AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le deal à ne pas rater :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot 6 Boosters Mascarade ...
Voir le deal

Partagez
 

 only god forgives ☨ MAGGEO

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Auteur
Message
Romeo

Romeo "Marw" Hastings
betrayal it's in the blood



→ Messages : 84


only god forgives ☨ MAGGEO Empty
MessageSujet: only god forgives ☨ MAGGEO   only god forgives ☨ MAGGEO I_icon_minitimeJeu 4 Avr - 14:22




we're survivors. we control the fear. and without the fear, we are all as good as dead. do you understand ? - do you ?

only god forgives.

Un battement de cil. Un battement de coeur. Et ses poings qui battent et s'abattent contre le sac de toile. Doux comme un agneau. Sage comme une image. Il ne faut pas trop en demander à Romeo. Une goutte de sueur perle à son front. Les muscles s'échauffent. Mais bon sang que c'est bon. Ne rien penser, ne pas penser. Juste frapper dans la masse, frapper dans le vide, frapper dans le tas. Et éluder ses besoins animaux dans l'assouvissement de ce péché interdit. On lui disait de se reposer. On lui disait de rester calme, de ne pas prendre de risques ou mettre à mal son corps meurtri et rafistolé. Il voulait bien être gentil et obéissant, au début. Et puis même, il avait juré à Sonny de ne pas faire le con. Il n'avait plus compté les jours à l'hôpital, puis les jours enfin de sortie. Dès qu'il l'avait pu, de toutes manières, il avait fui le paradis du bistouris et de l'alcool à quatre-vingt dix degrés. Impossible pour une lion sauvage de rester dans une telle cage, bloqué dans un lit par ces chaînes de plastique qu'étaient les perfusions et autres électrodes raccrochés à son torse bandé. Un battement de cil. Un battement de coeur. Il relâche cette énergie contenue, il explose de ce besoin de dépenser sa rage dans des combats vains. On ne peut pas demander à un être d'arrêter de respirer. On ne peut pas demander à un oiseau d'arrêter de voler, un poisson d'arrêter de nager. À Marw, on ne peut pas lui demander d'arrêter d'être ce qu'il est. Même si il était rongé par les doutes, suprématie de sa vision du monde remise en cause. Son poing s'abat encore contre le sac de sable, et il serre les dents, étouffant un grognement. Torse-nu, on voit encore des stigmates de ses dernières aventures. Les ecchymoses, les éraflures. Assez classique. Et puis quand même, cette chose qui nous saute aux yeux, dans l'instant. Toile blanche enroulée et serrée contre lui et la majeure partie de son torse. Momie des temps modernes, aurait-il ri. Ou pas. Le bandage, c'est pour ses côtes brisées et déplacées. Il les sent toujours, quand il respira trop fort, le heurter et lui faire mal. Mais contre ça, en général, on ne peut rien faire. Et il a été démontré justement que Hastings n'échappait pas à la généralité du commun des mortels. Et puis, sous le bandage, il y a encore un pansement. Là, à cet endroit, côté flan droit. En-dessous de ça, les points de suture. Il en a fallu tellement, de la couture. Pour rattraper les dégâts plus profond, et puis pour essayer de rejoindre les interstices de ses chairs. Même si c'était assez compliqué, vu l'état dans lequel les secours avaient pu le trouver. Romeo grogne, encore. C'est que ça se secoue, les idées, les pensées, les souvenirs, et les éclats, dans sa tête. Le parquet du salon l'a échappé belle, et il n'y a aucun cadavre dans le placard, mais tout de même. Il en frissonne spontanément et ça lui déplaît, d'y penser. Il ferme les yeux, continue de frapper. Rester calme. Rester tranquille. Jack qui débarrasse les corps. Le froid jusqu'au plus profond de la moelle de ses os. Et pourtant, le sang est chaud, il est là, collant, poisseux, vin bordeaux au goût de rouille. Rester calme, rester calme. Ne fais pas de bêtise, ne t'agite pas de trop, et sois donc sage pour une fois. Répétez-donc les mots à un enfant hyperactif, ce sera du pareil au même. Il est déjà rentré chez lui depuis un petit bout de temps, et il s'est tenu à carreaux. Mais là il en peut plus, là il en veut plus. Calme-toi, calme-toi. L'odeur des chairs qui brûlent, le goût du sel dans sa bouche, le sel des larmes, liquide lacrymal. Et Maggie qui caresse doucement son visage, et Maggie qui vient embrasser son front. C'est un coup de poing au creux du ventre, un coup de poignard entre les côtes. Et Romeo commence à s'y connaître en la matière. Il a le souffle coupé, apnéiste remontant à la surface des eaux obscures de ses pensées. Arraché d'un rêve, arraché d'un cauchemar. Brutal retour à la réalité. Il rouvre les yeux d'un instant à l'autre, sa main agrippant le haut du sac de frappe, l'autre, spontanément, venant tenir ses côtes. Il serre les dents, tente de calmer sa respiration. Mais le sang pulse à ses tempes, et il hoquette un instant, seul avec lui-même. C'était comme une piqûre d'aiguille qui vous surprend, fine pointe venant vous prendre au coeur. Marw déglutit péniblement, relâchant la tension qui contractait ses muscles et ses poings dans leur jeu de frappe infernal. Il referme les paupières, pousse un soupir, se laissant lentement glisser jusqu'au sol, assis sur le parquet, dos calé contre le mur le plus proche. Faut croire qu'il aime ça et ne s'assit que comme ça, Romeo. Par terre et contre un mur, pas besoin de plus, pas besoin de moins. Une seconde passe, peut-être plusieurs. Le temps que le marteau-piqueur de sa fièvre rageuse se calme et arrête de frapper contre l'enclume qui lui alourdit l'arrière du crâne. Il serre les dents et il grogne pour lui-même, en attendant. Hastings rouvre enfin le rideau sur les deux lacs gelés qui lui servent d'yeux. Et les baisse, justement, regard instinctif vers son talon d'Achille nouvellement constitué. Et il ne peut qu'encore plus serrer les dents. On est pas censé voir du rouge apparaître sous la bande de tissu immaculée en ordre général. Merde. Il trouve la force de sourire, en mode sarcasme intégral. L'étirement du coin d'une lèvre qui vous découvre un peu les dents, surtout celles à l'arrière, finalement. Le sourire du prédateur, un peu. Le sourire coincé et douloureux, aussi. Le sourire de Romeo, en gros. Mais il s'efface, et il pince les deux parts de sa bouche, se mord la lèvre inférieure, tentant de réfléchir, plus ou moins. À trop jouer avec le feu, on se brûle les doigts. Merci pour la leçon du jour, mesdames et messieurs. Marw déglutit, prend une inspiration un poil douloureuse, et se relève avec cette grâce brutale, un peu bestiale, qui lui colle à la peau, lui pend au nez. En général, depuis qu'il est rentré, c'est son colocataire qui joue les infirmières. Mais le looper n'est pas là, et puis même, il ne pourrait pas. Le supplier de revenir. Parce que c'est vraiment ce qui ronge Romeo, en cet instant. Un gros coup de pression, peur qui se distille dans sa veine, mêlée à une honte presque enfantine. Alors il continue de serrer les dents, à en grincer presque. Est-ce lui, ou il commence à faire les cent pas, en marmonnant mezzo forte ? C'est lui, oui. Et il fait bien les cent pas, pieds nus traînant un peu sur le parquet de l'appartement du centre de Londres. Il déglutit encore, regarde autour de lui, et jette un nouveau coup d'oeil à la petite tâche rouge qui vient de le sortir totalement de nul part et de le mettre dans un état impossible. Il passe une main sur son visage, finit qu'il se prend presque le crâne dans les paumes, continuant de bouger comme un fauve emprisonné. T'as fait une connerie, t'aurais dû les écouter, mais t'en avais besoin, tu sais pas quoi faire, tu sais pas qui appeler, tu sais pas si c'est grave, tu sais pas si c'est trois fois rien, tu.. Un blanc dans son crâne. Il a raté un épisode, perdu dans les labyrinthes de ses réflexions. Mais le combiné du téléphone est contre son oreille, et il est assis sur le canapé, tapotant nerveusement le bout de son genou de ses doigts libres. Et qui est-ce que t'appelles, mon beau ténébreux ? Il a un mauvais pressentiment par rapport à qui va décrocher. Il le sait, il le sent, il aurait pas dû, ça non plus.. "Maggie ?" Il s'entend déjà marmonner comme jamais. L'appeler, elle. Il la fait pleurer dès qu'il la voit, et dans les règles générales ça lui pose pas trop de problèmes. Mais depuis le dernier épisode, il ne sait plus quoi en penser, où il en est. Elle l'agace, lui tape sur les nerfs. Elle l'a fait souffrir, il a morflé pour elle. Mais elle a été une mère, pour quelques instants, elle a voulu son bien, elle a voulu l'aider, et elle l'a sauvé... Ne pense pas à ça, ne pense pas à ça. Ne pense pas comme ça. Ne pense pas tout court, tu te fais du mal, Romeo. Et puis, qu'est-ce que tu lui as sorti, au bout du fil ? Hastings a déjà raccroché. Il a fait vite, simple et efficace. Marw pousse un discret soupir. Reste plus qu'à attendre.

