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 Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred

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Wilfred Ellison

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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred - Page 2 I_icon_minitimeVen 4 Jan - 23:54

Wilfred soupira à la menace, il n’avait pas envie d’être abattu pour avoir chanté, ce serait quand même bête « tué pour avoir chanté » serait écrit sur sa tombe, et les gens rigoleraient. Wil ne voulait pas mourir, mais encore moins se faire assassiner bêtement pour une raison aussi stupide. Pourquoi est ce que son ancien collègue était aussi menaçant pour des aussi petites choses alors qu’il acceptait de servir d’oreiller protecteur toute une nuit ? Ellison ne comprenait vraiment pas sa logique. Et pourtant il n’était pas le genre de personne qu’on qualifiait de « logique » justement.

- Je ne me laisserai pas abattre, on a déjà essayé, et je suis toujours là.

Wil n’était pas prêt à lâcher sa vie aussi facilement. Il espérait aller jusqu’à cent ans et plus. Même s’il ne pouvait plus marcher, qu’il était impotent et gâteux, il savait qu’il tiendrait à la vie jusqu’au bout.
Enfin il n’y pensa plus, puisque son ‘ami’ venait d’accepter sa proposition pour le petit-déjeuner. C’était bien, même s’il regrettait presque de ne pas avoir à chanter London Bridge parce que maintenant qu’il en avait parlé il avait les paroles en tête et se retint de les chanter à voix haute. Mieux ne valait pas embêter son ancien collègue, des fois que tout à coup il l’abatte sans prévenir juste parce qu’il n’aimait pas les comptines, ou il ne savait quoi. Wilfred décida de rester très méfiant, pour autant il ne reprit pas sa proposition et quand l’autre lui demanda c’était par où, Wil réfléchit un moment puis dit :

- Ca tombe bien, il faut prendre ce métro. On va s’arrêter dans des quartiers plus riches.

Le métro passait assez souvent, et Wilfred monta dans celui qui arrivait. Comme il était assez tôt il n’y avait pas encore trop de mondes, l’influence était pour un peu plus tard et cela l’arrangeait. Wil détestait les métros bondés de monde, où tout le monde se marchait dessus et où personne ne respectait personne. Il ne vérifia même pas que l’autre le suivait, après tout tant pis pour lui s’il ratait son invitation.
Wilfred alla s’asseoir sur un siège, dans un coin où il n’y avait personne et le métro démarra tandis qu’Ellison profita du bruit de la rame pour chantonner doucement :

- London Bridge is broken down,broken down, broken down…
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Zuriel

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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred - Page 2 I_icon_minitimeSam 5 Jan - 22:53

