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 Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne.

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Ariadne S. Van Loo

Ariadne S. Van Loo
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MessageSujet: Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne.   Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne. I_icon_minitimeJeu 17 Jan - 1:41

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Des murmures. Des souvenirs. Des bribes de moments qu'il aurait fallu oublier. Ces instants mélancoliques qui obligeaient l'âme d'Ariadne à se déliter sans qu'elle ne puisse lutter. Phénomène incessant. Explication irrationnelle. La jeune comédienne continuait de s'enfoncer dans cette noirceur abyssale et elle refusait d'en sortir. Il n'y avait plus de lumière dans cette vie pour elle. Chaque jour, elle opérait machinalement, se levait à la même heure, répétait les mêmes gestes par pure nécessité. Il n'y avait rien d'autre, rien sauf la folie. Alors, Van Loo préférait ne pas penser du tout. La fuite valait bien mieux que cette espèce de trouble permanent au fond de son coeur. Labyrinthe de sensations qu'elle ne voulait pas appréhender. Perdue dans son propre corps, depuis toujours. Et Sophia savait qu'il n'y avait plus de retour en arrière possible: elle avait donné son âme, elle avait donné tout ce qu'elle avait pour ne rien recevoir en retour, rien sauf la froideur d'un coeur qui ne lui avait jamais appartenu. Alors pourquoi continuer? Pourquoi se torturer et se lacérer l'âme encore et encore? Il suffisait d'un regard, parfois quelques mots. Et la magie opérait de nouveau. Et un sourire faisait son apparition, marquant d'une fraîcheur nouvelle un visage éteint depuis si longtemps. L'espoir, machine infernal oui mais l'espoir que le monde lui apporte finalement cette chaleur incommensurable: la force d'un amour partagé, un amour qui se passe de mots, un amour qui se construit dans le silence originel. En attendant de sentir cet espoir l'envahir, Ariadne vivait dans le passé. Un passé qui n'avait pas laissé la place à la joie, encore moins au partage. Un passé haché. Un passé macabre qui lui martelait la cage thoracique, seule, chaque soir, chaque minute et à chaque fois qu'elle fermait les yeux. Savourer la vie oui mais à quel prix? Pour combien de sacrifices encore? C'en était fini. Elle avait dit adieu. Elle devait oublier. Elle devait fermer la porte à tout le reste. Absolument. Question de survie. Et ce soir-là, la solitaire Van Loo prenait conscience de ce besoin irrationnel de ne plus rien être, rien sauf un corps silencieux et un coeur inexistant. Assise sur son divan, dans le silence le plus absolu, l'actrice tentait de ne penser à rien. Faire abstraction du mal-être consistant dans sa poitrine. Mission impossible lorsqu'on avait tout perdu, tout jusqu'à sa dignité. A moins que derrière eux, Ariadne n'y voit l'espoir. Le renouveau. Le bonheur.

"Il n'y a pas besoin de chanson ou de sérénade pour prouver son amour. Pas besoin de mille mots. Encore moins d'un geste. Il suffit d'un regard. Il suffit de ressentir ce besoin irrépressible de protéger l'autre, de l'empêcher de souffrir à tout prix. Simplement cela. Alors oui, on peut dire que j'ai aimé de toute mon âme mais ce n'est pas terminé. Ce n'est pas la fin de mon histoire, peut être du premier chapitre, certainement même. Mais si j'ai aimé à la folie, je peux aimer à la déraison. Et si l'amour s'en va aujourd'hui, je le pourchasserais jour et nuit." Et les larmes qui coulaient sur ses douces joues. John était parti. Il ne reviendrait jamais. Ariadne accueillait la mort, sur la scène, là où elle était née. Seule. Pour toujours... Enfin, du moins c'est ce qu'elle s'était forcée à croire pendant longtemps...

Le silence oppressant alors qu'une pulsion s'emparait de la comédienne. Malgré le froid hivernal et la douleur ostentatoire dans sa poitrine, Ariadne ressentait ce besoin de ressentir quelque chose, rien qu'une infime émotion. Rien que le froid agressant sa peau. Elle ne demandait que cela: un brin d'espoir. Un signe. La douce Ariadne ne prit même pas la peine de se vêtir plus chaudement. Elle ne demandait que cela souffrir, au moins physiquement pour oublier sa douleur mentale. Masochisme qui s'évertuait à tuer son intégrité. Van Loo, visage éteint, se dirigea vers la porte, un espoir démesuré dans ses yeux bleus. Enfin ouvrir et de la surprise. Quelqu'un qu'elle ne s'attendait pas à voir, comme toujours. Jack. Qui, perpétuellement, se tapissait dans l'ombre non loin d'elle pour assurer ses arrières qu'elle avait depuis longtemps laissées à l'abandon. Ariadne effaça bien vite de son visage le choc de son apparition et refusa alors toute connexion dans son cerveau. Ne plus penser à rien alors qu'elle se confrontait au regard du looper. Bien évidemment, ses yeux captèrent bien vite de nouvelles blessures depuis leur dernière rencontre. C'était toujours ainsi. Un schéma qui continuait de se réitérer sans but précis, sauf celui de la mettre en colère et de se sentir responsable du sort du meilleur ami de son fiancé disparu. Elle se tut pourtant et s'effaça pour lui faire signe d'entrée, signe d'hospitalité plus que de réelle envie avec les douloureuses sensations qui lui tiraillaient le ventre. Lorsque la perte se referma, Ariadne s'y adossa, se sentant faible instantanément. Faible de ressentir ce vide permanent malgré les tentatives désespérées de Hawks de changer les choses. Elle refusa de le regarder. les yeux dans le vide, le froid dans son coeur surpassant en cet instant le lien étrange et indestructible qu'elle avait construit avec Jack, Ariadne savait que la peur allait parler, la peur et la fatigue de cette routine harassante, pourtant sa voix restait étonnamment douce et légère.

Je m'attendais pas à te trouver devant ma porte, surtout pas à cette heure-ci Jack. J'ai failli faire une crise cardiaque d'ailleurs... Alors c'est quoi cette fois ci... Côtes brisées, points de suture sur les trois centimètres carrés de ta peau restés intacts jusqu'ici? Tu viens jamais ici Jack, jamais à moins d'un danger de mort imminent alors j'aimerais savoir ce que tu risques cette fois... Pour m'y préparer.

Pas d'émotion dans sa voix. Juste une amère constatation. Ils n'étaient pas des gens normaux, ne se rendaient pas visite pour se raconter les nouveautés de leur vie respective. Non. Leurs entrevues avaient le goût du risque, du sang et la mort était toujours là, entre eux, se servant de leurs âmes comme de pantins désarticulés. Ariadne regarda alors Jack, un pincement au coeur. Elle avait peur qu'un jour, ce ne soit un cadavre qu'elle découvre au lieu de ce mystérieux visage qu'elle chérissait malgré tout. Plus que tout autre depuis qu'elle était seule dans cette jungle. Ariadne resta ainsi, contre la porte, la mort dans l'âme, blessée mais surtout impuissante face à ce que Jack tentait de lui offrir. Un simple sursis. Un désir qui n'était plus le sien.
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Jack F. Hawks

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MessageSujet: Re: Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne.   Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne. I_icon_minitimeVen 18 Jan - 0:23


The kill buries me.

Jack serra un peu plus les dents, les mains enfouies au fond de ses poches. Inconsciemment, ses doigts jouaient avec son briquet, sans pour autant allumer la moindre flamme. Il le tournait et le retournait, comme s'il était... Stressé. En même temps, ouais. Il l'était. Ce matin, il s'était réveillé avec un mauvais pressentiment. Comme une sensation de... Gêne. Une impression qu'il allait se retrouver dans une situation emmerdante. Un truc qui allait lui prendre la tête. Un truc dangereux. Bref. Un mauvais pressentiment quoi, vous voyez le genre. Pas besoin de s'étaler sur le sujet. Toute la matinée, Jack avait été prudent. Tout l'après-midi aussi. Et finalement, la journée s'était déroulée sans le moindre accroc. Et puis, tard dans la soirée, il avait pensé à elle. Peut-être que c'était elle. Peut-être qu'elle était en danger. Et puis merde. Pourquoi se chercher des excuses, alors qu'il avait simplement envie de la voir ? Il s'était levé, avait enfilé son blouson, et était sorti. Il avait marché, dans la nuit noire, sous le vent glacé. Simplement marché. Jusque chez elle. Mais une fois arrivé là, devant sa porte, il s'était arrêté. Jack était perdu. Jack était seul. Et pour la première fois, Jack avait réalisé son incapacité à communiquer et à faire part de ses sentiments. Enfin en parlant de sentiments, il ne pensait pas du tout à CE genre de sentiments-là, hein. Bien entendu. Il se demandait simplement ce qu'il allait pouvoir lui dire. Toquer à sa porte, la regarder ouvrir. Ne pas parvenir à lui sourire à cause de ses zygomatiques trop rouillées. Jack avait honte de lui. Ariadne était l'être qu'il devait chérir le plus au monde, et il était incapable de trouver quoi lui dire lorsqu'il allait la voir. Il se détestait. Il n'aimait pas arriver seulement lorsqu'elle en avait besoin, casser la gueule des méchants, se faire soigner par une jolie rousse folle d'inquiétude, et se retrouver alité avec une Ariadne veillant sur lui jusqu'au lendemain. Il n'y avait rien de romantique à jouer les chevaliers servants. Du moins pas à forte dose comme il avait tendance à le faire. Mais sans cela, qu'aurait-elle fait ? Jack ne regrettait pas de lui être venue en aide toutes ces fois. Il ne regrettait rien du tout. Ce qu'il regrettait, c'était de ne pas être là autrement que pour lui venir en aide et la sauver. Ce n'était pas de cela dont elle avait besoin. C'était d'une présence permanente, pour qui la sauver ne soit qu'une petite annexe, et une certitude que cette présence était belle et bien bénéfique. Il aurait voulu trouver quelqu'un qui puisse offrir cela à Ariadne. Il ne rêvait que de cela. Mettre enfin la main sur une personne qui pourrait soutenir la belle rousse, l'aimer, lui redonner confiance en l'amour. Ariadne était une perle. Un coquillage de nacre, contenant une perle d'ivoire. Mais la coquille refusait de s'ouvrir. Il fallait quelque chose. Un mot. Une caresse. Un sourire. Alors Jack cherchait. Cet homme qui serait capable d'offrir tout cela à sa belle Ariadne, sa fleur délicate, son petit oiseau. Son rossignol. Il cherchait, comme un idiot. Sans se rendre compte qu'il aurait peut-être pu trouver quelqu'un pour cela. Juste sous son nez. Avant même le bout de son nez. S'il était parvenu à repousser ses limites physiques, il aurait pu lui apporter tant de choses... Mais il ne le faisait pas. Il ne le savait pas. Ne le comprenait pas. Pour lui, il n'était que Jack. Et ne serait jamais que Jack. Il n'arrivait pas à s'imaginer dans ce rôle, s'y sentait trop mauvais, trop en décalé. Il voulait le meilleur pour Ariadne, et ne se considérait certes pas comme tel. Pourtant, ce soir-là, il avait eu envie d'aller chez elle. Mué par un pressentiment étrange, qu'il n'arrivait plus à départager comme bon ou mauvais.

Avec un grognement étouffé, notre ours tourna le dos à la porte. Énervé contre lui-même. Il n'aurait jamais dû venir. Elle était sûrement occupée. Elle avait de quoi faire, lui aussi. Bref. Aucune raison valable de lui rendre visite, hormis vérifier si tout allait bien. Et ... La voir. Et merde. À nouveau, il se tourna vers la porte. Indécis. Bon. Okay. Il allait réussir à s'en sortir. À trouver quelque chose. À lui dire quelque chose. ... Non. Il n'y arriverait pas. Il n'était pas doué pour cela, il en était incapable. Mais alors, au moment où il commençait à pivoter pour s'enfuir, avec son habituel pas d'ours, la porte s'ouvrit. Sur une Ariadne franchement surprise. En même temps, fallait la comprendre ; tomber sur un Jack en plein dilemme interne alors qu'on veut juste prendre l'air, y a de quoi avoir peur. Cependant, elle sembla se reprendre bien vite, et s'écarta pour le laisser entrer. Sans un mot, évitant le regard que de toute manière elle n'avait pas l'air de vouloir échanger avec elle, Jack fit quelques pas dans le petit appartement, regardant autour de lui avec l'air d'un bébé ours découvrant le monde, et la beauté d'un environnement un poil féminisé. Il se retourna alors, constatant qu'elle n'avait toujours pas parlé. Et là, il la regarda. Elle le fuyait. Elle l'esquivait, a adossé contre la porte. Il fronça les sourcils, très légèrement, mais n'eut pas le temps d'entrouvrir les lèvres que déjà elle se lançait.

Son ton froid et plat déstabilisa Jack. Le blessa. Instantanément, le cœur à demi ouvert de notre ours se referma, de même que son humeur. Son regard s'assombrit brutalement, alors qu'elle lui assénait le premier chapitre de son livre de reproches, sans même avoir le courage d'affronter son regard. Jack, lui, ne cillait plus. Il la regardait fixement, l'écoutant déverser son doux venin. Et il emmagasinait. De la colère, de la rancœur. Tous ces putains de sentiments que jamais il n'aurait dû ressentir en présence de la jeune femme. Ou plutôt qu'il s'était toujours interdit de ressentir, au fond de lui... Mais pour qui le prenait-elle ? Pourquoi diable l'accueillait-elle comme cela ? Jack ne répondait plus de rien. Il s'était tassé sur lui-même, les mains toujours dans ses poches, ruminant des biens tristes reproches à lui. D'un grognement imperceptible, il détourna les yeux de cette silhouette. De cette femme qui, après des années de protection, se rebellait enfin, et lui reprochait de vouloir l'aider à tous les prix. Mais c'était bien plus que cela. C'était la traduction d'un sentiment amer, un sentiment sur lequel Jack crachait, qu'il tentait de l'aider à combattre. Qu'elle voulait embrasser. Le désir d'en finir. Alors c'était donc cela ?

Jack sentit le regard de la douce Ariadne se poser sur lui. Et lorsqu'il releva les yeux, ce fut après avoir involontairement injecté toute sa rancœur et sa haine dans son regard. C'était comme si ses prunelles avaient viré au noir, bien que leurs couleurs restaient inchangées. Mais la manière dont il la regardait était sombre. Ténébreuse. Froide, distante, agressive. Terrifiante.

