AccueilAccueil  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -29%
PC portable – MEDION 15,6″ FHD Intel i7 ...
Voir le deal
499.99 €

Partagez
 

 (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Auteur
Message
Maggie A. Lincoln

Maggie A. Lincoln
♙ why do we fall ?
(admin)



→ Messages : 369


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: (/! violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeLun 4 Mar - 15:39


Wake to see, your true emancipation is a fantasy.


Maggie monta les quelques marches d’escalier qui la séparaient du palier, de son pas vif et léger, assurée. Pourtant, ce n’était pas spécialement l’idée du siècle de venir ici ce jour-là. D’autant plus qu’il n’était pas impossible qu’il ait déménagé, depuis le temps. Sonny. Un Looper, certes. Mais aussi quelqu’un que Maggie appréciait. Quelqu’un auprès de qui, bien que tous les moments de la vie ne soient pas aisés, elle se sentait redevenir une enfant. Et être capable de faire des choses enfantines. De s’amuser. Les petits plaisirs de la vie. Il était un des seuls en compagnie de qui elle se sentait un peu plus vivante. Un peu plus comprise. Elle était terne, sa vie était vide. Lui était renfermé, sa vie était triste. Les deux se ressemblaient, tout en étant foncièrement différents. Paradoxaux. Et lorsqu’ils étaient ensemble, c’était différent. Les sourires n’étaient plus forcés. S’il n’y avait aucun sourire, c’était comme ça. Si elle devait pleurer, c’était qu’elle en avait besoin. Elle ne se mentait plus. Ou du moins plus totalement.

Cependant, ces derniers temps, les Loopers se faisaient discrets dans la ville. Et Sonny également. Elle ne le voyait plus, n’avait plus de nouvelles. Et avait fini par s’inquiéter. Elle avait fini par dénicher son adresse. Elle ne se souvenait plus comment elle avait pu atterrir sur ce bout de post-it. Peut-être lui avait-il donnée, un jour. Ou bien l’avait-elle cherchée ailleurs. Elle n’en savait rien. Mais c’était agrippée à ce petit bout de papier qu’elle avait quitté son quartier, direction le centre de Londres. Elle avait fait vite. Perdue dans ses pensées, les larmes au bord des yeux, le cœur battant à tout rompre. Petit accès de folie, petit accès de tristesse. Gros accès de désespoir. Il y avait des moments comme cela, ou le pauvre petit soleil qu’était Maggie n’arrivait plus à rayonner. Terni par un nuage, dissimulé par une nappe de brouillard. Juste éteint. Et aujourd’hui, elle s’était éteinte. Elle n’avait même pas cherché à comprendre pourquoi. Ses cheveux étaient remontés en un chignon lâche et désordonné, elle avait attrapé des vêtements totalement dépareillés, au hasard dans sa penderie. Elle avait sauté dans ses chaussures, et elle était sortie. Et maintenant, alors qu’elle se rapprochait de l’appartement de Sonny, elle ne pouvait s’empêcher de sentir son cœur la pincer. Et s’il ne voulait pas la voir ? Et si elle se heurtait à son absence ? Où irait-elle ? Aurait-elle la force de ne pas se laisser tomber contre le mur pour attendre ? Elle n’en savait rien. Elle avait besoin de compagnie, besoin de sortir de chez elle. Besoin de respirer, de sentir une bouffée de fraîcheur entrer dans ses poumons oxydés par la monotonie. Elle comptait sur lui pour être ce petit vent frais. Et s’il ne pouvait pas, il faudrait qu’elle se débrouille autrement. Grand mal lui fasse.

Arrivant devant la porte qui arborait le numéro indiqué sur le petit morceau de papier, elle sentit son cœur s’accélérer. Elle leva la main, prête à cogner quelques coups. Mais dès le premier, la porte se poussa. De manière anormale. Elle baissa brutalement les yeux vers la poignée et la serrure. Défoncées. La porte était entrouverte. Et elle ne l’avait même pas remarqué. Soudain, la peur s’empara d’elle. Elle eut envie de se retourner, de prendre ses jambes à son cou en hurlant. Son cerveau lui hurlait de le faire, de ne pas faire attention, de ne pas s’attarder. De sauver sa peau. Sa main, elle, s’était posée machinalement sur la porte, la poussant tout doucement pour l’ouvrir un peu plus. Sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Son cœur était au bord de l’explosion au fond de sa poitrine. Mais Sonny avait peut-être des ennuis. Ou alors, il avait été cambriolé. Et elle était encore plus conne qu’il ne le paraissait.

Elle fit un pas en avant, doucement, poussa encore un peu plus le battant. « Sonny ? » appela-t-elle d’une toute petite voix timide et apeurée. Aucune voix ne lui répondit. Rien. Pas un bruit. Laissant la porte un peu plus ouverte derrière elle, sans réfléchir, elle fit quelques pas dans cet appartement qui lui était inconnu. Elle regarda autour d’elle, cherchant quelqu’un, s’attendant à découvrir un éventuel cadavre, ou des objets manquants. Du bordel, qui aurait indiqué un cambriolage. Mais il n’y avait rien. Rien que des affaires de mecs. Trop d’affaires pour un seul. Cependant, pas une seconde cela n’alerta notre petit bout de femme. Elle avança encore un peu, passant sa petite tête brune dans le salon. Et soudain, un bruit de pas se fit entendre derrière elle. Elle sursauta, se retournant vivement. Immédiatement, une main puissante attrapa son pull, la plaquant contre le mur avec violence. Elle émit un couinement bref, essayant de se dégager. Ses pieds glissèrent sur le sol alors qu’elle s’agitait, incapable de se dégager de la poigne de fer qui la maintenait fermement. Elle sentit que l’homme affermissait encore un peu plus sa poigne, la hissant jusqu’à ce qu’elle ne se retrouve sur la pointe des pieds. La panique l’avait gagnée, alors qu’elle continuait d’émettre de légers couinements, tétanisée. « Où il est ? » Elle écarquilla les yeux, effrayée. Insistant, brutalement, l’homme la décolla du mur, avant de l’y recoller avec fracas. « OÙ EST-IL ? » Légèrement sonnée du choc entre son crâne et le mur, Maggie ne put que tenter de poser les pieds au sol, autrement que sur la pointe des orteils. En vain. Elle poussa un petit gémissement, commençant à peiner à respirer sous cette poigne plus qu’inconfortable. Voyant qu’elle peinait à parler, il la rebaissa doucement, alors qu’elle sentait les larmes monter. « Je sais pas, j’en sais rien… » Il la cogna encore une fois contre le mur, éructant de rage, violent. « Ta gueule. Tu sais où il est. Tu le connais. » Elle couina à nouveau, secouant la tête frénétiquement en fermant à demi les yeux. « Non, non, je n’en sais rien, je vous en supplie … » Pitoyable. Elle était pitoyable. Mais que pouvait-elle faire d’autre ? Elle n’était pas Blake. Elle n’était pas Romeo. Elle n’était pas Sonny. Ni Jack. Elle était incapable de se défendre, et elle le savait. Tout ce qu’elle savait faire, c’était tout au plus faire voleter des petits appareils ménagers. Mais là, elle avait bien trop peur pour faire quoique ce soit. Hormis gémir et le supplier. « S’il vous plaît, laissez-moi … » Il la souleva à nouveau, la faisant glisser sur le mur. Et soudain, de sa main libre, il sortit un couteau de sa poche. Le déplia. Le plat de la lame caressa la joue à la peau si douce de Maggie. Elle ferma les yeux. Les larmes affluaient, cependant incapable de couler. Elle était prise au piège. Mais ne savait réellement pas où se trouvait Sonny. « Tu as prononcé son nom. Tu l’connais. Où il est ? J’ai pas envie de te percer pour si peu. » Elle sentit la peur lui tordre l’estomac, à nouveau. Elle secouait la tête dans tous les sens, terrorisée. « Je sais pas, je sais pas, je sais pas… » Brutalement, il ôta son couteau, abattant son poing sur le mur, laissant au passage une petite entaille sur la joue de la jeune femme. Elle sentit un sursaut agiter sa poitrine, alors que la peur la tétanisait. Elle était prise au piège. Pareille à un animal, une petite bête sans défenses. Et si l’autre en décidait ainsi, elle allait mourir là.

Lentement, elle sentit qu’il la soulevait encore un peu. Bientôt, ses pieds ne touchèrent plus le sol. Elle s’agrippa à deux mains au poignet de l’homme, tentant de le faire lâcher ; en vain. La panique monta, alors qu’elle commençait à ressentir l’étranglement, simplement maintenue en l’air par la poigne qu’il exerçait sur ses vêtements, et par l’appui qu’il prenait contre sa gorge. L’air commença lentement à lui manquer alors qu’elle tremblait comme une feuille. Horrifiée. Sans défenses. Seule. « OÙ EST SONNY ? OÙ EST CET ENFOIRÉ DE LOOPER ? » Même si elle l’avait su, elle n’aurait pu parler. Plus assez d’air. Plus assez de force. Plus rien du tout. Juste des larmes, remplissant ses yeux bruns au regard terrifié.

Elle cligna des yeux. Lentement. Et ce fut à cet instant qu’elle aperçut la silhouette, qui se tenait derrière l’homme. À quelques pas. À peine. Imposant. Des cheveux blonds. Un regard du démon. Pas une seconde Maggie ne se demanda ce qu’il faisait ici. Les petits points noirs dansaient déjà devant son regard, alors qu’elle battait frénétiquement des paupières. Perdue. Terrorisée. Elle n’avait même pas la force d’implorer de l’aide. Et si elle l’avait pu, elle lui aurait de toute manière bien plus suggéré de partir qu’autre chose.

Rayon de soleil détruit, pulvérisé par la noirceur du monde. Mais quand donc comprendrait-elle que ses tentatives de rendre les gens meilleurs n’aboutiraient jamais ?
Revenir en haut Aller en bas
Romeo

Romeo "Marw" Hastings
betrayal it's in the blood



→ Messages : 84


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeLun 4 Mar - 17:40





The time has come to destroy your supremacy.

Romeo était moyennement conciliant ce jour-là. « Rends-moi ce putain de fric que tu viens de me prendre avec la discrétion d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. De suite. » Vous me direz, il n'était jamais très conciliant en général. C'était dur de négocier avec une porte de prison, c'était aussi difficile avec Hastings. Peut-être même plus, tiens. La porte de prison, elle, au moins, elle avait pas des problèmes pour contrôler ses nerfs et était quand même un tout petit peu plus patiente que le looper bouclé. « Tu vas être très gentil, hein ? Si t'avais besoin de monnaie pour te faire refaire le portrait, fallait le dire, parce que là je suis tenté de te faire une opération radicale, mais bon ce sera sans anesthésie. Y'a un léger risque que ça picote un peu. Mais après, tu vas pas te reconnaître, je te le garantis. » Marw ne reçut en réponse qu'un pauvre couinement qui se rapprochait plus du gémissement crispé et apeuré d'une pauvre petite bête face à son prédateur. Romeo serrait les dents. Oh oui, refaire le portrait à cette petite mauviette aurait été très simple et très agréable pour lui. Fallait croire que la moitié des petites frappes et autres lâches en tout genre qui faisaient les poches des touristes et des imbéciles de cette ville étaient tentés de visiter les siennes. Il eut un sourire un brin partagé entre agacement et sadisme mitigé qui se traça sur ses lèvres. Une pensée émue pour ce clochard sur Brick Lane qui avait pensé trouver un trésor dans ses poches alors qu'il se baladait souvent sans même un seul papier d'identité sur lui. Dommage pour lui, ça avait été raté. Il avait bien eu de la chance de pas crever, d'ailleurs. Grâce à Maggie. Ou, plutôt, dans le cas où cette fin avait franchement frustré Romeo, à cause d'elle. Ce jour-là, il semblait qu'il n'y ait aucune petite sauveuse pour cet abruti. L'autre n'avait pas dû passer le message, du genre "Le grand blond qui semble être incapable d'avoir un début de sourire sans que t'aies l'impression qu'il va te bouffer, c'est pas une bonne idée de vouloir lui faire les poches". Hum oui, Romeo était un carnivore mais il ne s'était jamais essayé à la viande humaine, et ça lui donnait pas vraiment envie de manger la cuisse d'un autre, là, en y pensant. Enfin bref, on s'en fout un peu de ça. « M..m..m.. » Hastings tenait le pauvre homme contre un mur par le col du t-shirt. Au moins, il ne risquait pas de s'enfuir, l'abruti. Il aurait pu faire dans la simplicité et récupérer son dû, mais il en avait pas vraiment envie. C'était trop simple trop con, y'avait rien de drôle à ça, non mais oh ee. Mais le truc, c'était que de repenser à la Lincoln l'avait un brin refroidi. Même quand elle était pas là, elle arrivait à être chiante. Romeo grogne à moitié. MUMBLES KING, SORT DE CE CORPS. Ou pas. Et voilà, ça y est, elle avait tout cassé. Il avait plus envie de lui gueuler dessus, sur elle, qu'autre chose. Juste pour le plaisir de l'embêter, limite. Oh oui, c'était sadique. Mais bon il l'avait déjà traitée de masochiste, ils devaient se compléter, dans leur genre, alors. Le looper bouclé marmonna encore un coup, à moins qu'il ne grogne encore. Ou les deux. Bonjour l'audibilité et la compréhensibilité, Romy chéri, tu bats des records dans le genre. Il récupéra lui-même son porte-feuille dans la poche de l'autre, et lui jeta encore un regard noir. Il se retenait. Oh que c'était chiant, il avait l'impression que Maggie l'espionnait et exultait presque dans son coin. Génial. Il relâcha sa prise, et enfonçant ses poings dans ses poches, reparti la mince renfrognée. De toute façon, on avait toujours l'impression qu'il n'était jamais content, Marw.

Y'avait un paquet de marches pour monter jusqu'à leur appartement. Ouais, bon, c'était ça aussi d'habiter à un étage, quand on habite un pied à terre, au rez-de-chaussée, y'a pas autant de marches. Okayjesors. Reprenons. On l'aura compris, Romeo rentrait chez lui, et il était frustré. Oui, bon, il était quasiment tout le temps frustré, mais là un peu plus que d'habitude. Sisisi, y'avait une nuance. Il était encore plus pas content. Ou encore moins content. À choisir entre quelqu'un qui parle correctement ou non. Et il risquait de l'être encore moins, vu ce qui allait suivre. Le jeune homme arrivait à peine sur le palier de son étage. Mais il vit bien rapidement sa porte ouverte. Défoncée puis ouverte, pour être précis. C'était important, les détails, même si là, en cet instant, les détails, Romeo commençait franchement à s'en foutre. Largement. Son coeur avait presque raté un battement. Presque. Parce que, attendez, il allait quand même pas rater un battement pour ça. Romeo c'était presque Chuck Norris, mais en plus sexy et en moins connu, alors fallait pas épiloguer sur le sujet de toute façon.

Des mots atteignirent ses oreilles alors que lentement il se rapprochait. Entrer dans l'appartement ? Check. Oh, du bordel. Hm, y'avait des souvenirs de lui et Sonny. Mais l'histoire n'était pas là. La voix. La voix qui commençait à dire des trucs qui plaisaient pas DU TOUT à Romeo. Et puis il y avait une autre voix, petite voix, qu'il connaissait trop bien pour.. il rentra dans le salon, et là, son sang ne fit qu'un tour. Marw était déjà sur les dents. Il n'avait pas massacré un type qu'il aurait très bien pu réduire en charpie, comme ça et sans problèmes. Alors il semblait qu'il passe en mode pilotage automatique. Le bon sens ? Connais pas. Qu'est-ce que c'était cette bête ? En tout cas, ça faisait pas partie du langage d'Angry Romy. On rentrait pas comme ça chez lui. On rentrait pas comme ça chez lui pour venir chercher des ennuis à Sonny. On rentrait pas comme ça chez lui pour venir chercher des ennuis à Sonny et menacer... Maggie. C'était le pompon.

Il s'avança, calme bête toute de muscles et de sang (ça sonne seksy dis comme ça, on dirait qu'on parle des dieux du stade, et d'un côté c'est pas faux que Romeo il aurait pu faire un calendrier, ça aurait été vendeur.) En réalité, en intérieur, il bouillonnait, il implosait, il explosait, il se réduisait en cendres et était surtout pas loin de se transformer en monstre incontrôlable. S'avancer, s'avancer, encore et toujours briser la distance. Le masque sur son visage était complètement dénué d'émotions. Stone face, bonsoir, cet homme est un robot, on nous aurait donc menti durant toutes ces années. Ou pas. Son coeur battait à tout rompre. L'armure se fissurait. La bombe approchait de la fin de son compte à rebours.. Cinq, quatre, trois, deux, un, je posa ma main sur ton épaule, tu lâches Maggie, on règle nos comptes ? C'était plus ou moins le protocole utilisé, oui. Au détail près que par "régler ses comptes", Romeo... était en passe d'être franchement, mais FRANCHEMENT, plus radical. Il n'avait pas lâché un mot, non non. Il avait attrapé le type par son col, comme si de rien n'était, le surprenant bien au passage ce qui fit qu'il lâcha la Lincoln qui dû sans aucun doute finir par terre. Il l'avait attrapé, et foutu à terre. Comme si c'était à la portée de tout le monde. Sauf que ce n'était pas à la portée de tout le monde. C'était à la portée d'un Marw, hyper-violent. Le foutre par terre, comme un fétu de paille, avec la délicatesse qu'il avait évoqué, oui, celle d'un éléphant dans un magasin de porcelaine. Oh, ben rien que de faire ça, il l'avait sonné; ça facilitait la tâche, en plus. Le premier coup de rangers dans la tronche vint. Avec son doux craquement qui sonna un peu spongieux. Charmant. Un second, un troisième, encore, encore; Romeo se déchaînait. La bête était de sortie, le lion affamé et enragé avait pris le dessus, ses nerfs avaient lâché. Et ça giclait. On allait bientôt se retrouver avec la plus belle palette de rouges et roses en tout genre que le corps humain puisse offrir à ce monde. Sang, cervelle, sang et cervelle mélangés, et ah un bout de boîte crânienne, pour ajouter une petite pointe blanchâtre dans cette boucherie. Un carnage digne du plus cruel des psychopathes, sauf que Romeo n'en était pas un. Enfin pas trop, il était juste un peu sociopathe sur les bords, rien de plus. Ahum. Hastings commença à se calmer, et le torrent en lui, le torrent qu'il projetait alors, aussi. Se calmer et arrêter d'être aveuglé par sa colère, pour se rendre compte de l'étendu des dégâts. Oh.Mon.Dieu. Il allait falloir plus d'un détergent et plus d'un détachant pour nettoyer le parquet et ses vêtements, c'était certain, ça, au moins. Il respirait difficilement, inspiration et expiration rauques et poussives. Lentement, il se retourna pour voir ce qu'il advenait de Maggie. Ses yeux bleus azur brillaient bizarrement. Regard un peu perdu, un peu paniqué, et surtout clairement indescriptible. Le monstre avait pris le dessus sur lui, durant quelques instants. Et voilà le résultat.
Revenir en haut Aller en bas
Maggie A. Lincoln

Maggie A. Lincoln
♙ why do we fall ?
(admin)



→ Messages : 369


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeVen 8 Mar - 13:01


The corpse and the beast.


C’était la fin. Tout du moins c’était ce qu’elle avait cru, durant une fraction de seconde, alors qu’elle avait vu quelques points noirs danser dans son champ de vision. Perdue, livrée à elle-même, à son désespoir, à sa bonté qui allait lui coûter la vie. Elle n’avait réellement aucune idée d’où le Looper aurait pu se trouver, mais était persuadée d’une chose ; même si elle l’avait su, elle n’aurait rien dit. Elle ne pensait pas mériter plus que Sonny de vivre, ni même plus que toute autre personne de cette ville. Alors elle ne vendait personne. Jamais. Cela lui avait déjà coûté quelques souffrances physiques ; rien de très grave, mais psychologiquement, ç’avait été lourd à porter. Aujourd’hui, c’était différent. Elle refusait de vendre un ami, et frôlait la mort. Les mesures étaient radicales, extrêmes. Mais bon sang, qu’est-ce qu’il lui avait pris de rentrer dans cet appartement ?