Wilfred avait beau dire qu'on avait tout essayé, qu'il était toujours là, Zuriel n'en croyait pas un mot. On n'avait sans doute pas tout essayé avec lui. Il n'avait jamais croisé le chemin de l'un de ses semblables. Des tueurs nés, des monstres. Des gens souvent encore plus doués et encore plus insensibles que lui. Le jeune homme les connaissait assez bien, eux et ceux qui tiraient les ficelles, pour savoir qu'on ne connaissait pas la souffrance tant qu'on ne s'était pas opposé à eux. Non, Wilfred ne savait pas ce que c'était. Il n'avait même pas conscience de tout ce qui pesait autour de son ami. On voyait bien que c'était quelqu'un d'innocent. Après tout, il était capable de chanter des comptines pour enfants, c'était dire à quel point il était puéril et naïf. Et pourtant, cela faisait partie de sa personnalité, et cela ne dérangeait pas réellement Wilfred. Mieux valait un gamin attardé qu'un taré sanguinaire. Presque comme lui, sauf que lui savait que, s'il pouvait ne pas faire couler de sang, il ne le ferait pas. Zuriel se crispa un peu quand Wilfred lui annonça qu'ils allaient dans des quartiers plus riches. Mais où le trafiquant comptait-il l'emmener ? Cela faisait partie des endroits que Zuriel fréquentait très peu. Il n'aimait pas s'y rendre car il ne connaissait pas assez bien les lieux pour se sentir en sécurité. En effet, si on l'attaquait, où pourrait-il trouver refuge ? Zuriel appréciait un endroit à partir du moment où il avait repéré des cachettes potentielles et où il était au courant des activités louches qui s'y pratiquaient. Avant ce stade, il restait prudent et ne prenait pas vraiment de plaisir à se trouver à cet endroit. « On est obligés de prendre le métro ? demanda Zuriel en ayant l'air de se plaindre un peu. J'en ai vraiment soupé de cet endroit. » Il ne pourrait plus remettre les pieds dans ces couloirs souterrains avant un bon moment. Une nuit dans le métro, c'était agaçant, surtout quand on restait tout le temps conscient. Zuriel avait la patience du chasseur, certes, mais cela ne l'empêchait pas de ne pas apprécier quand il travaillait pour une chose aussi bête qu'un sentiment d'amitié mal placé. Zuriel n'avait pas d'amis. Il ne devait pas en avoir. Il n'aurait même jamais dû accepter de revoir Wilfred. Pourquoi avait-il fallu qu'il assiste à sa dernière mission, vraiment ? La prochaine fois, Zuriel vérifierait plus les lieux, et s'il le voyait, il choisirait un autre endroit pour attendre sa victime. Ce serait plus prudent.
Wilfred montra dans le métro qui arrivait, et Zuriel le suivit, faisant attention à la fois de rester à bonne distance et de garder son manteau bien fermé. Il savait qu'avec sa veste couverte de sang, Wilfred se ferait déjà repérer, mais on pouvait encore le prendre pour un clochard. Lui était trop propre sur lui et avait un visage trop angélique pour cela. Si on le voyait avec un arme, de plus, cela déclencherait la panique, et Zuriel n'avait pas envie d'être arrêté. Il l'avait déjà été une fois, et il trouvait que c'était une pure perte de temps. Il grimaça quand il entendit London Bridge. Il regarda dans la direction de Wilfred, qui s'était assis, et lui jeta un regard noir. Il ne pouvait plus le menacer ouvertement maintenant qu'il y avait d'autres personnes, mais il pouvait toujours faire un sous-entendu. « Wil, arrête ça, j'étais sérieux tout à l'heure. Je ne peux pas le faire dans l'immédiat, mais je te promets que je le ferai. » Zuriel était mortellement sérieux en disant cela. Il était tout à fait capable de lui donner un coup de couteau quand il y aurait moins de monde juste parce que son ami n'avait pas voulu lui épargner cela.
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Wilfred Ellison

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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred - Page 2 I_icon_minitimeDim 6 Jan - 12:14

Wilfred fit la moue alors que l’autre le menaçait parce qu’il chantonnait London Bridge. Il soupira mais se tut, continuant uniquement dans sa tête. Le voyage paraîtrait moins long. Au bout d’un moment il se releva, regarda son manteau pleins de sang et décida de l’enlever. Ca ne ferait pas très classe là où ils allaient et il se ferait trop remarquer. Il réajusta ses vêtements, boutonna mieux sa chemise, la rentra dans son pantalon, resserra sa ceinture. En se regardant dans la vitre il essaya de se recoiffer, mais le résultat ne fut pas tellement mieux. Tant pis, il ferait avec. Ensuite il scruta les gens dans le métro. Le problème des riches, c’est qu’il prenait rarement le métro, du coup il se contenterait de la veste de ce type là bas qui était propre et suffirait sûrement. De toute façon il n’avait pas le choix puisqu’il n’y avait que lui en plus de son ancien collègue. Il s’approcha donc du dit « type », puis lui demanda :

- Vous pouvez me donner votre veste ? S’il vous plait ? J’en aurais besoin.

L’autre le regarda bizarrement et refusa tout net. Wilfred soupira, cela aurait été plus simple s’il avait accepté.

