuer pour ça.

- Je ne ferai rien dans ce sens, j’aime beaucoup trop la vie.

Puis il bailla, se frotta les yeux et les cheveux, se tapa les joues pour se réveiller :

- C’est gentil de ta part de ne pas vouloir être obligé de me tuer et vraiment ça me touche, mais je vais mourir si je ne dors pas. Assura-t-il.

Il ajouta en marmonnant :

- Il a bien fallu que Verlaine dorme pour faire ce rêve étrange et pénétrant, tu vois bien.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeMer 26 Déc - 23:10

Pour Zuriel, gérer le cas Wilfred s'avérait plus compliqué que prévu. Il avait toujours su que leur relation était complexe, bizarre, voire même anormale ; impossible à déterminer où cela les menait. Ils oscillaient entre la haine la plus farouche et une forme d'attirance magnétique dont ils ne pouvaient se défaire. Et c'était encore le cas aujourd'hui - en plus fort. L'envie de tuer Wilfred se disputait à l'envie de trouver un arrangement avec lui. A cela s'ajoutait le désir de sa présence. Il avait presque envie de lui dire de venir dormir avec lui, mais il savait que cela finirait mal. D'abord parce qu'on ne laissait pas entrer quelqu'un de malhonnête chez soi. Ensuite, parce qui savait ce qu'ils allaient réellement faire, enfermés dans son appartement... ? S'entretuer, ou autre chose de pire encore ? Non, mieux valait ne rien faire. Juste le dissuader de dormir trop exposé, parce que... même si Zuriel était prêt à le tuer si sa vie en dépendait, il refusait que quinconque d'autre ne touche à un cheveu de Wilfred. Comme si son ami était à lui, et que seul lui pouvait décider de son sort. Il en était de même avec lui : seul le jeune lui pouvait décider de tuer le vieux. Personne d'autre ne devait se mettre en travers de son chemin. Si c'était un hold gun, il lui en voudrait à mort - heureusement, il mourrait bientôt. « Non, mais tu le fais exprès ? grommela Zuriel d'un air contrarié. C'est encore pire qu'ici ! T'as bien un ami pour t'héberger, non ? Ou tu peux te louer une chambre. Ou tu dors au boulot, je sais pas, ça t'est jamais arrivé ? » Il se sentait presque coupable à l'idée de son ignorance des habitudes de Wilfred. De sa vie. Et il se disait son camarade, à défaut d'être son ami ? Lamentable. Qu'est-ce qu'il aurait aimé en savoir plus. Mais ce n'était pas prudent. Il ne pouvait pas se permettre de s'attacher trop à quelqu'un qu'il risquait de tuer. Quand il aurait fini sa boucle, peut-être. Mais ce n'était pas pour tout de suite, il savait pertinemment que, tant qu'il était pleinement opérationnel, on n'allait pas le lâcher comme cela. « Je devrai te tuer si tu te mêles de mes affaires, expliqua Zuriel d'un ton patient. Ou si tu contraris quelqu'un de haut placé qui a le bras assez long pour me donner des ordres. Enfin, tu vois le genre. » Même si oui, il était convaincu que Wilfred aimait trop la vie pour faire n'importe quoi, un accident était si vite arrivé. Il suffisait de se faire un concurrent qui avait un contact avec les Loopers, et boum, on pouvait imaginer n'importe quoi. Après tout, Zuriel ne posait pas de questions : il ne savait pas ce que ses victimes avaient fait. Juste qu'il devait les tuer, sinon c'était lui qui payerait. Et vu qu'il y aurait de toute façon toujours quelqu'un pour les abattre, ça ne servait à rien de refuser. Cela ne faisait qu'une victime de plus, après tout. Et il avait entendu que les sanctions infligées aux Loopers n'étaient pas très agréables. En tout cas, l'homme qu'il avait tué était mort rapidement et proprement, car Zuriel n'avait aucun grief personnel contre lui, et même s'il ne l'aurait jamais reconnu, il n'aimait pas faire souffrir. Déjà que devoir tuer était quelque chose qu'il parvenait à accepter, tout comme la violence avait fini par être acceptée, il ne fallait pas trop lui en demander. Lui voulait juste vivre en s'attirant le moins de problèmes possibles. L'ennui, c'était qu'il fallait faire le sale boulot pour cela, mais tant pis, c'était mieux que d'être mort.
Finalement, tout renvoyait au sommeil de Wilfred. Zuriel fronça les sourcils à la référence sur Verlaine. Il n'avait quasiment pas de culture, et encore moins en matière de poésie : c'était à peine s'il connaissait le nom. En plus, vu que c'était un Français, il y avait encore moins de chance pour qu'il ait entendu beaucoup de lui. Éventuellement, des noms comme Keats, Dickinson ou Blake, ça pouvait lui parler, mais ce n'était toujours que des noms. Il n'y avait rien de concret derrière ces concepts. « C'est qui, Verlaine ? » : osa-t-il demander à voix basse, presque honteux d'avouer qu'il était un inculte. Évidemment, ce n'était pas quelque chose de grave : il n'avait pas eu l'éducation qu'il fallait, et de toute façon, il n'avait pas réellement écouté à l'école. Il trouvait qu'il y perdait son temps, et ce genre de références fumeuses lui avaient toujours paru parfaitement inutiles. Seulement, là, cela creusait encore le fossé entre Wilfred et lui. Wilfred était malgré tout issu d'une famille riche, il avait eu une instruction bien plus complète que lui, ce qui lui permettait de connaître des éléments de littérature étrangère qui échappaient totalement à Zuriel. « Si tu veux, dors. Je veillerai sur toi, je n'ai pas sommeil. » Les mots avaient fusé, il était impossible de les reprendre, et Zuriel se mordit la lèvre, furieux d'avoir sorti une bêtise pareille. Il n'avait absolument pas envie de le surveiller pendant qu'il dormait, il ne manquait plus que cela. Mais... une partie de lui n'avait pas envie de le laisser comme cela, à côté du cadavre. Et vu qu'il était un Looper, ce n'était pas comme si il allait avoir de gros ennuis si on le voyait à côté d'un mort qu'il avait tué... Il aurait vraiment aimé que Wilfred ne dorme pas aussi proche, mais il sentait qu'il était impossible de le faire fléchir. Pour le coup, il avait un avantage sur lui, car c'était lui, le maître de son corps, et non Zuriel. Le jeune tueur ne pouvait que le convaincre, il n'avait pas une emprise directe sur ses gestes. En tout cas, il savait qu'une telle réaction de sa part ne pouvait manquer d'amuser Wilfred... et l'énerver davantage. « Sans commentaire s'il te plaît. » : rajouta Zuriel d'un ton hargneux, brandissant son couteau comme s'il s'agissait d'une menace. De toute façon, il n'avait réellement pas sommeil. Il avait passé le stade où le simple fait d'avoir tué quelqu'un l'empêchait de dormir. C'était simplement son mode de vie qui l'empêchait de le faire. Il ne dormait pas juste après avoir tué quelqu'un, c'était une question de principe. Il avait encore toute la nuit devant lui, et en général, il n'aimait pas trop dormir car il se sentait vulnérable. Il était plus rassuré lorsqu'il dormait le jour, ce qui lui arrivait parfois, parce qu'il faisait clair dehors. Alors qu'il savait que c'était tout aussi dangereux. Mais il savait aussi que la nuit était très cruelle...
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeVen 28 Déc - 13:34

