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 ❝ we control the fear. but without the fear, we are all as good as dead. ❞ ⧩ DEVON.

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Jack F. Hawks

Jack F. Hawks
betrayal it's in the blood (admin)



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MessageSujet: ❝ we control the fear. but without the fear, we are all as good as dead. ❞ ⧩ DEVON.   ❝ we control the fear. but without the fear, we are all as good as dead. ❞ ⧩ DEVON. I_icon_minitimeLun 26 Nov - 16:28



❝ born to kick your ass. ❞

Are you lost in your lies ? Do you tell yourself I don't realize. Your crusade's a disguise, replace freedom with fear, you trade money for lives. I'm aware of what you've done. I see pain, I see need, I see lies and thieves, abused power with greed. I had hope, I believed, but I'm beginning to think that I've been decieved. You will pay for what you've done.


Jack avait le regard perdu dans le vide, essuyant machinalement un verre. Le mec derrière le comptoir le regardait de manière extrêmement passive, soupirant doucement, comme las de sa vie. Las d’être ici. Las de tout. Ouais. Ben comme ça, ils étaient deux. Ou presque. Jack n’était pas réellement las. Cela faisait des années qu’il subissait sa vie, sans rechigner, gardant le dos toujours aussi voûté, et traînant toujours autant des pieds. L’avenir était pour lui un épais brouillard. Mais il y avait des choses qu’il savait, des choses qui se passeraient. Dans vingt-neuf ans, il serait mort. C’était une certitude. Une boucle bouclée. Dans trente ans, on te renvoyait dans le passé. And that’s all. Mine de rien, cette perspective rembrunissait Jack à la vitesse de l’éclair. Il ne vieillirait pas paisiblement. Il ne verrait même peut-être pas ses petits enfants naître. Enfin, pour avoir des petits enfants, encore fallait-il avoir des enfants tout court. Qui dit enfants dit femme. Ou tout du moins compagne. Et ça, il n’était pas prêt à se résoudre à faire le pas. Il avait peur. Peur de l’amour, peur des sentiments, peur de ce que cela pouvait donner. Les trois seules personnes de sa famille qu’il avait aimées étaient mortes. Heureusement, Arizona ne faisait pas partie de sa famille biologique. Il n’aurait pas supporté l’idée qu’elle puisse rendre l’âme. Pas maintenant. Elle ne mourrait pas avant lui. C’était hors de question. Il allait la faire vivre, et elle hériterait de tous ses biens. Ouais. Voilà. Il lui lèguerait tout. Et s’il avait une femme entre temps ? … Il ferait deux tiers pour Arizona, un tiers pour sa femme. Elle comptait plus que sa potentielle épouse ? … À tout bien y réfléchir, ouais. Arizona était Arizona. Sans elle, il aurait massacré le monde entier avant de se tuer. Vivre sans elle, sa meilleure amie, sa sœur de cœur, bref, sans Arizona, aurait été totalement impossible. Il préférait ne même pas y songer.

Doucement, le fond du verre tapa sur le comptoir. Jack attrapa une bouteille d’alcool, versant le liquide dans le récipient, avant de la reboucher. L’homme attrapa le verre, grommelant un merci, sans même lui accorder un regard. Notre barman rangea sa bouteille, avant de retourner à son torchon. À ses côtés, Devon était en plein travail. Ou en pleine discussion. Ou autre chose. À force de travailler ici, Jack ne faisait même plus attention aux faits et gestes de son patron. C’était devenu naturel. Ils vivaient leur vie. Ils se comprenaient d’un simple regard, de toute manière. En cas l’altercation, les deux réagissaient toujours en parfaite osmose. Et Devon avait une arme de cachée sous son comptoir. Jack, sous son t-shirt, dans sa ceinture. Et ils avaient leurs poings. Autant vous dire que peu de gens connaissant leur réputation se cherchaient des noises dans ce petit bar. Ou alors, ils avaient des comptes à leur régler. Comme beaucoup de gens dans Londres.