- Je suis désolé, je vais devoir vous blesser un peu, du coup.

Il le frappa au visage, attrapa ses bras et lui tordit les poignets dans le dos puis il l’assomma contre la vitre du métro. Ensuite il le laissa retomber, pris sa veste, et le remercia. Bien que l’autre ne puisse pas l’entendre puisqu’il dormait.
Wilfred s’habilla donc. Se regarda une derrière fois dans la vitre. Parût satisfait. Puis il se tourna vers son ancien collègue, le scruta de bas en haut et de haut en bas :

- Bon je suppose que ça ira pour toi.

Le métro s’arrêta à ce moment là, et Wil en sortit. La station était très différente de celle qu’ils avaient quittée. Beaucoup plus luxueuse, comme s’ils venaient de changer de monde. Wilfred se mit à rire tout seul :

- C’est toujours aussi glauque par ici.

Puis il avança tranquillement, indiquant à son ‘ami’ le chemin. Ils sortirent de la station et se retrouvèrent dans un quartier riche. Wilfred siffla, dire que juste à côté des gens s’entretuaient pour pouvoir vivre. Il avait l’impression d’être sur une autre planète alors qu’il n’avait fait que quelques kilomètres.
Cela faisait longtemps qu’il n’était pas revenu dans le coin, mais cela ne lui avait pas manqué. Il se tourna vers son ancien collègue :

- Il va falloir marcher un peu, mais ce n’est pas loin.

Wilfred avança sûr de lui, reprenant comme une vieille habitude sa démarche de gosse de riches, les épaules droites, le regard sûr comme si le monde entier lui appartenait. Il venait d’ici et pourtant il s’y sentait moins chez lui que de là où il vivait maintenant.
Le paysage était magnifique, des grandes maisons, des beaux arbres, tout était parfait.

- On se croirait au musée des horreurs. Commenta-t-il.

Puis il s’arrêta devant un restaurant, du genre très friqué. Avec une magnifique terrasse, un intérieur tout aussi beau, et des serveurs tout propre et clinquant.

- C’est là. Je sais que ça paraît un peu brillant, mais leur petit déjeuner vaut bien de se damner.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred - Page 2 I_icon_minitimeDim 6 Jan - 20:56

Zuriel ne s'attarda pas trop sur l'attitude de son ami. C'était un fou, de toute façon, il n'allait pas s'étonner de ce qu'il faisait. Il ne dit rien quand il le vit prendre un manteau de force. C'était franchement injuste et dégoûtant, mais ce n'était pas le tueur qui allait le lui reprocher. Pas alors qu'il avait tué un homme quelques heures auparavant. Au moins, Wilfred était guidé par la nécessité. Lui n'avait pour seule excuse que les ordres qu'on lui donnait. Sa démonstration de violence le laissa indifférent, et il ne parut pas se rendre compte que les quelques autres occupants le regardaient bizarrement, lui compris. Le Looper soupira. La vie n'était vraiment pas simple quand on la passait aux côtés de Wilfred. Voilà pourquoi il aurait été plus logique de le tuer.
Wilfred descendit alors à un arrêt, et Zuriel lui emboîta le pas. Il ne connaissait pas du tout l'endroit où il était, mais d'emblée, il ne l'apprécia pas, car cela ne ressemblait pas à ses propres quartiers. Il y avait quelque chose de faux dans les façades des maisons, dans l'allure propre des gens. Wilfred lui indiqua qu'il fallait marcher, chose qui ne l'embêtait pas et à laquelle il n'opposa aucun commentaire. Il voyait cependant que son ami se transformait. De clochard, il devenait prince. Il n'avait plus du tout la même allure, et ce n'était pas uniquement dû au changement de manteau : il marchait même différemment. Zuriel l'observa avec curiosité, et peut-être un brin d'angoisse. Quelles autres facettes de lui Wilfred lui cachait-il ? Enfin, il s'arrêta devant un restaurant incroyable. Zuriel en avait déjà vu, des comme ça, mais en général, ce n'était pas là qu'il allait manger. Alors que Wilfred connaissait l'adresse et avait visiblement pris plusieurs petits déjeuners là-bas... « T'es vraiment un gosse de riche. » fit remarquer Zuriel avant de pénétrer à l'intérieur à sa suite. Un endroit plein de dorures artificielles très laides, mais qui donnaient visiblement du cachet à l'établissement. Zuriel, très impressionné, n'osa plus dire un mot. Il avait clairement l'impression de ne pas être à sa place ici, alors que Wilfred était à ses yeux tout à fait dans son élément. Il avait l'air aussi à l'aise dans un restaurant chic que dans le métro, à dormir sur un banc. Cet homme était vraiment bizarre...
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Wilfred Ellison