Wilfred secoua la tête quand l’autre lui parla d’amis qui pourraient l’héberger, il ne voyait vraiment personne. Les gens ne lui faisaient pas confiance, et ils n’avaient pas tort, peu de personne s’attachait à lui. Il y avait peut-être bien Jack, mais Wil était à peu près sûr et certain qu’il ne le laisserait pas dormir chez lui, et aller dormir au bar ne serait pas moins dangereux qu’ici, au contraire. Louer une chambre ? Ouais pourquoi pas, mais il n’avait pas d’argent sur lui. Quand à dormir sur le lieu du travail, c’était hors de questions, surtout pas après avoir prit un savon par son patron pour avoir un peu malmené un collègue.

- Non j’ai nulle part. Conclue-t-il.

Et ça ne le dérangeait pas tellement. N’avoir nulle part où vivre, c’était pouvoir vivre partout, c’était la liberté. Okay un lit aurait été plus confortable que ce banc, mais il s’en foutait. Ses yeux le brûlaient et clignaient tout seul, alors il était sûr de pouvoir s’endormir absolument partout. Il réfléchissait à tout ça quand l’autre lui demanda qui était Verlaine. Wil s’enflamma, et se réveilla un peu pour expliquer, il adorait parler de poèmes et de poètes, même si parfois ce qu’il racontait sur eux n’était pas forcément le plus important

- C’était un poète français, il couchait avec Rimbaud qui a fini par se lasser de lui et le quitter, Verlaine était tellement en colère qu’il lui a tiré dans le genou et a fini en prison. Il était marié mais s’occupait assez peu de sa femme. Il a fini presque comme un clochard au final, un peu comme moi quand j’y pense, sauf que lui en est mort, c’est dommage.

Il poussa un soupire comme s’il venait de raconter une histoire triste sur un de ses amis, puis haussa les épaules et n’y pensa plus. Après tout il était quasiment sûr que cela n’intéressait pas du tout son ancien collègue, ce dernier avait sûrement demandé simplement par politesse, difficile à dire. En général tout le monde se fichait de ce qu’il pouvait raconter sur les poètes maudits que lui aimait, mais il continuait d’en parler avec peut-être l’espoir de trouver quelqu’un qui ne le qualifie pas de dingue ou d’idiots. Un trafiquant d’armes n’était pas poète ! C’était ridicule.
Alors un type qui avait pour ordre d’assassiner des gens de sang froid devait l’être encore moins.

Il en était là dans ses réflexions quand son ancien collègue lui proposa de dormir ici, qu’il veillerait sur lui. Wilfred releva des yeux surpris vers lui, il n’avait pas l’habitude qu’on fasse ce genre de choses pour lui. Il songea à un piège, mais pensa que si l’autre avait voulu le tuer il aurait déjà essayé un million de fois. Il n’était pas réellement confiant pour autant, il ne faisait totalement confiance en personne, pourtant quelque chose chez son ‘ami’ lui faisait croire qu’il était à peu près honnête dans ce qu’il venait de lui proposer. Et cela le surprenait assez, Wil n’eut même pas l’idée de se moquer ou de faire une remarque déplacé. Du coup il se contenta de lever les mains en l’air d’un geste innocent quand l’autre le menaça de ne pas faire de commentaires.

- Bien, faisons comme ça, assied toi sur le banc, tu ne vas pas rester debout à me regarder non ?

