Sujet: In spite of all the danger # Isiah & Sonny Ven 18 Jan - 0:54
L'air frais qui continuait de souffler inexorablement sur sa nuque découverte malgré l'hiver infernal de ce mois de janvier. Sonny ne s'inquiétait que très peu des conditions météorologiques, surtout lorsqu'il avait un travail à effectuer. il n'était plus un novice et ses années d'expérience lui prouvaient qu'il était capable des pires choses, dans n'importe quelle circonstance. Raison pour laquelle l'ancien Burroughs ne mettait que rarement en marche son cerveau. Plus maintenant. Il était comme mort, ou tout du moins en mode pause. Il croyait l'être et pourtant à chaque fois qu'il jetait un oeil sur sa montre, l'adrénaline qui le prenait aux tripes lui montrait le contraire. A vrai dire, il avait une peur bleue depuis toujours. Romeo venait de refermer sa boucle et chaque nouvelle mission pour lui était devenue un vrai calvaire: il se tuerait comme tous les autres, son moi futur disparaîtrait de ses mains et dans trente années, il serait à sa place. Boucle infernal dont il ne réchapperait jamais. Cette peur présente, Sonny savait pertinemment qu'il ne devait pas trembler, pas même ciller. Il était un habitué de la peur et heureusement, sinon il aurait flanché depuis des décennies. Ce n'était pas le plus effrayant finalement, ce qui l'était était cette capacité déconcertante à affronter cette angoisse. Toujours. Sonny ne laissait jamais la chance au hasard, il voulait tout contrôler, tout jusqu'aux évènements qui ne devaient pas l'être, comme les meurtres qu'il devait perpétrer pour pouvoir vivre. Au fond, il n'avait pas changé. Il avait conservé ses valeurs morales au placard pour le moment mais il restait le petit garçon fort, intelligent et généreux qu'il avait toujours été. Même s'il avait toujours caché sa douleur. Même s'il n'avait jamais pleuré de sa vie. Ô grand jamais...
La froideur douloureuse de son front contre le plancher abîmé du vieil appartement des Burroughs. Pacey connaissait la suite. Il entendait les hurlements de son père alors qu'il l'attrapait par le cou sans ménagement. L'adolescent n'émit pas un bruit en sachant pertinemment ce qu'on allait lui réserver si le son de sa voix se faisait entendre par dessus les cris du match diffusé sur le vieux stéréo à l'instant même. Pacey sentit le souffle teinté d'alcool de son géniteur dans son cou alors qu'il serrait les dents. Il allait avoir mal, il allait souffrir. Tellement. Il ne montra rien, aucune émotion. A vrai dire, il n'avait rien fait. Il avait simplement oublié d'acheter la fameuse bouteille de whisky quotidienne, le plus gros blâme qu'on pouvait trouver dans cet appartement miteux. "T'es qu'un petit con, le pire pestiféré que j'ai jamais rencontré. Dire que je suis ton père.. Enfin, cela dit, ça n'a pas été prouvé, vu que ta mère était la pire des garces du coin. Même pas capable d'aller faire une course, espèce d'abruti!" Le coup allait venir, encore une marque de plus sur son corps frêle d'enfant à peine sorti de la puberté. Et le fouet qui s'abattit sur son dos et Pacey qui retenait un cri. Un autre. Et puis un autre. Il perdit le compte. Il attendait simplement le coup final, celui qui le libérerait finalement. Son père l'attrapa alors et le releva, les joues rougis au plus haut point. Alors qu'il le trimbalait à l'autre bout de la pièce, Pacey croisa le regard de son jeune frère, caché derrière la porte. Aussi indistinctement que possible, l'aîné hocha la tête en signe de négation. Il fallait qu'il se cache. Pour ne pas subir le courroux du démon. Et avant même que Pacey put rassembler ses pensées, son arcade sourcilière explosa contre le bord de la table. Le sang jaillit et coula le long de son oeil alors que l'adolescent vit Isiah, les yeux brillants...
Dix huit heures tapantes. La cible apparut sous ses yeux experts et les quelques micro secondes d'hésitation se transformèrent en détermination vengeresse. A chaque meurtre perpétré, il imaginait que sous cette fameuse toile se soit son père, ce salaud ayant empêché ses fils de s'épanouir complètement et vivre. Pacey se détourna alors que le sang avait giclé. Il ne regardait jamais le cadavre s'écrouler. Il se contentait après de ramasser les lingots avec vitesse avant de balancer le tout dans la Tamise. Vite fait, bien fait. Cela aurait pu l'être s'il n'avait pas senti un regard dans son dos. Une présence qu'il ne connaissait que trop bien. Sa chair et son sang. La personne qu'il aimait le plus au monde. Pacey resta ainsi quelques secondes avant de ranger son tromblon derrière sa ceinture, se retournant avec vivacité. Isiah. Enfin dehors. Il fallait avouer que la prison ne semblait pas l'avoir radicalement changé: comment l'aurait-elle pu alors que leur géniteur avait détruit tout espoir en eux? Sonny s'approcha, d'abord silencieux et hésitant. Un peu honteux à l'idée que son frère ait assisté à cette lugubre exécution. Il fit abstraction de ce fait et s'arrêta à un mètre de ce frère chéri plus que tout.
Isiah... Si je m'attendais à te voir dans le coin. Si je m'attendais à te voir sorti de prison tout court. Comment t'es arrivé jusqu'à... Le fameux lieu où je dois bosser... En silence et loin des oreilles indiscrètes?
E. Isiah Burroughs ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: In spite of all the danger # Isiah & Sonny Ven 18 Jan - 22:41
Sonny & Isiah
“ In spite of all the danger ”
▬ FLASHBACK ▬
Dix minutes, dix minutes qu'il assistait impuissant à la scène qui se déroulait là, juste sous ses yeux. Ces mêmes yeux qui en avaient déjà bien trop vu malgré son jeune âge. Secrètement, il espérait pouvoir remplacer ses pupilles par des fusils, tirer à bout portant et voir la cervelle de son enfoiré de père exploser ; se répandre sur le mur d'en face avant qu'il ne tombe dans un bruit mou la tête la première contre le sol - dur et froid - de ce taudis. Isiah connaissait chaque recoin de l’appartement, chaque interstice, chaque arrête de mur, savait exactement à quel endroit le sol était le plus glacial, à quel intersection du carrelage il y avait un défaut, pour l'avoir vu un nombre incalculable de fois de près, de trop près. Goutter le parterre, le radiateur, et tout ce qui passait à portée de main de leur alcoolique de géniteur était monnaie courante chez eux. Sous ce toit, il ne pleuvait pas de tendresse, mais des coups. Des coups de plus en plus durs au fur et à mesure qu'ils grandissaient son frère et lui. Toujours caché au même endroit, Isiah sentait la haine et la colère se mélanger, pour finalement couler dans ses veines et se répandre dans chaque parcelle de son être. Trop c'était trop, cela devait cesser. Quelqu'un devait arrêter tout ça. Evan n'en pouvait plus d'entendre les cris déchirants de son frère, il pouvait endurer la douleur, se faire fouetter avec la ceinture en cuir, sentir le sang lui dégouliner le long de la joue alors que celle-ci venait de mordre le rebord de la fenêtre, mais pas ça, pas les cris, pas ses cris. « T'es qu'un petit con, le pire pestiféré que j'ai jamais rencontré. Dire que je suis ton père... Enfin, cela dit, ça n'a pas été prouvé, vu que ta mère était la pire des garces du coin. Même pas capable d'aller faire une course, espèce d'abruti ! » Le rouge explosa dans les entrailles du cadet des Burroughs. Il pouvait les insulter autant qu'il le voulait, mais pas leur mère, ça il n'en avait pas le droit. Sortant de sa cachette, il se rua à la cuisine, fouina à la vitesse de l'éclair les tiroirs, à la recherche d'un objet – n'importe quoi -, quelque chose pouvant provoquer un maximum de dégâts en une seule frappe. Quoique puisse en penser Pacey, malgré sa mise en garde silencieuse, cela ne pouvait plus durer ainsi. Il tomba sur une bouteille de whisky vide dans la poubelle, s'en empara avec la ferme intention de faire payer ses paroles et ses actes à cet être qu'il détestait plus que tout au monde. D'un pas décidé il revint au salon, bouteille en main. Cette enflure de la pire espèce cognait encore sur son frère aîné. Un craquement sinistre s'éleva dans les airs, au même moment où il abattit la bouteille sur le haut du crâne de l'alcoolique. Ironie du sort. La bouteille explosa sous le choc de l'impact, seul un bout du goulot lui resta en main. « T'as encore envie de frapper Pacey espèce de mange merde ? ». Au ralenti, comme dans un mauvais film, il vit son père vaciller légèrement, puis pivoter sur lui-même avant de poser son regard empli de haine sur lui. « Tiens tu te réveilles enfin le moins que rien... j'ai pas vraiment compris c'que t'as dis là ! T'as peut-être besoin que je t'expliques comment ça va se passer ou t'es assez intelligent pour le comprendre tout seul ? Quoique j'en doute encore... » Isiah senti son nez craquer sous le coup de poing que lui asséna son père. Sa tête s'envola vers l'arrière, en même temps que la douleur lui irradiait toute la face.