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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred - Page 2 I_icon_minitimeLun 7 Jan - 16:35

Wil rentra dans le restaurant entrainant à sa suite son ‘ami’. A la remarque sur le fait qu’il était vraiment un gosse de riche Wilfred fit la moue et marmonna :

- On ne choisit pas sa famille.

Les gens croyaient que c’était vraiment super d’être riche, mais ce n’était pas super. Quel intérêt y avait-il à amasser autant d’argents si c’était pour vivre comme dans une prison. Trop de règles, trop de choses à respecter, un million de choses à faire et à retenir. Tiens-toi bien. Sois polie. Ecoute en cours. Arrête de parler tout seul. Pourquoi frappes-tu les gens ? Pourquoi est-ce que tu nous regardes comme ça ? Baisse les yeux. Ne prends pas ta mère dans tes bras, voyons, c’est indécent. Non, je ne serai pas là cette semaine, c’est la nounou qui s’occupera de toi. Ton frère est mieux que toi. Regarde ton frère. Pourquoi n’es-tu pas comme ton frère ? Wil secoua la tête pour que les pensés négatives en sorte et réclama au serveur une table pour deux personnes. Ce dernier fixa ses invités d’un drôle de regard et osa poser la question :

- Vous avez de quoi payer ?

Wilfred haussa les épaules :

- Vous demandez à un Ellison s’il a de quoi payer ?

Le serveur changea du tout au tout, pas étonnant, la famille Ellison était bien connue dans le quartier. On ne refusait rien à un Ellison, le serveur les conduisit à une table.

- Trop facile. Ricana-t-il à l’adresse de son ancien collègue qui le suivait.

Une fois installé on leur donna la carte et Wilfred se retint de baver devant les nombreux plats :

- Prends n’importe quoi, on a de quoi payer.

Puis il réfléchit un instant et ajouta :

- Et si jamais on n’a pas assez, je mettrai ça sur la note de mon père, ça lui fera un jolie cadeau de noël de savoir que je ne suis pas encore mort.


Wilfred commanda un immense petit déjeuner, prenant tout ce qui lui faisait envie, œufs brouillés et œufs pochés, lard, toast à la marmelade, café, haricots en boite, gaufres et pancakes. Et d’autres choses encore. Puis il laissa son ‘ami’ commander à son tour.

- Etre riche c’est pas génial pour tout, mais quand il s’agit de manger j’avoue que ça a ses avantages,
explique Wilfred. Et je pense qu’on va avoir notre meilleur petit-déjeuner de tous les temps.