Il attendait que son ancien collègue s’assoit, en lui faisant l’air de l’enfant sage. Celui qui n’a pas du tout une idée derrière la tête et à qui on peut tout à fait se fier. Il insista en tapotant la place à côté de lui :

- Si tu veux vraiment rester à me surveiller durant mon sommeil, je te conseille vraiment de t’asseoir. Ca peut durer longtemps.

Puis il attendit que l’autre réagisse, et accepte de venir s’asseoir.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 29 Déc - 18:41

Zuriel avait du mal à croire que Wilfred était seul, qu'il n'avait personne qui pourrait accepter de l'héberger pour une nuit. Enfin, si toutes les personnes qui tenaient à lui étaient de la même trempe que l'assassin, ça expliquait des choses. Pauvre Wilfed, condamné à dormir dans un métro... Et pauvre Zuriel, qui n'avait pas réussi à se contrôler et qui allait sans doute passer sa nuit dans le métro avec lui, pour se punir d'être trop attaché à lui. C'était quand même assez déprimant. Surtout que toute cette affaire prenait une tournure qu'il n'appréciait pas. L'allusion à Verlaine, par exemple : Zuriel pouvait la supporter, il acceptait de ne pas avoir de culture et de ne pas connaître ce que la plupart des personnes connaissaient de nom. Mais la manière dont il présentait cela. Un homme qui couchait avec un autre homme et qui délaissait sa femme ? Et cela avait un rapport avec un rêve ? Zuriel fronça les sourcils. Qu'est-ce que Wilfred essayait de lui dire ? Il le taquinait peut-être, ou bien il suggérait que... Bah voyons. Zuriel ne se reconnaissait que dans la partie "il lui a tiré dans le genou". Voilà bien quelque chose dont il se sentait parfaitement capable, surtout si Wilfred s'imaginait n'importe quoi. Enfin, le tueur se dit qu'il valait mieux ne pas trop se poser de question sur cette histoire de rêve. Connaissant Wilfred, ses rêves apparaîtraient comme un cauchemar pour tout autre personne que lui, surtout pour Zuriel. « Je vois. Quelqu'un qui a gâché bêtement sa vie, en somme. » Zuriel s'intéressait très peu à l'œuvre littéraire de Verlaine, il n'en avait absolument rien à faire même. Par contre, son existence paraissait plus intéressante, si tant est que Zuriel avait envie de tout savoir sur la vie d'un poète mort il y a... il ne savait même pas combien de temps. Vu l'évolution des mœurs, ce ne devait pas être avant le milieu du XXe siècle - et il ne saisissait même pas en quoi il se trompait lourdement. Comme si cela pouvait lui faire quelque chose. « Son rêve devait être vraiment génial. » : ajouta-t-il sans grande conviction. Tout au fond de lui, il y avait peut-être une fibre poétique. Mais cela faisait longtemps qu'elle était morte, étouffée par des années d'une existence dure. Que Wilfred s'intéresse à la poésie ne le choquait pas : ce type était un marginal, c'était aussi pour cela qu'on l'appréciait. Parce qu'il n'avait pas l'air de ce qu'il était, ce qui en faisait quelqu'un de très dangereux. Heureusement, Zuriel se considérait comme encore plus dangereux.
Wilfred lui proposa alors de s'asseoir à côté de lui. Zuriel faillit refuser d'office, mais il se mordit la lèvre pour ne pas le faire et réfléchit un instant. Où allait-il s'asseoir, sinon ? Il était persuadé qu'il pourrait rester toute la nuit debout, il s'était endurci avec le temps, mais pour être honnête, il préférait se reposer un minimum lui aussi, même si il ne voulait pas dormir. Alors pourquoi dire non ? Parce qu'il y avait une aura d'interdit. Quelque chose de dangereux, non pas dans le sens de risqué pour la vie, non, mais quelque chose d'autre était menacé. Quoi donc ? Il n'aurait su le dire. S'asseoir près de Wilfred endormi, c'était courir le risque de se perdre. C'était d'autant plus flagrant que Wilfred affichait un visage innocent auquel il ne croyait pas. Certes, il ne pourrait rien lui faire tant qu'il était endormi. Mais il n'avait pas besoin d'être éveillé pour cela. Zuriel l'appréciait, cela le rendait vulnérable. Il détestait généralement la proximité physique, il ne savait pas comment faire quand un autre envahissait son espace privé. C'était encore pire si l'autre n'en avait même pas conscience, qu'il lui imposait sa présence sans aucun effort, comme si c'était un simple état de fait à accepter. « J'espère pour toi que tu n'y penses pas... » : répondit Zuriel d'une voix calme mais légèrement menaçante. Le jeune homme jeta un coup d'œil à sa lame. Toujours poisseuse de sang, elle avait besoin d'être nettoyée. Zuriel pourrait peut-être l'essuyer contre le manteau volé, ce n'était pas quelques tâches supplémentaires qui allaient changer la donne. Finalement, c'était peut-être la meilleure solution. Il ne prenait en général pas de quoi nettoyer ses armes, cela l'alourdissait inutilement, il trouvait toujours quelque chose pour enlever les gouttes de sang. Il releva la tête, plongea son regard dans les yeux de son « ami », puis lâcha un juron à voix basse. Quelque chose d'assez impoli qui pourrait offusquer Wilfred s'il le prenait pour lui. « C'est exceptionnel, affirma Zuriel d'un ton assuré. J'ai besoin de ton manteau. » Il n'en dit pas plus, ne lui expliqua pas sa pensée. Il se contenta de franchir la distance et de s'asseoir en restant le plus éloigné possible. Il se trouvait proprement ridicule, ce n'était même pas crédible d'être bête à ce point. Il allait vraiment le faire ? Lui, le tueur surentraîné qui ne s'intéressait à personne ? La belle image des Loopers qu'il donnait. Bah, il pourrait toujours trouver une autre excuse, plus tard. Pour justifier un acte insensé et qui le révulsait. « Maintenant, dors, ou je t'assomme. » Il brandit son couteau en lui signalant très clairement que le manche risquait de finir sur sa tempe s'il n'obtempérait pas. Zuriel voulait juste qu'il dorme pour lui foutre un peu la paix. La présence de Wilfred, aussi attirante fût-elle, était plutôt agaçante, et Zuriel n'avait pas envie de s'énerver plus que nécessaire.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 29 Déc - 20:26