▬ FIN DU FLASHBACK ▬
La vie n'est qu'une chienne, une saloperie de chienne bourrée de tiques et atteinte de la rage. Une maladie qui n'est autre qu'une longue et sinueuse suite d'accumulations, la recherche encore et toujours de quelconques moyens pour boucher les vides, occuper le temps. Chercher un but, pour oublier que l'on ne fait que passer sur cette misérable planète. S'enliser dans des problèmes existentiels, assez pour en oublier l'essence même de toutes choses, oublier qu'on la quittera bientôt, dans le plus simple des appareils. Parce que c'est ça l'exercice même de la vie, s'agiter assez pour ne plus penser à cet instant suprême, celui où l'on s'échappera par la grande porte avec une belle révérence. Une fois que l'on a compris ça, on peut passer aux choses réellement intéressantes en profitant de tout ce que cette existence peut offrir, avant de se rendre compte que l'avenir n'est plus devant soi, que la roue a tournée et que le chemin s'arrête simplement là, qu'il n'y a plus rien de l'autre côté de l'horizon. Rien hormis un vide abyssal d'où l'on peut contempler son propre reflet dans le miroir, avant de passer de l'autre côté. Isiah en était là, à cet endroit même, regardant au travers de ses yeux fatigués cette ombre qui se tenait devant lui. Son ombre, le pâle reflet de lui-même. Il avait abandonné jusqu'à l'idée même de pouvoir encore changer le court de son existence, plus aucun rêve, plus aucune illusion sur son avenir. Une grande ligne tracée tout droit vers le néant. La fin n'était plus loin et la véritable question qui se posait était : A quand la chute - la vraie -, cet acte final qui le plongerait aux tréfonds de son moi interne et le laisserait la gueule béante dans le caniveau ?
La prison ne l'avait pas singulièrement changé. Mort il était entré, mort il en était ressorti, avec cette impression toujours de traîner sa vieille carcasse devenue bien trop pesante. Carcasse à demie décomposée avec laquelle il sillonnait la ville depuis pas loin d'une heure, cigarette bloquée au creux des lèvres - le froid lui grignotant gentiment les extrémités -, il déambulait, sans but aucun, sauf peut-être celui de se faire cueillir par la mort. Mourir de la petite mort en se brûlant les ailes sur les grands boulevards bruyants et inondés de cette lumière qui guidait ses pas. Un, deux, trois. Les bords de la tamise, rivage d'huile, le clapotis de l'eau pour seule compagnie. Le nuage engourdi et blanc de la nicotine qu'il exhalait le suivait, l'enveloppait mollement, dans une danse fantomatique, telle la faucheuse guettant le moment opportun pour abattre sa faux et fondre sur sa victime. En parlant de victime, le bruit d'un coup de feu le fit ralentir pour finalement s'arrêter au niveau d'un immense container. Un drap blanc disposé au sol à quelques mètres de là, une tâche sombre rampant doucement par capillarité pour finalement ne laisser qu'un point clair aux cotés de ce corps sans vie. Emballé ensuite comme un vulgaire paquet de linges sales avant d'être jeté sans cérémonie dans l'eau refoulant la vase fermentée. Evan assista à toute la scène depuis sa cachette de fortune, tel un voyeur, comme le fantôme d'une autre époque. Cet homme, celui-là même qui venait d'abattre un autre humain, n'était autre que son frère. Pacey, Sonny, peu importe son prénom dans le fond. Il était là en chair et en os. Rien n'avait réellement changé. Isiah était toujours celui qui contemplait la scène, pendant que son frère agissait du mieux qu'il le pouvait. Spectateur de ces deux vies lui échappant totalement, une inquiétude de petit garçon qui refit surface, lui explosa en plein visage, une supplique muette qui le bouleversa comme jamais il ne l'aurait cru possible. Cette image le renvoya pas loin de quinze années en arrière, dans l'appartement miteux qu'ils avaient été forcés de partager avec cet ivrogne qui était à l'origine de leur mise au monde, de leur mise à mort. S'extirpant de derrière le cube de métal, le cadet des Burroughs s'avança en direction de son frère, son sang, son alter ego. D'un geste rapide il jeta son mégot à même le sol avant de l'écraser du bout du pied. Relevant la tête, il fixa son regard à celui de Sonny.
Étrangement, après cette séparation d'une durée lui échappant totalement, il ne ressentait rien de particulier en revoyant ce visage familier. Pas de joie extrême, pas de tristesse, pas de colère non plus. Juste cette sensation de n'avoir pas vraiment grandi. Rien, comme si au final ils s'étaient quittés la veille avec cette promesse mutuelle de se revoir plus tard le lendemain. « J'ai été un gentil garçon alors on m'a laissé sortir avant l'heure... tu vois le genre, avec promesse à l'appui de bien se comporter et quelques travaux d’intérêts généraux en prime. Je suis sorti depuis peu, j'ai pas encore eu le temps de me manifester auprès de tout le monde. » C'était vrai, depuis sa sortie de l'enfer aux barreaux métalliques il n'avait eût que peu de temps pour lui, entre paperasse et rendez-vous divers et variés. Sonny souleva une question intéressante. Interrogation à laquelle il tenta tant bien que mal de répondre mentalement. Par quelle opération exacte s'était-il retrouvé ici même juste à coté de son frère alors que la ville regorgeait de tant d'autres endroits où il aurait pu échouer en cette fin d'après-midi ? Attiré malgré lui par la tamise, ses pas l'avaient portés jusqu'ici, assez drôle pour être souligné. « Je marchais pour m'aérer un peu et puis je me suis retrouvé ici... je sais pas comment, un pur hasard plutôt bien fait. Enfin je vois que les affaires fonctionnent toujours pour toi et t'as l'air... en forme, ça me fait plaisir de te voir frangin ! » Peut-être aurait-il dû se montrer un peu plus enthousiaste, un peu plus chaleureux, le prendre dans ses bras et lui dire à quel point il pouvait l'aimer, mais il ne le jugea pas nécessaire. Trop de galères les unissaient à jamais, pour que ce lien se perde ainsi au gré du vent. Un silence gêné s'installa entre eux, tandis qu'il se perdait dans les méandres de son esprit, en courant en tout sens dans le vieil appartement puant l'alcool.