Le regard de notre ours se posa sur un étrange duo dans un coin du bar. L’un d’eux avait la tête recouverte d’une capuche, sans pour autant chercher réellement à dissimuler son visage. Son vis-à-vis avait l’air méfiant, bourru, de mauvaise humeur. C’était un colosse, et de là où il était, Jack pouvait déjà apercevoir un tatouage remontant le long de son cou. Typiquement le genre de mec qu’il allait éviter d’emmerder, par simple instinct de survie. Il ne savait même pas s’il aurait été capable de l’affronter et d’en sortir vainqueur. Mais ce gars ne lui inspirait pas confiance. Pas du tout. D’un autre côté, très peu de gens inspiraient confiance à Jack ; mais celui-là, c’était vraiment quelque chose d’étrange. Une sensation. Un malaise. Et, le type tourna la tête vers le jeune barman. Leurs regards se croisèrent. Aucun ne cilla. Les prunelles foncées de Jack jetèrent un regard noir et expressif, menaçant. L’autre le lui rendit bien franchement, avant de ployer. Il avait compris que personne ne serait fin avec eux s’il venait à foutre le bordel. Mais en avait-il seulement quelque chose à faire ? La lueur de défi qui s’était finalement dégagée de ses prunelles avait eu le don d’attiser la méfiance de Jack. Ce gars ne lui disait rien qui vaille. Et les affaires dont il parlait avec son camarade non plus. Ça ne sentait pas bon. Ç’allait sans aucun doute se corser. Il allait falloir organiser une évacuation des éléments perturbateurs rapide et efficace, avant que ça ne dégénère trop, s’il venait à se produire quoique ce soit. Et là-dessus, Devon pouvait compter sur son barman. Tout comme l’inverse était vrai.

L’ancien Looper lâcha finalement l’étrange duo du regard. Il n’avait aucune intention de virer ces mecs maintenant. Simplement d’attirer l’attention de Devon sur eux. Silencieusement, Jack se tourna vers son patron, lui jetant un regard lourd et pesant. Croisant finalement ses prunelles, il finit par détourner les yeux, indiquant d’un petit signe de tête extrêmement léger le fond de la salle. N’importe qui aurait cru à un mouvement normal. Tout à fait normal. Comme s’il se réintéressait à ses verres et son torchon. Mais Devon comprendrait très bien qui il indiquait. Il n’était pas bête. Et bien plus que ça ; ils étaient sur la même longueur d’onde en permanence. Avec lui, Jack ne se sentait même pas paranoïaque. Juste… Réaliste. Passant son torchon sur le comptoir pour éliminer quelques éventuelles petites flaques d’alcool. Puis il fit quelques pas pour aller prendre un torchon propre, passant à côté de Devon, lui lâchant quelques mots au passage. « J’ai pas confiance. » Ça, c’est dit. Jetant son torchon dans un coin, il en attrapa un autre, le faisant passer à côté de son épaule. Le bruit de la porte du bar attira son attention, le faisant se retourner. Deux autres hommes entrèrent, se suivant. Manteaux en cuir, grosses chaussures, airs franchement malpolis. Dérangeant. Détestables. Mauvais. Jack renifla doucement, un léger rictus sur les lèvres. Un frisson de méfiance parcourut son échine, tandis qu’un très mauvais sentiment le prenait. Il repassa à côté de son patron, tout simplement. « En eux non plus. » Il passa sa main derrière lui, vérifiant la présence de son arme.

Bon. Allez Jack. Arrête de te méfier. Ç’a tendance à tourner à la paranoïa, ton affaire.