Ses yeux brillent, il attend la nourriture avec impatience. Il se comporte un peu comme un gamin le jour de noël, trop heureux de pouvoir déballer ses cadeaux. Wil, lui, c’est l’idée de bien manger qui le met en joie. Il oublie pendant un moment qui il est devenu, avec qui il est (c'est-à-dire une personne capable d’exécuter les gens), et ne pense qu’à se régaler.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred - Page 2 I_icon_minitimeVen 11 Jan - 21:22

Zuriel n'avait jamais pris de petit déjeuner au restaurant. C'était bien normal : personne n'allait gâcher des sous pour rien. Un petit-déjeuner au restaurant coûtait plus cher et n'était pas forcément meilleur... quoique, peut-être que si en fait. Mais cela ne valait pas le coup de dépenser un peu plus, et Zuriel vivait encore dans cette optique. La réaction de Wilfred trahissait vraiment ses origines, il n'y avait pas besoin d'attendre d'être dans le quartier pour constater qu'il s'y fondait parfaitement. Cette idée-là, Zuriel ne l'aurait jamais eue. A la limite, il aurait invité Wilfred à venir manger chez lui, cela se faisait, et cela aurait été une marque de confiance très grande, car il n'était pas partageur. En effet, autrefois, le but, c'était d'en avoir le plus possible, vu qu'on avait peu. Et les milieux criminels n'aidaient pas vraiment à développer la notion de partage ou celle d'équité. Mais cela importait peu, car Wilfred devait aussi en être dépourvu. C'était juste étrange qu'il se montre aussi pot de colle et l'invite au restaurant. Enfin, difficile de refuser un repas qu'on ne payait pas. Zuriel avait beau avoir plus de sous qu'autrefois, la gestion d'un porte-monnaie ne faisait pas partie de ses attributions, et il préférait économiser pour plus tard afin de ne pas tout dilapider. C'était à peu près la seule chose pour laquelle il avait de la présence d'esprit ; sinon, l'argent lui brûlait les doigts, et il semblait pressé de vouloir s'en débarrasser. C'était un peu le cas avec son ami, mais celui-ci ne devait pas avoir la même relation avec l'argent. Le fait est qu'il en avait eu plein, un jour, et il avait estimé que cela ne valait pas grand-chose. Zuriel aurait pu lui dire que la pauvreté ne rendait pas plus libre, au contraire vu qu'il ne l'était pas. On ne lui demandait cependant pas son ami.
Apparemment, les Ellison était du style « connu et aimé de tous, et ceux qui ne les aiment pas les craignent trop pour le leur dire ». Le nom de famille de son ami fonctionnait comme un mot de passe. Zuriel aurait presque eu envie de l'utiliser, ce devait être bien pratique. Le serveur ne prenait même pas la peine de vérifier que c'était un vrai Ellison. Oh, ça en était un, c'était certain. Mais pas du tout comme il s'y attendait... Zuriel se contenta du silence, faisant comme si tout ce qu'il y avait autour ne l'affectait pas - difficile tant il se sentait mal à l'aise -, gardant un visage totalement fermé, presque sûr de lui. De toute façon, il était invité par un vrai Ellison, il ne risquait rien. Mais il avait vraiment l'impression de ne pas être à sa place. Il suivit docilement le serveur et s'installa à la table avec toute la distinction dont il était capable. C'est-à-dire en évitant d'avoir l'air d'un gros rustre. Wilfred lui signala qu'il pouvait prendre ce qu'il voulait, chose qui perturba énormément Zuriel. Tout ce qu'il voulait ? En général, il avait assez peu de désirs véritables. Alors il dépensait son argent n'importe comment. Il avait encore assez de savoir-vivre pour savoir qu'il n'était pas poli de dilapider l'argent d'un autre quand celui-ci vous invitait. Il regarda donc la carte, complètement perdu, ne sachant pas que prendre. Il n'avait déjà pas très faim, mais les noms des plats, peu lisibles, ne l'aidaient pas à faire son choix. Devait-il privilégier les vitamines ou le sucre ? Quelle horreur que le choix.
Il fut presque choqué par la quantité de plats que Wilfred commandait. Une véritable débauche. Même s'il avait vraiment faim, il n'en aurait pas pris autant : c'était l'assurance de faire du gâchis, chose absolument inacceptable - ses parents lui avaient quand même refilé quelques unes de leurs valeurs, et puis, optimiser ses ressources c'était toujours bon à prendre même dans les milieux malhonnêtes. Zuriel se contenta donc d'un panier sucré beaucoup plus équilibré et moins copieux : du vrai pain aux noix pour les sucres lents et le goût de l'authentique, assortis de fruits pour les vitamines, un café pour s'hydrater et conserver son énergie, et du fromage frais pour le produit laitier. Le secret de la ligne, c'était de bien manger. Quand Zuriel avait l'occasion de faire un repas équilibré, il le faisait. Sinon, c'était souvent des plats simples et assez peu goûteux ; mais comme Zuriel en avait soupé des pâtes, il préférait prendre des produits surgelés, des yaourts nature sans sucre et quelques fruits en guise de repas. Pour le coup, le petit déjeuner constituait vraiment le modèle appliqué de sa théorie des repas. Quand le serveur fut parti, Wilfred commenta le fait d'être riche. Zuriel sourit à peine, toujours coincé par ses inhibitions. « Pn dirait un gamin. Tu cèdes à la gourmandise. Tu sais quoi ? Tu vas finir gros. » Il agita ensuite ses mains en direction de son corps a priori parfait. Il pourrait l'être s'il n'avait pas autant de cicatrices cachées sous les vêtements, mais cela, personne ne le savait. Le pouvoir érotique reposant précisément sur ce qui était dérobé à la vue, Zuriel n'avait aucun problème à exploiter ses formes, même si sa peau était couturée de blessures. « Chez nous, on a toujours appris à faire les choses comme elles devaient être faites. Le plus important, c'est de manger. Après, si c'est bon, tant mieux. » Bon, il mentait un petit peu, il aimait quand même que ses plats aient un bon goût. C'était naturel. Mais si ce n'était pas le cas, tant pis, il ne s'en formaliserait pas. Le plus important était d'apporter des nutriments à son corps. Sa vision des choses était très éloignée de la rêverie enfantine dans laquelle était plongé Wilfred.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred - Page 2 I_icon_minitimeLun 14 Jan - 16:49