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Sujet: Re: In spite of all the danger # Isiah & Sonny Ven 25 Jan - 14:52
Embarras. Regrets. Joie. Des émotions qui se mêlaient étrangement dans la peau du looper. Il s'en voulait de ne pas avoir été plus présent pour son frère. Il avait dû subir la prison pendant plusieurs années et Sonny avait continué sa vie sans que cela ne le perturbe réellement. Rien ne le perturbait plus, depuis longtemps. Impassible, imperturbable, à contre courant, l'aîné Burroughs avait arrêté de ressentir. Juste arrêté. Il en était ainsi depuis que leur géniteur avait détruit la barrière de la raison en lui. Aujourd'hui, il se contentait de fumer plus qu'il ne faudrait, tuer pour gagner sa vie, pour ne plus subir la faim ou les représailles. Oui, en réalité, il compensait les années de misère même si en chemin, il semblait avoir oublié l'essentiel. Le lien du sang. Le lien fraternel. Le plus important. Sans Isiah, il aurait certainement fini par mourir d'une hémorragie interne ou toute autre blessure systématiquement infligée par un alcoolique de bas étage. Retour au point de départ. Plus de dix ans en arrière alors qu'il faisait face à Isiah. Tant de souvenirs les liaient, des situations que jamais personne ne pourrait comprendre, que jamais on ne pourrait leur retirer. Leur vie et la fatalité qui les traversaient depuis leur naissance. Faire face à la mort. Faire face à la peur et l'angoisse. Avancer comme si le ciel n'était pas voilé. Comme si tout ce qu'ils devaient tous deux subir étaient d'une normalité insignifiante. La vérité n'était pas dans ce chemin tortueux qu'ils avaient suivi de leur côté. Elle était loin derrière eux, loin mais pourtant l'indélébile trace les aient rejoints sur la route boueuse de la Tamise. Le froid rongeait Sonny. Les souvenir s’immisçaient sans contrainte dans son cerveau transi par un remords dissimulé à grand frais. Pacey n'avait visité son frère qu'en de rares occasions, plutôt préoccupé par les lingots qu'il dégotait sur le corps de ses victimes, plutôt affairé à compter le nombre de gouttes qui lui restaient avant le vide absolu. Triste vérité. Tragique destin. Mais tous deux avaient survécu et si le passé resterait certainement toujours un obstacle contre leur bonheur, Sonny avait bon espoir que jamais, il ne séparerait son chemin de celui d'Isiah.
Son regard croisa celui de son jeune frère. Soudainement, Sonny se retrouvait parfaitement éveillé du monde qui l'entourait. Les corbeaux qui croassaient. L'eau qui clapotait dans son dos. Le vent à ses oreilles alors que les feuilles volaient au vent dans un bruit de paix voluptueux. Mensonge. Calomnie. En réalité, c'était le son de la mort qui résonnait à ses tympans. Le sang qui coulait dans un flot impromptu. Le sang qui ne s'arrêtait jamais de couler. Jamais depuis une décennie. Des flots angoissants, le rouge de la colère. Le rouge de la colère. Le rouge de l'éternel guerre. Puisque rien ne durait toujours, rien sauf la honte. Rien sauf la haine envers un être. Rien sauf une éducation désastreuse. Rien sauf un père incompétent. Alors le sang continuait de tomber, goutte à goutte sur le sol gelé, sur la terre boueuse de Londres. Comme avant. Comme si rien n'était terminé, comme si toute chose durait toujours. Comme s'il était toujours un adolescent qui devait faire face à la blessure de son jeune frère par sa faute. Comme tous ses souvenirs qui le rongeaient et qui n'arrêteraient jamais de le torturer...
Et les gouttelettes le long de sa joue, comme si ses yeux étaient réellement en train de pleurer du sang. Ironie du sort alors que le monde se troublait autour de lui. Des contours flous, la démarche chaloupée de son père qui se retrouvait face à son jeune frère. Un bruit de verre fracassé. Des paroles trop lointaines. Une haine qui résonnait à ses oreilles. Le trou noir. Sa mère qui lui souriait alors que les larmes coulaient finalement de ses yeux sombres et apeurés. Il vit sa main se tendre vers lui, comme une invitation au réconfort, à l'amour le plus pur. Et le mirage disparut. Plus une trace de sa génitrice aimante, de sa générosité, de sa manière d'être si singulière. A la place de cette image douce et chaleureuse, Pacey ouvrit les yeux sur une scène lugubre, son sang qui jonchait le sol sous lui, sa joue collée contre le sol gelé du salon. Le sang qui parcourait toujours son visage angélique. L'adolescent se releva tant bien que mal et vit finalement son frère, le nez en sang, au sol mais encore en vie alors que son père lançait des éclairs à la volée, se retournant de nouveau vers lui avec la détermination d'un meurtrier. Peut être était-ce cela son destin. Mourir de ses mains imbibées d'alcool, se laisser emporter par sa colère contre le monde entier, de la colère salissant le moindre de ses pores. La vie, c'était peut être ainsi. Subir sans arrêt, sans discontinuer, la peur d'autrui. Se laisser mourir pour calmer les nerfs d'un homme blessé et clairement agressif envers sa chair et son sang. Peut être était-il mieux qu'il se laisse tomber à terre alors que les coups l'affaibliraient. Jusqu'à en mourir. Elle était sûrement là la solution. Dans l'abandon de ce combat éternel. Puisque rien ne finirait jamais. Peu importe que les enfants grandissaient à vue d'oeil, peu importe qu'ils devenaient des hommes aguerris et prêts à répondre à la violence, leur géniteur gagnerait toujours. Puisqu'une part de Sonny aimerait toujours son image. Son père. En souffrance. Celui qui aurait dû être son modèle, lui montrer le chemin de la vertu jusqu'à ce qu'il devienne un homme bon et accompli. Utopie. Jamais il ne représenterait cette image. Jamais il ne serait l'homme qui le sauverait des attaques du monde extérieur. Il était l'attaque, il était la destruction et il allait le tuer, lui mais surtout Isiah... Pacey était debout, la haine se peignant dans ses yeux injectés de sang soudainement. La première fois. Oui, c'était bien la première fois que la rage s'emparait de son frêle corps d'enfant presque adulte. Et il croisa le regard de son jeune frère. Il bouillait. Les Burroughs voulaient en finir. En finir avec la honte, le regret, la peur... "Tu ne toucheras plus jamais à mon frère, t'as compris? Je te conseille de te tirer... Avant que je te tue. Vraiment." Rire tonitruant du Diable alors que le regard de Sonny se décomposait. Il sut qu'il perdrait toujours. Son père avait les poings serrés alors qu'il vint se poster à quelques centimètres de son visage, le regard de Pacey se relevant irrémédiablement devant l'autorité. "Je vous tuerais pas pour une unique raison. Vous êtes comme moi. Vous finirez comme moi, vous êtes une partie de moi... Dommage pour vous qui refusez l'évidence. Mais vous êtes des Burroughs. A jamais." Et un sourire harmonieux sur son visage alors qu'ils regardaient ses fils à tour de rôle. Liés à jamais... Et à contre coeur.
La cigarette d'Isiah qui terminait à terre, dans la boue des sentiments d'un Sonny décharné. Un silence étrange. Et Isiah qui finissait par lui répondre. Pas de cérémonie. Pas de retrouvailles chaleureuses, ils se comportaient comme de véritables Burroughs pur souche. Et leur géniteur avait toujours eu raison, aucun d'eux deux n'y échapperait. Ils finiraient froids, amers et seuls au monde. C’était écrit et ce serait toujours ainsi. Mais ils s'aimaient, seule certitude que Pacey conservait après ces années de séparation. Un léger sourire aborda ses lèvres alors que son cadet avouait être sorti plutôt entre les mailles du filet, son comportement lui permettant une libération sous condition. Tout à fait le même Isiah qu'auparavant, désinvolte et mystérieux mais pour autant brave.