« ... » Il ne pouvait pas dire ce qu'il avait à dire. Il aurait fait un carnage. Il aurait détruit ce qu'il y avait entre eux. Il n'avait pas le droit. « L'idée d'une simple visite de courtoisie ne t'a pas effleuré l'esprit. » Constatation. Crachée, peut-être, mais une constatation. « C'est touchant de te mettre automatiquement dans cet état en me voyant. » Hmm. « Mais il m'arrive parfois de ne pas avoir besoin de soins. » Jack... « Ni de pitié. » Bas. Mesquin. Méchant. Mais Jack n'écoutait plus rien d'autre que la bombe gelée au fond de son coeur, qui ne demandait qu'à exploser. « Ca sert à rien de te préparer à quoi que ce soit. À moins qu'un "bonjour" et un "ça va ?" ne représentent des dangers immédiats et effrayants. » Il ne s'énervait pas. Il abordait le même ton neutre. Froid. Incroyablement distant et détaché, malgré ses paroles ; presque désintéressé, au point que ç'aurait facilement pu en devenir blessant. Claquant sa langue contre son palais, Jack détourna les yeux. « Quoi ? » Question rhétorique, elle n'avait rien demandé. Et automatiquement il plaqua sa main pour arracher le pansement de sa tempe, avant de poursuivre. « C'est ça qui te traumatise ? Trois points de suture, j'ai pris une balle. Je ne suis même pas venu réclamer ta pitié. » Il se perdait. « Et à l'arrière du crâne. Un coup, deux points. Un gamin qui voulait me voler, qui avait besoin d'argent pour survivre. » Il se perdait complètement. « C'est quoi ton problème ? » Il était perdu.

Dans le noir, au fond du trou. Loin des regards, loin de toute forme de raison, de compréhension et de rationalité. Ariadne l'avait poussé, Ariadne l'avait fait reculer, jusqu'à ce qu'il ne se terre dans ses retranchements. Et qu'il ne se mette sur la défensive. Jamais il ne lui avait parlé comme cela. Mais jamais également il n'avait souffert qu'elle lui parle méchamment. Elle était tout ce qu'il lui restait. Et il tenait à elle. Tellement.

Mais voilà. Elle était là. Elle l'avait agressé. Et il se défendait. Comme tout animal. Humain ou pas.
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Ariadne S. Van Loo

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MessageSujet: Re: Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne.   Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne. I_icon_minitimeSam 19 Jan - 0:29

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L'aile brisée du rossignol. Son chant qui ne dépassait plus le stade du murmure. Un chant qui bientôt s'arrêterait totalement. Pour toujours. Après tant d'années, le rossignol avait fini par prendre son envol, voyage fantastique que l'oiseau avait dû stopper pour se ressourcer. Et depuis, il n'y avait plus rien. Juste l'étendue de ciel qui se glissait devant ses yeux et cette envie de se lancer avant de renoncer, la peur au ventre. L'horizon l'effrayait, ce paysage à perte de vue, cet inconnu que le rossignol ne souhaitait pas percer de nouveau. Alors, il restait immobile et silencieux. Plus de chant mélodieux. Juste ce silence de nacre, sacre d'une douleur monumentale. Ariadne ne chantait plus. Depuis bien trop longtemps. Aujourd'hui, elle était amère et ne croyait plus en rien, rien du tout excepté que le bonheur éternel ne pouvait pas exister. Pas plus que l'amour. Stratagème qui écrasait en miettes les coeurs les plus purs. Alors, elle tentait de sauter du nid constamment, attendant que le sol la ramène à la réalité mais cela n'arrivait jamais. L'abysse était trop profond, la lumière y était cachée et la chute était éternelle. Le rossignol déchantait désormais et son calvaire ne semblait jamais prendre fin. Recommencement perpétuel. Douleur trop encombrante mais ô grand jamais la libération de ces ailes qui semblaient enchaîner trop fermement.
C'était cette sensation oppressante qui amenait Ariadne à vivre le monde avec une telle hargne ce soir-là. Elle avait mal, toujours aussi mal et il avait fallu que Jack pointe le bout de son magnifique nez au moment le plus mal choisi. Dans le fond, le looper ne lui avait rien fait. Il se contentait de la sauver de toutes les situations inextricables où elle choisissait de foncer, tête baissée. Van Loo ne croyait plus en la vie, elle ne voyait plus l'intérêt de poursuivre pour accueillir encore un peu plus de souffrance au creux de son âme. Pourtant, Jack continuait de représenter cette plaisante rédemption, cet ange sur son épaule qui lui implorait de rester en vie. Et Ariadne avait envie de le croire, en tout cas, une bonne partie d'elle même le souhaitait. Et c'était ce choc entre ces deux croyances qui la poussaient à bout depuis quelques jours. Elle avait juste envie de réveiller Jack, lui hurler dessus toutes les misères qu'elle devait vivre parce qu'il lui refusait la mort. Oui, Sophia voulait choisir la facilité: l'abandon. Oui, elle ne voulait plus continuer. Bien faible, alors qu'elle crachait son venin, Ariadne se retrouvait incapable de croiser le regard de Hawks. Elle savait ce qu'elle y trouverait, du dégoût, de la haine, tout ce qu'elle avait vu chez quelqu'un d'autre juste avant qu'il ne disparaisse. A jamais. John. Toujours John. C'était peut être lui qu'elle voyait en Jack ce soir là alors qu'elle avait eu la ferme intention de se laisser disparaître dans le froid hivernal de Londres. Et cet homme, elle lui en voulait au delà de la raison. Elle en était arrivée à une haine irrépressible. Il n'était plus là. Il restait Jack. Seulement Jack. Et il fallait qu'elle extériorise. Et il était le seul encore présent, le seul sur qui elle pouvait déverser sa colère et sa peur aussi. Ariadne avait une peur bleue de ce monde, de toute cette fatalité qui trainait les rues, de toutes ces agressions qui n'en finissaient plus. Il voulait la protéger, très bien. Mais quelles garanties avait-elle de le voir rester? Aucune. Il suffisait d'une arme bien placée, d'une précision hors norme et il quittait ce monde. Comme John. Comme ses parents. Comme tout le monde d'Ariadne. Et, sans se l'avouer, Van Loo ne pouvait supporter cette pensée. Le rossignol ne pouvait pas vivre sans l'ours. Son chant n'avait de sens que lorsqu'il appelait à l'aide, que lorsqu'il savait qu'uniquement l'ours pourrait l'entendre. Fatidique constat qu'Ariadne n'acceptait pas, elle ne l'accepterait certainement jamais d'ailleurs.

Pour le moment, Van Loo se complaisait à regarder ses pieds, la porte gelée dans son dos lui rappelant qu'elle voulait hurler. Qu'elle voulait haïr Jack de tout son être pour tout ce qu'il représentait aujourd'hui. Qu'elle voulait qu'il disparaisse. Qu'elle voulait oublier son visage et ses yeux pénétrants. Ariadne releva son regard froid vers Hawks et la douleur la transperça. Encore une fois. Bien évidemment, il était en colère. Pas une formule de politesse n'était sortie de la bouche de la rousse et elle n'avait clairement pas l'intention de le ménager d'une quelconque manière. Elle voulait qu'il réagisse. Une bonne part de son âme voulait l'atteindre, lui faire mal. Du mal gratuit, il fallait l'avouer. mais au moins, Ariadne ne serait plus la seule à souffrir de ses émotions destructrices. Ce regard froid, terrifiant lui agressa les yeux mais elle ne cilla pas. Elle le méritait et elle le savait même si elle ne comptait pas lui donner raison de sitôt. Alors que Jack tentait de la remettre en place avec son ton sans anicroche. Ariadne finit par se relever, les bras croisés, son regard azur lançant des éclairs. S'il y avait des paroles qu'elle pouvait aisément accepter, les affirmations de l'ours ne firent que l'excéder encore un peu plus. Elle se rapprocha de lui, les jambes tremblotantes, des excès de haine parcourant ses veines sans qu'elle ne puisse en définir l'origine. Un discours dur et implacable. Une vérité qui sonnait comme une calomnie aux oreilles d'Ariadne. De la pitié, c'était tout ce que représentait leur lien à ses yeux? L'ours venait de lacérer les ailes du rossignol et celui-ci se retrouvait désormais dans l'incapacité physique de s'envoler. Heureusement que l'intention n'y était plus. Ariadne allait s'écraser, elle le sentait. Mais pas sans se battre. Pas sans lui lancer des horreurs au visage. Elle avait beau être vulnérable et inoffensive, elle ne pouvait pas laisser Jack lui répondre avec une telle froideur. Un minimum de considération. Après tout ce qu'ils avaient traversé pour en arriver à cette rupture fatidique, le dernier soir de leur amitié pour le moins étrange et unique.

Et c'est toi qui me dis ça, toi qui es incapable d'enchaîner des phrases de plus de trois mots et encore moins des formules de politesses? Crois moi Jack, tu ne veux pas aller sur ce chemin là, vraiment pas. Tu ne voudrais pas que ma pitié, comme tu le dis si bien, t'explose au milieu du visage. Là, au moins, j'aurais de quoi avoir peur. Si ce n'est qu'une visite de courtoisie, je te laisse faire la conversation alors, tu m'excèdes toi et tes principes!

Et la douce Ariadne avait disparu. Elle était déjà loin, comme si elle était passée dans l'autre monde. Habituellement, la comédienne ne s'énervait jamais, c'était peut être bien une première et elle avait quelque peu de mal à contenir le flux de mots qui arrivait jusqu'à son crâne. Le rossignol se retrouvait désormais à seulement un mètre de l'ours. Et l'oiseau l'écoutait parler. Lui conter ses mauvaises aventures. Et Ariadne avait encore peur pour lui mais ce sentiment était masqué par autre chose: cette fatigue extrême de devoir passer derrière lui pour ramasser les pots cassés. Cercle vicieux auxquels ils s'adonnaient pour conserver l'autre en vie. Ariadne ne le souhaitait plus. Mourir était son désir le plus cher et refuser à Jack l'entrée dans son monde consistait à renier la dernière résistance quant à la fin de son existence. Elle savait qu'il réagirait au quart du tour et qu'il finirait par la quitter et l'obstacle qu'il constituait entre elle et la fin ne serait plus.
Son ultime interrogation eut le don d'agacer Ariadne au plus haut point et elle regarda ailleurs, mâchoire serrée pendant quelques secondes. Son problème? Il était évident pourtant. Elle tenait tellement à lui qu'elle ne pouvait plus supporter son mode de vie. Vivre avec la peur ancrée au fond d'elle lorsqu'elle n'avait plus de ses nouvelles plusieurs jours d'affilée. Souffrir le martyr lorsqu'il sonnait à sa porte avec une nouvelle blessure, encore plus impressionnante que la précédente. Il était là son problème, sous ses yeux, alors que Van Loo découvrait de nouveaux points de suture tout récents sur Jack. Les éclairs dans les yeux de l'actrice se transformèrent en affection pendant un quart de seconde avant qu'elle ne se remémore les derniers mots de Hawks. Et la tempête refaisait surface au fond d'elle. Et Ariadne était fatiguée de lutter contre elle. Un rossignol perdu dans la tempête, ce n'était clairement pas ce qu'il y avait de moins risqué. La jeune femme capta le regard froid du looper et entreprit à son tour de lui faire comprendre qu'il ne gagnerait pas aussi facilement, que son combat était aussi le sien. Et que quoiqu'il en pense, elle n'accepterait pas un sacrifice de sa part. Plus jamais.

Mon problème Jack? C'est exactement ça mon problème! Cette façon que t'as de tout dédramatiser. Cette manière que t'as de te ramener devant ma porte, à moitié mort, à chaque fois. Tu veux me faire culpabiliser c'est ça? Me rappeler constamment que tu passes derrière moi pour me sauver la vie? Je suis fatiguée de tout ça Jack. J'en peux plus de ton comportement autodestructeur, je ne t'ai jamais rien demandé, tu devrais le savoir à la fin!

La rousse lutta contre les larmes en reprenant son souffle, laissant un silence pesant s'installer. La colère palpitait toujours en elle mais le chagrin pointait également le bout de son nez. Ariadne ne dit rien et finit par regarder de nouveau Jack. Le rossignol se défendait, ses ailes brisées contre le vent. Restait à savoir combien de temps ses pauvres muscles tiendraient le choc à contre courant contre un ours déchaîné et tellement important pour son muscle le plus vital: son coeur.
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Jack F. Hawks

Jack F. Hawks
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MessageSujet: Re: Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne.   Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne. I_icon_minitimeSam 19 Jan - 19:19


I won't save you tonight.

Jack avait continué. Il avait continué de parler, lorsqu’Ariadne s’était attaquée à son caractère renfermé, lui reprochant de ne jamais avoir de formule de politesse, ou ni même la moindre douceur dans ses propos. Mais, sans que notre ours ne le laisse entrevoir, il avait souffert de ces paroles. Jack était silencieux. Jack n’avait pas pour habitude de s’exprimer clairement, en long en large et en travers. Jack était quelqu’un de taciturne, et il avait autant besoin de ses poings que de sa langue pour s’expliquer et se faire comprendre. Jack était un drôle d’animal, et cela, Ariadne l’avait toujours accepté. Du moins il l’avait cru, jusqu’à aujourd’hui. Il n’avait pas compris ce reproche. Et il l’avait blessé pour le moment plus que tout autre. Son caractère froid, neutre et placide en énervait plus d’un, et ce de manière permanente. Il avait une légère tendance à se faire détester d’un peu tout le monde sous n’importe quel prétexte. À cause de sa violence, ou de son silence. Les deux étant des défauts, personne ne les voyait comme des qualités. Mais il pensait que si. Il pensait qu’Ariadne les percevait ainsi. Il avait toujours cru qu’elle l’appréciait comme cela, qu’elle avait admis que cela fasse partie du caractère de son ours protecteur. Il était presque persuadé que ç’avait toujours été le cas. Mais, maintenant qu’elle le lui reprochait aussi crûment, sous le coup de la colère, il commençait sérieusement à douter. La colère faisait dire des choses qu’on ne pensait pas, disait-on toujours pour se justifier. Mais c’était faux. Dans l’esprit de Jack, la colère ne nous faisait proférer des paroles que nous pensions, mais que sans ce sentiment de chaos et de frustration, nous ne pouvions exprimer. Jack avait compris à cette seconde précise qu’il blessait Ariadne, toutes ces fois où il se taisait. Il avait saisi qu’il n’avait pas adopté le bon comportement, celui qu’il avait toujours cru être adapté à la jeune femme, et à leur relation. Il avait pensé lui apporter du bon, et se rendait compte qu’il n’avait fait que la blesser, l’handicapé. Si Jack se refusait toujours à se mettre en colère, ce n’était pas pour rien ; la colère lui aurait fait dire des choses affreuses, plus que dures et pesées. Des propos appuyés mais prononcés sur un ton serein et déterminé blessaient en général plus que des propos colériques, lancés sur le tas comme n’importe quoi, et destiné uniquement à relever un peu plus la barre, pour demander encore quelque chose de plus corser contre quoi répondre. Lui ne fonctionnait pas comme ça. Lorsque Jack explosait, c’était tout simplement atroce. Il pouvait tuer, brutalement et simplement. Frapper pour punir, appliquer sa propre justice. Mais il n’explosait verbalement qu’extrêmement rarement. Il sortait les quatre vérités, ça oui, sans aucun souci. Mais se mettre réellement en rogne et rabaisser son vis-à-vis à coups de propos blessants, histoire de dire, ce n’était pas sa tasse de thé, définitivement. Jack était dangereux. Car lorsqu’il pétait un boulon, c’était accompagné de sang. Au sens propre du terme. Et ce qui était encore plus malsain, c’était la manière avec laquelle il le faisait ; imprévisible, insaisissable. Impossible à anticiper. Car dans sa voix, dans son attitude, dans ses répliques, il n’y avait absolument aucun signe précurseur qui aurait pu prévenir d’un tel danger. Le nuage noir était au-dessus de votre crâne à partir du moment où vous ouvriez la bouche. Il ne tenait qu’à vous de pousser la foudre à s’abattre sur vous par surprise, ou non. Mais Ariadne… Ariadne… Pourquoi avait-elle dit ça ? Pourquoi avait-elle forcé la dernière barrière abaissée de Jack à se redresser plus brutalement que de nature, pour lui couper désormais tout accès à son cœur ? Elle avait toujours eu le don de le toucher, de le rendre plus humain. Avec elle, il se sentait meilleur. C’était un sentiment qui le frustrait, qu’il ne comprenait pas. Un sentiment qui l’habitait depuis qu’il la connaissait, et dont il ne s’était toujours pas départi, malgré tous ses efforts. Jack avait l’impression de vivre un peu plus sereinement à ses côtés. Une fois qu’il l’avait protégée, qu’il était sûr qu’elle allait bien. Il pouvait ainsi se sentir utile. Avoir un but. Quelque chose qui, il le savait, le rendait meilleur, et doté des meilleures intentions au monde. En ce bas-monde, quelqu’un l’acceptait pour ce qu’il était. Et avait le don de l’aider à progresser dans ce conflit permanent avec le monde extérieur et lui-même. Il était meilleur avec elle. Il n’avait plus envie de tuer tout le monde, il avait envie d’offrir quelque chose au monde. Pour lui prouver qu’il savait être un homme bien. Et non pas juste un fou suicidaire qui avait la pire des tendances à se jeter entre elle et toutes les armes qu’on pointait vers son corps fin. Mais voilà. Ariadne venait de tout foutre à l’eau. À l’aide de quelques simples phrases, elle avait absolument tout détruit. L’eau avait emporté le barrage, et Jack se retrouvait au point de départ. Sauvage. Perdu. Seul.