Le serveur revint avec les plats et Wil se lécha les lèvres avec envie. Il ne se formalisa pas de se faire traiter de futur-gros par son ancien collègue, il était sûr qu’il ne le deviendrait pas. Pour deux raisons : depuis tout petit il avait eut un appétit d’ogre sans jamais prendre le moindre kilo, et en plus ce genre de repas se faisait rare. Très rare. Trop rare. Autant en profité. Puis le fait qu’il était un gamin était vrai. Un adolescent plus exactement, mais c’était encore pire. A cet âge là on était plus chiant encore que quand on était petit, et il en était la preuve. Tout môme il avait été plutôt sage, puis plus il avait grandit il avait dérivé. Du reste, il n’était pas pressé d’être traité en adulte, il avait l’impression qu’il trouverait ça moins drôle, trop strict. Qu’il pourrait devenir comme son père, froid. Du genre à emprisonner sa femme et ses gosses avec un peu d’argent.
Rien que d’y penser il en eut un frisson et se jeta sur la nourriture pour mettre ça de côté. Son estomac était un gouffre et il commença à tout engloutir avec un énorme appétit. Il écoutait d’une oreille ce que lui racontait son collègue, lui expliquant sa manière de vivre, comment il avait été élevé. Il avala une grosse part de lard, bu pour faire passer tout ça dans son œsophage et participa à la conversation :

- Dans ma famille on m’a toujours appris que manger avait moins d’importance que de savoir tenir correctement sa fourchette. Pourtant moi je mangerais avec les doigts, si je n’avais pas le choix. Surtout si je me retrouvais devant un énorme gâteau à la crème.

Et il recommença à manger. Avant d’ajouter d’un coup :

- N’empêche que manger devient intéressant quand c’est bon, non ?