Tu n'aurais pas pu te cacher bien longtemps de toute manière. Je finis toujours par te trouver, peu importe où tu te retrouves. Alors si tu croyais rester tranquille et ne pas voir ma sale tronche, c'est définitivement raté pour toi.
Et un sourire qui s'élargit alors qu'Isiah était arrivé par ici par le plus grand des hasards. Comme si le destin finissait toujours par les rattraper, par les ramener des années en arrière. Liés pour toujours par ce sang qui avait coulé à l'unisson pendant des semaines. Et un nouveau silence. Chacun plongé dans sa douleur respective. Chacun saisissant à nouveau des images frappés au fer rouge sur leur peau toujours aussi incandescente. Le passé. Il ne s'effaçait pas. Quoiqu'il ait pu se passer. Il restait en travers de leur chemin désormais plus vertueux, moins difficile. La faim ne les tiraillait plus. L'argent était dans leur poche au lieu de rester dans leurs pensées. Leur corps ne souffrait plus des actions les plus indécentes. La survie n'était plus une option, juste un droit acquis avec férocité, rage et conviction. Des Burroughs pur souche. Ils étaient de cette espèce intouchable, qui semblait invincible de l'extérieur et brûlant du feu de la tristesse à l'intérieur. Ils étaient toujours frères et ce que ressentait Sonny en faisant face à cette idée dépassait largement toutes les émotions futiles de quelques minutes plus tôt. Il était l'aîné, il devait être l'impassible et pourtant il fut celui qui vint chercher les bras de son frère, enfin heureux de retrouver ce lien qu'il ne pouvait trouver en personne d'autre. La chaleur d'un Isiah en vie, le coeur qui battait de son jeune frère qui avait résisté à l'âpreté de la vie. Des paroles qui manquaient de vivacité, de franchise et Sonny avait quand même décidé de ne plus le laisser s'échapper. De le protéger avant tout.
Noie pas le poisson. Tu m'as manqué petit con! C'est affreusement fatigant de devoir vivre ce genre de vie après tout ce qu'on a subi et tout ce qu'on a dû affronter uniquement avec nos tripes. mais j'ai sacrément l'intention de partager tout ça avec toi, ce nouveau bonheur.. Juste avec mon petit frère!
Puis, Sonny se détacha pour le regarder de nouveau. De la joie, la sincérité d'un sourire retrouvé. La peur qui s'était évanoui. Et enfin des retrouvailles, enfin des Burroughs à l'apogée de leur force, quoique puisse en dire les foutus cartes postales d'un géniteur disparu finalement de leur misérable vie...
E. Isiah Burroughs ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: In spite of all the danger # Isiah & Sonny Jeu 31 Jan - 23:11
Sonny & Isiah
“ In spite of all the danger ”
▬ FLASHBACK ▬ La douleur se répandait par vagues. A terre, sur le dos, Isiah se passa les mains sur le nez, avec cette sensation d'avoir l'arrête de son os qui avait perforé sa boîte crânienne. Ce n'était pas la première fois qu'il recevait un coup d'une telle violence et ce ne serait certainement pas la dernière fois. Les voisins étaient sans nul doute au courant des accès de colère de leur père, mais personne ne semblait vouloir lever le petit doigt, ou bien même se mêler de leurs affaires. A croire que tout le monde craignait le père Burroughs, à commencer par ses propres fils. Jamais au grand jamais il ne leur était venu à l'esprit de porter plainte ou bien d'alerter les services concernés, cela n'aurait pas été bon pour eux, juste bon à raviver un peu plus les braises qui animaient leur géniteur depuis le décès de leur mère. Pauvre maman, pensa Isiah, qui devait se retourner dans sa tombe, en voyant depuis l'endroit où elle pouvait se trouver le triste sort que leur réservait cet enfoiré sournois, qui cognait toujours plus fort. Il frappait aussi fort qu'il arrivait à lever le coude pour avaler des litres et des litres de whisky, comme s'il s'agissait d'eau. Pourvu que la cirrhose l'emporte, le plus vite serait le mieux. Le cadet n'eut même pas honte, pas une seule seconde, alors que cette idée au combien salvatrice lui traversait l'esprit. Une chose était sûre, c'était lui ou eux, et Isiah ne comptait pas terminer les pieds devants, pas de cette façon du moins. Une même rage, un même souffle de colère venait de s'emparer des deux frères, mais ils ne faisaient clairement pas le poids contre ce bœuf, ce géant gonflé à la picole bon marché. La scène sentait le roussi, mais malgré la douleur, malgré les chandelles qui continuaient de tourner devant ses yeux, le brun réussit à se relever, en se tenant au mur le plus proche de lui. Les paroles, la voix tonitruante de son père lui parvinrent dans une sorte de nuage brumeux, perçant avec peine la barrière de son esprit. Un vent de révolte souffla à nouveau. Jamais il ne serait comme son père. Jamais, il s'en fit la promesse sourde à cet instant. Il ne voulait pas devenir cette raclure de bas fonds, cet être de violence que pouvait représenter leur père. Il ferait tout pour ne pas devenir comme lui. Une voix qu'il ne reconnut pas, s'échappa de ses lèvres en une sorte de râle, de complainte qui explosa à ses tympans. « On n'est pas comme toi, on n'est pas des putains de salauds de bouffe-merde, même pas capable de remonter la pente ! On sera jamais comme toi ! Tu crois peut-être que c'est facile pour nous ? Uh ? Tu crois qu'on en a rien à foutre de maman ? Non, c'est pas vrai, c'est même le contraire ! Parce que nous on l'aimait maman, t'entends, on l'aim... » Un nouveau coup s'abattit sur son arcade sourcilière cette fois-ci. Un craquement sinistre s'éleva dans les airs, avant que son père ne l'empoigne par les cheveux et ne lui fasse voir le mur d'un peu plus près. Par réflexe, Isiah tenta d'amortir le choc en mettant ses mains devant lui. Nouveau craquement. Sonné, les larmes aux yeux, il ne hurla pas. A croire que l'être humain peut s'habituer à n'importe quelle situation, même les plus laides. Une seule pensée, une seule, avant que tout ne devienne noir. Pourvu que Pacey quitte les lieux. ▬ FIN DU FLASHBACK ▬
Danse de leur destinée, qui s'était envolée, comme si elle ne leur appartenait plus depuis longtemps. Toute tracée, décrivant des circonvolutions incompréhensibles, se mêlant, s'entremêlant, pour finir par s'arrêter en un seul et même point. Ce point, celui qui les réunissait dans le froid, clair obscur, avec pour témoin la lune parallèle à la tamise. Un beau début de soirée pour mourir étouffé par le poids des limbes du passé. Croissant de lune comme témoin de cette blessure ancienne. Confronté à Pacey, il avait comme l'impression de retourner quelques années en arrière, dans cet appartement empestant l'alcool à plein nez, bourré de vermines en tous genres. Comment oublier toutes les galères, les moments d'agonie gratuite ? Impossible. Il y aurait toujours caché derrière lui, le petit garçon qu'il fût autrefois, celui qui se demandait quel coin de mur il allait manger, ou bien ce qui allait encore pouvoir lui tomber sur le coin du nez. Un être ayant grandi dans la terreur et la douleur ; un être ayant passé le plus clair de son temps à fuir et à se cacher, priant silencieusement que quelqu'un ou quelque chose stop son calvaire, leur calvaire. Combien de fois avait-il souhaité que leur bourreau n'en vienne à mourir d'une mort aussi douloureuse que tous les coups infligés sur leur chair ? Des centaines de fois, des milliers de fois. Nombre bien trop important pour être quantifié de manière correcte. Personne n'avait pu les sauver, personne ne le pouvait. Cet enfoiré sournois qui leur servait de père – du moins sur leur acte de naissance – avait eu raison sur au moins une chose. Quoiqu'ils fassent, où qu'ils aillent, quoiqu'ils pensent, Burroughs ils étaient, Burroughs ils resteraient. Un