Lorsque Jack lui demanda quel était son problème, il sentit qu’il touchait un point sensible, malgré le ton plat et neutre qu’il avait employé. Au fond, dès qu’il eut prononcé ces mots, il se sentit détestable. Purement et simplement. Il avait l’impression de se retrouver au fond d’un fossé. Mais pourtant, il s’y sentait bien. Il ne regrettait pas. Les choses avaient besoin d’être mises au clair. Et toutes ces choses qu’il avait gardées pour lui étaient sur le point de sortir. De couler naturellement entre ses lèvres charnues sous forme de son habituel poison. Celui de l’homme qui ne s’énerve pas. On avait l’impression qu’il s’en foutait. Totalement, même. Mais c’était pire. Tellement pire. Il aurait pu montrer un minimum d’investissement, si seulement elle s’était tue. Si seulement elle ne l’avait pas repoussé, jusque derrière ses barrières. Maintenant, les portes étaient fermées. Et Jack ne perdrait pas son sang-froid. Il ne s’énerverait pas. Elle allait le haïr, d’après ce qu’il avait compris. Et alors ? Ça semblait être très franchement déjà le cas. Alors il n’allait pas faire machine arrière. Apparemment, il l’avait mérité. Cependant, les paroles qu’elle prononça pour répondre à sa question le fit légèrement plisser des yeux. Une fraction de seconde. Après quoi, il eut un petit mouvement des lèvres, d’un air franchement désintéressé. Il leva les yeux vers le plafond, très brièvement, clignant des paupières, avant de reposer ses prunelles profondes sur elle, pour finir de l’écouter. Il piétina quelques secondes, retrouvant des appuis solides sur ses pieds. Il avait mal à l’épaule. Mais il allait bien se garder de lui dire. Elle l’avait poussé là où elle n’aurait jamais dû. Mais Jack n’était pas fou. Loin de là. Il était juste attaqué. Et comme tout animal, il se défendait.

« Dédramatiser. » À nouveau, ses lèvres remuèrent, alors qu’il bougeait sa mâchoire. Il semblait que de la tirade de la jeune femme, c’était la seule chose qu’il ait retenue. Pourtant, non. Mais chaque chose en son temps. Pour le moment, il lui répondait. S’approchant légèrement d’elle, la regardant d’un œil toujours aussi sombre, mais indéchiffrable, il reprit la parole. « Mais je suis parfaitement sérieux. » Il n’aurait pas dit qu’il n’avait jamais été aussi sérieux de sa vie. Bien loin de là, ce n’était pas le cas. « Tu penses réellement que tout ce que tu dis me passe par-dessus la tête ? » Simple question. Ton simple. « Tu penses que je ne me sens pas mal, chaque fois que j’arrive devant chez toi, avec ce besoin pressant d’aide ? » Tu ne comprends rien, ma pauvre Ariadne. Rien du tout. « Tu penses que je me fiche de ce que tu peux ressentir ? » Jack renifla doucement, détournant un instant le regard, serrant quelque peu la mâchoire, fixant un point invisible par-delà le corps de la jeune femme, sur le côté. « Tu ne connais rien de moi. » Rien. Il ne lui avait jamais rien dit. Pas une seule fois, Jack n’avait parlé de lui à la douce et belle Ariadne. Il s’était occupé de tous ses problèmes depuis qu’il la connaissait, de John jusqu’à maintenant. Il l’avait toujours soutenue, toujours aidée. Elle connaissait sûrement des bribes de son caractère, mais ne savait absolument rien de ce qu’il avait traversé, si ce n’est qu’il avait été un Looper. Mais ce n’était pas suffisant. Son ancienne profession ne l’avait pas forgé. Ce qui avait fait de lui ce qu’il était remontait à des années auparavant, bien avant qu’ils ne se soient rencontrés. Et ce qu’il venait de dire à Ariadne pouvait paraître con. Cela pouvait paraître infondé. Inutile. Complètement ridicule. Juste blessant dans le principe. Mais cela le serait encore bien davantage si elle y réfléchissait. Car alors, elle se rendrait compte que non, elle ne savait rien. De toutes les cicatrices qu’elle avait vues sur le corps de notre ours, elle n’en connaissait pas la provenance de la moitié. Elle était ignorante sur le monde qui avait vu naître son ami, si on pouvait le définir comme ainsi. Elle était ignorante sur toutes les faces de sa vie, avant qu’ils ne se rencontrent. Elle n’avait jamais su. Et cela lui retombait dessus aujourd’hui, alors qu’elle avait essayé de se défendre. Essayé d’attaquer. Alors qu’elle ne comprenait rien aux causes bien plus profondes qui entraînaient les comportements de Jack.

« Je suis autodestructeur. » Il acquiesçait lentement, opinant du chef sans même la regarder. Il haussa doucement un sourcil, avant de relever la tête vers elle, après avoir très légèrement reniflé. Très bien. Autodestructeur. « Penses-tu réellement que cela m’amuse de me jeter sous les armes pour te protéger ? Crois-tu que j’y prenne du plaisir ? Est-ce que tu as déjà songé à ma douleur lorsque je venais frapper à ta porte, couvert de sang, mais sans personne d’autre sur qui compter ? » Jack était seul. Ariadne l’oubliait, en permanence. Jack n’avait personne, à part elle. Et la raison pour laquelle elle l’oubliait était simple. Mais tellement blessante. Elle aurait attaqué brutalement la raison de la jeune femme, la rongeant sans autre forme de procès. Jack n’était pas fou. Il ne voulait pas la détruire. Seulement lui faire comprendre dans quoi elle s’était embarquée. « Non. Tu n’as jamais compris que mon but n’était pas de te faire ressentir la culpabilité. Tu n’as jamais compris que tu étais la seule personne sur qui je pouvais me reposer. Tu n’as jamais compris pourquoi je faisais tout cela. » Jack. Arrête. Tais-toi. Ne continue pas. « Parce que, tout simplement, la seule chose à laquelle tu penses, c’est toi. » Égoïsme. Égocentrisme. Voilà les deux choses auxquelles il voulait venir avec elle. Il marqua une pause. Il s’était parfaitement fait comprendre. Son reproche était parfaitement clair. Elle n’avait toujours pensé qu’à elle. Elle s’était toujours préoccupée de sa culpabilité. Elle avait toujours soigné Jack, ne songeant pas à ce que lui ressentait, n’essayant même pas de se mettre à sa place. Elle ne lui avait jamais rien demandé ? Oui. C’était vrai. Alors pourquoi continuer de penser que tout cela ne concernait qu’elle ? Pourquoi s’acharner à toujours trouver une raison à tout, qui la concernait forcément ? C’était méchant. C’était plus dur qu’il ne pouvait se l’autoriser. Mais cette fois-ci, c’était dit.

« Tu ne m’as jamais rien demandé. » appuya-t-il. « Et cela ne m’a pas empêché de le faire. Est-ce que tu t’es seulement demandé pourquoi, au lieu de tout de suite penser à une intention de te faire culpabiliser ? » Égocentrisme. Encore. « De nous deux, je ne suis pas celui qui adopte le comportement le plus autodestructeur. » Et ça, c’est dit aussi. Mais que lui passait-il par la tête ? À quoi jouait-il ? Sauf que voilà. Pour une fois, il ne jouait pas. Il en était très loin. Il était mortellement sérieux. Et son regard continuait de transpercer les yeux d’Ariadne. Dur, sévère. Fruit d’un jugement long et rigoureux. « Tu ne vois qu’une seule fin, à chaque fois que quelqu’un s’approche de toi. À chaque fois qu’un homme pose la lame de son couteau sur ta gorge, tu espères simplement qu’il va en finir. Abréger tes souffrances. Puis, ce soulagement se peint sur tes traits, lorsque je lui règle son compte. » Oui. Du soulagement. Jack plongea ses yeux dans ceux d’Ariadne, encore un peu plus. « Et à ce moment-là, tout devient faux. Le soulagement est peut-être là, mais au fond de toi, tu regrettes. Encore, et toujours. Je souffre par ta faute, et tu regrettes que je ne l’aie pas laissé mettre fin à tes jours. » Jack se rendait compte à quel point ses paroles étaient lourdes. Mais elles étaient vraies, et cela, Ariadne le savait. Ou bien elle s’en rendrait compte un jour. Mêlée à son désespoir, cette petite étincelle d’espoir qu’enfin, tout se finisse, résonnait en elle, à chaque fois que Jack la retrouvait en mauvaise posture. C’était ainsi. Il avait l’habitude. Mais il en était meurtri. Et même si son ton restait doux et calme, malgré les atrocités proférées, il voulait qu’elle comprenne. Qu’elle comprenne tout. « Je vois ce regret dans tes yeux. Je ne dis rien. Je te laisse m’aider, m’apporter du réconfort, essayer de t’en sortir toute seule. Mais au fond de toi, du regret. » Simple. Vrai. Blessant. « Tu ne te défends jamais. Tu te laisses faire. Espérant qu’un jour, quelqu’un fera le travail à la place du temps, et à ta place. » Et soudain, si le ton de Jack, lui, n’avait pas changé, les yeux de l’ours se remplirent d’émotion, laissant simplement une barrière s’effondrer. La peur. La tristesse. Le désespoir. La supplication. « Je m’échine à te faire vivre, tandis que tu te laisses mourir. Et si une chose doit me tuer, ce ne seront pas les coups de couteau que je prends pour te permettre de vivre un jour de plus. Mais bien ça. » Il constatait, les yeux débordants de cette affection et de cette culpabilité, de ne pas réussir à l’aider. De ne pas réussir à la ramener de sa dépression, de tout ce qui lui était arrivé. « Je veux que tu vives. Toi, tu ne veux plus. Parce que tu penses que le monde n’a plus rien à t’offrir. Tu fermes les yeux sur toute éventualité qui pourrait te rendre heureuse, te permettre de franchir toutes ces difficultés, et de traverser. Tu ne prends la main de personne, parce que tu n’as pas confiance. Tu as effleuré ma paume de tes doigts, mais à chaque fois, tu les enlèves brutalement. Tu ne veux plus vivre. Tu essaies de permettre à quelque chose de te tuer. Sans réaliser qu’à côté, moi, j’ai besoin de toi. » Pas mal pour un gars qui ne savait pas aligner plus de trois mots dans une phrase, non ? « Je ne suis peut-être qu’un idiot aux principes détestables, un homme autodestructeur qui ne sait pas aligner plus de trois mots, ni glisser une formule de politesse. Mais j’ai besoin de toi. »

Lentement, Jack déglutit. Son ton n’avait pas cillé, et était resté relativement calme. Mais ses yeux souffraient pour lui. Il avait ouvert une énorme part de son cœur à la jolie rouquine. Il avait mal, terriblement mal. Il ne savait pas s’y prendre, il n’avait jamais su. Il lui avait rebalancé ce qui l’avait fait souffrir lui, et avait tenté tant bien que mal de lui faire comprendre les choses. Lorsqu’il s’agissait d’exprimer des faits, Jack était doué. Simple, concis, efficace. Mais lorsqu’il s’agissait d’expliquer quelque chose enfoui au fond de son cœur, qui laissait parler quelque sentiment que ce soit, c’était une toute autre affaire. Il devenait presque pataud. Il préférait se taire, la plupart du temps. Mais ce soir, elle avait voulu parler. Alors il parlait. Jack cligna lentement des paupières, indicatif parfait de sa souffrance et de sa peine. Il tenait à Ariadne. Il ne voulait pas la laisser s’échapper. Il ne voulait pas qu’elle ait mal.