Et soudain, elle le vit. En une fraction de seconde, il avait réagi, attrapé son assaillant par le col, et l’avait tiré en arrière. Sous le coup de la surprise, son agresseur la lâcha brutalement. Elle tomba lourdement au sol, glissant contre le mur, plaquant ses deux mains contre sa gorge, sans serrer, reprenant une longue inspiration, pareille à une noyée reprenant tout juste conscience. Les larmes affluèrent rapidement dans ses yeux, sans pour autant couler sur ses joues. Elle gémissait doucement, la respiration saccadée, l’esprit totalement embrumé par la peur et la surprise. Ce ne fut qu’une petite seconde plus tard qu’elle le remarqua, à nouveau. L’autre était au sol. Et, comme au ralenti, Maggie, la douce Maggie, la toute petite Maggie, vit le pied de Romeo se lever. Son regard se troubla légèrement, alors qu’elle regardait cette rangers s’écraser dans le visage de l’étranger. Sans aucune chance de répit. Aucune chance de Salut. Romeo n’avait rien d’un saint, et tout du démon. Pourtant, dans le cœur de Maggie, il en était autrement. Cet homme était humain, elle ne le perdait pas de vue. Non. Elle ne le perdait pas de vue. Pas même quand elle voyait le pied s’écraser à nouveau dans ce visage qui avait failli lui coûter la vie. Violence, décadence. Le craquement résonna dans ses tympans, amplifié par cette peur du sang. La peur de cet homme, de ce qu’il était capable de faire. Il allait le tuer. Il allait tuer ce type, qui recherchait Sonny. Elle le savait, elle n’avait aucun doute sur le sujet. Alors pourquoi diable le laissait-elle faire ?

Le pied s’écrasait, encore et encore. Maggie tenta de se relever, mais glissa à nouveau bien vite contre le cœur. Elle clignait des yeux, n’imprimant qu’à moitié ce qu’elle était en train de voir. Un haut le cœur la prit soudainement, alors que la première véritable fissure se faisait voir, laissant échapper un petit flot de sang. Elle crut qu’elle allait vomir. Mais étrangement, tout resta bloqué. Son organisme ne répondait plus. Elle ne pouvait quitter du regard ce crâne, au visage massacré par la semelle de la chaussure. Ce crâne qui commençait à se fendre. Et qui s’enfonça finalement, brutalement. Gerbe de sang. Fragments d’os. Lambeaux de cervelle, répandus un peu partout autour du pied de Romeo. Glissant sur le cuir de sa chaussure, alors qu’il continuait le massacre. Sans s’arrêter d’enfoncer son pied dans cette boîte crânienne défoncée, faisant gicler le sang jusque sur lui, sur ses vêtements. Maggie ne clignait même plus des paupières. Sa main était plaquée sur sa bouche, reflétant simplement l’horreur qui se jouait dans son esprit, la terreur dont elle était affligée. Pas une larme. Pas une once de nausée. Bien trop choquée. Il continuait. Ne semblait pas vouloir s’arrêter. Pas avant qu’il ne reste rien de cette… Tête. Bouillie. De cet amas écoeurant de chaires, de cervelle, de sang et d’os.

Maggie sentit l’arrière de sa nuque la picoter légèrement, alors qu’un léger voile noir passait devant son champ de vision. Elle était thanatopractrice. Dans son métier, elle avait vu toutes sortes de morts. Toutes sortes de décès abominables, des cadavres laissés dans un état déplorable. Mais un homme à la tête défoncée à coups de pieds, elle n’en avait encore jamais vu. Elle avait l’impression de mourir. De sombrer. Heureusement pour son agresseur, il avait du mourir avant de sentir son crâne exploser. Bien heureusement. Figée. Elle était figée. Elle ne remarqua même pas l’instant où Romeo arrêta le massacre. Ce bref instant où il se tourna vers elle. Le regard perdu, vide, presque horrifié par ce qu’il venait de faire. Et, soudain, le corps de la petite Lincoln se mit à réagir. Sa respiration reprit, brutale, alors qu’elle clignait des yeux. Sa main retomba au sol, molle, désarticulée. La nausée la submergea, et seule son expérience à côtoyer les cadavres l’empêcha de répandre son dernier déjeuner devant elle. C’était un massacre. C’était monstrueux. Bestial. Lentement, Maggie parvint à détacher son regard de ce cadavre méconnaissable. Ses prunelles se levèrent doucement vers l’auteur de ce carnage, alors qu’elle battait légèrement des paupières. Une de ses mains se posa au sol, la seconde prit appui sur le mur. Et, avec une lenteur parfaitement considérée, fixant Romeo sans ciller, elle se releva. Ses jambes tremblèrent légèrement, mais elle ne retomba pas. Pas cette fois. Et soudain, elle sentit les larmes affluer. Une unique petite perle salée roula sur sa joue. Elle ne l’essuya pas, appuyée sur le mur, tentant de déchiffrer ce regard. Ce regard. Perdu, paniqué. Comme un enfant qui se serait réveillé debout au milieu du couloir, en pleine nuit, sans comprendre pourquoi. Romeo venait de se réveiller. Mais sa crise à lui était différente. Rien à voir avec du somnambulisme. C’était un accès de violence. Une brutalité à l’état pur. Romeo avait littéralement pété une durite. Sûrement le fait de voir cet homme chez lui, alors qu’il n’y était pas invité. Très certainement rien à voir avec le fait que Maggie se faisait menacer. Il ne l’appréciait pas, et cela n’avait rien de nouveau pour la petite Lincoln. Cependant, cette fois-ci, il l’avait défendue. Cette fois-ci, la situation avait été totalement nouvelle. Rien ne s’était passé comme prévu. Il ne s’était pas moqué d’elle. Il l’avait défendue. Elle ne l’avait pas empêché de faire du mal à cet homme. Ni même de le tuer. Et pour couronner le tout, il la regardait, maintenant. L’air perdu, complètement perdu. Rongé par un mal dont elle ne savait rien, mais dont elle constatait toute l’étendue à la simple vision de ce cadavre au crâne défoncé.

Debout, appuyée contre le mur, Maggie contemplait Romeo. Pas spécialement dans le bon sens du terme, mais cela ne l’empêchait pas de le regarder. Ses yeux à elle étaient tout autant remplis de panique. Elle était tout aussi perdue qu’il ne pouvait l’être. Mais en plus de cela, elle avait peur. Peur de lui, peur d’elle, peur de ce qu’elle avait causé, peur de ce qui allait se passer désormais. Elle le regardait, ne le lâchait pas des yeux, sans un mot. Elle aurait voulu lui dire merci, ce petit mot lui brûlait les lèvres. Mais il n’arrivait pas à sortir. Doucement, quelques larmes roulèrent à nouveau sur ses joues. Elle déglutit lentement. Et se décolla du mur. Ses genoux tremblèrent quelques secondes, tandis qu’elle s’approchait de lui. Pas trop. Juste un peu. Juste ce qu’il fallait. Et, finalement, ses réflexes protecteurs reprirent le dessus. La peur subsistait au fond de ses prunelles, mais bien plus atténuée. La panique s’était apaisée, et elle reprenait lentement ses marques. Son cœur se mit à battre de manière effrénée dans sa poitrine. « Tout va bien ? … » Son murmure était quasiment inaudible, à la limite avec le gémissement. Elle s’inquiétait pour lui. Terriblement. Ses yeux tombèrent sur la veste de Romeo. Parsemée de petites gouttes de sang. Instinctivement, elle croisa ses bras sur sa poitrine, s’accrochant à ses propres vêtements trop larges pour elle. S’efforçant de ne pas trembler, elle oublia les nouvelles petites larmes qui coulaient comme si de rien n’était sur ses joues. Elle se sentait stupide. Et pourtant, la seule chose qui lui venait à l’esprit était de tenter de rassurer l’homme qui lui faisait face. Cet homme qui venait de massacrer un de ses semblables, sans l’ombre d’une hésitation. Cet homme pour qui elle ne pouvait s’empêcher de ressentir de l’affection et de la compassion, malgré tout ce qu’il lui avait toujours fait voir, et malgré ce qu’il lui avait montré aujourd’hui. Il ne l’appréciait pas, et elle le savait. Mais la réciproque était fausse. Et elle voulait l’aider. Il venait de commettre quelque chose de monstrueux. Quelque chose qu’elle voulait l’aider à accepter, même si cela serait probablement impossible. « C’est fini … » lâcha-t-elle doucement, sans s’en rendre compte. Pourtant, non. Rien n’était terminé. Tout cela ne venait que de commencer.

Le regard de Maggie retomba sur le cadavre, et bien vite, elle se força à regarder à nouveau le visage de Romeo. Le seul endroit de ce coin d’appartement qui n’abordait pas de petite goutte de sang. Sauf une. Une petite. Juste au coin de son menton. Lentement, Maggie déglutit. En un pas, elle fut proche de lui. Sa main relâcha son pull légèrement déchiré par la pression de son agresseur décédé. Et, doucement, elle leva ses petits doigts vers Romeo. Essuyant son menton. Le débarrassant de cette simple petite goutte de sang. Comme si de rien n’était. Comme si tout cela n’était qu’un mauvais rêve. Pour le moment, il devait oublier. La vérité les rattraperait bien vite, face à ce carnage. Mais il était dos au corps. N’avait aucune raison de se retourner, et de le regarder. S’il la frappait pour ce petit contact qu’elle venait d’oser instaurer entre eux, très bien. Elle s’en fichait. Ou tout du moins presque. Elle resta là, le regardant de ses grands yeux, sa peau pâle comme la mort, ses petites lèvres essayant d’esquisser un sourire rassurant.

Plus rien sur le visage de l’homme ne témoignait qu’il venait de commettre un meurtre atroce, si ce n’était ses traits et son regard. C’était volontaire. Elle voulait le rassurer. Même s’il ne voulait pas de son aide. Même s’il ne voulait pas d’elle du tout.

Refermant ses doigts, Maggie sentit le sang s’étaler légèrement sur sa peau claire. Elle ne regarda pas sa main, son regard refusant de se détacher de Romeo. C’était terminé. Ce gars ne risquait pas de se relever. Il l’avait tué. Sans autre forme de procès. Maintenant, il allait falloir nettoyer. Mais cela, ce serait une autre histoire. Pour le moment, elle allait devoir encaisser les méchancetés. Ou peut-être même les coups, la brutalité.

Pourtant, Maggie s’en fichait. Elle ne laisserait pas Romeo. Pas alors que, malgré ce qu’il avait toujours dit, malgré ce qu’il avait toujours prétendu… Il venait de lui sauver la vie.
Revenir en haut Aller en bas
Romeo

Romeo "Marw" Hastings
betrayal it's in the blood



→ Messages : 84


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeSam 9 Mar - 15:27





The time has come to destroy your supremacy.

Une sorte de loup-garou. Un monstre endormi, anesthésié. Une création que même Dieu n'aurait pu avouer sienne. Habité par une force plus puissante que lui. Une bête logée au creux de son ventre. Un prédateur sauvage et redoutable, un fauve assoiffé de sang. La face cachée de la Lune, cet être qui dormait en lui et s'ébranlait dangereusement parfois. Une seule chose était sure, sure et certaine. Le corps de Romeo se déchaînait avec rage, rage et colère, colère et aveuglement. Le corps de Romeo. Et son pied qui se relevait et s'abattait, encore et encore, encore et toujours. Sa rangers, solide chaussure, qui à rythme régulier se levait et venait s'écraser de nouveau dans le visage du walker. Une débauche de violence incompréhensible. Les cartilages étaient réduits en bouillie, les chairs éclatées, les os brisés, le sang giclait et tâchait, imperturbable flaque s'étendant au sol, le parquet grinçant parfois de l'appartement de Sonny et Romeo. Une détermination sans égale se lisait sur le visage crispé de Marw. Marw qui, après ce massacre dont l'hémoglobine et la hargne avaient été les maîtres mots, semblait s'éveiller. Doucement. Comme si il prenait conscience, conscience de la boucherie. Mais que la possibilité qu'il en soit l'auteur même l'horrifiait plus que tout, le laissait seul et perdu. Tristement perdu. Son regard s'en ressentait, et le frisson qui glissa tout du long de sa colonne vertébrale aussi; tel la lame glacée du poignard qui flirtait avec son échine, il avait senti ce froid se faire en lui et ses poils se hérisser en une vague significative. Il regarda le cadavre impossible à identifier, à ses pieds. Ses pieds, sous lesquels, il le savait désormais, des restes s'étaient accrochés. Accrochés à sa semelle comme la culpabilité se raccrochait à l'esprit d'un homme. Ce n'était pas la culpabilité, justement, qui envahissait Hastings à ce moment précis, cet instant fatidique durant lequel il se retourna lentement, vers elle. Vers Maggie. Aucune haine ou animosité envers elle ne brillait dans ses pupilles. Non. Encore, encore et toujours, ce regard désespérément perdu. Leurs regards se croisèrent et ils restèrent ainsi durant ce qui lui sembla une éternité ou quelque chose d'approchant, sûrement. Hors du temps. Dans cette faille qu'il avait percée, cette enclave in-imaginée. Celle de la peur. Peur de soi, peur de ce qu'il avait fait. Peur de sa réaction. Une peur exacerbée, qui tendait ses muscles, broyait son coeur, contrôlait son esprit. Rares étaient les moments durant lesquels Romeo était pris par la peur. Mais ses plus grands doutes se réalisaient. Il lui en avait parlé, la dernière fois qu'il l'avait vue. La dernière fois qu'il avait encore manqué de défigurer un homme. La peur. Il faisait peur aux autres rien que par sa façon d'être, mais à force de terrifier ses semblables, il instillait ce même sentiment en lui-même parfois quand il se regardait dans le miroir. Il n'avait même pas besoin d'un miroir, même pas besoin d'un reflet, pour voir et se voir. Romeo voyait le désastre qu'il venait d'engendrer, que cette chose incontrôlable qui vibrait en lui avait provoqué. Et il en avait peur. Parce qu'il n'avait pas agi de sang-froid comme si souvent. Il avait été submergé. Il s'était noyé. La bête avait pris le dessus. Marw déglutit, la respiration chancelante. Chancelante, comme Maggie qui esquissa quelques pas, pour se rapprocher de lui. Il était figé. Paralysé par ses propres méfaits. Son murmure monta jusqu'à ses tympans; il ne répondit rien. Tout va bien ? Mais oui, parfaitement. Il venait de perdre le contrôle sur sa propre personne et de tuer de la manière la plus sauvage qui soit un homme, mais à part ça, tout allait merveilleusement bien. Il ne bougeait pas. Et quand elle put admirer sur lui la remontée des dégâts, le sang qui était venu gicler et tâcher jusqu'à sa veste, il ne bougea pas non plus. Quand elle sembla se raccrocher à elle-même, il ne bougea pas. Oui, il était paralysé. Anesthésié. Tout ça par une seule petite chose qui effrayait les plus grands; sa peur, cette peur qui battait dans ses veines, coulait mélangée à son sang. C'est fini.. Il battit des paupières. Désorienté. Ses muscles peut-être se détendirent, extrêmement léger changement. Il la vit approcher. Un pas. Jusqu'à lui. Il ne faisait rien, n'esquissait pas un mouvement. Pourquoi ? Aucune réponse à cette question-là. Comment Romeo pouvait-il fonctionner était beaucoup trop long à étudier, décortiquer, expliquer et justifier. Il vit venir Maggie. Il vit venir la chose. Il vit venir le geste. Il vit venir ses petits doigts fins vers son visage. Pourtant, il ne bougea pas. Il y avait toujours cette flambante lueur de perdition et de peur chronique dans son regard. Il était en suspens. Jusqu'à ce qu'elle ne touche son menton. Qu'il ne sente qu'elle n'efface une goutte de sang de son visage. Leurs regards rivés l'un dans l'autre, il sembla qu'encore un instant incertain ne passe. Avant que la décharge électrique ne traverse son corps, que l'électro-choc ne se fasse sentir. Un éclair qui lui tombait dessus, la foudre venait le frapper. Réveil brutal. Il lâcha la jeune femme du regard, déglutit, son torse se soulevant et s'abaissant en une respiration légèrement tremblante, mais profonde. Il recula d'un pas. Sous sa chaussure, il entendit un craquement sinistre se faire. Il venait de marcher sur l'une des mains de ce type. Et à l'oreille, visiblement, de lui broyer les phalanges. Involontairement. Car son mouvement n'avait sûrement pas cela comme but. En aucun cas. Ses lèvres arrivèrent quand même à porter leur message, sur la fréquence d'une voix qui ressemblait à son regard. « Faut.. faut que tu partes d'ici. » Le Romeo de tous les jours semblait être loin, bien loin. Il aurait bien aimé le retrouver, se retrouver. Cette force morale de la nature, acier trempé coulé dans le béton. Inébranlable, impossible à surprendre, constamment blasé, parfois presque insensible. Ce masque qu'il s'était composé, à force des années passant. Surtout, en fait, depuis le premier être qu'il avait tué par lui-même. Le premier homme qu'il avait tué de ses propres mains. Dans un accès de rage intense, poussé par ce besoin irrépressible de vengeance. C'était un drogué qui venait de mettre fin aux jours de son oncle, sa seule et unique famille. Il lui avait réglé son cas dans les secondes qui avaient suivi. Romeo déglutit. Il voulait mettre de la distance entre elle et lui. Oui, il craignait pour elle. Il venait de faire ça. Il ne savait même plus de quoi il pouvait bien être capable désormais. Une remise en cause totale et spontanée. Il avait tombé le masque car en piétinant celui de l'homme désormais mort à ses pieds, il avait réduit en miettes le sien, tant d'années à tenter misérablement de se contrôler, de garder le dessus sur ce monstre qui était apparu en lui en une fraction de seconde. Romeo passa une main dans ses cheveux blonds, baissant le regard. Encore contempler son oeuvre, cet art barbare dans lequel il semblait passer maître incontesté par moments. Romeo tenta de calmer le rythme de son coeur, muscle cardiaque qui se jetait corps et âme, avec la force du désespoir la plus simple à constater, contre les barreaux de sa prison, les barreaux de sa cage thoracique, comme la mer balayant les côtes, fracassante. Du bout du pied, il retourna le corps du cadavre. Le flot s'apaisait doucement en lui. C'était sa faille, c'était son vice. Quand les digues qu'il avait durement érigées cédées, dans les murailles qu'il avait méticuleusement montées s'écroulaient, il était totalement impuissant. Il était inondé dans sa forteresse, se noyait dans son propre monde.Et puisqu'il avait construit cela pour protéger les autres comme se protéger des autres, quand le cataclysme venait frapper à sa porte, il était toujours l'homme le plus seul au monde. Personne avec qui affronter le déluge. C'était le détail fatal, le mauvais côté de l'option choisie. « Va falloir un sacré détachant pour récupérer le parquet. » Remarque ironique lancée à mi-voix dans le vide alors qu'il ne pouvait quitter le corps des yeux. Les fondations étaient de nouveau posées. Reprendre le contrôle sur soi, se retrouver, retrouver son image, renouer avec son personnage. Et avec l'humour décapant qui lui servait d'armes quand il ne pouvait user de ses poings. Sa plus grande défense, sa force d'attaque première. Mettre une distance entre la réalité si cruelle et lui-même, pour éluder, ne pas faire face, éviter d'encaisser de plein fouet ce que tout cela pouvait bien représenter. Mais il ne trompait plus personne dans cette pièce. Il s'était montré ébranlé, touché au plus profond, incertain et perdu, effrayé. Dur était de savoir d'entre ces trois personnages, qui était le vrai Romeo. Qui était le vrai Marw. Qui était le vrai Hastings. Il était plusieurs, il était un. Sociopathe dans l'âme, psychopathe sur les bords peut-être. Un être de la race des humains, avant tout. Et encore, même cette certitude était facilement remise en cause avec lui. Il n'était personne, il était tout le monde. Il était un monstre à plusieurs visages. Oui. Il avait plusieurs facettes. Oui, il était un monstre.
Revenir en haut Aller en bas
Maggie A. Lincoln

Maggie A. Lincoln
♙ why do we fall ?
(admin)



→ Messages : 369


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeLun 11 Mar - 1:34


Everyone goes away in the end.