« Il est pas revenu te voir le mec de l’autre fois ? » THE mec. Un débile complètement bourré qui avait osé insulter Devon, en face à face, pendant que Jack était parti chercher des bouteilles dans la réserve. Un pauvre gars qui avait senti un poids non négligeable le plaquer contre le mur d’un air extrêmement menaçant, lorsque Jack était revenu, et avait entendu. On n’insulte pas le patron, règle number one. Et plus que cela ; pas d’embrouilles dans ce bar. Ce gars-là l’avait particulièrement bien compris, quand Jack avait joué les videurs efficaces. Et ce soir, ça risquait de se reproduire. Il n’espérait pas. Mais c’était mal parti.

Doucement, Jack releva le regard vers les deux hommes, qui s’approchaient du bar. Ses yeux glissèrent instinctivement vers les deux autres suspects assis dans le coin, qui observaient les nouveaux venus d’un air indéchiffrable. Agressifs ? Anxieux ? Jack serra doucement les poings, avant d’attraper son torchon et un verre.

Il leur laissait le bénéfice du doute. Mais en cas de problème, il sentait Devon tout aussi prêt que lui à intervenir. Et il lui avait tendu la perche avec sa question sur le fameux gars de l’autre fois. S’il y avait le moindre pas de travers, ç’allait dégénérer. Quatre contre deux ? Ça ne faisait pas peur à Jack. Et de loin. Une petite séance pour se défouler. Que rêver de mieux, lorsqu’on est à cran pour tout et n’importe quoi ?


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MessageSujet: Re: ❝ we control the fear. but without the fear, we are all as good as dead. ❞ ⧩ DEVON.   ❝ we control the fear. but without the fear, we are all as good as dead. ❞ ⧩ DEVON. I_icon_minitimeMer 28 Nov - 4:29



« the wet tongue gets stuck
to a frozen flagpole attack ! »


❝ we control the fear. but without the fear, we are all as good as dead. ❞ ⧩ DEVON. 121126021838888953
Impassible, les grands yeux céruléens du colosse s’élevaient sur l’horizon étrangement versatile, sondant avec minutie tous ces visages léthargiques qui allaient et revenaient avec indifférence devant lui. Valse bien commune, en ce soir bien commun, qui recelait bien évidemment une tranquillité bien fragile et fuyarde. Les habitués de la place avaient beau connaître les règles de la maison, il arrivait parfois que celles-ci ne se perdent dans les désastreux méandres de l’ivresse excessive et de l’oublie involontaire… ou pas. Bien que très peu enclin à cette alternative, si fracasser des crânes sur la lisse surface de son comptoir il devait, afin de raccommoder ces cervelles enchevêtrées dans le bon ordre, sans l’ombre d’une seule hésitation, le proprio un tantinet un peu balaise le faisait. Il n’était pas très réputé et propice à la patience, détail que tout le monde connaissait et détail que tout le monde s’amusait au moins une fois dans leur vie d’en évaluer la résultante. Ce n’était un secret pour personne, tout le monde dans ce bled pourri avaient les yeux consciencieusement grands ouverts sur ce qui pouvait se tramer en-dessous de son comptoir. La majeur partie de la clientèle le respectait d’ailleurs pour ça… parce qu’il possédait une arme… parce qu’il n’hésiterait pas à s’en servir si nécessité primordiale le demandait. C’était un petit tour de passe-passe qui jadis appartenait à son défunt paternel, livre arbitre reposant désormais entre ses mains, qui lui avait d’ailleurs mainte fois sauvé la vie et à de nombreuses occasions épargné des bim même pas drôle sa jolie frimousse de petit ange au cul sacralisé. Contrairement à ce qui pouvait se murmurer franchement dans la place, dépendre de son arme, pour en vain faire comprendre à ses fidèles que son bar n’était en aucun prétexte une arène de combat, cela le rebutait très amèrement et pour ne pas dire redoutablement. Il détestait ça… tirer sur les gens comme ça, broyer des rotules, saccager ses propres biens, tout ça, cela n’avait jamais été sa tasse de thé. Sa réputation de gros Bill le purgeait et lui faisait parfois misère. Il ne s’en cachait pas, mais il ne le démontrait pas non plus. Cercle bien vicieux, rôle bien fourbe, mais dans ce monde de fous, ici-bas, projeté au cœur de la corruption et de l’insécurité perpétuelle, afficher un masque, pour tous, cela s’avérait être le meilleur moyen pour survivre… Survivre, même cet instinct semblait perdre de sa puissance alors qu’à tout moment des vies se dissipaient dans les méandres de l’éternité et de l’oublie. Londres de demain ne leur promettait qu’un horizon bien noir et englué dans les mailles sulfureux d’une existence jonchée de misère et d’inhumanité. L’Humain lui-même s’habituait beaucoup trop bien à ces nombreuses lacunes, point dérangés par les sempiternels remous funestes et point perturbés de mettre une sérieuse entorse à leur propre principes et valeurs s’évaporant comme de la fumée au travers de cet avenir plus prometteur du tout. Proprement parler ; ils étaient dans la merde… et ils bouffaient cette merde à grande pelle, quand même bien que cela explosait par tous les orifices de leur figure, ils avalaient… encore et toujours.