Il voulait la guérir. La sauver. De la misère, du malheur, du désespoir, de la mort, de la tristesse, de la vie. Mais surtout, d’elle-même.
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Ariadne S. Van Loo

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MessageSujet: Re: Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne.   Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne. I_icon_minitimeLun 21 Jan - 2:48

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Un pas, encore un pas et se rapprocher inexorablement du gouffre. Abysse de son âme, mort de son esprit et continuer ainsi. Quelques centimètres encore quelques secondes et espérer cette paix, faible demande que le monde ne désirait réellement pas lui donner. Il était ainsi le désespoir, il se mêlait avec fougue à votre instinct naturel: celui de la survie. Alors, on se perdait dans des chemins tortueux, on hésitait, on marchait à reculons sur la route de l'autodestruction. Toujours. Pour toujours. Puis, une main vous rattrapait, toujours la même. Une main qui paraissait amicale, cette main protectrice toujours prête à vous rattraper alors que le bord de la falaise s'effondrait sous vos pieds. Ariadne voulait la rejeter, elle préférait s'effacer de ce monde qui l'empêchait de respirer. Ne rien ressentir était préférable à trop de sentiments, c'était le constat de sa fatalité depuis plusieurs années. Oui, ses paroles étaient blessantes et Ariadne le savait. Elle avait envie de souffrir, elle avait certainement envie que Jack lui fasse mal au plus haut point, comme jamais personne en avait été capable. Quoiqu'elle en dise, quoiqu'elle fasse, Ariadne se savait à son entière merci. Elle perdrait certainement la lutte, elle avait toujours abandonné face à l'adversité. Coquille sans défense qui ne manquait jamais de se faire écraser. Sans retenue, sans tentative de se dérober, Van Loo n'était plus qu'apparence. Son discours sonnait faux, son discours était vide, comme tout ce qui la constituait. Rejeter Jack, c'était rejeter ce qui la faisait vivre. Rejeter l'ours, c'était comme sonner la mort du rossignol. Mais tant pis. Ariadne préférait s'enfoncer dans ses quelques mots bien trop creux, injustifiés et clairement destructeurs. Choisir la mort au lieu de la vie. Choisir la souffrance au lieu de la paix. Et atteindre cette douce falaise, sentir pour la dernière fois la brise comme un souffle de vie léger et calculé. Sombrer. Sauter. Sans hésitation. Sauf celle de lui faire mal. Puisqu'on ne pouvait pas effacer des années d'une amitié sincère et profonde. Un lien qui lui avait semblé inaltérable jusqu'à ce que Jack débarque chez elle ce soir là. Elle voulait disparaître, maintenant qu'elle sentait le regard teinté de reproches de l'ours sur elle.
Ariadne était allée trop loin. Dans le fond, qui était-elle pour lui reprocher d'être ce qu'il était? Jack avait toujours fonctionné ainsi et jusque là, jamais elle ne s'était plainte. Elle n'en avait d'ailleurs pas le droit. Il l'avait empêché de foncer tête baissée dans les pièges que la vie lui avait tendus et jamais, elle n'avait osé faire un pas vers lui. Une amitié à sens unique. Et Jack avait certainement raison sur toute la ligne. Elle ne le connaissait pas. Et ce constat faisait terriblement mal au rossignol blessé. Son coeur se serrait face à la violence des propos proférés. Elle était inutile. Totalement inutile à ce monde. Soigner des plaies dont elle était l'auteure, c'était tout ce qu'elle était capable de faire. Elle était entièrement responsable de la déconvenue de Hawks et elle ne pourrait simplement jamais se pardonner de l'avoir fait entrer aussi intimement dans son monde alors qu'elle n'était qu'une simple spectatrice du sien. Tout d'un coup, la misérable comédienne ressentit des flots de haine envers elle même qu'elle souhaitait masquer à tout prix. Son regard se voila, ces jolis yeux azur n'avaient plus le reflet du paisible lac, ils n'étaient que souffrance et voulaient faire mal à autrui. Faire souffrir sa raison de vivre. Se rendre compte qu'elle était en train de perdre l'important. Le capital. L'essentiel. Et pourtant, ne rien dire. Seulement le regarder avec cette douleur incommensurable au fond du coeur. S'approcher encore un peu, tremblotante, la mort dans l'âme, encore. Jack venait de la détruire. L'ours avait tué le rossignol et il ne le réalisait même pas. Il n'y avait plus rien à réparer. C'était la fin de son univers. Ariadne sombrait cette fois et dire adieu à ce monde n'avait jamais semblé aussi facile que ce jour là. Plus rien ne la retenait et si la jeune actrice devait faire ses adieux à cet homme courageux et protecteur, elle se sentait prête à le faire, pour son bien à lui. Relever les yeux vers lui avec ce coeur qui semblait être à la limite d'arrêter ses battements . L'épilogue. Il était là. Alors qu'Ariadne chavirait, qu'elle allait abandonner le combat. Qu'elle oscillait entre colère, haine et intense chagrin. Coeur brisé. Âme endeuillé. Mais Ariadne voulait savoir. Au moins mettre les choses en clair avant de se laisser emporter par la mort. Jack n'avait jamais rien voulu lui dire, il lui confessait cela aujourd'hui et Van Loo ne se satisfaisait pas de cet échange violent, sans justification. Il voulait la voir souffrir? Très bien, ce serait le cas mais la rousse comptait bien le pousser à bout lui aussi.

Là, maintenant, j'ai envie de te dire oui. C'est simple pourtant. Pourquoi tu ne me parles pas? Pourquoi tu ne me dis jamais rien? T'as raison, oui, je ne te connais pas. Et j'en arrive à me dire que j'ai pas envie de creuser. J'ai franchement pas envie d'en arriver là Jack et j'ai comme l'impression que tu ne me donnes pas le choix. Après toutes ces années, je ne sais toujours rien de toi et tu ne me diras jamais rien. Alors à quoi bon...Pourquoi continuer à faire des efforts?

Ariadne retenait ses larmes. Elle tentait de contenir sa haine. C'était bas. Tout ce qu'elle tentait de faire, juste pour ne pas être la seule blessée de l'histoire. Et dire tout cela, ouvrir son coeur avec une haine jamais expérimentée jusqu'ici lui faisait encore plus mal que tout le reste. Pourquoi s'évertuait-elle à vouloir énerver Jack? Ariadne le savait pertinemment. Attendre une réaction de sa part, une véritable réaction, pas juste des mots sans profondeur, des mots de défense qui ne signifiaient rien à ses yeux. La peur de l'actrice se trouvait ailleurs pourtant, là où des fissures étaient encore bien trop présentes, là où la construction menaçait de s'effondrer si facilement désormais. Son coeur. Ce misérable organe qui ne battait que pour l'ours depuis le départ de John, peut être même avant cela d'ailleurs. Sophia se mentait et ce, depuis bien trop longtemps, mais elle n'était clairement pas prête à s'orienter vers ce chemin là. Non, elle voulait tester Jack uniquement. Pour mieux renfermer sa coquille après la bataille. Cela, elle pouvait le faire et elle savait très bien le faire.
Et la lame qui s'enfonçait au fond de son âme cette fois. Le revers de la médaille qui se fracassait contre sa douleur. Point sensible une nouvelle fois. Son égocentrisme récurrent. Et son chagrin qui repartait vers la haine alors qu'elle avait envie d'utiliser ses petits poings contre le mur que représentait Jack en face d'elle. Il n'avait pas le droit de la détruire ainsi, encore et encore. Asséner ses mots meurtriers avec une force des plus brutales. Ariadne ne pouvait le supporter et sa mâchoire se serrait sous l'effet du surplus d'émotions. Elle n'allait plus tenir longtemps. Ses larmes finiraient par tomber, la haine ne suffirait plus à éponger le vide en elle. Son amour pour Jack, la puissance de ses sentiments qui se fracassaient contre sa rancoeur extrême. Il n'y avait plus de retour en arrière possible, plus rien à faire pour colmater la brèche. Tout s'effondrait. Ce qu'Ariadne s'était efforcée à construire si difficilement pendant ses longues années. Il n'y avait plus rien du tout. Son peu de confiance en elle-même venait de disparaître sans prévenir, sa confiance en l'humanité n'avait plus aucune chance de revenir. Elle avait tout misé sur Jack, elle lui avait tout donné, tout ce qu'elle pouvait encore donner. C'était certainement trop peu pour lui mais pour elle, c'était tout. Il ne lui restait plus rien, juste des tristes souvenirs. Des hypothétiques souvenirs. Plus de futur. Juste ce regard qui lui vouait une haine qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Et cette fois, Ariadne en voulait à Jack. Elle lui en voulait pour tout ce qu'il lui faisait, pour tout ce qu'elle ne souhaitait plus ressentir. Elle lui en voulait de lui briser le coeur aussi facilement qu'une statue de verre. Ses mains se serraient alors que ses jambes ne semblaient plus vouloir la tenir debout mais elle était là, Ariadne était encore là et elle sentait que la suite serait pire à annoncer. Elle sentait qu'elle allait avoir mal au delà de l'imaginable.

C'est vraiment ça que tu penses de moi? Pendant toutes ces années.. Et c'est tout ce que tu retiens de moi? Une si faible opinion? Tu réalises ce que tu me fais subir? Tu crois vraiment que tu étais seul pendant tout ce temps? Que je m'occupais de toi uniquement pour mousser mon ego? Je suppose en effet qu'on n'a plus rien à se dire si c'est clairement ça que tu as en tête. Sois sûr d'une chose, je suis une égoïste oui, je le suis tellement que je vais te dire une chose: je te hais. Voilà, je te hais. Je te hais d'être encore là, toujours là quelque part. Je te hais tellement que je vais te faire le plaisir de te laisser tranquille. Tu pourras enfin faire ce que tu veux et ne plus te préoccuper de mon égoïsme. Enfin une bonne nouvelle!

De la froideur. Plus aucune douceur ne souhaitait percer de cette nouvelle carapace qu'Ariadne avait choisi de mettre en avant. Encore un pas de plus vers l'abime, toujours s'enfoncer un peu plus dans cette détresse. Ariadne continuait de mentir, la colère lui faisait dire des choses affreuses, des choses qu'elle ne pourrait que regretter une fois que le combat serait fini. Haïr Jack, elle n'avait jamais pu le faire. Pourtant, elle avait essayé. De toutes ses forces. Après tout, il avait été un des amis les plus proches de John, ce John qui l'avait brisé. Alors, il méritait de souffrir comme lui, comme ce que son ami lui avait fait. La comédienne n'avait jamais pu s'y résoudre, ce n'était pas ce qui était resté au fond de son coeur. Ce ne serait jamais le cas mais aujourd'hui, c'était le seul moyen de se protéger. Pour ne pas que l'ours atteigne le coeur même de l'âme du rossignol. Mentir était préférable à cela. Conserver ses défenses à tout prix, comme en temps de guerre. Ne pas céder de terrain même si la situation lui échappait. Et Ariadne baissa les yeux quelques secondes, consciente que la conversation tournait au massacre par sa faute encore une fois. Elle tentait de ne rien ressentir, de mettre de côté son passé, tout ce qui avait pu se passer dans sa vie, tout ce qui avait eu un rapport de près ou de loin avec Hawks, tout cela était bien trop douloureux tout d'un coup. La pauvre Ariadne sentait que les larmes menaçaient de perler et cette fois, elle ne pourrait certainement pas les retenir et elle ne souhaitait vraiment pas que Jack soit le témoin de sa faiblesse encore et toujours. La rousse était bien trop fatiguée de se reposer sur ses épaules, si elle se voulait indépendante, il allait définitivement falloir qu'elle change de comportement et qu'elle arrête de se comporter en victime voire martyre.
Et Jack qui partait dans un discours qu'elle ne souhaitait absolument pas entendre, pas maintenant. Ariadne se força à relever les yeux, uniquement par fierté. En vérité, ses paroles lui déchiraient le coeur. Il lui assenait des terribles vérités et il était évident que c'était bien Jack qui avait tout compris. Son envie d'en finir. Perpétuel besoin qui ne la quittait plus, quoiqu'elle fasse et quoiqu'on fasse pour elle. Toujours ce tiraillement entre ses tentatives de suicide indirectes et cette culpabilité dévorante lorsque Jack passait pour recoller les morceaux, essuyant de terribles blessures au passage. Osciller entre vie et mort, amour et haine, besoin et désir, fantasme et réalité, vérité et mensonge mais surtout regret et soulagement. Cet infime soulagement de toujours voir le looper arriver à l'instant précis où Ariadne sentait sa pression cardiaque se relâcher, signe avant-coureur qu'elle choisissait la mort plutôt que la vie. Puis cette infâme culpabilité lorsque Jack se faisait transpercer par une quelconque arme en s'interposant entre elle et la Faucheuse. Et Van Loo fut touchée en plein coeur lorsqu'elle releva le regard. Elle s'était attendue à toutes sortes de scénarios mais certainement pas celui qui se jouait soudainement. Jack. Jack et ses yeux qui avaient changé de ton. Une légère peine au fond de ce regard qu'elle n'avait jamais connu de la sorte. Et ses mots qui pénétraient dans ses veines comme un électrochoc , violent mais pour autant véritable réveil pour la pauvre Ariadne. Elle ne le coupa pas, elle ne cligna même pas des yeux alors que cette fois-ci, ceux-ci s'embuèrent. Les remparts se fissuraient et ses défenses étaient abattues. Un discours qui s'éternisait, des phrases qu'Ariadne tentait d'imbriquer et d'enregistrer entièrement. Elle était définitivement battue, elle se sentait atrocement mal. Et Jack qui termina son monologue, une précision chirurgicale dans le choix de ses mots pour atteindre Ariadne. Et c'était définitivement le cas. Déjà des remords l'envahissaient. Déjà elle regrettait.

Tu ferais mieux de partir Jack.

Son cerveau n'arrivait plus à faire la part des choses. Elle souffrait le martyr. Ariadne se recula, difficilement. Et les larmes coulèrent, inexorablement mais elle ne tenta plus de les retenir. Elle n'arrivait plus à le regarder. Elle n'en avait plus la force et elle n'avait aucune réponse à lui apporter. Oui, elle souhaitait mourir. Plus que tout. Mais jamais, ô grand jamais, elle n'avait cru que Jack se reposait sur elle. Qu'il avait besoin d'elle. Son souhait rentrait en totale contradiction avec ses sentiments et Van Loo ne pouvait pas les affronter, toujours pas. Depuis John, depuis Isiah, elle n'avait jamais pu affronter cela. Elle n'avait pas pu avouer son ressenti, elle ne pouvait pas pardonner ses erreurs, ni celles d'autrui. Elle s'était renfermée et aujourd'hui ne semblait pas faire exception. Elle se rapprocha de la porte et l'ouvrit avec lenteur, ayant du mal à percevoir l'environnement à cause de ses pleurs. Alors qu'elle sentait la fin approcher personnifiée dans le départ de Jack, elle leva les yeux. Ses yeux remplies de larmes, mêlant haine, passion, douleur, chagrin, regret, mélancolie et culpabilité. Il allait partir. Déjà il la quittait. Et la comédienne ne savait pas quoi faire. Elle ne pouvait pas lutter, son âme implosait, son coeur mourait. Elle avait déjà fait son choix. Elle savait comment se terminerait cette intolérable soirée. Pourtant, elle avait besoin de parler. Parler avant que ce ne soit véritablement le temps des adieux. Avant qu'elle ne se retrouve désespérément seul dans le noir lugubre de son miteux loft. A attendre le glas. A prier pour qu'il vienne à elle, finalement.

Tu m'as toujours compris, Jack. J'ai toujours souhaité partir, toujours depuis la disparition de John. Alors oui, je continue de souffrir et j'espère toujours que tu viendras me chercher même si je ne peux pas m'empêcher d'avoir encore plus mal quand il t'arrive quelque chose. Alors oui, je suis une égoïste pour oser espérer tout cela. J'ai toujours eu besoin de toi, moi qui ne supporte pas de me reposer sur quelqu'un d'autre, moi qui suis incapable de vivre. Mais toi... Toi, tu n'as pas besoin de moi Jack. Tu y arrives très bien seul, tu y arrives même certainement mieux. Tu n'auras jamais besoin de personne. Je suppose que c'est mieux ainsi, tu n'auras rien à regretter si c'est moi qui le fais pour toi... Si c'est moi qui te dis adieu.