Pour Wilfred, Verlaine n’avait pas gâché sa vie. Il avait sûrement tout fait pour essayer d’être heureux, mais souvent les poètes, les écrivains, les artistes de cette époque lointaine ne s’en sortaient pas indemne. Mais aujourd’hui personne ne les oubliait, c’est un peu comme s’ils vivaient encore.
Il n’était donc pas d’accord avec son ancien collègue, mais ne trouva pas d’intérêt à lui dire. Il n’était pas sûr que ce dernier sera d’accord ou comprendra, après tout vivre c’est quand on était vivant, et pas quand on était mort mais connu. Bref, trop compliqué à expliquer, et puis Wil était trop fatigué pour commencer un tel débat qu’il ne suivrait pas de toute manière. Il était bien incapable de tenir une conversation aussi difficile, il finirait forcément par penser à autre chose et décrocher.
Il sourit à la remarque sur le rêve et commença à doucement réciter, traduisant le poème dans sa langue :

- Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend…
Car elle me comprend et, mon cœur, transparent pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème…


Il s’arrêta laissant les paroles en suspens mais continua dans sa tête jusqu’à la fin, en secouant doucement la tête au fur à mesure de ce qu’il récitait dans son crane. Puis il conclua :

- Son rêve était vraiment génial, tu as raison.

Et puis Wil attendait que l’autre s’asseoit à côté de lui. Bien sûr il avait une idée derrière la tête, pas quelque chose de vulgaire ou de méchant en soit, ce n’était pas une attaque et ce n’était pas douloureux, mais il était certain que ce n’était pas non plus très conventionnel, que ça ne se faisait pas (sauf si la personne était d’accord évidemment, mais Wilfred ne comptait pas demander l’autorisation), et que cela ne respectait pas du tout l’espace privé de la personne. Il ne fit pas attention du tout à la menace de son ‘ami’, son idée était bien encré dans sa tête et il ne comptait pas changer d’avis, pas facilement en tout cas.
Wilfred, donc, attendait, et fronça les sourcils en entendant le juron qui sortit de la bouche de son ancien collègue, il grinça des dents. Il ne supportait pas la vulgarité, même quand elle ne lui était pas destinée. Il accepta de tendre son manteau - qui n'était pas vraiment le sien - à son ‘ami’ mais se permit une remarque :

- Ce n’est pas la peine de jurer. Je pense vraiment qu’être vulgaire n’a rien de bon. Cela ne change rien, et ne fait pas avancer les choses. En plus parfois c’est vexant.

Résidus de son ancienne vie, peut-être de paroles entendues. Wil se rendait bien compte que beaucoup de gens de la rue était vulgaire, on pourrait même dire ‘mal éduqué’, mais comme son ancien collègue ne lui avait encore jamais manqué de respect (ou presque pas), il espérait que cela durerait. Même les jurons auraient donc du être bannis de son vocabulaire.
En tout cas à ce moment là, l’autre vint enfin s’asseoir sur le banc, et lui donna l’ordre de dormir où il l’assommait. Wilfred acquiesça. Il ne songeait qu’à cela, dormir.
Mais avant, il allait mêler l’utile (c'est-à-dire avoir son ancien collègue pour « le protéger ») à l’agréable… Et il alla tranquillement poser sa tête sur ses genoux, comme un chat qui s’incruste sans permission.

- Génial, j’ai une couverture ET un oreiller maintenant. Bonne nuit.

Et il ferma les yeux, prêt à s’endormir dans la seconde.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 29 Déc - 21:42