Bonjour la belle démocratie !

Devon soupirait profondément, fermait quelques instants les yeux, déglutissait de travers la bile qui lui remontait à la gorge et fit furtivement glisser le revers de sa grosse paluche sur son arcade sourcilière gauche. Reprendre le business de son père l’épuisait moralement et l’harassait psychologiquement. Mais reprendre le business de son père était aussi sa manière de rester proche de lui, malgré les désavantageuses circonstances… Et puis merde, c’était quoi toute cette déprime, hin ? Il devait se ressaisir, la Madeleine attitude, on y passerait certainement pas le réveillon, right ? Chop, chop, dude ! Coupe-nous ces quartiers de limes, comme jamais avant tu n’avais coupé des quartiers de limes et rassasie-nous la Team Clappeuse, comme jamais avant tu n’avais rassasié de Team Clappeuse ! Soudainement revigoré de bonne humeur, la trogne déconfite du grand colosse rafistolait sur ses lèvres crispées ce légendaire grand sourire de gamin alors qu’il s’afférait à sa besogne actuelle avec désinvolture et virtuosité. D’une oreille bien peu attentive, Devon écoutait les trois (et demi) mam’selle qui s’esclaffaient entre elles et discouraient sur les dernières tendances vestimentaires de l’heure… sujet dont il en avait très rapidement perdu le fil et où il préférait, et de très loin, se concentrer sur les boissons qu’elle avait commandées… soit deux pichets (WTF ?) de Mojito à la lime et citron (re-WTF ?). Il n’avait pas l’habitude de préparer ce genre de recette mais pour leurs beaux yeux, Devon avait acceptée cette faveur. Like a boss. Tranchant les quartiers de limes en quantité industrielle, le regard azuré du grand blond dérivaient lentement sur le visage hagard de Big Jack de son petit cœur. Malgré les diverses distractions se déroulant, Devon avait deviné et quasi pressentit la suspicion de son barman, lorsque leur regard se croisèrent, ce léger brin d’incrédulité trouvait finalement ses raisons d’être : Capuche + Tatoué = pain in the ass. Ce détail noté, sans plus s’attarder sur ces deux guss louches réfugiés dans un recoin de la pièce, Devon retournait à ses cartiers de limes, sentant trépasser derrière lui la présence de Jack qui profitait de leur proximité passagère pour lui souffler quelques mots. Devon hochait approbativement la tête et souriait de plus belle. La porte principale s’ouvrait, laissant jaillir de son abysse naissante deux grands titans vêtus de cuirs et l’air aussi chaleureux qu’un radiateur en panne. Mmmm. Mauvais signe, Jack avait fichtrement raison. « Non. Il n’est pas revenu. Il avait promis et juré de le faire. Ce soir, nous allons peut-être découvrir que c’est un gars de parole. » Ouais, ses blagues de merde, là, tout de suite, on pourrait bien s’en passer. THE mec était un crackhead fini, complètement barge et relativement un peu trop imprévisible en son genre. Sans l’aide de Jack, la dernière fois, Devon n’osait même pas s’imaginer comment est-ce que la soirée se serait terminée. Probablement par une baston impitoyable, où tous y serait sérieusement passé… le plus con dans cette histoire, c’était que Devon ne se souvenait même plus du pourquoi du comment. THE mec pétait son plomb et lui encaissait à sa manière, passant très près de lui foutre son poing en pleine gueule, au moment même où Jack le plaquait au mur. Bref. Soirée pittoresque qui semblerait vouloir se manifester de nouveau. Fun.