Tout cela, c’était sa faute. Voilà ce dont Maggie essayait de se persuader, en apercevant du coin de l’œil les morceaux de boîte crânienne, les petits lambeaux de cervelle, et surtout… Le sang. Le sang partout, se répandant sur le plancher, tachant lentement le bois, se glissant entre les lattes. Du sang. Du sang qui, très certainement, s’ils n’en arrêtaient pas le flot rapidement, finirait par couler sous le parquet. Irrécupérable. Pourtant, ce n’était pas la priorité de la jeune femme. En se persuadant que tout cela était de sa faute, elle essayait de soulager Romeo. Romeo, debout devant elle, son regard complètement perdu, ses manières littéralement paniquées. Il se réveillait d’un mauvais rêve, et se rendait compte que rien n’était imaginé, tout était bien réel. Il se réveillait d’un cauchemar, de cet instant où il était devenu une bête et où, même au plus profond de lui-même, il n’avait su commander à cet animal de s’arrêter. D’arrêter le massacre, de cesser le carnage, de laisser une chance à ce pauvre Walker de dire ne serait-ce qu’un seul mot, ou même… De vivre. Vivre. Mais est-ce que ce type méritait réellement de vivre ? Il cherchait Sonny, très certainement pour le tuer. Il avait attrapé Maggie, l’avait menacée. Et n’aurait sûrement pas hésité à la tuer, elle. Il était tombé sur Romeo, pourtant. Romeo qui, lui, n’avait pas eu la complexité d’esprit de songer à lui laisser la vie. Les choses avaient été plus brèves. Plus simples, dans un sens. Il l’avait tué. Et n’était-ce pas là ce que tout le monde faisait, dans cette ville aux innombrables fous, dans cette cité pourrie, noircie par le crime et la corruption ? Tuer était devenu une habitude, une nécessité de survie. Tuer était devenu presque quelconque. Presque, oui. Car l’acte en soi était toujours aussi difficile à porter, apparemment. Même pour un sociopathe légèrement psychopathe du nom de Romeo Hastings.

Rapidement, elle retira sa main, tandis qu’un frisson remontait le long de sa colonne vertébrale. Elle se sentait stupide. Elle avait touché Romeo. Pourquoi diable avait-elle fait cela ? Elle savait bien que c’était le genre de choses qui le faisait réagir. Violemment, même. Il était de ces gens distants, de ces personnes pour qui le contact était quelque chose de spécial. Pas comme elle. Maggie était trop proche des gens, trop tactile. Trop affectueuse. Elle avait besoin de contact. Elle avait l’impression d’être moins seule. D’être utile. D’aider. Même si elle avait ses périodes où elle préférait qu’on ne la touche pas, elle n’en restait pas moins tactile, de manière générale. Et lorsqu’elle se retrouvait face à quelqu’un de distant, elle était perdue. Sans marques, sans repères. Elle nageait dans le brouillard, cherchait son chemin. Cherchait comment aider, comment rassurer. En vain.

Elle regarda Romeo reculer, détourner le regard, et chercher à retrouver un peu de consistance. Impuissante. Elle le laissa murmurer quelques mots, avec difficultés, tentant d’ignorer le craquement sonore des phalanges du cadavre se brisant sous sa semelle. Elle ne put pourtant s’empêcher de sursauter, et releva brièvement les yeux vers le visage de Romeo, s’interdisant de fixer ce cadavre. Elle ne se sentait pas bien, lorsqu’elle posait les yeux dessus. Et mieux valait éviter de repeindre le plancher de l’appartement avec son dernier repas. Alors elle fixait la dernière chose qui l’empêchait de rendre son déjeuner. La seule chose qui attirait suffisamment son attention pour que ses pensées ne convergent pas vers tout ce sang, et toute cette bouillie de crâne. Romeo. Ses cheveux blonds ébouriffés par la colère, l’effort, et le massacre. Son regard toujours aussi perdu, et totalement apeuré, regardant le cadavre, tentant de se contrôler. Ses traits indéchiffrables, son expression qui fendait le cœur à Maggie tout autant que les paroles qu’il avait pu prononcer. Il souffrait. Il avait peur. Il était dans un état incompréhensible pour quelqu’un comme elle. Un état dans lequel elle ne l’avait absolument jamais vu. Et cela l’intimidait. Mais pourtant, bien plus encore que la peur, résidait la tristesse, le chagrin. La souffrance qu’involontairement, elle partageait avec cet homme. Empathique, elle l’était. Bien trop, peut-être. Pourtant, elle n’avait pas l’intention de se défaire de ce défaut. Elle pensait pouvoir soulager les gens avec ; grand mal lui fasse. La naïveté était un de ses traits de caractère dominant. Ou bien peut-être était-ce la bonté. Allez savoir.

Doucement, Maggie cligna les yeux. Inconsciemment, son regard retomba sur le cadavre, qu’il retournait du bout du pied, dissimulant le crâne explosé, ou tout du moins tentant d’atténuer cette vision morbide. Bien vite, elle sentit la nausée revenir, vit les points noirs danser devant ses yeux. Et, bien vite, elle releva les yeux vers l’ancien Looper. Sa seule bouée de sauvetage face à cette terreur et cette horreur qui menaçaient de dévaster son cœur, à la simple vue de cet homme mort. La tentative d’ironie de Marw ne fit pas le moins du monde sourire Maggie. Elle resta là, à le dévisager, à tenter de trouver la faille, cette petite fissure dans sa carapace. Il avait explosé en vol, laissé tomber le masque. Mais il voulait rester imperméable face à tout cela. Face à elle. Ne pas paraître faible, résister. L’empêcher de faire ce qu’elle voulait faire. Mécanisme de défense, très probablement ; pouvait-elle lui en vouloir ? Non, évidemment. Mais cela ne signifiait en rien qu’elle allait le laisser souffrir devant elle sans rien dire. Croisant à nouveau ses bras sur son torse, elle soupira légèrement, ramenant une mèche rebelle derrière son oreille, attrapant au passage le petit élastique qui ne faisait plus que semblant de tenir sa chevelure brune relevée. Elle passa le petit cercle extensible autour de son poignet fin, sans un mot, remettant ses cheveux en place sur ses épaules. « Je t’aiderai, si tu veux. » Bien entendu, elle n’avait pas l’intention de partir. Qu’avait-il espéré ? Elle était tout simplement incapable de le laisser seul, d’autant plus au vu de son état. Alors que cela plaise ou non au jeune homme, elle allait rester.

Ses petites boucles noires retombèrent doucement sur ses vêtements trop larges, alors qu’elle reniflait. Ce fut à cet instant qu’elle sentit la petite goutte tomber sur sa clavicule dévoilée par son pull étiré. Elle l’essuya du bout du doigt, amenant ceux-ci sous ses yeux. Du sang. Clignant doucement des yeux, elle porta sa main à sa joue, essuyant tout doucement la petite entaille que l’autre lui avait faite. Elle retint un petit gémissement, se mordant la lèvre. Ce n’était rien de grave. Mais ça piquait. Un petit peu. Pas trop. Mais tout de même ; elle n’avait pas l’habitude. Essuyant ce qu’il restait d’un revers de la main, sans se soucier du sang s’étalant sur son poignet à la peau blanche presque translucide, elle déglutit légèrement, baissant les yeux vers le sol. Ce n’était rien. Rien de plus qu’un peu de sang. Elle en avait vu d’autres, non ? Fermant les yeux, soupirant doucement, elle força son cœur à se calmer. À s’apaiser. Elle se remettait doucement de ses émotions, tentait de reprendre du poil de la bête. De paraître moins fragile. Lentement, elle releva ses prunelles vers Romeo, ne pouvant s’empêcher de le regarder. De ressentir cette envie, non même, ce besoin de le prendre dans ses bras. De lui dire que c’était fini. Qu’il n’avait pas plus à craindre ce cadavre que lui-même. L’animal s’était exprimé, il s’était tu peu de temps après. Marw était sauf, et elle voulait le lui faire comprendre. Apaiser ses maux. Le rassurer. Elle en était bien entendu incapable. Il aurait été irréel de la voir s’approcher de l’ancien Looper, et de le prendre dans ses bras. Qu’imaginait-elle ? Fermant à nouveau les paupières, elle soupira. Triste. Doucement, ses lèvres s’entrouvrirent. « Tu sais, je … » Non. Il ne saurait pas.

Sentant une présence, Maggie s’interrompit, tournant rapidement la tête à sa gauche, vers l’accès au salon. Et, brutalement, elle sentit qu’on l’attrapait par le col pour la plaquer au mur. La double lame d’une paire de ciseaux fusa vers son visage, alors qu’un gémissement étranglé sortait de sa gorge légèrement écrasée par son assaillant. Mais, alors qu’elle s’attendait à une mort brutale et aussi simple que cela, elle sentit qu’on la lâchait. Qu’on attrapait son visage d’une main, pour lui cogner brutalement la tête contre le mur. Une brutale douleur lui fendit le crâne, sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Ses oreilles se mirent à bourdonner, son regard se voila, alors qu’elle perdait pied, sonnée. Elle ne sentit pas le liquide chaud qui commençait à couler doucement dans ses cheveux, à l’endroit où son crâne avait heurté un petit crochet, ou une vis, ou que sais-je. Qu’est-ce que ça foutait là, aussi, franchement ? Ce n’était trois fois rien. Mais suffisant pour l’étourdir. Elle hoqueta doucement, se rendant alors compte qu’elle était retenue en place. Les ciseaux étaient plantés dans le mur, solidement. Et avec une force phénoménale, son agresseur avait attrapé son sweat, la piégeant littéralement. Elle devait se mettre sur la pointe des pieds pour respirer à peu près normalement. Et n’y arrivait pas. Elle était coincée, à nouveau. Sauf que cette fois encore, ce n’était pas après elle qu’on en avait.

Romeo.

Elle releva les yeux vers lui, regardant la scène se jouer comme lors d’un ralenti. L’autre qui s’approchait rapidement de Romeo. Une fraction de seconde, et il lui avait déjà attrapé l’épaule. Le couteau, qui sortait de nulle part, qu’il empoignait avec force. Le cri étranglé de Maggie, qui puisait inutilement dans ses dernières réserves d’air. « ROMEO ! » Impuissante. Inutile. Elle vit la lame s’enfoncer dans l’abdomen du jeune blond. Sans vraiment voir où. Sans réaliser. Sans comprendre. Ayant l’impression que seule la moitié de la scène s’était imprimée dans son esprit. Elle hoqueta doucement, ses pieds glissant à nouveau au sol, sa main empoignant la paire de ciseaux la retenant prisonnière, les yeux écarquillés de terreur. Son regard paniqué scrutait le visage de Romeo, tant qu’elle le pouvait encore.

Non. Faites que tout ceci soit un cauchemar. Que rien de tout cela ne soit réellement arrivé. Faites que tout ça soit irréel. Un mauvais rêve. Que Romeo ne soit pas blessé. Que cet homme ne continue pas de l’agresser.

La vision de Maggie se troubla encore un peu, autant de semi-inconscience que de larme. Elle gigotait, impuissante. La douleur submergeait sa boîte crânienne, tandis que ses lèvres articulaient des « non » effrayés. Romeo, en face d’elle. Romeo, qui avait relâché son attention à cause de sa présence à elle. Blessé, maintenant. Par sa faute. Comme toujours.
Revenir en haut Aller en bas
Romeo

Romeo "Marw" Hastings
betrayal it's in the blood



→ Messages : 84


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeLun 11 Mar - 13:24





The time has come to destroy your supremacy.

Romeo contemplait le massacre. Le massacre total et complet de tout ce qu'il avait établi et contenu durant tant de temps, trop de temps. Il tentait de reprendre de la contenance, de remettre son armure, brandir de nouveau son épée et son bouclier de sarcasme et d'ironie. En vain. Il tremblait imperceptiblement. Mais il tremblait. Il avait du mal à détacher son regard du cadavre. Un cadavre dans son salon, une évidence pointée et épinglée sous ses yeux azurs, une vérité qui tournoyait dans son crâne, l'avait paralysé avec la plus grande des stupeurs et encore le clouait sur place. Comme hypnotisé; hypnotisé par chacune des conséquences de son explosion, de son implosion, de la révélation de sa nature la plus profonde. Du montre qui l'habitait, de la bête qui grognait au creux de son ventre. Que Maggie soit là ou non lui importait peu en cet instant. Il n'avait que d'yeux pour ce qu'il avait détruit. Il avait plus d'une fois vu des chairs déchiquetées, du sang, l'horreur causée par un être envers un autre. L'homme était un loup pour l'homme, mais les loups vivaient en meutes. On se savait dangereux, mais on ne pouvait pas s'empêcher de toujours se rapprocher du danger, lui tendre la main, vivre à ses côtés. Comme la Lincoln, en cet instant. Il ne pouvait qu'apercevoir sa silhouette du coin de l'oeil, mais le savait, il la sentait; elle n'allait pour autant pas le laisser ainsi, ici, seul chez lui, seul face à ces démons qui grouillaient en lui, jouaient avec ses nerfs et surtout cette peur qui s'était instillée dans son sang et dans ses veines comme le pire des poisons au monde. Il ne savait plus où il avait entendu cela une fois, un jour ou un autre, mais certains avaient dit que sans peur, nous étions tous aussi bons que ceux qui étaient déjà en train de manger les pissenlits par la racine, six pieds sous terre. Marw ne regardait pas les choses en face. Ne le faisait jamais, à vrai dire, quand on y réfléchissait bien. Mais tout ça, sans être entier, son être entier, n'était que de la peur. Accumulée, à son égard comme dirigée vers les autres. Il se nourrissait de celle des autres pour mieux cacher la sienne. Qu'il l'accepte, qu'on l'accepte. Même si il avait parfois les manières d'un robot et parfois celles d'une bête féroce, Hastings était humain, tout autant que vous et moi. Mais la race humaine le décevait sans cesse. Il en haïssait chaque jour passant bien plus que la majorité, aveuglément. L'humanité le lui rendait bien. C'était un cercle vicieux, cercle vicieux qui tournait en boucle aussi dans son crâne et ses pensées, alors qu'il entendait Maggie sans l'écouter. Ses tympans bourdonnaient. Il se déconnectait, en introspective contenue avec lui-même et sa personne. Aveugle, sourd, dénué de chacun de ses sens, débranché de la prise qui le reliait au courant de la vie qui alimentait les coeurs de toutes ces personnes qui gravitaient autour de lui. Par réflexe, sans même avoir saisi de quoi ou de qui elle pouvait bien parler, il marmonna vaguement, ou bien était-ce un grognement, ses pupilles figées, gelées, sur sa vision de ce cadavre, de ce mort, de ce corps auquel il avait sans réfléchir soutiré l'essence même de la vie. Sans faire la part des choses, sans réflexion, dans une impulsion, perte de contrôle satanée. Il marchait en décalé, bloqué au ralenti quand d'habitude tout ce qu'il était, tout ce qu'il faisait, n'était que fractions de seconde et retournement de situation à grande vitesse. Le bourdonnement qui parasitait son ouïe et sa concentration morbide y étaient pour quelque chose. Il releva le nez alors que comme si l'on perçait sa bulle, et vit l'autre en face. Entre deux mondes, groggy de toutes ces choses qui tournoyaient dans son esprit, le regard de Romeo se figea. Encore, la paralysie de ses muscles trop crispés, ou presque. Alors, c'était comme ça que les autres devaient ressentir ce qu'il leur faisait, ce qu'il pouvait infliger.. Fractions de secondes, oui, pour entrapercevoir dans un éclair Maggie clouée au mur, à demi floue, revoir l'homme, sentir sa prise, entendre le cri, cri déchirant de la jeune femme, appel au secours, tentative vaine pour l'avertir du danger. Il commençait à attraper les vêtements de l'autre quand la lame chuinta. La lame du couteau, la lame du poignard, cette lame froide et servile, à l'écoute de son détenteur, obéissant à celui qui la maniait. Il se vit lui-même baisser le regard vers son abdomen. Et n'en voir dépasser que le manche de l'arme. Battre des paupières, et sentir cette horrible panique qui le tuait quand elle vivait en lui, encore, se faire son nid dans l'arrière de son esprit. Un frisson descendit l'échine du blond. Tout allait si lentement.. Tout se passait beaucoup trop vite. Ralenti, accéléré, il ne savait plus où et comment se repérer, se situer dans cet espace-temps. La lame était vile, la lame était perfide. Et le couteau était des pires. Il sentit l'autre faire tourner la chose. À cran. Couteau à cran d'arrêt, fait pour entrer dans les chairs et déchirer en sortant. Parmi les pires en la matière. Il avait pris d'une main en poigne la main de l'autre. Lutter, lutter pour tenter de sortir cette acier de son corps. Il s'était faufilé au niveau des côtes les plus basses, entre deux de celles qui flottaient. Pas loin.. des organes vitaux. Il serra les dents, peut-être pour cette pensée, peut-être pour essayer de tenir, peut-être pour tenter de juguler la douleur, tant et tant encore de suppositions. Si son foie n'était pas touché, il avait bien de la chance. Il respirait difficilement, se débattant avec lui-même comme avec l'autre. Il se sentait faible, si faible, en cet instant, inférieur, victime. Tout ce qu'il n'était en général jamais. Romeo était de l'autre côté du miroir, avait changé de rôle pour un soir. Le poignard s'arracha à son organisme avec un hurlement venant de Marw. Il n'avait pas cherché à se retenir. Vue sa position, vue son état, vue ce qu'on lui réservait, faire preuve de force et d'entêtement et se retenir de démontrer tout sa souffrance en faisant vibrer jusqu'à la rupture ses cordes vocales... était futile, inutile, malvenu presque. Il n'était pas un sur-homme, il n'était pas un super-héros, il éprouvait la douleur comme un autre ou presque. Il lui avait sans doute brisé des côtes et déchirait plus d'une veine, plus d'un muscle. Ses mains, dans ce genre de réflexe stupide, s'étaient de suite portées à la blessure. Tenter de retenir, un peu naïvement, le sang qui fuyait sans qu'il n'y puisse rien et qu'il se tordait de douleur. Il perdait du sang, bien trop en un instant pour que toutes ses capacités ne restent siennes. Il sentait ses jambes devenir cotonneuses, et serrait les dents avec toute la force qu'il pouvait dégager pour essayer de ne pas flancher, ne pas sombrer, ne pas tomber. Pourtant ce fut bien ce qui arriva. Ses jambes le fuirent, et se dérobèrent sous son poids. Dure réalité, aussi froide que la lame qui l'avait atteint, aussi chaude que le sang qui battait dans ses veines et l'entachait, entachait encore le parquet. Au sol, à terre, dans la pire des positions. Il était une pauvre bête touchée. Blessé. Il n'y avait plus qu'à l'achever, alors. Sous le regard de Maggie. Il commençait à y voir noire, à y voir sombre. Ne manquait plus que ça. S'il-vous-plait, ne laissez pas advenir ce naufrage solitaire dans des marées de sang. Au-dessus de lui, l'autre. Un walker, un collègue de celui qu'il avait écrasé dans son accès de violence, sa crise de folie meurtrière mais passagère. Il connaissait bien ce genre de choses, désolé de le dire. Il n'était pas dupe, ni naïf, et pour ce genre de détails, loin d'être aveugle. Ils cherchaient à descendre les loopers en action. Et puis leur tour viendrait, à eux, les retraités, les croûtons du métier. Ils étaient venus pour Sonny. Ils repartiraient sûrement avec lui. Sans doute que ça se valait, dans leur esprit, dans son esprit. Une fraction de seconde de répit, oui, ce fut ce qu'on offrit cyniquement à ce cher Hastings. Si peu pour tant d'horreur. La rangers, assez proche de celles qu'il portait, vint lui couper le souffle, le frappant au creux du ventre. Des coups. Alors, il prenait son malin plaisir, c'était ça ? Il ne l'achevait pas en paix, il voulait le voir souffrir, ou quoi ? Après s'être déchaîné sur un autre, c'était sur lui qu'on déversait la foudre et le tonnerre. Poings, pieds, tant qu'il y avait de la douleur, qu'on éclatait ses chairs, qu'on abîmait sa peau, qu'on malmenait son corps et usait jusqu'à la corde ses nerfs... Que ce soit son visage ou le reste de son être, Romeo n'était pas épargné. Pourquoi lui aurait-on laissé une chance, après tout ? Il avait fait tant souffrir. On ne faisait que de lui rendre la monnaie de sa pièce. Et le prix était cher à payer. Sûrement qu'il le frapperait ainsi encore et encore, avant de ne revenir se pencher un peu plus sur son corps meurtri, son arme de nouveau bien en main, et de lui porter le coup fatal. Quel triste sort, pour la bête qu'il avait encore été quelques instants auparavant. Le cours des choses s'était inversé, la rivière d'aval en amont et remontait à sa source. Il avait été le bourreau, il était le condamné. Il suffoquait, il hoquetait, quand seulement il avait le répit pour pouvoir esquisser un mouvement de respiration. Il fermait les yeux, il les ouvrait, c'était du pareil au même, tout ce qu'il voyait été brouillé par la violence, par sa douleur, par sa souffrance. Tout ça pour un peu de peur. Ceux qui avaient sorti leurs dictons étaient des abrutis finis. Il avait pris peur, il était aussi bon que les morts, désormais, vu que c'était ce qu'il ne tarderait pas à être. On pourrait ramasser leurs cadavres, dans un sale état, et les jeter dans la Tamise, les oublier, après ça. Il se sentait fuir, il se sentait flancher. Oui, si tout cela continuait ainsi, alors qu'il n'arrivait même plus à gémir sous sa peine, alors il serait bientôt fini, le temps où Marw arpentait ces rues et semait sa peur dans les coeurs des autres. Plus de Marw du tout. Plus de Maggie sûrement. Plus de Sonny peut-être, si ils le trouvaient après coup. Plus rien d'autres que le vide laissé derrière eux. Et comblé par leurs os, leurs chairs, leur sang. Et tous ceux qu'ils avaient brisés, déchirés, entaillés, fait couler.
Revenir en haut Aller en bas
Maggie A. Lincoln

Maggie A. Lincoln
♙ why do we fall ?
(admin)



→ Messages : 369


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeLun 11 Mar - 17:02


I focus on the pain, the only thing that's real.