Zuriel était assez insensible à de la poésie. Alors la poésie traduite, forcément... Le problème, c'est que la poésie de Verlaine est musicalité, or cela ne pouvait ressortir dans une traduction, de sorte que Zuriel passait complètement à côté de cet aspect. Du coup, il écouta le poème avec beaucoup d'indifférence, et ne voyait même pas en quoi le contenu était cool. D'accord, il avait une femme qui l'aimait, et après ? Osmose totale ? Zuriel n'avait pas envie d'être compris par quelqu'un. Il préférait quand il y avait une part de mystère. C'était plus sûr, moins dangereux. Il ne comprenait pas vraiment comment Wilfred pouvait avoir envie de rêver d'amour, c'était juste... ennuyeux. Les rêves de Zuriel était emmêlés et violents. Il ne cherchait pas vraiment à s'en défaire, ils ne le fatiguaient plus, ne lui faisaient pas peur. Ils faisaient partie de lui. Le cauchemar était son habitude, après tout. Il réagit à peine plus lorsque Wilfred lui fit remarquer que ce n'était pas bien de jurer. Première réaction de Zuriel : « Non mais, t'es pas mon père, je parle comme je veux. » Puis il se souvint que Wilfred était très porté sur les marques de respect. Normal, quand on vous en prodiguait depuis la naissance. Pour Zuriel, c'était loin d'être le cas, il avait plutôt l'habitude d'être traité comme quantité négligeable. Il se considérait comme très peu vulgaire, alors qu'il aurait pu l'être. Il ne l'était pas, parce que cela le faisait trop ressembler à un pauvre. Il avait besoin qu'on voit avant tout un tueur, pas un gosse lamentable qui n'avait pas eu de chance dans la vie.
A peine fût-il assis que Wilfred passa à l'attaque. Zuriel aurait tant préféré une véritable agression, quelque chose où il aurait risqué sa vie, une véritable action quoi. Au lieu de cela, il se retrouva à servir d'oreiller à Wilfred, qui ne voyait pas du coup en quoi cela pouvait poser problème. Pauvre Zuriel. Il aurait bien aimé répliqué, mais apparemment, son ami l'avait pris au mot : il ferma les yeux, et s'endormit quasiment instantanément. Était-il si fatigué que cela ? Pour le coup, Zuriel se sentit seul. Très seul. Il commença par soupirer, se plaignant de ces trafiquants d'armes fils de riches qui se croyaient vraiment tout permis. Puis il tira un peu le manteau à lui et essuya délicatement sa lame, avec les gestes de celui qui faisait cela tous les jours ou presque. C'était le cas. Il reposa ensuite le tissu et contempla un instant le couteau. Le métal était de nouveau brillant, mais il faudrait peut-être l'aiguiser légèrement. Cela attendrait son retour à la maison, vu qu'il n'avait pas le matériel nécessaire. De toute façon, l'arme restait assez tranchante pour servir en cas d'attaque. Au départ, Zuriel regarda autour de lui. Il se sentait déjà très vulnérable ainsi, alors dormir, c'était encore pire... Puis il comprit que cela ne servait à rien. Son ouïe et son instinct devrait lui suffire.
Alors il commença à regarder Wilfred. Jamais il ne l'avait observé d'aussi près, vu que son visage offert reposait sur ses genoux. Il fut surpris de constater à quel point il faisait jeune. Il savait qu'il avait quasiment son âge, mais sa vie avait été assez difficile pour déjà marquer ses traits. Zuriel savait que pour lui aussi, ce devait être le cas. Il avait toujours son visage d'ange, mais s'il n'y faisait pas attention, il allait bientôt le voir ridé. Curieusement, en regardant la figure lisse de Wilfred, ce fut une idée qui ne lui plaisait pas. Hésitant, il leva sa main gauche, celle qui n'était pas encombrée par l'arme, et la laissa en suspension au dessus du visage de Wilfred. Pourquoi faisait-il cela ? Il répondait à une intuition profonde. C'était la première fois qu'il était placé dans une telle situation, et il était curieux. Est-ce que les gens ressemblaient toujours à cela dans leur sommeil ? Zuriel finit par poser son doigt sur la joue, effectua quelques mouvements pour essayer de comprendre le mécanisme secret des muscles. Il était plus fasciné par la complexité d'un tel système que par la beauté du visage de Wilfred, qui était pourtant indéniable selon lui. Pas autant que la sienne, mais c'était normal. Il n'avait presque jamais été à l'école, il ne connaissait rien à la science. Il devait admettre qu'il ne pouvait pas résoudre ce mystère. Il laissa donc sa main retomber dans les cheveux de Wilfred, et constata avec surprise qu'ils étaient plus doux que ce qu'il s'attendait. Forcément, son ami donnait une tellement mauvaise impression de lui qu'on ne s'attendait pas à cela. Mais sa main ne bougea pas. Elle resta immobile sur la masse de cheveux, et c'était bien suffisant. Zuriel ne connaissait pas la tendresse : personne n'avait jamais veillé sur lui, il ne savait pas ce que cela faisait. Il ne savait pas le faire. Et ce n'était pas avec Wilfred qu'il avait envie de commencer. Wilfred était à la fois un ami et un ennemi potentiel. Trop dangereux pour se permettre des familiarités. Alors Zuriel attendit ainsi que le soleil se lève. Sans jamais faiblir. Sans même bouger. Seuls ses yeux effectuaient des aller-retours rapides. Non pour discerner un éventuel nouvel arrivant, mais pour détecter un mouvement. Il y en avait, mais aucun réellement suspect, et Zuriel se sentait tranquille. Il ne sentait même pas l'odeur du cadavre qui commençait à devenir rigide. Pourtant, cela puait fortement le sang, ne serait-ce que parce qu'il y avait le manteau qui en était maculé. Pour Zuriel, cela n'avait pas d'importance. Il attendait. Et quand il vit que le soleil s'était levé, il décida qu'il avait accordé bien assez de temps à cette tâche, et il poussa un grand coup de coude dans le corps de Wilfred. « Debout, paresseux. » : ordonna-t-il d'une voix où ne transparaissait nulle fatigue.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeSam 29 Déc - 22:50