nom souillé par la terre de cette tombe – celle de leur mère -, par le sang et le trop plein de larmes versées. Une malédiction lancée par ce cancrelat de géniteur, des mots ayant fait leur cheminement invisible, en silence, tel un virus sournois, pour finalement leur exploser en pleine figure. Leurs gestes, leurs actes étaient dictés par ces quelques paroles, comme prisonnier de la toile, englués, ils avaient toutes les peines du monde à s'en défaire. Ni l'un ni l'autre pourtant n'avait souhaité terminer ainsi et pourtant... et pourtant force était de reconnaître qu'ils n'avaient pu échapper à ce mauvais œil, celui qui les regardait depuis le ciel Londonien. Ce même œil, spectateur de l'implosion de leurs deux existences, du chantier que pouvait être leur vie respective, qui les couvait sans vraiment d'explication, d'un geste bienveillant, leur évitant les pires ennuis. Paradoxe de la situation. Ils étaient encore vivants – du moins en façade – et Isiah se demanda comment cela pouvait être possible. La mort, la violence, l'abandon avant que ne survienne la déchéance pour la survie et pourtant, ils étaient toujours là, toujours debout. Eux-mêmes devenus vermines, à l'image du père, au milieu des débris répandus aux quatre coins de cette terre qui les ingéraient avant de les recracher presque aussitôt, cycle infini, indéfini. Au milieu de tous ces déchets, un sourire vint fendre ses traits, miroir à celui envoyé quelques secondes plus tôt par Sonny. « Merde... j'suis déçu franchement, moi qui pensait pouvoir être tranquille ! Et puis j'avais fini par oublier ta sale face... comment tu veux que je puisse dormir à nouveau maintenant ? »
Où qu'ils aillent, peu importe la direction qu'ils puissent emprunter, leurs pas semblaient les ramener inexorablement l'un vers l'autre. Attraction de l'aimant Burroughs, le plus puissant de tous. Lien du sang, lien fraternel, éternel. Rien ne semblait pouvoir les séparer, pas même les années qui venaient de s'égrener. Une impression renforcée par les bras de Pacey qui se refermèrent sur ses épaules. Pas vraiment dans leurs habitudes de se donner en spectacle de la sorte. Un geste qui étonna presque Isiah. Un peu gêné, un peu surpris aussi, il ne bougea pas, resta à sa place, et se contenta de lui taper chaleureusement dans le dos. Scène qui ne manqua pas d'arracher une parole bourrée d'ironie au cadet. Souligner le caractère exceptionnel de ces retrouvailles, rien de plus. « Je noie rien... sauf si tu m'emmerdes trop avec tes leçons de vie, là c'est toi qui va terminer à la flotte ! Je t'ai connu un peu moins gâteux, qu'est-ce qu'il t’arrive ? C'est quoi cette mièvrerie puante ?... Fatiguant, à qui le dis-tu ? Enfin on est là, on est encore debout malgré toute cette... tout ça, c'est la seule chose qui compte ! J'ai bien envie de donner tord à ce fils de chien pour une fois ! En parlant de bonheur, tu reçois toujours ces conneries de cartes postales ? » Idée qui le révulsa au plus haut point, fit naître en lui un sentiment qu'il ne connaissait que trop bien. Comme une drogue qui coulait le long de ses veines. Sentir la colère monter peu à peu, comme ce nuage de condensation s'échappant de leurs lèvres, engourdi par la nuit froide, mettant comme quelque chose ressemblant à l'infini pour se dissiper. « Toi aussi tu m'as manqué ! Et j'ai plus l'intention de retourner la-bas, d'ici peu tu risques d'en avoir marre de partager des trucs avec moi. Merde qu'est-ce qu'il nous arrive ? On dirait deux gonzesses en train de chialer la mort de leur poisson rouge ! » Une lueur au fond des yeux, celle qui parlait le plus souvent à sa place, lueur au travers du miroir de glace, qui fondait peu à peu devant l’âtre de la cheminée. Nulle parole ne saurait être aussi vraie que son regard, nul besoin de mots pour exprimer ses véritables sentiments, à l'égard de cette rencontre au détour du chemin de la vie. Son frère lui avait manqué bien plus qu'il ne pourrait sans doute l'avouer, même si ces retrouvailles ne faisait pas naître en lui une explosion de sentiments. « A la vie, à la mort Burroughs ! Bon si tu me racontais ce que j'ai loupé durant ces cinq dernières années au lieu de me regarder avec tes yeux de cocker frappé par sa vieille propriétaire ! Et puis range moi ton violon tu veux ? »
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Sujet: Re: In spite of all the danger # Isiah & Sonny Ven 1 Fév - 19:15
S'abandonner et accomplir sa destinée. On ne peut pas dire que Pacey avait été le plus chanceux des hommes en commençant sa vie d'adulte. Il avait conservé les séquelles physiques et surtout morales d'une enfance plus que perturbée. Pour autant, le monde avait vu un chemin pour lui: il tuerait. Il deviendrait un bourreau, destinée des Burroughs. Toujours tuer. Ne jamais abandonner. Ne jamais ressentir. Et devenir un looper. Le garçon n'avait jamais eu ses prétentions, tout comme il n'avait jamais réellement eu l'intention de devoir vendre son corps et son âme au diable pour quelques pièces de monnaie. Tant pis pour les conséquences, tant pis s'il devait avoir mal. Sonny n'était pas seul. Il avait toujours eu Isiah sous sa garde, ils avaient toujours pris soin l'un de l'autre. Ils s'étaient tour à tour sauvé des flammes, évidence même d'un lien fraternel qui n'était pas prêt de s'éteindre. Une séparation douloureuse au cours de l'âge adulte. Au final, les deux jeunes hommes se retrouvaient véritablement différents et n'avaient pas opéré les mêmes choix. L'un tentait de prendre sur lui pour sauver l'autre alors que le vol devenait le vice du second. Il fallait de tout pour faire un monde: il fallait un martyr et un tyran. Un qui souffre et l'un qui survit. Les rôles avaient changé au fur et à mesure de l'avancée de la bataille. La prison. Les meurtres. Des voies différents mais qui, pourtant, semblaient se rejoindre inexorablement. Ici. Aux côtés de la Tamise boueuse et endormie dans son lit de cadavres. Rongé par la mort. Agonisé. Tué par le sang. Sonny n'avait plus beaucoup d'espoir quant à sa destinée. Sa mort était écrite. Sous peu, il devrait récolter le fruit de ses années de dure labeur. Des lingots. Une mort terrible. Et trente années. Courtes années. Il n'y avait pas d'illusion. Il mourrait. Et le looper acceptait son destin. Si cela avait permis à son frère de s'élever, de sortir dans son cocon et de manger à sa faim après la misère, les coups et leur sang étalé sur le sol défraîchi d'un appartement rongé par les mites et l'insalubrité. Elle était ainsi leur vie. Les Burroughs n'attendaient rien du bonheur, ils ne craignaient plus rien. La peur les avait quittés en même temps que leur géniteur avait disparu de la circulation. En apparence. Aujourd'hui, c'était l'adrénaline qui les tenait en vie. Ne plus pouvoir revenir en arrière. Ne plus sentir l'innocence couler dans leurs veines. Avoir dit adieu à l'enfant naïf et généreux qu'ils avaient pu être. S'oublier. Sonny avait fait table rase de ce passé. Il y pensait certes. Souvent. Dans ses cauchemars les plus affreux. Mais jamais, il ne redevenait celui qu'il était avant sa majorité. Il ne pleurait plus. Il rejetait l'émotion. Comment agir autrement? Le sang des Burroughs coulait dans ses veines et avait fini par étouffer celui de sa mère. Le bon. Le généreux. Le primordial. Mais c'était ainsi. C'était comme cela que le destin était construit. Et même si, en retrouvant Isiah, Sonny ressentait une once de cette émotion caractéristique, ce ne serait qu'une infime minute, quelques étincelles au hasard qui finiraient par s'éteindre sans crier gare. Et redevenir l’imperturbable. Le chaotique. Le bourreau. Comme il en a toujours été ainsi...