Bien sûr pour survivre on mangeait n’importe quoi. Il avait vu des mendiants bouffer du rat pour ne pas dépérir. Cependant, ils n’y prenaient aucun plaisir, ils étaient malheureux comme des pierres, ils subsistaient c’était vrai et c’était ce qui comptait. Il fallait vivre à tout prix. Mais quand on le pouvait il fallait également profiter de ce que la vie nous donnait. Comme ce merveilleux petit déjeuner. Peut-être que la semaine prochaine Wil serait obligé de jeuner, de se restreindre, de se priver, mais aujourd’hui il en profitait. C’était ces moments qui faisaient qu’il était aussi heureux, malgré tout.
Qu’il pouvait rire, faire de la poésie, siffloter des comptines, ou même s’amuser à draguer.
Il dévora tous les plats qu’il avait commandé et n’en laissa pas une miette, il se sentit repu et content de l’être. Cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas aussi bien manger. En fait à bien y réfléchir, ce genre de repas gagnait de la valeur quand ils se faisaient rare. Quand il était riche, il se lassait de toute cette nourriture, et aujourd’hui il l’adorait.

- Ca fait du bien ! Je crois que je suis en pleine forme pour aller bosser maintenant.
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MessageSujet: Re: Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred   Ces temps qui nous séparent. ▬ Wilfred - Page 2 I_icon_minitimeMar 22 Jan - 13:24