Wilfred dormait. Pas forcément profondément. Quelque chose en lui restait éveillé, aux aguets, prêt à se défendre, à mordre, à tuer si jamais on s’en prenait à sa vie. Dans son sommeil il avait oublié qu’on le protégeait, et d’ailleurs le protégeait-on vraiment ? Peut-être que ce type était là pour le tuer, peut-être qu’il profiterait de son sommeil pour lui faire du mal. Comment savoir ? Il était impossible de faire confiance en qui que ce soit.
Les gens se trahissaient entre eux, abandonnaient leurs amis, leurs familles, la personne la plus gentil du monde pouvait vous poignardez dans votre sommeil pour une stupide erreur, une affaire de jalousie, une bêtise.
Wil dormait donc, mais comme dort un chat, toujours prêt à se réveiller et à attaquer. Dans son inconscient il sentit qu’on tripotait sa joue, mais il ne sentait pas cela comme un geste agressif. C’était quelque chose d’amusant plutôt. Il y a une époque lointaine où sa grand-mère lui tirait les joues en le voyant, cela lui fit rêver de sa famille.
Plutôt un cauchemar.
Comment pouvait-on naître dans la ouate, et avoir l’impression d’avoir atterrit dans une mer de cactus ? Comment pouvait-on préférer dormir sur un banc au milieu du métro que dans sa chambre de gosse de riches ? Comment pouvait-on être soulagé d’avoir été jeté par son père ?
Wilfred avait envie de grogner, mais on arrêta de toucher à sa joue. Quelque chose se posa dans ses cheveux. Et il s’endormit plus profondément.
A ce moment là peut-être qu’on aurait pu le poignarder dans son sommeil, s’approcher et le prendre par surprise. Il avait un bon oreiller, une couverture, le banc n’était pas totalement confortable mais pourtant son sommeil était plus profond que jamais. Une erreur sans doute, un truc qu’un débutant aurait pu faire, pas Wil. Normalement.
Il devait vraiment être fatigué, crevé, exténué. C’était la faute de l’autre type enquiquinant qui ne voulait pas le laisser dormir tranquille sur son banc. Est-ce qu’il était aussi ennuyant avant ? Est-ce qu’ils s’entendaient à ce point ? Est-ce qu’ils se parlaient autant ? C’était flou. Leur relation semblait parfois s’arrêter à « collègue » de boulot. Et parfois ils se détestaient royalement, quand le jour d’après ils se montraient plus complice. C’était étrange.
Wilfred dormait profondément, il fut surpris par un tremblement de terre et des cris. En fait il s’agissait seulement d’une voix au loin qui lui donnait un coup. Devait-il la rejoindre ou rester là ? Il hésita. Il était bien ici, il y resterait bien encore un peu. Mais la voix sonnait comme un ordre, et Wil réactiva son instinct de survie et ouvrit des yeux encore tout pleins de sommeil. Se rendant compte qu’il avait – non pas trop dormi – mais dormi trop profondément. Plus que d’habitude.
Mais il était toujours vivant. Il cligna des yeux se demandant où il était.

- Je suis où ? Demanda-t-il d’ailleurs d’une voix cassée.

Et regardant la personne autour de lui, toujours pris entre le sommeil et le réveil il interrogea :

- Bonjour, êtes-vous un ange ? Je ne veux pas mourir, renvoyez moi sur terre.

Finalement il se frotta les yeux et releva la tête pour regarder autour de lui. Peu à peu il se souvint de où il était, avec qui, et pourquoi. Il s’étira un moment et bailla la bouche ouverte.

- J’ai besoin d’un énorme petit déjeuner ! Commenta-t-il. J’ai envie de manger du lard avec des pancakes et des œufs brouillés.

Il regarda son ‘ami’ comme ci celui-ci allait lui révéler qu’il était un magicien et qu’il pouvait faire apparaître tous ces plats devant lui. Apparemment ce n’était pas le cas. Wil fouilla ses poches, il n’avait pas vraiment d’argents sur lui. Puis il se souvint du cadavre et interrogea :

- Je peux le fouiller ? Prendre ses sous ? S’il en a. Ca pourrait m’être utile. A moins que tu les veuilles ?

Puis continuant dans un autre ordre d’idée il demanda :

- Personne n’a essayé de me tuer ? Pas de psychopathe-assassin en voulant personnellement à Wil dans le coin ? M’aurais-tu vraiment protégé ?


Il s’étira encore, bailla encore. Et son ventre gargouilla et il râla :

- J’ai vraiment faim. Je donnerais le royaume de mon père pour un petit déjeuner géant !
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeDim 30 Déc - 19:36