Qu'est-ce qu'il est con, quand même.
Revenir en haut Aller en bas
Maggie A. Lincoln

Maggie A. Lincoln
♙ why do we fall ?
(admin)



→ Messages : 369


only god forgives ☨ MAGGEO Empty
MessageSujet: Re: only god forgives ☨ MAGGEO   only god forgives ☨ MAGGEO I_icon_minitimeJeu 4 Avr - 16:46


Lost and insecure, lying on the floor, you found me.


Maggie tourna la tête, regardant autour d’elle. Assise sur son tabouret, les mains croisées, posées doucement sur ses jambes. Ses pieds tapotaient doucement le support sur lequel elle était installée. Elle attendait. Elle ne savait pas depuis combien de temps, mais elle attendait. Qui ? Quoi ? Hm. Vu l’endroit, un médecin. On aurait dit une salle de consultation. Oui. Elle était ici pour se faire consulter. Rien de bien méchant, juste vérifier que tout allait bien. Elle s’était cognée au niveau de son ancienne blessure à la tête. C’était pour ça, juste pour ça. On voulait s’assurer qu’elle n’avait rien, s’assurer qu’elle n’allait pas s’ouvrir à nouveau le crâne, et qu’il n’y avait aucune lésion interne. La porte était fermée, et le médecin la faisait patienter. Elle n’entendait pas un bruit ; à croire que la salle était isolée, complètement isolée. Elle décroisa finalement ses mains, ramenant une mèche de cheveux noirs derrière sa petite oreille. Peine perdue ; la masse de boucle retomba bien rapidement sur son épaule, chatouillant les boutons de son gilet en laine. Comme d’ordinaire, ses vêtements étaient trop grands, trop amples. Elle voulait être bien dedans, elle devait se sentir bien. C’était peut-être la seule chose qui lui restait pour l’aider à accepter ce qu’elle était. Tiens. C’est bizarre. Elle ne se souvient pas de ce pull. Elle le regarde, fronce les sourcils. Elle touche doucement la matière. Étrangement douce, duveteuse. Agréable. Et ces gros boutons, on dirait qu’ils sont en bois. Ils sont jolis. Colorés. Elle sourit. Elle ne se souvient pas de ce pull, mais elle l’aime bien. C’est étrange. Mais elle l’aime bien. Doucement, un petit bruit vient chatouiller ses tympans. Elle relève la tête. Mais il n’y avait personne, encore une fois. Ça ne fait rien. Elle allait attendre. Encore, et toujours, attendre.

Et puis, quelqu’un vient. Quelqu’un pousse la porte. Maggie le regarde, fronce doucement ses sourcils fins. Il ne porte pas de blouse. Il ne ressemble pas à un médecin. Il ne lui inspire pas confiance, d’ailleurs. Elle se recroqueville sur son tabouret, tandis qu’il lui sourit. Un sourire qui l’effraie, un sourire sombre. Il lui parle. Mais elle n’entend pas ce qu’il lui dit. Elle ne veut pas entendre. Elle reste fixée sur ce qu’elle voit, par-dessus son épaule. Une petite touffe de cheveux blonds. Et du sang, sur le mur, derrière la porte. Elle ne comprend pas. Elle est à l’hôpital, pourtant. Et à l’hôpital, il n’y a pas de sang sur les murs. L’homme approche sa main de sa joue, et finalement, elle réagit. Elle recule, se lève de son tabouret, trébuche. Il soupire, lève les yeux au ciel. Elle ne peut pas détacher son regard du sang, derrière lui. Il la hante, il la prend aux tripes. Elle croit sentir son odeur ; âcre, métallique, puissante. Elle la prend à la gorge, lui donne la sensation d’étouffer. Elle touche son visage, lentement. Et tout dérape. Ses doigts. Ils sont couverts de sang. Elle hoquette, recule encore. Il la regarde. Il ne bouge plus. Il lui sourit. Encore. Elle jette un coup d’œil à ses mains. Du sang. Partout. Pareil à un gant, fluide et léger. Comme de la peinture, rouge, écoeurante, terrifiante. Elle relève ses prunelles, petit bête terrifiée. Et en danger, comme toujours. Elle voudrait voir ce qu’il y a derrière l’homme. À qui appartiennent ses cheveux blonds. Elle a peur de connaître la réponse, mais veut en avoir le cœur net. Elle sent son organe cardiaque battre à tout rompre dans sa cage thoracique. L’autre s’approche, enfin. Il sort un couteau. Le lui plante entre les côtes. Elle crie, mais aucun son ne sort. Elle s’accroche aux vêtements, d’une main, et plaque l’autre au niveau du sang qui sort de sa plaie. Elle croit reconnaître ce parfum. Elle doit rêver. Elle devient folle. Complètement folle. Elle lâche les tissus, tâtonne autour d’elle. Un objet froid et métallique. Elle l’attrape. Une paire de ciseaux. Des souvenirs plein la tête. Effrayée, elle lâche la double-lame. Elle n’aurait pas dû, elle n’aurait jamais dû. L’homme se décolle, retire son couteau. Et brutalement, il pose la larme contre sa gorge. Appuie. Tuer, ou être tuée. Tel était le but du jeu. Et une fois encore, elle allait perdre. À moins que…

Brusquement, Maggie se redressa. Tirée de son sommeil. Tirée de son cauchemar. Elle essaie de reprendre sa respiration, les yeux écarquillés. Elle panique, son cœur s’emballe. Les tintements stridents du téléphone la ramenèrent finalement à la réalité, alors qu’elle essuyait quelques larmes. Elle s’était encore endormie. Au bureau, pour changer. La nuit était devenue un calvaire ; elle ne fermait que très peu l’œil, bien davantage préoccupée par la bonne santé de Blake que par la sienne. Ses insomnies étaient devenues fréquentes, et le résultat s’en faisait cruellement ressentir lorsqu’elle prenait une petite pause à son lieu de travail. Elle posait doucement la tête sur ses bras croisés, et s’endormait instantanément. Mais Blake n’était pas là. Il ne pouvait pas la protéger des mauvais rêves. Et les attrape-rêves tatoués dans son dos ne faisaient absolument aucun effet. Elle cauchemardait, dès qu’elle s’endormait et qu’elle était seule. D’où son refus de dormir lorsqu’il n’était pas là. D’abord parce qu’elle s’inquiétait. Et ensuite, parce qu’elle en avait marre. Marre de ses démons, marre de ses cauchemars. Ça passera avec le temps, dit-on toujours. Elle aurait bien aimé les y voir, eux. Le temps. Connerie. Voilà ce qu’elle pensait, elle, la douce Maggie, la tendre Maggie. Le temps lui avait pris son frère. Le temps lui avait pris son premier amour. Le temps lui avait donné des cicatrices qu’elle ne pouvait effacer, même avec tous les efforts du monde. Et maintenant, elle était hantée, de nouveau. Alors que dans sa vie, tout avait l’air de s’arranger, de s’améliorer. Elle commençait à gravir la pente, de nouveau, et à se souvenir ce que vivre voulait dire. Et tout à coup, on lui faisait un croche-pied. On fauchait ses chevilles délicates, et on la regardait tomber. Tomber, encore et toujours. Rouler, jusqu’au pied des falaises, glisser, hurler. S’accrocher à des racines inexistantes, s’arracher les ongles en essayant de se rattraper. Tomber. Et s’écraser. Mourir. Cris, sang, larmes. Ses cauchemars, ses démons. Devenus son quotidien, devenus ses fardeaux. Impossible de les partager, impossible de se faire aider. Elle mourrait, lentement mais sûrement, à petit feu. Ses ailes se consumaient, ses plumes se déchiraient. Et elle tombait. Ne pouvant que désormais regarder le ciel. Et faire la seule chose qu’elle était encore capable de faire. Pleurer.