Et Ariadne qui pleurait, qui prenait une décision difficile mais pour le moins nécessaire afin de réaliser ce qui devait être fait. Peut être, tout cela n'était qu'une grossière erreur, peut être qu'encore une fois, elle se jetait dans la gueule du loup. Mais elle devait tenter. Elle devait finir ce qu'elle avait commencé. Cette fois, plus personne ne la sauverait. Cette fois, la fin pourrait venir à elle et elle n'aurait plus rien à regretter, rien sauf cette dispute. Rien sauf cette douleur qui ne s'effacerait jamais, qui lui collerait à la peau lorsqu'elle penserait à Jack, continuellement. Elle lui disait adieu, elle le laissait partir en sachant ce qu'elle endurerait puisqu'elle savait déjà. Puisqu'Ariadne aimait Jack. Du fond du coeur.
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Jack F. Hawks

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MessageSujet: Re: Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne.   Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne. I_icon_minitimeMar 29 Jan - 1:28


All that I am, all that I ever was, is here in your perfect eyes.

Malgré tout, Jack avait tenté de continuer. Et c’était la première chose notable que nous pouvions remarquer, et que je vous fais remarquer. Les paroles d’Ariadne étaient venues interrompre le fil de sa pensée, comme à chaque fois qu’il ouvrait la bouche pour dire quelque chose. Cela n’avait absolument rien de péjoratif, pour qui que ce soit. Non, c’était un fait. Lorsque Jack commençait à parler, il avait une idée en tête. Il allait quelque part, et il ne s’arrêtait pas avant d’en avoir terminé. Ou plutôt, si, il s’arrêtait. Et ces pauses étaient utilisées par les autres pour lui répondre. Mais il ne prenait pas le temps de s’arrêter sur ses réponses. Il enchaînait avec la suite de ses idéaux. La plupart du temps, cela n’avait pas d’impact sur son cœur, sur ses sentiments, sur ce qu’il pouvait avoir à dire. Mais ce soir, c’était bien plus difficile. Bien plus compliqué. Chaque mot que sa douce Ariadne lâchait était rempli de venin, et se voulait blessant. Tout le contraire de ce à quoi lui aspirait. Rien de ce qu’il ne disait n’avait foncièrement pour but de la détruire. Certes, au final, il se doutait qu’il lui faisait plus de mal que de bien. Mais dans un premier temps, il avait simplement voulu lui montrer la vérité. Elle le poussait dans ses retranchements. Alors, il réagissait. Il n’avait jamais eu pour habitude de se laisser piétiner par qui que ce soit. Jack n’était pas un paillasson. Ni une serpillère. Ni rien de tous ces autres objets dont l’on pouvait se servir pour ramasser les saletés. Il n’était pas non plus un pushing-ball. Il n’avait jamais rien fait de mal à Ariadne, du moins le pensait-il. Elle le traitait ainsi de manière complètement incompréhensible, sans fondement. Il ne lui avait rien fait. Right. Alors pourquoi se permettait-elle de le détruire ainsi ? Elle voulait le faire tomber, elle voulait qu’il mange la poussière. Et même si Jack était bien plus meurtri qu’il ne voulait le laisser paraître, il n’avait aucunement l’intention de lui faire ce plaisir. Très bien. Elle voulait lui faire du mal. Alors il lui expliquerait le fond de sa pensée. Qu’importe le reste. Qu’importe ce dont elle pouvait souffrir. Elle s’attaquait à cette bestiole sur la défensive qu’était Jack. Elle avait conscience que c’était une erreur, une erreur totale, abominable. Elle avait fait un pas dans le seul endroit qu’elle aurait dû chercher à éviter. Elle aurait dû partir en courant à la simple idée de mettre les pieds dans tout cela. Mais non. Au contraire. Elle y avait sauté à pieds joints. Et maintenant, elle payait le prix de ses paroles. Elle avait tiré une balle dans la patte de l’ours. Volontairement. Alors, l’ours grognait. Quel animal sur cette planète se serait couché en ronronnant, je vous le demande ? Aucun. Et Jack existait. Alors il faisait ce que tout être humain savait faire. Ce que tout animal était programmé pour faire, dès l’instant où ses yeux s’ouvraient pour la première fois sur le monde extérieur. Il se défendait face aux attaques.

Un coup de poignard. Et un autre. Jack poursuivit son discours, terminant le fil de sa pensée. Pas moins blessé par les paroles de son rossignol, cependant. Le simple fait d’entendre de sa bouche qu’elle le détestait… Non, qu’elle haïssait, était tout simplement atroce. Il avait juste le sentiment qu’elle avait attrapé son cœur à pleine main, plongeant son bras dans sa poitrine. Et qu’elle l’avait retiré aussi sec, arrachant cet organe si vital à sa vie, dont il avait tant besoin. Elle lui avait pris, et elle ne lui rendrait jamais. Devant lui, sous ses yeux, elle le maintenait en l’air, comme une évidence. Comme une preuve que oui, elle le tenait. Elle le haïssait, elle avait tous les droits sur lui. Sur cet organe fumant qu’elle tenait à bout de bras, et qu’à tout moment, elle pourrait pulvériser, d’un geste simple, et entièrement réfléchi. Elle avait tout droit sur Jack. Tout simplement parce qu’elle le haïssait. Et lui, il avait fallu qu’il continue. Qu’il lui étale le reste de sa pensée, qu’il finisse ce qu’il avait à dire. Comme toujours. Il s’était vendu au diable, en venant ici ce soir. Lorsqu’il ressortirait, son cœur serait encore entre les mains d’Ariadne, si elle ne l’avait pas détruit entre temps. Et le diable, lui, lui prendrait son âme. Et peut-être qu’enfin, alors, une âme charitable se déciderait à lui ôter la vie, seule petite chose faible et futile qu’il pouvait lui rester.

Fini. Jack avait fini. Pour le moment du moins. Il avait dit ce qu’il avait à dire. Et maintenant, il pouvait encaisser librement tout ce qu’elle lui avait dit. Son regard se voila encore davantage, tandis qu’il encaissait chaque petit mot, chaque petit grain de colère. Chaque petite pointe de venin. Il sentait le reste de sa cage thoracique tomber en lambeaux, alors qu’elle brandissait de plus en plus fièrement ce cœur. Pourtant, il le savait, il l’avait détruite également. Et même s’il ne regrettait aucun de ses mots, il avait désormais peur de l’impact que ceux-ci allaient avoir sur le cœur fragile de son rossignol. Ce cœur qu’il avait pris tant de peine à surveiller, à protéger, à tenter de recoudre, lentement mais sûrement, chirurgie ô combien délicate, mais autour de laquelle avait finie par tourner plus d’une moitié de la vie de Jack. Mais ce soir, le cœur s’était déclaré trop faible pour survivre à une telle opération. Ariadne en avait eu marre. Ariadne lui reprochait tout, désormais. Elle l’agressait, détruisait tout sur son passage. Tout ce qu’il s’était construit en continuant sa vie avec pour objectif de l’aider, de la soutenir. Elle anéantissait tout. Et elle en rajoutait, à chaque menue minute qui passait. Et lui, qu’était-il censé faire ? Retirer tout ce qu’il avait dit, tout ce qu’il pensait ? Retirer ses mots, ses phrases, ces banalités qu’il aurait voulu partager avec elle depuis bien longtemps déjà. Mais l’état de faiblesse d’Ariadne l’en avait toujours empêché. Ou bien était-ce cet instinct de préservation et de protection qui l’en avait retenu… Quoiqu’il en soit, les faits étaient là. Jack se retrouvait face à elle, détruit intérieurement, anéanti. Et elle venait de faire la pire chose au monde. Lui ouvrir la porte. Lui demander de partir. D’un air absent, Jack fixa l’embrasure de la sortie. Cette sortie qui lui apparaissait comme un trou béant, gigantesque. Un trou qui ne demandait qu’à l’avaler, qu’à le jeter loin de cette pureté et cette douceur qu’il avait toujours vues en elle. Elle lui avait demandé de partir. Et elle lui avait ouvert la porte. En pleurant. Lentement, Jack cligna des yeux, alors que chaque petite particule de son monde décidait subitement de s’effondrer, pour ne laisser de place qu’au chaos et à la destruction. L’apocalypse. Le vide. La fin d’un monde. Et le début d’aucun autre. Jack souffrait. Ses yeux le laissaient plus que jamais transparaître, même si son visage conservait cette expression impassible qui en frustrait plus d’un. Il écouta les dernières paroles qu’elle lui envoyait, restant simple et neutre, le regard braqué vers l’avant, sans ouvrir la bouche ne serait-ce qu’un dixième de seconde. Ainsi donc, c’était cela ? Elle lui disait adieu ? Elle en avait terminé avec lui ? Elle avait fait le tour de ce qu’ils pouvaient vivre ? Doucement, Jack cligna des yeux. Cela ne se voulait qu’un seul battement de cils. Mais quelques autres suivirent instantanément. Quatre ou cinq. Témoignant de sa souffrance intérieure. Il ne regarda même pas sa belle, gardant le regard rivé vers cet extérieur si hostile. Il n’avait pas envie d’y mettre les pieds. Pas seul. Pas sans elle.

Doucement, Jack renifla. Une de ses paupières tressauta, alors qu’il tentait de contenir ce flot de souffrance qui massacrait le peu de consistance qui lui restait. Il n’avait pas le droit de craquer. Pas le droit de perdre à son jeu. Car il ne se mettrait pas à pleurer. Jack ne savait pas pleurer. Pleurer visait les gens qui avaient besoin d’aide, sans qu’ils ne s’en rendent compte, cependant. Ne pas savoir pleurer était très loin d’être une qualité. C’était le signe d’un des défauts les plus atroces et dangereux pour la survie. Le signe que quoiqu’il arrive, on réfutait l’aide. On la reniait. Quoiqu’il arrive, on voulait se battre seul. Car si on ne pouvait trouver les solutions nous-même, alors personne ne pourrait le faire. Cela n’avait rien d’égocentrique. C’était avant tout dangereux. Car l’issue était bien généralement fatale, si la quantité de souffrance à ingurgiter était trop importante. Et fatale, au sens littéral du terme. Cependant, ce soir, Jack n’aurait pas une issue fatale. Il craquerait bien avant cela. Et craquer, pour lui, signifierait frapper. Pourtant, il serait bien incapable de faire du mal à Ariadne, il le savait. Ç’aurait été la pire chose qu’il aurait faite de sa vie. Et il en était tout bonnement incapable. Son poing se serait brisé sur le mur une centaine de fois bien avant cela. Et pourtant… Pourtant, il n’avait ni l’intention de la frapper, ni l’intention de frapper le mur à côté. Il allait partir. Puisqu’elle le voulait. Il partirait. Pour le moment, il avait laissé ce silence s’installer. Cultiver le remord et le regret chez la belle aux cheveux roux. Il la laissait, avec sa porte ouverte, mesurer le poids de ce qu’elle venait de lui dire. De ce qu’elle venait de faire. De tout ce qui s’était passé ce soir. Car lorsqu’il reprendrait la parole, tout serait terminé. La fin d’une époque, la fin d’une ère. Elle avait apposé sa propre frontière. Et il poserait la sienne. Car c’était indéniable, que rien ne serait possible autrement. Il était au pied du mur. Et il ne tenait qu’à lui de savoir ce qu’il allait faire désormais. Et de le faire comprendre à cette femme. Cette femme, pour qui il éprouvait bien plus que ce simple sentiment d’affection. Il avait envie de la protéger. De la rendre heureuse. De faire en sorte que, quoiqu’il arrive, un rayon de soleil vienne toujours éclairer ses journées. Mais tout ce soir, absolument tout, lui dressait la liste des preuves avec une évidence à l’en rendre malade : il avait échoué. Complètement échoué. Il avait pensé la sortir du trou, mais n’avait fait que lui creuser sa tombe. Il avait taillé minutieusement les quatre planches qui accueilleraient prochainement la jeune femme, sans même s’en rendre compte. À quoi avait-il joué, putain de merde ? Ce jeu… Ça n’en était pas un, ça n’en avait jamais été un. Il avait toujours voulu la sauver, comme mué par un sentiment irrépressible de… De quoi, au juste ? Il n’en savait rien. Il n’avait jamais posé de mots sur ce qu’il ressentait à l’égard d’Ariadne. Jamais. Pourquoi cela ? Aujourd’hui encore, il n’en savait rien. Et à cet instant précis, elle lui avait donné la certitude qu’il ne voulait pas savoir. Il ne voulait plus rien savoir. Elle le haïssait. Franchement. Que pouvait-il lui arriver de pire ?