La première chose que pensa Zuriel en voyant Wilfred s'éveiller, c'était qu'il avait devant lui un fou. Un fou qui n'était même pas complètement réveillé, à en juger par les paroles étranges qu'il prononça lorsqu'il émergea. Le visage de Zuriel resta froid comme de la glace. Ces paroles le mettaient mal à l'aise. Il n'aimait pas trop l'idée d'être comparé à un ange, même si il savait parfaitement que son visage était angélique. Il y avait une douceur et une générosité dessus qui étaient totalement absentes de son cœur. Peut-être était-il un ange de la mort. Celui qui était fait pour arpenter les champs de bataille, tel un mauvais présage. Il avait peut-être été cela, dans une vie précédante. Ou il avait été charognard. Allez savoir. En tout cas, Wilfred n'était décidément pas sorti de son rêve, et Zuriel se contenta de le regarder d'un air glacial, espérant que cela allait le refroidir et lui faire reprendre pied dans la réalité. Il n'avait pas de temps à consacrer à ceux qui se berçaient d'illusions, et si l'homme n'avait pas la tête posée contre ses genoux, il se serait enfui sans demander son reste. Malheureusement, il ne le pouvait pas. Et les paroles suivantes étaient bien plus terre à terre. Cela aurait dû satisfaire l'assassin, mais non, toujours pas. Wilfred exigeait un petit déjeuner que même lui ne s'accordait pas. En général, il mangeait toujours assez frugalement. Les œufs, le lard, tout cela, c'était gras. Il devait rester sec et musclé pour ne pas se laisser distancer par les autres. Il vit que Wilfred le regardait avec espoir, et son regard fut assez éloquent. Il s'était complètement ridiculisé, il n'allait pas lui payer un petit déjeuner en plus... Et puis, lui n'avait pas dormi, mais il n'avait pas faim pour autant. Pas plus que d'habitude. De toute façon, ce n'était jamais vraiment de la vraie faim, celle qui vous paralysait, vous aurait fait vendre père et mère si cela permettait de trouver un moyen de la calmer. Jamais rien qu'une désagréable sensation de manque dans l'estomac, mais ce n'était pas mortel et on s'y faisait. De plus, Zuriel ne la ressentait même pas en cet instant. Les meurtres ne coupaient pas son appétit. Le sentiment de la honte, en revanche, si. « Vas-y, fouille-le. Je prendrai juste ce qui ne te regarde pas. » A savoir papiers, choses dans le genre. Ce qui pouvait identifier la victime et dont Wilfred n'avait rien à faire. Cela le mettait mal à l'aise de voir que Wilfred avait envie de fouiller un cadavre pour prendre ses maigres possessions. Cela le plongea dans une colère froide, mais il n'en laissa rien voir. « Il y a quand même beaucoup de passage, signala Zuriel avec sérieux, se souvenant du nombre de mouvements qu'il avait capté au cours de sa veille. Si je n'avais pas été là, certains se seraient peut-être approchés. » Puis il secoua la tête d'un air profondément consterné. « Mais quand même, ça ne m'aurait pas dérangé que pour une fois, quelqu'un d'autre fasse le sale boulot à ma place. » Il insinuait qu'il était totalement prêt à le laisser se faire tuer, après tout, sa mort l'arrangeait bien. S'il pouvait simplement ne pas tenir le poignard, tout irait pour le mieux. Mais bon, il n'était pas du genre à ordonner la mort des autres, en général, c'était plutôt lui qui s'occupait de l'exécution... Alors il préférait laisser faire les choses. On verrait bien où la vie le mènerait.
Zuriel se poussa un peu et réussit à se lever. Son corps était un peu ankylosé d'être resté immobile des heures durant, aussi s'étira-t-il, n'ayant pas conscience que certains regards féminins le regardèrent avec l'espoir que... Non, mesdemoiselles, il ne fallait pas rêver. Et puis, il y avait plein de cicatrices, elles en auraient été déçue. « Trouve-toi toi même ton petit déjeuner. J'ai des choses à faire, ce matin. » Des choses qu'il aurait faites pendant la nuit, si Wilfred ne l'avait pas retardé. Mais il n'avait pas réellement l'air de lui en vouloir. Il était concentré, il ne pensait plus à son ami. Retourné dans son état de presque assassinat, il ne pouvait pas vraiment ressentir encore grand-chose. Il rangea enfin la lame qu'il n'avait pas lâchée jusque là, et referma son manteau par dessus ses vêtements sombres. « Fais attention à toi. Et tiens ta langue sur ce meurtre si tu tiens à la conserver. » Menace tout à fait sérieuse. Il esquissa une forme de salut un peu étrange, presque archaïque, et quand il releva les yeux, il les plongea dans le regard de Wilfred. Son propre regard était dénué de tout sentiment, impersonnel. Le regard d'un assassin.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeLun 31 Déc - 10:11

Wilfred fouilla donc le corps, sans aucune honte, de toute façon cet homme là ne pourrait plus utiliser son argent, alors autant que celui-ci soit utile à quelqu’un. Le garçon chercha son portefeuille et tomba dessus, il sortit l’argent et siffla. Il y avait un sacré pactole là dedans.

- Et ben ! Tu n’as pas exécuté n’importe qui.

Il mit l’argent dans sa poche et par curiosité regarda la carte d’identité de l’homme.

- Merci monsieur Green, vous êtes bien bon. Lança-t-il ensuite au cadavre.

Puis il donna le portefeuille à son ancien collègue, parce qu’il n’en avait pas besoin. Qui soit cet homme, Wil ne le connaissait pas, n’avait pas envie de le connaître non plus, il ne l’intéressait pas. Quand quelqu’un mourrait il n’y avait plus rien à faire pour lui, et Wil n’était pas touché par les longs enterrements, ni par les courts. Il n’était pas le genre à pleurer pour cela, ni à rire, cela l’indifférait totalement.
Sa famille aurait pu mourir devant ses yeux, il se détournerait juste. Ce serait pareil pour quelqu’un qui serait « son meilleur ami ». Un cadavre n’avait aucun intérêt à ses yeux, c’était comme ça. La vie seule était importante.
Et justement, son ancien collègue était parfaitement vivant. Bon peut-être pas « parfaitement », parce qu’il était capable d’exécuter quelqu’un de sang froid et qu’il semblait de mauvaise humeur, mais c’était sûr son cœur battait, son sang tournait, et son estomac devait également marcher.
Il s’étira et répondit à la remarque de son ‘ami’

- Je suis sûr que personne ne m’aurait approché. Ceci dit c’était sympa de ta part de me protéger. Comme cela j’ai pu dormir tranquillement sans devoir me réveiller pour me défendre.