Ramenant ses cheveux en arrière, elle réalisa que le téléphone sonnait toujours. Elle l’attrapa, le portant à son oreille. Un murmure s’échappa d’entre ses lèvres, alors qu’elle tentait de ne pas laisser transparaître ses émotions trop fortes. Que personne ne puisse entendre à quel point son cœur battait à tout rompre. « Allô ? » Ce petit réflexe, alors qu’on porte le combiné à son oreille. Et on entend son prénom, de l’autre côté. Murmuré, également. Voix étranglée, voix étouffée. Qui des deux souffre le plus ? La proie ou le prédateur ? Les deux se retrouvent dans le même panier, cette fois encore. Il a besoin d’elle, du peu qu’elle comprend. Et elle a besoin de lui, du peu qu’elle accepte de l’admettre. C’est une répulsion, c’est un besoin murmuré du bout des lèvres, à contrecoeur. « Bouge pas, j’arrive. » Il a déjà raccroché, avant même qu’elle ne finisse de dire qu’elle venait. Il le savait, de toute manière. Qu’elle était incapable de le laisser comme ça, que son cœur tendre et généreux l’emporterait toujours sur la peur des larmes qu’il pouvait lui arracher à l’aide de simples mots. Il était doué pour cela. Mais elle l’était encore plus, quand il s’agissait de s’accrocher, et de l’aider. Elle avait à peine reposé le téléphone que la lanière de son sac était dans le creux de sa paume. Dans dix minutes, elle y serait. Dix petites minutes. Dix minutes interminables. Elle éteignit la lumière, cala la bandoulière sur sa clavicule, ferma la porte à clé. Et finalement, sortit. Elle avait de toute manière fini pour aujourd’hui. Il fallait qu’elle prenne l’air. Et qu’elle l’aide. Foutue générosité. Foutus sentiments. Et très honnêtement ? Foutu Romeo. Pire qu’un Blake sauvage, pire qu’elle-même. On lui disait d’y aller doucement, et il trouvait le moyen de tout foirer. Car c’était bien de cela qu’il s’agissait, aucun doute là-dessus. Sinon, pourquoi diable l’aurait-il appelée ? Il y avait Sonny, qui pouvait parfaitement l’aider. Mais non. C’était elle. Maggie. Au final, elle était aussi inquiète qu’en colère. Elle avait mal au cœur. Le monde ne tournait plus rond. Il n’avait jamais tourné rond, je vous l’accorde. Mais c’était de pire en pire. Certaines choses avaient encore un sens, il y avait peu de temps de cela. Mais c’était terminé. Sans queue, ni tête. Un chaos. Chaos de pensées, chaos d’actions désespérées. Sans début, ni fin. Sans foi. Ni lois. Le monde ne tournait plus rond. Et c’était à elle de s’adapter. Qu’importe le sens du vent.

Ses petits doigts, sur la poignée. Elle ne sait même plus comment elle est arrivée ici. Le chemin s’est tracé naturellement dans son esprit, guidant ses pas. Neuf minutes et cinquante secondes. Elle fronce les sourcils. Hm. Elle ferait mieux de frapper, d’abord. Ses doigts se posent contre la porte, tapant trois petits coups. Et maintenant, elle attend. Les paupières de la jeune femme se fermèrent doucement. Elle essayait d’oublier son cauchemar. D’oublier les cheveux blonds, d’oublier le sang. Et le coup de poignard. Entre les côtes. Un frisson secoua son échine. Ses bras étaient croisés, sur sa poitrine. Le pull qu’elle avait choisi aujourd’hui était doux. Trop doux. Elle se sentit mal. La tête lui tourna doucement, alors qu’une légère nausée lui soulevait le cœur. Cheveux blonds, et du sang. Partout, du sang. Elle secoua la tête, posant sa main sur la poignée. L’odeur. Doucement, elle appuya. Le pommeau de la porte céda, beaucoup trop facilement. Elle poussait. Alors que derrière, quelqu’un tirait. Et, alors qu’elle avançait d’un pas, elle s’arrêta brutalement, manquant de lui rentrer dedans. Son cœur rata un battement, alors qu’elle levait ses yeux chocolat vers lui. Effrayée, en danger. Hantée. Aussitôt, elle posa ses prunelles sur le sol à ses pieds, reculant, lâchant la poignée de la porte. « Désolée. » Petite voix, honteuse. L’odeur. Elle déglutit péniblement, essayant de se jouer des illusions. De faire comme si elle allait bien. Impossible. Pas face à lui, pas face au seul homme de cette planète qui avait partagé son cauchemar. Et qui l’habitait désormais plus que de nature. Dans sa tête, dans son cœur. Démons.

Elle toussota. Jeu des apparences. Elle perdrait, surtout face à lui. Mais elle ne devait pas baisser les bras. Elle ne devait pas abandonner. Jamais. « Alors, qu’est-ce qu’il y a ? … » Elle releva les yeux vers lui. S’il l’avait appelée, c’était qu’il y avait une raison, non ? Et pour être franche, elle n’avait pas tout compris, à l’autre bout du fil. Ses cheveux se balançaient doucement sur son pull. Toujours aussi doux. Elle le sentait, au niveau de ses manches. Sa chemise ne pouvait pas le lui cacher. Ses yeux se posèrent quelques secondes sur les cheveux blonds de Romeo. Elle fronça imperceptiblement les sourcils.

Les cheveux blonds, l’odeur. Le poignard et le sang. Quand ce cauchemar allait-il se décider à prendre fin ?
Revenir en haut Aller en bas
Romeo

Romeo "Marw" Hastings
betrayal it's in the blood



→ Messages : 84


only god forgives ☨ MAGGEO Empty
MessageSujet: Re: only god forgives ☨ MAGGEO   only god forgives ☨ MAGGEO I_icon_minitimeVen 5 Avr - 11:17




we're survivors. we control the fear. and without the fear, we are all as good as dead. do you understand ? - do you ?

only god forgives.

Romeo n'était pas du genre à passer des heures pendu au téléphone. Il y avait de quoi s'en douter. Il était efficace, il faisait simple et court. Il jetait son information, attendait une réponse, et puis raccrochait au nez de son interlocuteur. Il n'aimait tout bonnement pas ça. Le téléphone. Parler à quelqu'un sans l'avoir en face, ça perdait toute sa valeur. On était protégé, on était éloigné. On ne prenait pas le risque de vivre. Et puis, sans la présence physique, ce fluide qui relie les corps, il n'avait pas autant de pouvoir que dans une situation réelle. Et ça, aussi, il n'aimait pas tellement. Il ne pouvait pas voir la peur se blottir dans les yeux de son homologue, même si parfois elle flottait dans les tons des voix. Il ne pouvait pas attraper quelqu'un alors, le plaquer contre un mur et lui susurrer sa haine, persifler sa rage, dents serrées et oeil de prédateur. Le téléphone, c'était pour les faibles. Pour ceux qui refusaient de se confronter à la dure réalité. Peut-être qu'il fuyait un peu, dans son genre, la vérité et le monde réel, mais au moins, lui, il n'en avait pas exactement peur. On aurait pu écrire une thèse entière, longue de plusieurs kilomètres, sur Marw et sa relation avec le monde qui l'entourait. Réellement. C'était tellement singulier et compliqué, à décrire, à expliquer. Il haïssait le monde, le monde le haïssait. Du moins, c'était la vision dans laquelle il avait appris et à force aimé se conforter, se blottir et se réfugier. La haine fait moins peur que l'amour, en vrai. Il avait déjà expérimenté dans une autre forme le style "je passe mon temps à errer sans but dans l'appartement". Mais en plus dépressif. C'était lui qui se l'était infligé, cet épisode-là. Aussi bêtement que ça. Parce qu'il avait eu du mal à digérer ce compte à rebours enclenché, la mort qu'on lui avait promise qui enfin le menaçait pour de vrai, toutes les bêtises du genre, quoi. Bref. Là, cette fois, il avait été contraint et forcé. Et bon, il avait réussi à se contenir un peu, au début. Au début. Un Romy sauvage était un Romy sauvage. Et même dompté, comme toutes les bêtes sauvages, il finissait bien par redevenir et réagir comme il le faisait en temps normal.

Marw regarda, sans vraiment y croire encore, le combiné dans sa main. Comme dans un rêve. Est-ce qu'il avait bien fait ce qu'il pensait ? Hum. Oui. Il déglutit péniblement, reposant son téléphone portable à côté de lui. Assez ironique, pour un homme qui n'aime pas ce genre de choses, d'en avoir un sur lui en règle générale. Mais bon. On se souvient que Hastings est un paradoxe ambulant, aux dernières nouvelles. Et puis, il ne vaut mieux pas chercher. On risquerait de creuser longtemps avant de trouver. Romeo, donc. Romeo qui pinça les lèvres un instant, et tordit un peu la bouche, moue pour lui-même, peu convaincu. Gn. Il prit une inspiration, relevant le nez. Et grinça des dents, les serrant compulsivement. Note de la rédaction : Arrête de respirer trop fort, arrête, Marw. Un léger frisson dévala le long de sa colonne vertébrale, alors qu'il fermait les yeux et, coudes posés sur ses genoux, penché en avant, il venait déposer son visage dans ses mains en coupe. Contrôle ta respiration, contrôle ce qui brûle en toi. Plus facile à dire qu'à faire. Dans un éclair, flash fantomatique traversant les vents et marées de son esprit, la petite voix de Maggie lui revint. En quelques syllabes, quelques mots. Je t'aime. Son estomac se tordit au creux de son ventre alors qu'il relevait le visage, le coeur au bord des lèvres, le regard présent tout autant qu'absent. Chasse ça, chasse donc ça de ton crâne. Sang, brûlure, cervelle éclatée. Et comme un étau, sa main et la sienne compressant cette plaie qui n'en pouvait plus de saigner. Regard perdu, désespéré. L'ancien looper déglutit et battit des paupières, chassant ces images de son esprit. Le pire, c'était qu'il n'arrivait pas à poser de mots dessus. Et il n'arrivait pas non plus à dire si le mal-être spontané qui lui tordait les tripes valait comme messager d'une bonne ou d'une mauvaise cause. Pourquoi.est-ce-que.tu.l'as.appelée. Abruti. Un bruit sourd, mélange de grommellement et de grognement, reprit de plus belle. Romeo dans toute sa splendeur et sa magnificence. Arrête de penser. Arrête d'y penser. Normalement, il était son propre maître comme son propre esclave, parallèle assez perturbant de sa personnalité et sa nature qui l'étaient encore plus. Mais là, il se sentait étrangement spectateur. Incapable de tout, incapable de rien. Un spectateur, une foule pour regarder les jeux dans les arènes. Il n'avait aucun contrôle sur sa vie, et après plus de trente ans à s'en persuader, il ne l'avait compris qu'assez récemment, au final.