Devon voyait se rapprocher les deux armoires à glace, tandis qu’en arrière plan, Tatoué et Capuchon observaient avec insistance ce qui allait se produire… où plus tôt ce qui se produisait à l’instant même. Toujours supposément affairé à ses fichus Mojitos, Devon fronçait faiblement les sourcils en voyant que les deux balaises ne rejoignaient pas son propre niveau mais allait plutôt de controverse rejoindre celui de son barman… Jack…

Merde…

« Quatre chope de ta bière en fut et tu fourres tout ça sur le compte de Powell… » demandait froidement le plus colossal des colosses, le regard reluisant de malice et les lèvres contorsionnées dans une moue mesquine et narquoise. Du coin de l’œil, Devon voyait Tatoué et Capuchon qui se dandinait fébrilement sur leur chaise de bois, poings dangereusement serrés, échines complètement redressées sur le dossier… un faux mouvement et ceux-là interviendraient.

On les embusquait… Classique.

Laissant lentement tomber son couteau de cuisine sur le comptoir, les nerfs à vif, les sens en alerte, Devon observait son frère d’arme avec intensité et tempérance. Powell… c’était THE mec…



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MessageSujet: Re: ❝ we control the fear. but without the fear, we are all as good as dead. ❞ ⧩ DEVON.   ❝ we control the fear. but without the fear, we are all as good as dead. ❞ ⧩ DEVON. I_icon_minitimeMer 28 Nov - 22:33



❝ i need to kill to feel alive. ❞

Good eye, sniper, now I shoot, you run, the words you scribbled on the walls, the loss of friends you didn’t have. I’ll call you when the time is right, are you in or are you out ? For them all to know the end of us all. Bye bye beautiful, don’t bother to write, disturbed by your words and they’re calling all cars. Face step, let down. Face step, step down.


À la réponse de Devon, Jack ne put empêcher un très mince sourire de lui chatouiller les lèvres. Le rictus disparut aussi vite qu’il était arrivé, Très franchement, Jack n’espérait pas qu’il reviendrait. THE mec. S’il revenait, il serait armé. Et bien décidé à faire sauter la tête de notre ancien Looper. Et même si celui-ci était un peu trop fonceur pour en avoir réellement peur, le danger serait plus que présent. THE mec avait beau être un peu stupide sur les bords, surtout une fois alcoolisé, il en restait relativement dangereux. Dangereux, menaçant, animé d’un désir de vengeance. Et là était le problème. Un homme blessé dans sa fierté et dans son orgueil était capable de devenir une véritable bête sauvage, rien que pour assouvir ce désir, et retrouver sa virilité. Son assurance. Rien que pour reprendre la face devant ses amis. Les hommes étaient prêts à tout pour conserver leur orgueil ; se faire ridiculiser était la pire chose qui pouvait leur arriver. Et Jack était le bourreau. Il sentait venir la vengeance avec autant de subtilité qu’un troupeau d’éléphant dans un magasin de porcelaine. Et ça ne faisait pas partie de son programme de la soirée.