« Alors, on en est là. » Il commençait par une constatation. Jack commençait toujours par une constatation. La constatation qui faisait mal, celle qui amorçait la douleur du poignard. « Tu me dis adieu. » Ce poignard, si lent, qui prend son temps … « Tu me dis adieu, alors que tu n’en as pas la moindre envie. » Qui se retourne dans la plaie, toujours aussi lentement … « Mais tu le fais quand même. Je suppose que je le mérite. » Et qui finit par s’enfoncer si profondément, qu’il disparaît de la vue. Pas une seule fois, Jack ne releva les yeux vers Ariadne. Pas une seule fois. Lentement, il déglutit. Il renifla. Et il reprit. Sortant lentement un autre poignard, la laissant bien se rendre compte que celui-ci aussi, allait faire mal. Tout aussi mal que lorsqu’elle avait réduit son cœur au néant, après l’avoir arraché de sa poitrine. Elle avait fait son choix. Lui n’en avait jamais eu à faire. Mais il n’avait pas fini d’exprimer le fond de sa pensée. Pas encore. « Tu sais comment je fonctionne. Du moins je le pensais. Si je ne dis rien, pourquoi ne pas avoir demandé ? T’ai-je jamais agressée verbalement, une seule fois depuis toutes ces années ? » Non, jamais. Même là, encore une fois, il restait impassible, et calme. Son ton neutre devait donner envie à sa vis-à-vis de lui arracher la tête… Ou de pleurer encore davantage. Mais il s’en fichait. Il s’en fichait totalement. Chaque larme était une torture. Mais chaque mot l’avait été encore davantage. Et il était grand temps de lui répondre. « Tu ne m’as jamais rien demandé, et je ne t’en ai jamais tenu rigueur. Mais puisque tu veux savoir, très bien. Tu vas savoir. » Après tout, qu’avait-il à perdre ? Elle voulait savoir d’où il venait ? Elle en avait marre qu’il la tienne dans l’ignorance, et qu’il ne lui dise rien de lui ? Alors, où était le problème s’il parlait ? Elle n’en verrait aucun, il l’espérait tout du moins. « Mon petit frère s’est noyé, lorsque j’avais sept ans, alors que je devais le surveiller. » Il déglutit lentement. Pas une larme ne vint troubler son regard, alors qu’il poursuivait, de sa voix blanche, neutre et posée. « Parce que je venais d’apprendre les règles du poker, j’ai relâché ma vigilance. Une minute. Une de trop. » Doucement, Jack cligna des paupières. Un silence. De toute manière, il ne voulait rien d’autre qu’un silence. Il tourna la tête vers Ariadne, plongeant son regard mat dans celui larmoyant et souffrant de la belle. « C’est la plus grosse erreur de ma vie. Et même si j’en ai fait d’autres, celle-ci les surpassera toujours toutes. » Derrière la dureté de ses prunelles, le trou était creusé. Et Jack tombait. Encore et toujours plus profond. Souffrant, perdu. Il tombait, et il ne s’en relèverait pas. Pas maintenant, tout du moins. « Tout le monde fait des erreurs, et les regrette par la suite. La machine à remonter le temps n’est malheureusement pas une solution pour tout. Si nos erreurs sont là, c’est qu’elles nous permettront d’avancer. Pourquoi se borner à croire que le monde est noir, et ne mérite pas notre confiance ? Tout le monde a le droit de se relever, et d’avoir une chance. Si tu te persuades que ce monde n’en vaut pas la peine, et que tu n’en vaux pas non plus la peine, tu resteras assise. Assise, dans le noir. À penser avoir cherché la lumière pendant des jours, des mois, des années. Alors qu’au final, il t’aurait suffi de te lever pour trouver l’interrupteur. » Bien sûr qu’il s’adressait à elle, explicitement. Il en avait conscience. Et il ne s’arrêtait pas pour autant. « Je ne peux pas te relever à ta place. Même si je m’échine à essayer, cela ne dépend pas de moi. Cela n’a jamais dépendu de moi, et cela n’en dépendra jamais. Tu es la seule à pouvoir sortir la tête de l’eau, pour la simple raison que ce sont tes poumons qui en sont remplis, et qui t’empêchent de respirer. Pas les miens. » Lentement, la souffrance disparaissait de son regard, pour laisser place à la détermination. « Je ne peux pas te reconstruire. Je ne peux que t’apporter les pierres dont tu as besoin pour tes fondations. Le reste est à faire seule. Sans moi. Et tu as la force d’y arriver. Tu penses qu’elle t’a quittée, en même temps que John. Mais tu te trompes. Elle est toujours là. Au fond de ton cœur. Elle attend simplement que tu t’en rendes compte. Que tu prennes conscience que cet homme ne t’a pas tout pris. Et qu’il t’a donné tout autant. Il t’a appris les ficelles de ce bas-monde, et toute la cruauté qu’il recelait. Il t’a aussi donné la force d’y survivre. Parce que sinon, tu ne serais pas là. » Brève petite pause. Le temps d’un souffle. « Et moi non plus. »

Le regard de Jack se glissa le long du visage de la jeune femme, la détaillant sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Elle était belle. Elle était jeune, mais déjà vieillie par l’expérience. Elle avait encore toute la vie devant elle, mais refusait de se l’accorder. De l’accepter, de l’admettre. Elle voulait en finir. Et même s’il ne pouvait que la comprendre, d’un certain côté, tout le reste lui échappait entièrement. « Tu as la chance de pouvoir vivre une vie entière. Tu es encore jeune, et tu as des années merveilleuses qui t’attendent, si seulement tu te donnais la peine de leur tendre la main. » Il avait repris brièvement, sans lui laisser le temps de répondre. Il allait de toute manière souffrir. Puis partir. Il le savait. Et il voulait terminer de lui parler avant cela. Qu’elle puisse réfléchir. « Tu as ta vie devant toi. Ce que mon frère n’a jamais eu. » Mais il n’y avait pas que ça. Il y avait bien pire. « Ce que moi, je n’ai pas. » Triste et amère vérité. Dans vingt-neuf ans, Jack disparaîtrait de la surface de cette terre. Tandis qu’Ariadne continuait de vivre. C’était une fatalité. Et il ne l’oubliait pas. Il ne pourrait jamais l’oublier. « Tu veux que je parte, en espérant avoir enfin le courage de mettre fin à tes souffrances. Je le devine, et j’en souffre. » Lentement, une ombre passa sur le visage de Jack. Lui-même n’avait aucune idée de ce que cela pouvait être. Un sourire microscopique et indécelable ? Une grimace de douleur ? Une idée déplaisante qui lui faisait adopter un rictus ? Il n’en savait rien. Et ç’avait été si bref qu’il ne voulait pas y penser. Et qu’il ne s’en souviendrait probablement pas. « J’ai toujours eu besoin de toi. Et ce soir, j’avais besoin de toi. Tu n’étais pas là. Ça arrive. » Il cligna lentement des yeux, ne pouvant s’empêcher de la regarder. De se demander ce qu’il y avait réellement.

Pourquoi en arrivaient-ils à tout cela ? Pourquoi devaient-ils continuellement souffrir ? Jack regardait Ariadne. Il n’aurait jamais pu le lui dire, il n’aurait jamais su le lui expliquer, mais cela n’empêchait rien. Il la regardait toujours. Il avait besoin de poser ce regard sur elle. Il avait besoin de sa présence réconfortante, de sa simple présence. De son odeur, à quelques pas de lui. Il avait besoin de savoir que si la situation changeait, il pourrait aller poser son front sur cette clavicule à l’aspect si délicat, tourner doucement le visage en direction du creux de son cou, et en humer le doux parfum. Il avait besoin d’Ariadne, comme il n’aurait jamais pu, ni jamais su, l’expliquer. Elle avait toujours représenté bien plus que ce qu’elle n’aurait dû. Toujours. Mais pour Jack, cela avait toujours été assimilé comme normal. … Toujours. Même maintenant. Maintenant, où la seule vérité qui s’imposait à lui était que sans elle, il n’était pas sûr d’arriver à continuer. Pas sûr d’y arriver, ni même d’en avoir la volonté. « J’ai besoin de toi. » répéta-t-il d’une voix plus basse. Avec ce regard qui se voulait parfaitement clair, et bien plus profond que de nature. « Mais si tu veux réellement que je parte, si tu me hais réellement, et que tu veux que je respecte tes adieux, je m’en irais. » Bien sûr que non. Il ne voulait pas partir. Il avait peur de devoir partir. De devoir la laisser.

Il ne lui en avait jamais autant dit sur lui. Mais étrangement, il ne se sentait pas plus libre. Il avait senti le poids sur ses épaules s’alourdir, comme depuis qu’il avait ouvert la bouche pour commencer à lui parler, il y avait quelques longues minutes de cela déjà. Il était fatigué. Fatigué de tout cela. Il n’avait jamais voulu se battre, en venant là ce soir. Il ne savait même pas ce qu’il était venu y chercher. Mais maintenant qu’il la regardait, il se disait que jamais il n’aurait dû venir. Elle pleurait. Et rien que pour cela, il regrettait. Pas ce qu’il lui avait dit. Mais le reste, oui.

Il assumait ses paroles, et ne retirerait rien. Il regrettait simplement le moment. Et une petite pensée, nichée au fond de lui, lui soufflait qu’il le regretterait probablement toute sa vie.
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MessageSujet: Re: Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne.   Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne. I_icon_minitimeDim 3 Fév - 23:35

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Une étincelle. Une lueur. Juste la fibre qui constituait sa vie. Ariadne n'en demandait pas plus: juste sentir l'essence même de son âme se réveiller. Elle souhaitait juste être capable de hurler, d'évacuer toute la frustration qu'elle avait accumulée au cours des années. Depuis son enfance. Toute cette vie qu'elle avait gâchée en se complaisant dans ses illusions, dans cette douce mort dont elle s'était imprégnée comme unique moyen de continuer à tenir debout. Sentir son regard sur elle, son ombre dans ses pas. Ariadne cherchait une raison. Depuis toujours, elle l'attendait. Ce déclic qui justifierait sa présence en ce bas monde. Jamais son visage ne s'était montrée. Elle avançait seule dans le brouillard tourmenté de ses rêves. Désirs déchus. Fantasmes d'une autre vie. Puisqu'en vérité, Van Loo avait changé, la vie l'avait endurcie d'une manière dont elle n'aurait même pas pu soupçonner. Ariadne conservait dans ses veines cet amour abandonné, ses choix qui n'avaient fait que la conduire vers le gouffre. Sa vie aurait pu être tellement différente si son ambition n'avait pas écorché l'écorce même de son esprit. Ses parents seraient peut être encore en vie. La tristesse ne les aurait peut être pas emportés avec une facilité déconcertante. Ariadne était le bourreau de ses ancêtres. Depuis toujours, elle ne créait pas la vie. Elle n'engendrait que la folie, que la torture et le tourment. Elle l'avait toujours su. Créer le vide. Créer l'aberration. Rendre ses proches à la mort, sa fidèle alliée. Son unique raison de continuer à avancer. La sentir lui sourire dans son dos en cet instant précis. Mais cette fois, Ariadne n'avait pas envie de le lui rendre. Cette fois, c'était différent. Sa fidèle alliée voulait s'en prendre à Jack. Le seul être qui était resté à ses côtés, silencieux, depuis le premier regard échangé entre eux. Et dire que les choses avaient été douloureuses auraient été un malheureux euphémisme. La douce mort avait tout emporté sur leur passage. Tout. Jusqu'à la raison même de leur rencontre, de leur alliance hors du commun. Au fond, la probabilité pour qu'ils se retrouvent ici, des années plus tard, à s'asséner des paroles affreuses était très faible. Et pourtant, ils en étaient là. A se faire un mal fou. A détruire cette amitié qui n'aurait jamais dû en être une. Déjouer les lois de la vie. C'était tout ce qu'Ariadne avait été capable de faire, amenée par la souffrance à emmener dans son sillon son innocence, sa naïveté et la pureté même de ce qu'elle avait toujours pu ressentir pour Hawks. Et aujourd'hui, Ariadne avait choisi de l'écraser avec une force légendaire. Une force qui était restée cacher au fond d'elle, cette force même qui lui avait permis de continuer après la disparition de John. Elle s'était nourrie de cette amère défaite, de cette affreuse humiliation pour construire une barrière invisible et pour autant indestructible entre elle et le monde. Comment Jack avait-il réussi à passer de l'autre côté? Ariadne n'en avait aucune idée mais en cet instant, tout ce qu'elle désirait était bien de le faire disparaitre, de l'éloigner au maximum de cette frontière pour qu'il ne puisse plus jamais l'atteindre. Plus jamais la toucher avec ses mots, uniquement ses paroles. Peine perdue. C'était comme lutter contre son amour pour la comédie. Et une douce trahison. Douce lame qui passait à travers la peau de l'actrice. Barrière fendue, de nouveau. Il n'en fallait que peu pour que son âme se retrouve écorchée vive, encore une fois. La fois de trop certainement.

La misérable étincelle allait s'éteindre. Les restes d'Ariadne allaient disparaître au vent. Comme il se devait d'être. Comme elle l'avait toujours su. Depuis la trahison de John, depuis qu'elle avait laissé tomber les armes, Sophia le savait. L'issue était là, devant ses yeux pétillants de larmes amères. Les larmes d'une véritable tristesse, d'un chagrin qu'elle n'avait jamais connu aussi puissant. A la hauteur de ses sentiments. A la hauteur du regard désespéré et ému de Jack. Prendre conscience de ce qu'elle détruisait à demi mots en proposant ses quelques paroles. En lui mentant ouvertement. Sa haine était inexistante. Son vœu de le voir disparaître n'était que blasphème. Mais, Ariadne ne voulait pas revenir en arrière, question de fierté certainement. La honte s'emparait d'elle pourtant, cette honte infâme qui ne faisait que la harceler, deuxième ombre derrière celle de sa fidèle alliée, la mort. Compagnon de route. Ce fameux camarade qui avait massacré la partie de son coeur qui résidait dans l'âme de John. Ariadne n'avait plus été entière depuis longtemps, malmenée par ses meurtrissures. Ses légères fissures qui ne faisaient que s'amplifier, créant cette fois un trou béant. Et le regard fuyant de l'ours qui creusait ce trou, toujours un peu plus. Encore un peu. Bientôt, elle ne verrait plus la surface. Bientôt, elle crierait à l'aide en sachant pertinemment que plus personne ne pourrait la sauver. Enterrée vivante. Enchaînée à elle même. Chair meurtrie. Brûlée. Ariadne brûlait. Elle brûlait alors que ses yeux finiraient par se liquéfier. Son regard était éteint, glacé. Seulement les perles qui glissaient sur sa délicate joue tendaient à prouver que les poumons de la jolie rousse continuaient de faire leur travail. Travail d'arrache pied. Alors que le reste de son corps continuait d'opérer sa longue descente aux Enfers. La mort d'un ange. Ange déchue. Tuée à son propre jeu. Par sa haine. Son dégoût d'elle même. Cette sensation qui la poussait à martyriser son propre coeur. Tentative désespérée de réduire ses battements, de l'éteindre. Alors que c'était tout bonnement impossible. Ce n'était pas naturel. Pas alors qu'elle était en compagnie de Jack. Ce Jack. Sauveur. Lui qui était venu la chercher dans les griffes de l'Enfer. A maintes reprises. Et elle l'y jetait aujourd'hui impunément. Lui crachant sa haine la plus tenace, faisant de lui le responsable de tous ses maux. En vérité, il n'était l'instigateur que d'un unique mal: le seul qui valait la peine d'être explicité. Le seul qu'Ariadne refusait de regarder en face. Le seul qui la suivait en permanence mais qu'elle n'arrivait pas à voir, bien trop obnubilée par ses indésirables alliées, la honte et la mort. Le mal le plus délicieux qu'elle aurait pu goûter; cette tendresse qu'Ariadne ne soupçonnait pas, l'amour secret et impardonnable qu'elle pouvait vouer à Jack. Cette image restait floue pourtant, Ariadne luttait contre cette forme nouvelle de leur relation. C'était sûrement ce mal qu'elle tentait d'effacer plus que les autres: plus que son dégoût d'elle même et de l'humanité, plus que cette tendance tenace à attirer la mort dans ses jupons.