Trois petits coups, donnés contre la porte. Il en sursauta. Putain de merde. Le temps passait-il donc si vite que ça ? Un vieux sentiment désagréable collé à la peau. Il se perdait bien trop facilement, dites-moi. Et les minutes lui étaient secondes, et les jours filaient comme des heures. Incroyable de voir comment le temps ne fonctionnait jamais correctement. Il passait toujours trop vite ou bien beaucoup trop lentement. Jamais dans la bonne mesure, jamais dans le bon dosage. Mais ça ne se contrôlait pas, ça non plus. Enfin, si, un peu. Mais pas dans ce sens-là. Romeo se releva, calmement. Même si on la sentait, au fond, en lui, dans chacune des molécules de son être, cette tension contenue. Il avait autant envie d'ouvrir cette porte que d'aller se pendre. Il avait autant besoin d'ouvrir cette porte que d'inspirer et expirer. Alors, il en résultait quoi donc ? Un regard à son bandage, à cette tâche au milieu de ce blanc immaculé, cet intrus rouge, et la petite boule de peur qui revenait pousser un minuscule cri strident, là, au fond de lui. Il déglutit, serra les dents. Viens donc traîner des pieds à mes côtés, viens donc grogner tout ton mécontentement en sachant pertinemment que tu le veux, ouvrir cette porte, la voir, elle, sur ton palier. Allez, encore un petit effort. La clé est dans la serrure. Ah, ça... C'est vrai que depuis ce qu'il s'est passé, il passe son temps à se demander si il vaut mieux fermer à clé ou non. D'un côté, si la porte est verrouillée, on aura déjà plus de mal à rentrer chez lui. De l'autre, si la porte est ouverte, des secours éventuels n'auraient pas de mal à pénétrer dans l'appartement et venir porter leur aide. C'est chiant, ce genre de dilemme. Parce que du coup on sait jamais vraiment quoi faire, même après des heures de réflexion intensive. Et Romeo, il en avait, du temps, pour réfléchir. Ses doigts se posent pour une main sur la poignée, pour une autre sur la clé. Et il débloque l'engrenage, et il ouvre la porte au moment précis où il sent qu'on la pousse. Légère surprise alors qu'il se retrouvait vraiment avec Maggie sous le nez. Il recula promptement, instinctivement, l'envie de se la prendre en plein torse bien loin de lui. Génial. Parfait. Il commençait déjà à se répandre en grognements de désapprobation avant même qu'elle ne se soit excusée. Mais les excuses vinrent, justement, en même temps qu'elle se reculait et lâchait la poignée de la porte que Romeo, de son côté, serrait toujours d'une main. Une seconde à peine qu'elle est dans son champ de vision, qu'elle est rentrée dans un périmètre relativement raisonnable voire restreint autour de lui, et déjà elle est honteuse. L'effet Maggeo est très efficace et rapide, on vous le dit. « Fais un peu gaffe, pour une fois, Maggie. La porte est toute neuve. » On ne sait même pas d'où ça sort, d'où ça lui vient. Ah, si. Ce masque qui retombe à moitié sur son visage, ce bardage intensif. C'est sa coquille d'offensive en défensive. Parce que la meilleure défense c'est l'attaque, et qu'on est jamais mieux servi que par soi-même. Et puis, c'est vrai. la porte, elle a été changé rapidement après... "l'incident". Les walkers l'avaient défoncée et sortie de ses gonds sans vergognes. Ouch. Arrête d'y penser, putain. Et voilà, il est tendu et mumble comme il sait bien le faire. Lincoln relève ses yeux vers lui, ses yeux de biche, perles chocolatées. Et le grand blond, il la regarde un peu avec méfiance. Le film se déroule en filigrane de son esprit, arrière-plan suffoquant et douloureux. Rien que la voir, c'est y penser. Et il n'arrive plus du tout à comprendre comment penser, à quoi penser.

Au moins, sa petite voix fluette le ramène un peu à la réalité. Même si elle est grognante et frustrée. Romeo déglutit, refermant d'abord sans un mot et un regard la porte d'entrée. En même temps, c'est lui qui l'avait cherché. « ... J'ai un peu forcé. » Oh mais que vois-je, qu'entends-je ? Il a enfin relâché sa porte, a planté ses poings dans les poches de son pantalon, et a marmonné sa réponse et regardant ailleurs... Et vers le parquet. Il n'assume pas ? Oui, en effet. Il n'assume pas d'avoir besoin d'elle. Il n'assumerait jamais quoique ce soit. Encore un flash, image de son exquise chute fusant dans son crâne. Le regard paumé qu'il lui lance, après avoir défoncé à coups de rangers et sans aucune vergogne le visage d'un homme, le crâne d'un homme, la vie d'un homme. Il relève le regard vers elle. L'oeil appuyé. Et il marmonne encore. Il ne sait faire que ça, au fond. Marmonner, faire le con, marmonner, taper quelqu'un, marmonner, se faire mal, marmonner, ne pas assumer... C'est un cercle sans fin dans lequel il a inscrit sa ronde constante.

Bon. Au moins, il a réussi à dire quelque chose. Plus ou moins. Il tira sa tête de Romeo pas content et agacé, et il ne sait pas encore si il arrive, si il peut, la regarder dignement dans les yeux, mais il a dit quelque chose. C'est déjà ça.
Revenir en haut Aller en bas
Maggie A. Lincoln

Maggie A. Lincoln
♙ why do we fall ?
(admin)



→ Messages : 369


only god forgives ☨ MAGGEO Empty
MessageSujet: Re: only god forgives ☨ MAGGEO   only god forgives ☨ MAGGEO I_icon_minitimeLun 8 Avr - 14:36


If you could would you go back to the stars ?


Il lui suffisait d’attendre. Mais non. Comme toujours, en particulier lorsqu’il s’agissait de Romeo, elle en était incapable. Elle avait ouvert cette porte, en même temps que lui, et était tombée nez à nez avec l’ancien Looper. Aussitôt, l’un comme l’autre avaient reculé. Et Maggie se sentait idiote. D’autant plus avec la remarque du jeune homme. En réalité, elle aurait aimé disparaître. Et ne savait d’ailleurs pas ce qui l’avait amenée à se rendre ici. Songer à Romeo lui faisait mal, et ne faisait qu’accroître ses cauchemars, ses mauvais rêves, ses peurs et ses larmes. Alors, elle fermait les yeux, fuyait son regard. Écoutait ses sarcasmes, et tentait à tout prix d’éloigner les images et la douleur de ses mauvais songes. Elle ne savait même plus ce qu’elle voulait. S’occuper de lui, s’occuper d’elle. Être lovée dans les bras chauds de Blake, le seul capable de mettre fin à tout cela. D’un autre côté, elle était persuadée qu’après de Romeo, elle n’aurait aucun mal à être davantage apaisée. Ou peut-être n’en serait-elle que plus troublée. Elle ne savait pas, elle ne savait plus. Peut-être était-ce là ce sentiment de ne jamais rien avoir su. Elle était perdue. Ses paupières se refermèrent lentement alors qu’elle l’écoutait, et qu’elle détournait le regard. Elle ne l’avait pas vu depuis quelques temps. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de toujours autant souffrir. Elle avait envie de se laver les mains. Comme si tout ce sang n’était pas encore parti. Comme si tuer un homme avait provoqué une trace indélébile sur ses paumes si douces à la texture si veloutée. Sa peau fine et blanche, ses longs doigts si délicats… Souillés. Elle avait développé cette tendance à se laver trois fois plus les mains que d’ordinaire, comme pour essayer de se débarrasser de ce meurtre. Elle ne voulait plus jamais avoir le sang de Romeo sur les mains. Ni le sang de qui que ce soit d’autre. Elle s’était parfois prise à penser qu’elle aurait voulu ne jamais le revoir. S’isoler de lui, se couper du monde, et l’oublier. Ce mal qu’il avait pu lui faire régulièrement, et ce cœur qu’il avait pu briser ce jour-là. La mort. Elle l’avait vue, elle l’avait ressentie. Elle l’avait prise dans ses bras. Tout comme Romeo. Souvenirs. Ses mains dans ses cheveux blonds, ce regard perdu ancré dans le sien. Par réflexe, elle relève la tête, cherchant ces prunelles si bleues. Mais il la fuit. Comme elle le fera sûrement par la suite. Son cœur se serre, tandis qu’elle fait quelques pas, rentrant dans l’appartement avant qu’il ne referme la porte derrière elle. Elle s’écarte, prudente. Elle ne veut pas le toucher. Elle ne veut pas qu’il la repousse. Au fond, que veut-elle ? Des choses impossibles. Que Blake soit là. Que Romeo l’empêche de culpabiliser, et la prenne dans ses bras. Impossible. Elle est livrée à elle-même, comme d’ordinaire.