Craquements sinistres. Douleur animale. Fureur du diable. Sonny n'avait jamais été aussi amer qu'en cet instant. Ce moment fatidique où il sentit Isiah au bord de la mort certainement. Vaincu. Terrassé. A l'agonie. L'aîné n'avait pas eu le temps de réagir. Il avait su instantanément que la provocation de son frère provoquerait un sinistre sans précédent. De la violence. Encore. Il n'y avait plus que cela pour les faire tenir debout. Pacey saignait. Il ne sentait plus rien. Juste une douleur immense alors que son frère subissait la dernière touche d'un combat qu'il ne pouvait pas gagner. Pas encore. Au terme d'un moment qui sembla durer l'éternité, Pacey s'interposa. Il posa son regard dur, froid, imperturbable entre son géniteur et son frère désormais à terre, plus que sonné. C'était fini. Il n'y avait plus rien à dire, plus rien à raconter. Il avait gagné. Comme toujours depuis plus de dix ans. Il gagnerait toujours. Jusqu'à la mort de l'un deux. Sonny ne pouvait plus répondre à ses attaques, il se contenta de le regarder avec une haine incomparable. Juste ses yeux noisette dans le vert glacé qui teintait ceux du vieil homme. C'était tout. Puis, il se baissa et s'inquiéta de son frère alors qu'il entendit la porte claquer au bout de l'appartement. C'était terminé. Et instinctivement, Sonny alla s'armer de la fameuse trousse de premiers secours. Il n'y avait que cela qu'il savait faire. Réparer les dégâts. Jamais les anticiper. Juste tenter de colmater les dommages après coups. Parce qu'il était trop faible et que ses muscles ankylosés se refusaient à une véritable réaction. Il ne parla pas pendant quelques minutes alors qu'il était concentré sur sa tâche. Juste prendre soin de son cadet, comme les choses avaient été écrits. Parce qu'il n'y avait plus leur mère pour le faire. Parce qu'il n'y aurait jamais personne d'autre pour le faire. Et la faim grognait dans leur estomac d'adolescent. Mais au moins, les Burroughs verraient un nouveau jour se lever, encore un jour de tyrannie... Toujours un jour de tyrannie.
Et le sourire du héros. Le sourire d'un homme qui avait vaincu l'impossible. Qui avait retrouvé sa chair et son sang. La joie intense d'un lien qu'il retrouvait après des batailles interminables. Il n'y avait rien de pire que le manque distordant qu'il avait pu ressentir pendant ces années de séparations. Pire que la faim. Pire que l'angoisse et la crainte. Pire qu'affronter la mort au quotidien. Retrouver son frère. Au meilleur de sa forme. Profitant de son sarcasme horripilant. Malgré tout ce qu'il aurait pu dire, Sonny savait qu'il était heureux de le retrouver. Aussi étrange que cela pouvait paraître. Pacey se contenta de sourire à sa remarque d'un charme particulier. Isiah tout craché. La prison ne l'avait pas changé et Sonny, semble t-il, était lui aussi resté dans la même veine. Étincelles. Retour de flammes. n'avoir peur de rien. Et encore moins des mots. Toujours aller au delà de la normalité et des conventions. Ne pas se soucier des autres. Rester des Burroughs. Envers et contre tout.
Ma sale face te remercie de ta considération. Comme si t'avais besoin de dormir va. A croire que t'es toujours le plus faible de nous deux, mon pauvre Is'!
Sourire angélique. Sortir le grand jeu. Les plaisanteries idiotes. Comme au bon vieux temps. Et le cadet de la famille excellait dans ce domaine. Comme à leur habitude, les Burroughs évitaient les vrais sujets. Les vrais problèmes dont ils devaient parler. La prison. Le passé. Le métier de looper. Toute cette fatalité qui les suivait, ombre malheureuse et envahissante qui restait clairement à entraver leurs moindres pas. Mais ne pas en parler. Règle d'or. Règle à ne pas enfreindre. Et c'est ce qu'Isiah fit sentir à son frère dans ces quelques paroles. Gâteux, Sonny l'avait toujours plus été. Avec Isiah. Seulement Isiah. Après tout ce qu'ils avaient subi, il devait assumer ce rôle de protecteur et l'odeur de l'échec le dérangeait ostensiblement maintenant qu'il faisait face au cadet. Mais Pacey ne dit rien. Juste sourire. Prendre le discours avec plaisanterie. Pour ne pas flancher. Ne pas regretter tous ces choix malencontreux. La malédiction de la famille Burroughs. Toujours bien présente.
Mièvrerie puante alors que je viens de tuer un mec sans ménagement? Je t'ai connu plus observateur. C'est la prison qui t'a engourdi à ce point? D'ailleurs, va falloir se remettre au boulot. T'as fondu mon pauvre. Oh oui, mon bonheur passe toujours par des cartes postales venant de Tombouctou ou je ne sais où. A croire qu'il se rappelle encore de nos prénoms. Malheureusement pour nous. Mais bon, je les ai pas lus depuis bon nombre d'années. Aucune idée de ce qui lui arrive à ce fils de..
Et ne pas avoir la force de terminer sa phrase. Sourire comme pour fendre l'armure. Espérer que le passé ne revienne pas à la charge. Asséner d'autres coups. Insatiable faim du bourreau. Du maître. Cacher le mal être. Le terrer à jamais. Simple solution. Sonny sortait une cigarette. C'était tout ce qu'il pouvait faire alors qu'il écoutait d'une oreille distraite les élucubrations d'Isiah. La bonne vieille rengaine. Cette espèce de compétition malsaine. Au premier qui verserait une larme. Au premier qui laisserait sa fierté de côté. Et aucun des deux ne serait certainement jamais prêt à laisser tomber les armes. Alors, ses paroles furent accueillies par un large sourire alors que le briquet s'actionna pour allumer le fagot. Simple geste. Libérateur. Et le mystère était revenu entourer le visage de Sonny. Imperturbable bourreau. Looper jusqu'au supplice. Homme déchu mais diable jamais assouvi de pouvoir.
Des nouvelles? Bah tu vois, les bonnes vieilles habitudes. Les années qui s'écoulent c'est tout. J'ai pas changé de méthode ni de vie depuis notre dernière rencontre. Toujours seul contre des victimes inconnus. Mais je pourrais pas vivre autrement. On en a trop bavé. Trop pour que je puisse faire confiance à quelqu'un. Et toi vieux? T'as des plans là pour éviter de retourner en cage? J'ai pas l'impression que tu sois prêt à retourner sur le bon chemin. Il faut bien qu'il y ait un Burroughs dans l'illégalité... Voire les deux!