Ouvrir la porte de son appartement comme si elle condamnait son propre coeur à l'échafaud. C'était si simple de détruire, la solution la plus aisée alors qu'elle avait mis des années à faire confiance à ce regard vert d'eau. Des années de galère, des années de sauvetage mutuel, de confiance aveugle. Jetées comme de vulgaires souvenirs sans importance. Comme tout le reste. Juste attendre qu'il ose bouger, qu'il ose faire un geste pour la laisser en paix, accomplir sa misérable destinée. Mais bien sûr, Jack ne choisissait jamais la facilité, il faisait toujours ce que bon lui semblait et surtout il allait jusqu'au bout. Toujours. Ce qu'Ariadne était incapable de faire pour subsister. La rousse savait qu'il n'avait pas terminé. Elle le savait même s'il avait relâché son regard et qu'elle découvrait une passion surprenante pour le plancher. Elle avait lancé la bataille mais elle savait depuis la première syllabe prononcée, qu'elle perdrait la guerre. Son objectif avait été simple: elle souhaitait mourir de ses mains, de son discours. Jack l'avait fait renaître, elle voulait qu'il lui assène le coup final. Pour enfin abdiquer. Et ne pas regretter cette fin, cette tragédie qu'elle s'était construite pour justifier le fait qu'elle n'arrivait pas à laisser entrer un peu de bonheur en son fort intérieur. Attendre la fin. Attendre qu'elle traverse cette maudite porte ouverte sans jamais se retourner sinon pour lui planter une lame aiguisée dans le coeur. Et s'écrouler. Se laisser mourir sur le plancher défraîchi comme l'était son âme à l'agonie. Ce fut seulement le silence qui l'accueillit. Douloureux silence qui se répercutait contre les parois de sa cage thoracique et qui se répandait à une allure folle jusqu'à son cerveau. Menace d'explosion. La folie guettant son esprit de plus en plus malade. Malade de sentir que la comédienne faisait certainement la pire erreur de sa vie. Elle ne reculerait pas. Elle n'en avait plus le temps et de toute manière, Ariadne ne reculait jamais. Peut être qu'elle aurait dû conserver cette parti d'impulsivité au fond d'elle ce soir là. Peut être qu'elle aurait dû s'abstenir de prendre Jack à la gorge. L'intensité de sa réponse était telle que la pauvre Van Loo n'était pas certaine de pouvoir tenir le choc. Elle savait pourtant qu'il se blâmerait de sa réaction. Il l'avait mérité. Des mots qui lui restèrent au fond de la gorge, coupant court à tout flux allant de sa trachée jusqu'à ses poumons. Ariadne lui faisait un mal fou. Elle se tuait certes mais au passage, elle touchait l'âme de Jack. Encore une chose qu'elle ne se pardonnerait probablement pas. Bien évidemment, la force de ses quelques paroles, le fait qu'il sache pertinemment qu'elle agissait contre son véritable gré, provoqua un flux de larmes chez Ariadne. Elle n'essayait même plus de camoufler la catastrophe, elle se contentait simplement de rester profil bas, mal à l'aise et tremblotante au possible.

Un instant de lucidité. Unique instant où elle releva le regard, essuyant au passage les quelques larmes futiles qui s'étaient échappées de ses yeux autrefois si espiègles. Extinction de son regard alors qu'elle constatait qu'il ne souhaitait plus la regarder. Nouvelle excès de colère qui tentait de percer sa carapace funeste. Mais celle-ci, cette fois, était dirigée contre elle même. La jeune femme serra encore plus fort la poignée de la porte, preuve qu'elle faisait encore partie de cette réalité. Encore quelques secondes au moins. Ariadne devait certainement dégoûter Jack. Finalement, elle obtenait le résultat escompté. Et elle n'était pas plus satisfaite. Elle se sentait nullement mieux. C'était bien pire. Le trou béant s'agrandissait à un rythme hallucinant. Des fourmillements s'étendaient jusqu'au creux de ses faibles muscles à force de les contracter inconsciemment. Qu'il était loin son air radieux, son sourire réjoui. A des années lumières de la nouvelle Ariadne. Celle qui était en train de creuser sa tombe avec ardeur. Baisser son regard de nouveau. Eviter cette vue qui lui devenait de plus en plus insupportable alors que son coeur battait à sa tempe désormais. Van Loo tenta de déglutir. Elle voulait lui répondre. Lui faire comprendre. Elle lui devait au moins cela après tout. Alors, pourquoi aucun mot n'arrivait-il à se frayer un chemin jusqu'à sa cervelle? Pourquoi tout d'un coup, parler ressemblait à une escalade de l'Everest? Réponse simple et non équivoque. Le mal s'était répandu en elle, ce mal qu'elle avait réfuté jusqu'ici avec détermination. Dont Jack était l'instigateur. Et l'affronter s'avérait bien plus difficile que de combattre la mort ou le ressentiment. Ariadne se refusait soudainement à lui faire plus de mal. Une infime partie d'elle refusait aussi son départ et dieu ce que ce constat était éprouvant. Même pour un rossignol damné. "Ce n'est pas une question de mérite. C'est une question de survie. Si je ne le fais pas, tu continueras à venir à ma rescousse encore et encore, éternellement... Tu ne mérites pas des adieux mais tu ne mérites certainement pas ce destin non plus. Si ça te fait du mal... C'est que tu ne comprends pas, Jack. Mais au moins, maintenant, tu auras une raison de me haïr en retour." Et cette fois, aucun pleur. Ariadne avait repris le contrôle, du moins en apparence. Même si elle anticipait déjà que la suite serait des plus déplaisantes. Qu'elle en mourrait certainement. Mais son but était là, à deux doigts de mettre fin à un supplice qui avait déjà duré bien trop longtemps.

Et maintenant que Jack était lancé, le calvaire n'en était que démultiplié. Pourtant, le regard d'Ariadne s'éleva. Dernier contact avec la Terre ferme avant d'embrasser les affres de l'Enfer. Dernier adieu avec l'humanité qui coulait dans ses veines avec hardiesse. Ses yeux n'avaient plus la couleur de la bienveillance mais ils ne lançaient plus d'éclairs à la ronde non plus. Sophia avait contenu sa haine, sa rage, son affliction envers elle-même, aussi surprenant que cela pouvait paraître. Alors, elle relâcha la poignée. Elle se voulait forte. Au moins pour supporter le discours de Jack. Elle lui devait au moins un moment de bravoure, à défaut de tous ceux qu'elle avait ratés avec sa faiblesse indiscutable. A quoi bon lutter ainsi contre sa nature profonde, me direz-vous? Peut être était ce l'orgueil. Peut être était ce, oui, la fierté ou la détermination. Ou alors, c'était simplement la force des émotions contenues, inconnues et fidèles. Celles qui lui avaient empli le coeur des années auparavant et qui ne pouvaient plus s'échapper de ce frêle corps, de ce souffle vital néanmoins vigoureux. Inconsciemment certainement, Ariadne avait résisté au monde qui l'entourait. Alors oui, la mort était son alliée mais elle ne voulait pas l'embrasser. La fougue de la jeune actrice n'avait pas totalement disparu, celle qui l'avait poussée à venir à Londres, à lancer des adieux au hasard à son Glasgow natal, à laisser ses parents rencontrer leur fin et surtout laisser John perdre un combat contre sa folie. Elle voulait rester parmi les vivants, sans même le savoir. Et sa façon de le montrer résidait dans cette pose, ce regard haut, fier et surtout ancré dans celui de Hawks, point d'ancrage de son âme encore et toujours. Et cette fois, il lui apportait satisfaction. Elle avait toujours voulu percé l'énigme qu'il constituait, comprendre ce qui se cachait derrière cette froideur trompeuse. Et sa souffrance transperça Ariadne. Il n'en montrait rien comme à son habitude mais elle savait. Oui, elle savait. Sa tragédie était sienne. L'actrice ne pouvait s'empêcher de ressentir avec force ce deuil qu'elle n'avait pas connu et soudainement, elle se retrouvait incapable de sentir le regard de Jack. Elle se sentait coupable, tellement coupable d'avoir osé l'accuser de toutes ses horreurs. Après tout ce qu'il vivait depuis des décennies. Poursuivi par la malédiction. Looper en perdition. Et sa vie qui devait se terminer avant celle de la jeune rousse. Et Ariadne avait tellement mal. Si elle avait perdu beaucoup au fil des années, son ami avait tout perdu. Absolument tout. Sauf ce lien étrange qui les liait. Et même cela, elle désirait le lui retirer. Avec un égoïsme déconcertant. Comme toujours. Mais maintenant, Jack n'était plus un étranger pour elle. Ariadne connaissait son secret et cet adieu devenait de plus en plus impossible au fil des secondes qui s'égrenaient. Duel intérieur. Conflit entre sa conscience et sa colère. Conflit entre sa raison et ses sentiments. L'un lui disait de fuir alors que l'autre ne souhaitait que la présence de Jack à ses côtés.

Mais de toute manière, la comédienne n'eut pas le temps de prendre une quelconque décision puisque Jack n'en avait pas terminé. Paroles de vérité à nouveau. Au fond, Ariadne savait tout cela. Elle n'en avait que trop conscience: son malheur était uniquement de son propre ressort. Le trou qu'elle continuait de creuser au fond de sa poitrine ne pouvait se refermer que si elle le décidait. Elle avait beau blâmer la Terre entière, la seule coupable, c'était bien elle. Cette malheureuse femme qui n'était restée qu'une enfant dans un monde qu'elle n'arrivait pas à comprendre. Toute cette violence gratuite. Ces malheurs sans raison apparente. Ces gens qui souffraient. Sa tête en explosait rien que d'y penser. Et ses larmes coulaient de nouveau. Elle ne pouvait pas s'en empêcher: sa faiblesse devait s'exposer ce soir là, plus que tout autre. Se reconstruire devait certainement passer par cette épreuve du combattant. Laisser la frustration s'échapper par tous ses pores puis affronter le regard de Hawks avant de se concentrer sur son Diable, ses ombres qui la pourchassaient allègrement. Et étrangement lorsque Jack marqua une pause, il n'y eut pas une once d'hésitation dans la cervelle d'Ariadne. Comme si elle avait toujours su quoi dire. Comme si les mots avaient toujours été là, prêts à sortir, prêts à justifier un comportement qui paraissait si aléatoire parfois. "Pourquoi tout parait si simple pour toi? J'ai toujours eu l'impression que tu ne ressentais rien. Jamais. Pas la colère, pas la haine, pas l'injustice et je ne parle même pas de la tristesse. Je ne peux pas être comme toi, Jack. Je ressens tout avec trop d'intensité et la preuve est là... Tu m'apprends enfin ce qui te tourmente depuis toujours et c'est moi qui pleure pour toi. C'est toujours moi qui pleure pour toi." Et son organe vital qui choisissait son moment pour crier à l'aide. Battement de la folie une nouvelle fois. Battre la chamade comme si un vent de panique soufflait au dessus de sa nuque. Comme si Ariadne voyait Jack pour la première fois de sa vie. Sensation bizarre qui la transportait dans un autre monde. Sans forcément le réaliser, comme si elle avait les yeux clos, Ariadne s'était approchée avec la douceur qui était redevenue sienne. "Je pleure toute la cruauté du monde. Et j'ai tort. Mais c'est une chose qui ne changera jamais. Et je ne peux pas vivre, je ne pourrais jamais le faire pleinement. Et la survie ne me convient plus. J'ai conscience que tu ne peux pas le comprendre, tu n'as pas peur du monde qui t'entoure. Mais j'ai peur à en crever, Jack. De tout. Voire de moi même. Et tu as certainement raison. Si je dois remonter la pente, il faut que je le fasse par moi même. Mais comment suis-je censée le faire alors que j'ai une peur monstre de demain et de ce que je suis?" Le silence était d'or, disait-on, mais cette fois, il reflétait une angoisse terrible, quelque chose qu'Ariadne ne pouvait pas supporter. Ce qu'elle était. Une jeune fille. Toujours aussi innocente, dans son cocon, apeurée par ce que le monde pouvait lui faire. Lui faire mal. Tellement mal. Puisque c'était tout ce qu'elle avait connu de lui.

Et voilà qu'Ariadne se retrouvait de nouveau face à Jack, ses yeux larmoyants tentant de capter son regard moins impassible qu'à l'accoutumée. Elle savait qu'il allait partir. Elle l'avait cherché et acceptait cette issue. Le looper avait bien sûr raison sur toute la ligne. Elle avait la chance d'avoir encore une ligne de vie à regarder, une qui ne s'arrêtait pas subitement et sans crier gare. Elle pouvait vivre. Elle le devait. Pour rendre hommage à ceux qui ne le pouvaient plus et ceux qui ne le pourraient jamais. Même si l'envie n'était pas forcément là. Même si l'espoir avait quitté son corps depuis longtemps. Et même si elle avait mal comme jamais et que Jack la blâmait pour ce qu'elle avait osé provoquer sans raison valable. Ariadne regrettait amèrement mais faire machine arrière n'était plus une option. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était le regarder. Entendre sa conclusion. Qu'il avait besoin d'elle. Qu'elle avait échoué dans ce rôle. Comme dans tout le reste. "Je ne te hais pas. J'ai menti." Silence pesant. Cette fois, Ariadne avait pleine conscience de ce poids dans sa poitrine, qui oscillait entre légèreté et une pesanteur atroce. L'amour. La peur. Des sentiments qu'elle ne pouvait plus rejeter. Mais l'actrice les conservait au fond d'elle même, personne n'avait besoin de savoir. Ariadne n'était pas prête. "C'est moi que je hais. Et c'est sur ça que je dois certainement travailler. Alors je suppose que l'adieu sera certainement moins long que prévu. Mais il doit exister. Sinon je viendrais toujours t'appeler à l'aide et on sait tous les deux que ça n'apporte plus rien de bon. Juste le chaos. Et je ne veux pas qu'on se déchire à nouveau. Surtout pas à cause de ma colère. Ou de mes maux en général. Tu es le seul qui me reste, le seul ami, et je ne suis pas prête à te sacrifier à cause de mes faiblesses. Essaye de ne pas trop t'attirer d'ennuis ou je risquerais d'effacer ma promesse. Celle de tenter de vivre." Même si c'était peine perdue. Même si la moitié de son coeur n'y était pas. Elle lui devait bien cela, pour qu'il parte le coeur tranquille et le sourire aux lèvres. C'était certainement calculé de la part d'Ariadne mais elle agissait pour que cet au revoir ne soit pas déchirant, pour que le monde de Jack conserve ce semblant de paix. Pour le moment. Elle s'avança alors encore un peu avant de venir déposer un tendre baiser sur la joue de looper. Il était là le clap de fin. Il résidait dans ce simple geste sans arrière pensée. Cette démonstration d'amour profond. Ce que ressentait Ariadne. Ce qui serait toujours là et qui n'appartiendrait toujours qu'à Jack Hawks. Juste des sentiments qui resteraient pour toujours inavoués.

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Jack F. Hawks

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Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne. Empty
MessageSujet: Re: Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne.   Underneath, is there a golden soul? # Jack & Ariadne. I_icon_minitimeLun 4 Mar - 14:03


I'm not strong enough to stay away.