D’un pas lourd, les deux nouveaux arrivants s’approchèrent du bar. Ils auraient pu aller voir Devon. C’était le patron, tout de même. Mais nan. Il fallait qu’ils viennent vers lui. Vers Jack. Vers le seul gars de ce bar qui avait une certaine tendance à démarrer au quart de tour, avec des réflexes dignes… D’un Looper, quoi. Un Looper se devait de descendre sa cible aussitôt qu’elle apparaissait. Histoire d’éviter au maximum les potentiels problèmes qui pourraient apparaître, si la cible tentait de se défendre. Aussitôt téléportée face au tueur, celui-ci devait faire partir le coup de feu. Ce qui demandait des réflexes hors normes, mine de rien. Et si ce gars en face de lui pensait réellement qu’il allait pouvoir surprendre un ancien Looper un tantinet paranoïaque, il risquait d’avoir quelques surprises. Jack sentit le regard de Devon peser sur lui. Néanmoins, il ne se retourna pas ; pas la peine d’attiser la méfiance des armoires à glace qui lui faisaient face. Il avait vérifié ; son arme était dans sa ceinture, et il était prêt à lâcher son torchon et cogner en cas de besoin. Besoin qui risquait de ne pas mettre très longtemps à se faire sentir.

Notre ours ne releva même pas les yeux. Non. Il resta là, figé, impassible, essuyant ses verres. Il ne s’autorisa pas à regarder les deux rhinocéros d’en face. Sinon, il se connaissait ; ç’allait être un regard agressif. Et il allait se faire éclater la tronche contre le bar. Ou éclater la tronche d’un autre. Au choix. De préférence la deuxième. Cependant, le regard du type d’en face était pesant. Et notre ancien Looper ne put le supporter bien longtemps. Il releva doucement la tête, plantant ses prunelles océan dans celles de son vis-à-vis. Il plissa doucement les yeux, tandis que l’autre abordait un sourire franchement mesquin et provocateur. Et qu’il commandait une bière pour un dénommé … Powell. Powell. Jack s’efforça de se détendre, reposant son verre désormais propre et sec sur le comptoir. L’autre l’affrontait du regard. Il le défiait. Cherchait ses nerfs. Les roulait en pelotes volontairement. Ça allait mal se terminer. Il n’en doutait plus une seule petite seconde. Quelques instants, Jack se posa la question ; devait-il, ou non, servir ces quatre chopes ? Son regard se déposa dans le fond de la salle, où Capuchon et Tatouages étaient tendus comme des strings. Mais c’était qui ces gars ? Ils étaient copains ou pires ennemis, ma parole ? Les deux armoires à glace mettaient les bières sur le compte de THE mec pour le faire chier, ou pour provoquer les deux barmaids ? Les yeux de Jack passaient des uns aux autres, suspicieux. Méfiant. Agressif. « Alors, ça vient, ou t’as besoin d’un coup de main ? » Une des paupières de Jack se plissa légèrement plus que l’autre, tandis qu’il reconnaissait le visage de Powell sous son fameux capuchon. Ce fameux Powell, prêt à bondir de son siège pour faire la peau… À qui, exactement ? À cette immense tête de con qui s’apprêtait à lui faire payer quatre chopes de bière ? Ou à ce barman qui l’avait ridiculisé la dernière fois ? Les deux paupières de Jack se plissèrent de la même manière, tandis que l’autre s’impatientait. « Hé, l’attardé. C’est à toi qu’je cause. » Le regard de l’un des habitués se fit compatissant. Une chose était certaine ; si ce type ne voulait pas se manger une balle du flingue de l’attardé dans la main, il allait falloir qu’il ferme sa grande gueule, et fissa. Jack n’était pas connu pour rigoler avec les fouteurs de merde. Et vu la gueule de ce Powell, le gars qui venait de commander ces quatre chopes n’avait rien d’un copain. Mais plutôt de quelqu’un avec qui il avait une certaine… Tension. Pour parler gentiment. Tout aurait pu se terminer là. Powell, son tatoué, et les deux autres abrutis seraient sortis pour aller régler leurs différents dehors. Jack les aurait laissés s’étriper sans aucun souci, et avec même une certaine satisfaction. Mais au lieu de ça, ils avaient décidé d’amener leurs emmerdes dans le bar de Devon. THE mec avait pris le parti de régler son compte à Jack précisément ce soir-là. Et il n’avait pas prévu qu’on cherche à lui régler son compte dans la même veine.