Non. Voilà le seul mot qui venait à l’esprit de Maggie. Ce mot, à la fois simple et compliqué. Une consonne, une voyelle. Et pourtant, trois lettres. Un mot qui décrivait à merveille le champ de ruine qu’était l’esprit de la petite Lincoln. Ce nid d’horreur, ce sentiment de terreur. Elle se sentait vide, et impuissante. Et peut-être était-ce ce dernier sentiment qui la détruisait le plus. L’impuissance. Cette inutilité qui était en train de coûter la vie à un homme. Et pas n’importe lequel. Romeo. Ce n’était pas un simple inconnu qu’elle aurait croisé dans la rue. Ce n’était pas un homme qu’elle haïssait de tout son cœur, et qu’elle aurait aimé voir disparaître de la surface de la terre. C’était quelqu’un qui méritait de vivre. Quelqu’un qui pensait n’avoir plus rien à perdre, mais qui avait plus conscience de la valeur de la vie qu’il ne pouvait le penser. Quelqu’un qui se cachait de tous, y compris de lui-même. Et face à sa chute, face à sa mort, Maggie était impuissante. Simplement, complètement, et désespérément, impuissante. La souffrance du jeune homme faisait écho à la sienne, bien qu’amplifiée. Elle vit le couteau s’enfoncer entre ses côtes, et crut ressentir la douleur. Elle sentit ses jambes se dérober sous son poids plume, et le col de son pull la rattraper, et l’étrangler. Bien vite, elle tenta de se remettre sur pieds, s’accrochant avec l’énergie du désespoir au mur, et à un meuble à quelques dizaines de centimètres d’elle. Le sang coulait dans ses cheveux sans qu’elle ne s’en rende compte. Tout ce qu’elle savait, c’était que Romeo était en train de se faire tuer. Sous ses yeux. Sa tête la faisait souffrir, mais elle ne s’en rendait même pas compte. Rien ne comptait d’autre que le jeune homme, et ce qu’il subissait devant elle. Ce face-à-face. Ce coup de poignard, en traître. Entre les côtes. Dans l’abdomen. Cette difficulté qu’il semblait avoir à retirer le couteau. La peur écrasait les tripes de Maggie, lui donnant cette nausée qui lui était à présent si familière. Dans son esprit, les « non » continuaient de déferler. Elle ne voulait pas y croire. Elle ne voulait pas croire que, comme une idiote, elle était clouée au mur. Et que, comme une pauvre petite conne, elle ne faisait que regarder Romeo se faire massacrer. Les larmes coulaient sur ses joues, tandis qu’elle essayait de reprendre son souffle luttant contre cet étranglement. Elle empoigna les ciseaux fichés dans le mur, et tira. Pauvre petite chose faible. Ils ne bougèrent pas, solidement plantés. Elle sentait ses jambes devenir cotonneuses, son bras mollir. Elle tenta de encore, sans grande conviction. À nouveau, rien ne se produisit. Elle glissa. Se rattrapa de justesse au meuble, comme elle pouvait. Sentit sa gorge la brûler, l’air lui manquer. Face à elle, Romeo tomba au sol, après avoir finalement retiré le couteau de la plaie. Elle ne comprenait pas, ne voyait rien. La douleur, le manque d’air, les larmes. Sa vision s’en retrouvait totalement obstruée. Une simple forme bougeait, dos à elle. Coups de pied. Coups de poing. Encore. Et encore. Inlassablement. Lentement, Maggie cligna des paupières, les lèvres entrouvertes, cherchant un petit peu d’air. Anéantie. Souffrante. Coupable. Pourquoi ?

Elle sentit ses jambes se tendre, ses pieds se poser fermement au sol, sur leur pointe, lui permettant de retrouver un peu de forces. Peu. Beaucoup trop peu. Ses deux mains accrochèrent le col de son pull, l’écartant, faisant céder les coutures pour lui donner un peu de marge. Elle reprit une inspiration. Et alors qu’elle luttait pour ne pas sombrer, et perdre tout espoir de s’en sortir, un mot franchit ses lèvres. Pauvres. Totalement impuissants. Souffrants. « Ro … meo … » Elle eut un léger sanglot. Ses oreilles étaient à moitié bouchées. Les sons lui parvenaient étouffés, amoindris. Maggie se sentait mal. Elle paniquait. Elle avait l’impression que le temps ralentissait, qu’elle pouvait apercevoir chacun des mouvements du walker. Chacun de ses accès de violence, qui laissaient de nouvelles marques sur le corps de Romeo. Et l’ancien Looper, au sol, impuissant. Paniqué. Mourant. Maggie cherchait son regard, se doutant pourtant bien qu’elle ne le trouverait pas. Il ne pouvait pas la regarder. Et elle devait très certainement être la seule chose dont il se souciait. Et à vrai dire, si elle avait pu être à sa place, et lui à la sienne, elle aurait accepté. Pourquoi ? Elle ne savait pas réellement. Peut-être parce qu’il n’avait pas le droit de mourir. Et qu’elle aurait voulu tout faire pour l’en empêcher. Elle était faible. Elle était seule, et l’avait toujours été. Elle n’avait jamais rien fait d’utile. Sa vie était un gouffre sans fond, dans lequel elle avait trouvé une petite corniche. Elle ne cherchait pas à remonter. Elle avait trouvé l’emplacement idéal dans son désespoir, et y campait. Accrochée à ce pauvre petit morceau de roche, sans chercher à se laisser tomber, sans chercher à améliorer sa vie. Elle était entre deux eaux, chaque jour qui passait, et n’en avait pas toujours conscience. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle considérait que tout le monde avait sa chance. Qu’il y avait du bon en chacun. Maggie était perdue. Carcasse vide, petite chose sans vie, marionnette de cette dernière. L’étincelle au fond de son regard n’était qu’une illusion, que les gens se plaisaient à voir, à discerner. On aimait voir Maggie, la regarder, et se dire « enfin une enfant qui vit, dans ce monde de fous ». On voyait ce qu’on voulait voir. On s’arrêtait à son sourire, on n’avait pas envie de fouiller derrière. Tout comme Romeo, lorsqu’il la voyait. Il s’arrêtait à cette petite chose énervante et vivante. Cette fille qui selon lui, avait tout pour être heureuse, et tout pour vivre. Un boulot, la vie devant elle, de l’argent. Un sourire, et une vie. Il n’avait jamais regardé derrière, pas plus que quiconque ne l’avait jamais fait. Et Maggie ne pouvait pas lui en vouloir. Elle n’en voulait plus à personne depuis longtemps. Sa souffrance était sienne, son inutilité était devenue son quotidien. Elle l’acceptait. Cependant, aujourd’hui, et à cette seconde précise, c’était intolérable. Elle ne pouvait plus l’encaisser. Et elle n’arrivait plus à vivre avec.

À nouveau, elle tira sur la paire de ciseaux. Celle-ci sortit enfin de son enclave, et Maggie tomba lourdement au sol, son pauvre clou de fortune à quelques centimètres d’elle. Solitude. Désespoir. Et encore et toujours, cette impuissance. Alors qu’elle reprenait sa respiration, ses yeux perdus et toujours aussi remplis de larmes se levèrent vers Romeo. Il n’avait pas bougé. Continuait de se faire maltraiter. L’empathie prit soudain possession de la jeune femme, alors qu’elle hoquetait de douleur en le voyant ainsi. Pourquoi ? Pourquoi les choses se devaient-elles toujours de fonctionner dans ce sens ? Elle était la pauvre fillette inutile, tandis qu’il était la victime. Sa violence faisait de lui quelqu’un, et son impuissance faisait d’elle une ombre. Une chose dont on ne se souciait même pas. Un petit être qu’on n’avait eu qu’à clouer au mur avec une vulgaire paire de ciseaux pour s’en débarrasser. Elle était mise à part. Elle n’avait rien à faire ici, dans cette guerre. Elle était seule, et personne ne se souciait de ce qu’il pouvait lui arriver. De toute manière, Romeo le lui avait dit, la dernière fois qu’il l’avait vue. Personne n’allait la tuer. C’était bien plus distrayant de la martyriser. Une cible facile. Pour se distraire des temps durs. Pourquoi tuer les proies idéales ? Elle était inutile. Elle était invisible. Et si elle avait pu prendre ce coup de couteau à la place de Romeo, elle l’aurait fait. Sans l’ombre d’un doute. Elle n’avait personne. Et n’avait plus rien à perdre, hormis les gens à qui elle tenait. Et elle tenait à lui. Romeo méritait de vivre. Elle, on ne se souciait pas de ce qui aurait pu lui arriver. Et à vrai dire, elle-même s’en foutait. Sa poitrine se soulevait de manière saccadée, tandis qu’elle réalisait encore une fois son impuissance. La culpabilité ravageait son cœur, déjà brisé par le hurlement que Marw avait poussé lorsque le couteau était ressorti de sa plaie. La petite Lincoln n’était plus rien. Son âme vide l’avait définitivement quittée, il y avait quelques secondes de cela. Ou était-ce des minutes, elle ne s’en souvenait plus bien.

Ses paupières se clignèrent lentement. Et brutalement, un coup de pied la fit sursauter. Elle ne mit pas longtemps à se redresser. Ses jambes flageolèrent, mais elle tint bon. On l’oubliait. Il y avait bien longtemps qu’elle aurait pu quitter cette terre, si elle l’avait voulu. Elle n’aurait manqué à personne. Ses connaissances auraient peut-être été tout au plus choquées. Mais personne ne l’aurait pleurée. Romeo, lui, avait Sonny. Maggie, elle, n’avait plus personne. Rien à perdre. Son cœur s’accéléra dans sa poitrine, alors qu’elle faisait un pas.

On l’oubliait. On l’oubliait toujours. On ne se souvenait plus de sa présence. Inutile, invisible. Pour tout le monde. Marw, lui, ne l’était pas. Et elle ne supportait plus ce carnage. Elle ne supportait plus ce massacre. Elle ne supportait plus tout ce sang. Cette vision rouge, cette souffrance assourdissante. Elle pleurait pour lui. Chaque larme qu’elle versait était pour lui, sans qu’il n’en ait probablement conscience. Et c’était pour cette raison qu’elle s’approchait. Elle avait l’impression de prendre son temps. Alors qu’en réalité, son mouvement était vif. Déterminé. Et totalement irréfléchi. Romeo méritait de vivre. Et elle, elle n’était plus rien. À peine un courant d’air, qui n’aurait pas fait onduler la plus légère des plumes. Romeo méritait de vivre. Et elle se foutait bien de ce qui pourrait lui arriver en retour. Tout était déjà terminé depuis longtemps.

La double lame refermée des ciseaux se planta soudainement à la base du cou de l’homme. Le sang gicla, alors qu’il poussait un hurlement bref, une flopée d’injures s’échappant à la suite. Il n’eut pas le temps de se retourner que les petits doigts de Maggie avaient déjà relâché sa veste. Sans se préoccuper des petites gouttes de sang éclaboussant son visage, elle ressortit brièvement son arme improvisée, et la planta à nouveau, juste à côté. Et, alors que l’homme portait sa main à son cou en hurlant, elle lâcha tout, et recula. Laissant les ciseaux plantés. Haletant. Ne réalisant pas le moins du monde ce qu’elle venait de faire.

Reculant encore un peu, les sanglots secouant sa poitrine sans qu’elle ne puisse s’en empêcher, le visage maculé de petites taches rouges, Maggie commençait à sentir la tête lui tourner. Ses oreilles se remirent à bourdonner. Un gémissement sortit d’entre ses lèvres, alors qu’elle ne pouvait détacher son regard de ce qu’elle venait de commettre. Elle avait attaqué un homme. Brutalement. Sauvagement. La nécessité l’avait emporté sur la raison. Sauver Romeo avait été plus important que tous ces principes idiots qu’elle avait toujours eus.

Elle avait fait son choix. Rester dans les rangs de cette justice inexistante en laquelle elle avait voulu croire, ou rejoindre Marw dans les rangs de ceux qui avaient choisi de lutter pour survivre, et d’arrêter de croire en ces mensonges, et en ces promesses de rédemption. Elle avait choisi. Finalement, après de longues années d’indécision, de longues années à regarder les cadavres des gens et à s’en occuper, de longues années à ne pas être plus utile et plus visible qu’une petite bourrasque de vent au milieu d’une tempête, Maggie avait tranché.

Elle avait attrapé cette main tendue qu’elle s’était toujours refusée à accepter. Et elle l’avait serrée. Acceptant cette idée que, désormais, elle aussi était un monstre. Un animal. Un être humain. Et qu’elle devait tuer, par pure nécessité.
Revenir en haut Aller en bas
Romeo

Romeo "Marw" Hastings
betrayal it's in the blood



→ Messages : 84


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeJeu 14 Mar - 14:02





The time has come to destroy your supremacy.

Froid. Romeo avait terriblement froid. L'hiver approchait. Winter is coming. Le froid, ce froid insidieux, sinueux. Le froid qui glaçait ses veines, brûlait son coeur. Ce froid qui gelait ses chairs à chaque tentative d'inspiration, chaque vibration de son corps et de son âme, chaque seconde passant et fuyant. Fuyant comme il sentait ses forces le fuir et le quitter, l'abandonner comme le bagnard en peine qu'il était à son triste sort, sans répits, sans dernière chance, sans adieu ni même au revoir. Il avait hurlé. Hurlé comme jamais, quand la lame crochetée avait enfin quitté son corps. La fin d'un mythe, la chute d'une légende. Romeo victime, le bourreau porté au banc des accusés, se rapprochant du gibet, du peloton d'exécution, de la potence qui lui serait sa dernière signification de son courage et de sa force, de sa haine et de son ardeur. La fin d'un mythe, oui, et la fin d'une vie. Tout cela, et pourtant si peu, quand l'air s'était distordu en lui et dans ses pleurs, son coeur à l'abandon, son esprit en lambeaux. La chute était dure, si dure. Inévitable, fatale. Il avait bien senti par lui-même que dans ces secondes perdues entre deux temps, ces fractions d'instants suspendu dans les airs, quelque chose se rompait, se brisait, quelque chose de plus fort que lui, plus grand que lui, le dépassant de tant et tant, se déchirait en son être, dans ce rituel suspicieux de sa vie malmenée. Et mal menée. Froid. Romeo avait terriblement froid, alors oui. Il en aurait bien cru que les larmes qui embrouillaient sa vue et rendaient laiteuses ses pupilles gèleraient ici-même, sur lui, en lui. Le sang qui s'évaporait pourtant de ses espoirs et de ses destins, de ses vies et de son corps, cette hémoglobine qui fuyait son corps par cette tranchée béante et sanglante, était pourtant chaud, presque brûlant. Brûlant de la vie qui fuyait Marw. Hastings déchu, Hastings au plus bas, Hastings descendu au trente-sixième dessous, Hastings déjà six pieds sous terre, Hastings qui aurait prié pour pouvoir enterrer la hache de guerre, Hastings perdu dans les catacombes aux souvenirs de sa haine... La haine, oui. La haine vibrante et flambante ne brillait plus en lui, ne le consumait pas en cet instant. La haine qu'il portait à la majeure partie de l'humanité et que la majeure partie de l'humanité lui rendait bien, alors encore. La haine. Cette même rage de détester qui avait tant et tant de fois brillé dans ses yeux bleus profonds, dans les abysses de son âme qu'elle avait illuminées, dans ces cratères creusés à même la roche de son coeur de pierre, bardé et serti de la sorte pour mieux cacher les trésors qu'il aurait pu receler. La haine, cette même haine que la sienne, brillait dans les yeux de l'homme qui cherchait sa mort, pure et simple fin de son temps et de son histoire, point final à ses présents et ses écrits. Des yeux qui ressemblaient aux siens. Un ton de bleu plus verdâtre, un ton de bleu moins céleste. Un ton de bleu plus proche des marécages que des eaux claires. La pure trahison d'une âme en une palette, un simple dégradé légèrement irisé, gravé dans le code génétique de cet homme qui s'acharnait à le voir mourir après l'avoir vu souffrir au moins un peu. Un tant soit peu, lire dans chacun de ses traits, chacun de ses frémissements, chaque éclair dans ses yeux à lui, qu'il était à sa merci. Qu'il n'avait plus qu'à être remerciait. Que les adieux seraient prochains si le rythme de la mélodie que jouait la faucheuse de leurs vies gardait ce train enjoué et exalté, euphorique de voir le faiseur de mort lui-même périr. En ressortant de son flan, non sans mal et non sans peine, l'arme avait déchiré plus qu'une chose, un idéal, une image sur papier glacé en Romeo. Des chairs, aussi. Des chairs, des os, des muscles, des peaux, et un organe des plus vitaux. L'autre avait réussi à loger cette vicieuse lame, qui avait laissé ouvert le chemin aux larmes du Hastings, entre ses défenses et ses gardes. Entre des côtes, perfide. Profondément, jusqu'à titiller et agresser ce qui justement ne devait jamais l'être. Si le coup avait été porté une once plus haut et de l'autre côté de la cage thoracique du grand blond, il y aurait eu un pourcentage non négligeable de chance pour qu'il lui soit fatal. Si cela avait été le cas, si les choses s'étaient déroulées d'une telle manière à ce que les choses arrivent comme cela, Romeo ne serait probablement déjà plus de ce monde. Envolé vers d'autres univers et d'autres réalités. Mais son coeur allait très bien pour le moment. Enfin, façon de parler. Il avait été épargné de ce massacre en corps à corps, mais l'euphémisme restait indiscret, comme un tâche de rouge sur la neige blanche, la poussière répandue sur les grimoires, les brocantes et les antiquités logées dans les plus vieux des greniers. Le coeur de Romeo était brisé, brûlé et réduit en cendres. Il accélérait le rythme, pompait et rejetait avec fièvre et fougue le sang dans ses artères et ses veines. À quoi bon donc ? On aurait pu établir une comparaison assez bien trouvée entre Marw et un vase percé. On abreuvait encore et encore les plantes pour qu'elles y trouvent leur vie et leur salut, mais ce n'était que la mort qui menaçait toujours de plus en plus fort. Parce qu'il fuyait. Les liquides ne tenaient pas dans les récipients, et la mare s'étalait sous les objets et les corps. Mare d'eau ? Mare de sang. Sang de Romeo qui se répandait sur le parquet comme il avait fait couler et fait gicler celui de l'autre walker sous ses semelles solides quelques instants auparavant. Tant de débats, délibérations et déclarations vaines, pour en venir aux faits avérés, à ces instants présents qui déjà passaient et trépassaient. Romeo avait terriblement froid. Froid sous les coups de son futur assassin, le doute ne se permettait plus dans son esprit. Il y voyait flou, trempé de ses larmes qu'il n'avait même pas cherché à retenir. Tout comme ces gémissements et la douleur qui paralysait son esprit vilainement. Quand l'homme était déchu, la légende persistait. Mais quand la légende était mise à mal, l'homme brillait par sa plus flagrante preuve d'humanité justement. Une humanité, appartenance à cette espèce un peu plus évoluée que les autres, qui relevait du sentiment animal pourtant. Un humain avait le pouvoir d'exprimer et de ressentir des sentiments, des peines et des douleurs au plus profond de son coeur. Ces sentiments, ses sentiments, bien longtemps Romeo les avait repoussés comme un cancer, en solitaire. Aujourd'hui face à sa vie et sa destinée, face à son agresseur et sachant encore dans une partie épargnée par la brume de son crâne que Maggie était là à assister à la scène, il laissait le flot détruire ses digues et mettre à bas ses barrages enchaînés.