Jack se sentait vide. Petite étincelle morte, petite bougie dont on aurait soufflé la flamme, d’une simple brise. Il était vide, et n’existait plus. Tout ce à quoi se résumait sa vie venait de s’effacer en l’espace de quelques minutes. Il avait suffi d’un mot, d’une parole, d’une pensée. Tout avait dégénéré, et il ne pouvait blâmer Ariadne. Il l’avait mal habituée. Il n’avait jamais été correct envers elle. Il n’avait pas à lui faire sans cesse subir ses malheurs, ses plaies. Tout ce qu’il lui offrait était du chagrin. Elle ne le méritait pas. Elle aurait mérité de sourire, de vivre. Il n’était que peine et désespoir, et l’enfonçait, chaque fois qu’il essayait de la sortir de là. Il tournait en rond, sans relâche, et sans pouvoir s’en empêcher. Et maintenant, tout avait explosé. Les choses avaient été dites. Mais pour le moment, rien n’en était arrangé. Tout ne semblait que plus douloureux, et plus lourd à supporter. Ariadne avait blessé Jack au plus profond de lui-même, bien qu’elle n’en avait pas réellement conscience. Elle pensait qu’il ne ressentait rien, preuve que son jeu était tout aussi efficace que celui d’un comédien. Au fond, peut-être aurait-ce été ce métier qui lui convenait. Acteur. Se cacher, sans cesse, oublier qui il était pour se concentrer sur autre chose. Cependant, il savait qu’il n’aurait pas été talentueux. Car il n’aurait pas plus mis d’émotions dans son jeu que dans sa vie. Mais il y avait une chose que jamais la jolie rousse n’avait comprise. Une chose que personne ne comprenait en réalité, pas même lui. Jack ressentait bien entendu tous les sentiments de cette planète. Mais il les transmettait autrement. Il les transposait d’une manière qui était inconnue et indéchiffrable pour qui ne l’avait pas compris. Tout résidait dans sa forme physique. Dans son état physique. Ariadne l’ignorait. Elle ignorait que lorsque Jack était blessé, c’était que son âme l’était aussi. Il avait besoin de soins, et d’attention, et l’exprimait toujours au travers de ses plaies diverses. Sa douce s’occupait de lui. Et pansait sans s’en rendre compte toutes les plaies de son cœur, tous ses sentiments invisibles qu’il cachait aux yeux de tous à longueur de temps. Il était là, assis sur une chaise, à se laisser soigner. Et il se sentait mieux. De l’attention, de l’affection. De la tendresse. Toutes ces choses qu’il n’avait presque jamais eues. Sa mère était morte alors qu’il n’était qu’enfant. Son amour lui avait manqué. Sa grand-mère n’avait pu le retranscrire, pas comme il en avait eu besoin. La mort de son frère l’avait fait se renfermer sur lui-même, complètement. Et depuis il avait recherché en vain quelqu’un capable de lui donner de la tendresse. Jusqu’à Ariadne. Ariadne …

Ariadne. Lorsqu’il avait croisé son regard pour la première fois, il y avait lu cette souffrance qu’elle refusait d’accepter. Et qu’aujourd’hui, elle portait à bout de bras, la clamant, espérant mourir pour s’en débarrasser. Il l’avait vue, et il s’y était attaché, immédiatement. Il avait trouvé cette douceur qu’il cherchait en ce petit rossignol aux ailes brisées. Elle était là, mise en évidence, et massacrée par tout le monde. Ariadne était une perle. Une perle que personne n’arrivait à voir comme telle. Mais que Jack avait immédiatement accroché, de son cœur d’ours souffrant et en mal d’amour. Un regard avait suffi. Et il avait voulu l’aider. L’aimer. Ç’avait été ça, dès le début. Depuis combien de temps ne la regardait-il plus de l’œil de celui qui protégeait non pas par amour, mais par affection ? L’avait-il seulement déjà regardée ainsi ? Il en doutait. À y songer, il en doutait fortement. Ariadne avait été la mère que Jack n’avait jamais eue, depuis qu’il la connaissait. Mais il ne l’avait jamais considérée comme telle. Elle avait été une amie. Ou ne l’avait jamais été non plus. Au final, il ne savait pas ce qu’elle était. Importante. C’était certain. Il n’imaginait pas sa vie continuer à tourner sans elle. C’était sûrement pour cette raison qu’il avait été insistant, tout au long de cette dispute. Il avait envie de lui dire à quel point elle était importante à ses yeux, mais encore une fois, il avait cette incapacité à l’exprimer qui s’avérait réellement handicapante. Il essayait de trouver les mots, et n’y arrivait jamais réellement. Alors, il finissait par se taire. Au lieu de lui dire qu’il l’aimait. Que sans elle, la vie n’avait plus aucun sens. Et que c’était la raison pour laquelle il s’accrochait, encore et toujours. Il s’accrochait à cette cause perdue de lui donner envie de vivre, à cette lueur d’espoir qui au fond n’apparaissait plus que comme chimérique. Avait-elle seulement existé ? Ou ne tentait-il que de la faire apparaître, depuis tout ce temps qu’il la connaissait ? Il s’en fichait. Il voulait la voir vivre. Et pouvoir, chaque jour que le bon dieu faisait, contempler ce visage doux, ces traits si fins et graciles. La regarder, se sentir apaisé. Et … La prendre dans ses bras. Il ne le faisait pas souvent, pour ne pas dire pratiquement jamais. Mais il en avait régulièrement envie. Cette démonstration d’affection si simple, débordante de signification pour quiconque connaissait Jack. Il avait besoin de veiller sur elle. Lorsque John était encore de ce monde, et qu’il la faisait souffrir, Jack avait été là. Assis par terre, dos contre la table basse, à la regarder, assoupie sur le canapé. Toute la nuit, la contempler. Battre doucement des paupières, de temps à autre. Ramener la petite couverture polaire sur la silhouette frêle de la jeune femme, lorsque celle-ci la faisait glisser en bougeant. Être là, simplement là. Mettre en arrière une mèche de ses cheveux roux, prenant garde à ne pas la réveiller. Se sentir apaisé par tous ces gestes, toutes ces petites démonstrations de tendresse. Peu de gens voyaient Jack comme il était réellement. Ariadne même ignorait très probablement toutes ces petites attentions. Car le lendemain, Jack était assoupi sur un fauteuil, lorsqu’elle avait de la chance. La plupart du temps, il partait avant même son réveil. Et elle n’avait aucun moyen de savoir qu’il était resté là. Assis. À la contempler. Les pensées vides, l’esprit creux. Le cœur débordant de sentiments qu’il ne voulait pas expliquer, et que jamais il ne manifestait. Exactement comme à cette seconde précise.

Brièvement et de manière répétée, les paupières de Jack clignèrent, alors qu’elle lui répondait. Douce perle blessée, rossignol entravé par une vie dure et sans pitié. Elle se haïssait plus qu’elle ne le haïssait lui. Et entendre cela ne fit pas autant de bien à Jack qu’il n’aurait pu l’espérer. Il écoutait les mots d’Ariadne, et souffrait. Cet adieu semblait inévitable. Pour des raisons qu’il pouvait comprendre, ou tout du moins tenter de comprendre. Il n’avait pas envie de partir. Elle avait saigné son cœur à vif, et avait fait sans le vouloir en sorte qu’il ne puisse plus nier la vérité. Une vérité enfouie au fond de lui, qu’il tentait encore de protéger. Ariadne le repoussait, assassinait cette petite flamme qui était née en lui dès ce premier regard. Elle ne voulait plus qu’il s’attire d’ennuis, mais elle voulait qu’il parte. Elle faisait l’ombre d’une promesse. L’ombre d’une tentative de continuer à vivre. Mais tout cela était-il réellement sincère ? Il en doutait. Il ne savait plus. Il en souffrait. Son cœur saignait, plaie béante et démesurée qu’elle n’arrivait même pas à voir. Il avait livré de ses secrets les plus profonds, mais cela n’avait servi à rien. À rien, hormis la faire pleurer. Pourquoi ? Pourquoi tout était-il si compliqué ? Pourquoi le monde n’aurait-il pas pu, pour une fois, tourner rond ? Le plus naturellement au monde, entamer un tour simple, un tour logique. Rond. Que Jack réussisse à parler, qu’Ariadne réussisse à retrouver le sourire. Qu’il puisse lui dire. Tout lui dire. Qu’elle ne pleure pas. Qu’elle tienne le coup. Cependant, cela semblait être trop en demander. Rien ne se passait ainsi. Et lorsqu’Ariadne s’approcha, Jack ferma à demi les paupières. Le cœur en miettes. Il sentit les lèvres de la jeune femme se déposer sur sa joue, si douces, si tendres. Dans sa cage thoracique, il sentit un petit bon anormal. Une odeur délicate vint emplir ses narines. Il renifla légèrement, silencieusement, imperceptiblement. Incapable de raisonner. Il ne comprenait pas. Pourquoi faisait-elle cela ? Le faire souffrir, brutalement, en lui demandant de partir ? Lui montrer cette tendresse alors qu’elle l’encourageait à quitter son appartement, à ne plus le revoir pour une durée indéterminée ? Jack avait mal. Terriblement mal. Lorsque les lèvres d’Ariadne se décollèrent de sa joue, l’ours baissa les yeux. Il n’avait pas envie de partir. Pris au piège comme un enfant, dans ses propres sentiments. Il ne voulait pas s’éloigner d’elle. Il ne voulait pas être mature, comme il l’avait été depuis ses trois ans, âge auquel il avait vu sa mère disparaître. Il ne voulait pas, ne voulait plus. Il en avait assez. Assez de courir loin d’un comportement parfois idiot, assez de se cacher. Assez d’être lui-même, froid et distant, et de ne jamais avouer ce qu’il ressentait. Il en avait assez de l’aimer, et d’être incapable de lui dire. Voilà ce qu’il en était.

Il fronça doucement les sourcils, s’arrêtant. Ne franchissant pas la porte. Sans un mot, il passa sa main dans ses courts cheveux en bataille. Puis sur son visage. L’air mal à l’aise. Il n’y arrivait pas. Il était incapable de partir, incapable de lui tourner le dos. Incapable d’accepter les adieux. Il n’avait que bien trop peur de la perdre. Beaucoup trop peur qu’en se réveillant, le lendemain matin, elle ne soit plus là. Les adieux n’étaient pas nécessaires. Ils l’étaient devenus parce qu’elle les souhaitait. Il aurait dû respecter cela. Respecter sa volonté. Mais il en était incapable. Elle attendait qu’elle parte. Mais il voulait rester. Il s’accrochait désespérément à l’idée que tout n’était pas terminé. Les rôles s’échangeaient. Et lui, Jack, devenait le faible. Il craquait. Son monde s’effondrait, sur un simple au-revoir. Un au-revoir qu’il n’arrivait pas à encaisser. « Je m’excuse. » Mais de quoi, au juste ? De quoi avait-il besoin de s’excuser ? C’était si simple, et à la fois si compliqué. « Je ne suis pas quelqu’un de sociable. Je n’arrive pas à m’ouvrir aux autres, pas même à toi, alors que tu es tout ce qu’il me reste. Je n’y arrive pas, c’est bien plus fort que moi. » Sa voix s’élevait dans les airs, alors qu’il regardait devant lui, les yeux perdus dans le vague. Finalement, il se tourna vers elle, lentement, plantant son regard douloureux dans le sien, la voix hésitante et souffrante. « J’aurais voulu pouvoir t’offrir autant que ce que tu m’as toujours offert. T’apporter ne serait-ce que le dixième de ce que tu m’as apporté. » Il se noyait en elle. Pour la dernière fois, probablement. Mais alors autant le dire. Autant être honnête. Et autant tout dire. « Je n’arrive pas à pleurer, je n’arrive pas à rire, j’ai du mal à sourire, à parler, à m’exprimer, et me dévoiler. Je n’ai rien de quelqu’un de bien, de quelqu’un de respectable. Je ne te mérite pas, et je l’ai toujours eu à l’esprit. » À cet instant précis, pourtant, il avait envie de pleurer. Son cœur le faisait souffrir, l’élançait. Il avait envie de se retourner, de pouvoir pleurer, frapper contre un mur. Mais comme toujours, il en était incapable. « J’ai honte. Honte de ce que je suis, honte d’être comme cela avec toi. Je suis incapable de sortir de ton appartement, tout simplement parce que vois-tu, moi aussi, j’ai peur. Peur que ce soit la dernière fois que je te voie, peur que ces adieux ne se terminent jamais. Je n’arrive pas à partir. » Il aurait voulu hurler, s’exprimer. Laisser éclater son flot de sentiments, se mettre à pleurer, se recroqueviller au sol, et mourir. Mais rien ne venait. Comme d’ordinaire. « J’aurais aimé être quelqu’un de bien. J’aurais aimé pouvoir te regarder sans avoir honte de poser les yeux sur toi. J’aurais voulu te mériter, et ne pas me sentir coupable de tout ce que je te faisais subir. Coupable de chaque larme qui se pose sur tes joues. » Il prit une légère inspiration, le cœur au bord des lèvres. « J’aurais voulu pouvoir être celui qu’il te faut. Ne pas avoir honte d’être ce que je suis, ni de te regarder. Être digne de poser les yeux sur toi, et digne du moindre de tes sourires. » Sa voix baissa doucement alors que, sans s’en rendre compte, il prononçait ces mots qui couvaient en lui depuis si longtemps. Une éternité, des années. Une souffrance perpétuelle, accumulée chaque jour qui passait. « Je m’excuse. Je suis un bien piètre ami. Je ne mérite pas de t’apprécier. Je ne mérite pas le moindre des sentiments que je cache depuis le premier jour, et qui me ravagent chaque fois que je te regarde, et que je contemple les dégâts que je cause sur toi. » Son cœur battait à tout rompre, alors que la lueur au fond de ses yeux s’éteignait doucement. Jack était en train de mourir. Lentement, mais sûrement. « Je n’arrive pas à m’en empêcher, mais je le sais... »

Il se tut quelques secondes, ne rompant pas le regard. Il resta simplement debout. À attendre. Attendre de mourir, attendre que les mots cinglants ne viennent terminer de détruire tout ce qu’il était, et tout ce qu’il avait toujours été. De toute manière, quoiqu’il arrive, il était déjà mort. Il n’avait plus rien à faire. Il n’avait jamais mérité de poser les yeux sur elle, et aurait dû s’abstenir, depuis le premier jour. Il lui aurait épargné bien des souffrances. Et s’en serait très sûrement épargné également. Pourtant, il n’en avait pas fini. Il avait encore quelques mots à ajouter. Quelques simples petits mots, prononcés d’une voix éraillée, dans un souffle de douleur et de désespoir. Il venait de mourir en lui parlant, et en lui confiant tout ce qu’il lui avait dit. Il était complètement stupide. Et il allait partir. Non sans lui dit ce pourquoi, au fond, il était là. Ensuite, il s’en irait. Sans se retourner. Puisque tel était son souhait. Son regard se prépara à se détacher de celui de la jeune femme. Son corps était près à partir, déjà tourné vers la porte d'entrée, les mains dans les poches. Et les mots lâchés, il sortirait. C’était indéniable, une chose contre laquelle il ne pouvait plus lutter. Il lui dirait. Puis il partirait. Sans plus jamais se retourner.

« Je ne mérite pas de t’aimer. »

Son regard lâcha celui d'Ariadne. Et selon son souhait, il tourna les talons. Et partit. La laissant là. Sans un mot de plus. Le coeur abandonné derrière lui aux pieds de la belle rousse. Qui n'avait plus qu'à vivre, si elle voulait espérer, ne serait-ce qu'un jour, le revoir.

The end.
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