Puis à l’ajout que l’autre fit, Wil soupira :

- Tu dis ça, mais tu ne voulais pas que je dorme seul sans protection hier soir…

Il lui jeta un coup d’œil entendu, l’air de dire « n’essaie pas de me faire croire que tu me veux mort alors que tu as voulu me protéger », puis il fit un grand coucou aux filles qui les regardaient, parce que ça ne le dérangeait pas de draguer dès le matin, surtout quand elles étaient mignonnes. Il se fichait de savoir si elles le regardaient lui ou l’autre, il leur fit son plus beau sourire. Apparemment cela plu à l’une d’entre elle qui poussa un petit rire hystérique.

- La journée commence bien, commenta-t-il tout à fait satisfait.

Cependant pour son ancien collègue apparemment ce n’était pas la même chose, déjà celui-ci s’obstinait à ignorer les filles qui le regardaient outrageusement, mais en plus il refusait de venir déjeuner avec lui car il avait soi-disant des choses à faire. Wilfred le regarda un moment en silence, son ancien collègue semblait ne plus être là, comme s’il était déjà parti. Ellison était souvent comme ça, déjà loin dans sa tête, mais quand il était dans cet état il paraissait un minimum heureux, content, ou au moins n’avait pas l’air d’un déprimé – d’un drogué peut-être mais pas d’un dépressif.
Son ancien collègue, lui, paraissait ni heureux, ni triste, juste… Rien. Et Wilfred se demandait comment on pouvait aimer la vie en se privant d’émotion, de sommeil et de petit déjeuner. Pourtant son ancien collègue était prêt à exécuter les ordres les plus stupides pour vivre, alors pourquoi n’avait-il pas l’air d’en profiter un minimum ? Draguer, manger, dormir. C’était pourtant des choses simples, et bizarrement Wil se dit qu’il ne pouvait pas le laisser partir comme cela. Il éluda la menace de son ancien collègue en faisant un signe de la main comme s’il chassait une mouche :

- Je ne dirai rien, je me fiche de ce meurtre. Par contre tu ne peux pas partir comme ça, allez viens je te paye le petit-déjeuner avec l’argent de ce brave homme. Pour m’avoir gardé cette nuit. Tu ne peux pas refuser, sinon je te suis en te chantant London Bridge jusqu’à ce que tes oreilles saignent.

Il était prêt à le faire, il connaissait cette vieille comptine par cœur et il pouvait la chanter, la siffloter, la marmonner, la réciter ou même la traduire en français.

- En plus avec ce que je viens de ramasser je vais pouvoir te payer le petit déjeuner dans un très bon restaurant, tu vas t’en rouler par terre sous la table tellement c’est bon.

C’était quelque part où il allait avec sa famille avant, il n’y avait plus jamais mis les pieds depuis, mais il avait trouvé un pactole et il comptait bien l’utiliser, et pourquoi pas le partager. Il n’avait pas besoin d’avoir beaucoup d’argents sur lui de toute façon.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred I_icon_minitimeVen 4 Jan - 18:57

Zuriel l'avait pourtant averti. Mais non. Voilà que Wilfred, en fouillant dans les poches de sa victime, regarda le nom de celle-ci. « Monsieur Green », apparemment. Zuriel le regarda d'un air peu amène, lui promettant mille souffrances s'il osait continuer ses scandaleuses recherches. Heureusement, son ami lui envoya le portefeuille,et sans le regarder, Zuriel le fourra dans ses propres affaires. Il savait que Wilfred se fichait de cet homme, et Zuriel était comme lui. Il l'abattait, et c'était tout. Il n'avait pas envie de savoir pourquoi il méritait la mort. Le fait était qu'il avait sans doute fait quelque chose. C'était ce qui arrivait quand on s'opposait aux mauvaises personnes, et Zuriel n'avait pas envie de s'opposer à ses employeurs. Le temps de se tuer viendrait bien assez vite. « Effectivement, je ne voulais pas. Et alors ? C'est pas une raison pour te protéger quand même. » Voilà qui énervait de nouveau Zuriel. D'accord, il n'aurait pas aimé le laisser seul. Mais il avait juste envie de lui montrer qu'il valait mieux être prudent. C'était tout. Et puis il avait du mal à réfléchir en sa présence, c'était fou comme il détestait cela. Le mieux aurait été de le lâcher tout de suite. Mais voilà, ce n'était pas possible. Wilfred était d'accord pour ne rien dire, mais il lui proposait le petit déjeuner. Zuriel ne savait pas ce que cela signifiait. Est-ce qu'il vendait son silence en échange d'un peu de compagnie pour le premier repas de la journée ? Wilfred présentait cela comme un remerciement, mais Zuriel ne connaissait pas vraiment ce type de pratique. Un donné pour un rendu, d'accord. Ou abuser de l'autre sans rien lui donner en retour, c'était quelque chose qui comprenait. Mais là, comme ça... Ils n'avaient pas toujours été aussi amicaux. « Si tu chantes derrière moi, de toute façon, je t'abats, fit remarquer Zuriel avec calme. Ou quelqu'un d'autre le fera à ma place. » C'était la vérité, s'il croisait le chemin d'autres Loopers, ceux-ci ne seraient pas tendres avec lui. Zuriel était un ange en comparaison. Trop gentil. « Mais bon, si tu veux, on peut y aller. Si tu payes. C'est par où ? » Il n'avait pas véritablement faim, non, il aurait très bien pu se passer de ce repas. Mais qui savait quand il aurait véritablement l'occasion de manger ? Autant prendre des forces tout de suite, il pourrait ensuite tenir plus longtemps sans se sustenter.
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