Hastings avait refermé les paupières mais encore les larmes glissaient-elles à ces joues, sur son visage qui à chaque coup asséné s'égratignait, tout comme chaque part victime de son corps, soit en quelque sorte son intégralité. Quand il sentit la chose venir, dans ses os, dans sa moelle épinière. Sentir venir une fraction de secondes avant que cela n'arrive réellement. Un flash, en images confuses et embrouillées, que son esprit atterré démêla pourtant en un instant. Maggie. Une paire de ciseaux. Et celui qui lui avait porté ce cou titubant, l'arme improvisée plantée dans le bas de la nuque. Vision d'horreur. Vision d'erreur. Il affabulait et éludait une partie de ce monde. Mais l'autre ne faisait qu'en revenir alors. Ils signaient tous deux leurs derniers contrats et leurs derniers actes se jouaient dans ces secondes cruciales, décisives et fatales. Une lutte acharnée pour achever l'autre. Il était revenu au couteau, revenu sur lui pour lui porter le coup de grâce. Peut-être dernier soubresaut de vie avant que son dernier souffle ne s'échappe misérablement d'entre ses lèvres, Hastings se débattit, ou plutôt lutta contre la destinée qui lui était sauvagement promise. Se saisir de son poignet, retenir cet acier qui ne voulait que mordre encore une fois sa peau, goûter à la tendresse de ses chairs et lécher son sang. Qu'il aille manger les rêves et les avenirs d'un autre, qu'il aille se délecter du futur brisé avant même qu'il ne s'échappe et mène sa vie de celui qui avant lui avait usé de cette arme. Le couteau à cran d'arrêt s'enfonça dans le plexus de son ennemi en chuintant sombrement. Un instant de silence, regards partagés, et alors que l'autre s'écroulait, épinglait d'avant comme d'arrière, Romeo le poussa à s'échouer sur le côté. Sa tête retomba lourdement contre le sol alors qu'il serrait les dents, retenant faiblement un gémissement de douleur. Il porta ses doigts à son flan, et releva la main jusqu'à ce qu'il l'ait en face de son visage. Son coeur échoua bêtement et rata un battement. En une convulsion spontanée, toujours transi par le froid, symbole de cette mort qui doucement s'emparait de lui, il se plia en deux, crachotant. Tout ce qui s'échappa de son corps et d'entre ses lèvres ne fut que du sang. La lame était allée au plus profond. La lame avait touché un de ses poumons. Il avait la tête qui tournait, et flottait entre deux eaux, à la merci des vents contraires. Tournant la tête, un rictus souffreteux étirant les coins de ses lèvres en dévoilant ses mâchoires serrées à s'en rompre, il entrouvrit les yeux. Et son regard se posa sur Maggie. Il comprenait sans rien comprendre, ne saisissait qu'à demi-mots teintés de double-sens ce qui se déroulait. Une chose était sûre et certaine, il sentait le navire sombrer vers les abysses et les fosses les plus profondes et les plus sombres des océans de la vie. Marw tremblait doucement, une main serrant ce flan entamé, dans la tentative vaine de juguler une hémorragie insupportable. Son regard fondit, braise glaciale. « Mag.. » Une syllabe, et pas assez de force pour terminer toute autre tentative. Il n'y avait que ses yeux bleus dans ses yeux châtains, et la vérité qui était telle; elle venait de tuer pour lui, créature fragile donnant la mort pour un homme aussi détestable que lui. Elle venait de lui sauver la vie comme il l'avait déjà fait pour elle quelques minutes auparavant. Et il avait besoin de son aide. Plus que de tout, en cet instant. Les rivages du Styx étaient déjà visibles depuis l'angle que venait de prendre le chemin de sa vie. Il voulait vivre. Et il allait mourir. Il avait besoin d'elle. Il avait besoin de son aide. Romeo avait besoin de Maggie Lincoln.
Revenir en haut Aller en bas
Maggie A. Lincoln

Maggie A. Lincoln
♙ why do we fall ?
(admin)



→ Messages : 369


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeJeu 14 Mar - 21:00


So cold.


C’était un cauchemar. Un mauvais rêve, la pire des horreurs mise en image. Un cauchemar pourtant si limpide, si atrocement réel. Debout, titubant doucement, Maggie ne pouvait plus rien faire. Son corps ne répondait plus, son sang bouillonnait dans ses veines, faisant battre son cœur jusqu’à un rythme proche de l’explosion, chacune de ses veines pulsant ce flot de sang contenu en elle. Elle avait l’impression qu’elle allait vomir. Qu’elle allait s’évanouir. Qu’elle allait se jeter par la fenêtre. Qu’on allait lui tirer une balle en pleine tête. La peur, l’envie de mourir, la nausée, le malaise. Dans un ordre incertain, mais tous présents. Elle les vivait, bien plus que de les ressentir. Seulement voilà. Elle aurait bien été incapable de faire quoique ce soit, si ce n’était éventuellement tomber inconsciente. Son cœur ne répondait plus. Son cerveau s’était déconnecté. Elle était en train de mourir de l’intérieur, et sentait son esprit s’enfoncer dans les ténèbres, dans ces limbes qu’elle avait elle-même créées, par un seul geste. Un seul mouvement du poignet. Une lame transperçant une veste, mordant la peau, la déchiquetant au passage, fendant les chaires, perçant la jugulaire, se mêlant au sang qui abondait déjà hors de la plaie. Cette plaie qui avait giclé, bien avant qu’elle ne bouge le moins du monde les ciseaux. Des petites gouttes s’étaient alors déposées sur sa main, et une ou deux sur sa joue. Puis, elle avait enlevé la double lame. Elle l’avait levée à nouveau, ignorant le sang qui s’échappait en flot de la plaie. Et l’avait planté. Encore une fois. Avant de reculer. Et elle ne bougeait plus. Elle ne parlait plus. Elle ne pleurait plus. Elle n’était plus capable de rien, hormis de laisser la scène se dérouler sous ses yeux, pendant une fraction de secondes.

Panique. Terreur. La mort guette, sa faux en main, sagement calée sur le sol. Elle guette, ne sachant lequel des deux hommes emporter, tandis que la petite âme faible du lot redevient spectatrice, bestiole inutile à la fin de ce massacre. Elle avait déjà donné. Ses coups promettaient la mort de sa victime, et la faucheuse le savait pertinemment. Mais Romeo. Fallait-il le prendre avec, ou serait-il en mesure de se défendre une dernière fois ? Hoquetant avec horreur, Maggie vit l’autre empoigner son couteau. Un tressaillement secoua brutalement son petit corps frêle, sans même qu’elle ne soit capable de bouger, de se jeter entre eux, d’aider son ami. Les larmes envahirent à nouveau ses yeux. Son cerveau se reconnectait lentement. Elle avait peur. Elle avait mal. Elle ne voulait pas voir Romeo mourir. Et, sans qu’elle ne comprenne, le couteau se retourna. Se planta dans le thorax de leur adversaire, l’achevant sur le coup. La jolie brune sursauta, alors qu’elle regardait le corps sans vie de leur assaillant tomber au sol. Immédiatement, son regard se reporta sur Romeo. Il tomba. Et ainsi crut-elle faire également, lorsque ses jambes se dérobèrent sous son poids, à la seconde précise où elle sentit ses genoux se fléchir. Pourtant, rien ne se produisit. Elle eut l’impression de tomber, vertige brutal et sans aucune source, petits points noirs dansant devant ses yeux. Mais elle resta debout. La seule encore en vie. La seule dans toute cette histoire qui n’était pas morte. Physiquement, tout du moins.

Les paupières de Maggie clignèrent doucement, alors qu’elle regardait le corps recroquevillé de Romeo, au sol. Sa propre vision était troublée, d’autant de larmes que de peur et de traumatisme. Il avait les yeux fermés. Mais il bougeait. Il gémissait. Il… Pleurait. Inconsciemment, sans qu’elle ne puisse se maîtriser, une cascade de petites perles salées commença à dévaler les joues couvertes de sang de la jeune femme. Le liquide rouge se scinda, laissant la place aux larmes qui glissaient sur sa peau. Elle ferma doucement la bouche. Le goût du sang l’envahit alors, lui arrachant un haut le cœur. Elle s’empressa de rouvrir les lèvres, alors qu’un sanglot sonore s’en échappait, impossible à retenir. Et lorsqu’il se mit à cracher du sang, les pleurs éclatèrent, sonores, accompagnant les larmes et les sanglots jusqu’à lors muets. Elle plongea son regard dans le sien, alors qu’il prononçait faiblement le début de son prénom. Son cœur était brisé, déchiqueté, brûlé. Petit tas de poussière de cendres sur le sol, bien en évidence à l’extérieur de son corps. Elle mourait, en même temps que Romeo. Perdue dans ses yeux, elle se força à se calmer, essayant de se taire, de ne pas craquer. Pour lui. Mais c’était impossible. Ses grands yeux bleus, dans les siens. Il la fixait. Il avait peur. Il mourait. Il le savait. Et elle aussi. Pourtant, elle refusait de l’admettre. Non. Il n’avait pas le droit de mourir, pas le droit de les laisser. Pas le droit de la laisser. Il ne pouvait pas partir, pas maintenant. Pas alors que tout dans son regard trahissait son envie de vivre, et sa volonté de s’accrocher désespérément à la vie. Il avait besoin d’elle. Et elle n’avait jamais eu l’intention de le laisser.

Maggie fit quelques pas, les jambes flageolantes. Un nouveau sanglot traversa ses lèvres, alors qu’elle se laissait tomber à genoux près de Romeo, ses cheveux tombant tout autour d’elle, allant effleurer le sol, le sang, et le visage du jeune homme. Elle sentait la douleur lui déchirer la tête en deux, mais n’y prêtait aucune attention. Elle saignait, le savait. Mais quel moindre mal était-ce, en comparaison de ce que vivait Marw en cette seconde précise ? Pleurant simplement, le visage toujours maculé de sang, se moquant éperdument de l’hémoglobine qui pouvait tacher ses vêtements, de la cervelle qui gisait toujours à quelques dizaines de centimètres d’elle, Maggie ramena ses cheveux en arrière, essayant de se calmer, de rassembler ses pensées. Il fallait qu’elle le sorte de là. Mais c’était impossible. Sa raison avait mis les voiles. Seul restait son cœur, détruit, anéanti, pulvérisé. Un cœur qui saignait abondamment, toute sa douleur se mélangeant à celle du blond couché face à elle. La jeune thanatopractrice passa le dos d’une de ses mains sur sa joue, essayant d’en chasser les larmes, ne parvenant qu’à étaler un peu davantage le sang dont elle était recouverte. Posée sur ses genoux, elle se pencha en avant, attrapant une des mains du jeune homme. Recroquevillée près de lui, son corps s’approchant doucement du sien, elle pleurait, sentait sa poitrine se soulever à un rythme bien trop effréné, témoin de ses sanglots. Elle essayait de capter le regard du jeune homme, toute aussi effrayée que lui. « Ça … Ça va aller ... » Elle mentait. Elle n’en savait rien. Mais une chose était sûre. Elle ne le laisserait pas crever comme ça. Il avait encore du temps à vivre. Des choses à dire. Des instants à passer. Des sourires à faire. Il avait encore du temps. Sa vie commençait à peine. Elle refusait qu’il parte ainsi. Et elle ne comptait pas laisser la mort le prendre dans ses bras. C’était hors de question. Et cela n’avait rien d’une option. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, terriblement pâle, terriblement vide, et désespéré. Mais un sourire. Elle y croyait. Elle se battrait. « Je vais m’occuper de toi … » Elle ferait tout pour. Elle ne baisserait pas les bras, et se l’interdisait. Pourtant, la situation semblait compliquée. Voire totalement impraticable. Tremblante, elle posa une main sur le visage de Romeo, laissant son regard imprégner le sien, l’envelopper, doux et rassurant, profond et protecteur. Elle ne laisserait plus personne le blesser. Pas aujourd’hui. Elle mourait avant de le voir se faire attaquer encore une fois. Et s’il fallait faire face à un troisième adversaire, elle n’aurait aucun scrupule à prendre un coup de couteau pour le défendre. Après tout, elle n’avait plus rien à perdre. Lui avait encore tant, même s’il n’en avait pas conscience. C’était impossible qu’il parte maintenant, et elle ne laisserait rien, ni personne, contrer cela. Le couvant toujours du regard, s’efforçant de calmer les battements de son propre cœur, malgré la peur, pour tenter de l’apaiser, Maggie se coucha encore un peu plus au sol, ignorant le sang qui tachait ses vêtements, et les larmes qui coulaient toujours. Sa tête se posa sur le parquet taché, le heurtant lourdement, alors que sa propre plaie recommençait à la faire souffrir. Son souffle se régularisa lentement, tandis qu’elle s’efforçait de contrôler le flot de sentiments qui la submergeait. Elle n’avait pas à inquiéter le jeune homme, même si elle-même mourrait de peur. Elle n’avait pas à l’angoisser, elle ne devait que le rassurer. Le calmer. Le protéger.

Une douleur serra la poitrine de la petite thanatopractrice, tandis que ses doigts fins se glissaient dans les cheveux blonds du jeune homme. Recroquevillée en position fœtale, couchée au sol, ses yeux vrillés dans ceux de Romeo, sa main remettant en place des petites mèches blondes, parfois rougeoyantes, Maggie perdait toute notion. Le bien et le mal n’existaient plus ; mais avaient-ils seulement été, un jour ? Le temps ralentissait, synchrone avec les battements de son organe cardiaque terrifié. Ses yeux bruns enveloppaient toujours le jeune homme, petite bulle de sérénité et de tendresse. Elle voulait le rassurer, lui montrer que le temps n’était pas un mal. Le temps le faisait pour le moment souffrir, mais cette souffrance s’estomperait également avec ce même temps. Pour le moment, il devait se calmer. Apaiser son cœur, le forcer à ralentir, sans pour autant lui demander de s’arrêter. Il perdrait ainsi moins de sang. Il devait se calmer. Se forcer à se contrôler. Cependant, elle comprenait aisément qu’il panique. Et c’était en cela qu’elle essayait d’être utile. Même si elle ne pouvait s’empêcher de pleurer, elle pouvait au moins tenter de le détendre. De lui montrer qu’il n’avait plus rien à craindre. Plus rien, hormis cette plaie béante sur son flanc, certes. Mais il ne fallait pas qu’il se focalise dessus. « Calme-toi… Fais-moi confiance… » Il fallait qu’il la regarde. Qu’il se concentre sur elle. Ses petites larmes, son visage de poupée. Ses doigts fins, dans ses cheveux. Son sourire qu’elle essayait de garder, ses grands yeux chocolat qui se perdaient dans les siens, doux et maternels. Il allait devoir se calmer. Pour lui laisser le temps de réfléchir. Le temps de trouver une solution. Pour l’instant, elle se focalisait sur son objectif présent, mais savait que le temps se dressait contre eux. Elle allait s’en sortir. Il allait survivre. Mais à cette seconde précise, les pensées de la belle étaient trop confuses pour qu’elle puisse agir. Elle aurait fait plus de mal que de bien, et en avait parfaitement conscience. Elle avait besoin de calme, besoin d’ordre. Besoin que sa plaie arrête de la faire souffrir. Ce ne serait pas le cas, elle ne prendrait pas le soin de se panser avant de s’occuper de lui. Elle devait oublier sa blessure anodine. Se concentrer sur Romeo. Ses yeux bleus, perdus, effrayés, voilés par la mort qui se dessinait face à lui, silhouette sombre et en apparence si réconfortante. Le remède à tous ses maux. Un remède qu’il ne devait absolument pas choisir. « Reste avec moi… » Le murmure glissait entre ses lèvres, apaisant. « Ne ferme pas les yeux, regarde-moi. Je vais te sortir de là. » Douce mélodie au son feutré, étouffé.

Malgré les larmes, sa voix ne tremblait presque plus. Elle la calait sur les battements de son cœur, la laissait glisser dans les tympans de Romeo, seul calmant disponible pour le moment. Ses doigts s’accrochaient toujours à ses petits cheveux, ce pendant que sa seconde main descendait vers l’abdomen de l’ancien Looper. Lentement, elle pressa sa main sur le dos de celle de Marw, croisant ses doigts avec les sien, l’aidant à compresser la plaie. Elle restait couchée. Pour le moment impuissante. Mais bien déterminée à bouger une fois qu’il se serait un peu stabilisé. Qu’elle aussi. Et qu’elle aurait trouvé une solution. Sa main s’appuya doucement sur celle du jeune homme, encore davantage, essayant d’empêcher au maximum le sang de s’échapper. Elle sentait le liquide chaud parsemer sa main. Un frisson remonta le long de sa colonne vertébrale, alors qu’elle tentait de ne pas quitter des yeux les prunelles de son vis-à-vis. « Je vais te tirer de là. Je te le jure. » Les mots étaient sortis, diamant brut de sincérité, à la fois doux et déterminés. Elle le lui avait juré. Et elle tiendrait sa promesse. Romeo n’avait pas le droit de mourir, pas maintenant. Son heure n’était pas arrivée, et qu’il le veuille ou non, il lui faudrait faire avec.

Les doigts de Maggie enserrèrent simplement l’arrière de la tête de Marw, perdus dans ses cheveux. Elle ne le lâchait pas des yeux. Lentement, ses pensées s’éclaircissaient. Elle avait intégré sa propre douleur, s’y était habituée. La flamme au fond de son regard se remettait à danser doucement, alors qu’elle le fixait, impassible, ne tremblant presque plus, les larmes se tarissant peu à peu. Elle devait être forte. Pour lui. Son cœur pulsait lentement. Sa respiration se mêlait à celle du jeune homme, de loin. Elle était prête à tout pour l’aider.