Lentement, elle ramène ses cheveux derrière son oreille, et lève les yeux vers le jeune homme. Il a repris la parole. Les mains enfoncées dans les poches de son jean. Il a l’air honteux. Pas très fier de ce qu’il a fait. Et lorsque les mots qu’il prononce arrivent jusqu’au cerveau de Maggie, elle comprend pourquoi. Lentement, elle le détaille. Et elle voit ce qu’elle aurait dû remarquer, déjà. Ses cheveux mouillés, collant doucement à son visage. Son torse nu, bien que très largement recouvert de ce bandage blanc. Son allure piteuse. Et, ses yeux chocolat se baissent. Se déposent sur la petite tache rouge qui apparaît lentement sur les bandes pâles. La tête de Maggie lui tourne. Du sang. Elle inspire lentement, contrôlant au mieux sa respiration. Ne panique pas, ma belle. Ce n’est que du sang. Tu en as vu d’autres. Lentement, un fin sourire étira ses lèvres. Triste. Fataliste. Elle est chez Romeo. Et… Elle déteste la pièce dans laquelle il se trouve. Celle qui a vu la mort de deux hommes, celle dans laquelle Marw a failli y rester. Brièvement, elle ferme les yeux, à nouveau. Comme si elle cherchait une pensée, comme si elle essayait de trouver quelque chose. Le calme, la sérénité. Voilà ce qu’elle voulait. Voilà ce qui lui était impossible d’avoir. Comme tant d’autre chose.

Et finalement, ce regard. Les yeux de Romeo dans les siens, pour un temps. La douleur, l’envie de fondre en larmes dans ses bras. Parce qu’il est le seul à avoir partagé ce cauchemar. Parce qu’au fond, ça lui fait mal à Maggie, d’être auprès de lui. Elle se sent coupable de ce qui s’est passé, définitivement. Mais d’un autre côté, elle ne peut pas s’en empêcher. Elle n’est pas assez forte. Il va encore se moquer d’elle, la faire pleurer. Parce qu’il paraît totalement naturel que ce qui s’est passé n’a rien changé… Dans les apparences. Ou presque. Ce jeu dans lequel ils excellaient tous deux. Mais malgré cela, elle avait besoin d’être près de lui. De savoir qu’il allait bien… Ou du moins pas trop mal. S’il l’attaquait, c’était qu’il était à peu près dans son état normal… Elle soupirait, se tortillait les doigts en le regardant. Et finalement, secoua la tête, en baissant les yeux, une petite moue contrariée sur les lèvres. Il était irrécupérable. Les médecins lui avaient dit de ne pas trop s’agiter, de se ménager. Mais dans un sens, elle n’était presque pas étonnée. Demander à Marw d’arrêter de s’agiter, ç’aurait été comme lui demander à elle d’arrêter de toujours s’affairer partout. Lui demander d’arrêter l’effort, c’était comme demander à Maggie d’arrêter de fouiner et de vouloir aider. Impossible, contre-nature. Chassez le naturel, il revient au galop. Elle aurait dû lui en vouloir, de ne pas écouter les médecins, de n’en faire qu’à sa tête. Mais elle n’y arrivait pas. Elle le comprenait. Elle le connaissait, un peu, même s’il faisait tout pour le dissimuler, et pour paraître inaccessible. Alors voilà. Elle souriait. Elle était contente que ce soit elle qu’il ait appelée, même s’il se doutait qu’il n’était pas des plus ravis de la voir. C’était difficile. Si difficile. Détester quelqu’un, et avoir désespérément besoin de lui. Le haïr, mais ne pas pouvoir s’en passer, dans un certain sens. Être inexorablement attiré. Le besoin de se sentir aimé, choyé. Elle ferme les yeux, et elle revoit tout. Le regard perdu de Romeo, ses spasmes léger, alors qu’il perd son sang. Elle a l’impression de sentir sa peau, son parfum. De ressentir sa chaleur. Et lui meurt. Lentement, mais sûrement. Son sang coule entre leurs deux mains jointes, et pressées. Pour la première fois, leur contact n’était pas mauvais. Leur contact était voulu. Rassurant, apaisant. Et la voix de Maggie le berce. La voix de Maggie le calme. Il doit se détendre. Il ne doit pas mourir. Il est mort. Ses cheveux blonds, elle les voit. Ils sont loin. Trop loin. Le poignard est entre ses côtes à elle, maintenant. Et son assassin… Son assassin a une odeur qu’elle ne connaît que trop bien.

Brutalement, elle rouvrit les yeux, comme sortant d’un songe. Elle ne pouvait pas rester à rien faire, elle ne pouvait pas rester là, plantée comme une conne, à ressasser des rêves et des souvenirs. Ses cauchemars étaient toujours similaires, d’un côté. Romeo finissait toujours par mourir. Puis par l’emmener dans la mort, de la même manière que lui avait trépassé. C’était ainsi. Dans tous les lieux, dans toutes les formes. Mais toujours la même chose. Pourtant elle n’avait pas peur de lui. La seule chose dont elle avait peur était d’elle-même, désormais. Elle était la seule responsable de ce désastre, et ne pouvait que se blâmer. Elle ne devait pas rester là, à le regarder avec ce petit sourire triste, et profondément blessé. Seules cinq pauvres secondes s’étaient écoulées depuis qu’il avait parlé, tout au plus. Mais c’était déjà trop long. « Je vois… » Lentement, les doigts fins de Maggie se posèrent sur l’avant-bras de Romeo, alors qu’elle esquissait quelques pas vers leur salon. Une autre pièce. Mais pas ici. Sa peau effleura celle de Romeo, avant de la toucher plus franchement. Mais, presque aussitôt, elle retira ses doigts. De peur qu’il la chasse, de peur qu’il ne se vexe. De peur de lui faire mal, de peur d’être rejetée. Elle n’a pas à polluer son espace vital. Pas de la sorte. Ses pas s’arrêtent, elle le regarde d’un air un peu gêné. Pour qui s’est-elle prise, à vouloir faire comme si elle était chez elle ? Elle passe ses cheveux derrière son oreille, et le regarde, doucement. « Tu me montres ça ? » Voix douce, petit sourire. Elle a caché ses mains dans ses poches, elle aussi. Les poches de son pull trop doux. Elle sourit, et relève finalement les yeux vers Romeo. Elle aurait bien aimé être magicienne. Lui permettre de pouvoir faire ce qu’il voulait, sans être obligé de passer par la case soins. Elle aurait voulu qu’il l’apprécie. Elle aurait voulu avoir sa place quelque part, et ne pas sans cesse se trouver mal en sa présence. Tout simplement.

Des tas de questions lui traversent l’esprit, mais rien ne vient franchir ses lèvres fines et rosées. Elle se sent mal, et en même temps, elle a l’impression d’aller un petit peu mieux. Elle redoute déjà le moment où il enlèvera son bandage, pourtant. Si le sang est passé au travers, c’était qu’il avait réellement forcé. Et qu’elle allait sûrement découvrir un point sauté, voire deux, peut-être. Elle appréhendait. Mais en fin de compte, n’y pouvait juste rien. Le mal était fait. Et c’était elle qu’il avait appelée pour réparer. Pas vraiment de bon cœur, très certainement. Mais tout de même. Elle le regardait toujours, fuyant son regard pour s’intéresser au reste de sa personne. Ses cheveux, son nez, ses lèvres, sa peau. N’importe quoi. Mais pas son regard. Ni le sol. La lâcheté, sans réellement l’être. Elle essayait simplement de rester à sa place, sans réellement savoir où celle-ci se trouvait. Marw ne l’aimait pas. À la détester, tout en implorant son aide. À la fuir tout en l’appelant timidement. Il était versatile. Paradoxal. Tout autant qu’elle pouvait l’être. Au final, ils n’étaient pas mieux lotis l’un que l’autre. Pourtant, elle restait à le regarder. Sans oser faire comme chez elle. Sans oser l’approcher de trop. Elle le regardait. Simplement. Il ne serait probablement jamais réellement gentil avec elle. Pas comme elle en avait besoin. Mais au fond, elle avait appris à l’apprécier comme cela. Comme il était.

Alors oui. Elle restait là. Et elle n’avait pas l’intention de partir. Parce que tout aussi gênée qu’elle soit en sa présence, toute aussi introuvable que soit sa place aux côtés de Marw, elle avait cette petite vérité au fond d’elle qui ne lui laissait pas d’autre choix que d’attendre, le regarder, et lui sourire. Romeo faisait partie de sa vie. Et elle aussi, avait besoin de lui.
Revenir en haut Aller en bas
Romeo

Romeo "Marw" Hastings
betrayal it's in the blood



→ Messages : 84


only god forgives ☨ MAGGEO Empty
MessageSujet: Re: only god forgives ☨ MAGGEO   only god forgives ☨ MAGGEO I_icon_minitimeVen 12 Avr - 16:00




we're survivors. we control the fear. and without the fear, we are all as good as dead. do you understand ? - do you ?

only god forgives.