E. Isiah Burroughs ♙ why do we fall ?
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Sujet: Re: In spite of all the danger # Isiah & Sonny Lun 1 Avr - 16:54
Sonny & Isiah
“ In spite of all the danger ”
Un regard, un simple regard entre les frères, dans lequel il était possible de déceler bien plus qu'un événement banal, évanescent. Une lecture silencieuse, à cœur ouvert. Des phrases certes sans grand intérêt prononcées, dans le seul but d'oublier l'horreur dans son plus simple appareil, mais dans le fond ni le cadet ni l’aîné n'était vraiment dupe. Des mots, rien que des mots, pour oublier les heures de calvaire, les heures sombres où le sang n'en finissait plus de couler, les plaies n'arrivant pas à cicatriser, les membres bien trop douloureux, rués de coups. Et au milieu de cette tempête qui n'en terminait plus de gronder, toujours plus violente, cette espèce de douceur persistait tout de même. Étrange paradoxe. Non pas que Pacey ou lui-même ait pu prendre plaisir à se faire violenter, par un géniteur devenu fou à force de boire à ne plus en savoir son prénom. Mais quoiqu'il ait pu se passer, l'un comme l'autre savait qu'il pouvait compter sur ce frère, ce visage amical au beau milieu de toute cette puanteur et de cette misérable existence qu'avait pu être la leur étant enfants. Et c'était encore le cas aujourd'hui. Isiah s'en fichait bien que son grand frère ne lui ait pas rendu visite très souvent, pendant qu'il croupissait derrière les barreaux. Il s'en fichait même complètement, seul la finalité de cette journée où ils pouvaient enfin se confronter l'un à l'autre semblait compter. Burroughs pouvait compter sur son aîné, il le lui avait prouvé plus d'une fois. Mais quand bien même il était question de parler de sujets importants, les deux jeunes hommes se retranchaient derrière des remparts impénétrables, duperie qu'eux seuls étaient capables d'identifier. Une malice latente, grondant doucement, derrière ce rire arraché malgré eux. Se cacher toujours un peu plus, comme si le but était d'oublier ce qui avait pu composer une partie de leur histoire commune. Ne jamais évoquer le passé, ne jamais évoquer des sujets qui fâchent, tel était leur credo. Un contrat taciturne, passé à l'amiable, qui ne devait être brisé sous aucun prétexte. Le brunet répondit à son frère sur un ton semblable, se moquant éperdument et comme toujours du qu'en diras-t-on. « Même les héros ont besoin de repos, tu devrais pourtant le savoir ! … Le plus faible des deux... peut-être pas tout à fait faux, c'est vrai que j'ai toujours eu une résistance moindre vis à vis du radiateur, par rapport à toi ! Par contre pour ce qu'il s'agit de manger les murs, là j'étais... ou suis... champion ! » Un sujet grave qui ne serait jamais abordé avec le sérieux requis, toujours ce second degré, pour minimiser les dégâts, pour temporiser encore et toujours et ce bien des années après les faits. Une façon bien à eux d'expier les démons, tout en s'assurant de ne jamais les faire vraiment partir. Un devoir de mémoire forcé, aussi inaltérable qu'une marque faite à même la chair. La marque de fabrique des Burroughs.
La perche tendue par son aîné eut tôt fait d’atterrir dans sa main. Une perche dont il se servit aisément pour plonger encore plus dans ce foutu second degré. Il fallait juste lire entre les lignes, rien de plus. D'un : « Mièvrerie puante quand même Sonny... Depuis quand tu me prends dans tes bras ? T'es en mal d'affection ou quoi ? Prends toi un chien ou bien un phoque, enfin n'importe quoi comme animal de compagnie, paraît que ça marche bien ! J'ai fondu, mais qu'est-ce que tu crois... J'avais pas assez de chair fraîche à me mettre sous la dent en prison, si j'avais pu casser quelques gueules de plus et m'envoyer quelques minettes, peut-être que j'aurais pas perdu autant de masse que tu le dis frangin ! », il fallait comprendre J'ai trop de fierté pour l'avouer, mais tu m'as manqué, je suis content de te retrouver et je ne pourrais jamais te raconter toutes les horreurs que j'ai vécu en prison, pour survivre et non pas vivre, parce que j'aurais trop peur de baisser encore plus dans ton estime... je t'aime Pacey. Un temps d'arrêt, le temps à peine de reprendre son souffle entre deux mots proférés, dans l'air toujours froid et humide au bord de la tamise. Seule témoin de cette étrange conversation sans queue ni tête. Un sourire carnassier étira le coins des lèvres du cadet des Burroughs. « Alors comme ça, notre cher géniteur donne toujours signe de vie. Moi qui me faisait presque une joie à l'idée que cet empaffé ait pu passer l'arme à gauche, mais non toujours pas. Il finira par nous enterrer à ce rythme là ! Faut croire que la méchanceté et la connerie ça conserve... c'est bien dommage d'ailleurs ! », ajouta-t-il plus pour lui-même que pour desservir la conversation. « Alors comme ça tu reçois du courrier et tu le lis même pas ? Fils indigne ! ». Encore et toujours le même ton employé pour évoquer leur père, cette figure du passé qui était morte dans l'esprit de chacun. Lire entre les lignes une fois de plus, ne surtout pas reconnaître que cette page ne se tournerait probablement jamais vraiment, ayant laissé trop de marques sur les chairs. Entre les lignes, bien facile d'y dissimuler tout un tas de choses, même les plus laides, surtout les plus laides. Bannir à jamais les horreurs, les cris et les coups, les ranger dans une boîte assez solide et la reléguer au fond d'un placard, ne plus jamais ouvrir ni l'un ni l'autre. Jamais. « On change pas une équipe qui gagne en résumé ! Cinq ans... j'avais osé espérer que tu vives un pu différemment, que tu te sois casé, que tout ça soit derrière toi... fais gaffe à tes fesses frangin... sale temps pour les loopers à ce que j'ai cru comprendre ! » Un haussement des épaules, pour accompagner ce qui allait suivre, comme pour indiquer qu'il s'en fichait, que rien n'était vraiment grave, du moins en ce qui le concernait. « Bah... j'ai quelques plans, si je me tiens à carreau et si je suis le contrat à la lettre, je devrai pas retourner au mitard. C'est pas illégal si ça peut te rassurer, même si c'est pas très... moral ! Mais après tout, qu'est-ce qu'on s'en tape le coquillard de la morale, surtout quand on sait d'où on vient, difficile de faire autrement. On en a bavé, c'est le moins qu'on puisse dire, et pourtant, on est toujours là ! Finalement, peut-être qu'il avait pas tord ce salaud, on ne vaut sûrement pas mieux que lui, du moins à notre niveau... c'est bien emmerdant ! ». Passé la joie des retrouvailles, Isiah se retrouva comme plusieurs années en arrière, debout devant son aîné, croisant son regard au sien, mais ne sachant pourtant pas quoi dire de plus, alors qu'il avait tant à dire, tant de choses à partager. Observer le sol, jusqu'à ce que son frère fende à nouveau le silence...