Après tout, elle venait de tuer pour lui sauver la vie. Et s’il avait fallu recommencer, elle l’aurait fait. Sans l’ombre d’une hésitation.
Revenir en haut Aller en bas
Romeo

Romeo "Marw" Hastings
betrayal it's in the blood



→ Messages : 84


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeMer 20 Mar - 14:15





The time has come to destroy your supremacy.

Il y a encore si peu de temps, il y a de cela des années lumières, il n'aurait demandé que cela. Mourir, crever, qu'on le laisse enfin reposer en paix, qu'on mette fin à ses souffrances. Plus maintenant, pas maintenant. Romeo ne voulait qu'une chose, vivre, en cet instant. Même si il se savait désespérément condamné à voir sa vie s'achever, dans tous les cas au moins, d'ici un peu moins de trente années, Hastings aurait.. aurait préféré vivre, à ce simulacre de fin, morbide. Verser le sang après l'avoir fait gicler, comme la plus douce et la plus dure des ironies de la vie. Ce ne pouvait pas se finir ainsi. Pas comme ça, pas pour le moment. Qu'avait-il mal fait, n'y avait-il donc aucun moyen de rembobiner le film de sa vie pour éviter ce massacre avant qu'il n'advienne ? Au sol, à terre, bête blessée et abandonnée à sa triste destinée, Marw n'était qu'un enfant. L'enfant qui de son coeur avait pris la fuite le jour exact où il avait pour une première fois semé la mort, mais cette histoire-là appartenait à des passés bien lointains. Romeo était ce petit bout de rien d'avant. Qui se débattait avec sa propre vie, se débattait pour s'en sortir, au moins. Motivé chaque matin, en partie, à se lever, pour la simple et bonne raison que déjà il haïssait. Pas encore la majorité de l'humanité, même si le compte filait toujours en montant, les nuits passant. Vibrante colère d'un adolescent nourri aux regrets et à l'amertume. Celle d'un fils contre un père. Si au moins cet inconnu avait pu un jour s'intéresser un tant soit peu à lui. Un abruti qu'il rêvait sincèrement de tuer de ses propres mains. Enfin, en premier lieu, de frapper d'une droite bien calibrée. Il avait grandi avec son oncle, il avait grandi sans son père, ni même sa mère. Grandi dans un monde de brute et de drogués. De tout ce fatras de mémoires entremêlées et enchaînées, souvenirs imbriqués dans les passés, l'ancien looper se souvenait de tout ce qu'il avait bien pu faire en trente et une années d'errance invétérées. La pellicule de son existence, mélodrame mêlé au thriller sanglant. Puisqu'ils étaient tous de la chair à canon, puisqu'il n'était qu'un autre petit soldat de plomb dans l'armée silencieuse que tous les êtres humains ensemble formaient. Marw. Mort. Le bien nommé. Si il en avait le courage, si il en avait eu la force, si son coeur n'avait pas été en cet instant aussi vrai et sincère, il aurait bien ricané, sourire sarcastique aux lèvres, au nez de la Mort, justement. Le résultat des courses ? Il avait tué, directement ou par moyens détournés, consciemment ou non, plus encore de personne qu'il n'aurait pu y croire réellement. Ce n'était que le tribu des vies qu'il avait volées avec plus ou moins de coeur et de compréhension. Hastings frissonna, encore une fois. Une vague silencieuse qui accentua un peu plus le froid qui gelait son corps de l'intérieur. Il déglutit, mâchoires serrées à s'en éclater les tendons. Juguler, juguler, encore et toujours tenter de juguler ce trop-plein; contenir la douleur, soutenir le froid qui le rongeait, et essayer vainement de tenir cette plaie ouverte, presque symboliquement, et ne pas s'avouer encore exactement vaincu alors qu'il se tenait le flan, le sang pourtant coulant tout de même. Bientôt, à moins que ce ne soit déjà le cas, ce qui l'était probablement, le parquet de cet appartement serait définitivement irrécupérable. Le sang des bourreaux comme celui des victimes se serait incrusté dans le bois jusqu'à la moelle, les planches se seraient imbibées dans leur veinage le plus profond, gardant à jamais le souvenir sinistre de ces mises à mort silencieuses et imméritées.

Il n'avait qu'à se raccrocher à elle puisqu'elle était son dernier phare. Le dernier et si mince espoir qui palpitait dans ses veines, que son coeur faisait pulser, mais qui tout comme l'hémoglobine si les choses suivaient ce cours, finirait par tarir, la source asséchée, jusqu'à cette dernière, ultime, fatale goutte rouge carmin. La pureté de son sang, celles des larmes de Maggie. Jamais plus mélange aussi royal ne se devait d'être fait, et pourtant... Il avait peut-être eut ces soubresauts douloureux de vie, en un instant, qui l'avaient surtout un peu plus tué qu'autre chose, mais ce n'était qu'en elle qu'il pouvait désormais faire reposer tous ses espoirs. Appel à l'aide, appel au secours, dernier souffle, aveu de sa faiblesse, destruction de sa suprématie. De toute les manières, vu sa position et vu l'état dans lequel il était, ces derniers faits étaient déjà avérés et digérés. Romeo n'était pas un Dieu des anciens temps, une figure grecque ou romaine siégeant au sommet de l'Olympe, impossible à abattre, impossible à tuer. Il n'avait pas le sang d'or, la seule chose encore d'ailleurs en lui qui aurait pu se targuer d'avoir tel éclat et telle pureté étant ses cheveux. Mais même ses mèches d'ange n'étaient plus représentatives de sa splendeur passée. Tâchées du sang, encore. À croire au final qu'il n'y avait nul part où ce composant entier de nos êtres ne pouvait se faufiler quand on le faisait gicler hors de son corps approprié. Malgré son regard tristement embué, ses grands yeux célestes brillant par cet éclat qui semblait vif et pourtant tant et tant absent, Marw la voyait. Maggie. Maggie Lincoln, petit bout de femme qu'il avait bien des fois malmenée. Parce qu'elle était encore un peu une enfant. Parce qu'elle n'était pas aussi noire que le reste de la ville. Parce qu'il y avait, fait rare à déplorer dans les rues de Londres, de la bonté en son coeur. Il s'était moqué d'elle, l'avait presque humiliée, pour ce simple prétexte si stupide, en toile de fond. Être bon. Être gentil. Comme si il pouvait mépriser telles personnes pour ces simples raisons; tout bonnement parce que lui avait refusé d'être ce qu'ils étaient, qu'il s'était bardé contre toute compassion, moindre sentiment. Les sentiments tuaient. Sans coeur, un être était excessivement dangereux. Doté d'un, ses pouvoirs et le risque en étaient décuplés. Romeo déglutit, péniblement, alors qu'il la voyait s'agenouiller à ses côtés, les joues sillonnées des larmes qui avaient coulées et qui coulaient encore. Une mèche effleura un instant son visage, fraction de secondes. C'était tout comme si ses pupilles étaient aimantées par son image. La dernière réalité tangible de ce monde qu'il fuyait et qui le fuyait.

Romeo ne se saurait jamais vu ainsi, à la merci de toutes les ombres des anciens temps, et ce le moins du monde. Dans la brume de son monde qui se délitait, il vit qu'elle saignait. Ils ne concouraient pas dans la même catégorie sur ce terrain, mais malgré tout.. Il grommela. C'était bien l'un de ses moyens de communication favori, et sûrement celui qui lui demandait le moins d'effort en cet instant. Chacune de ses barrières, son armure complète qui le tenait hors de danger mais hors des possibilités. Quand la forteresse était enfin détruite, les murailles rasées, et que par la même occasion cette noirceur qu'il s'était appropriée semblait s'être envolée, naturelle. Encore un coup du sort, un jeu de la vie, douce ironie. Les pensées s'entrechoquaient dans son crâne. Et les doigts de Maggie se saisissant de sa main libre firent encore monter une vague de larmes à ses yeux déjà bien mouillés. Elle sanglotait, lui ne faisait pas un bruit. Il pleurait en silence, en tremblant, en serrant les dents. Parce que son coeur s'affolait toujours à battre à tout rompre. Logique destructrice d'un corps qui n'y avait rien, absolument rien compris. Une mère, un esprit maternel, une logique féminine, une protection douce. C'étaient ce qui le prenait presque à la gorge, alors qu'il hoquetait doucement, douloureux, tandis que Maggie se rapprochait de lui. Sans qu'il ne se recule, sans qu'il n'esquisse un mouvement. Parce que de toute façon, au point où il en était, plus rien ne se valait. Et surtout, surtout, car soudainement le manque de son enfance lui sautait au nez, vil et perfide. Une mère. Une femme. Peut-être ce qu'il lui aurait fallu pour survivre sans dégâts, gamin, dans ce monde de brute... Une maman, tout bonnement. Ce qu'il n'avait jamais eu. Parce que déjà, dès le début, il lui avait volé la vie pour vivre la sienne. Tout irait bien. Oui, ça allait bien se passer. Promesses de l'ombre, presque illusoires, enfantines tant par leur naïveté. Et gorgées d'espoir. Romeo battit des paupières, et déglutit avec difficulté. Il hocha imperceptiblement la tête, regard indescriptible rivé à ses pupilles, à ses paroles. Et referma les yeux, sentant sa main se poser sur son visage. Il n'y avait plus que cela. Seul rapport avec la vie et le monde.

Une perception, il sentit qu'elle s'allongeait juste à côté de lui. Et doucement, elle caressait ses cheveux. Comme à un enfant. Pour l'enfant qui se voyait mourir alors qu'il aurait tant aimé encore vivre, en lui. Scandé au rythme militaire de son coeur qui filait se jeter dans le vide à grands pas, leurs larmes communes, plus ou moins silencieuses, avaient les retentissements des violons sanglotants. Il rouvrit les paupières, son regard électrique mais éteint figé dans le sien. L'écouter sans l'entendre, à moins que ce ne soit probablement l'inverse. Qu'importe. Le son de sa voix le calmait, tout comme son attitude avec lui. Calmait le rythme frappant de son muscle cardiaque. Petit miracle donné par les dieux. Son ton prenait assurance même si le liquide lacrymal toujours fuyait ses yeux. Hastings se mordit doucement l'intérieur des lèvres. Il frissonnait, il était pris par intermittence de sorte de spasmes le secouant en silence mais de façon assez discrète. Il n'était qu'un petit garçon.

Sonny tourbillonnait en son crâne. Et lui, et lui ? Il aurait aimé pouvoir revoir son sourire, entendre encore une fois sa voix. Une dernière fois, si c'était ainsi que les choses allaient, si c'était comme ça. Mais ne pas le quitter dans l'inconnu et l'indifférence, le laisser face à son cadavre sans un dernier mot, une dernière promesse vaine à leurs espérances. Le menton de Marw trembla doucement. Sonny. Il le hantait, il l'habitait. Et pourtant un autre nom était crié par les tréfonds de son esprit. Les histoires d'un vieil accord tacite, presque. Un sous-entendu bien compris entre eux deux. Promesse non-avouée de ce qu'ils auraient bien pu faire par pure loyauté. Les vieilles relations, les vieilles connaissances. Quand il était un looper, encore. Un collègue comme un autre, un collègue différent des autres. C'était parfois agaçant de voir à quel point ils se comprenaient, se ressemblaient, tous deux. Ils avaient déjà la bonne nouvelle, aussi, de faire partie du club des anciens, hélas. Et de déjà savoir quelle date graver en épitaphe de leur tombe, si au moins le plaisir leur avait été donné d'en avoir. Mais on connaissait bien le métier. Et tout finissait par disparaître. Réduit en cendres. Plus que de la fumée.

« Je.. Hawks.. » Presque invisible, imperceptible. Dans un souffle poussif, les débuts de ses mots, peut-être la révérence prochaine de ses maux. « Jack.. Il.. il pourra.. » Romeo étouffa un gémissement, resserrant les mâchoires. La fin de la phrase ne viendrait plus. Il n'en avait pas le pouvoir, il n'en avait pas la force. Réduit à quelques bribes pour s'expliquer. Mais il ne faisait que le dire à Maggie, il savait bien qu'elle saisirait. Peut-être qu'elle le connaissait aussi, après tout. Jack. Il était de ce genre de personne en qui on pouvait avoir confiance quand service devait être rendu. Romeo, qui s'était quelques instants déconnecté, anesthésié et pourtant sur-stimulé, remarqua alors, remarqua enfin. À quel point il serrait ses doigts qui s'étaient mêlés à ceux de Maggie, au-dessus de sa plaie. Ne pas crever, ne pas mourir. L'instinct de survie de toutes les bêtes sauvages. Il jeta un bref regard à ce tableau, ces mains liguées contre un même mal. Et reposa ses iris bleutés sur la jeune femme. Une fraction de seconde, un rictus compulsif, semblable à un maigre sourire en coin, sembla étirer un coin de ses lèvres, avant de s'évanouir. Illusion ou réalité ? Là, ce n'était pas la question posée. Il devait vivre. Il allait vivre. Ils allaient vivre. Illusion ou réalité, encore ? Le futur le leur dirait bien. Un espoir, un souffle frais, le vent des destinées. Il fallait y croire, il fallait se battre. Et aller au combat avec les bons alliés. Mais peut-être bien, il le fallait, c'était nécessité, oui, que demain encore Romeo Hastings, dit "Marw", foule ce monde de son pas assuré.
Revenir en haut Aller en bas
Maggie A. Lincoln

Maggie A. Lincoln
♙ why do we fall ?
(admin)



→ Messages : 369


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeJeu 21 Mar - 19:55


I hurt myself today.


La douleur. Invivable, omniprésente. Elle fendait son crâne, picotait sa joue. Mais pire encore était la souffrance psychologique. Celle qui lui donnait l’impression qu’on lui arrachait le cœur hors de la poitrine, qu’on le réduisait en cendre sous ses yeux, avant de piétiner ce tas de poussière noire. C’était un supplice. La vision de cette bouille blonde, qu’elle avait d’ordinaire en horreur, mais qui désormais comptait plus que n’importe quoi d’autre. Elle voulait le sauver. Elle aurait voulu l’empêcher d’avoir mal, empêcher son sang de couler, fleuve rouge si tranquille, si opaque, si… Fluide, hypnotisant, chaud. Démoniaque. Il s’échappait hors de cette plaie, se répandait sur le parquet, se mélangeait à celui des deux autres hommes, et également à celui de Maggie. La tête de la petite brune était posée au sol, et un peu d’hémoglobine s’en échappait. Mais de cela, elle s’en fichait. Elle tremblait au contact de la main de Romeo sur la sienne, alors qu’elle l’aidait à compresser cette plaie, ce nid de souffrance et de désespoir. Cette simple entaille au couteau, beaucoup trop profonde et béante pour qu’il s’en sorte sans rien faire, et en laissant cicatriser. Il allait mourir, si elle ne faisait rien. Il allait mourir, entre ses mains. Il allait mourir, sous ses caresses délicates, sous son sourire, sous son regard doux et protecteur, en écoutant sa voix maternelle et tendre. Si elle ne faisait rien d’autre que des promesses, il ne s’en sortirait pas. Et aucune de ces promesses, pourtant si belles, et pleines d’espoir, ne pourrait jamais se réaliser. Et Maggie était une femme de parole. Elle allait tenir ses belles paroles. Elle allait réaliser les espoirs qu’il plaçait en elle. Les prunelles brunes de la jeune femme ne lâchaient pas celles de l’ancien Looper, alors qu’elle essayait de le rassurer, encore et toujours. De lui dire que tout irait bien. Elle sentait la poigne de Romeo se raffermir lentement sur ses doigts, tandis qu’ils luttaient contre ce flot de sang. Pour la première fois, ils se battaient ensemble contre quelque chose. Ils avaient laissé leurs différents de côté, et acceptaient cette idée de se dresser tous deux contre la même chose. Ils auraient dû le faire depuis déjà bien longtemps. Mais cela n’apparaissait que maintenant ; seule issue face à une mort certaine. Beaucoup auraient laissé tomber. À quoi bon sauver quelqu’un qui vous a fait du mal pendant si longtemps ? Mais ceux-là ne comprenaient rien. Ceux-là n’avaient pas de cœur. Mais Maggie et Romeo, cela n’avait absolument rien à voir. Jamais elle ne l’aurait laissé. Peut-être lui l’aurait-il fait, elle n’en savait rien ; la situation ne s’était pas encore posée. Mais elle ne comptait pas partir. Elle n’avait aucune intention de l’abandonner. Elle l’aimait. Comme une amie apprécie un ami, comme une mère apprécierait son fils turbulent et capricieux. Elle l’aimait. Différemment de la manière dont elle aimait Blake. Un tout autre amour. Un amour affectueux. Un amour sans majuscule. Mais un amour tout de même. Incontrôlable, puissant protecteur, maternel. Au point d’en pleurer pour lui. Au point de se lover contre lui, dans son sang, pour le rassurer. Au point d’en avoir tué pour lui.

Doucement, Maggie sépara deux petites mèches blondes, collées par un peu de sang. Elle souriait, douce, laissant un mince filet d’air filtrer entre ses lèvres, petit son rassurant et apaisant. Elle réfléchissait à une solution. Appeler les secours. C’était une évidence. Seulement, la seconde évidence résidait dans le fait qu’il était impossible de les contacter avec deux cadavres dans le salon. Ou Romeo se réveillerait dans une chambre isolée, avec les menottes, tout comme elle passerait la fin de la journée en prison après être passée par les urgences. Non. Il fallait procéder autrement. Il fallait nettoyer l’appartement, et ce, avant que l’ambulance n’arrive pour secourir l’ancien Looper. Ou alors, sortir Romeo, et prétexter que rien ne s’était déroulé dans l’appartement. L’un, ou l’autre. Dans les deux cas, elle était incapable de faire quoique ce soit. Maggie n’avait jamais eu de force, ni de puissance. Elle aurait tout juste été capable de faire glisser Marw sur le sol s’il l’avait aidée. Or, il était totalement incapable de lui prêter assistance. Elle ne pourrait rien faire. Pas toute seule. Doucement, le regard de Maggie se voilait, sans pour autant qu’elle ne perde celui de son ami. Elle lui essuya la joue du bout du pouce, souriante, délicate. Ce fut alors qu’elle entendit qu’il essayait de parler. Son sourire disparut, tandis qu’elle tentait de se concentrer sur ses paroles, d’arrêter de chercher quelqu’un pouvant les aider. Et soudain, il lui apporta la solution. La dernière petite pièce qu’il manquait au puzzle. Elle fronça les sourcils lorsqu’il énonça à voix basse le nom de Hawks. Mais au moment où elle l’entendit échapper un très léger prénom, ses yeux s’écarquillèrent doucement. Oui. Bien entendu. Jack. Elle ferma brièvement les paupières, inspirant un bon coup, avant de rouvrir les yeux. La pression des doigts de Romeo sur les siens se fit plus insistante. Elle la lui rendit. La solution se dessinait lentement à l’horizon. Ses doigts accrochèrent quelques petits cheveux blonds, alors qu’elle murmurait des mots simples et réconfortants ; promesse de survie. « Je vais l’appeler. Il va nous sortir de là. » Inconsciemment, elle redressa son visage, l’approchant de celui de Romeo. Elle ferma les yeux. Ses lèvres se posèrent sur le front de l’ancien Looper, y déposant un baiser doux et délicat. Scellant sa promesse. Il allait vivre.