Romeo s'était toujours persuadé qu'il n'aimait personne, et que personne ne l'aimait. À part quelques exceptions qui portaient alors le taux de personnes avec qui il partageait une relation virant dans le rouge s'abaissait à un pourcentage d'environ quatre-vingt dix-neuf pour cent. Un coefficient suffisamment élevé, oui, pour faire de cette règle une généralité. Mais c'était exclure Maggie. Le facteur Maggie. Une donnée inconnue qui faussait tous les calculs et remettait en cause bien plus d'une théorie. La Lincoln, Marw se l'était juré, n'était pas son ami. Il ne l'aimait pas. Elle lui tapait sur les nerfs. Elle lui avait sauvé la vie. Et voilà comment le facteur Maggie intervenait dans l'équation. En venant rajouter quelques inconnues en plus pour compliquer le calcul et rendre plus ardue la quête du résultat de l'opération. Maggie. Il était impossible même de désormais savoir si elle était négative ou positive. Parce que l'incident avait bousculé et mis à plat tout le théorème du Hastings. Il avait eu plus d'une heure ou deux pour réfléchir devant sa copie, après les faits, alors qu'il était alité et qu'on l'empêchait avec fermeté de bouger de là, prison de draps ridicule en comparaison à son prisonnier. Mais il avait fait feuille blanche, blanche comme les linges et les murs de sa chambre d'hôpital. Maggie Lincoln, c'était un problème qu'il n'arrivait pas à résoudre. Peut-être que les maths n'avaient jamais été son point fort, peut-être que les études tout court non plus, mais en général, ce genre d'énoncé, il arrivait à le décortiquer et y trouver la solution en deux temps trois mouvements. Raté. Contrôle non révisé et sans antisèches, il avait juste marqué son nom et son prénom sur la feuille avant de quitter en toute hâte la salle d'examen. On n'aurait qu'à lui rendre un zéro pointé écrit à l'encre rouge sang.. Comme cette jolie petite tâche qui faisait son nid au milieu de ses bandages. La couleur qui l'avait poussé avec plus ou moins de bonheur et de grâce à décrocher le combiné et composer le numéro de celle qui était censée être son emmerdeuse numéro un. Sa victime primaire, aussi. Il grommelait. Et il fuyait. La tête dans les nuages, mais des nuages d'un orage qui menaçait et se contenait, Romeo arriva enfin à dire le pourquoi du comment. Enfin, pas exactement. Pourquoi il l'avait appelée ? Fait. Comment il s'était fait ça ? Probable qu'il n'y ait pas besoin de faire un dessin à la jeune femme. De toute façon, il aurait fallu alors qu'elle lui tire les vers du nez. Si c'était possible, du moins. Il n'assumait pas, c'était un fait qui sautait aux yeux, qui sautait au nez, mais ce n'était pas pour autant qu'il allait l'avouer, se l'avouer. Un orgueil bien trop marqué et masculin. Ainsi Marw était-il fait. Et, on le savait, on composait avec ce qu'on pouvait, dans ce genre de situations. Le parquet de l'appartement bien taillé des deux loopers. (Pouvait-on utiliser le mot couple, à ce stade ? La question restait en suspend, changeons donc de sujet et revenons à la situation principale et initiale.) Le parquet, donc. Il devait avoir quelque chose d'excessivement intéressant et fascinant, quelque chose qui valait presque le coup de le sauver plus que l'humanité, vu la façon et l'attention avec laquelle Romeo s'appliquait à le regarder. Et rien d'autres, à cette seconde précise. Et personne d'autres, à cet instant-là. Il grognait, il grommelait. Mumbles everywhere pour un homme qui n'était pas ravi de se retrouver dans une situation où il ne se sentait toujours pas, au fond et au final, l'être dominant la conversation et l'action.

Regarde ailleurs, mais surtout pas par là. Regarde ailleurs, et surtout pas dans ses yeux. Une litanie incessante qui tourbillonnait et tournoyait en boucle, encore et encore, incessante, dans le crâne du blessé du jour. Le temps semblait s'éterniser et les fractions même des secondes devenir des heures entières. Et depuis combien de temps lui avait-il avoué sa peine ? Ah. Seulement cinq secondes, dites-vous ? Hm. Enfin, la Lincoln lui répondait-elle, évasive. Oui, elle voyait. Tant mieux pour elle qu'elle ne soit pas aveugle. Des remarques acerbes que Romeo s'était pris à garder pour lui. Il préférait marmonner. Pourquoi ? Allez demander au service d'accueil, on vous re-dirige sur un autre standard.. BIIIIIP. Enfin vous voyez le genre. La réponse, peut-être qu'un jour on l'aurait de vive voix, d'ici un ou deux millénaires si tout allait bien. Des explications, venant de l'ancien looper, c'était un peu comme une chimère, une légende. Un mythe total. On racontait, on racontait, mais on en avait jamais vraiment vu ne serait-ce que l'ombre ou la silhouette. Mais si seulement on s'en était arrêté là... Le contact surprit plus Romeo qu'il ne s'y attendait. C'était pas grand-chose. Le bout des doigts d'une femme délicate qui effleuraient la peau de son avant-bras. Mais ça suffit pour lui faire relever le visage. Comme quoi, il n'y avait pas besoin de grand-chose, au final, pour qu'il arrête de faire sa sourde oreille. Elle s'éloignait déjà, petits pas vers leur salon. Et Hastings battait des paupières, stoïque et droit comme un i alors qu'il la regardait faire. Même lui devait se persuader de la chose. Elle venait de le toucher. En général, c'était pas le genre de choses qui dérangeaient entre eux les êtres humains. mais on ne parlait pas de n'importe quels représentants de l'espèce, attention. C'était Romeo et Maggie, c'était tout autre chose. Et à vrai dire, qu'elle le touche, vu leur lien initial et ce qu'il s'était passé la dernière fois qu'elle avait foulé le sol de cet appartement, sans qu'il n'esquisse un geste, une remarque, relevait peut-être bien du miracle total. Il s'était pris un coup de poignard à cause d'elle. Elle lui avait causé une brûlure monstrueuse qui n'avait pas aidé les chirurgiens quand ils avaient voulu refermer les plaies, ses plaies... Il avait tué pour elle. Et voilà. Le facteur Maggie, de retour dans toute sa splendeur. Une nouvelle façon de voir le Hastings + Lincoln qui avait du mal à passer avec le premier membre du calcul.

Elle s'était arrêtée. Et il fallait décidément qu'il arrête de penser de façon constate. Plus facile à dire qu'à faire. Il avait du mal à se vider le crâne, depuis quelque temps. Il n'y était jamais vraiment arrivé autrement qu'en se défoulant, pour vous avouer la vérité. Et voyez le résultat, le beau résultat. Enfin bref. Serrant un petit peu les mâchoires, presque sans s'en rendre compte, tout naturellement, il arrêta de la regarder. C'en aurait été gênant, à force. Et il passa devant elle. Ah, il ne lui avait donné aucune réponse claire, nette et précise ? Il avait marmonné et avait bougé de sa place. Désolé, mais dans le langage de Romeo, ça voulait tout dire. Il se résignait à dire oui, puisque, au bout du compte, c'était juste un peu lui qui avait appelé pour qu'elle soit là. Qu'on ne l'oublie pas, ça. Et dans une autre série de marmonnements et mumbles en tout genre assez indistincts, il laissait à la Lincoln la guise de comprendre qu'elle n'avait qu'à le suivre. Peut-être qu'un jour, on inventerait un dictionnaire ou un décodeur, quelque chose du genre, et que tous ces grognements que pouvait faire Marw quand il n'était pas à son aise trouveraient une résonance au commun du mortel... Mais nous nous égarons.