« Hé, tête de nœud. » Le point du colosse s’abattit sur le comptoir. Un couteau serré entre ses doigts, menaçant. Non. C’était décidément vraiment pas son soir. Sans que le rhinocéros n’ait pu comprendre une seule seconde ce qui lui arrivait, la main de Jack se referma sur son poignet, l’empêchant de faire quelque chose qu’il aurait encore plus regretté. Les yeux du barman fouillèrent son adversaire, tandis qu’il resserrait sa poigne. L’autre tenta de se dégager. Avant de faire usage de son autre main, la balançant en direction du visage de l’ancien Looper. Grossière erreur. Aussitôt, celui-ci se servit de son avant-bras disponible pour dévier le coup. Avec une rapidité extrême, il attrapa l’arrière de la tête de l’homme, et lui écrasa le visage sur le comptoir, le sonnant plutôt violemment. Enchaînant sans se faire prier, Jack relâcha le poignet sur lequel il exerçait toujours une pression, se saisissant du couteau de son agresseur, le repliant d’un petit coup de main habile, le laissant tomber de son côté du bar. Puis il attrapa la veste en cuir de l’homme à deux mains, une au niveau de chaque omoplate, le maintenant face contre le bar. L’autre était complètement sonné, et peinait même à se débattre. Relevant les yeux vers le reste du bar, Jack aperçut Powell et son pote tatoué qui s’étaient levés, prêts à se précipiter sur eux pour aller régler son compte à un Jack occupé. Ou bien prêts à s’enfuir de ce bar avant d’avoir des ennuis. Notre ours n’en savait rien. Et il s’en foutait royalement. À vrai dire, les deux autres ne risquaient pas de bouger. L’acolyte de Nez en Sang avait sorti son flingue, et le gardait braqué sur eux, l’air légèrement hostile. Hmm. Ç’aurait pu être aussi simple. Si seulement Tatoué n’avait pas répliqué en sortant également son arme à feu pour lui rendre sa menace. Si seulement Powell n’avait pas sorti la sienne pour la braquer sur la tête de Jack. Celui-ci regarda THE mec en mode WTF, maintenant toujours son adversaire de plus en plus agité face contre le comptoir, immobilisant ses épaules de ses coudes, le tirant peu à peu vers lui pour l’empêcher de pousser le sol de ses pieds, pour se dégager.

Le problème de Jack, c’était qu’il était borné. Et qu’il avait une sacrée force. Et qu’il était bien dans la merde aussi. Heuuu. Devon ? Devon ? Devoooon ? Deeeeevoooooon ?

Le regard de l’ancien Looper passait d’un homme à l’autre, agressif, menaçant, noir ; il n’avait pas regardé une seule fois son patron qui, il le savait, suivait tout avec plus d’attention qu’il aurait pu l’imaginer. Il ne lui avait même pas adressé la parole. Il fixait tour à tour ses adversaires. Leurs adversaires. Personne ne se décidait à appuyer sur la gâchette. Les clients étaient au fond de leurs sièges, tétanisés, n’osant même pas sortir de l’établissement. Et Jack, lui, tenait toujours sa victime. En parfait petit bourreau. Si une balle partait, les cervelles allaient voler. Et ce n’était pas souhaitable.

Il n’y avait plus qu’à espérer que personne ne se trouve capable de faire quelque chose d’incroyablement… Stupide.


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