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Sujet: Re: In spite of all the danger # Isiah & Sonny Mer 3 Avr - 20:06
Avoir une famille.. Pourquoi était-ce si important aujourd'hui? On disait toujours que ces personnes étaient les seules qui verraient la fin de vos jours. Les uniques individus qui assisteraient à vos joies, vos peines, vos désespoirs. Et si ce n'était qu'utopie? Dans le cas de Sonny, il n'y avait pas de famille. Il n'y aurait jamais de famille. La confiance établie entre lui et Isiah n'avait rien à voir avec cette conception archaïque de cette institution. Cela allait bien au delà de ce simple rôle de témoin, de spectateur de votre vie. C'était si capital et pourtant, si peu. Une relation étrange et surtout insaisissable. Sonny n'avait jamais repli son rôle d'exemplarité. Isiah n'avait jamais été un modèle de vertu non plus. Ils étaient tous deux si parfaits dans leur imperfection. Si complémentaires dans leurs différences. Pacey ne pensait pas vraiment à ce genre de choses de toute manière: l'affection, il ne connaissait pas. L'amour, il n'en rêvait pas. Cela faisait bien des années qu'il s'était abandonné à la misère dans sa plus grande pureté. Il n'y avait rien de mieux, pour lui, que de ne rien ressentir, rien imaginer. Ne jamais fantasmer. Vivre au jour le jour. Laisser le passé bien enterré. Alors, lorsque son jeune frère avait choisi la mauvaise pente, il n'était pas allé le chercher. Ce n'était pas son rôle. Pas sa destinée. Parce qu'ils avaient beau avoir un lien de sang indéniable, Sonny avait toujours laissé la liberté régner sur eux. Chacun avait ses idéaux. Chacun avait ses propres envies. Et lorsqu'il avait fallu survivre le jour naissant, chacun d'eux avait déjà un plan en tête. Bien différent. Ne laissant pas la place au hasard, encore moins à la tendresse. Ils s'aimaient certes, mais pas d'un amour fraternel conventionnel. Et ce ne serait jamais le cas. Cet idéal familial ne serait jamais leur et leurs sentiments resteraient bien toujours enfouies sous ces carcasses désastreuses et incroyablement meurtries. Fêlées. Au bord de la rupture. Toujours. Et lorsque Sonny croisait de nouveau le regard de son cadet, il savait déjà que, malgré les années; rien n'avait changé. le passé était présent. Le futur était passé. Cycle du diable. Cycle du souvenir catastrophique. Mais cycle tout de même...
"Il me faut juste de l'argent. Non, ça ne me fait pas plaisir de m'humilier sans cesse alors que je suis à peine majeur. Mais on peut pas dire que j'ai le choix. Je suis pas tout seul, tu sais bien... Alors file moi ce job. C'est tout ce que je demande." Pacey était jeune mais bien loin d'être naïf. Son géniteur avait déserté peu de temps auparavant mais dans le fond, cela n'avait absolument aucune importance sauf celle de le soulager. La vie ici n'avait pas changé. On chapardait, on faisait ce que l'on pouvait. Mais rien n'était suffisant quand on avait faim. Et Sonny savait qu'Isiah avait désespérément faim. C'était tout ce qui comptait pour lui. Garder son frère en vie. Coûte que coûte. Bien évidemment, il se doutait qu'il n'était pas le seul à avoir décidé d'opérer quelques sacrifices pour le moins extrêmes. Mais son frère n'était encore qu'un enfant alors il devait faire de son mieux pour conserver ce brin d'innocence qui ne faisait que filer entre ses doigts. A situation extrême, solution extrême également. Le jeune homme savait qu'il ne pourrait plus revenir en arrière. Cela commence par une danse et puis, cela se termine en véritable engagement à vie. Il en avait conscience mais comme de toute manière, sa vie allait rester courte... Il ne voulait pas empêcher son frère de vivre pour que lui seul gagne quelques jours de plus. Il n'était pas si égoïste. "Oui, je sais, c'est un contrat... Pas de mauvaise surprise. T'inquiètes pas. J'accepte les conditions... Tu ferais pas ça toi aussi pour sauver ton petit frère? Alors tu vois..."
Et la Tamise inondait le silence de ses remuées morbides. Non, rien ne changeait à Londres. Comme ailleurs. On continuait de survivre, tout juste cela. Et encore c'était trop demander. Pour preuve, les deux frères avaient dû subir pendant des années les coups. La peur. La mort. Elle leur tendait les bras encore aujourd'hui alors qu'ils échangeaient de simples regards lourds de sous entendus, tout comme les mots qu'ils arrivaient tout juste à échanger sans débarquer sur le terrain du mélodramatique. Un radiateur. Du sang. Des souvenirs. Et un demi sourire chez l'aîné. Il ne s'embarrassait pas des conventions ce cher Isiah, jamais. mais après tout, ils avaient bien assez souffert, ce n'était clairement pas la peine de se remettre à pleurer sur des événements qui étaient bien loin d'eux désormais. "Que veux tu.. Les radiateurs et moi, c'est une grande histoire d'amour! M'enfin, c'est pas pour autant que je t'excuse de vouloir te la jouer héros des temps modernes mon pauvre vieux." Sonny aurait aimé lui dire plus. Certainement s'excuser de ne pas être passé plus souvent le voir lorsqu'il était derrière les barreaux. De ne pas lui avoir envoyé de lettres ou passé le moindre appel. Sonny était le plus faible d'eux deux finalement, il était incapable d'affronter les obstacles qui s'amenaient devant ses yeux. Il avait peur de tout lorsqu'il s'agissait des gens qu'il aimait. Et il ne montrait jamais rien. Rien du tout sauf cette humour des plus glauques et cette loyauté maladive une fois qu'il s'était engagé à une cause. Mais concernant cette bataille pour assurer la protection de son cadet, il avait lamentablement échoué, fait primordial à soulever. Pour le moment, le looper tâchait de ne pas y penser et de rentrer dans le jeu d'Isiah. C'était rassurant de le voir si enjoué, si lui même. Pas de brimade. De dispute inutile. Juste profiter de ce qui restait encore pour eux dans ce monde, soit l'autre. Sans obstacle particulier pour les empêcher de respirer le même air. "Toujours aussi nature aussi. Mais bon.. C'est moi le vieux alors si j'ai décidé de te faire chier, je le fais, t'as rien à redire Is'! Quel petit con que tu fais. Ah ça je me doute bien que t'as dû te restreindre niveau nez à casser et minettes à tirer. Mais c'est pour ton bien va, tu filais un mauvais coton." Sonny avait envie de rire mais il s'abstint. Il valait mieux ne pas être aussi joyeux, surtout pas alors qu'il venait de terminer une mission. Après tout, il était en rémission et à tout moment, un sale type pouvait lui tomber sur le coin du nez et lui tirer une balle entre les deux yeux. Alors, Sonny décidait de rester un brin discret, au cas où...
Entendre parler de ce cher géniteur, disparu à l'autre coin de la planète ne ravissait franchement pas le Burroughs. Il n'était content que lorsqu'il n'avait pas de nouvelles de cet abruti fini. Il devait faire avec pourtant, en vue des lettres qu'il continuait de recevoir régulièrement. Tant qu'il ne les lisait pas, il arrivait à conserver son calme sans trop de difficultés. "Le géniteur.. Ouais... Enfin bon. On s'en fout de lui hein. Tant qu'il est au fin fond de la Russie, ça me pose pas vraiment de problème, au contraire." Simple vérité. Pacey n'avait aucun compte à rendre à cet indigne qui ne leur avait même pas apporté un brin d’éducation. Pas une grosse perte pour l'humanité en somme. Et revenir sur le passé. Se donner des nouvelles. Que faire d'autre lorsqu'on tombait inopinément sur la personne qui vous connaissait le mieux au monde? Isiah n'avait, d'ailleurs, pas totalement tort. Le chemin qu'il avait épousé était atrocement dangereux ces temps ci. Pour autant, il ne pouvait pas le regretter encore moins faire machine arrière. Quant à son frère... Sonny se doutait qu'il n'allait pas changer du jour au lendemain. Et il n'essaierait pas non plus de le faire changer. L'illégalité, c'était son pêché mignon. Alors à quoi bon? "Me caser? Non mais tu rêves là. C'est pas cinq ans qui vont me transformer en Edward Cullen non plus. Sacré Isiah, t'as conservé ton âme de gosse toi! Looper, quel looper? Me fais pas rire va! Et puis, tu peux parler, t'es à peine dehors que tu veux déjà y retourner. T'auras même pas le temps de trouver une femme à ce rythme alors ta morale hein..." Et Sonny fit un léger clin d'oeil à son cadet. On ne changeait pas les choses d'un claquement de doigts certainement pas. Et clairement pas avec les Burroughs.
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Sujet: Re: In spite of all the danger # Isiah & Sonny