Romeo, arrivant dans le salon, se mordit sans en prendre conscience la lèvre inférieure, l'espace d'un instant, et continua de traîner des pieds jusqu'à se laisser tomber dans le canapé. Délicatesse, mon vieux. Dé-li-ca-tesse. Il faudrait peut-être qu'un jour il imprime ce mot et le fasse vraiment rentrer dans son vocabulaire. Et ça serait bénéfique, vraiment. Et pas seulement que pour lui. Il déglutit, assis au bord du canapé, penché en avant, coudes appuyés sur les genoux, et regarda encore un peu ce si merveilleux parquet avant de relever ses grands yeux bleus vers la personne probablement la plus douce de toute la ville. Il voulait bien lui montrer, mais y'avait juste un détail à ne pas négliger. « Je peux pas enlever mon bandage tout seul. » Un aveu d'une voix sourde, marmonnement alors qu'il baissait les yeux et regardait ses mains, caleuses de tant servir à frapper. En règle générale, c'était son colocataire qui lui refaisait son pansement et appliquait les consignes de soin. Sonny faisait une excellente infirmière. Mais mieux ne valait pas penser à ça à ce moment-là, ce n'était pas le sujet. Oui. Il fallait donc comprendre qu'elle allait devoir enlever son costume de momie à Romeo, en plus de ça. Pauvre Maggie. Il faudrait qu'elle garde le coeur bien accroché, tout de même. Un coup de poignard, allant jusqu'à toucher des organes vitaux, serti d'une brûlure équivoque, le tout suturé avec dextérité, ça pouvait en dégoûter plus d'un. Et en considérant que si Romeo saignait, c'était sûrement parce qu'un point ou deux n'avaient pas tenu face à sa petite séance de défoulement en compagnie de son sac de frappe bourré de sable, la liste des gens qui seraient prêts à se porter volontaire pour aller de bon coeur s'occuper de sa blessure s'amenuisait encore davantage. Enfin bref. Romeo n'en rajouterait pas plus qu'il ne fallait, désormais. Et les regards destinés à la jeune femme, il les lançait avec discrétion, à la dérobée. Non, il n'arrivait plus à la fixer dans le fond des pupilles, dans le fond de son âme. La faute à toutes ces conneries. Cet événement avait considérablement ébranlé Marw, même si parfois il n'en montrait rien. Touché au coeur, touché à mort. Il n'était pas un héros, il n'était qu'un pauvre être humain. Comme tout le monde, comme nous autres. Mais ça, ça ne résonnait pas pareil pour lui que pour nous. Non non. Il s'était toujours placé au-dessus de tout. Au-dessus des lois, au-dessus des sentiments, au-dessus des autres. C'était bête, mais à force de monter les étages, de se percher plus haut, toujours plus haut, pour dominer le monde... La descente était plus abrupte. La chute était plus douloureuse. Flirter avec les anges, quand on avait plus des attributs des démons, ça vous coûtait bien quelques plumes au bout du compte.
Revenir en haut Aller en bas
Maggie A. Lincoln

Maggie A. Lincoln
♙ why do we fall ?
(admin)



→ Messages : 369


only god forgives ☨ MAGGEO Empty
MessageSujet: Re: only god forgives ☨ MAGGEO   only god forgives ☨ MAGGEO I_icon_minitimeSam 27 Avr - 12:36


Always know where you are.


Le toucher. Elle l’avait touché. Bon sang, mais qu’est-ce qui lui avait pris ? Elle n’était pas sans savoir que Romeo détestait le contact. Que Romeo détestait son contact. Que Romeo la détestait tout court, bordel. Il ne l’avait jamais portée dans son cœur ; quoiqu’elle fasse, il la rabrouait, quoiqu’elle dise, il protestait. Ils étaient les deux pôles d’un aimant. Deux pôles différents, qui auraient tout eu pour se repousser, mais qui s’attiraient. Ou deux pôles identiques, qui auraient dû se rapprocher et s’attirer, mais qui se repoussaient, sous la gouverne des lois de la physique. Ils étaient indescriptibles. Et rien ne pourrait certainement jamais percer le mystère de cette relation, océan complexe et noir, au champ de vision si restreint qu’il était impossible de savoir si un requin vous attendait un mètre plus loin, ou si vous seriez encore et toujours dans le grand bleu, à nager sans vous arrêter. Un tissu complexe de sentiments, impossible à démêler. Il la haïssait. S’était accroché désespérément à elle, et blotti contre son torse frêle lorsque la mort avait voulu l’emmener. Elle le détestait. Elle s’était empressée de glisser sa main dans ses cheveux blonds quand il avait eu besoin de son aide, empressée de lui dire des mots doux pour le rassurer et l’apaiser. Il se retenait de la gifler, chaque fois qu’il la voyait. Ses doigts s’étaient accrochés aux siens, et les avait serrés. Pour s’échapper, pour se sauver de là. De l’étreinte de la Faucheuse. Il la faisait pleurer, chaque putain de fois qu’elle posait les yeux sur lui. Et elle lui avait dit qu’elle l’aimait. Comme une mère, comme un petit esprit protecteur. Comme un ange gardien qui aurait veillé sur lui, quoiqu’il arrive et en toutes circonstances. Romeo ne voulait pas d’un ange. Peut-être jugeait-il qu’il n’en avait pas besoin. Que ses mains étaient souillées de sang, bien trop pour mériter une telle attention. Que rien ne pourrait plus le sauver, que l’enfer lui ouvrait d’ores et déjà ses portes, et que seul le démon l’attendait. Pourtant, il n’y avait pas de démon, hormis celui qu’il contenait au fond de son âme, folie meurtrière et dévastatrice qui s’était imprimée dans l’esprit de la petite Lincoln comme une évidence. Mais pas d’autre créature du diable. Juste un ange. Un ange qui n’avait rien d’un poupon blond. Une simple petite poupée brune, aux grands yeux chocolatés, au sourire doux et maternel qui se faisait pourtant si rare depuis quelques temps. Il avait un ange, et il n’en voulait pas. Il avait un ange et lui crachait dessus, le repoussait et le maltraitait. Mais il ne pouvait s’en défaire. Elle était là. Elle resterait là. Petit esprit protecteur et avenant. Petite mère, comme il n’en avait jamais eue. Il ne voulait pas de cette affection. Pourtant, il l’avait. Il l’avait, et aujourd’hui, pour la seconde fois en si peu de temps, il la réclamait. Bien que ce soit en grognant et en grommelant. La dernière fois, c’était en agonisant et en pleurant. Elle préférait ses mumbles habituels. Au moins, il allait bien. Ce n’était qu’un demi instant de faiblesse, qu’il s’empresserait de dissimuler derrière des mauvaises paroles et des mauvaises intentions. Comme chaque fois qu’il l’apercevait. Peut-être qu’elle pleurerait. Encore une fois. Elle s’y était faite, à force. Et c’était ainsi qu’elle l’appréciait. Peut-être plus encore qu’elle ne pouvait le haïr. Masochisme, si on voulait. Il l’avait déjà décrite comme telle. Peut-être avait-il raison, plus que de nature. Mais c’était son devoir. Le devoir d’un ange, de veiller sur son protégé. Elle ne le lâcherait pas. Pas comme cela. Parce que c’est trop facile, d’aider quelqu’un, et d’arrêter quand ça devient un peu plus dur.

Une nouvelle fois, il marmonna, lui passant devant. Il l’emmenait dans le salon. Un peu plus assurée, elle lui emboîta le pas, silencieuse et discrète. Elle se recroquevillait sur elle-même, pauvre silhouette blessée par la vie, et inquiète de bouleverser quoique ce soit dans cet appartement. Elle y avait suffisamment traîné. Elle l’avait suffisamment sali de sang, et fait bien assez de dégâts. Mais elle le suivi. Dans le salon. Elle le regarda s’asseoir sur le canapé, et s’approcha encore, sans oser faire de même. Sans oser briser cette barrière de sécurité qu’il érigeait toujours autour de lui, cet espace vital dont, aujourd’hui, elle avait tout autant besoin que lui. Envers tout le monde. Même Blake, parfois. Pourtant, envers Marw, c’était différent. L’approcher, c’était avoir la certitude qu’il la repousserait. Ou presque. Elle s’était faite à l’idée. Sans se rendre compte que s’il pénétrait dans son espace vital, elle ne l’en repousserait pas. Pas comme toutes ces personnes qui agitaient les rues grouillantes de Londres, même pas comme celui qui partageait son appartement. Elle les aurait tous fuis. Tous, sauf lui. Le paradoxe. Il les définissait. Il les rendait ce qu’ils étaient. Deux individus qui se repoussaient en s’attirant, inexorablement, et indéfiniment. Elle ne s’était pas habituée. On ne s’habituait jamais vraiment. Mais au final, elle l’acceptait. Cette idée du complexe. Cette idée que leur relation était un ensemble de variables mathématiques en perpétuelle évolution, en perpétuel changement. Comment résoudre une équation, si tous les paramètres fluctuent sans arrêt ? Si aucun n’est défini, si aucun n’est stable ? Comment s’en sortir, si le sol se dérobe sous nos pieds, sans arrêt, si l’on tombe continuellement sans avoir la moindre prise à laquelle se raccrocher ? On ne peut pas. La seule chose que l’on puisse faire, c’est accepter l’idée de ne rien contrôler. Elle avait accouru pour l’aider. Elle avait foncé dans un tunnel noir et non éclairé, ne sachant ce qu’elle découvrirait à l’autre bout. Et alors ? Il avait besoin d’elle. Et c’était réellement la seule chose qui comptait.