Lentement, Maggie s’appuya contre le sol, sans cesser de compresser la blessure de Marw, ses doigts toujours mêlés aux siens. Elle se redressa lentement, attrapant son portable au fond de sa poche, fébrile. Elle sentit son cœur rater un battement, alors qu’elle constatait que celui-ci avait également subi la violence de leur agression. L’écran était brisé, et il était imbibé du sang qui s’était infiltré dans ses vêtements durant le temps où elle était restée couchée là. Tremblotante, elle tenta d’accéder à son répertoire. Victoire. Des taches commençaient à apparaître sur l’écran. Elle se mordit la lèvre, se dépêchant d’appeler le numéro correspondant à Jack. Lorsqu’elle l’entendit décrocher, elle se retint de pousser un soupir de soulagement. Ses doigts se contractèrent autour de ceux du jeune homme, compressant un peu plus efficacement la plaie, sans grand succès pourtant. « J… Jack ? » Un léger grognement lui répondit à l’autre bout du fil. Elle ne s’arrêta pas là, le cœur battant à tout rompre. « Je… Je suis chez Romeo… Il y a un problème, faut que tu viennes… » « Qu’est-ce qu’il se passe ? » Maggie se força à contrôler sa voix. Et s’il refusait de venir ? Et s’il ne voulait pas les aider ? « Deux gars… Ils attendaient, et ils nous ont attaqués… Et Romeo est blessé, et les corps sont toujours là… » Son ton déraillait complètement, partant dans les aigus. Elle ne savait pas quoi faire, pleurait en téléphonant, téléphonait en pleurant. Elle entendit Jack grommeler à nouveau, avant de percevoir sa réponse. « Occupe-toi de lui, et ne bouge pas. J’arrive. » Avant qu’elle n’ait pu ouvrir la bouche pour lui répondre, il avait raccroché. Elle cligna doucement des paupières, le cœur battant. Se rendant compte que son regard était vrillé dans celui de Romeo, et ce durant tout le coup de téléphone. Et qu’elle pleurait. Finalement, un sourire se peignit sur ses lèvres, alors qu’elle laissait tomber son téléphone au sol, glissant à nouveau sa main dans les cheveux de l’ancien Looper. « Jack arrive, il va nous sortir de là … » Elle était pitoyable. Elle était pathétique. Elle sentait le sang s’écouler de la plaie, tacher encore davantage sa main à chaque seconde qui passait. Il ne survivrait pas jusqu’à l’arrivée des secours. Il ne vivrait pas assez longtemps pour que Jack débarrasse l’appartement des cadavres, ne nettoie brièvement, et n’appelle l’ambulance. Elle devait faire quelque chose. Elle devait agir.

Détachant son regard des yeux bleus du blessé, elle parcourut la pièce autour d’elle. Cherchant une idée. Un petit quelque chose, qui aurait pu sauver Romeo. Bien entendu, à première vue, il n’y avait rien. Elle n’avait absolument pas le talent, ni les capacités, d’une grande chirurgienne. Elle n’avait pas de quoi faire de la chirurgie d’urgence. Elle était là, impuissante, avec ses pauvres compétences en médecine, à le sentir mourir dans ses bras. Elle se haïssait. Elle aurait voulu qu’il soit là pour lui hurler dessus. Qu’il lui remette les pendules à l’heure. Qu’il la harcèle comme il savait si bien le faire, au lieu de perdre la vie, presque blotti contre elle. Elle devait le sortir de ce merdier. Et soudain, elle crut prendre une claque dans la figure, alors que ses yeux se posaient sur un briquet, abandonné là. Elle ferma les yeux, sentant son cœur accélérer. La nausée s’empara d’elle. Mais avait-elle seulement une autre solution ? Elle contracta ses paupières, sentant son souffle s’accélérer, resserrant encore ses doigts sur ceux de Romeo. Et brusquement, elle tourna la tête vers lui, les larmes ayant cessé de couler. « Continue d’appuyer. Je reviens. » Elle lui sourit, relâchant doucement sa main. Elle s’en voulait. Elle aurait voulu rester contre lui, à le rassurer. Mais elle devait bouger. S’éloigner. Il avait intérêt à tenir le coup. Elle vacilla doucement alors qu’elle se remettait sur ses pieds, étourdie par son propre manque de sang, et par la vitesse à laquelle elle s’était relevée. Finalement, lorsque sa vision redevint claire, elle se précipita vers la table, attrapa le briquet. Elle fonça alors dans la cuisine, ouvrant tous les placards avec précipitation, avant d’enfin trouver ce dont elle avait besoin. Elle n’eut pas à chercher longtemps, et empoigna la bouteille d’alcool. D’un geste vif, elle enleva son pull, avant de déboutonner sa chemise, l’enlevant également. Elle aurait eu l’option de gâcher un t-shirt à Romeo, ou un de Sonny. Ou même de prendre les vêtements de leurs victimes. Mais cela ne lui traversa pas l’esprit, alors qu’elle remettait son pull en place, par-dessus son petit débardeur noir. Elle déchira sa chemise, avant d’attraper une spatule métallique, et d’enrouler le tissu de manière très serrée autour de l’extrémité. Empoignant le manche, elle se plaça au-dessus de l’évier, imbibant le tissu d’alcool. Ça irait. Ça ferait parfaitement l’affaire. Elle n’avait pas le temps de réfléchir à quelque chose de plus élaboré. Son cœur battait férocement dans sa cage thoracique à l’idée du supplice qu’elle allait lui faire endurer. Mais c’était la seule solution. Elle n’était pas mage, elle ne pouvait pas le guérir d’une potion. Et elle n’avait rien d’une bonne fée, la baguette magique ne fonctionnerait jamais.

Se forçant à inspirer un bon coup, elle empoigna le briquet et la mini torche improvisée d’une seule main, les dissimulant derrière son dos. Elle se précipita vers Romeo, inspirant doucement, se laissant à nouveau tomber à genoux à côtés de lui, dans le sang. Immédiatement, elle se plaça face à lui, contre lui, de manière à ce qu’il voie le moins possible ce qu’elle allait faire. Elle était une tortionnaire. Il agonisait. Et elle, elle allait lui faire encore davantage souffrir le martyr. Triste réalité, solution fatale. Il ne semblait pas y en avoir d’autre. Ses yeux se perdirent dans ceux de Romeo, alors qu’elle lui remettait à nouveau quelques cheveux en place, par réflexe, toujours aussi maternelle. Elle posa sa torche improvisée, et pour le moment éteinte, sur ses chevilles, dans son dos, agenouillée face à lui. Elle sourit, murmurant quelques mots brefs. « Ce que je vais te faire ne va pas te plaire, d’accord ? Je… Je pense même que tu vas m’en vouloir, et… Et je comprendrais. » Elle déglutit doucement, défaisant la mince lanière de cuir qui lui servait de ceinture. Impossible de la plier pour qu’il puisse la mordre. Elle ne voyait plus qu’une solution. Le bourreau torturé ? Cela conviendrait. Elle continua de parler, alors qu’elle enroulait le petit ruban, assez solide tout de même, autour de son poignet. « Tu auras le droit de me frapper, de m’insulter, c’est pas grave. Je ne t’en voudrais pas. » Glissant une extrémité de la bande dans un petit repli afin de faire en sorte que celle-ci ne bouge plus, Maggie serra le poing. Il pourrait mordre. Elle aurait mal, mais ne serait peut-être pas blessée. Peut-être pas. Rien n’était certain. Au final, elle s’en foutait. Elle voulait soigner Romeo. C’était absolument tout ce qui importait en cet instant. « Ça risque de faire mal. » Ça allait faire mal. Il allait hurler. Il allait probablement bouger. Se torturer davantage, involontairement. « Il faut que tu évites de bouger, dans la mesure du possible. Ce ne sera pas long, c’est promis. » Elle sentait l’adrénaline se diffuser dans ses veines, puissante sensation. Il fallait qu’elle le fasse. Toute empathique soit-elle. « Mais il va falloir que tu mordes ça. Ou au moins, prends-le. Et mords si tu as trop mal. Ne t’en fais pas pour moi. » Je n’ai rien d’autre, Romeo. Et c’est important. C’est le seul et l’unique moyen pour que tu ne te sectionnes pas la langue, au moment, où le feu mordra ta peau. Voilà ce à quoi Maggie songeait en présentant son poignet bandé à Marw. Doucement, elle se pencha vers lui. Attrapa sa main qui couvrait encore jusqu’à lors la plaie, lui serrant les doigts. Elle libérait la plaie. Elle libérait l’espace. Elle remonta doucement le t-shirt, dégageant la zone. Elle avait l’impression de mourir, à la simple idée de ce qu’elle allait faire. Elle pensait qu’elle allait s’évanouir, s’abandonner à ce supplice avec lui, avant même d’avoir commencé. Mais elle n’en fit rien. Elle lui sourit. Rassurante. Barrant toujours autant qu’elle pouvait la vison de la plaie. Rapidement, elle dégagea son poignet de devant Romeo, et dans son dos, tâtonna pour allumer sa petite torche. Elle ne se brûla pas, lui présentant à nouveau le petit morceau de cuir enroulé autour de sa peau. Il l’attraperait. C’était certain.

Durant une demie-seconde, le temps sembla se figer. Elle plongea ses yeux dans ceux de Romeo. « Ça va aller … » Le murmure qui s’échappait d’entre ses lèvres prenait la consistance d’un simple courant d’air, alors qu’elle fermait lentement les paupières, les rouvrant presque instantanément. Son cœur battait lentement dans sa cage thoracique. Elle respirait comme elle pouvait, tétanisée par la peur. Ne lâchant pas la main de Romeo, l’agrippant de celle qui n’avait pas saisi la torche. Ses doigts croisés avec les siens, les serrant. Bientôt, il les lui broierait. Son poignet à quelques millimètres de la mâchoire entrouverte de Marw. Elle braquait son regard brun sur lui, dans le sien.

Et, lentement, elle avança sa torche improvisée vers la plaie. Le feu entra en contact avec la blessure. Elle sentit une nausée la secouer. Mais rien ne vint. Elle fixait Romeo. Le cœur en lambeau. Elle venait volontairement de le conduire à l’apogée de sa souffrance. Et elle ne savait pas si un jour, elle aurait l’audace de se pardonner ce supplice. Nécessaire, ou pas.
Revenir en haut Aller en bas
Romeo

Romeo "Marw" Hastings
betrayal it's in the blood



→ Messages : 84


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeMer 27 Mar - 17:44





The time has come to destroy your supremacy.

Une petite musique lancinante tournait en boucle dans son crâne, à lui en vriller les tympans par sa simplicité si pure et si compliquée. Douce mélodie des regrets, comme un disque rayé. Porteur de la vie, chanté par la mort, comme si les accords que le piano invisible jouait étaient destinés à ce moment exact, cet instant, et toutes ces mémoires qu'il avaient entachées. Ces souvenirs qu'il ne pouvait pas, déjà, abandonner. Un enfant, un adulte, un adolescent. Un sarcasme, un compliment. Un sourire, un rictus. Des yeux grands ouverts et des paupières closes. De jour, de nuit, le soleil ou la pluie. Le calme ou la tempête, le beau temps et la pluie. Des amis, des ennemis, des secondes, des années. Des cris, des chuchotements. Des ordres et des demandes. Esclaves et maîtres, partisans et révolutionnaires. Le silence, cacophonie. Ange ou démon, mort ou vivant. Le trépas ou les éclats. Coincé entre deux temps, coincé entre deux monde, coincé entre deux souvenirs par-ci, deux souvenirs par-là. Hors de tout. Même plus lui, même plus rien. Romeo était coincé en duel. Duel avec la vie. Duel avec la mort. Duel avec lui-même. Duel avec sa violence. Duel avec sa connerie. Des réflexions silencieuses et emmêlées derrière ce front auquel se collaient certaines de ses mèches blondes, petits cheveux vagabonds. Par la sueur et le sang, ciment de toutes les civilisations. Il aurait bien aimé que tout cela cesse. Oh, oui. Qu'on en finisse. Qu'on arrête de lui faire vivre le martyre, qu'on abrège ses souffrances. Et cela, depuis qu'il avait réalisé l'irréalisable, qu'il avait mis fin à ses propres jours, enclenché le compte à rebours, il avait prié pour. Jour et nuit, lever et coucher. En mangeant, en tapant, en sanglotant, seul, sous l'eau chaude de la douche. En buvant, en grognant, en invectivant et en le regardant...

Une maman. Une mère. On en avait déjà parlé, certes, mais le fait était que Romeo n'avait qu'en elle qu'il pouvait encore croire. Une dernière lumière, un dernier espoir. Et tant pis si il serrait sa main à s'en blanchir les phalanges, contre sa blessure, contre son flan. Tant pis pour tout, de toute façon. Mais Romeo.. Romeo restait Romeo. Incapable de laisser son propre monde s'écrouler sans au moins esquisser un geste, tenter une dernière chose. Lâcher une dernière parole. Dernière parole, et une demande. Presque un ordre, plutôt encore ses ultimes solutions à la fin qui le prenait dans ses bras. Marw déglutit, regard embué, à l'abri des voiles de toute méchanceté. Pureté, pureté de sa tristesse, pureté toujours du froid qui le faisait sporadiquement tressaillir. Un froid personnel, ses engelures au coeur. Il renifla, un instant, et battit des paupières. Constamment raccroché à son image. Son contact, en général, lui aurait été repoussé. Et pourtant, elle lui avait bien doucement touché la joue, essuyé sa peau du bout du pouce, sourire aux lèvres, presque naturelle dans cette situation hors norme, avant qu'il ne trouve la force de formuler tout haut ce qu'il avait réussi à penser et déduire tout bas. Vague promesse et pourtant petit phare à l'horizon alors qu'il entendait sa réponse à l'affirmative, se laissant choyer comme le gamin qu'il avait bien rapidement cessé d'être. Et que pourtant, il était. Un gamin qui manqua de tressaillir alors qu'elle se rapprocha de lui. Un gamin qui ferma par automatisme les yeux, un instant, tandis que ses lèvres touchaient son front. Tendresse amicale des derniers jours avant l'Apocalypse. Utiliser le futur, aucun conditionnel. Puisqu'il ne pouvait pas y avoir de condition si on voulait garder espoir. Tout irait bien, tous deux vivraient. Qu'importe le temps, qu'importe le prix, la somme à payer ne pourrait jamais être aussi chère que le tribut qu'il venait déjà de verser.

On aurait jamais pu être autant heureux de la voir se relever, avec calme, lenteur, sans éviter les précipitations des orgueils déchirés. On aurait jamais pu être aussi heureux de voir un téléphone portable à l'horizon, et de pouvoir au moins une fois dans sa vie, remercier vraiment la création et la technologie. Même mise à mal, même avec un écran fêlé, même imbibé de son sang et de ces quidams qui avaient tenté de leur ôter la vie, tant que le cellulaire arrivait à porter leur appel à l'aide à la bonne oreille.. Et il ne pouvait décemment pas la lâcher des yeux, et elle ne semblait pas en avoir la force non plus, alors qu'elle bredouillait ses mots à Jack, à l'autre bout de la ligne. Un problème ? Pas des moindres, Maggie. Romeo, blessé ? Pour ne pas dire mourant, prêt à crever comme le traître qu'il était. Et les larmes, ces gouttes d'eau salée, étaient revenues strier ses joues. Mais au moins, tandis qu'elle lâcha le téléphone qui échoua dans la marée d'hémoglobine, tandis que la Lincoln revenait doucement passer une main dans ses cheveux, doublement le rassurer, promit-elle encore une aube, un espoir de plus auquel tous deux pouvaient dignement se raccrocher. Même si tout cela n'était plus qu'une question de temps, de secondes, de minutes, d'instants qui filaient comme le sable dans la clepsydre. Il déglutit, difficilement, et esquissa un hochement de tête, le coeur au bord des lèvres, les yeux au bord des larmes. Déchu, abattu, consterné dans sa position de totale infériorité, Romeo voyait sans regarder, écoutait sans entendre. Mimer la vie pour tromper la mort, comme toujours. Une vague de frisson le parcourut encore. Chaire de poule compulsive qui le fit trembler dans la chaleur de son sang et la froideur de son avenir. Observer son expression, du coin de l'oeil, sa façon de chercher la solution dans le paysage de l'appartement de Romeo et Sonny. Et voir en elle cette étincelle anormale cliqueter, et voir enfin son visage se tourner de nouveau vers lui, vers le sien. Plus de liquide lacrymal pour noyer ses joues. Résolution un poil morbide semblait-il, mais qu'importe. Son esprit allait à deux à l'heure quand le monde filait à la vitesse de la lumière. Il avait été jeté violemment sur le bas-côté de l'autoroute et regardait tout bonnement les voitures filer à toute allure.

Hastings ne pensait pas. Plus rien ne venait même plus, de toute façon. Il aurait fallu qu'il se force avec une mer de conviction pour réussir à réfléchir. Il ne fit qu'obéir. De toute façon, c'était tout ce qu'il avait à faire et tout ce qu'il pouvait esquisser comme tentative pour sauver sa peau. Tenir le coup, tenir le bon bout, et continuer de compresser la faille entre ses côtes, la baie sanglante qui s'était ouverte à cette mer rouge. Ce qu'elle pouvait bien faire ? Même pas envie de chercher, de fouiller, de tenter d'imaginer. Juste là, il restait. Il tentait de rester en vie, et ça lui suffisait pour le moment. C'était beaucoup d'efforts déjà, à fournir pour un seul homme au bord du gouffre. Statue sculptée dans le marbre mais dotée de pieds d'argile. Comme un de ces golems, un géant fait de boue, animé par les autres, peut de chose, un sort, un bout de papier à la place de son coeur. Fait de rien, capable de tout. À moins que l'inverse ne soit véritable. Des vagues bruits, cliquetis et fouilles organisées, mais tant et tant discrets, arrivaient pourtant aux oreilles de Romeo. Sans qu'il ne se pose, toujours, aucune question. Il attendait qu'elle réapparaisse, tout autant qu'il attendait qu'Hawks, enfin, vienne à cette porte et achève le supplice des secondes qui passaient sans que rien ne se passe.

Enfin. Enfin, elle revint. Bras dans le dos, comme pour lui cacher quelque chose. Pas précipités, et elle retombait à genoux à ses côtés. Et alors, dans un instant de flottement, alors que ses yeux célestes se vrillaient dans les siens, la vague invective, entre ses dents serrées, du coin des lèvres, du bout des lèvres, sembla aussi bien que tout être signe qu'il n'abandonnait pas totalement. Marw tentait de redevenir Marw. Même si les tentatives restaient assez infructueuses dans ces instants-là. « C'est pas bien de me faire des cachotteries, Maggie. » Quelques mots, persiflés avec le coeur, dans un souffle. Autant dire que ce pauvre message prouvait bien à quel point il lui en devait. Paupières à demi-closes et honneur écorché. Une tentative pour ne pas voir la réalité. Il agonisait, aussi triste cela puisse être. Ses grands yeux marrons rattrapèrent encore les siens, et le bout de muraille qu'il tentait de reconstruire retourna à l'état de poussière. Un mouvement maternel, encore un, alors qu'il l'écoutait et la regardait, redevant incompris, refusant d'entendre, de nouveau gosse paumé dans les rues, têtu et certain qu'il trouverait de lui-même son chemin à tracer. Et pourtant, il hochait doucement la tête. Une part de lui faisait la sourde oreille. L'autre digérait un peu trop bien ces nouvelles informations. Un regard d'incompréhension, qui vogua d'elle à ce poignet enrubanné subitement de cuir. Il n'avait pas suivi tout le processus, encore. Il battit des paupières, reconsidéra ce qu'elle lui offrait. Son coeur s'était mis à battre fort. Étrangement fort. Un battement de tambours lancinant, au creux de sa poitrine. Agrippé à sa main, sans savoir non plus comment elle était revenue se lier à la sienne, le retour brutal à cette réalité si fracassante, alors que, lent à la détente, cette promesse répétitive d'un "tout irait bien", flottait sur les flots de son esprit, fut déchirant.