Les plats finirent par arriver... Surtout les plats de Wilfred, en fait, qui s'était mis à saliver comme un enfant. L'odeur de nourriture ne laissait certes pas Zuriel indifférent : ce fumet délicat qui s’exhalait de la nourriture promettait de remplir un estomac qui pouvait encore jeûner, mais qui avait peut-être bien un peu de place pour un petit déjeuner. Évidemment, il n'était pas frustré : Zuriel ne se privait pas atrocement, et même s'il n'avait rien d'un cordon-bleu, il arrivait toujours à avaler quelque chose qui, à défaut de lui plaire, se révélait parfaitement mangeable. La perspective de ces délices éveillait en lui cette convoitise qu'il avait appris à taire, convoitise secrète de celui qui n'a toujours fait que rêver de ce qu'il pourrait avoir. Il avait presque honte, à présent qu'il se retrouvait devant sa commande - fruits, pain, café et fromage, tous devant lui, alignés avec soin -, de ressentir comme une forme de faim qui n'en était pas une. La faim de la gourmandise. Elle n'était pas comme la vraie faim, qui vous obscurcissait la vue et vous rendait complètement faible, incapable de résister à de la nourriture si vous en voyiez ; c'était de l'appétit, et le contrôle que Zuriel exerçait habituellement sur lui ne faiblissait pas. Zuriel arrivait donc parfaitement à se tenir à peu près correctement - c'est-à-dire, non comme un sauvage, alors même qu'il ne savait pas quelles étaient les convenances dans les grandes sphères -, alors que Wilfred faisait justement l'apologie du manque de tenue. C'était lui qui venait d'un milieu social supérieur, mais à cet instant, on aurait plutôt dit l'inverse. Zuriel mangeait sans véritable entrain, appréciant certes les saveurs qui s'offraient à lui, les goûtant avec délicatesse, mais sans se comporter comme un affamé. Peut-être que son « ami » avait sauté de nombreux repas récemment ? Ce ne serait pas de chance. Comme il lui avait dit, il aurait aisément pu se passer de petit déjeuner. Aussi privilégia-t-il le plaisir de savourer, plutôt que de se goinfrer, sachant que vu la quantité de plats demandée par Wilfred, il avait le temps. « Je ne sais pas, c'est toujours intéressant de manger. Quand tu crèves de faim, tout devient un délice. Quelqu'un m'avait même dit qu'après avoir vécu cette expérience, même le plus beau des festins lui paraissait sans saveur s'il ne souffrait pas énormément de la faim. » Il n'en était pas à ce point : pour lui, c'était des expériences comparables. Il n'avait jamais été jusqu'à presque mourir de faim, mais cela lui était déjà arrivé de sauter un peu trop de repas pour se sentir vraiment à l'aise. Il savait que c'était quelque chose à éviter : le corps n'appréciait pas ces irrégularités, et si jamais un danger vous sautait dessus à ce moment-là, vous étiez incapable de vous défendre car trop faible. Il aurait été dommage d'abuser de ce qui ne devait être qu'une solution pour gagner du temps en cas de réelle nécessité. Comme il aurait pu le faire, ce matin. Zuriel évita de penser à cette énorme liste qu'il traînait comme un boulet. De toute façon, sa cible était morte, ce qui était le principal. Le reste était bien plus accessoire.
Zuriel refusa de parler pendant le reste du repas. Wilfred semblait l'avoir oublié, complètement concentré sur le contenu de ses multiples assiettes. Le frugal Looper se contentait donc de déguster en silence, jetant parfois son regard angélique sur son hôte. Ces regards jetés ne le satisfaisaient pas. Il y avait quelque chose de bizarre qui se déroulait alors : il était perdu, il ne savait pas quoi penser. C'était moins une incertitude qu'un vide dans sa tête. Dans la case Wilfred, son esprit aurait dû y faire figurer quelque chose. Zuriel ne voyait cependant pas quoi, et une forme d'angoisse naquit au cours du repas, à tel point qu'au final, il n'avait plus faim, et laissa la fin de son fromage blanc et une des clémentines entière. L'appétit coupé, il croisa les bras dans un geste qui signifiait autant le confort de sa position que le refus de s'exprimer avec Wilfred - ah, la beauté du langage corporel. Il attendit donc que son ami ait fini de manger, sachant très bien que cela aurait été impoli de le laisser là, seul, alors que c'était lui qui payait. Zuriel était froid et peu raffiné, mais il n'était pas non plus incivil. Il avait eu un minimum d'éducation, et reconnaissait les convenances avaient parfois du bon - surtout quand on pouvait s'en servir à son avantage. Et autre chose le coinçait ici, le collant à sa chaise et l'empêchant de se lever alors qu'il l'aurait bien voulu.
Wilfred termina à la fin d'un temps qui parut très long à l'assassin. Celui-ci semblait visiblement ravi de son repas, et Zuriel n'eut pas le cœur de lui dire que des pensées sombres avaient gâchées le sien. Il se sentait parfaitement calme, mais l'angoisse sourdait au fond de son esprit. Il lui faudrait s'en inquiéter quand elle se ferait ressentir sur son rythme cardiaque, ce qui n'était heureusement pas encore le cas. Le jeune homme soupira. « En parlant de boulot, il va falloir que je me dépêche. Si je n'annonce pas la mort du client très rapidement, je risque d'avoir des problèmes. » Ce n'était pas tout à fait exact, mais cela empêchait Zuriel d'avoir à dire tout ce qu'il prévoyait de faire. Et puis, cela lui paraissait être un prétexte infaillible pour s'en aller le plus tôt possible, loin de ce trafiquant qui lui retournait la tête à force de se poser des questions stupides. C'était insensé de se laisser prendre par de tels sentiments d'amitié, alors qu'il savait très bien que la meilleure chose qui pouvait lui arriver, c'était la mort de Wilfred. Mais c'était plus compliqué que cela, apparemment : il y avait comme des envies contradictoires en lui, et cela risquait fortement de lui poser des problèmes par la suite. La solution la plus simple était de prier pour ne plus jamais le revoir. Comme quoi, il avait bien fait de ne pas l'inviter chez lui. « C'est toi qui paies, non ? » : ajouta le Looper en se levant, et en enfilant son manteau sans lui laisser le temps de protester. C'était sa manière de rappeler la promesse de Wilfred, promesse sans laquelle Zuriel n'aurait jamais accepté de venir. Il lui faudrait à présent rentrer dans des quartiers plus « civilisés », c'est-à-dire plus connus, et vaquer à ses occupations, bouleversées par ce qui venait de se produire depuis qu'ils s'étaient rencontrés.
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