Il lui jetait des regards à la dérobée, enfant coupable de ce qu’il avait fait, incapable de croiser son regard plus longtemps qu’une simple fraction de seconde. Il la regardait en coin, irrégulièrement, parfois souvent, parfois pas du tout. Elle le fixait, elle. Ou tout du moins, c’était ce qu’il paraissait. Elle ne le regardait pas vraiment. Le voyait sans le voir. Elle l’avait écouté, et bel et bien entendu. Elle s’était d’ailleurs approchée, s’asseyant sur le canapé, à une distance bien raisonnable de lui. Trop loin pour l’aider à défaire son bandage. Mais elle n’allait pas immédiatement attraper les bandes fines, et les défaire. Ç’aurait été se précipiter sur Marw, ç’aurait été se faire repousser, et grogner dessus. Elle avait son instinct de conservation, son instinct de survie. Et ils lui disaient d’être aussi prudente que d’ordinaire. Elle ramena doucement ses cheveux en arrière, laissant quelques mots s’échapper d’entre ses lèvres, un léger sourire doux flottant sur celles-ci. « Je vais t’aider. » Ouais, merci Maggie de nous éclairer sur ce point encore si obscur dans notre esprit. Bien sûr qu’elle allait l’aider. Et puis quoi encore. Le laisser crever alors que des points de suture avaient sûrement sauté ? Non. Elle allait l’aider. Lentement, elle retroussa les manches de son pull, avant de frotter ses doigts les uns contre les autres. « Tu permets ? » Pourquoi diable demander la permission, alors qu’il venait juste de la lui donner ? L’esprit Maggie, sa logique complètement illogique. Il vient un moment où on cesse de chercher à comprendre, vous savez. On l’accepte. Et on fait avec. Doucement, elle s’approcha, glissant sur le canapé pour arriver juste à côté de lui. Le cœur un peu battant, la gorge un peu nouée. Cette proximité la gênait ; quel mal y avait-il à l’admettre ? Elle avait toujours peur qu’il la repousse, peur qu’il ne lui fasse du mal. Et en même temps, elle appréciait être à ses côtés. Proche de lui. Aussi stupide que cela puisse paraître, elle se sentait autant en sécurité qu’en danger. Foutus paradoxes.

Lentement, ses doigts se posèrent sur le bandage, le scrutant du bout des phalanges. Elle cherchait par où commencer à défaire. Sans lui faire de mal. Sans penser à quoique ce soit d’autre qu’à le débarrasser de cela. Ou au contraire à penser à tellement d’autres choses que seul l’objectif d’ôter cette enveloppe de momie ressortait nettement du tas confus de ses idées. Elle ne cillait pas, continuant de tâtonner, avant d’enfin saisir le bout d’une bandelette. N’allez pas croire qu’elle le tripotait, tout de même. Esprits mal placés. Elle posa doucement sa main sur l’épaule de Romeo, commençant lentement mais sûrement à ôter le pansement enveloppant son torse. « Ne bouge pas … » murmura-t-elle doucement. Tout doucement. Ce mince filet d’air sortant d’entre ses lèvres rosées, ce petit chuchotis alors qu’elle ne le regardait même pas. Elle défaisait doucement, aussi délicate que dans tout ce qu’elle entreprenait. Chaque fois qu’elle arrivait au niveau des côtes, elle redoublait d’attention, que ce soit du côté de la blessure, ou de l’autre. Os brisés, silhouette désarticulée. Elle essayait d’ignoraient les flashs qui s’imposaient dans son esprit, désagréables images d’un cauchemar pourtant terminé. « Surtout si je te fais mal tu me le dis, hein … » Petite voix piteuse. La simple idée de faire souffrir Romeo la répugnait. Mais n’ayant pas d’anesthésiant à portée de main, il risquait d’avoir mal, quoiqu’elle puisse faire, quoiqu’elle puisse toucher. C’était stupide, d’avoir dit ça. Profondément stupide. Mais il comprendrait. Lui ne l’était pas. Elle se leva quelque peu, calant une jambe son son petit corps pour être surélevée. Il était grand ; plus qu’elle, tout du moins. Elle se courbait, faisait passer ses bras autour du petit torse de Romeo, se cambrait pour attraper les bandelettes qui revenaient dans son dos, le touchant le moins possible, l’envahissant du moins qu’elle pouvait. L’effleurant, devenant bien plus attentive lorsqu’elle approchait de points sensibles. Elle découvrait les bleus, les cicatrices. Son cœur se serrait à chaque nouvelle marbrure bleutée apparaissant sous les bandages, sur la peau de Marw. Elle ne disait plus rien, finissait son travail. Lorsqu’enfin toutes les bandes furent entre ses mains, elle déposa le tout sur la table basse, face à eux, repliant rapidement pour ne pas que cela soit trop encombrant. Elle s’arrêta ensuite quelques instants, toussotant très légèrement, regardant le pansement de Romeo. Ce pansement taché de sang, qui avait été jusqu’à en laisser échapper suffisamment pour imprégner les bandes qui le recouvraient d’une petite tache rouge. Elle avait posé son sac à ses pieds, et se pencha doucement pour l’ouvrir, et y attraper un peu de coton. Elle épongea rapidement le sang qui menaçait de couler le long de la peau abîmée de Marw, sans un mot, la plus douce possible, laissant simplement le coton chatouiller son épiderme. Elle le coinça entre deux de ses doigts, attrapant tout doucement les bords du pansement pour commencer à le décoller, le plus lentement possible. Elle avait mal pour lui. Elle essayait de faire au mieux. Mais n’avait rien d’une infirmière. Elle était juste cet ange. Ce petit ange, cette petite puce qui aurait tout fait pour l’aider. Sauf prendre une baffe parce qu’il avait mal. Tout de même, y a des limites. « Ça va ? … » Petite question, délicate. Soutenue d’un petit regard, comme pour quémander l’autorisation de continuer son travail. Elle poursuivait, toujours plus méticuleuse, rattrapant régulièrement une goutte de sang qui s’échappait. Il avait bien merdé, ma parole. « C’est presque fini … » Ça ne venait que de commencer. Car maintenant que tout était défait, il allait bien falloir réparer les dégâts, et tout refaire, non ? « Voilà … » Petit murmure, plus pour elle-même que pour autre chose, alors qu’elle terminait d’enlever le pansement, calant immédiatement son coton sous la plaie pour ne pas laisser de sang couler sur le pantalon de Romeo. Ni sur le sien. Ses jambes, proches des siennes, les touchaient presque. Et les touchèrent, alors qu’elle se rapprochait encore un peu, tamponnant le plus doucement possible la plaie de son petit coton. Elle le souleva finalement. Inspecta les dégâts. Minuscule soupir. « C’est malin … » C’était venu tout seul. Aussitôt, elle se mordit la lèvre inférieure, coupable. Elle recula quelque peu son visage, comme apeurée par ce qu’elle venait de dire, par la réaction que Marw allait avoir. Ses yeux bruns se relevèrent doucement et timidement vers le visage de Romeo. « Désolée… Je… Je vais arranger ça, si tu veux … » Elle redevenait la petite Maggie qu’il connaissait. Craintive et terrifiée à l’idée de la souffrance. Il devait avoir mal. Vraiment. Elle le réalisait, en regardant les dégâts. Son coton retournait éponger doucement le sang. Celui-ci tachait déjà ses doigts fins. Triste retour au cœur du cauchemar.

Elle déglutit doucement, baissant les yeux. Lui jetant à son tour des regards à la dérobée. Il l’avait appelée pour qu’elle l’aide, non ? Alors elle allait l’aider. Ce n’était pas son genre de laisser tomber les gens ; et sûrement le savait-il. Elle avait étudié en médecine. Et sa profession exigeait qu’elle sache faire des points, et réparer des cadavres. Alors sur un être vivant… La seule différence réelle était la présence de sang et de douleur. Non ? Elle allait s’occuper de Marw. Comme d’ordinaire. Comme toute petite mère l’aurait fait. Comme il était de son devoir de le faire. De son devoir d’ange gardien.

Un léger sourire, un nouveau regard. Les variables s’alignaient, se stabilisaient durant quelques instants. Une solution à l’équation se dessinait au loin. Maggie la fixait. Essayant de se persuader de sa réalité. Avant qu’elle ne s’évapore, elle aussi. Comme un souffle dans la nuit. Comme un murmure dans le vent. La vie file entre les doigts de tous les êtres qui s’y agrippent. Elle filait, s’échappait. Romeo, lui, avait réussi à la conserver, entre ses doigts abîmés par les coups et la violence de son quotidien. Il avait réussi à s’accrocher à cette vie, tant bien que mal. Maggie n’avait jamais cru l’y avoir réellement aidé. Mais peut-être n’y était-il pas si innocente que cela, en fin de compte.

La vie allait, et venait. Tous les jours, elle regardait des corps que cette vie avait laissés. Et, enfin, ses yeux se posaient sur Marw. Comme une vérité.

La vie allait, et venait. Mais dans le cas de l’homme qui se trouvait entre ses mains à cette seconde précise, elle ne la laisserait pas s’en aller. Quoiqu’il puisse lui en coûter.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé





only god forgives ☨ MAGGEO Empty
MessageSujet: Re: only god forgives ☨ MAGGEO   only god forgives ☨ MAGGEO I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

only god forgives ☨ MAGGEO

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Looper RPG :: La vie et la banlieue :: Quartiers résidentiels :: centre :: appartement de romeo et sonny-