Ce n'était pas possible, ce n'était pas humain. D'abord, un instant, le vide et le néant avaient été maîtres, encore anesthésié par sa souffrance originel et son état à moitié perdu entre deux eaux. Et puis ce fut l'incendie, ce fut l'explosion. L'implosion. Et son pied qui dans un réflexe nerveux partait donner un coup dans le vide, ses jambes qui poussaient à se débattre. Il avait semblé qu'il ait hurlé tout à la fois qu'il n'est, sans un brin d'hésitation, mordu le poignet protégé de Maggie. On pouvait aisément oublier ce qu'on s'était promis, dans ce genre de situation. Les paupières closes, fermées avec tant de force, il criait tout à la fois que ses mâchoires sans qu'il ne les contrôle de lui-même s'étaient crispées. Pas si bête, Maggie Lincoln. Si il n'y avait pas eu elle pour lui tendre cela, il se serait probablement coupé la langue tant la force de la morsure était apparue si violente, soudaine et inconcevable. Il lui broyait presque les doigts. Qu'elle l'excuse pour cela, il n'arrivait même plus à penser. Juste un sifflement insupportable, sur-aigü, à ses oreilles, et ce voile blanc, sur sa vision et dans son crâne. Comme une télévision qui aurait planté, une enceinte qui aurait quelque problème de son, mais en mille fois pire, mille fois plus brisant. Son autre poing libre, il l'avait serré. Serré à s'en rentrer les ongles dans la peau, alors que désormais il tapait contre le plancher, à s'en faire mal, ce qu'il faisait. Putain, que ça cesse. Qu'est-ce qu'elle lui faisait, bon dieu ?! C'était censé l'aider ? Ne me dites pas ça. Impossible que cela fonctionne de cette manière. Enfin, la brûlure cessa, du moins en apparence. Ses chairs continuaient et continueraient de transporter la chaleur et le feu et de se consumer, même sans la flamme initiale, même sans la moindre trace. Les brûlures s'étendaient toujours quand on ne les arrêtait pas. Ce fut le black-out. Plus un son à ses tympans, plus rien à relayer. Il avait rouvert les yeux, mais ce n'était pas pour autant qu'il voyait. Juste... l'impression du vide. Raccroché à rien. Tout bonnement. Moment précis quand la Lincoln pouvait enfin dégager son poignet des mâchoires convulsées de Romeo, dans un état second, critique et indescriptible, que Jack poussa la porte d'entrée défoncée, chuintement reconnaissable à merveille désormais. Ex-looper au pas lourd et mesuré mais pourtant rapide et efficace qui apparut à l'entrée de la pièce où le carnage s'était déroulé. Bonne chance, mon vieux, pour te débrouiller avec ce tableau-là. Romeo en avait presque du mal à respirer et était parti dans son monde, déjà. Laissez-le s'évanouir, qu'il puisse crever en paix.
Revenir en haut Aller en bas
Maggie A. Lincoln

Maggie A. Lincoln
♙ why do we fall ?
(admin)



→ Messages : 369


(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitimeMar 2 Avr - 13:51


The golden age is over.


Tout cela n’avait rien d’humain. C’était quelque chose qui dépassait l’entendement, qui dépassait toutes les limites que l’on avait pu un jour fixer à l’espèce humaine. La souffrance était physique, et psychologique, bien que différente de l’un à l’autre de nos deux protagonistes. Mais le pire restait à venir. Maggie ne savait pas ce qui l’avait prise ; elle ignorait totalement les raisons qui l’avaient poussée à faire cette torche improvisée, et à revenir près de Romeo. Lui faire des cachotteries, comme il avait murmuré, de sa voix si faible, et si emplie de souffrance. À quoi diable pensait-elle en faisant cela ? Le préserver de la douleur ? Lui ôter la peur qui aurait pu l’abriter à la vue de la torche, le débarrasser de ce monstrueux stress qui se serait emparé de lui à l’idée de la cautérisation ? Au final, cela n’allait pas l’anesthésier davantage. Il ne savait pas à quoi s’attendre. Et tout n’en serait peut-être qu’amplifié. Mais ils en étaient rendus à un point où ce genre de détails n’avait plus d’importance. Il était probable qu’après tout cela, Romeo la déteste encore davantage. Qu’il veuille lui faire du mal, qu’il la sermonne, comme il savait si bien le faire, la rabaissant, la dénigrant. Elle n’était que Maggie, après tout, cette petite chose qu’il avait toujours pris un malin plaisir à martyriser, et à pousser dans ses retranchements. Cette bestiole adorable qu’il avait faite pleurer aussi souvent qu’il ne l’avait vue. Elle finissait toujours par sortir quelque chose qu’elle regrettait, aussi certainement qu’elle avait la capacité de le faire s’attendrir, de faire chanceler son masque de dureté et de brutalité. Ils savaient se pousser l’un l’autre hors de leurs murailles. Et c’était ce qui rendait dangereux leurs deux présences. Ensemble, ils se fissuraient. Ensemble, ils se forçaient à s’exposer. Ensemble, il était plus facile de les atteindre, plus facile de les faire tomber. Et c’était exactement ce qui s’était passé, aujourd’hui, en ces lieux. Au milieu de tout ce sang, de ces cris, de cette douleur et de ces larmes. Ils étaient tombés. Deux êtres déchus, un ange aux ailes brûlées depuis longtemps, un autre qui commençait seulement à voir ses plumes se consumer. Le vent les emmenait, dissipant leurs cendres, les éloignant de toute trace d’humanité. Les flots léchaient leurs blessures, le sel leur faisant plus de mal que de bien. Ils ne pouvaient plus rien, hormis s’accrocher l’un à l’autre, et se laisser emporter par le courant, emporter par la brise, emporter par leurs vies si chaotiques. Maggie regardait Romeo. Elle déversait son flot de sentiments dans son regard, et lui transmettait tout. Elle l’aimait. Elle ne voulait pas le perdre. Et pour cela, elle allait se redresser. Se battre contre le courant. Agripper les vêtements de cet homme, qu’elle appréciait plus que de nature, sans jamais avoir pu l’expliquer. Elle allait l’attirer contre elle, le garder dans ses bras. Et remonter à la surface. Retourner vers la côte. Rejoindre la plage. Elle le tirerait dessus, doucement. Et là, elle attendrait. Le temps qu’il faudrait, elle n’était pas pressée. Le monde continuerait de tourner comme il l’avait toujours fait. Et elle attendrait. Manège sans fin de la vie, boucle éternelle de ce temps qui court et qui s’enfuit. On le laisse passer, en s’accrochant à ce qu’on a de plus précieux, et à ce que l’on veut protéger. Et on attend. Comme Maggie attendrait. Que Romeo vive, que Romeo survive. Il s’en tirerait, elle y veillerait. Ses ailes avaient brûlé, mais cela ne changeait rien. Elle resterait son ange gardien, silencieux et invisible. Elle ne le laisserait pas. Jamais.

Et, lentement, elle fut contrainte de le faire. C’était le seul moyen. Elle devait provoquer cette plaie, elle devait le faire souffrir. La seule solution pour qu’il s’en sorte. Elle réprima ses larmes, alors qu’elle approchait secrètement la torche improvisée de cette blessure. Et lorsque le feu mordit la peau, lorsque ces flammes vinrent lécher ce sang, l’embrasant, l’asséchant, elle cria. Les dents de Romeo agrippèrent son poignet, comme elle le lui avait proposé. Il ne se couperait pas la langue, pas aujourd’hui. Il avait déjà suffisamment souffert, et elle en rajoutait. Elle le ferait vivre, même si pour cela elle devait mourir de douleur avec lui. Hurlements. Convulsions. Maggie ne lâchait pas prise, malgré l’atroce douleur des dents entamant sa chaire au travers de la lanière de cuir, et sur ses côtés. Elle ne lâcha rien, quand bien même Romeo l’aurait repoussée avec violence et véhémence. Il donnait des coups de pied dans le vide. Il broyait sa main, il broyait sa peau, ses veines, et tous les tissus de son poignet. Elle pleurait, maintenant l’affreuse torche sur la blessure, ignorant l’odeur âcre et désagréable de chaires brûlées qui émanait de tout cela. Et, brutalement, elle n’en put plus. Se recroquevillant, elle se blottit sur Romeo. Sa tête se posa contre l’épaule de l’homme, son front un peu derrière encore, presque sur son omoplate. Elle voulait le maintenir en place, elle ne voulait pas qu’il bouge. Lovée contre lui de la sorte, tortionnaire inutile, le soutenant comme elle pouvait dans son calvaire, elle pleura de plus belle. Elle allait exploser. Elle allait céder. Mais elle ne devait pas ; la cautérisation devait se faire, sans quoi Romeo mourrait, avant même que Jack ait passé la porte de cet appartement. Elle resta là durant plusieurs secondes, plusieurs minutes peut-être, que diable en savait-elle ? Le temps s’était arrêté, tandis qu’elle noyait le t-shirt de Romeo de ses larmes, alors qu’elle maintenait cette torche, bourreau au supplice. Et finalement, la lanière de cuir lâcha, mauvaise imitation de la résistance que pouvait avoir cette matière. Maggie cria, tentant tant bien que mal d’étouffer son hurlement dans le vêtement de Romeo, dans son dos. Et, n’en pouvant plus, elle lâcha brusquement son instrument de torture. L’alcool s’était presque entièrement consumé, et lorsque la torche toucha le sol, elle était pratiquement éteinte. Lentement, progressivement, les mâchoires de Romeo relâchèrent la pression sur le poignet ensanglanté de la pauvre Maggie. Celle-ci le laissa retomber au sol, incapable de trouver la force de le lever. Glissant légèrement contre lui, sans lâcher sa main, elle tâtonna. La douleur lui tirait d’autant plus de larmes, qu’elle essayait d’ignorer. Attrapant les doigts de la main libre de Romeo, elle entrelaça les siens avec. Contracter lui fit mal. Chaque mouvement lui faisait mal. Mais elle s’en fichait. La douleur qu’elle venait d’infliger à Marw était un supplice qui n’avait pas son pareil. Mais il fallait qu’elle l’abrège. Il fallait qu’elle fasse cesser cette consumation des tissus. Il fallait qu’elle bouge. Qu’elle se détache de lui. Elle en était incapable. Elle pleurait, sanglotante, tremblante, accrochée aux deux mains de Romeo, lovée contre lui. Elle s’était enlevée de sur son épaule, et retombait progressivement au sol, couchée, son sang se mêlant doucement à celui qui recouvrait le sol. Son sang, celui de l’ancien Looper… Non. Il fallait qu’elle bouge. Qu’elle continue. Elle n’avait pas le droit de baisser les bras. Elle devait le sortir de là. Coûte que coûte.

Mais soudain, alors que dans un gémissement elle tentait de se redresser, elle le sentit. Sa présence. Rassurante, réconfortante. Promesse de sécurité. Le chuintement de la porte qui pivote dans ses gonds lui avait échappé, mais elle le savait, désormais. Jack était là. Un bruit rapide. Il écrasait la torche du pied, empêchant le feu de vivoter de faire plus de dégâts. Elle voulut l’aider. Mais ne savait même pas si elle en avait encore la force. Dans un effort de volonté, elle tenta de bouger. Il le vit. Et s’approcha, s’accroupissant dans son dos, à leurs côtés. Il tapota doucement son épaule, sans un mot, appuyant légèrement pour qu’elle reste au sol. Geste qui voulait tout dire. Doucement, elle le vit poser sa main sur le crâne de Romeo, dans ses cheveux blonds. Il voulait qu’ils sachent. Tout était fini. Ils n’étaient plus seuls. Jack allait les sortir de là. « … Ça va aller. » Sa voix sonna étrangement douce. Étrangement réconfortante. Lentement, Maggie laissa sa tête retomber au sol, son front posé contre celui de Romeo, ses cheveux effleurant les siens, tandis que Jack se redressait, et s’éloignait en vitesse. Elle était dans un état pitoyable. Pas autant que lui, mais cela n’empêchait rien. Elle finit par ouvrir les yeux, et le regarda, sanglotant doucement. La douleur était toujours là, mais devait presque être agréable par rapport à ce qu’il endurait. Elle le savait, et c’était précisément pour cette raison qu’elle ne relâchait pas sa pression sur ses mains, et qu’elle ne décollait pas non plus son front du sien. Elle aurait voulu s’excuser. Elle aurait voulu le supplier de lui pardonner, pour tout ce qu’elle lui avait fait subir, et pour tout ce qu’il endurait, à cause d’elle. Elle se sentait faible, inutile, et terriblement coupable. Si elle n’était pas venue ici, aujourd’hui… Peut-être s’en serait-il sorti ? … Ou peut-être pas. Peut-être que les deux hommes auraient dégainé, et l’auraient abattu, purement et simplement. Ou alors il aurait anticipé, et les aurait tués, sans elle, s’épargnant toutes ces blessures. Elle n’en savait rien, et ne le saurait pas, jamais. Ils étaient là, tous les deux. Jack avait pris la relève, pleinement en possession de ses capacités. Et elle pouvait enfin arrêter. Tout arrêter. S’abandonner, contre lui, la seule personne qu’elle avait pour la protéger en cette seconde précise. Les pensées de la jeune femme s’égarèrent vers Blake, alors qu’elle refermait les paupières. Elle aurait voulu qu’il soit là. Qu’il puisse la soutenir. Qu’il puisse la prendre dans ses bras, même si c’était pour se moquer gentiment d’elle. Mais il n’était pas là. Il aurait peut-être le temps de s’inquiéter. Peut-être même qu’il apprendrait qu’elle était aux urgences, car il ne faisait aucun doute qu’elle allait y aller. Elle n’en savait rien. Elle verrait bien. Pour le moment, elle devait s’efforcer de rester de ce monde. Et de maintenir Romeo la tête hors de l’eau. … Eau. Elle la sentit, glacée. Jack faisait dans l’express. Elle frissonna, ne bougeant pourtant pas. Il fallait qu’il atténue la brûlure, qu’il l’empêche de se répandre. Elle s’accrocha à Romeo, du peu de forces qu’il lui restait, alors que le sang continuait de ruisseler sur son poignet. Et puis, plus rien. Elle laissa l’homme se relever, pressant sa peau contre celle de Marw, sans rien dire, serrant les dents. Jack repartit. Elle entendit des bruits, sentit l’espace se dégager autour d’elle. Il débarrassait l’appartement des cadavres. Dieu seul savait comment il allait faire pour que les secours ne les menottent pas au brancard, avec tout ce sang autour d’eux. Mais elle avait une absolue confiance en lui. Tout comme Romeo, avait-il semblé. Elle laissa l’ancien Looper faire. Sans un mot, petite chose perdue, et accrochée à cette bouille blonde qu’elle avait tant fuie auparavant. Perdue, certes. Mais saine et sauve.

Lentement, elle soupira. Souffle contrôlé, qui se tut bien rapidement. Elle ouvrit les yeux, clignant des paupières. Oubliant quelques instants Jack. Elle regarda Romeo. Elle cherchait son regard, naturellement. Elle avait tant à lui dire, là maintenant. Elle avait tant à lui murmurer. Elle aurait voulu que tout s’arrange, maintenant, dans la seconde. Qu’il arrête de souffrir, et qu’il reprenne sa vie. Tant de souhaits qui ne pouvaient se réaliser. Pas maintenant. Il faudrait attendre. Encore, et toujours. Maggie s’efforçait de contrôler sa respiration, de contrôler son cœur. Elle avait cette impression, nichée au fond d’elle. Ce sentiment d’être importante, cette intuition qu’on avait besoin d’elle. Elle se sentait aimante et protectrice, petit feu-follet, lueur d’espoir dans un monde de sang et de larmes. C’était peut-être faux. Mais cela n’empêchait pas pour autant ce ressenti d’être. Et elle restait là. Contre lui. Elle l’aurait bercé si elle aurait pu. Mais elle préférait ne pas bouger. Il avait suffisamment souffert. Elle ne tenait pas à rajouter de la matière à ce supplice. « Je suis désolée… » Le murmure s’était échappé, simple petite brise légère, rassurant, réconfortant. Coupable, mais aimant. Maternel, comme ce qu’elle pouvait être, depuis qu’il avait touché terre. Voire même depuis bien avant. Peut-être depuis toujours, au fond. « C’est fini, maintenant. On va se sortir de là… Jack va te sortir de là… » Et elle ? Elle, elle s’en fichait. Elle était secondaire, un simple pion. Romeo avant elle. Un fils avant le petit bout de femme qui lui servait de maman. Il n’y avait aucune négociation possible. Parce que l’état de Romeo était bien pire que le sien, tout d’abord. Et puis, parce qu’elle l’aimait. Comme une mère aimait son fils, certes, comme une sœur aime son frère, oui, mais elle l’aimait. Cela n’était pas comparable à l’amour avec un grand A, aucunement comparable à celui qu’elle ressentait pour le Looper en cavale qui vivait chez elle. Mais c’était de l’amour. Purement, et simplement. « Il faut que tu tiennes le coup, d’accord ? Le plus dur est passé … » Puisqu’après, il y aura les médecins. Qu’après, on t’anesthésiera. Après, tout ira bien. « Les médecins vont venir… Ils te guériront, ils prendront soin de toi... » Et tu pourras reprendre ta vie, continuer d’avancer. Tu pourras sourire, peut-être même rire, pour quelqu’un, pour celui que tu aimes. Tu pourras grogner, mumbler comme tu aimes tant faire. Tout recommencera, car la vie ne s’arrête pas. Ce n’est qu’une boucle, et même si tu as clos la tienne, elle n’est pas terminée. Elle recommencera, indéfiniment. Le cycle de cette vie. « Ça va bien se passer, tu verras. Je… Je suis désolée de t’avoir fait subir tout ça… Mais il faut que tu t’accroches encore un peu… » Elle pleurait, comme une idiote, en lui disant tout cela, en pensant tout cela. Un sourire traversa son visage couvert de sang et de larmes, alors qu’elle fermait les yeux, se laissant emporter par la douleur, l’espoir, et par tous ces autres sentiments qui dévastaient son cœur autant que son esprit à cette seconde précise. « Juste un peu… Tout ira bien… » Elle hocha doucement la tête, déposant un baiser sur son front, lâchant juste une de ses mains pour poser la sienne sur sa joue, appuyant ce contact tendre et maternel. « Je t’aime… » Murmure infime, sincère. Une mère parle à son fils, lui promettant toutes ces choses qu’elle est capable de lui offrir, et même celles qu’elle ne peut pas. Une mère berce son fils, le rassure. Une mère vit, pour l’aider à vivre. Et, comme une mère, elle se serait sacrifiée pour lui. Comme une mère, elle venait de lui dire qu’elle l’aimait. À lui, cet enfant perdu, couché au milieu de son propre sang. Elle l’aimait. Et elle se fichait bien de ce que le monde penserait de cela. De ce que Romeo lui-même penserait de tout cela. Elle l’aimait comme un fils. Et rien ni personne n’avait jamais pu changer cela.

Les paupières de la jeune femme se ferment doucement, avant de se rouvrir. Elle regarde Romeo, encore et toujours. Sa main s’ôte de la joue de l’ancien Looper, alors qu’elle retourne chercher ses doigts. Son poignet la fait souffrir, sa tête la fait souffrir. Son cœur la fait souffrir. Mais au final, qu’en a-t-elle à faire ? Elle est là, contre lui. Ses pensées vagabondent. Derrière elle, Jack s’affaire. Elle n’y prête même pas attention. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’il est sauvé. Il mérite de vivre, et il vivra. Elle lui a offert l’amour qu’une mère offre à son fils. Il était là depuis le début, retenu, entravé par cette peur d’être sans cesse dénigrée, et par ce rejet permanent qu’il avait exercé sur elle, et sur son affection. Mais maintenant, c’était terminé. Tout était terminé. Pour lui, pour elle. Pour cette image qu’ils avaient rendue, pour tout ce qu’ils avaient connu. Et pour ce qu’ils avaient essayé d’être, au travers des cris, des coups, des supplications. Au travers du sang, et des larmes. ’Cause we are family, no matter they say.

The end.
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé





(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. Empty
MessageSujet: Re: (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.   (/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO. I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

(/!\ violence & blood) the time has come to destroy your supremacy. ▲ MAGGEO.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» only god forgives ☨ MAGGEO
» there will be blood -
» my life just comes down to blood Ω trash
» blood is revenge // Jack
» the sound of screams, and the tears of blood. ❖ (ÉQUIPE QUATRE)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Looper RPG :: La vie et la banlieue :: Quartiers résidentiels :: centre :: appartement de romeo et sonny-